Angélique à la boutique spécialisée
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À propos de ce livre électronique
frère s’est soudainement retrouvé en prison et qu’on compte sur elle pour reprendre les rênes de sa boutique, Le donjon érotique !
D’abord réticente à l’idée de tenir un sex shop, Angélique se laisse finalement tenter par ce nouveau défi. Pas qu’elle veuille mettre ça dans son curriculum vitæ, mais le fleuriste voisin du magasin érotique est
assez séduisant… Et puis, la situation est temporaire. Dans deux semaines, tout au plus, elle se remettra à la recherche d’un poste dans son domaine. Enfin, c’est ce qu’elle espère. D’ici là, peut-être trouvera-t-elle l’amour et le moyen de mettre un peu de piquant dans sa vie ?
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Aperçu du livre
Angélique à la boutique spécialisée - Martine Labonté-Chartrand
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Frédérique s’autoconstruit, 2022
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Sous le charme de ses yeux trop bleus, 2021
Party de bulles, 2020
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Il était une fois dans la friend zone, 2019
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Pour en finir avec mon ex, 2018
Fantasmes d’une femme mariée – Le retour de l’amant, 2018
Miss best-seller, 2018
Lune de miel accidentelle, 2017
Fantasmes d’une femme mariée, 2017
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Jamais trop tard ! – Marion réoriente sa vie, 2016
Rester jeune – Le défi ultime de Lucy Tremblay, 2016
Ma vie en horoscope, 2015
chapitre1.jpgJe ferme l’écran de mon ordinateur portable et je lève la tête. J’étais tellement concentrée dans la dernière heure que je n’ai même pas remarqué que tous les autres employés ont déjà quitté les lieux. Personne ne m’a saluée. De toute façon, quand je suis dans ma bulle, je n’ai pas conscience de ce qui m’entoure. Je dépose mon ordinateur dans ma mallette, je replace les crayons, mon bloc-notes et le petit cadre qui se trouvent sur mon bureau. Je sors mon désinfectant en spray et je nettoie ma surface de travail. Quand tout est propre, et ordonné, je me sens satisfaite et j’éteins la lumière qui m’aide à mieux y voir quand je travaille tard. Je mets mon foulard et mon manteau et, quelques minutes plus tard, je sors dans le froid polaire de ce mois de janvier. Il n’est que dix-sept heures, mais j’ai l’impression qu’il est plus tard. J’ai travaillé dur aujourd’hui et je dois avouer que j’ai souvent le sentiment de faire cavalier seul dans cette entreprise. J’ai beau lancer des idées, donner le meilleur de moi-même pour que l’endroit prospère, ça ne semble pas suffisant. Il m’arrive de me demander si je suis réellement à ma place, puis je me répète qu’on m’a justement engagée comme consultante pour permettre à cette PME de se distinguer, de prendre son envol, ce qui ne se fait pas en criant ciseau. Il va falloir que je me retrousse les manches pour y arriver. Comme je suis très minutieuse et perfectionniste, il est impossible que je n’arrive pas à remplir le mandat qu’on m’a confié. Je dois me laisser du temps, tout simplement. Je ne suis là que depuis six mois ! Si seulement j’arrivais à créer des liens significatifs avec les autres employés, je suis convaincue que ça m’aiderait, mais pour une raison que j’ignore, je n’y parviens juste pas. Il s’agit d’une petite équipe tissée bien serrée et j’ai le sentiment que mes idées novatrices ne plaisent pas à mes collègues. Pourtant, mon patron m’avait assuré de leur entière collaboration.
