[go: up one dir, main page]

Découvrez des millions d'e-books, de livres audio et bien plus encore avec un essai gratuit

À partir de $11.99/mois après l'essai. Annulez à tout moment.

Lex
Lex
Lex
Livre électronique199 pages3 heures

Lex

Évaluation : 5 sur 5 étoiles

5/5

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Six ans après le mystérieux assassinat de son père, une jeune femme prénommée Ally décide de se lancer à la poursuite d'un célèbre cambrioleur, persuadée qu'il a été témoin du meurtre. Quand elle parvient à le retrouver, ce dernier refuse de lui donner l'information qu'elle convoite, mais lui propose de l'aider à préparer sa vengeance en organisant le casse du siècle.

LangueFrançais
ÉditeurPauline SLF
Date de sortie27 août 2010
ISBN9782953769449
Lex
Auteur

Pauline SLF

Adepte de la fiction contemporaine et du roman feel-good, j'écris avec passion pour vous offrir de beaux moments de lecture.

En savoir plus sur Pauline Slf

Auteurs associés

Lié à Lex

Livres électroniques liés

Histoires d'amour pour jeunes adultes pour vous

Voir plus

Catégories liées

Avis sur Lex

Évaluation : 5 sur 5 étoiles
5/5

1 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Lex - Pauline SLF

    L.E.X

    Un roman de Pauline S.L.F

    Copyright 2011-2024 Pauline S.L.F

    1

    Je m’appelle Allyson. Et je n’avais que quatorze ans lorsque mon père, Philippe Hélias, a été tué de deux balles dans le thorax. En une seconde, ma vie s’est effondrée. Parce que mon père était tout pour moi. Tout. À cette période, si quelqu’un m’avait dit que ce drame me conduirait à faire une rencontre qui changerait ma vie à jamais, j’aurais envoyé tout ce qui se trouvait à ma portée à la figure de ce quelqu’un. Rien de positif ne peut découler d’une telle tragédie. Pas dans mon monde à moi. C’est pourtant ce qui va se produire. Mais je ne le sais pas encore. Je m’apprête à partir en croisade. Je vais me lancer dans quelque chose d’insensé. Mais je m’en fous. Il faut que je le fasse. D’abord, je vais vous expliquer qui je suis, et ce qui m’est arrivé.

    Mon père était agent secret. Ou agent gouvernemental. On peut dire les deux. Espion, par contre, c’est has-been. Mon père se passionnait pour l’art, et aimait se servir de cet univers pour ses échanges professionnels. Il fixait ses rendez-vous secrets dans des musées, cachait des documents confidentiels au dos de célèbres toiles, dissimulait des clés USB à l’intérieur d’œuvres d’art exposées à la vue de tous, et adorait les soirées mondaines données par les grands mécènes parisiens qui, en soutenant l’art sous toutes ses formes, lui permettaient de se régaler pendant ses opérations de surveillance. C’était son délire à lui. Ça le faisait vibrer. Amoureux des arts et de son pays. On aurait pu graver ça sur sa tombe, tiens.

    Mon père vénérait les tableaux, les sculptures, les pierres précieuses, la musique, les bijoux, les objets anciens, et les voitures. Approcher toutes ces œuvres sans jamais pouvoir les posséder, ça le frustrait. Et ça ne faisait que renforcer sa passion. Quand il ne travaillait pas, il faisait de moi sa digne héritière, dans tous les sens du terme. Nous assistions à des vernissages, faisions le tour des expositions temporaires de la capitale, nous rendions à des concerts, à des salons. Mon père n’avait que moi, et je n’avais que lui. Il m’élevait avec amour, tout en me cachant aux yeux du monde. Très peu de gens connaissaient mon existence. J’avais toujours vécu ainsi. J’y étais habituée. Fille d’un riche agent secret. Un destin bien pourri qui me condamnait à une vie compliquée, en marge de la société. Avec mon père auprès de moi, j’avais la sensation d’être chanceuse, privilégiée, épanouie, et en sécurité. Du haut de mes quatorze ans, je ne m’étais jamais imaginé ce que deviendrait ma vie s’il disparaissait. Lui, en revanche, y avait pensé.

