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À la cote LGO inter 01 01 09 dans l’inventaire du fonds Guilloux à la médiathèque Malraux à Saint-Brieuc correspond une désignation, « Louis Guilloux : Entretiens non identifiés ». L’espace d’indécision attributive que constitue, au... more
À la cote LGO inter 01 01 09  dans l’inventaire du fonds Guilloux à la médiathèque Malraux à Saint-Brieuc  correspond une désignation, « Louis Guilloux : Entretiens non identifiés ».
L’espace d’indécision attributive que constitue, au regard d’une topographie documentaire, « LGO inter 01 01 09 » vient  troubler le jeu entre représentant et représenté . Alors, à ce titre, la chemise pourrait être refermée et un double silence de l’écriture s’installer, celui de l’archive, comme celui du commentaire ou de son usage. Pour autant, à paraphraser Georges Bataille, si ces papiers semblent constituer comme un surplus – voire une excrétion – du geste de classement, hypothèse peut être faite que ces feuillets ne constituent pas la part stérile  d’une mise en œuvre d’un travail avec Guilloux…
A contrario ce qui aurait pu être considéré comme une défaillance, ce dépôt de signes stagnants , autorise à entretenir avec l’archive un autre rapport que celui de la représentation par lequel elle viendrait à forte intensité expliquer l’œuvre ou contribuer à sa signification.
Il s’agirait ici de s’y faire flâneur et monteur.
Dans les années 1970, les ouvrières et ouvriers de Lip menèrent une grève particulière, redémarrant eux-mêmes la production de l'usine horlogère pour éviter son démantèlement. Cette grève et l'ensemble de leurs actions firent alors... more
Dans les années 1970, les ouvrières et ouvriers de Lip menèrent une grève particulière, redémarrant eux-mêmes la production de l'usine horlogère pour éviter son démantèlement. Cette grève et l'ensemble de leurs actions firent alors l'objet d'une abondante production journalistique. En trois vitrines et trois temps d'exposition, l'anthropologue Noël Barbe revient pour Entre-Temps sur la "prise d'archive" de Michel Jeanningros, archiviste au présent de la lutte Lip et artisan de la revue de presse quotidienne formant une "frise Lip" constitutive de la lutte d'alors et aujourd'hui exposée aux regards des visiteurs.
LE PEINTRE & L'ANTHROPOLOGUE, nouvelle série d'entretiens en dix parties entre l'artiste et l'anthropologue qui échangent et discutent sur l’Art, l’Histoire de l’Art, l'Art Contemporain, le chamanisme, la violence, la sexualité et les... more
LE PEINTRE & L'ANTHROPOLOGUE, nouvelle série d'entretiens en dix parties entre l'artiste et l'anthropologue qui échangent et discutent sur l’Art, l’Histoire de l’Art, l'Art Contemporain, le chamanisme, la violence, la sexualité et les différentes influences ethnographiques qui inspirent profondément les œuvres de l’artiste.
https://www.j-psergent.com/media/videos-interviews/interview-sergent-barbe/256
Filmé à l'atelier de Besançon, les 1 et 15 septembre 2023, caméras Lionel Georges. Sous-titré en français, lire les transcriptions.
avec Nayeli Palomo
avec Aurélie Dumain Si l’art photographique propose aux spectateurs de percevoir le monde tel qu’il est vu, cadré, par un photographe invisible, effeuiller les carnets de terrain, et autres écrits à la première personne de Jacqueline... more
avec Aurélie Dumain
Si l’art photographique propose aux spectateurs de percevoir le monde tel qu’il est vu, cadré, par un photographe invisible, effeuiller les carnets de terrain, et autres écrits à la première personne de Jacqueline Colde, les prendre pour objet et matériau d’enquête, nous permet de suivre la manière dont son regard et son œuvre se sont construits pas à pas, à mi-chemin entre « le langage de la photographie documentaire », les méthodes de « l’ethnologie contemporaine » et de l’histoire, mais aussi sous le prisme d’une biographie marquée par une expérience de « déracinement ».
Entre 2000 et 2022, nous avons organisé des situations de face-à-face entre des peintures de Courbet, des chasseur·euse·s et des habitant·e·s de lieux qu’il a représentés ; mais aussi, élargissant le champ, entre des œuvres du XIXe siècle... more
Entre 2000 et 2022, nous avons organisé des situations de face-à-face entre des peintures de Courbet, des chasseur·euse·s et des habitant·e·s de lieux qu’il a représentés ; mais aussi, élargissant le champ, entre des œuvres du XIXe siècle rassemblées au motif de leur sujet – les mondes paysans qui leur étaient contemporains – et des agriculteur·rice·s. Ce geste entendait mettre au travail une façon d’hériter du peintre, empruntant ou réitérant certains des siens : le transport d’êtres dans des cadres qui ne seraient pas les leurs, et la construction d’une présence de ceux qui sont représentés dans les instances de leur représentation. La situation, construite et éphémère, inscrite dans un contraste avec la distribution habituelle de la légitimité à dire ce qu’est un tableau, est un moment de critique politique. Ce texte entend produire une analytique de celui-ci, entre inscription de savoirs à la surface des images et percolations des expériences de vie, entre paradigme de la représentation et agencement des expériences.
Des ethnologues, des musiciens, des plasticiens, quel est cet équipage lancé sur les traces des (trop) fameux maîtres de forges, mais surtout sur celles, fragiles mais tenaces, des ouvriers et de leurs familles, d'auteurs et d'artistes.
Cupidité, La proie, En vrille, La femme au manteau bleu, Kobra… Pour les lecteurs de Deon Meyer, auteur sud-africain, l’habitude ou la règle consistaient à trouver les traductions françaises de ses livres sur les rayons des librairies... more
Cupidité, La proie, En vrille, La femme au manteau bleu, Kobra… Pour les lecteurs de Deon Meyer, auteur sud-africain, l’habitude ou la règle consistaient à trouver les traductions françaises de ses livres sur les rayons des librairies consacrés à la littérature policière et dans les collections qui, dans le monde éditorial, sont organisées pour/par ce genre discursif. Si le sous-titre de L’Année du Lion – soit Les Mémoires de Nicolas Storm sur l’enquête de l’assassinat de son père – peut laisser à penser une continuité littéraire que l’on pourrait saisir sous le même encodage, l’auteur note : « ce roman s’écarte un peu de mes thèmes habituels » .
Le roman est publié en 2016 sous le titre original de Koors soit fièvre en Afrikaner, ensuite Fever en anglais. Puis dans sa traduction française, en 2017, sous celui de L’Année du Lion empruntant le titre d’une partie de ce texte découpé selon une ligne chronologique scandée pour partie par des dates – d’un 20 mars à un mois d’avril avant qu’elles ne disparaissent -, aussi par des évènements qui viennent les recouvrir, ou par des moments calendaires désignés par des noms d’animaux.
La Fièvre fatale, ou inaugurale, a voyagé depuis l’Afrique, elle provient de la fusion de deux virus : l’un humain, l’autre de chauve-souris. Un médecin propose un scénario selon lequel le chiroptère malade aurait contaminé un homme, assoupi sous un manguier, qui a « déjà un coronavirus dans le sang ». En quelque mois, malgré les mesures sanitaires, politiques et militaires, quatre-vingt-quinze-pour-cent de la population mondiale disparaît. Le roman a été écrit avant la pandémie du COVID, aussi certains lui ont attribué un caractère visionnaire.
S’il nous fallait rendre compte de l’ensemble des questions qui travaillent ce livre, ce texte n’y suffirait pas. Aussi, du point de vue d’une anthropologie politique, ce sont deux lignes analytiques qui seront ici déployées, l’une autour de certains des aspects d’une politique du temps au travail dans le roman, l’autre autour de ceux d’une politique de la distribution des êtres qui y est à l’œuvre. Traverser ainsi L’Année du Lion, c’est considérer que son auteur écrit à l’épreuve du politique
Que peut le patrimoine, dans une approche marquée par l’anthropologie, à la question du capitalocène, face à l’éventualité de l’effondrement du monde dans deux de ses modalités, l’effondrement et la perte d’un monde commun, soit le danger... more
Que peut le patrimoine, dans une approche marquée par l’anthropologie, à la question du capitalocène, face à l’éventualité de l’effondrement du monde dans deux de ses modalités, l’effondrement et la perte d’un
monde commun, soit le danger d’un totalitarisme à venir, l’incapacité de la Terre à supporter un procès capitaliste généralisé et l’illimitation caractéristique de son rapport à la nature ? Le projet anthropologique compose avec la question de la fin de mondes sociaux et culturels et un rôle possible a été donné à l’anthropologue, face à ce qui est vu comme une ou des opérations de soustraction contre lesquelles peuvent être convoqués des mondes disparus ou en passe de l’être. Une mise en patrimoine, si par là on entend provisoirement la consignation et la transmission d’expériences humaines.