Je monte dans ma voiture et je mets le contact. Je laisse quelques minutes au moteur pour se réchauffer et j’attends que mon siège chauffant fasse son œuvre. Il n’y a pas de saison que je déteste plus que l’hiver. Si je pouvais la passer les pieds dans le sable, celle-là, je serais mille fois plus positive et motivée ! Je me faufile dans la circulation de fin de journée. Je passe chez le nettoyeur récupérer mes vêtements, une tâche hebdomadaire, puis j’arrête à l’épicerie santé au coin de la rue afin d’acheter quelques trucs pour le souper. Quand je mets finalement les pieds chez moi, il est plus de dix-huit heures. J’accroche mon manteau dans la garde-robe, je dépose mes clés dans le petit bol réservé à cet effet, je place mon sac à main sur l’étagère et je classe rapidement mon courrier : factures d’un côté, publicités de l’autre. Je passe à ma chambre me changer et j’installe mon veston et ma jupe sur des cintres afin d’éviter qu’ils se froissent. Je peux certainement les porter une autre fois avant de les envoyer chez le nettoyeur. J’enfile une tenue d’intérieur confortable, je glisse mes pieds dans mes pantoufles qui m’attendaient au sol, parallèlement à mon lit, et, enfin, je suis prête à décompresser de ma dure journée. Je passe à la cuisine me servir un verre de vin bien mérité et je regarde mon logement chic et épuré. Chez moi, il y a une place pour chaque chose et chaque chose est à sa place. J’aime me trouver dans un environnement où il n’y a rien de visuellement contrariant. Quand je quitte mon domicile, tout doit impérativement être rangé. S’il m’arrivait un accident et qu’une personne de mon entourage devait venir chez moi, ce serait une véritable honte que mon intérieur soit bordélique. Je préfère ne pas prendre de risque. De toute façon, j’habite seule et je range tout au fur et à mesure, alors il n’y a jamais vraiment de traîneries. Comme je n’ai pas encore faim, je m’installe sur le canapé et je mets de la musique. Rien de mieux pour se détendre qu’une atmosphère feutrée et du classique. Je ferme les yeux un instant, me laissant imprégner par une douce torpeur.
La sonnerie de mon téléphone me sort de mon état de détente. Je m’étais assoupie. J’ai eu une journée plus éreintante que je le croyais. Je reconnais le numéro de ma mère et j’hésite à répondre. Pas que je ne l’aime pas, mais je sais de quoi elle souhaite me parler et je n’en ai pas envie. Depuis quelques semaines, elle n’a qu’un seul nom à la bouche : Justin. Il s’agit de mon frère et il est passé maître dans l’art de se mettre dans le pétrin. D’ailleurs, quand j’étais jeune, je lui disais toujours : « Justin rime avec pétrin. » Cette expression est restée dans l’imaginaire collectif de la famille. Elle s’est d’ailleurs assez souvent révélée vraie. Il y a des gens dans la vie qui attirent la poisse ; mon frère en fait partie. La sonnerie arrête et le calme revient, momentanément. Je sais bien que ma mère m’appellera sans cesse tant que je ne répondrai pas, et elle connaît assez bien mon horaire pour savoir qu’en général, à cette heure, je suis de retour du travail. Quelques secondes plus tard, comme je m’y attendais, elle tente de me joindre de nouveau. Je suis réveillée de toute façon ; aussi bien en finir avec cette discussion.
– Salut, maman. Désolée d’avoir manqué ton appel la première fois.
Je ne m’efforce même pas de trouver une excuse bidon comme « Je cherchais mon cellulaire dans ma sacoche » ou « Je n’ai pas entendu la sonnerie ». Je ne justifie jamais mes faits et gestes dans la vie. Quand je choisis d’agir d’une manière, je m’assume !
— As-tu parlé à ton frère récemment ? me demande-t-elle d’emblée.
Je soupire.
— Non, pourquoi ? J’aurais dû ?
— Je n’ai pas eu de ses nouvelles depuis un moment. Je m’inquiète.
— Alors c’est lui que tu devrais appeler, pas moi.
— J’essaie de le joindre, mais son cellulaire ne fonctionne plus. J’ai aussi tenté de l’appeler à son travail, mais pas de réponse.
Son travail ! Pff... cet endroit décrépit et vétuste où il vend de la pornographie. Je ne qualifierai jamais ce lieu de « travail ». C’est une honte pour les travailleurs honnêtes.
— Il a probablement oublié de payer la facture du téléphone. Ce ne serait pas la première fois. S’il ne tente pas de communiquer avec toi, c’est généralement de bon augure. Il t’appelle juste quand il a besoin d’aide.