    Vous êtes en train de vous demander si j’ai une mère. En théorie ? Oui. En pratique ? Non. Mais elle ne mérite pas que l’on s’attarde sur le sujet. Cette femme s’est contentée de renoncer à ses droits parentaux, et a signé sans hésiter le document lui interdisant de révéler l’identité de mon père sous peine de poursuites judiciaires. Fin de l’histoire. Vous avez envie de verser une larme pour moi ? Allez-y. Ce n’est que le début. Ma nullité de mère ne détient pas la palme en matière de comportement minable. J’ai donc été élevée par un agent gouvernemental ayant des ennemis aux quatre coins du monde. J’ai grandi dans le secret le plus total, ne fréquentant jamais personne, ne sortant jamais seule de notre immense maison dont le système de sécurité rivalisait avec celui de la maison blanche. Et pourtant, je ne me demandais jamais ce qu’aurait été ma vie avec un autre père que celui-là. Un père normal. Tant qu’il se trouvait à mes côtés, cette existence me convenait. On s’adorait, lui et moi. On était tellement bien ensemble qu’il n’avait jamais pris la peine de me trouver une mère de substitution. Pas le temps. Pas envie. Pas besoin.

    Quand il ne bossait pas, mon père m’enseignait un tas de choses qui vont vous sembler complètement inutiles : comment déchiffrer les codes d’accès électroniques, comment désamorcer une bombe, comment se procurer les plans des systèmes de sécurité des lieux touristiques, comment différencier un vrai tableau d’une copie, comment dater un vase chinois, comment s’introduire dans un musée en dehors des heures d’ouverture sans se faire attraper, et cetera. On s’amusait comme des fous. Pour lui, j’acceptais de m’imaginer en graine de cambrioleuse au service de l’État. Parfois, on allait dans des galeries pour repérer un tableau qui nous plaisait. En rentrant à la maison, on échafaudait un plan pour le voler. C’était nos jeux à nous. Notre complicité. Notre bonheur. Lui et moi, dans cette maison aux allures de bunker. Ça vous parait délirant ? Je ne vous juge pas.

    Aujourd’hui, j’ai vingt ans. Et pour que vous puissiez suivre mes aventures sans vous sentir largués, je vais devoir vous parler de Richard. Vaste sujet, Richard. Qui est-ce ? Le meilleur ami et collègue de mon père. Son éternel bras droit. Il était là, quand c’est arrivé. Tout s’est déroulé juste sous ses yeux. Il montait la garde pendant que mon père récupérait des dossiers confidentiels dans le coffre d’une voiture de collection. Il a vu l’ombre du tireur, mais n’a pas pu dégainer à temps. Personne n’était censé se trouver dans ce sous-sol. Après les deux coups de feu, au lieu de se lancer à la poursuite de l’assassin, Richard s’est précipité vers mon père pour tenter de le sauver. Mais il n’y avait rien à faire, à part l’accompagner dans ses derniers instants. Philippe Hélias avait désigné son meilleur ami comme tuteur, au cas où il lui arriverait malheur avant ma majorité. Juste avant qu’il ferme les yeux pour toujours, Richard a juré à mon père de prendre soin de moi, de garder mon identité secrète, et de maintenir un minimum de relation avec ma mère. Je me serais bien passée de la troisième promesse. Bref. Cette scène, je l’ai imaginée mille fois dans ma tête, et ce pour deux raisons. D’abord, parce que ne pas avoir été là quand il est mort me rend malade. Ensuite, parce que le jour où les supérieurs de mon père sont venus me raconter les faits en détail, ils ont eu l’honnêteté de me confier un élément majeur : pendant que Richard écoutait les dernières volontés de mon père dans ce satané sous-sol, quelqu’un s’est introduit dans la voiture de collection, a démarré, et filé en trombe. Quelqu’un dont tout le monde ignore l’identité. Cela ne peut pas être l’assassin qui s’est enfui juste après avoir tiré, à bord d’un autre véhicule. Qui était-ce ? Patience. On va y venir. Mais d’abord, Richard.