Il s’agira ici, dans une posture à la fois disons provisoirement d’acteur patrimonial et de chercheur anthropologue, entre monde académique et monde culturel, d’abord de revenir sur deux des modalités du traitement de la fin des mondes en relation avec le futur à l’œuvre dans l’histoire de l’anthropologie, documentées par les cas de Jared Diamond et Claude Lévi-Strauss. À saisir le patrimoine moins comme une chose ou une pratique auxquelles une valeur particulière est attribuée que comme un rapport social, ces modalités configurent de tels rapports, répartissent capacités et pouvoirs dans la constitution de l’héritage et la mise en œuvre de sa transmission.
Ensuite, en contrepoint, il s’agira de faire travailler d’autres façons de faire, inscrivant la question politique dans la relation patrimoniale elle-même, considérant que l’organisation de la transmission des expériences humaines peut permettre de résister à ce qui vient, en particulier parce que les situations patrimoniales, comme celles conduisant au capitalocène, produisent des sans-parts, qu’ils soient exclus des richesses, de l’humanité ou des prises de décisions.
« Elle peint. Elle peint avec du noir qui n’est pas une couleur, car elle ne le trouve nulle part, si ce n’est en elle-même. Les jours où presque rien ne la sépare du vide – Iris tendue, fragile comme une toile qu’on lacère – sont... more
« Elle peint. Elle peint avec du noir qui n’est pas une couleur,
car elle ne le trouve nulle part, si ce n’est en elle-même. Les jours où presque rien ne la sépare du vide – Iris tendue, fragile comme une toile qu’on lacère – sont peut-être ceux où elle serait capable, si on la laissait s’obstiner, gagner les profondeurs, approfondir quitte à se perdre,
de créer des choses qui ne seraient pas une autre manière de voir
la vieille violence du monde, mais de nouvelles choses jetées tout droit au cœur du monde, des leçons de ténèbres d’une espèce de ténèbres qu’on n’a encore pas vue »
Ainsi, alors que le fil narratif comme l’intrigue sont déjà avancés, Vincent Message dans Défaite des maîtres et possesseurs caractérise l’un des « langages » – parmi d’autres, la musique et une moindre maitrise les mots – d’un personnage de son roman, Iris. À prendre ce texte par le milieu, il y a comme l’ouverture vers une alternative ou le choix déjà de l’un de ses termes. Moins que donner à voir, la peinture, du moins ici celle d’Iris, est une adresse et une interpellation, une existence au monde plus que sa représentation, la modalité d’une échappée au paradigme du signe.
Ce n’est pas de musique mais de theâtre qu’il s’agit. La premiere de Requiem pour quatre mineurs est donnee a la salle des fetes de Champagney, en Haute-Saone, le 29 juin 1974. L’histoire miniere du bassin houiller de Ronchamp-Champagney... more
Ce n’est pas de musique mais de theâtre qu’il s’agit. La premiere de Requiem pour quatre mineurs est donnee a la salle des fetes de Champagney, en Haute-Saone, le 29 juin 1974. L’histoire miniere du bassin houiller de Ronchamp-Champagney est alors terminee depuis pres de vingt ans et, dans l’entre-temps, ici comme ailleurs, l’image du mineur a ete amplement modifiee. Les cinq actes de la piece s’ordonnent selon la chronologie d’une catastrophe advenue au puits de l’Etancon, en decembre 1950. Pour autant, le propos n’est pas de reconstitution et les galeries inondees restent invisibles. La fiction produit une autre realite et tisse son cadre d’analyse ou elle convoque humains et choses en situations, elle installe ses modalites de veridiction. Il y est question d’un autre montage de l’histoire et de l’etablissement de formes nouvelles de distribution des vies dans le temps, de la fabrication d’esprits assujettis, de la domestication par le travail puis la consommation, de l’exercice de la domination dans une democratie de marche. Mais aussi d’une echappee possible, l’exercice critique semble emprunter a Sartre, Lefebvre, Ellul ou encore Gorz. Alors, « l’accident de l’Etancon » est autrement present, au-dela des collections de photos, des coupures de presse, de tous les documents produits comme des monuments a l’activite disparue et aux morts qu’elle a provoquees. Il prend une autre tournure, pour ce qu’il est mais aussi comme une surface de refraction de la pensee d’une autre catastrophe a l’œuvre, d’un a-venir ou d’un deja-la.
Alors que s’engage le processus de sa reconstruction à la fin de l’année 2019, il s’agit ici de saisir les registres et dispositifs par lesquels l’incendie d’une église au cœur de l’été 2018, dans le département du Doubs, se trouve... more
Alors que s’engage le processus de sa reconstruction à la fin de l’année 2019, il s’agit ici de saisir les registres et dispositifs par lesquels l’incendie d’une église au cœur de l’été 2018, dans le département du Doubs, se trouve converti en un problème public où opèrent des manières de le problématiser comme évènement et autorisation d’une reconstruction, et où surgit une série d’épreuves dans le cours desquelles les qualités des uns et des autres — l’église passée, le bâtiment à reconstruire, le cimetière, l’incendie, les habitants — sont incertaines et réactualisées. L’incendie, évènement singulier à plusieurs égards, engendre des humains passibles qui parfois s’engagent dans des processus de resubjectivation, de recherche en causes ou encore configurent une dimension organologique de l’église qui résidait dans la mise en présence de monde sociaux présents ou passés, et de mise en forme de l’expérience quotidienne. Dans le temps de l’indécision et de l’attente, avant même tout établissement de projet de ce qu’il va advenir des ruines, l’église à venir se trouve saisie par différents régimes (représentationnel, dispositionnel, à visée démocratique) d’identification de la perte que représentent les effets de l’incendie et de ce que doit être le bâtiment à venir. Le cimetière qui entourait l’édifice est objet premier de l’émotion. L’interdiction de sa fréquentation, pour des raisons de sécurité, vient rompre la continuité des relations entretenues avec les morts, et empêcher leur visite qui contribuait à faire tenir leur part vivante. Pour autant l’incendie, et les débats autour de la reconstruction, correspondent à des moments d’intensification de la présence de ces êtres invisibles, leur donnant une part première dans l’établissement d’une légitimité à dire ce qui est survenu, ce qui a été affecté comme ce qui doit advenir. L’espace cimetérial se voit désigné comme une centralité, l’opérateur d’un départage entre vivants et point de passage obligé d’un programme architectural de réparation.
C’est de Louis Guilloux (1899-1980) dont il s’agit ici – découvert d’abord à travers sa maison et son bureau de Saint-Brieuc par la coïncidence des rencontres – et de son premier roman publié en 1927. Un écrivain qui tient position et... more
C’est de Louis Guilloux (1899-1980) dont il s’agit ici  – découvert d’abord à travers sa maison et son bureau de Saint-Brieuc par la coïncidence des rencontres – et de son premier roman publié en 1927. Un écrivain qui tient position et qui, revenant sur la question en juin 1978, fait de la « condition prolétarienne » une ligne qui court dans tous ses livres et les relie, condition définie par l’expulsion ou l’impossibilité d’un monde commun, soit un rapport social et un geste, la production d’un écart ou d’un en-dehors, l’assignation à sa place et une conflictualité. « Va-t’en, tu n’es pas des nôtres voilà ce que les bourgeois nous disent en permanence, mieux encore aujourd’hui qu’hier. Ils ont eu très peur, mais ça reviendra ». Tu n’es pas des nôtres, plutôt que du fortuit, le départage relève du structurel et la formule pose une société qui fonctionne à l’exclusion et au mépris sans pour autant que Louis Guilloux ne puisse être rangé dans la case du paradigme postérieur de la « reconnaissance » parfaitement compatible avec la continuité d’un ordre social.
Comme tous les bassins houillers, Ronchamp, petit bassin minier, situé en Franche-Comté, au nord du département de la Haute Saône, exploité de la seconde moitié du XVIIIe siècle à 1958, a été le théâtre de nombreuses catastrophes. Nous... more
Comme tous les bassins houillers, Ronchamp, petit bassin minier, situé en Franche-Comté, au nord du département de la Haute Saône, exploité de la seconde moitié du XVIIIe siècle à 1958, a été le théâtre de nombreuses catastrophes. Nous pourrions appliquer aux documents produits par ces catastrophes -et nous servant à les produire aujourd’hui- une grille de lecture empruntée à la technologie culturelle ou du moins à celle qui est défendue par Robert Cresswell au nom du besoin de rigueur de l’anthropologie .
Mais notre propos ne sera pas de déterminer ce qui relèverait dans les catastrophes de la nature ou de la culture, mais plutôt de voir la façon dont un objet joue un rôle central, crucial dans les épreuves d’attribution des responsabilités des catastrophes et dans leur naturalisation/culturalisation ou plutôt dans la construction de natures et de cultures. Dans ce pivotement du regard, il ne s’agit pas en effet d’expliquer un fait technique par la nature, le discours technique étant mesuré dans son écart à cette nature. Il s’agit de prendre au sérieux le discours technique définissant des natures et des cultures, discours se situant et se construisant dans le cadre de différents dispositifs constitués. Ce ne serait plus la nature qui expliquerait l’erreur technique, mais la désignation de l’erreur technique qui serait l’opérateur de la
distinction opérée par les acteurs entre nature et culture .