— Ne sois pas méchante avec Justin. Le pauvre n’a pas eu la même chance que toi.
Ah non ? Pourtant, nous venons du même milieu, nous avons été élevés avec les mêmes valeurs, nous avons eu tous les deux le loisir de fréquenter d’excellentes écoles. Que ma mère clame qu’il n’a pas eu la même chance que moi est de la folie pure. Il a décidé de faire le fou avec sa vie. J’ai pris la voie sage et ordonnée. C’est sa faute s’il a entamé une carrière de raté, s’il a voyagé à gauche et à droite plutôt que d’économiser son argent ! J’écoute les récriminations maternelles au bout du fil. C’est toujours la même chose : elle le défend à corps perdu, ce pauvre enfant. Justin a trente-cinq ans et elle le couve encore comme s’il en avait huit. Je n’écoute même plus ce qu’elle dit, fixant plutôt mon aire de vie. Tiens, les rideaux sont poussiéreux. Comment ai-je pu laisser passer une telle chose ? Il va falloir que j’y remédie coûte que coûte.
— Maman, si tout ce que tu souhaites faire ce soir, c’est me parler de Justin, tu peux raccrocher. Sa vie ne m’intéresse pas. J’ai d’autres projets bien plus urgents.
Il y a toute cette poussière qui n’attend que le coup de plumeau fatidique.
— J’aimerais que tu ailles le voir à son commerce demain, Angélique.
— Quoi ? Pourquoi ?
— Il a besoin de se sentir entouré par sa famille.
— Il te l’a dit ?
— Non, mais je le sais, je le sens.
— Vas-y, toi, alors. Tu es la meilleure pour le réconforter.
— Je ne peux pas. Je pars avec ton père en voyage.
Ah oui, j’avais oublié. Ils vont en croisière, les chanceux. J’échangerais bien mon mois de janvier rigoureux pour un bref séjour sur un paquebot de luxe.
— Je ne peux pas y aller demain. Je travaille.
— Tu peux bien y faire un petit saut. Je ne te demande pas d’y passer la journée.
— Maman, s’il te plaît. Tu sais que je n’aime pas déroger à mon horaire. J’ai une vie, moi aussi, surtout le vendredi soir !
Je lui mens et je me mens du même coup. Je n’ai pas de vie le vendredi soir, ni aucun autre soir. J’ai bien des amis avec qui sortir, mais je ne prends pas de leurs nouvelles bien souvent. Je suis très solitaire et cette condition ne me déplaît pas particulièrement. C’est certain que ce n’est pas idéal pour rencontrer quelqu’un, par exemple, mais le célibat me convient... pour l’instant.
— Angélique, au nom de la famille, peux-tu me rendre ce service ? Je ne te demande jamais rien.
Je fronce les sourcils. Alors là, c’est archifaux. Je pourrais lui dresser une liste d’au moins dix demandes qu’elle m’a faites dans les derniers mois. Pas que je les compte vraiment, mais de là à dire qu’elle ne me demande jamais rien, elle exagère. Malgré tout, je pousse un long soupir.
— OK, je vais aller le voir samedi. C’est bon ?
— Oui, merci beaucoup. Passe à la maison avant. Je lui ai préparé des petits plats à mettre dans son congélateur. Tu les lui apporteras en même temps.
— Veux-tu aussi que j’aille faire son épicerie tant qu’à y être ?
— C’est certain que si on s’occupait de faire ça pour lui, ça ne pourrait pas lui nuire.
Elle n’a même pas relevé le sarcasme. Je lui souhaite un bon voyage et je raccroche. Tout mon état de bien-être m’a quittée d’une traite. Il ne me reste qu’une chose à faire si je veux le retrouver : enlever cette satanée poussière sur mes rideaux.
chapitre2.jpgLe lendemain matin, je me réveille en panique. J’ai manqué d’électricité pendant la nuit et mon cadran n’a pas sonné. J’ai donc trente minutes de retard sur mon horaire habituel. Je dois sauter ma méditation quotidienne et passer directement sous la douche. Je déteste me sentir pressée de la sorte.