    Après le drame, selon la volonté de mon père, et puisque ma mère ne voulait surtout pas m’avoir dans les pattes, Richard est devenu mon tuteur. Célibataire sans enfant, il est venu vivre chez nous et a pris la place de mon père. Avec un goût beaucoup moins prononcé que lui pour la transmission de ses compétences professionnelles. Je le connaissais depuis toujours, et n’aurais pas accepté que qui que ce soit d’autre soit responsable de moi. Même si, à quatorze ans, on ne m’avait pas vraiment demandé mon avis sur la question, évidemment. Richard était très protecteur. Il voulait toujours savoir où j’allais, avec qui, pourquoi, et quand. Avec mon père, j’étais cloîtrée à la maison sous prétexte que mon nom suffisait à m’attirer des ennuis. Je ne mettais le nez dehors qu’en sa présence. Avec Richard, c’était encore pire. Je me sentais en prison. Une bien jolie prison, je vous l’accorde. Barraque de folie en plein Paris. Je ne vais quand même pas me plaindre. Et le tuteur était aux petits soins, à chaque minute, tel un chevalier servant aux pieds d’une petite princesse capricieuse. Mais je ne sortais jamais. Il ne m’emmenait nulle part, ne me disait rien de ses activités, et répondait à toutes mes envies de rébellion par un sermon bien rodé dans lequel il affirmait que les ennemis du gouvernement me kidnapperaient à la seconde où je franchirais le seuil de la porte. Bonjour l’ambiance.

    Heureusement, il s’est passé un truc qui échappait totalement au contrôle de Richard, et qui lui a filé un ulcère. Vous devinez ? Ce matin-là, je peux vous dire que je me suis levée triomphante et me suis fait une joie d’affronter le regard contrarié de celui qui, malgré son amertume et sa frustration, m’avait préparé un super petit déjeuner. C’était le jour de mon dix-huitième anniversaire, et la fin officielle de la tutelle de Richard. Libérée, délivrée. Une fois assis face à face, un croissant à la main, il n’y est pas allé par quatre chemins, et m’a demandé ce que je comptais faire. Même si j’étais majeure et libre de mener ma vie comme je l’entendais, je me sentais redevable envers Richard. Le mettre dehors aurait fait de moi la pire des ingrates. Je lui ai donc proposé un compromis qui témoignait de ma reconnaissance et de mon attachement. Je lui ai donné le droit de continuer de vivre avec moi, dans cette maison qui m’appartenait, et qui avait été son foyer depuis le décès de mon père. En revanche, je lui ai confirmé qu’il n’avait plus aucun droit sur moi et que, par conséquent, je ferais tout ce que je voudrais sans qu’il ait son mot à dire. Eh oui ! Majeure et vaccinée ! Il ne pouvait plus m’empêcher de sortir, me tenir à l’écart du monde, m’emprisonner avec le prétexte de vouloir me protéger. Et j’avais bien l’intention de rattraper le temps perdu. Je ne le chassais pas de ma vie, mais lui ordonnais de me laisser la vivre librement. Il a accepté. C’était un peu comme une renaissance, pour moi. Je pouvais enfin découvrir le monde qui m’entourait, aller où bon me semblait, rencontrer des gens, faire tout ce qu’une fille de dix-huit a l’habitude de faire. Mais je ne suis pas comme n’importe quelle fille. Malgré mon envie de profiter de cette liberté tant attendue, mon enfance si particulière semble m’avoir rendue inapte à la vie en société. Plus le temps passe, plus je me rends compte que je n’arriverai jamais à mener une existence ordinaire. Je ne suis pas calibrée pour ça. Et ça m’angoisse.

    2

    Bref. J’ai vingt ans, et j’en suis toujours au même point. Je vis avec Richard, dans la maison de mon père qui m’appartient depuis ma majorité. Je vaque à mes occupations qui se résument à traîner dans les musées, me goinfrer de glaces devant la télé, danser comme une folle au milieu d’inconnus dans les boîtes branchées de la capitale, rentrer à pas d’heure en taxi, et faire la grasse matinée. En gros, je ne fais rien. Strictement rien. Je n’avance pas. Je crois même que je sombre. Mon existence manque de sens. Le mot « avenir » me donne la nausée. Mais ce n’est pas tout. Plus le temps passe, plus je me sens obsédée par la mort de mon père. C’est un truc de fou. Je ne pense qu’à ça. Nuit et jour. J’ai besoin d’en savoir plus. Pourtant, on ne m’a jamais rien caché. D’après Richard, le mystère plane toujours sur l’identité de son assassin. Personne ne revendique ce meurtre. Mon père ayant travaillé sur un nombre incalculable d’affaires plus sensibles les unes que les autres, les personnes susceptibles d’avoir organisé son exécution ne se comptent pas sur les doigts d’une main. Loin de là. Six ans après son meurtre, ses supérieurs et ses collègues ne semblent pas avoir le début d’une piste. C’est dingue, non ? J’ignore si Richard me dit la vérité à ce sujet, ou s’il me préserve. En tout cas, une chose est sûre : je n’obtiendrai rien de plus de la part de mon ex-tuteur. Je ne suis même pas sûre d’avoir envie d’aborder le sujet avec lui, pour la énième fois. J’entendrais le même discours, et ça ne me mènerait nulle part. Il faut peut-être que je me penche sur la question toute seule, sans lui en parler. Voilà. C’est ce que je vais faire. Parce que plus j’y pense, plus je me rends compte qu’il y a une piste à explorer.