Pretre et ethnographe, Jean Garneret (1907-2002) est l'auteur de nombreux articles ou ouvrages savants portant sur un vaste gradient d'objets regionaux : monographie de village, chansons populaires, litterature orale, architecture... more
Pretre et ethnographe, Jean Garneret (1907-2002) est l'auteur de nombreux articles ou ouvrages savants portant sur un vaste gradient d'objets regionaux : monographie de village, chansons populaires, litterature orale, architecture rurale, architecture urbaine ainsi que trois ouvrages plus reflexifs que l'abbe qualifie d'essais. Il s'agira ici de s'arreter sur l'une de ses operations de recherche - elle porte sur les "âges de la vie" -pour la suivre, en cerner les formes et l'organisation, caracteriser ses correspondants, les modes de constitution de la situation d'enquete, ainsi que l'economie de ses publications.
Ce texte entend mettre au travail une lecture de La Maison du peuple depuis une anthropologie politique de la littérature. Ainsi problématisée, la lecture de ce roman ne consiste pas à produire une analytique du pourtour ou du contexte,... more
Ce texte entend mettre au travail une lecture de La Maison du peuple depuis une anthropologie politique de la littérature. Ainsi problématisée, la lecture de ce roman ne consiste pas à produire une analytique du pourtour ou du contexte, des carnets de notes et avant-textes qui le précèdent, pas plus qu’elle ne serait une opération de dissolution de l’œuvre dans la vie de l’auteur et ses conditions. Une telle approche du roman suppose de poser une hypothèse sur la politicité propre de La Maison du peuple. Aussi de le saisir dans ses effets suspensifs qui viennent introduire un trouble « dans le rapport du dicible et du visible » et « déranger [celui] entre l’ordre des propriétés et l’ordre des dénominations » (Rancière). Encore de se déprendre d’une anthropologie assimilatrice, dans le sens où elle dirait à la littérature ce qu’elle pense, pour saisir ce qu’elle pense politiquement et tenter de penser politiquement avec elle. Enfin de l’installer dans l’actualité ou comme le dit Walter Benjamin de tenir position dans le présent.
Avec A. Dumain En 2011 le ministère de la Culture initie un inventaire des « lotissements, ensemble de logements individuels, de 1945 à 2011 », du moins « les plus remarquables ». L'instrument promu de leur encodage est une fiche... more
Avec A. Dumain En 2011 le ministère de la Culture initie un inventaire des « lotissements, ensemble de logements individuels, de 1945 à 2011 », du moins « les plus remarquables ». L'instrument promu de leur encodage est une fiche d'inventaire, productrice tout à la fois d'opérations intellectuelles et d'une instruction de leur patrimonialité en tant qu'elle est établie par l'État et les experts qu'il mobilise, dans la visée d'un gouvernement à la durabilité. À Pontarlier (Doubs), l'historicité de la Cité Marrou-appelée aussi Les Castors ou Cité de l'espoir-, selon qu'on la prenne du point de vue des initiateurs de l'inventaire ou des acteurs du quartier, pour le moins diffère : d'un côté le bâti comme matière à réflexion pour l'avenir du point de vue de ses formes, en tension avec une allocation patrimoniale principalement autorisée par l'expérience politique de la construction ; de l'autre l'impossible héritage de l'expérience, qui donne sens à ce bâti, au regard du temps présent qui déjà l'érode.
Cet article propose une mise en perspective historique et culturelle de la réhabilitation en tant que « Ferme Courbet » de la maison familiale ayant appartenu au père de Gustave Courbet dans le village de Flagey. Longtemps restée dans... more
Cet article propose une mise en perspective historique et culturelle de la réhabilitation en tant que « Ferme Courbet » de la maison familiale ayant appartenu au père de Gustave Courbet dans le village de Flagey. Longtemps restée dans l’ombre des lieux publicisés autour du peintre au profit d’Ornans, lieu de la maison dite natale du peintre où est installé un musée qui lui est dédié, elle a acquis une nouvelle visibilité suite à plusieurs opérations culturelles et touristique. L’analyse des archives du projet et des réceptions des différents publics (locaux, régionaux ou touristiques) qui fréquentent ce lieu permet d’éclairer les tensions irrésolues qui parcourent cette réhabilitation. La combinaison d’aspects mémoriaux à une vocation culturelle et touristique, à travers l’aménagement d’un espace d’exposition temporaire, de chambres d’hôtes et d’un café, fait de cette maison un assemblage composite dont la cohérence est fragile.
L'Atelier de Courbet a suscité de nombreuses interprétations qui s'ordonnent autour de quatre registres non exclusifs : une expression sociale et politique, une approche stylistique, une théorisation de la position de l'artiste dans le... more
L'Atelier de Courbet a suscité de nombreuses interprétations qui s'ordonnent autour de quatre registres non exclusifs : une expression sociale et politique, une approche stylistique, une théorisation de la position de l'artiste dans le monde, un autoportrait de Gustave Courbet. À côté de ces différents « jugements » qui opèrent par recherche d'un ordre caché dans le tableau, il est ici approché de façon pragmatique comme ce qu'il déclare être : une tentative d'énonciation de son travail de peintre par Gustave Courbet. Si L'Atelier n'est pas un « vrai lieu », il s'agit bien pourtant de la figuration d'un système d'acteurs hétérogènes dont les interactions et les entre-définitions exprimées par la composition du tableau, font exister et tenir l'acte de peindre de Courbet. Si ce tableau n'est pas un cas isolé dans sa peinture qui se fait dans un rapport fondamental avec une réflexion sur l'acte de peindre, il prend cependant place dans une tentative de contournement des contraintes académiques pour s'imposer par la médiation de l'espace public.
Point toujours de certitudes, souvent des doutes, des comparaisons entre les pratiques représentées et les siennes propres, parfois un sentiment d’expérience partagée avec les peintres dont les œuvres sont sous le regard, des tentatives... more
Point toujours de certitudes, souvent des doutes, des comparaisons entre les pratiques représentées et les siennes propres, parfois un sentiment d’expérience partagée avec les peintres dont les œuvres sont sous le regard, des tentatives pour les comprendre, l’affirmation de « ce qu’on y voit », des questions posées aux tableaux, des connaissances mobilisées…
Ce sont quelques-uns des mots que l’on peut poser sur le déroulement de trois soirées passées dans la Ferme de Flagey où nous avons réuni une quinzaine de praticiens, chasseurs à courre à pied, ou chasseurs à tir pour leur demander de lire un tableau de Carle Vernet, Le Départ pour la chasse ; d’autres de Courbet, Braconniers dans la neige, La curée, chasse au chevreuil dans les forêts du Grand Jura, L’hallali du cerf (épisode de chasse à courre sur un terrain de neige), Le renard pris au piège, L’après-dinée à Ornans, Remise de chevreuils au ruisseau de Plaisir-Fontaine.
Au terme de la lecture des textes rassemblés dans ce volume, il faut tout d’abord souligner leur actualité. « Nous ne sommes pas des homo œconomicus », « L’horreur économique », « A quoi servaient les économistes ? dira-t-on alors... more
Au terme de la lecture des textes rassemblés dans ce volume, il faut tout d’abord souligner leur actualité. « Nous ne sommes pas des homo œconomicus », « L’horreur économique », « A quoi servaient les économistes ? dira-t-on alors dans cent ans. A faire rire » (Maris 2003a : 142). Sur les banderoles de manifestants s’opposant à la politique du gouvernement Raffarin qu’ils considèrent comme une généralisation du modèle libéral, dans des essais ou dans les discussions sur les compétences de l’expertise, la « question économique » fait l’objet de nombreux débats. Ce qui est ici en jeu, ce sont la qualification et les définitions réciproques, d’une part d’un domaine empirique de l’activité humaine qualifié comme économique et de son autonomie par rapport à d’autres domaines ; d’autre part celles d’une activité de connaissance prenant ce domaine comme objet, et enfin de la prétention de celle-ci à revendiquer une intervention non seulement sur le théâtre d’un savoir constitué mais aussi sur celui de l’action où son expertise peut d’ailleurs se confronter à celle de journalistes, de politiques, d’essayistes, de militants syndicaux et politiques.
Noël Barbe et Émilie Notteghem, « Histoire de maréchal(s). La constitution d’un patrimoine Vauban à Besançon », Livraisons de l'histoire de l'architecture, 22 | 2011, 9-20.
Avec A. Dumain. Pratiquant une anthropologie réaliste de dispositifs de convocation de la mémoire, donc nécessairement dans le présent, il s'est agi de s'intéresser à l'importance et l'épaisseur des relations entre des habitants et ces... more
Avec A. Dumain. Pratiquant une anthropologie réaliste de dispositifs de convocation de la mémoire, donc nécessairement dans le présent, il s'est agi de s'intéresser à l'importance et  l'épaisseur des relations entre des habitants et ces objets particuliers que sont des maisons, objets dans lesquels ils inscrivent et pensent toute une partie de leurs vies présente, passée et future.
