La Parenthèse: Roman familliale
Par Olivier Voisin
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À propos de ce livre électronique
En visite chez son père, Léa découvre dans le grenier, un vieux roman oublié dont elle le soupçonne d’en être l’auteur. Dans cet ouvrage vingt-cinq ans auparavant, le romancier Paul Fischer décrit les premiers pas littéraires de son héros Cyril. Il y évoque l’expérience sensuelle que vit son personnage principal lors des séances de travail avec sa relectrice. Derrière ces innocentes parenthèses littéraires semble se cacher une relation assez singulière entre la professeure et son élève.
À la lecture de ce mystérieux livre, difficile de faire la part des choses entre autobiographie et fiction. Intriguée par la ressemblance évidente entre le héros de cette histoire et son père, elle va se lancer dans une périlleuse investigation. Avec l’aide de Joseph Hall, écrivain irlandais en mal d’inspiration, elle va partir à la découverte de toute une tranche de vie inconnue de son père. Cette plongée dans son passé n’est pas sans risque. Sans le savoir, en mettant la main sur ce livre, Léa va remettre à vif de lointaines blessures qu’il pourrait être bien hasardeux de faire resurgir.
Découvrez ce roman attachant qui retrace l'histoire d'un homme dont les blessures du passé n'ont pas encore toutes cicatrisé !
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Aperçu du livre
La Parenthèse - Olivier Voisin
Olivier Voisin
La Parenthèse
roman
ISBN : 979-10-388-0087-8
Collection : Blanche
ISSN : 2416-4259
Dépôt légal : mars 2021
© couverture Ex Æquo
© 2021 Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction intégrale ou partielle, réservés pour tous pays. Toute modification interdite.
Éditions Ex Æquo
6 rue des Sybilles
88370 Plombières Les Bains
www.editions-exaequo.com
Préambule
Il était près de vingt-deux heures dans le studio dix-sept de la maison de Radio France. L’habituel rendez-vous littéraire du vendredi soir touchait à sa fin. Les projecteurs et les trois caméras étaient désormais braqués vers Michel Ducloset. Il s’apprêtait à conclure ce nouveau numéro de la saison de « Livres et Vous ». L’émission avait eu du rythme. Les prestations hautes en couleur de l’écrivain russe Dimitri Sitcoff, marmonnant dans sa barbe, et de l’excentrique romancière belge Annick Dussard, passablement éméchée, n’étaient pas passées inaperçues. Comme à son habitude, le présentateur avait su jongler entre apparente décontraction et débat de fond. Avec sa parfaite dentition et sa mèche brune négligemment posée sur le front, il passait avec dextérité d’un interlocuteur à un autre tout en veillant soit à mettre fin à une intervention trop longue, soit à glisser un bon mot d’esprit. Droit dans son fauteuil et toujours aussi élégant, il lui revenait d’apporter la touche finale avant de rendre l’antenne. Une opératrice lui indiqua qu’il lui restait une quarantaine de secondes avant le lancement du générique de fin. Malgré la chaleur étouffante dans le studio, Michel Ducloset apparaissait toujours aussi frais et décontracté au moment de donner le dernier mot.
Le réalisateur choisit de cadrer sur le torse et la tête du présentateur afin d’avoir, dans le même champ de vision, l’animateur et l’ouvrage qu’il tenait dans sa main.
— Et maintenant pour clore cette émission de « Livres et vous », j’aimerais évoquer ce petit roman aux éditions Chateaubriand dont vous voyez le titre et la couverture à l’écran. C’est incontestablement une des surprises de cette rentrée littéraire. Cet ouvrage est en train de devenir un phénomène autant par son nombre de lecteurs que par le mystère qui entoure sa publication. Nous ne savons rien de son auteur si ce n’est qu’il se fait appeler Paul Fischer. Mais qui se cache derrière Paul Fischer ? Voilà trois mois que ce livre est sorti et que les ventes ne cessent de grimper. Vous êtes déjà plusieurs milliers à avoir été séduits par cette intrigue autour d’un personnage qui écrit son premier roman et qui noue une relation singulière avec sa professeure littéraire.
La caméra changea d’orientation en optant maintenant pour un gros plan. Michel Ducloset affichait alors son plus beau sourire tout en fronçant subtilement les sourcils afin d’insister sur le côté solennel de ce qu’il avait à annoncer aux téléspectateurs.
— Paul, si vous nous entendez, donnez-nous un signe de vie. Vos lecteurs ont envie d’en savoir plus. S’agit-il de votre véritable histoire ou d’une pure fiction ? Même si vous ne souhaitez pas vous livrer sur votre vie personnelle, nous aimerions vous écouter. Dites-nous ce qui vous a poussé à écrire cette histoire étonnante et émouvante ? Comment vivez-vous ce succès littéraire ? Que retirez-vous de cette première rencontre réussie avec vos lecteurs ? Quel que soit votre nom ou même votre sexe, s’il vous plaît, manifestez-vous, car votre public a très envie de vous entendre.