    Nous sommes en plein milieu de la nuit. Je suis dans le bureau de mon père, resté intact depuis sa mort. Et je dois admettre que j’ai un peu retourné la pièce. À trois heures du matin, après m’être vidé la tête en boîte de nuit, je me trouve assise en tailleur sur le sol, entourée de pochettes cartonnées et de classeurs, l’ordinateur portable de mon père en équilibre sur un de mes genoux. Je rassemble un maximum d’informations et fais des recherches à propos d’une personne que j’aimerais contacter. Une personne qui sera peut-être la clé de toute l’énigme. Celle qui me permettra de tourner la page de la mort de mon père. Le déclic qui me donnera envie d’avancer, et de faire quelque chose de ma vie. Malgré ma discrétion, la porte s’ouvre.

    -  Bonté divine, baragouine Richard en découvrant l’état de la pièce. Mais qu’est-ce que tu fabriques, encore ?

    -  Rien, réponds-je sans prendre la peine de lever les yeux. Je cherche des trucs. Ce n’est pas important.

    -  D’accord. C’est bien aimable à toi de m’envoyer promener avec autant de tact. Je peux t’aider, peut-être ?

    -  Non merci. Et ne t’inquiète pas. Je rangerai.

    -  Je ne m’en fais pas pour le bazar. Par contre, te trouver en pleine nuit en train de retourner les affaires de Philippe, ça pourrait effectivement m’inquiéter. Qu’est-ce qui se passe ?

    -  Richard, sans vouloir être désagréable, ça devient saoulant. Vraiment. Je suis majeure, je suis une grande fille, et je suis saine d’esprit. Tout va bien. Je ne comprends même pas que tu vives encore dans cette maison. Je n’ai plus besoin qu’on me chaperonne. Tu ne voudrais pas te marier ? Avoir un logement à toi ? Faire des enfants ?

    -  Pour le logement, je te rappelle que j’ai trois hôtels particuliers à Paris, et une villa sur la Côte d’Azur. Et pour le fait que je sois toujours là, c’est sans doute parce que ton père le souhaitait, et que tu m’as autorisé à rester malgré ta majorité.

    -  Je sais, je sais. Désolée. Je ne suis pas du tout en train de te mettre dehors. C’est juste que ça fait six ans, Richard. Je ne suis plus une ado. Je vais bien. Grâce à toi. Donc, si jamais c’était ton souhait, mais que tu n’osais pas franchir le cap parce que tu l’as promis à mon père, je te le dis haut et fort : tu peux reprendre une vie normale. Tu peux rencontrer quelqu’un, faire des projets, profiter de ta villa sur la Côte d’Azur sans te soucier constamment de moi. Tu ferais mieux de te dépêcher, d’ailleurs. La cinquantaine approche. Tu commences à te faire vieux.

    -  Je méditerai là-dessus quand tu m’auras dit ce que tu fabriques dans cette pièce. J’attends.

    Je n’ai pas du tout envie de répondre. Mais il est tellement pénible qu’il ne me lâchera pas. Et franchement, j’ai la flemme de lui mentir. Nous vivons sous le même toit. Il garde constamment un œil sur moi. S’il sent que je lui cache des trucs, il deviendra encore plus oppressant. Non merci. En fait, j’aimerais ne pas avoir à exposer ma théorie à Richard car je sais déjà qu’il me traitera de demeurée. Selon lui, la personne que je souhaite rechercher n’existe pas. Je vous en dirai plus tout à l’heure. Là, je dois trouver un moyen de le faire sortir d’ici. Et j’avoue que je sèche. Tout compte fait, si je veux vraiment

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1