Meurtre et petites bouchées
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À propos de ce livre électronique
Au manoir de l’Indépendance, où logent sa riche cliente et sa famille, Andréa se dévoue à charmer les papilles des convives
à coups de petites bouchées. Mais voilà que la dégustation vire à l’horreur : après avoir avalé un hors-d’œuvre, Mme Clarke s’effondre sur le tapis, raide morte.
Ce décès surprise ayant toutes les apparences d’un meurtre prémédité, la police confine l’ensemble des témoins afin de les interroger. Montrée du doigt parce qu’elle aurait confectionné la présumée arme du crime, la jeune chef décide de découvrir par elle-même qui en voulait à la victime au point de l’éliminer.
Andréa utilisera ses talents aux fourneaux pour cuisiner subtilement les Clarke et les inviter à se mettre à table. Prise entre ses déboires amoureux et son nouveau rôle de détective, elle devra se prêter au jeu des indices si elle entend débusquer le coupable et faire taire les soupçons à son endroit…
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Avis sur Meurtre et petites bouchées
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Aperçu du livre
Meurtre et petites bouchées - Martine Labonté-Chartrand
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales
du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Titre : Meurtre et petites bouchées / Martine Labonté-Chartrand
Nom : Labonté-Chartrand, Martine, 1985- , auteure
Identifiants : Canadiana 20240015355 | ISBN 9782898043895
Classification : LCC PS8623.A263 M48 2024 | CDD C843/.6–dc23
© 2024 Les éditions JCL
Image de la couverture : @grfxrf / Freepik
Les éditions JCL bénéficient du soutien financier de la SODEC
et du Programme de crédit d’impôt du gouvernement du Québec.
Édition
LES ÉDITIONS JCL
editionsjcl.com
Distribution au Canada et aux États-Unis
MESSAGERIES ADP
messageries-adp.com
Distribution en France et autres pays européens
DNM
librairieduquebec.fr
Distribution en Suisse
SERVIDIS
servidis.ch
Imprimé au Canada
Dépôt légal : 2024
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque et Archives Canada
Bibliothèque nationale de France
1
Je pousse la porte du Café des Fleurs et je remarque que mes mains tremblent. Je vais devoir me calmer. Je n’arriverai à rien de bon si je suis aussi énervée. Je m’approche du comptoir vitré et je jette un œil à mon reflet dans le miroir qui décore l’arrière du comptoir. Mes joues sont rougies par l’air frais de dehors. Mes yeux bruns sont brillants, signe que je suis excitée. Ma longue chevelure brune est nouée en une queue-de-cheval basse qui dégage mon visage. Je n’aime pas avoir de mèches rebelles qui me tombent dans les yeux quand je travaille.
— Salut, Andréa ! me lance Sandrine, mon amie et propriétaire du petit restaurant.
— Salut ! Je vais prendre un café pour emporter.
— C’est le grand jour aujourd’hui !
— Ne m’en parle pas, je suis assez nerveuse !
— Voyons ! Tu n’as absolument rien à prouver à personne ! Si la grande Julia Clarke a décidé de t’embaucher pour sa réception, c’est parce qu’elle sait que tu es la meilleure.
Je remercie mon amie pour ses encouragements et j’observe la vitrine de pâtisseries alléchantes. Elles sont toutes de ma confection. Je suis pâtissière professionnelle et j’offre un service de traiteur depuis cinq ans déjà. Dans notre petit village de Quatre-Saisons, ma réputation n’est plus à faire. Mais j’ai un certain défi qui se présente à moi. En effet, Julia Clarke, l’auteure et actrice américaine de renom, a décidé de se payer un court séjour familial dans notre beau village. Elle déclare adorer les coloris automnaux et le côté champêtre de la région. J’ai même déjà entendu dire qu’elle venait du coin, mais cette information reste à confirmer. L’annonce de sa présence a créé toute une commotion au sein de notre communauté. Nous accueillons rarement des vedettes chez nous ! Et surprise ! Son adjointe personnelle a communiqué avec moi afin de me confier le volet gourmand du séjour. C’est une occasion unique pour moi de faire rayonner mon talent. Elle m’a demandé de cuisiner mes fameuses petites bouchées qui ont fait ma renommée et de préparer quelques repas gastronomiques. J’aurai une dizaine de personnes à nourrir toute la fin de semaine ! Depuis que j’ai su la nouvelle, je ne dors plus et je passe mes journées à établir des listes de menus variés. De quoi rendre n’importe qui un peu fou !