Nouveau changement d’axe de prise de vue.
— Il est maintenant l’heure de rendre l’antenne. Je tiens à saluer l’ensemble des invités qui nous ont tenu compagnie pendant toute cette émission. Quant à moi, je vous remercie pour votre fidélité et je vous dis à la semaine prochaine. Bonne soirée à toutes et à tous.
Devant son écran, le téléspectateur resta immobile sans trop comprendre ce qui lui arrivait. Il devrait pourtant s’enthousiasmer face au succès inattendu rencontré par cet ouvrage. Voir le célèbre Michel Ducloset finir son émission en faisant la promotion de son premier roman devrait être une marque de fierté personnelle. Il n’aurait jamais pu imaginer cela, il y a seulement quelques semaines. Et pourtant, il lui était impossible de se démasquer. Alors qu’il devrait sauter de joie, il se sentait triste et seul. Après avoir éteint le téléviseur, ses yeux devinrent humides. Une larme commençait à parcourir sa joue au moment de quitter la pièce. Non, décidément, il était incapable de se réjouir de ce qu’il était en train de vivre. Il aurait voulu le crier à la face du monde entier, mais ce n’était tout simplement pas possible.
1re partie :
Une intrigante découverte littéraire
1
En cette matinée d’automne, le soleil avait du mal à se frayer un chemin entre les épais nuages gris. Ce temps couvert maintenait le salon de la villa dans une semi-obscurité. Finalement, cette lumière tamisée n’était pas pour déplaire à Armand Lambert. Depuis le décès de sa femme, il appréciait cette forme d’ambiance en harmonie avec son humeur du moment. À soixante-dix-sept ans, il avait encore le temps de faire quelques projets, mais la longue agonie de son épouse avait profondément entamé son enthousiasme. Pour la première fois de son existence, il se sentait las et passablement fatigué de la vie.
Cet homme élégant à l’épaisse chevelure blanche pouvait se réjouir d’être resté robuste et encore plein de prestance. Son côté « gentleman farmer » lui conférait une certaine classe naturelle. Il avait connu un parcours personnel et professionnel qui l’avait comblé. Après de longues études de médecine, il avait embrassé une brillante carrière de chirurgien au début des années soixante-dix. Pour se défouler d’un quotidien assez lourd, il avait rejoint un club de comédiens en herbe désireux de monter des pièces de théâtre se voulant d’avant-garde. Il ne savait pas très bien ce qui l’y avait poussé. Ce qui était certain, c’est qu’il y prenait énormément de plaisir. Monter sur scène l’obligeait à extérioriser ce qu’il avait en lui alors que son métier le poussait à un devoir quasi permanent de réserve. Avec ses amis de l’association, il se retrouvait ainsi chaque vendredi soir, dans un petit quartier en périphérie de Caen. La troupe de sept membres, dénommée « des rimes et des planches », occupait un espace assez minable au premier étage d’un modeste immeuble plutôt délabré. Chacun avait pris l’habitude d’apporter de quoi boire et se restaurer. Avec Richard, le vrai meneur de la bande, ils passaient une bonne partie de la soirée à refaire le monde. Cela l’amusait énormément, car il sentait bien que sa nouvelle vie professionnelle l’amenait à gentiment s’embourgeoiser.
Puis, par un matin de janvier, un nouveau membre vint rejoindre l’équipe. Il se souvint de son arrivée toute timide dans leur local miteux. Il s’était chargé de l’accueillir. Masquée derrière une épaisse écharpe et un bonnet qui lui cachaient une grande partie du visage, il n’avait eu alors qu’une première vision très floue de leur nouvelle camarade de jeu. Soudain, lorsqu’elle retira son écharpe et sa coiffe, ce fut comme un coup de poing dans sa poitrine. Était-ce ce que l’on appelle un coup de foudre ? En tout cas, cela y ressembla beaucoup.
— À qui ai-je l’honneur ?
— Je m’appelle Valérie. L’atelier théâtre, c’est ici ?
— Ici même. Vous n’auriez pas pu trouver meilleure adresse. Armand pour vous servir.
C’est ainsi que Valérie rentra pour la première fois dans la vie d’Armand.
Confortablement installé dans son fauteuil, Armand avait l’esprit qui divaguait. Ce premier souvenir de celle qui allait partager sa vie pendant cinquante ans l’emplit d’un profond sentiment de mélancolie. Pourtant son attention fut attirée par le bruit d’un moteur. Un véhicule venait d’arriver dans l’arrière-cour.
