Une virée à l'hôtel
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À propos de ce livre électronique
Dans ce recueil qui oscille entre le romantique et le drolatique, les auteures canons de la chick lit partagent des aventures de personnages hauts en couleur, dont certains sont tirés de séries à succès, telles que Ce qui se passe, Danger !, Confidences d’une coiffeuse et Les narco-chicks, et d’autres dont on s’éprend aussitôt qu’on les rencontre.
Alors… que peut-il arriver quand tout ce beau monde s’offre une virée à l’hôtel, le temps d’une fin de semaine ? Osez le découvrir, mais préparez-vous à vivre des moments intenses, alors que l’amour et le chagrin, le plaisir et le regret, le malaise et l’humour se relaient dans un marathon d’histoires à faire « pleurire » aux éclats !
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Avis sur Une virée à l'hôtel
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Aperçu du livre
Une virée à l'hôtel - Catherine Bourgault
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales
du Québec et Bibliothèque et Archives Canada
Titre : Une virée à lʼhôtel / Catherine Bourgault [et sept autres]
Nom : Bourgault, Catherine, 1981- , auteure
Description : Recueil de nouvelles
Identifiants : Canadiana 20240011147 | ISBN 9782897839925
Classification : LCC PS8329.5.Q4 V56 2024 | CDD C843/.6–dc23
Vedettes-matière : RVM : Nouvelles québécoises – 21e siècle. | RVMGF : Nouvelles
© 2024 Les Éditeurs réunis
Illustration de la couverture : Magalie Foutrier
Les Éditeurs réunis bénéficient du soutien financier de la SODEC
et du Programme de crédit d’impôt du gouvernement du Québec.
Édition
LES ÉDITEURS RÉUNIS
lesediteursreunis.com
Distribution nationale
PROLOGUE
prologue.ca
Imprimé au Canada
Dépôt légal : 2024
Bibliothèque et Archives nationales du Québec
Bibliothèque et Archives Canada
Andrée-Anne G. Dufour
Bobettes beiges et vieille jaquette
C’est difficile à croire, mais je prends enfin ce fameux week-end off qu’on m’a offert pour mes trente ans. À trente-quatre ans, il commençait à être temps. Heureusement, le certificat-cadeau reçu pour un séjour au Westwood n’avait pas de date d’expiration, sinon c’est l’argent de tous les convives présents à mon trentième anniversaire qui aurait été jeté par les fenêtres.
En entrant dans le stationnement avec ma voiture, j’ai presque des papillons dans le ventre tellement je suis excitée par ce week-end où j’ai prévu manger de la malbouffe, regarder en rafale la dernière saison de Grey’s Anatomy et passer tout mon temps vautrée dans le lit king de ma chambre d’hôtel. Dire qu’à une époque, j’étais excitée à la perspective d’une soirée en ville à parcourir les rues de Montréal en talons hauts sans manteau à vingt degrés sous zéro. Les temps changent…
Ça peut paraître banal, mais je n’ai pas pris de temps pour moi depuis plus de huit ans. J’ai consacré les dernières années à m’occuper de mes trois enfants et de mon ex, Vincent. Je me suis perdue quelque part dans tout ça, j’imagine, parce que Vincent m’a quittée il y a six mois, en novembre, en affirmant que j’avais changé. C’est probablement vrai. Il a évité de mentionner sur le coup qu’il me quittait pour son assistante dentaire de vingt-quatre ans, mais je l’ai su bien assez vite quand il l’a présentée à mes enfants quelques semaines à peine après notre rupture, début décembre.
Si j’arrivais jusqu’alors à survivre à notre rupture, l’annonce de sa nouvelle relation, pas si nouvelle que ça dans le fond puisqu’il couchait avec elle depuis un moment déjà, a été le coup fatal : arrêt de travail pour « trouble de l’adaptation » et thérapie. Je pense que c’est le nouveau terme à la mode pour dire « dépression ». Je ne sais pas, j’étais trop dans le brouillard pour poser la question à mon médecin quand il m’a remis le papier à transmettre aux ressources humaines.