Noël Barbe et Aurélie Dumain
Max Buchon, Max Claudet, Gustave Courbet... Certes l’un ecrit, l’autre sculpte, façonne la terre et se fait parfois aquarelliste. Quant au troisième point trop besoin ici de le présenter. Bien sûr ils ne sont pas tous trois de la même... more
Max Buchon, Max Claudet, Gustave Courbet... Certes l’un ecrit, l’autre sculpte, façonne la terre et se fait parfois aquarelliste. Quant au troisième point trop besoin ici de le présenter. Bien sûr ils ne sont pas tous trois de la même génération et leurs traversées du siècle diffèrent. Claudet par exemple n’a que huit ans en 1848. Évidemment la puissance et la portee de leurs œuvres se distinguent, tout comme leur mode d’engagement dans les mondes sociaux qu’ils traversent et contribuent à faconner. Et pourtant, tous trois partagent des moments de vie et de création ainsi que des localités, comme par exemple, mais pas seulement, la ville de Salins. Et surtout entre les trois se joue, par les postures prises, les actions déroulées et leurs productions, une part qui nous semble essentielle, de ce que l’on peut appeler une théorie du réalisme, en particulier dans sa relation au politique et dans un même mouvement à cette catégorie qu’ils contribuent à inventer, l’art populaire. Réexaminant les relations entre les trois, ce qui circule et se joue entre eux et leurs œuvres – la scène dressée –, ce texte entend s’intéresser à la dimension politique du trio. Encore faut-il s’entendre sur ce terme et le sens à lui donner. Ou plutôt les sens car tour à tour nous l’emploierons dans celui d’une forme de gouvernement des hommes situé dans le temps et l’espace, ou comme horizon de l’action, alors le trio fait de la politique – trio politique 1. Ses œuvres peuvent devenir arguments dans les controverses et armes dans les combats; elles ont pu etre lues à cette aune. S’agissant d’un lien plus étroit entre œuvres et politique, on peut envisager cette dernière comme étant de l’ordre du devoilement du monde, c’est alors d’une politique de visibilité dont il s’agit – trio politique 2. Enfin on peut l’entendre comme une rupture avec une distribution de corps, des paroles et de formes prealablement assignés à des places et fonctions – trio politique 3.
Prêtre et ethnographe, Jean Garneret (1907-2002) est l'auteur de nombreux articles ou ouvrages savants portant sur un vaste gradient d'objets régionaux : monographie de village, chansons populaires, littérature orale, architecture rurale,... more
Prêtre et ethnographe, Jean Garneret (1907-2002) est l'auteur de nombreux articles ou ouvrages savants portant sur un vaste gradient d'objets régionaux : monographie de village, chansons populaires, littérature orale, architecture rurale, architecture urbaine ainsi que trois ouvrages plus réflexifs que l'abbé qualifie d'essais.
Il s'agira ici de s'arrêter sur l'une de ses opérations de recherche - elle porte sur les "âges de la vie" -pour la suivre, en cerner les formes et plus particulièrement sur la correspondance qu'il entretient avec van Gennep à ce sujet et qui est ici publiée.
Prêtre et ethnographe, Jean Garneret (1907-2002)2 est l’auteur de nombreux articles ou ouvrages savants portant sur un vaste gradient d’objets régionaux : monographie de village, chansons populaires, littérature orale, architecture... more
Prêtre et ethnographe, Jean Garneret (1907-2002)2 est l’auteur de nombreux articles ou ouvrages savants portant sur un vaste gradient d’objets régionaux : monographie de village, chansons populaires, littérature orale, architecture rurale, architecture urbaine ainsi que trois ouvrages plus réflexifs que l’abbé qualifie d’essais.
Il s’agira ici de s’arrêter brièvement sur l’une de ses opérations de recherche pour la suivre, celle portant sur l'objet  "âges de la vie" pour la suivre, en cerner les formes et l'organisation, caractériser ses correspondants, les modes de constitution de la situation d'enquête, ainsi que l'économie de ses publications.
Ce texte s’intéresse a ce qui se joue dans les discours et le déroulement d'une journée d'aout 1885, a Alaise dans le Doubs.C'est la clôture, on pourrait dire l'enterrement, d'une controverse inaugurée par Alphonse Delacroix lorsqu'il... more
Ce texte s’intéresse a ce qui se joue dans les discours et le déroulement d'une journée d'aout 1885, a Alaise dans le Doubs.C'est la clôture, on pourrait dire l'enterrement, d'une controverse inaugurée par Alphonse Delacroix lorsqu'il défend, lors d'une séance de la Société d’Émulation du Doubs en décembre 1855, la thèse d'une localisation du site de la bataille d’Alésia dans le département du Doubs, a Alaise.
C'est a la question de la prise en compte du corps des acteurs par les sciences sociales , mais aussi par les acteurs, que ce texte souhaite contribuer par un double deplacement en s'interessant a la facon dont le corps du mineur... more
C'est a la question de la prise en compte du corps des acteurs par les sciences sociales , mais aussi par les acteurs, que ce texte souhaite contribuer par un double deplacement en s'interessant a la facon dont le corps du mineur est saisi par differentes ecritures, pour contribuer a definir un univers de travail. Constituant le corps pour evoquer et definir ce monde souterrain qu'est la mine de houille, les ecritures examinees seront tout d'abord lettrees et epaisses parce que generalisantes. Puis nous nous interesserons aux ecritures praticiennes visant a donner un sens a des situations particulieres, en ce qu'elles suivent immediatement des catastrophes minieres. Ce sera alors, second deplacement, de corps concrets dont il s'agira, dans la mesure ou ce sont bien ces corps-la qui “ surgissent dans l'existence des vivants ” et sont constitues en ressources.
En 1993, Jean-Louis Comolli réalise Naissance d'un hôpital. Ce film a vocation documentaire, qui par la-mème institue un rapport situé au réel, aurait pu servir de point d'appui pour disserter du rapport entre la réalité, le film... more
En 1993, Jean-Louis Comolli réalise Naissance d'un hôpital. Ce film a vocation documentaire, qui par la-mème institue un rapport situé au réel, aurait pu servir de point d'appui pour disserter du rapport entre la réalité, le film documentaire, et plus largement le cinéma. Mais Naissance d'un hôpital est l'adaptation cinématographique d'un journal de bord d'un architecte, Pierre Riboulet, tenu durant l’élaboration d'un projet architectural. Le cinéaste et l'architecte produisent des figures de l'exercice du métier que nous nous proposons de travailler et de mettre en perspective. Ce texte sera donc consacré aux rapports entre deux modes d’énonciation de la profession d'architecte : l'écriture journalière et le film.
La question du patrimoine industriel comme matériau pour l'histoire ne sera pas traitée ici en constituant, selon tel ou tel paradigme, des objets patrimoniaux qualifiés en source ou en point d'appui, pour écrire une histoire qu'elle soit... more
La question du patrimoine industriel comme matériau pour l'histoire ne sera pas traitée ici en constituant, selon tel ou tel paradigme, des objets patrimoniaux qualifiés en source ou en point d'appui, pour écrire une histoire qu'elle soit singulière ou généralisante. Ce dont il sera question, c'est du regard jeté par les activités historiennes ou patrimoniales, des régimes d'appréhension d'un objet qualifié de patrimoine industriel.
Cet objet, la taillanderie de Nans-sous-Sainte-Anne, a été investigué par des acteurs de différents mondes : littéraire, cinématographique, muséographique,
savant... Au sein de ce dernier, plusieurs regards ont été portés sur la taillanderie, la saisissant et la qualifiant par des prises particulières, lui faisant passer différentes épreuves pour la grandir, pratiquant et validant divers modes
d'accès au réel. C'est à l'un de ces regards que nous nous intéresserons, celui de Jean Garneret, en ce qu'il inscrit la taillanderie dans des temporalités et des spatialités définies ainsi que dans un jeu de rapports entre la singularité et et la généralité.
