Meurtre et dent sucrée
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À propos de ce livre électronique
Mais la veillée funèbre prend une tournure bizarre avec l’arrivée d’un certain Cam Tremblay, un homme louche dont l’insistance laisse à Andréa un goût amer en bouche. L’étranger affirme qu’un tragique événement s’est produit au sein de l’établissement il y a plusieurs années et qu’il est venu pour l’élucider. Lorsqu’un coffre-fort caché réapparaît soudainement, le mystère s’épaissit…
Entre une fête d’anniversaire désastreuse, une tante énigmatique qui se pointe sans invitation et la découverte d’un nouveau cadavre, Andréa risquera-t-elle de voir l’héritage de sa mère réduit en miettes ? Une chose est sûre : même les plus moelleux cupcakes au chocolat ne suffiront pas à adoucir l’amertume des secrets qui l’attendent !
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Aperçu du livre
Meurtre et dent sucrée - Martine Labonté-Chartrand
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales
du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Titre : Meurtre et dent sucrée / Martine Labonté-Chartrand
Nom : Labonté-Chartrand, Martine, 1985- , auteure
Identifiants : Canadiana 20250032937 | ISBN 9782898044618
Classification : LCC PS8623.A263 M48 2025 | CDD C843/.6–dc23
© 2025 Les éditions JCL
Images de la couverture : @upklyak / Freepik ; Freepik
Les éditions JCL bénéficient du soutien financier de la SODEC
et du Programme de crédit d’impôt du gouvernement du Québec.
Financé par le gouvernement du Canada.Édition
LES ÉDITIONS JCL
editionsjcl.com
Distribution au Canada et aux États-Unis
MESSAGERIES ADP
messageries-adp.com
Distribution en France et autres pays européens
DNM
librairieduquebec.fr
Distribution en Suisse
SERVIDIS
servidis.ch
Imprimé au Canada
Dépôt légal : 2025
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque et Archives Canada
Bibliothèque nationale de France
Martine Labonté-Chartrand. Meurtre et dent sucrée. Les éditions JCL.De la même auteure
aux Éditions JCL
Meurtre et buffet à volonté, 2025
Meurtre et petites bouchées, 2024
1
Au volant de ma camionnette blanche arborant le logo de ma compagnie spécialisée dans le service de traiteur et la pâtisserie, je franchis les derniers kilomètres qui me séparent de Quatre-Saisons, ma ville natale. Je mords dans une viennoiserie commerciale achetée en chemin et secoue la tête de gauche à droite. Ce n’est pas pour me vanter, mais elles ne sont pas aussi bonnes que celles que je cuisine moi-même ! Je ne peux m’empêcher de l’engloutir pour autant. Je m’essuie la bouche avec une serviette en papier, la chiffonne et la lance sur le banc du passager. J’observe le paysage hivernal quelques minutes. En ce mois de janvier très froid, je reviens chez moi à la demande de ma mère. Elle a refusé de me donner la raison de son invitation, ce qui est assez suspect. Mon cellulaire sonne justement au même instant. Je réponds grâce à l’appareil mains libres.
— Salut, maman !
— Bonjour, Andréa ! Es-tu en route ?
— Oui ! J’arrive dans une demi-heure, comme prévu.
— Bon, je vais donc te fournir mes dernières directives.
Ça aussi, c’est curieux ! Je ne l’ai jamais connue si cachottière.
— Il faudrait que tu viennes me rejoindre à l’étude du notaire Hervé, annonce-t-elle.
— Pardon ?
Je presse la pédale de frein légèrement, ralentissant sous la limite permise.
— Nous avons rendez-vous avec Claude Hervé, répète ma mère.
— Pourquoi ?
La dernière chose dont j’ai envie, c’est bien de mettre les pieds dans ce bureau. Je ne regarde même pas l’édifice lorsque je passe devant ! Je m’assure de tourner la tête.
— Ne fais pas l’enfant et rejoins-nous dès que tu peux, me dicte-t-elle. On va t’attendre.