« La patiente, Marine Lambert, présente un trouble de l’adaptation. Je recommande un arrêt de travail de trois semaines qui sera réévalué lors de son prochain rendez-vous. »
J’ai eu le cœur brisé de quitter mes élèves sans préavis pour un temps indéterminé, même s’il s’agissait probablement du groupe le plus difficile que j’ai eu depuis le début de ma carrière d’enseignante. J’étais triste de les quitter, mais en même temps, je n’allais pas regretter la cacophonie constante de ma classe et la charge mentale liée à tous les plans d’intervention et difficultés de mes élèves. Parce que mon médecin avait été clair : il avait écrit « trois semaines » pour la forme, mais je ne risquais pas d’être de retour en classe avant le congé des Fêtes.
J’ai eu le cœur brisé de voir ma famille éclater ; de voir mes enfants partir la fin de semaine pour aller chez leur père ; de le voir avec quelqu’un d’autre ; de devoir quitter mon travail et mes élèves… Sans parler de toutes les peines du quotidien qu’impliquent une rupture et une nouvelle routine, surtout avec l’approche des Fêtes. J’ai pleuré en ressortant les boules de Noël personnalisées que j’avais fait faire à mes enfants quand ils étaient petits avec des photos de famille de nous cinq, souriants et heureux. Ou en tout cas, assez heureux pour qu’on y croie sur les photos.
Ça allait prendre plus qu’un peu de Crazy Glue et de Scotch Tape pour réparer mon cœur en mille miettes, disons.
J’ai quand même cru, espéré plutôt, être de retour en classe en janvier. Mais quand Vincent m’a annoncé qu’il souhaitait que l’on vende notre maison à Mascouche, celle où j’avais ramené mes trois bébés de l’hôpital et où ils avaient tous fait leurs premiers pas, mangé leur premier spag et prononcé leurs premiers « Je t’aime, maman », j’ai reçu un autre coup dur. Il voulait s’acheter un condo plus près du centre-ville et j’ai réalisé que je devrais moi aussi déménager, incapable de payer l’hypothèque de notre maison familiale toute seule, sans le salaire de Vincent qui, comme dentiste, gagnait plus du triple du mien. J’ai pleuré pendant les trois premières visites de duplex que j’ai faites.
On a donc ajouté encore quelques semaines à mon congé.
Mon agent immobilier, un jeune homme dans la vingtaine, ne savait que faire de la madame qui sanglotait en entrant dans la chambre principale d’un immeuble qui lui était étranger. Il semble qu’ils n’aient pas de cours nommé « Comment gérer des trentenaires en peine d’amour pendant une visite » dans leur formation.
Je suis finalement retombée sur mes pattes quelque part en mars, après avoir déménagé dans un petit duplex de trois chambres où mes deux plus vieux doivent en partager une. Puis, les choses se sont compliquées lorsque Vincent m’a demandé l’autorisation de partir une semaine en voyage avec les enfants à Pâques avec sa nouvelle blonde pour aller à Disney World. J’ai comme replongé. Ça m’a renvoyée au désespoir de ma séparation et à toutes les choses que je ne vivrai peut-être pas pour la première fois avec mes enfants.
On a dû ajouter des semaines à mon congé à nouveau.
Cela faisait des années que nous parlions d’aller à Disney en famille. Nous attendions que notre plus jeune ait quatre ans, âge qu’elle a atteint l’été dernier, pour qu’elle puisse profiter un peu des manèges avec ses frères de six et huit ans. Vincent n’avait pas oublié cette conversation et a prévu le voyage sans moi… et avec sa nouvelle blonde.
Je ne pouvais quand même pas refuser à mes enfants un voyage comme celui-là. J’ai donc accepté de préparer leur valise avec eux en souriant, même si je pleurais par en dedans. J’ai presque prié pour une gastro de dernière minute qui les clouerait au lit au Québec : j’étais prête à devoir passer trois jours à laver ma maison de fond en comble à cause de cette maladie du démon pour les garder près de moi.