Avec F. Ailhaud. Ce texte s’origine dans une posture et un moment. Se dire ethnologue ou anthropologue, ou se faire ainsi qualifier, c’est se voir assigner une place dans un espace ordonné et délimité par des objets de recherche et les... more
Avec F. Ailhaud. Ce texte s’origine dans une posture et un moment. Se dire ethnologue ou anthropologue, ou se faire ainsi qualifier, c’est se voir assigner une place dans un espace ordonné et délimité par des objets de recherche et les concepts par lesquels ils sont appréhendés, ainsi que par la position du sujet qui les appréhende. Soit des modalités de production de savoirs s’agissant d’un objet. De plus, être conseiller à l'ethnologie — ce qui est le cas de l’un des auteurs de ce texte – ou travailler dans le cadre d’une opération soutenue par une DRAC – ce qui est le cas de la candidature du Biou – serait être dans un rapport répétitif et sans fin des consignes du ministère de la Culture, et par conséquent s’inscrire dans un rapport de pouvoirs. À cette assignation redoublée – disciplinaire et politique –, nous préférons opposer, pour nous qualifier nous et les opérations menées, les termes d’ethnocrate ou d’anthropocrate, les empruntant à Alain Brossat. Par là nous désignons une pratique attentive aux phénomènes et effets de pouvoir dans l’élaboration de savoirs sur l’ethnos ou l’anthropos. Attentifs donc aux phénomènes de pouvoir dans nos technicités d’ethnographe (dans sa dimension d’ingénierie de la relation sociale) ou à propos de la structure historique des sciences sociales, mais aussi attentifs à faire travailler, autrement dit à produire, des dispositifs de savoir-pouvoir. Par ailleurs, « appartenir » à une institution ne signifie pas nécessairement, ou pas toujours, entrer dans ses découpages et n'envisager aucune ouverture possible des espaces d’expérimentation. Le champ du patrimoine culturel immatériel autorise, du moins temporairement, cette double position : parce qu'il renvoie au rôle des « communautés » (anthropo-crate), parce que factuellement les modalités d’action dans ce champ patrimonial nouveau sont bordées par une convention dont plusieurs lectures sont possibles, en particulier s’agissant de la fameuse question de la « participation », et dont le cadrage institutionnel reste pour l’instant faible. L’expérience, dans cette posture et ce moment, dont il sera ici question est celle de la candidature à une inscription, sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l'Unesco , du Biou d'Arbois, fête viti-vinicole d'une petite ville du vignoble jurassien
Cet ouvrage collectif vient à un moment où l’activité patrimoniale a largement débordé ses institutions officielles et où sa couverture par les sciences humaines et sociale a pris une consistance certaine. En dix textes et au moins autant... more
Cet ouvrage collectif vient à un moment où l’activité patrimoniale a largement débordé ses institutions officielles et où sa couverture par les sciences humaines et sociale a pris une consistance certaine. En dix textes et au moins autant de situations, en France, à Rhodes, à Tonga, en Uruguay et en Colombie, il donne à saisir quelques-unes des « implications anthropologiques » de et dans l’exploration de cette activité, à partir desquelles se dessinerait un fil conducteur permettant de parcourir, sans la réduire, sa grande hétérogénéité. Qu’on la prenne sous l’angle de l’irruption du patrimoine dans les terrains (de jeu) des anthropologues ou bien sous celui de la constitution du patrimoine en un domaine singulier de recherche, l’anthropologie du patrimoine apparaît inséparable des interrogations récurrentes sur la catégorie de culture : sur son institution, sur sa mise en scène, sur sa spectacularisation, sur les façons de l’écrire comme sur la critique de son pouvoir de purification, de hiérarchisation ou de domination. Que montrent ces écritures anthropologiques de patrimoines ? Qu’en se frottant aux expériences du passé, de la culture, religieuse ou profane, de la quête de reconnaissance, de la mémoire des violences de guerre, de la discrimination sociale, de la ruine des choses du monde, les anthropologues font l’expérience du patrimoine, instrument politique aux multiples fonctions : contrôle, aménagement, restauration, réparation, reconnaissance
avec Flavie  Ailhaud
avec Jean-Christophe Sevin
La Maison de la Négritude et des Droits de l’Homme de Champagney, petite ville de Haute-Saône dans l’Est de la France, est née dans les années 1970 à la suite de la découverte dans les archives d’un extrait des cahiers de doléances de... more
La Maison de la Négritude et des Droits de l’Homme de Champagney, petite ville de Haute-Saône dans l’Est de la France, est née dans les années 1970 à la suite de la découverte dans les archives d’un extrait des cahiers de doléances de 1789 rédigé par des habitants de cette commune et demandant l’abolition de l’esclavage. Le qualificatif Négritude provient du parrainage que Léopold Sédar Senghor a voulu accorder à ce lieu, où la mise en valeur de ce « voeu de Champagney » s’articule à une muséographie obsolète consacrée à l’histoire de l’esclavage des Noirs à laquelle est juxtaposée une collection d’« art africain ». Sur le fond de ce patrimoine commun, un ensemble de pratiques et de points de vue différenciés se détachent nettement. Comment s’articulent ces expériences diverses? Peut-on parler de patrimoine interculturel? Ou plutôt d’une situation d’interculturalité en ce qu’elle tient de l’approche d’une altérité subsumée sous le thème de la Négritude. Cette altérité s’y trouve à l...
Ce texte entend mettre au travail une lecture de La Maison du peuple depuis une anthropologie politique de la littérature. Ainsi problématisée, la lecture de ce roman ne consiste pas à produire une analytique du pourtour ou du contexte,... more
Ce texte entend mettre au travail une lecture de La Maison du peuple depuis une anthropologie politique de la littérature. Ainsi problématisée, la lecture de ce roman ne consiste pas à produire une analytique du pourtour ou du contexte, des carnets de notes et avant-textes qui le précèdent, pas plus qu’elle ne serait une opération de dissolution de l’œuvre dans la vie de l’auteur et ses conditions.
Une telle approche du roman suppose de poser une hypothèse sur la politicité propre de La Maison du peuple. Aussi de le saisir dans ses effets suspensifs qui viennent introduire un trouble « dans le rapport du dicible et du visible » et « déranger [celui] entre l’ordre des propriétés et l’ordre des dénominations » (Rancière). Encore de se déprendre d’une anthropologie assimilatrice, dans le sens où elle dirait à la littérature ce qu’elle pense, pour saisir ce qu’elle pense politiquement et tenter de penser politiquement avec elle. Enfin de l’installer dans l’actualité ou comme le dit Walter Benjamin de tenir position dans le présent.
Ce texte entend installer un espace comparatif portant sur des modalites de construction d'un savoir sur des humanites particulieres, elabore dans un cadre spatial et temporel specifique : le voyage. Pour ce faire, ce sont deux... more
Ce texte entend installer un espace comparatif portant sur des modalites de construction d'un savoir sur des humanites particulieres, elabore dans un cadre spatial et temporel specifique : le voyage. Pour ce faire, ce sont deux individualites qui seront la convoquees, l'une que l'on range habituellement sous la banniere des Lumieres, Joseph-Marie Lequinio ; l'autre, plus connue, Charles Nodier, est d'ordinaire agregee au mouvement romantique. De plus, outre le fait que tous deux partagent des espaces physiques communs, les vies, de l'un comme de l'autre, sont fortement articulees autour d'une cesure temporelle majeure, la Revolution francaise ouvrant, en un siecle finissant, a un entremelement de regimes d'historicite
Nul n'ignore que Fred Vargas écrit des romans policiers -- des "rompols", dit-elle -- , désormais reçus de façon élogieuse par la critique -- "star du polar", "reine du polar a la francaise "", " le dernier Vargas est plus... more
Nul n'ignore que Fred Vargas écrit des romans policiers -- des "rompols", dit-elle -- , désormais reçus de façon élogieuse par la critique -- "star du polar", "reine du polar a la francaise "", " le dernier Vargas est plus qu'excellent. Il est genial " -- et regulierement primes -- prix du Roman policier du Festival de Cognac, prix du Polar de la ville de Saint‑Nazaire, prix des libraires, prix des lectrices de Elle... Nul n'ignore non plus que, sous un autre nom -- le " veritable " -- Frederique Audoin-Rouzeau est archeologue. Cette variation identitaire est d'ailleurs indiquee sur la quatrieme de couverture du roman qui nous interesse : " l'une des valeurs sures de la litterature policiere francaise ", " archeologue, specialiste du Moyen Âge ". De cette double appartenance, temporellement distribuee -- ecrire des romans policiers durant l'ete, faire de l'archeologie le reste de l'annee -- Fred Vargas/Frederique Audoin-Rouzeau nous dit qu'elle lui est necessaire sous peine de tomber dans un statut d'ecrivain qui en la paralysant dans son acte d'ecriture introduirait les germes de sa propre destruction -- ne plus etre qu'un ecrivain qui ne pourrait plus l'etre (Cognet 2001). C'est cette double appartenance que nous voudrions interroger a partir de l'un de ses romans, Pars vite et reviens tard publie en 2001, puis edite en poche en 2004, sans pour autant nous interdire d'en convoquer certains autres quand cela pourra nous paraitre utile. A propos de ces operations de rabattement et de passage entre l'une et l'autre notre interet se portera plus particulierement et successivement a l'objet du transport, aux glissements et fragmentations de ce qui est transporte, enfin aux modalites de production de la connaissance du passe dans le roman.
La Mission du patrimoine ethnologique du ministere de la Culture nait, au debut des annees 1980, d’une opportunite partagee entre une politique et une discipline. La discipline, l’ethnologie de la France, manque a ce moment-la de lieux... more
La Mission du patrimoine ethnologique du ministere de la Culture nait, au debut des annees 1980, d’une opportunite partagee entre une politique et une discipline. La discipline, l’ethnologie de la France, manque a ce moment-la de lieux propres, dans les etablissements d’enseignement superieur comme dans ceux de recherche. Son objet, le « proche », fait par ailleurs discuter sa legitimite scientifique. La politique, installee a la direction du Patrimoine du ministere, entend quant a elle reguler des activites patrimoniales amateures, qui foisonnent alors. C’est a ce point de rencontre entre science et politique que se constitue le patrimoine ethnologique theorise par Isac Chiva (1925- 2012), qui s’attache a le construire comme une notion. Chiva pratiqua pour ce faire une serie d’operations intellectuelles : rupture, dans son esprit sans doute epistemologique, avec les usages ideologiques du mot « patrimoine » ; insertion dans l’histoire de la discipline ; emprunts a d’autres disciplines telle la genetique des populations ; definition positive de la notion qu’il lie etroitement a la recherche. Du cote de la politique, ce projet disciplinaire servira de point d’appui contre une ethnologie dite « sauvage ».