— As-tu hâte de la rencontrer ? Ainsi que les membres de sa famille ? me demande Sandrine en me tendant ma tasse.
— Oui, comme tout le monde, dis-je en haussant les épaules. Rencontrer une vedette, c’est toujours plaisant, mais ce qui m’intéresse réellement, c’est cuisiner !
Je prends une gorgée de café. Il est délicieux. Riche, corsé et aromatique !
— Je suis sûre que tu vas les impressionner. J’ai entendu dire qu’elle planifiait annoncer une grande nouvelle, mais qu’elle souhaitait qu’elle ne circule pas en dehors de son cercle intime. C’est pour ça qu’elle aurait invité sa famille ici, continue mon amie. On se trouve loin des mondanités américaines.
Un client entre et Sandrine, toujours aussi souriante, prend sa commande. J’en profite pour réfléchir à ce qu’elle vient de me confier. Une grande nouvelle ? Peut-être la publication d’un nouveau livre… J’adore ses romans ! Mais ce ne serait pas une grande nouvelle. Julia Clarke en sort deux par année depuis des lustres. Peut-être a-t-elle décroché un rôle dans un film… Ce n’est pas impossible. On ne l’a pas vue au cinéma depuis un bon moment. Les rumeurs disent même que sa carrière n’allait pas très bien, ce qui expliquerait ce changement de cap vers l’écriture, qu’elle a opéré il y a une dizaine d’années. Le commentaire de mon amie a vraiment piqué ma curiosité. Je me demande d’ailleurs d’où elle tient cette rumeur. Le client sort. Je suis satisfaite de voir qu’il a commandé l’une de mes chocolatines.
— Comment sais-tu ça ? demandé-je.
— C’est David qui me l’a confié.
Bien sûr ! Où avais-je la tête ? David, l’amoureux de Sandrine, travaille au manoir de l’Indépendance, là où Mme Clarke a réservé des chambres pour la durée de son séjour. Il a des yeux et des oreilles partout. J’aurais dû le deviner !
— La fille de Mme Clarke est arrivée tôt ce matin. Il n’a fallu que quelques minutes en sa compagnie pour que David la classe déjà dans la catégorie des pestes ! Enfin, il l’a entendue parler de cette fameuse nouvelle et elle n’avait pas l’air très enchantée.
— Ah ! C’est intéressant ! J’ai hâte de prendre le pouls de tout ça au manoir.
— Finalement, qu’as-tu choisi comme menu ?
— Je vais préparer mon poulet braisé avec des légumes racines et une purée de pommes de terre. Mais avant le plat principal, je vais faire une dégustation de petites bouchées. J’espère qu’elles plairont à Mme Clarke ! J’ai entendu dire qu’elle organisait souvent des cocktails. J’ose croire que, si elle apprécie mes compétences culinaires, elle fera de nouveau appel à mes services une prochaine fois ! Et une seule recommandation de sa part dans son cercle d’amis pourrait vraiment tout changer pour moi.
— Je suis sûre qu’elle sera impressionnée. Tu cuisines tellement bien ! Est-ce que tes bouchées sucrées-salées sont au menu ?
— Évidemment ! C’est ma spécialité !
— Ah, les chanceux ! S’il en reste, j’en veux quelques-unes !
— Promis !