Mais je vais mieux. Nous sommes en mai, les enfants ont vécu un beau voyage à Disney il y a un mois, et je n’ai presque pas pleuré en voyant les photos sur Facebook. Un peu, mais moins que ce que j’aurais cru.
Et je vais retourner en classe cette semaine. Progressivement, mais quand même. J’irai finir l’année scolaire avec mes élèves. Mon médecin n’était pas certain que ce soit le bon moment pour moi, mais je ne voulais pas rester à la maison jusqu’à la fin de l’année et devoir attendre jusqu’en août pour m’y replonger. Je pense que ces quelques semaines seront bénéfiques pour ma santé mentale. Je l’espère.
Ce week-end marque donc, j’imagine, le début d’un nouveau chapitre. Six mois après le plus grand bouleversement de ma vie d’adulte, je tourne officiellement la page.
Cette escapade a failli ne pas avoir lieu. Vincent avait un congrès de dentistes à Montréal la même fin de semaine que celle que je m’étais bookée au Westwood. Il voulait que je prenne les enfants alors que c’était son week-end. Il m’a fait les gros yeux. Il m’a dit qu’il ne pouvait pas le manquer, que j’avais le loisir, moi, de reprendre ma fin de semaine de repos n’importe quand, mais j’ai dit non. Il s’est organisé autrement et les a envoyés chez sa mère, non pas sans bougonner et en mentionnant que « je ne l’aidais pas beaucoup, dans tout ça ». Je me suis abstenue de répondre. Disons que j’ai eu envie de lui dire plusieurs « mots de toilette » comme dit ma plus jeune, mais j’ai su me gérer. Je n’ai pas mis mes limites pendant dix ans, et tant pis pour lui, c’est aujourd’hui que ça se passe. Il faut bien que ça serve, la thérapie, au prix qu’on paie.
Je me suis mise de côté pour lui, pour les enfants, pour l’aider à atteindre ses objectifs, pour que sa clinique aille comme il le souhaitait, et finalement, il a fini par me reprocher d’avoir changé.
Je ne sais pas si c’était justifié, il y a six mois, d’affirmer que j’avais changé. Mais après tout ça, ce l’est. J’ai changé et je suis prête à débuter cette nouvelle saison de ma vie, et ça commence par un week-end en jaquette à manger des chips en regardant des drames survenir dans un hôpital où à peu près tout le monde a couché avec tout le monde à un moment ou à un autre au cours des vingt saisons.
Une fois stationnée, valise en main, je prends l’ascenseur jusqu’au rez-de-chaussée, où se trouve la réception. Je dois attendre une petite éternité dans le lobby avant que ce soit mon tour. Ce temps d’attente me laisse beaucoup de temps pour observer l’hôtel qui sera ma résidence pour le week-end. Une sculpture attire mon attention. Je me demande vraiment quelle pouvait en être l’inspiration… Dans un hôtel aussi chic, voir une sculpture qui ressemble à un immense étron est plutôt surprenant. On dirait une œuvre en pâte à modeler que ma fille de quatre ans aurait faite et pour laquelle on aurait payé plusieurs milliers de dollars pour une raison que je ne comprends pas.
C’est enfin à moi. Le réceptionniste me demande si j’ai besoin d’une ou de deux cartes magnétiques pour ma chambre.
— Une seule carte.
— Monsieur Lambert n’aura donc pas besoin de carte ?
— Monsieur Lambert ? Non. Pas du tout, même. Il n’y a pas de M. Lambert.
— Il doit y avoir eu une erreur, je suis vraiment désolé. Je voyais M. Lambert dans le dossier.
— Oui, M. Lambert comme Marine Lambert. Marine Lambert, la madame toute seule qui vient passer la fin de semaine ici et qui n’a besoin que d’une seule carte.
— Vous avez pourtant le forfait « couple royal ».
— Oui, c’est un cadeau qui m’avait été offert, mais j’en profiterai toute seule.
— Je comprends. Veuillez m’excuser.
Il me tend la carte magnétique unique pour ma chambre, légèrement mal à l’aise. Je peux comprendre la confusion, mais il n’était quand même pas obligé de s’obstiner au sujet de mon statut matrimonial. Je suis assez certaine de moi sur cet aspect.