Quand je sors dans le stationnement, je remarque qu’il a neigé pendant la nuit. Je m’engage sur la route et les voitures avancent à pas de tortue. Je ne serai certainement pas la seule en retard au boulot ce matin. C’est bloqué partout. Question de mettre ce temps mort à profit, j’enlève mes gants, bien décidée à faire quelques étirements alors que mon auto est complètement immobilisée. Je presse ma tête pour étirer mon cou et je maintiens la position quelques secondes. Ça fait un bien fou ! Même chose de l’autre côté. J’étire un bras, puis l’autre. Mon manège dure jusqu’à ce que je réalise que le conducteur à côté me regarde d’un air rieur. Gênée, je décide d’avancer un peu ma voiture. En mettant ma main sur le levier de vitesse, j’accroche avec ma bague une petite maille dans mes bas de nylon. Résultat : mon collant a filé. Zut ! Je farfouille dans ma sacoche à la recherche de vernis à ongles transparent. C’est la solution idéale pour éviter que la maille s’agrandisse. Je prends le petit pinceau pour frotter délicatement la maille. On klaxonne derrière moi. Je sursaute et je laisse tomber le flacon de vernis sur moi. Je le récupère bien vite, mais du produit visqueux s’est déjà répandu en trop grande quantité. Merde ! J’avance, puisque la personne derrière semble être en beau fusil, et, quand la circulation stagne de nouveau, je nettoie mon dégât comme je peux. Je vais devoir me faire à l’idée aujourd’hui que j’aurai un collant déchiré et que j’empesterai peut-être le vernis. C’est donc une bonne chose que les gens se tiennent loin de moi au bureau.
xxx.jpgAprès ce qui me semble une éternité, j’arrive enfin au travail. Je débarque de ma voiture et je tire sur ma jupe pour couvrir mes bas de nylon. Pas de chance, la maille est pile où la bordure s’arrête. J’irai aux toilettes pour changer mon collant de côté. Ce sera moins visible ainsi. J’entre dans l’immeuble d’un pas rapide, surprise de voir presque tout le monde déjà arrivé. Il est rare qu’il y ait autant d’employés sur les lieux quand je franchis les portes. C’est à croire qu’ils se sont tous donné le mot pour partir plus tôt ce matin en raison de la tempête. Quelques collègues haussent un sourcil lorsque je passe près d’eux, peu habitués à me voir débouler ici si tard. Je lance quelques sourires et des « Ouf, pas facile sur les routes ce matin ! » à gauche et à droite. Pourtant, ce n’est pas mon style de me justifier de la sorte. Je suis une consultante externe. Je n’ai pas à me plier aux mêmes horaires que les employés, même si je le fais depuis le jour 1. Je m’installe à mon bureau, toujours aussi en ordre que la veille, et je salue Gloriane de la main. Elle a son espace de travail juste à côté du mien et je tente de développer une relation amicale avec elle depuis notre première rencontre. J’entame souvent la discussion en la questionnant sur ses enfants et sur sa vie de maman. J’aime bien les enfants en général et je suis sensible au fait que le quotidien d’une mère n’est pas toujours facile. J’essaie de me montrer encourageante auprès d’elle, mais ce n’est pas évident. En réalité, je constate qu’elle ne fait aucun effort. Elle est au téléphone et je peux facilement déduire qu’elle parle à son mari. Quand elle raccroche, elle se tourne vers moi et j’y vais d’une approche que je trouve sympathique :
— Encore un appel personnel, hein ? Le patron ne va pas trouver ça drôle. Je ne dirai rien, promis.
Ma blague tombe à plat. Je n’ai jamais été très bonne pour faire rire les gens, il faut dire. Gloriane a un air bête. Encore une fois, je me demande pourquoi je m’entête à tenter de créer des liens avec elle. Il est évident qu’elle ne m’aime pas trop. Je lui fais un petit sourire d’excuse et j’ouvre mon écran d’ordinateur. J’ai l’impression que le fait d’avoir manqué ma méditation du matin m’a fait démarrer la journée du pied gauche. Il ne tient qu’à moi de changer le cours des choses. Le patron met les pieds dans la place et toutes les têtes se lèvent à son arrivée.