— Alors, bonne chance ! Je suis convaincue que tu sauras séduire tout ce beau monde. Ta carrière va partir en flèche après ça.
— Je me croise les doigts. Bye !
Ma tasse en main, je pousse la porte du Café des Fleurs. Un sourire flotte sur mes lèvres, mais y reste peu de temps. Bien sûr, j’adorerais voir ma carrière « partir en flèche », comme l’a insinué mon amie, mais tout le monde n’est pas du même avis. L’image de Mike, mon amoureux, me traverse brièvement l’esprit. Je monte dans ma camionnette blanche, parée du logo de mon entreprise, et je démarre. Pendant que je longe la rue principale et que j’observe les lampadaires garnis de décorations d’Halloween, je réfléchis à ma vie en compagnie de Mike. Nous nous connaissons depuis toujours, lui et moi. Nous avons grandi dans des rues parallèles, chacun dans notre jolie maison aux couleurs joyeuses et aux persiennes blanches. Nous avons fréquenté la même école primaire et couru les rues ensemble pour récolter des bonbons à l’Halloween. Je l’ai aussi accompagné au bal de fin d’études en cinquième secondaire ! Nous sommes restés amis ensuite, et même pendant notre brève séparation lorsqu’il est parti quelques années étudier à Montréal. Moi, je suis restée ici et j’ai fait des études en comptabilité. Ça me paraissait utile, puisque je souhaitais démarrer ma propre entreprise. Son diplôme de notaire en poche, Mike est revenu à Quatre-Saisons, prêt à reprendre la firme familiale et à passer au prochain stade de sa vie : s’installer dans une jolie petite maison, comme celles où nous avons grandi, et fonder une famille. À ce moment, il nous a semblé naturel de nous fréquenter. Après tout, nous étions de bons amis, voire plus. Les années ont passé, la retraite de son père est venue, Mike a pris les rênes de la compagnie et il est maintenant très impatient. Et moi, je le fais attendre. J’aime beaucoup Mike, mais j’aime aussi ma vie comme elle est présentement. J’adore mon minuscule appartement situé au second étage d’une maison centenaire. La cuisine accapare presque tout l’espace, ce qui est génial, puisque c’est là que je passe tout mon temps. J’affectionne ma logeuse, Mme Gervais, même si elle se mêle toujours de ma vie privée, et j’aime vivre seule. Quand je ferme la porte derrière moi, je peux rêver à des desserts fabuleux et à des recettes fantastiques ! Je n’aime pas particulièrement l’univers de Mike, où tout m’apparaît très fade. De son côté, mon amoureux ne se réjouit jamais autant que moi lorsque je songe à une nouvelle gourmandise. Il voudrait que je m’intéresse plus à son entreprise. Comme nous ne parvenons jamais à un compromis acceptable, nos carrières respectives créent parfois des étincelles. Il m’arrive de me demander ce qui nous unit réellement. Pourtant, quand je me trouve près de lui et que je pose ma tête sur son épaule, je me sens bien.
Quelques minutes plus tard, je m’engage dans l’allée menant au manoir de l’Indépendance. Même si ce n’est qu’à quelques minutes de chez moi, je viens rarement dans le coin. En passant devant la demeure ancienne, issue du patrimoine britannique et reconvertie en hôtel champêtre, je ne peux que m’émerveiller. On se croirait en plein cœur de la vieille campagne anglaise. Joyau historique de style Tudor, le manoir de l’Indépendance a été classé monument historique en 1977, au grand plaisir des habitants de Quatre-Saisons. Ouvert à l’année, il est réputé pour ses services d’hôtellerie de qualité et se dresse dans un cadre de toute beauté. Son charme opère en toute saison et il fascine les esprits grâce aux mythes et légendes qui ont tissé son histoire. Je me souviens que notre enseignante de troisième année nous racontait toutes sortes de récits captivants à ce propos, ce qui nous amenait à imaginer des fantômes parcourant les corridors richement décorés.