Je monte au sixième étage pour me rendre jusqu’à ma chambre, suivie par un jeune valet-chasseur d’une vingtaine d’années qui transporte mon sac même si ce n’était vraiment pas nécessaire. Il se traîne les pieds derrière moi et a du mal à porter ma valise à cause de son bras dans le plâtre. Elle se trouve tout au fond du corridor. Chambre 641. Je finis par y entrer après avoir glissé la carte magnétique de trois façons différentes sans succès dans la poignée.
Tout de suite, je comprends de quoi me parlait le réceptionniste en insistant sur le fait que j’avais le forfait « couple royal ». Une musique douce a été mise sur le téléviseur de la chambre, une bouteille de champagne trône à côté du lit dans un seau de glace et des fraises enrobées dans le chocolat sont sur la table accompagnée d’une petite carte souhaitant la bienvenue à « Monsieur et madame Lambert ». Le valet-chasseur se trouve toujours dans le cadre de la porte, tenant presque ma valise en otage, me tendant la main de son bras plâtré à la recherche d’un pourboire.
Je cherche dans ma bourse pour de la monnaie, mais je ne trouve que deux dollars et quelques sous. Il devra s’en contenter. C’est lui qui a insisté pour m’accompagner, après tout.
— Au pire, je reviendrai tantôt quand votre mari sera là. Il aura peut-être du cash pour moi.
— Mon mari ? Non, non. Il n’y a plus de mari… Je serai seule.
— Mais vous avez le forfait « couple royal ». Je suis pas con, madame, je connais quand même les forfaits de la place où je work.
— Oui, je comprends ça, jeune homme. Mais je vous assure que je serai seule pour profiter de ce forfait.
Je lui montre mon doigt débagué depuis quelques mois déjà dont la marque de mon alliance a fini par disparaître avec le temps. Il finit par déposer ma valise sans aucune délicatesse dans ma chambre et par quitter en se traînant toujours les pieds pour retourner « worker », comme il dit.
Une fois le valet-chasseur disparu, je retombe en contemplation du décor qui se veut romantique de ma chambre. Je commence à guérir de ma rupture, mais peut-être pas au point de ne pas vouloir envoyer un coup de pied dans le seau de glace. Il y a même de fausses chandelles à batteries qui reluisent dans la lumière tamisée pour mettre les jeunes couples dans l’ambiance.
Il ne manque que les pétales de roses pour que le concept soit complet.
Je défais l’ambiance rapidement en ouvrant les lumières de la chambre et en fermant la musique. Je ne vais quand même pas retourner la bouteille de champagne à la réception. Je la boirai toute seule, comme une grande.
J’inspecte le reste de la chambre à la recherche d’autres niaiseries qui me renverraient mon célibat au visage : on n’est jamais trop prudent. Je croise mon reflet dans l’immense miroir de la salle de bain en y entrant. Je n’y vois qu’une Marine aux traits tirés, ses longs cheveux noirs (avec malheureusement quelques cheveux blancs !) mal entretenus après de longues années d’abus du fer plat pour camoufler ses boucles indomptables et je ne peux prétendre que je ne remarque pas la tristesse qu’il y a dans ses yeux bleus. Je porte de surcroît un vieux legging et un t-shirt qui m’a été offert par mes enfants à la fête des Mères où on peut lire « Cool mom », alors que je me sens tout sauf cool depuis six mois. Le chandail aurait dû dire « Mombie », plutôt, une fusion des mots « mom » et « zombie », ça aurait été plus représentatif de ma personnalité depuis ma séparation. On dirait que j’ai emprunté le look d’Adam Sandler.
Je dois détourner le regard, il faut que ce week-end représente un nouveau départ, je ne veux pas sombrer une fois de plus dans le désespoir.
Comme je le pensais, dans la salle de bain, je découvre une petite baignoire à remous et un ensemble contenant huiles essentielles et autres crèmes pour faire un massage. Je ne dis pas non à un bain, mais aucune chance que les produits de massage servent.