Je n’ai pas le temps de protester qu’elle a déjà raccroché. Cette conversation me rend aussitôt mal à l’aise. Pourquoi dois-je la retrouver là-bas ? J’admets que ma mère n’est pas tout à fait elle-même depuis quelques semaines. Chaque fois que je lui parle, elle se montre évasive ou me presse de revenir m’installer à Quatre-Saisons. J’en étais même à me demander si elle n’était pas malade. Maintenant, je suis légèrement rassurée : si c’était le cas, nous n’irions pas chez le notaire… J’appuie sur l’accélérateur, soudain un peu plus pressée d’arriver.
J’aperçois bien vite le panneau annonçant mon arrivée à Quatre-Saisons. J’ai quitté ma ville natale non officiellement deux ans plus tôt, après la catastrophe que j’ai vécue avec Jason Thérien et son jeu de « Meurtre et mystère » au manoir de l’Indépendance. Je ressentais le besoin de m’émanciper ailleurs. J’ai obtenu des contrats ici et là, roulant ma bosse de mon mieux, mais je reviens invariablement chez moi, surtout pour voir mes amis… et Andy. Le chef du manoir et moi nous sommes beaucoup rapprochés dans les derniers mois, et j’en suis à me demander si le temps n’est pas venu d’officialiser notre relation en emménageant ensemble. Je le trouve très patient ; il ne me met aucune pression, mais je sens qu’il a hâte que nous passions à la prochaine étape, qui impliquerait que je reprenne mes marques à Quatre-Saisons. En général, je déteste qu’on me force à faire des choses. Cependant, un retour dans mon village, auprès de l’homme que j’aime de plus en plus chaque jour, me fait de l’œil, mais aller chez le notaire, un peu moins !
* * *
Trente-cinq minutes plus tard, j’entre dans l’étude de notaire, un café à la main. J’ai pris le temps d’arrêter au Café des Fleurs pour saluer mon amie Sandrine avant d’affronter Me Hervé. C’était nécessaire ! Elle n’était pas là, mais j’y repasserai plus tard. Elle n’est jamais bien loin de son petit resto.
Une adjointe m’accueille poliment et me conduit dans la pièce du fond. Elle cogne à la porte et m’annonce. Comme si les gens qui m’attendaient ne me connaissaient pas depuis plus de trente ans ! Ma mère se tourne vers moi. Ses mains sont jointes de manière serrée sur ses cuisses. Je remarque qu’elle porte un joli chemisier en soie, signe que la rencontre est d’ordre officiel pour elle.
— Désolée. Le trafic était infernal à l’entrée de la ville.
Mon excuse tombe à plat, puisque j’ai un café fumant en main. Ma mère a les lèvres pincées. Elle n’est pas contente que j’aie tardé ainsi. Je me sens aussitôt ramenée à dix ans, lorsque le directeur l’avait convoquée à l’école parce que je m’étais montrée impolie envers un enseignant. Je me gratte la joue et lui souris de toutes mes dents. Elle roule les yeux. Je me tourne vers Me Hervé. Je lui offre un sourire forcé. J’ai déjà mal à la mâchoire et je ne suis là que depuis une minute. J’enlève mon foulard et mon manteau, pour les accrocher au dossier de la chaise. Ensuite, je m’installe et croise les jambes. Je laisse passer quelques secondes, attendant la suite.
— Madame Simard, c’est un plaisir de vous recevoir aujourd’hui, lance le notaire.
Je jette un coup d’œil à ma mère, pensant qu’il s’adresse à elle. Puis, je comprends que c’est à moi qu’il parle. Je trouvais qu’il en avait mis, du temps, avant de la saluer !
— Oh ! m’exclamé-je. Désolée, je me fais rarement appeler « madame Simard ».
Je ne vais pas plus loin. Je ne pourrais pas dire que le plaisir de le voir soit partagé. J’observe l’homme un moment. Bien sûr, il a vieilli depuis notre dernière rencontre. Ses cheveux sont maintenant complètement blancs et plus dégarnis que dans mon souvenir. Il a pris du poids et son nez couperosé laisse présumer qu’il abuse de l’alcool, ce qui n’était pas le cas à l’époque. Je me demande comment va son épouse, Carole. Je n’ose poser la question. Comment se porte-t-on lorsque notre fils chéri est en prison ? Il semble nerveux. Pourtant, il est dans son élément, derrière son bureau.