— Tout le monde dans la salle de réunion, lance-t-il lorsqu’il passe près de moi. Maintenant !
Je regarde Gloriane pour voir si elle est aussi étonnée que moi par cette convocation surprise. Ma collègue a les yeux rivés sur son cellulaire et n’a pas l’air bien impressionnée. Je vois les autres autour prendre quelques objets avant de se lever. Je n’aurai pas le temps d’aller modifier ma tenue. J’espère que personne ne remarquera ce désordre dans mes vêtements. L’idéal serait que je passe devant le peloton. Je me lève d’un bond, je saisis mon sac et mon cellulaire et je file d’un pas rapide jusqu’à la salle de réunion. Je joue carrément du coude avec deux dames plus âgées qui papotent en marchant tranquillement. Je souffle un bon coup une fois mes jambes cachées sous la grande table de la salle de conférence. Je suis sûre que personne n’a rien vu. Pour éviter qu’il semble étrange, je mets mon comportement sur le dos de la motivation :
— J’adore les réunions improvisées du genre, lancé-je aux deux dames qui prennent place près de moi.
À voir leur air, je sens que j’en fais peut-être trop. Peu importe, je suis une personne positive. Je me colle un sourire sur le visage et je le partage avec tous les nouveaux arrivants qui s’assoient autour de la table. Je n’en reçois pas beaucoup en retour, puisque la majorité d’entre eux ont les yeux fixés sur leur appareil. J’ai vraiment de la difficulté avec cette habitude d’être connecté en tout temps. Le temps passé au travail doit être réservé au travail. La vie privée ne devrait pas occuper autant de place au boulot. On peut aisément se couper de notre entourage entre huit et quatre, non ? En tout cas, moi je le fais. Je trimbale mon cellulaire avec moi pour avoir accès à mon calendrier ou pour prendre des notes, point.
— Bon, allez, tout le monde ! On va commencer, annonce le patron. J’ai d’excellentes nouvelles qui vont réjouir toute l’équipe.
Mes collègues déposent leur appareil sur la table, comme des automates, et semblent tout ouïe. Je hoche la tête, appréciant l’ambiance qui règne. Quand le patron parle, on doit l’écouter respectueusement. Après tout, c’est grâce à son savoir-faire et à ses idées novatrices que la compagnie a fait tout ce chemin. Je suis persuadée que j’ai aidé à son développement dans les derniers mois. Bien que peu reconnue par les autres membres du personnel, j’ai contribué à l’effort collectif.
— Donc, j’aimerais vous dire que...
La sonnerie de mon téléphone cellulaire retentit, ce qui me fait me crisper momentanément sur ma chaise. Dans un geste de panique, je saisis mon appareil pour l’éteindre. Je croise le regard moqueur de Gloriane.
— Je suis vraiment désolée, dis-je. J’étais certaine de l’avoir éteint.
Je regarde vite fait le numéro de l’appelant, mais je ne le reconnais pas. Probablement encore un appel anonyme et inutile. Je ferme le bouton sur le côté et dépose mon téléphone face contre la table. Je lance un petit sourire à la ronde et je m’excuse une dernière fois. Je voudrais littéralement fondre sur ma chaise en ce moment. Mon patron s’éclaircit la gorge et reprend où il en était. J’irai certainement m’excuser en bonne et due forme auprès de lui à la fin de cette réunion. Soudain, mon téléphone se met à vibrer comme un damné, me faisant sursauter. Encore une fois, tous les regards se tournent vers moi.
— Je suis désolée, répété-je. Pourquoi le mode vibration est-il enclenché ?
J’essaie de l’éteindre à nouveau, mais il continue à vibrer. J’en perds tous mes moyens. C’est vraiment humiliant.
— Ça semble important. Tu peux sortir prendre l’appel. De toute façon, cette réunion ne te concerne pas directement, Angélique, m’apprend le patron.