Je les fais disparaître de ma vue en les cachant dans ma valise. Je sais encore reconnaître des produits de qualité, même si je ne vois pas trop comment je pourrais en profiter à court, moyen et même long terme.
J’ai l’impression que je n’accepterai plus jamais qu’aucun homme entre dans ma vie et le décor romantique de ma chambre d’hôtel me le renvoie en plein visage. On dirait que je ne vois pas comment je pourrais avoir envie de retomber en amour, avoir envie de risquer tout une nouvelle fois, sachant qu’il y a des risques que je me retrouve, encore une fois, le cœur brisé, à devoir repenser ma vie.
Une fois les aspects romantiques de la chambre disparus, je peux enfin revêtir mon uniforme officiel de la fin de semaine : jaquette de mamie et bas de laine. Vincent avait horreur de mes vieux pyjamas, même s’ils sont d’un confort absolu. Je ne les revêtais que lorsqu’il partait en « congrès », congrès devenus très fréquents dans les derniers mois de notre relation, tellement il me reprochait d’être peu séduisante dedans. À la fin, alors que Vincent avait déjà commencé à coucher avec son assistante dentaire comme le cliché qu’il était, j’ai même tenté de raviver la flamme avec des sous-vêtements sexy et de la lingerie. Mais le mal était déjà fait, et en fin de compte, je pense que ça n’avait rien à voir avec mes jaquettes ou mes sous-vêtements beiges. J’aurais ressemblé à un mannequin de Victoria’s Secret et non à Moman de La petite vie et je pense que mon couple aurait quand même fini dans le mur.
Ça faisait quand même plusieurs années que notre relation battait de l’aile. Si je suis complètement honnête, je pense que nous aurions pu nous séparer il y a cinq ans, quand notre deuxième enfant a eu un an. Nous avions du mal à respirer le même air dans une pièce. Nous nous sommes convaincus que ce n’était que de la fatigue accumulée et, stupidement, nous avons décidé de faire un autre enfant. Je ne sais pas quelle logique nous habitait à ce moment, mais on a réellement cru qu’un enfant supplémentaire nous aiderait dans notre couple. Depuis quand tomber en infériorité numérique, ne jamais dormir et devoir changer de voiture parce que ton VUS est devenu trop petit pour ta famille aident à entretenir la flamme de la passion ? Pourtant, je ne voudrais pas qu’il en soit autrement, ma fille est merveilleuse et elle est venue compléter notre famille. Mais je dois dire qu’après sa naissance, je pense que nous n’avons plus jamais vraiment été un couple. Des colocs, des parents, des partenaires, même complices parfois, mais des amoureux… plus du tout. J’étais cependant bien dans cette situation et j’ai pensé que lui aussi.
Je ne sais pas si j’aurais eu un jour le courage de partir. Je restais pour la famille, pour mes enfants, et je pense que j’aurais pu me contenter d’une relation monotone et même un peu triste pendant encore bien des années si ce n’était pas lui qui était parti.
Je me demande encore à quel moment j’ai fait fausse route dans ma vie pour me retrouver là à trente-quatre ans. Depuis des mois, les samedis soir où je suis toute seule, il m’arrive souvent de repenser à l’époque où j’ai rencontré Vincent. Ça n’a pas été un coup de foudre instantané. Je courais plutôt après son coloc, Philippe, un autre étudiant en dentisterie avec qui j’avais frenché une fois dans un bar… Je pensais vraiment avoir mes chances. On s’était textés pas mal après ce french. Il m’avait même invitée à un party dans leur appartement, mais ce soir-là, il ne m’avait accordé aucune attention et je n’allais certainement pas attendre indéfiniment qu’il se décide. J’ai donc appris à connaître Vincent. Je l’ai cruisé comme si ma vie en dépendait pour rendre Phil jaloux et on a même fini par coucher ensemble alors que la fête battait encore son plein de l’autre côté de la porte. Et on dirait que je ne sais plus trop comment, nous sommes devenus un couple.