Je chasse mes souvenirs et je me gare à l’arrière de l’hôtel. Je sors de mon véhicule et je termine mon café en observant les grands jardins qui s’étendent jusqu’à la forêt. Les paysages automnaux sont magnifiques en cette deuxième semaine d’octobre. Pas étonnant que Mme Clarke ait sélectionné cet endroit pour une réunion familiale. Quoi de plus rassembleur qu’une promenade en forêt parmi les couleurs si éclatantes ! J’espère que la pluie annoncée demain ne gâchera pas l’atmosphère !
La porte arrière s’ouvre et David, le gérant de l’hôtel et l’amoureux de mon amie, m’accueille, un large sourire aux lèvres.
— Salut, Andréa ! Bienvenue ! Que fais-tu à attendre ici toute seule ?
— Je regardais le décor… et j’admets que je faisais le plein de fraîcheur avant d’entrer dans l’œil du cyclone.
— Tu ne parles certainement pas de cette tempête qui approche. Je viens de recevoir une notification concernant un avertissement de pluie.
— Non, je ne parlais pas de météo…
— Dans ce cas, tu as raison, les gens riches ne sont pas de tout repos.
— Ah non ?
— Les enfants et les conjoints sont arrivés ce matin. Ils ont réservé le manoir au complet. Vingt chambres au total et la suite nuptiale. Évidemment, la suite est dédiée à maman. Celle qui est arrivée la première, je présume que c’est l’aînée, n’était pas satisfaite de sa chambre : trop sombre, trop de tentures, pas assez de coussins. La vue n’est pas assez bonne et le bar n’est pas assez garni. Tu vois le genre ?
Je hoche la tête en signe d’approbation. Je n’ai même pas les fonds suffisants pour me payer une nuit dans ce manoir. Je me vois mal dénigrer la qualité des services en plus.
— C’est bien d’être élevé dans la ouate, commenté-je.
— Heureusement que son mari semble plus raisonnable, ajoute-t-il. Quoiqu’il ait déjà bien entamé le bar.
— Si tôt, hein ? Et les autres enfants ? Que sais-tu à leur sujet ?
— J’ai cru comprendre qu’il y avait une certaine rivalité entre eux. Les deux plus vieux sont issus du premier mariage de madame, alors que les deux autres viennent d’une seconde union.
— Ça, je le savais. C’est quand même d’intérêt public.
— Il y a aussi une cousine qui complète le portrait. Elle accompagne l’aînée, un peu comme le ferait une assistante.
— Elle tente peut-être de mettre la main sur une part de l’héritage, supposé-je un peu à la blague.
— Dis-toi que, dans ce genre de famille, tout le monde veut la part de l’autre !
— Tu en sais un bout sur la question ?
— Je travaille dans un hôtel de luxe. J’en ai vu de toutes les couleurs.
— Peu importe leurs problèmes familiaux, je suis là pour cuisiner. Il n’existe rien de plus rassembleur qu’un repas préparé à la perfection.
— Avec un bon accord mets-vin. J’ai fait venir un sommelier. Un ami à moi. Il est très réputé dans le domaine. Il va passer tantôt pour t’offrir ses recommandations.
— Belle initiative ! Je m’y connais en pâtisserie, mais l’accord mets-vin est moins ma tasse de thé. Ça nous donnera un air professionnel si on fait appel à un spécialiste.
Je regarde ma montre momentanément. Il est encore tôt.
— Est-ce que Mme Clarke est arrivée ? demandé-je.
— Pas encore, mais elle ne devrait pas tarder.
— Elle souhaite que je serve aux invités des bouchées en apéro, vers dix-sept heures.
— Oui, ils se rassembleront au salon Vert.
— Très bien. Qui me donnera un coup de main pour le service ?
— Ce sera moi.
— Toi ? Personne d’autre n’a été engagé ?