Il est indéniable que Courbet peint des actes de chasse, et que ses peintures-là peuvent être lues comme la figuration de cet acte ou de l'une de ses composantes. Pour autant ses peintures de chasse ne portent pas que sur l'acte de... more
Il est indéniable que Courbet peint des actes de chasse, et que ses peintures-là peuvent être lues comme la figuration de cet acte ou de l'une de ses composantes. Pour autant ses peintures de chasse ne portent pas que sur l'acte de chasser, celles où figurent des animaux ne parlent pas nécessairement de chasse, et la figure de l'animal chassé n'est pas la seule, dans sa peinture. Quelques coups de sonde ici sur les investissement de la figure de l'animal par Courbet.
Noël Barbe et Émilie Notteghem, « Histoire de maréchal(s). La constitution d'un patrimoine Vauban », En 2005, pour pallier à un manque, la Ville de Besançon se met en quête d’une plus grande notoriété, en la problématisant à partir... more
Noël Barbe et Émilie Notteghem, « Histoire de maréchal(s). La constitution d'un patrimoine Vauban »,


En 2005, pour pallier à un manque, la Ville de Besançon se met en quête d’une plus grande notoriété, en la problématisant à partir de la question patrimoniale et plus particulièrement du « patrimoine Vauban ». En effet, sous le règne de Louis XIV, Vauban, architecte du roi, dote la Franche Comté, province devenue frontière, d’un appareil militaire imposant avec la construction de nouveaux remparts et l’érection d’une citadelle. Pour instituer ce patrimoine, le choix du media de la reconnaissance se porte sur l’Unesco et sur son label moralement prestigieux. Il s’agit ici de décrire les dispositifs de réponse patrimoniale à la construction d’une reconnaissance, avec tout ce qu’ils comptent d’hésitations et d’accommodements sur la façon dont on peut construire et classer « Vauban », ainsi que de résistances. Tour à tour il faudra construire des publics, doter l’objet patrimonial de qualités et lui en retirer d’autres, faire face à d’autres opérations de qualification du site et du personnage. Dans ce concert, peu à peu se manifestent, par défection ou prise de parole, des désaccords, ceux des tenants du maréchal comme « précurseur des lumières » ou ceux de « l’identité comtoise ». Reste un grand silence, celui des derniers occupants des casemates construites par Vauban, des migrants d’Afrique du Nord dans les années cinquante, qui auraient pu prétendre à un quatrième registre patrimonial.
En 2016, les « salaisons fumées au tuyé du Haut-Doubs » sont inscrites à l’Inventaire national du PCI. La fiche d’inventaire en est l’instrument, prise ici comme ce qui délimite et instruit, valide et légitime la patrimonialité... more
En 2016, les « salaisons fumées au tuyé du Haut-Doubs » sont inscrites à l’Inventaire national du PCI. La fiche d’inventaire en est l’instrument, prise ici comme ce qui délimite et instruit, valide et légitime la patrimonialité immatérielle, en tant qu’elle est reconnue par l’État. Pour ce faire, elle opère – et manifeste – un certain nombre d’opérations intellectuelles et épistémologiques. Dans cette fiche d’inventaire s’articulent une situation d’encodage des flux marchands, la recomposition d’un espace et la revendication d’une singularité, une conception des rapports entre « matérialité » et « immatérialité », une politique de la description et de l’objectivation, une conception de l’historicité. La fiche, là, est le symptôme de la logique patrimoniale du capitalisme tardif caractérisé par la fusion de la culture et du marché (Jameson). Comme d’autres labellisations patrimoniales ou marchandes, elle est dispositif de jugement et d’atténuation de l’incertitude sur la qualité des choses, elle permet de prendre rang sur le marché des « biens singuliers » et d’installer la rareté (Karpik).
Il ne s’agit pas dans ce texte de s’interroger sur l’intérêt documentaire du Voyage pittoresque et physico-économique dans le Jura mais sur l’appréhension de son objet par l’auteur. Plus précisément de dégager à ce propos, la... more
Il ne s’agit pas dans ce texte de s’interroger sur l’intérêt documentaire du Voyage pittoresque et physico-économique dans le Jura mais sur l’appréhension de son objet par l’auteur. Plus précisément de dégager à ce propos, la problématique et le système de référents qui sont à l’œuvre, les éléments de définition qui en sont donnés, à travers l’analyse interne de cette narration. Bref ce qui en fait la « nécessité » (Bourdieu).
La toile, peut-être le plus connu de ses tableaux d’exil, est là dans son cadre doré à Ornans. Le château est arrimé à la rive du Léman, appuyé sur le calcaire du rocher, à Veytaux. Gustave Courbet peint Le Château de Chillon en 1874,... more
La toile, peut-être le plus connu de ses tableaux d’exil, est là dans son cadre doré à Ornans. Le château est arrimé à la rive du Léman, appuyé sur le calcaire du rocher, à Veytaux. Gustave Courbet peint Le Château de Chillon en 1874, l’un de la série qu’il en fait. Toujours en Suisse, quelques années plus tard il fera Le coucher de soleil sur le lac Léman (1876) ainsi que l’époustouflant Panorama des Alpes (vers 1876) désormais à Genève. Et puis d’autres.
La toile est là. Pourtant je ne la vois pas, ou plutôt ce n’est pas que le château qui y est. Un peu comme Gustave : « Quand je suis à Ornans, je suis à Paris, ma tête trotte ». Trottons.
À l’origine donc de cet article, un emballage en papier kraft ayant servi à l’envoi d’un numéro de la revue La Pensée. D’un côté, l’extérieur, une inscription en noir : « F. Braudel La méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de... more
À l’origine donc de cet article, un emballage en papier kraft ayant servi à l’envoi d’un numéro de la revue La Pensée. D’un côté, l’extérieur, une inscription en noir : « F. Braudel La méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II ». Sur l’endroit de l’emballage, une adresse, celle de Charles Parain, 7 boulevard de Charonne à Paris.
Dans cette chemise, sinon par destination du moins par usage, une série de feuillets, recouverts de notes manuscrites aux encres bleue et rouge, généralement de format A4 ou demi A4, parfois des réemplois de courriers à entête du musée national des Arts et Traditions populaires, de l’Union française universitaire, de la fédération de la Seine du Parti communiste français, ou de circulaires de l’enseignement du second degré, tous datés de 1951.
Ces papiers conservés au service historique de l’ex-musée national des Arts et Traditions populaires, lieu désormais sépulcral, dans l’ancien emballage d’une revue, dont Charles Parain était non seulement lecteur mais aussi l’un des contributeurs, présentent d’autant plus d’intérêt, que leur auteur n’a, me semble-t-il, rien publié à propos de La Méditerranée et le monde méditerranéen à l’époque de Philippe II, bien qu’il ait écrit, plus tard, sur son auteur.
la critique est pourtant bien là. Opérant une lecture croisée du texte de Braudel, des notes et du livre de Parain et ce à quoi ils réfèrent, il s’agira ici d’expliciter certaines des prises du second sur le premier et de voir en quoi elles sont travaillées et informées par son équipement marxiste. Au-delà, il s’agira aussi de saisir les contours d’une forme de présence du marxisme au sein des sciences sociales et plus particulièrement de l’anthropologie.
Préface à
Frédéric Hermann, Gilets Jaunes. une lutte citoyenne, 2020, Éditions Cabedita

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Le séminaire poursuit, dans le prolongement de l’année précédente (2015-16), l’exploration du champ de recherche ouvert, à savoir l’analyse des expériences auto-encodées sous le registre de l’anticapitalisme et qui portent des projets de... more
Le séminaire poursuit, dans le prolongement de l’année précédente (2015-16), l’exploration du champ de recherche ouvert, à savoir l’analyse des expériences auto-encodées sous le registre de l’anticapitalisme et qui portent des projets de modernités alternatives à la modernité capitaliste.
Research Interests:
« Retourner le stigmate ? Remémorations critiques » L’héritage de la grève du Joint Français de 1972 semblerait se jouer entre le jugement tranchant de sa négativité économique établi à l’aide de catégories hégémoniques que sont «... more
« Retourner le stigmate ? Remémorations critiques »

L’héritage de la grève du Joint Français de 1972 semblerait se jouer entre le jugement tranchant de sa négativité économique établi à l’aide de catégories hégémoniques que sont « l’entreprise » ou le « développement économique » ; et une politique de l’histoire ou de la mémoire où la place des paroles contemporaines serait assignée à l’établissement d’une documentation en vue d’une écriture historique. Bref entre la production d’un stigmate posé sur la ville et un récit sans actualité, sinon commémorative.
Pourtant, à suivre certaines remémorations critiques c’est autre chose qui semble s’ouvrir, comme un déplacement vers d’autres catégories qui pourrait rendre la grève de 1972 disponible pour un futur. Un retournement du stigmate en somme.