— Puis-je savoir pourquoi nous sommes ici ? demandé-je.
Je regarde ma mère qui se tord les mains. Une autre qui est agitée. Je pressens soudain que les nouvelles ne seront pas bonnes.
— Où est papa ?
— Ton père n’était pas disponible ce matin. Tu pourras le voir plus tard.
Ça aussi, c’est curieux. Qu’est-ce qui se passe ? Ont-ils décidé de divorcer ? Je suis aussitôt alarmée. Impossible ! Ils sont mariés depuis tellement d’années ! Non, ça doit être autre chose ! Et pourquoi faire appel à un notaire ? Me Hervé et ma mère semblent communiquer silencieusement, comme s’ils tentaient de définir lequel des deux va se lancer le premier pour m’expliquer la raison de notre présence dans ce bureau. Je commence sérieusement à m’impatienter. L’homme se décide enfin à prendre la parole :
— Très bien, je n’irai pas par quatre chemins. M. Robert Demangeon est décédé il y a environ un mois, m’apprend-il.
Je ne m’attendais pas à une telle annonce. J’essaie de déterminer si je connais cet homme. J’ai beau me creuser la cervelle, je ne vois pas. Mais beaucoup de nouveaux visages sont apparus dans le coin au cours des dernières années.
— M. Demangeon était le propriétaire du manoir de l’Indépendance, me précise-t-on.
— Ah !
Le bonhomme est mort ! Je tente de me rappeler si je l’ai déjà croisé à Quatre-Saisons. Je pense que non. Il était très discret, voire presque un fantôme. Même mon ami David, le majordome du manoir, m’a confié ne pas le voir fréquemment. Il était devenu reclus au fil des années, choisissant des moments très précis pour se montrer le bout du nez. Il faisait totalement confiance à David, qui gère les lieux d’une main de maître depuis des lustres.
— Eh bien, mes condoléances, lancé-je.
Je ne saisis toujours pas pourquoi je suis là. Je me sens très peu interpellée par la mort d’un vieil homme inconnu. Dire que je viens de parcourir deux cents kilomètres, dans l’urgence, juste pour ça ! Je jette un regard d’incompréhension à ma mère. Elle s’éclaircit la gorge, mais Me Hervé continue. Il ouvre une chemise en carton qui se trouve sur son bureau.
— M. Demangeon avait très peu de liens familiaux, poursuit-il. En fait, notre récente recherche testamentaire a démontré que sa seule parente encore vivante était ta mère.
Tiens, il est passé au tutoiement. Le « madame Simard » n’a pas duré bien longtemps. Pourtant, ce n’est pas l’élément qui devrait me surprendre le plus.
— Toi, maman ? fais-je en me tournant vers elle.
Elle hausse les épaules, apparemment aussi étonnée que moi par cette parenté insoupçonnée.
— Étais-tu au courant ? demandé-je.
— J’ai bien déjà entendu quelques histoires à cet effet, mais je n’avais jamais creusé la question avant tout récemment. Il était tellement reclus que c’était un peu comme s’il n’existait pas !
— Donc, qu’est-ce qu’il te lègue ? Ses vieilles tasses et ses trophées de chasse ?
— En fait, il lui lègue le manoir de l’Indépendance, répond le notaire.
Un moment de silence plane dans le bureau. Je regarde ma mère, et ensuite Me Hervé. Je m’attends à ce qu’ils m’avouent que c’est une blague, mais non. On ne fait pas plus sérieux !
— Toi, la propriétaire d’un manoir ! m’exclamé-je enfin. Que vas-tu faire avec cette grosse baraque poussiéreuse ?
Je sais que ce n’est pas « une baraque poussiéreuse ». C’est un hôtel de luxe extrêmement bien entretenu ! Et si ce n’était pas du fait que j’ai été témoin de meurtres à plusieurs reprises là-bas, je lui donnerais cinq étoiles sur Trip Advisor !