— On ne sera que deux pour répondre aux besoins de la famille toute la fin de semaine.
Je fronce les sourcils. Je n’étais pas au courant de cette modalité. J’aurais bien pris quelques bras de plus pour le service et un plongeur pour la vaisselle.
— Ne t’inquiète pas, je t’aiderai à la cuisine. Mme Clarke tient à préserver son intimité avec ses enfants. Elle a insisté pour que le personnel soit réduit au strict minimum.
— Encore un caprice de riche ! m’exclamé-je. Je pensais que les gens fortunés aimaient avoir le maximum d’employés autour pour les servir…
— Apparemment pas aujourd’hui ! On formera un duo d’enfer.
— Si tu le dis.
— Bon, on a un peu de temps devant nous. Je t’offre un petit tour exploratoire du manoir ?
— Oui ! Bonne idée ! Je pense que la dernière fois que je suis venue ici, j’étais au primaire. C’était dans le cadre d’une sortie scolaire.
— Allons-y ! Mais ne prenons pas le chemin des domestiques. Faisons comme si on avait les moyens de passer la fin de semaine ici.
— Attends, qui te dit que je n’en ai pas les moyens ?
Il hausse un sourcil et j’éclate de rire. Il me fait ensuite signe de le suivre jusqu’à l’avant du manoir. Nous empruntons sur le côté du bâtiment le petit chemin qui nous mène à l’entrée. Devant la porte principale, de larges pots qui encadrent le portique accueillent des cèdres parfaitement taillés. Ce n’est pas la verdure qui attire mon regard, mais plutôt les véhicules de luxe qui sont stationnés dans un angle parfait de quarante-cinq degrés.
— Tu joues aussi le rôle de voiturier, David ?
— Les quelques minutes les plus exaltantes de ma vie ! Je n’ai jamais piloté de bolides aussi chers !
— Piloté ?
— OK, je rectifie. Je n’ai jamais stationné de véhicules aussi chers. Surtout la Mercedes qui se trouve là. Wow !
Je hausse les épaules, peu intéressée par les voitures en général. Je jette un œil à la façade en pierre brun pâle. Des vignes poussent sur la devanture et montent jusqu’à un petit balcon surplombant la grande porte principale. Sur la rambarde en fer forgé flotte un fanion bleu et or. Les couleurs de la famille, peut-être ? David ouvre la lourde porte de bois décorée d’un heurtoir en bronze qui représente une drôle de tête de gargouille. De quoi effrayer n’importe quel visiteur ! Nous entrons dans le hall au plancher carrelé en damier noir et blanc. Juste devant nous, sur une table ronde reposent un énorme bouquet de fleurs ainsi qu’un livre d’or réservé aux invités. Je me sens aussitôt plongée dans un autre siècle. L’élément d’intérêt principal est sans nul doute l’immense escalier qui se dresse majestueusement dans le hall. D’abord droit, il se sépare ensuite en deux sections distinctes au premier, au deuxième et au troisième étage. Chaque section mène à un corridor qui conduit les invités à leur chambre. L’escalier est agrémenté d’une moquette épaisse vert émeraude et or. Des cadres aux bordures dorées ornent les murs de chaque côté. La main courante est en bois lustré et a été enjolivée par des guirlandes automnales très chics. Je parie que les décorations y sont somptueuses dans le temps des Fêtes. Le plafond du hall d’entrée est immensément haut. Je dois pencher ma tête vers l’arrière pour voir l’énorme lustre de cristal.
— Je présume qu’épousseter le lustre ne fait pas partie de tes tâches quotidiennes, blagué-je.
— On doit faire venir une équipe spécialisée pour effectuer cette corvée deux fois par année.
— Je ne me souvenais pas que le manoir était aussi grand !
— C’est gigantesque. Alors, voilà la réception.