De L’Atelier du peintre à Passe-Montagne. Allers-retours. Noël Barbe, anthropologue, Institut interdisciplinaire d’anthropologie du contemporain (EHESS, CNRS) « Pour peindre un paysage, il faut le connaître. Moi je connais mon pays,... more
De L’Atelier du peintre à Passe-Montagne. Allers-retours.
Noël Barbe, anthropologue, Institut interdisciplinaire d’anthropologie du contemporain (EHESS, CNRS)

« Pour peindre un paysage, il faut le connaître. Moi je connais mon pays, je le peins » écrit l’un. « C’est en tournant qu’on connaît son propre pays » dit l’autre. Comme un ou des avec. Gustave Courbet évidemment peintre de L’Atelier et Jean-François Stévenin (1944-2021) autodidacte du cinéma, réalisateur du film Passe-Montagne en 1978 dont il est aussi l’un des deux acteurs principaux, avec un inhabituel Jacques Villeret. Le film a pu être vu comme un « OVNI », une « curiosité », tout à la fois un à-côté du cinéma et la mise à l’épreuve de sa grammaire, tant dans les choix de tournage que de montage. Parfois parenté est faite avec le début de Délivrance (1972) de John Boorman, quand s’opère une rencontre entre les habitants d’un village et ceux qui vont descendre la rivière. A différentes reprises, Stévenin reviendra sur le tournage. De même son monteur Yann Dodet qui, dans Le point de vue du lapin. Le roman de Passe-Montagne, un peu moins de quarante ans après, écrit sur les lieux de tournage du film en dialogue avec Stévenin venu là travailler un scénario, dans une maison achetée à un acteur local de Passe-montagne et dans une proximité avec la neige, élément de celui-ci.
Le point de départ de cette proposition de communication repose sur l’intuition, surgie à la mort du cinéaste durant cet été 2021, qu’il serait possible de mettre en relation, au prisme de la question de l’atelier, ce que certains peut-être jugeront incomparables, au motif des différences de supports d’inscription ou d’époque. Et ce sans sombrer dans le registre de l’attachement culturel pétainiste au lieu, de l’ordre du « il est d’ici » parfois énoncé à propos de Courbet ou du « cinéaste jurassien » s’agissant de Stévenin à l’occasion de sa mort.
A considérer le film de celui-ci comme la figuration de ce qui s’est vécu pendant une tentative antérieure d’écriture de son scénario dans le Grandvaux, et le tableau de Courbet comme celle du travail du peintre, il s’agira de les saisir comme des systèmes discursifs par lesquels s’énoncent les configurations relationnelles que sont les espaces de création filmique et picturale. Soit ce qui va avec « un type qui fait une œuvre » (Dodet) dans des rapports posés comme nécessaires : habiter pratiquement un lieu et entretenir des relations avec ses habitants, s’affecter par cela, faire s’interpénétrer des formes de vie et l’œuvre, être à la fois hors et dans le cadre. Comme les grammaires hétérotopiques d’un atelier.
Ces journées d'études s'inscrivent dans le cadre d'un partenariat de recherche associant le Centre Georges Chevrier et la Maison du patrimoine oral de Bourgogne (MPOB) dans une réflexion commune sur le thème « Pouvoir d'action,... more
Ces journées d'études s'inscrivent dans le cadre d'un partenariat de recherche associant le Centre Georges Chevrier et la Maison du patrimoine oral de Bourgogne (MPOB) dans une réflexion commune sur le thème « Pouvoir d'action, Territoire, Transition » et font suite aux journées d'études « Patrimoines, participation et citoyenneté » qui se sont tenues le 4 et 5 septembre 2015 à Anost. En outre, il est lié à un projet, en préfiguration, d'instauration de la MPOB en « ethnopôle », dispositif relevant du ministère de la Culture-Direction régionale des affaires culturelles de Bourgogne-Franche-Comté. Elles se donnent pour objectif de faire dialoguer des démarches « d'encapacitation » fondées sur la mobilisation de la « méthode ethnographique » au service de la reconnaissance culturelle. À l'échelle internationale, des acteurs de la société civile en lien avec des chercheurs mettent en oeuvre des protocoles qui revendiquent une revisite démocratisée des sciences humaines et sociales (Fédération internationale pour l'histoire publique, GIS « Démocratie & Participation », réseau « Traces », Forum des Lucioles, etc.). Ces alliances d'initiatives privées et d'initiatives publiques se démarquent de dispositifs maintenant assez convenus et consensuels de la recherche participative (souvent instrumentalisés au service de nouveaux modes de gouvernementalité), par l'élaboration de protocoles où le « concernement » social et ce qui importe aux groupes concernés pèsent à parité avec l'exigence de scientificité. Cette question intéresse directement la MPOB au regard de son histoire singulière : elle est la concrétisation d'un militantisme culturel déployé dans un territoire perçu comme oublié ou en retrait. En l'occurrence, des personnes (ordinaires ?) s'engagent dans un travail de collecte des formes d'expression orale en tant qu'elles sont perçues comme éligibles à la distinction patrimoniale, comme patrimoine culturel immatériel, et constituent la matière d'une reconnaissance en terme des droits culturels. À partir de l'examen de cette expérience fondatrice et de sa confrontation à d'autres expériences dans l'espace français et européen, trois questions, étroitement liées, se posent, auxquelles ces journée entendent se confronter : • celle de la caractérisation « citoyenne » ou « participative » de ces gestes de collecte : dans quelle mesure réfèrent-ils au modèle des sciences dites citoyennes ou au contraire le dépassent-ils ? En d'autres termes, collecte-ton des chansons comme on compte des papillons dans un jardin ? Ces gestes reconduisent-il la relation scientifiques/ amateurs que mettent en oeuvre ces sciences citoyennes ? Sur quels fondements à la fois méthodologiques et épistémologiques se déploient-ils ? Il s'agit d'explorer les formes d'engagement qui sont désignées comme citoyennes car elles témoignent de participations actives à la production du social et de l'expression d'un pouvoir d'agir. • celle du sens donné aux expressions orales et de leur portée politique : en quoi la collecte de contes et autres formes d'expression orale se distingue-t-elle de la démarche d'une démarche conservatoire et érudite, historiquement associé le plus souvent à la notion de folklore ? Si ce geste de collecte participe à ce que l'on appelle le « renouveau du conte », quel peut être le sens politique de la reconnaissance de formes culturelle populaires et, en un sens, de la réhabilitation du folklore ? En quoi peut-il être dit alternatif (au sens où se développent des actions culturelle en dehors des cadres institutionnel, par exemple les « friches culturelles ») et émancipatoire. • celle des relations entre territoire et culture : sur quels mobiles se construisent-elles dès lors qu'il est évident qu'elle ne peuvent pas être indexées sur la notion d'identité culturelle. Si on part d'une conception dynamique (et non géographique) du territoire (des services, des pratiques, des populations humaines et non humaines, des configurations physiques, des entités diverses…), il s'agit d'apprécier ce que veulent et font ces personnes pour « composer » le territoire qu'elles habitent.
Research Interests:
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Colloque international organisé par le Centre Georges Chevrier et l'Institut Interdisciplinaire d'anthropologie du contemporain MSH de Dijon 6, 7, 8 décembre 2016 Appel à communication À donner du crédit à l'hypothèse, formulée par... more
Colloque international
organisé par le Centre Georges Chevrier et l'Institut Interdisciplinaire d'anthropologie du contemporain
MSH de Dijon 6, 7, 8 décembre 2016
Appel à communication
À donner du crédit à l'hypothèse, formulée par Daniel Fabre (2013), selon laquelle, à partir des années 1960, sous l'impulsion du ministère des Affaires culturelles d'André Malraux, la société française serait entrée dans un « âge du patrimoine », on serait fondé à penser que l'invention du patrimoine ethnologique en a été un moment à la fois éclairant et singulier, à la fois le point d'orgue et le moment ultime. Éclairant parce qu'il aurait été la pleine expression de cet âge : prenant le pas sur le monument, le patrimoine devenait culturel puis immatériel, et étendait au peuple et à ses oeuvres le périmètre de ce qui doit être distingué, au nom de la nation en même temps qu'à celui de la connaissance savante. Singulier car il introduisait cependant une note dissonante dans le cours réglé de la « raison patrimoniale » en accompagnant sinon en orchestrant un certain débordement des institutions, la « démocratisation » de la cause patrimoniale – voire sa déclinaison démocratique –, sa diffusion et sa saisie dans les mondes sociaux. En somme, le patrimoine ethnologique serait au coeur de l'ambivalence même de l'âge du patrimoine – d'ailleurs parfois indexé sur la thèse présentiste (Hartog 2003) – où l'expérience du passé se confond avec celle de la culture et devient non seulement une affaire de tous, dans laquelle tout un chacun peut faire valoir ce qu'il a et ce qu'il est, mais un argument significatif de « développement », maître-mot performatif du local au national dont l'usage se répand au même moment. Et ainsi, il aurait été le ferment de la formation d'un « espace public » du patrimoine dont l'extraordinaire sinon monstrueux déploiement aujourd'hui dans les mondes académiques, associatifs, administratifs, politiques, économiques, etc., ne connaît guère de limites. C'est cette position singulière du patrimoine ethnologique et de sa politique que nous souhaiterions interroger avec ce colloque qui prolonge un séminaire tenu en 2010-2011, (« L'instauration du patrimoine ethnologique. Projet scientifique, catégorie d'action publique et instrument de gouvernementalité : retour sur une expérience française », IIAC-LAHIC, Paris), et en constitue l'aboutissement.