Quelques mois après, nous avons emménagé ensemble, et je n’ai plus jamais vraiment revu Philippe. Vincent m’a parfois dit l’avoir croisé dans des congrès de dentistes et être allé prendre un verre avec lui, mais je ne sais pas vraiment ce qu’il est devenu. S’il ne m’avait pas ignorée cette soirée-là, de quoi ma vie aurait-elle l’air ? Quand j’y pense, j’ai parfois le vertige.
Je me verse un verre de champagne, installe mon portable sur le lit et sors de ma valise toutes les cochonneries que j’ai emportées avec moi. C’est comme si on avait donné quarante dollars à mon fils de huit ans en lui demandant d’aller faire l’épicerie. Il y a plus de sucre dans ma valise que de vêtements. Je n’ai presque rien emporté pour me vêtir, en dehors de vieux leggings et de ma jaquette de mamie. Ce n’est pas comme si je comptais vraiment sortir de ma chambre, de toute façon.
Je croise à nouveau mon propre regard dans le miroir avec ma coupe de champagne et je me porte un toast à moi-même.
À ce nouveau chapitre, Marine Lambert !
Je me suis endormie au bout de trois coupes de champagne, trop de chips à la crème sure et à l’oignon, quelques réglisses et trois ou quatre (ou huit si je suis vraiment honnête) Oreo. Je n’ai aucun regret. J’ai dormi comme un bébé. Je n’ai pas roupillé autant depuis des années. Même au cours des derniers mois, les week-ends où les enfants étaient chez leur père, mes nuits étaient agitées. Je me réveillais souvent, parfois en pleurant, parfois anxieuse. J’ai même pris des antidépresseurs, mais on ne peut pas dire que ça m’ait totalement permis de me reposer. Une nuit sans aucun souci en tête, cela fait des années que ça ne m’est pas arrivé. C’est des Oreo qu’on aurait dû me prescrire, pas des antidépresseurs.
Après m’être habillée d’un coton ouaté aux couleurs de l’équipe de hockey de mon plus vieux et d’un vieux legging, j’attache mes cheveux noirs en un chignon mou. Je pense que mon look n’a pas trop sa place dans le luxe de cet hôtel, mais je ne vais quand même pas revêtir des talons aiguilles pour partir en quête d’un latté au lait d’avoine et de quelque chose de mieux que des Party Mix à manger pour déjeuner. C’est déjà un exploit que j’accepte de quitter mon pyjama, on devra se contenter de cette allure. Je n’ai rien d’autre dans ma valise, de toute façon.
Mon forfait inclut un déjeuner au restaurant de l’hôtel.
— Bonjour, j’avais un déjeuner inclus avec ma chambre. Numéro 641.
— Vous serez toute seule, madame ? me demande la serveuse. Il s’agit d’un déjeuner pour deux.
— Oui, toute seule.
— Monsieur viendra plus tard ?
— Non, monsieur ne viendra pas du tout. Nous ne sommes même plus ensemble. Je ne peux pas être plus « toute seule » qu’en ce moment.
— Ah, je comprends. C’est que vous aviez le forfait « couple royal », pour deux personnes.
— Oui, mais je serai toute seule. Puis-je avoir ma table ?
— Oui, tout à fait. Veuillez m’excuser.
Mais qu’est-ce qu’ils ont, les employés de l’hôtel ? On dirait qu’ils sont incapables d’accepter que je puisse vouloir passer mon week-end toute seule. Je comprends qu’il s’agit d’un forfait de couple, mais personne dans toute l’histoire de l’humanité n’a jamais été dans ma situation ? C’est vrai que le forfait « couple royal » peut porter à confusion. Peut-on changer son nom pour forfait « femme de trente-quatre ans toute seule qui a reçu le forfait en cadeau dans le temps qu’elle était en couple » ?
Je m’assois à la table que me désigne ma serveuse et y commande mon latté au lait d’avoine pour lequel mon intolérance au lactose me remerciera plus tard. Je choisis une assiette de fruits dans le menu. Je pense que ça annule mes excès de sucre de la veille si mes calculs sont bons. N’importe quel mathématicien pourrait le confirmer. C’est de la science.