— Je ne me suis pas encore attardée à la fonction officielle du manoir dans un avenir proche, réplique ma mère. Et tu as raison de dire que c’est effectivement très surprenant.
Je crois maintenant que le mot « surprenant » n’est pas assez recherché pour qualifier la situation.
— OK, continué-je. C’est intéressant, mais je ne saisis toujours pas en quoi la nouvelle me concerne directement. À moins que tu souhaites m’engager comme chef !
Elle cherche désespérément une façon de me ramener à Quatre-Saisons. Ce serait une astuce comme une autre !
— Mais je me vois mal reprendre le poste à Andy, qui est déjà très compétent dans son rôle, continué-je. En fait, je ne voudrais même pas de cet emploi. Tu connais mon aversion pour le manoir ! J’ai promis de ne plus y remettre les pieds.
Je tiens moyennement bien ma promesse. J’y vais quand même parfois pour saluer mon amoureux lorsque je suis de passage, mais le moins possible !
C’est au tour de ma mère de s’animer un peu.
— En fait, répond-elle, je t’ai demandé de venir afin qu’on profite de la disponibilité de Me Hervé pour régler la succession. J’ai été très surprise lorsqu’il m’a appris la nouvelle il y a deux semaines.
— Tu le sais depuis deux semaines et tu n’as rien dit ?
Je comprends maintenant pourquoi elle se montrait si distraite. Elle aurait pu m’en parler ! Elle n’a pratiquement aucun secret pour moi ! Je me sens presque trahie.
— Nous en avons discuté, papa et moi, et j’ai aussi longuement parlé avec ta sœur.
Toute la famille était au courant sauf moi ! D’habitude, personne ne se fait de cachotteries ainsi. Je fronce les sourcils et croise les bras sur ma poitrine en signe de mécontentement.
— Et nous avons décidé de ne pas conserver le manoir, mais plutôt de te l’offrir, annonce-t-elle.
Mes bras retombent de chaque côté de mon corps. Je dois avoir mal compris. Ils veulent m’offrir le manoir ? Je me mets à rire.
— C’est une blague, n’est-ce pas ?
Je prends une gorgée de café, mais elle passe difficilement. Même que la boisson, qui a maintenant refroidi, a un goût de cendres dans ma bouche. L’air de ma mère et de Me Hervé m’indique que cette annonce est extrêmement sérieuse.
— Ton père et moi sommes trop vieux pour gérer un hôtel. Et, franchement, ça ne nous intéresse pas. Ta sœur n’a pas l’intention de quitter l’Australie. Le choix est assez simple, quand on y pense. En plus, tu cherches un logement dans le coin.
— Je considérais un appartement ou une maison ! Pas un hôtel de vingt chambres !
— Pense à toutes les opportunités que cet héritage pourrait t’offrir…
Je ne réponds rien. L’information trace difficilement son chemin dans mon esprit.
— Si tu ne veux pas du manoir, on va le vendre au plus offrant, tout simplement, réplique ma mère. Cependant, ton père et moi estimons que c’est une belle occasion pour toi de revenir dans la région, auprès d’Andy.
Je la trouve audacieuse de prononcer le prénom de mon amoureux devant mon ex-beau-père.
— Tu m’annonces ça ainsi, et je suis censée dire oui sans réfléchir ?
Elle demeure silencieuse.
— En plus, il est évident que je n’ai pas les reins assez solides pour entretenir un manoir !
Je pense au montant d’argent disponible dans mon compte personnel. On ne m’approuverait sans doute même pas à la banque pour financer l’achat d’un cabanon. Alors, concevoir que je puisse être propriétaire d’un édifice patrimonial…
— Tu hériterais non seulement de la demeure, du terrain, mais aussi des placements de M. Demangeon, de toute sa liquidité et des fonds qui ont été investis pour assurer la pérennité du bâtiment, m’apprend Me Hervé. Tu aurais assez d’argent pour survivre environ un an sans qu’il y ait quelque activité économique que ce soit au manoir. Imagine si tu poursuis l’activité déjà en place ! L’endroit roule très bien depuis les années 1980. Il n’y a donc pas de souci à se faire de ce côté-là.