Depuis sa retraite, le vieil homme avait choisi de résider au bord de la mer dans le joli village fleuri de Carolles, à quelques encablures du Mont-Saint-Michel. Il résidait dans une ancienne villa dans le plus pur style normand. Elle portait le délicieux nom de « Villa Mirabelle ». Il semblerait que ce nom soit à rapporter à un des penchants du premier propriétaire. Il était de notoriété publique que celui-ci était assez porté sur la boisson. Il avait pour habitude de finir ses soirées avec une liqueur à base de prune. Un jour qu’il avait rendez-vous avec l’entrepreneur des travaux, une confusion s’installa entre les deux hommes. Déjà bien imbibé à la mi-journée, alors que le peintre lui demandait comment il envisageait la suite, le propriétaire des lieux lui répondit :
— Avec une bonne mirabelle !
Puis quittant les lieux sur le champ en laissant sur place l’artisan, celui-ci en conclut sans trop se poser de question que le choix de son interlocuteur s’était arrêté sur une couleur orange type mirabelle. Il fut un peu surpris de ce choix, mais le caractère réputé impulsif de son donneur d’ordre l’invita à ne pas se poser la question trop longtemps. Dans les jours qui suivirent, cette bâtisse se mit à se doter d’une superbe couleur ocre. D’un côté comme de l’autre, personne n’osa trop revenir sur le malentendu à la base de cette originalité artistique. Seul le nom donné à la villa fournissait une indication de la genèse de cette curiosité. Depuis, la villa était revenue à un aspect moins tapageur et le vif orange avait laissé place à une couleur bleu clair infiniment plus discrète. Cette demeure avait beaucoup de caractère avec une vue imprenable sur la baie qui se trouvait à proximité. Hélas, Armand se rendait bien compte que cette maison de deux étages était devenue beaucoup trop grande pour lui et plus vraiment fonctionnelle.
Armand se leva, alerté par le bruit venant de l’arrière de la maison. Il constata, par la fenêtre, qu’une Coccinelle noire avait pris place près de son imposant quatre-quatre. Un sentiment de joie vint remplir son cœur. La présence de cette voiture signifiait la visite de Léa. Sa fille avait maintenant quarante-cinq ans. C’était la plus jeune des deux enfants qu’il avait eus avec Valérie. Un an après leur mariage, le couple avait vu arriver Patrick, suivi deux ans plus tard par la naissance d’une petite sœur. Autant les relations avec son fils aîné furent un éternel combat, autant il avait réussi à établir une vraie complicité avec sa cadette. Cette quadragénaire aux cheveux châtains et aux yeux verts ne manquait pas de charme. Sa fine silhouette et sa démarche chaloupée lui conféraient une allure dynamique et élégante. Elle habitait à une bonne heure de route et avait prévu de passer un moment avec son père. Elle savait que le moral de celui-ci n’était pas au beau fixe. Elle grimpa les trois marches du perron les bras encombrés de vivres, et s’introduisit d’office dans la villa. Armand se précipita à sa rencontre.
— Quel plaisir de te voir ma belle ! Mais tu arrives chargée.
— Bonjour, Papa. C’est juste le repas de ce midi. J’ai pensé que du poisson frais et quelques fruits du jardin te feraient plaisir.
Le temps de poser les courses sur la grande table en bois de la cuisine, elle se dirigea vers son père et l’enlaça à grand bras.
— Alors, le moral ? Comment te portes-tu ? J’espère que tu sors un peu ?
— Ne t’inquiète pas. Je fais ma marche quotidienne… du moins quand le temps le permet. Sinon j’ai des hauts et des bas. Je crains que cette maison ne devienne bien trop grande pour moi. Mais je n’ai pas envie de me plaindre. Comment vont les garçons ?
— Ils sont en pleine crise d’ado. Surtout l’aîné. Depuis qu’il a arrêté le judo, Kevin est un peu désœuvré. Il se cherche. Ce n’est pas un âge facile. Quant à Hugo, il est à fond avec son groupe de musique. Ils répètent des après-midi entiers dans la cave. Je ne comprends pas grand-chose à ce qu’ils interprètent, mais cela semble lui convenir.