Il y a beaucoup de gens vraiment bien habillés qui me font vaguement regretter mon coton ouaté de hockey mom et mon vieux legging acheté à rabais sur Amazon. J’aurais peut-être dû me mettre un peu de rouge à lèvres, juste pour donner l’impression que mon look négligé est en fait calculé et non réellement… négligé.
Je mange en consultant mon cellulaire. Mon ex-belle-mère met une photo de mes trois enfants sur Facebook. Elle leur a fait des crêpes et ils semblent heureux. Ça me rassure. J’ai quand même ressenti de la culpabilité en refusant de les prendre pour le week-end, mais mon plus vieux, qui avait tout compris à la situation, m’a rassurée en me disant que j’avais le droit d’aller à l’hôtel, que c’était mon tour de me gâter, qu’il allait veiller sur son frère et sa sœur chez sa mamie. Je suis chanceuse, mes enfants ont été parfaits durant les six derniers mois, malgré tous les bouleversements que notre divorce a causés.
Très concentrée sur Facebook, je passe près de sauter au plafond quand j’entends mon nom.
— Marine Lambert. Wow, ça fait longtemps !
Je lève les yeux pour voir devant moi un homme portant une chemise blanche avec de fines lignes bleu marin dont les manches sont roulées assortie à un pantalon tout aussi bleu et des chaussures cognac qui font très classe. Je reconnais tout de suite les yeux gris qui s’agencent à ce look.
— Phil… ippe. Philippe. Wow. Allô.
— T’as pas changé, Marine.
Il me dit ça alors que Vincent m’a affirmé exactement le contraire il y a quelques mois à peine. Je suis un peu mal à l’aise qu’on se revoie alors que j’ai enfilé un genre de pyjama pour venir déjeuner. Il poursuit :
— Je suis content de te croiser. Je vais justement rejoindre Vince pour prendre un café avant notre première conférence ce matin, il te l’a peut-être dit.
— Non, il ne me l’a pas dit.
Je fronce les sourcils et il semble mal à l’aise.
— Je veux dire… On n’est pas ici ensemble, c’est pour ça qu’il ne me l’a pas dit. Il n’a pas à me dire quoi que ce soit sur ses occupations… Ce que je veux dire, c’est que… En fait… On est séparés. Voilà.
— Je ne savais pas… Désolé pour vous.
— Ça va, j’imagine. Ça fait déjà six mois… Tu loges ici pour le week-end ?
— Oui, je me suis pris un peu à la dernière minute pour réserver ma chambre d’hôtel et il n’y avait plus de place à l’hôtel où tout le monde logeait pendant le congrès. C’est un drôle de hasard.
— Tout à fait, oui…
Le hasard est d’autant plus fort que je pensais justement à lui la veille, à ce qu’aurait pu être ma vie s’il ne m’avait pas ignorée le soir de ce party, il y a dix ans.
— Je dois y aller, mais j’ai été content de te croiser.
Il me fait un sourire qui illumine ses yeux gris au passage. Il n’a rien perdu de son charme d’antan. Je me demande s’il est marié, mais il est déjà sur le chemin de la sortie et trop loin pour que je puisse apercevoir une alliance. Il l’est probablement, bel homme comme il est. J’en profite quand même pour admirer, au loin, ses épaules parfaitement découpées sous sa chemise alors qu’il s’éloigne.
Je termine mon déjeuner, avec Philippe dans la tête. J’ai un massage à onze heures dont je compte bien profiter. J’essaie donc tant bien que mal de me sortir Philippe et ses yeux gris de l’esprit. Pourquoi ma tête s’emballe-t-elle à ce point ? Imaginer ce qu’aurait pu être ma vie avec lui ne sert strictement à rien. Je n’aurais pas les enfants que j’ai présentement, si j’avais été avec lui. Je serais peut-être séparée quand même. Je passerais peut-être mon week-end toute seule à l’hôtel de toute façon. La vie n’est pas un conte de fées ; être avec lui et non avec Vincent n’aurait pas nécessairement fait en sorte que je devienne une princesse de Disney heureuse de laver le plancher et de faire la vaisselle