Il a probablement raison. Je peux lui faire confiance à ce sujet. D’ailleurs, ce serait idiot de croire que mes parents me proposeraient un tel projet s’ils savaient que je n’ai pas les moyens financiers nécessaires pour le mener à bien. Ils ont réfléchi à tous les aspects avant de me présenter leur offre. C’est tout à leur honneur ! J’ai soudain une pensée pour David. Comment réagirait-il s’il apprenait que je pourrais être sa patronne ?
— Qu’est-ce qui se passe au manoir à l’heure actuelle ? David opère-t-il les lieux comme d’habitude ?
— Il a suspendu momentanément les réservations en attendant de connaître les détails de la succession, répond Me Hervé. Heureusement, la saison n’est pas à son plus fort. Les quelques employés qui travaillent à temps plein s’occupent à de menus travaux qui ne peuvent être accomplis lorsque les clients se trouvent sur place.
— Je ne sais vraiment pas quoi dire ! m’exclamé-je. Je n’arrive tout simplement pas à y croire.
Je prends tranquillement conscience du projet et des avantages qu’il comporte pour moi et je brûle d’en discuter avec Andy.
— Pourquoi avoir gardé tout ça secret ? demandé-je à ma mère.
— C’est une nouvelle inattendue, je voulais bien y réfléchir et peser le pour et le contre. Même moi, je n’en revenais pas et je désirais aussi m’assurer que ce n’était pas une erreur.
Je vois Me Hervé hocher la tête, comme s’il était en accord avec toutes les démarches de sa cliente. Je m’humecte les lèvres et j’observe la pièce quelques secondes. Aucun objet personnel ne décore les murs ou le bureau en acajou. Aucun diplôme ou attestation d’études supérieures. On croirait presque que le notaire n’est que de passage. J’ai entendu dire qu’il limitait sa pratique au minimum. Je présume que M. Demangeon était un client de très longue date. Je n’ai absolument aucune idée de qui est cet homme. Si je l’avais croisé dans les rues de Quatre-Saisons, je ne l’aurais pas reconnu. Et le voilà à nous léguer une fortune !
— Est-ce que vous me laissez un peu de temps pour réfléchir à tout ça ?
— Bien sûr, répond ma mère. Cependant, si nous acceptons la succession, nous devons aussi nous occuper des funérailles et il ne faudrait pas trop tarder. Le corps du défunt ne peut pas rester dans le réfrigérateur de la morgue pour toujours.
On dirait qu’elle parle d’une dinde qu’il faudrait cuire expressément. Je n’aime pas l’image.
— Très bien. Je réfléchirai rapidement. Est-ce que je peux partir ?
Échange de regards entre Me Hervé et ma mère. Je pourrais certainement rester, poser plus de questions et consulter les documents officiels, mais je me connais. Je dois digérer la nouvelle toute seule avant pour mieux y réfléchir ensuite.
— Aucun problème, répond ma mère.
Je me lève, et le notaire m’arrête.
— Tiens, Andréa, voici une copie du testament et les clés du manoir. Je pense que ta mère ne voit pas d’inconvénients à ce que tu gardes tout ça en ta possession pendant ton processus décisionnel.
— Merci.
Je réceptionne le tout, j’enfile mon manteau et mon long foulard, puis je sors du bureau, mon café en main, après avoir promis à ma mère de la rappeler d’ici la fin de la journée. Je me réfugie dans ma camionnette et j’y reste de longues minutes, interdite. Moi, Andréa Simard, j’hériterais du manoir de l’Indépendance. Impossible ! Si on m’avait dit que ça m’arriverait, je n’y aurais jamais cru ! Pourtant, c’est la vérité ! Je me frotte les yeux, toujours incrédule. Il fait froid dans mon véhicule, et je démarre le moteur. Tant qu’à faire rouler la voiture, aussi bien me déplacer. J’attache ma ceinture et je sors du stationnement. Quelques minutes plus tard, complètement bouleversée, je tourne à gauche et m’engage dans l’entrée qui mène au manoir de l’Indépendance.