Il pointe un comptoir en bois brun éclairé d’une lampe antique. Une jolie cloche argentée y est mise en évidence. Les clients peuvent la sonner pour attirer l’attention de David lorsqu’il n’est pas à son poste. Derrière se trouvent une banquette garnie de ravissants coussins rouges aux pompons dorés ainsi que des tablettes numérotées où l’on dépose les clés des chambres. Il y a aussi une porte dont la poignée est dorée comme les pompons des coussins.
— C’est ton bureau, derrière cette porte ?
— Non, c’est une armoire. J’y conserve des articles dont les clients pourraient soudainement avoir besoin. Mon bureau se trouve au bout de ce corridor, près de la cuisine. Donc, si on va à gauche, on peut se rendre au salon Vert, à la bibliothèque et à la salle à manger. De l’autre côté, on a la cuisine, mon bureau, un bureau plus officiel, le salon Jaune, qui est en rénovation, et la salle de bal.
— Il y a vraiment une salle de bal ? Je ne l’ai jamais visitée.
— Ah non ? Eh bien, dans ce cas, allons la voir.
Il m’indique la voie vers la fameuse salle. Après avoir ouvert l’un des deux battants de la grande porte, il se tasse pour me céder le passage. J’admets que, dans ma tête, le terme « salle de bal » revêtait un aspect plus grandiose que ce que je découvre. Une vingtaine de couples pourraient s’entasser ici pour danser, pas plus. Il y a tout de même des détails qui captent mon attention. Entre autres, l’énorme lustre brillant, les tuiles au plafond qui donnent l’impression que celui-ci est en forme d’arche et la tapisserie bleu royal scintillante. L’élément le plus intéressant est sans conteste la grande baie vitrée qui donne sur une cour intérieure. Je parie qu’en été, les jardins foisonnent de fleurs et d’arbustes magnifiques. J’y aperçois une fontaine ronde décorée d’une sculpture représentant une femme à moitié nue. Elle est dotée d’un rebord assez large pour que les invités puissent s’y asseoir et observer les convives danser dans la salle. Je suis momentanément transportée dans un autre univers où les dames portent la longue robe et le corset et les hommes, le smoking.
— On continue ? propose David.
Nous sortons de l’endroit et revenons sur nos pas.
— Par ici, on a le salon Jaune. Comme je te l’ai dit, il est en rénovation.
Je passe la tête dans le cadre de la porte. Excepté des meubles recouverts de bâches, je ne vois rien de particulier. Tous les murs sont jaune moutarde. Je trouve ce choix de couleur discutable.
David me montre ensuite son bureau, puis nous revenons sur nos pas et repassons par la réception. Nulle trace des convives encore. Nous poursuivons notre exploration.
— La première pièce de ce côté est la bibliothèque, annonce mon guide.
L’endroit est bien éclairé et convivial. Comme dans la salle de bal, une large fenestration permet aux invités de voir les grands jardins qui s’étendent loin sur le terrain, jusqu’à la lisière du bois. J’admire les livres qui sont placés dans des caissons bien éclairés montant jusqu’au plafond. Certains sont même rangés sous clé dans des armoires vitrées. Deux fauteuils grand-père en cuir bourgogne sont positionnés près de la cheminée et font face à la fenêtre. Entre eux, une petite table basse accueille un coffre en bois, que je présume contenir des cigares. L’endroit paraît très confortable pour s’adonner à la lecture… et fumer le cigare.
Au fond de la bibliothèque, je découvre une vitrine où je peux admirer une reproduction miniature du manoir. Je pointe l’objet à David.
— Qui a fait ça ?
Il hausse les épaules.
— Pourquoi, tu veux faire faire une réplique miniature de ton appartement ?
— Peut-être ?
Il sourit. Nous quittons la pièce et poursuivons notre chemin vers le salon Vert.
Celui-ci porte très bien son nom. Toutes les teintes possibles de vert s’y trouvent. Que ce soit grâce au canapé