Léa était maman de deux grands garçons qui avaient respectivement dix-sept et quinze ans. Pour pouvoir les élever et subvenir financièrement à leurs besoins, elle travaillait à mi-temps dans le département ressources humaines d’une grosse entreprise de la région caennaise. Certes, ses deux fils étaient autonomes et elle n’avait plus à courir à droite et à gauche pour les accompagner dans telle ou telle activité. Mais ils étaient loin de s’assumer complètement et son récent divorce l’obligeait à devoir porter beaucoup de choses, dorénavant seule. Bizarrement, son mariage n’avait jamais vraiment été une réussite. Assez rapidement après s’être mise en couple, elle avait donné naissance à ses garçons. Pourtant, elle sentait déjà que cette union était une erreur. Trop peu de choses l’unissaient véritablement à Marc, son mari, qui se réfugia très vite dans les fêtes avec ses copains. Pendant de longues années, elle toléra les excès et les absences de son époux afin de préserver un semblant d’unité familiale. Puis, un jour, elle était tombée sur un mail malencontreusement ouvert sur l’ordinateur familial. Ce courrier était sans équivoque. Marc avait une autre femme dans sa vie et cela depuis quelque temps, semblait-il. Il s’en suivit une sévère explication conjugale et il s’imposa au couple de prendre de la distance. Cet épisode avait profondément attristé Armand. Il n’avait jamais eu une grande sympathie pour Marc dont il avait repéré les travers, mais il était malheureux de sentir sa fille triste et de voir ses petits-fils finalement assez désemparés par cette situation.
Léa proposa de s’occuper de la cuisine, ce qui avait le don d’énerver son père. Subitement, il se sentait parfaitement inutile. Il n’y avait rien à y faire, cela faisait partie du tempérament de sa fille. Il fallait que les choses avancent et vite en général. Et, quel que soit l’état du moral de son père, elle trouvait qu’il était trop lent. Pourtant, elle était rapidement prise de remords et s’en voulait ensuite de ne pas arriver à être plus patiente. Elle se rendait bien compte que, de la sorte, elle renforçait le sentiment d’inefficacité que pouvait ressentir son père. Elle mettait un point d’honneur à lui rendre visite, car elle savait que le décès de celle qui avait partagé sa vie pendant de longues années était un coup dur à encaisser. Sa maman avait perdu une grande partie de ses facultés depuis quelques années. Elle se souvient encore avec déchirement du jour où son père lui annonça que sa mère était atteinte de la maladie de Parkinson. La suite ne fut qu’une lente et terrible déchéance, la mort de sa mère ayant été une sorte de délivrance pour elle. Il en fut tout autrement pour son père qui avait parfaitement conscience que l’échéance serait implacable. Pourtant, comme pour masquer l’intrusion de cette odieuse maladie, il avait su entretenir jusqu’au bout ces petits instants de tendresse qui liaient de manière indéfectible le vieux couple.
Léa et Armand passèrent à table. Ils s’installèrent dans la salle à manger qui donnait côté mer. Cette fois, le soleil avait définitivement disparu. Sa présence derrière les nuages donnait une luminosité très particulière à cette journée de septembre qui filtrait au travers de la large véranda de la pièce. Alors qu’Armand et sa fille dégustaient tranquillement les soles meunières rapportées par Léa, celle-ci interrogea son père concernant les affaires de sa mère.
— Je ne sais pas s’il reste des affaires de Maman dans le grenier. Veux-tu que je fasse un peu de tri ?
— Ça pourrait être une bonne idée. J’avoue que je n’ai pas vraiment le courage de le faire. Tous ces costumes, ces tentures et ces tissus… Franchement, n’hésite pas à libérer de la place.
Après son expérience théâtrale avec la bande d’Armand, Valérie avait continué à évoluer dans le monde artistique. Elle s’était fait une réputation locale en tant que costumière pour tous les théâtres petits ou gros de la Basse-Normandie. Cette passion la transportait au travers des âges entre des tenues de gladiateurs romains jusqu’aux robes à frou-frou de la Belle Époque. Armand adorait voir sa femme mettre la dernière main à un costume de mousquetaire ou de soldat napoléonien. Pourtant, à ses yeux, cette louable activité avait un défaut assez désagréable. Elle demandait de la place et maintenait une sorte de désordre permanent à la maison. Armand en avait pris son parti. Sincèrement, il n’avait plus le cœur à aller faire le tri dans ces toiles et tissus entassés dans le grenier.
— Ne t’inquiète pas ! proposa Léa. Je m’en charge cet après-midi. En revanche, fais-moi plaisir. Pendant que je m’occupe de cela, va marcher un peu et prendre l’air au bord de la mer pendant que le temps est de la partie.
— Promis ! Allez, on goûte à ton raisin puis on débarrasse.
Le père et sa fille finirent tranquillement leur repas. Léa poussa son père à aller faire un tour sans attendre. De son côté, elle s’occuperait de la vaisselle. Une fois la cuisine rangée, elle se résolut à gravir les deux étages pour faire le tri au grenier dans les affaires de sa mère. Elle était loin d’imaginer ce que sa visite sous les combles de