2
Comme chaque fois que j’approche de ce bijou ancestral, j’étire le cou pour tout voir en un coup d’œil. Manoir de style Tudor bâti dans les années 1800, l’hôtel est un lieu historique classé parmi les patrimoines québécois depuis 1977. Grâce à son charme légendaire, le manoir de l’Indépendance attire des milliers de clients chaque année. L’activité économique, comme l’a nommée Me Hervé, est en essor malgré les quelques incidents du passé.
Installé en plein cœur de la forêt, l’emplacement nous donne l’impression qu’on se trouve au milieu de la campagne anglaise grâce à ses grands jardins, son architecture et son portail en fer forgé. Les pneus de ma camionnette crissent sur la roche qui parsème l’allée lorsque je m’immobilise devant l’entrée principale. Le fanion or et bleu est toujours suspendu à la rambarde qui surplombe l’entrée. Les deux cèdres en pot qui encadrent généralement la porte en bois massif ont été rentrés pour l’hiver et ont été remplacés par des guirlandes festives que personne n’a pris le temps de retirer. J’en suis bien étonnée. Noël est passé depuis presque un mois. Ce n’est pas le style de David de négliger de tels détails. Je sors de mon véhicule et m’approche. Je me demande bien ce que je suis venue faire ici. Vais-je déambuler toute seule dans ce manoir qui me fait un peu frémir ? Je recule d’un pas, puis je me souviens que Me Hervé m’a assuré que l’équipe travaillait toujours. Je ne serai sans doute pas toute seule. J’attrape les guirlandes et je les enlève en quelques secondes. Voilà, Noël est terminé. Je teste la poignée, mais elle ne bouge pas. J’offre une grimace à la drôle de tête de gargouille qui fait office de heurtoir et je sors le trousseau de clés que le notaire m’a confié quelques minutes plus tôt. J’en glisse une dans la serrure, je la fais tourner, et la porte du manoir de l’Indépendance s’ouvre pour moi, dans un grincement.
Je reste sur le seuil quelques secondes. Je me sens soudain comme dans un film d’horreur, dont le personnage principal, en effectuant un pas dans le château, devient lié à cet endroit jusqu’à ce qu’il brise la malédiction. C’est ridicule ! Je suis venue ici souvent ! Dans le passé, j’ai parfois eu l’impression que cet hôtel détenait un mauvais karma. Mes deux derniers séjours me l’ont prouvé. Suis-je prête à tenter l’aventure, encore ? Bien sûr que oui ! J’entre, je ferme la porte derrière moi et la verrouille. Je dépose les guirlandes sur le comptoir de la réception, et elles tombent sur le sol dans un drôle d’enchevêtrement. Bon, on réglera ça plus tard ! Je regarde le hall d’entrée. Rien n’a changé en deux ans. En fait, rien ne doit avoir changé en cent ans, mais j’examine tout de même la place d’un œil nouveau.
J’essuie mes bottes sur le tapis en brosse avant de m’aventurer sur le carrelage en damier noir et blanc. Je contourne la table ronde posée au milieu du hall. Cette fois, elle n’est pas garnie de fleurs. Elle m’apparaît même étrangement vide. Je penche la tête vers l’arrière et j’observe le large plafonnier en cristal suspendu très haut. Je suis tentée de me rendre directement en cuisine, la seule pièce que je trouve accueillante, mais des éclats de voix provenant de l’autre extrémité du manoir m’attirent. Je n’hésite pas une seconde et prends la direction du salon Vert. Je me poste dans le cadre de la porte à double battant en bois et j’assiste un bref instant à la scène qui m’est offerte. Un sourire apparaît aussitôt sur mes lèvres. Mon amie Sandrine, enceinte jusqu’au cou, est assise sur le canapé vert. Tout près d’elle, son petit garçon, Albert, court en rond autour du divan en imitant un avion. Le tout est suivi de près par David, le papa, et mon ami majordome, qui regarde son amoureuse et son fils comme s’ils étaient les plus grandes merveilles du monde. À eux trois, presque quatre, ils offrent