C’est le coup de grâce ! Non seulement je vis l’humiliation ultime, mais il en rajoute en disant que ma présence n’a pas d’importance. Je ne me suis jamais sentie aussi inutile de ma vie. Je m’éclaircis la gorge et je me lève avec toute la dignité que mon collant troué me permet de rassembler. Je reste légèrement inclinée afin que ma jupe couvre la maille. Ce n’est pas très chic. Tous les regards sont braqués sur moi. Mon cellulaire a heureusement arrêté de sonner entre-temps. Je fais un petit signe de tête à l’ensemble des employés et je sors de la pièce, la tête haute malgré tout. Dès que la porte de verre se referme derrière moi, mon appareil sonne de nouveau. Je dépose mon porte-document sur le bureau le plus près et je réponds, excédée :
— Quoi ?
— Angélique ?
— Justin !
— Enfin, tu réponds. Il était temps !
— Qu’est-ce qui se passe, exactement ?
— Je suis en prison.
— Comment ça, tu es en prison ? m’écrié-je.
J’entends quelqu’un s’éclaircir la gorge derrière moi. Je me tourne et je remarque un collègue qui se tient dans l’embrasure la porte, maintenant ouverte, de la salle de conférence. J’ai parlé fort et tout le monde m’a entendue. Les regards sont fixés sur moi et je comprends que l’entièreté de l’équipe est maintenant au courant que je suis en communication avec un criminel incarcéré. Je reste figée un moment, n’entendant rien des explications que me fournit mon frère. Je cours me réfugier dans la salle de bain la plus près. Quelle journée de fous !
— Je n’ai pas beaucoup de temps, m’indique Justin. Il faudrait que tu viennes me voir ce soir.
— Je ne comprends rien. Où es-tu ?
— Je te l’ai dit, je suis en prison.
— Oui, mais ça ne me dit rien, moi. C’est où, la prison ? À Guantanamo ?
Je raconte n’importe quoi. En fait, je ne me sens pas très bien. J’ai des sueurs et des palpitations.
— Voyons, sœurette. Guantanamo...
Il ose rire. Je le trouve bien décontracté pour un prisonnier. Il ne mérite pas que j’aille le visiter. En fait, je devrais raccrocher et le laisser s’arranger avec ses problèmes. J’ai assez des miens pour l’instant. Comment vais-je expliquer à mes collègues que mon frère est en prison sans ruiner ma réputation ?
— Tu n’as pas à prendre de vol. C’est même tout près de chez toi.
Il me donne les indications nécessaires. Je n’ai pas le temps de fouiller dans ma mallette pour trouver un bout de papier. Je prends un stylo et j’écris les informations directement dans ma main. Pas très professionnel !
— Donc tu peux venir ce soir ? insiste-t-il.
— Veux-tu me dire ce que tu as fait pour te retrouver là ?
Et pourquoi mes parents devaient-ils partir en croisière la journée où Justin a plus que jamais besoin d’eux ?
— Je te raconterai tout ce que tu as à savoir ce soir. Les heures de visite sont de dix-huit heures à vingt heures.
Je lui promets d’aller le voir en fin de journée. Un beau vendredi soir en perspective. Je jette un coup d’œil à mon reflet dans le miroir et je trouve que j’ai très mauvaise mine. Je me tapote les joues pour me redonner de la vigueur et j’entre ensuite dans une cabine pour changer mon collant de côté. Je me sens mieux ainsi, bien que ce ne soit pas le confort optimal. Quand je retourne à mon bureau, je remarque que la salle de réunion est déserte et que tout le monde est retourné à son poste. Bon, j’ai tout manqué, mais ma présence n’était apparemment pas nécessaire de toute façon. J’en suis toujours insultée, d’ailleurs. Je lance quelques sourires à la ronde, pour rassurer mes collègues que cette histoire de prison n’est pas dramatique, et je m’installe à ma place. J’ouvre mon ordinateur, mais je peine à me concentrer. Pourquoi le patron m’a-t-il éjectée de la rencontre ? Je fais partie de l’équipe, il me semble. Et Justin ! Qu’a-t-il fait pour se retrouver en prison ? Je n’en suis pas si étonnée, je dois dire, mais tout de même, je trouve que c’est grave. Rien à voir avec ses problèmes habituels.
— Angélique.
Surprise, je lève la tête. Mon patron m’observe, les traits graves.
— Tu peux venir