Research Interests:
Lorsque l’on évoque Gustave Courbet comme peintre politique, c’est en premier lieu la Commune qui vient à l’esprit. Gustave prit part à cet événement révolutionnaire et fut pour cela condamné. Au-delà de cet engagement, la question du... more
Lorsque l’on évoque Gustave Courbet comme peintre politique, c’est en premier lieu la Commune qui vient à l’esprit. Gustave prit part à cet événement révolutionnaire et fut pour cela condamné.
Au-delà de cet engagement, la question du lien des tableaux du grand peintre avec ses idées et ses combats politiques peut être posée.

Ce lien existe-t-il ? Faut-il voir dans sa peinture une défense du « peuple », de sa participation au mouvement historique ou de formes d’art qui lui seraient propres ? L’appel à un bouleversement des moeurs ? Une politique de la nature visionnaire à son époque ?
Ou bien ce lien entre peinture, politique et morale est-il finalement si difficile à établir qu’il faut séparer le peintre, l’homme et l’acteur politique ?
Chacun des textes ici réunis, issus d’un colloque organisé à Arc-et-Senans en septembre 2009, tente, à sa façon, d’analyser les manières dont le politique est à l’oeuvre dans les actions et postures du peintre, dans les oeuvres aussi.
L'immigration aux frontières du patrimoine Édité par Noël Barbe, Marina Chauliac Info Les commandes en ligne se font via le site du comptoir des presses d'universités (lcdpu.fr). Livre broché - 18,00 € PDF (PDF) - 12,99 € DRM -... more
L'immigration aux frontières du patrimoine

Édité par Noël Barbe, Marina Chauliac


Info

Les commandes en ligne se font via le site du comptoir des presses d'universités (lcdpu.fr).
Livre broché - 18,00 €
PDF (PDF) - 12,99 € DRM - Aucun
:: Résumé    :: Sommaire    :: Détails


En dépit du flou qui l'entoure, utiliser le terme de mémoire s'agissant de l’immigration semble aujourd’hui aller de soi. Qu’en est-il du patrimoine de l’immigration ? Le patrimoine apparaît-il quand la mémoire sort de l’espace privé pour entrer dans le domaine public ? Est-il une forme cristallisée et institutionnalisée de la mémoire ? Est-il soluble dans la mémoire ? Au-delà d’une indispensable clarification des termes, s’interroger sur l’articulation mémoire, patrimoine et immigration nécessite d’en comprendre les enjeux dans le débat public. La patrimonialisation ne peut être regardée indépendamment ni des attentes et des luttes pour la reconnaissance des immigrés, ni de son usage par les pouvoirs publics comme instrument de pacification.
Des enquêtes menées dans le sud-ouest de la France, dans le Centre, en Lorraine, en Franche-Comté ou encore à Paris et à Nanterre analysent le regard des acteurs de la mémoire de l’immigration (associations, artistes, chercheurs…), questionnant les rôles et les stratégies développées par chacun et bousculant nos cadres d’interprétation.
Gustave Courbet et Pierre-Joseph Proudhon... Au-delà des relations personnelles, ce qui se joue pour partie entre les deux hommes, c'est bien la question de la position de l activité artistique et de l'artiste au sein du monde qui les... more
Gustave Courbet et Pierre-Joseph Proudhon... Au-delà des relations personnelles, ce qui se joue pour partie entre les deux hommes, c'est bien la question de la position de l activité artistique et de l'artiste au sein du monde qui les entoure et d'un nouveau monde à construire. Le siècle qui les a vus naître et mourir, est aussi celui du développement d une économie de marché dont les conséquences sont la destruction des relations sociales existantes, l'autonomisation de l'économique par rapport au social, dans le contexte du développement industriel et de l'extension d'un prolétariat urbain.
C'est là que prend naissance, en France, une série de théories visant à la reconstruction de la société. Elles présentent, pour certaines, des parentés avec la philosophie des Lumières comme le refus d'une transcendance gouvernant la société, mais aussi l'idée d'une politique scientifique de la société. Cet ouvrage entend contribuer à la compréhension de l'artiste et de son oeuvre, des situations qu'il a vécues et sur lesquelles il a influé, des lectures et des appropriations qui en ont été faites, que ce soit au XIXe siècle mais aussi plus tard.
Cet ouvrage collectif vient à un moment où l’activité patrimoniale a largement débordé ses institutions officielles et où sa couverture par les sciences humaines et sociales a pris une consistance certaine. En dix textes et au moins... more
Cet ouvrage collectif vient à un moment où l’activité patrimoniale a largement débordé ses institutions officielles et où sa couverture par les sciences humaines et sociales a pris une consistance certaine. En dix textes et au moins autant de situations, en France, à Rhodes, à Tonga, en Uruguay et en Colombie, il donne à saisir des « implications anthropologiques » de et dans l’exploration de cette activité, à partir desquelles se dessinerait un fil conducteur permettant de parcourir, sans la réduire, sa grande hétérogénéité.
Qu’on la prenne sous l’angle de l’irruption du patrimoine dans les terrains (de jeu) des anthropologues ou bien sous celui de la constitution du patrimoine en un domaine singulier de recherche, l’anthropologie du patrimoine apparaît inséparable des interrogations récurrentes sur la catégorie de culture : sur son institution, sur sa mise en scène, sur sa spectacularisation, sur les façons de l’écrire comme sur la critique de son pouvoir de purification, de hiérarchisation ou de domination.
Que montrent ces écritures anthropologiques de patrimoines ? Qu’en se frottant aux expériences du passé, de la culture, religieuse ou profane, de la quête de reconnaissance, de la mémoire des violences de guerre, de la discrimination sociale, de la ruine des choses du monde, les anthropologues font l’expérience du patrimoine, instrument politique aux multiples fonctions : contrôle, aménagement, restauration, réparation, reconnaissance…
Ce livre n’est pas d’histoire de la littérature, pas plus qu’il ne déroule la vie de Louis Pergaud sur un mode biographique. Il n’en fait pas plus un écrivain « régional » ou « national » qu’il ne le réduit à être l’auteur d’un seul livre... more
Ce livre n’est pas d’histoire de la littérature, pas plus qu’il ne déroule la vie de Louis Pergaud sur un mode biographique. Il n’en fait pas plus un écrivain « régional » ou « national » qu’il ne le réduit à être l’auteur d’un seul livre transformé en une charmante comédie enfantine par le cinéma.
Pourtant il est question des textes de Pergaud et ses gestes d’écriture, de sa vie et de certains des événements qui l’ont affectée, des lieux qu’il a fréquentés et de sa persistante présence, des films tirés de son oeuvre comme des relations entretenues avec lui aujourd’hui. Il en est question, mais d’autres manières.
Mettre Pergaud à la hauteur des temps, c’est faire voir une pensée installée dans la littérature, une pensée sur les relations entre humains et animaux, sur les rapports sociaux et politiques que les humains entretiennent entre eux, sur les modalités et conditions d’une continuité culturelle, sur la place d’où peut se dire une vérité sur le monde. Bref une pensée sur la possibilité de nos existences, et que l’on peut mettre au travail. En cela il est parent avec d’autres, parfois minorés, ainsi Pierre Gascar ou Bernard Clavel.

Textes de Flavie Ailhaud, Noël Barbe, Gilles Cailleau, Philippe Cormery, Bertrand Rothé, Odile Vincent.
Est patrimoine culturel immatériel pour une population ce qu'elle reconnaît comme tel, du moins c'est ainsi qu'il est défini par les instances onusiennes. De quoi est fait le patrimoine culturel immatériel de l'Alsace Bossue ? Et qu'en... more
Est patrimoine culturel immatériel pour une population ce qu'elle reconnaît comme tel, du moins c'est ainsi qu'il est défini par les instances onusiennes. De quoi est fait le patrimoine culturel immatériel de l'Alsace Bossue ? Et qu'en fait-on ?


La question a été posée à ses habitants. Ce livre est le fruit de leurs réponses : une vingtaine d'objets prêtés mais aussi, et peut-être surtout, quatre grandes conceptions de ce qu'est le patrimoine. Une opération de retournement en quelque sorte.
Research Interests:
Souvent Charles Beauquier est qualifié comme l’initiateur de la loi du 21 avril 1906 organisant la protection des sites et monuments naturels de caractère esthétique. Parfois elle est présentée comme le résultat d’un procès qui... more
Souvent Charles Beauquier est qualifié comme l’initiateur de la loi du 21 avril 1906 organisant la protection des sites et monuments naturels de caractère esthétique. Parfois elle est présentée comme le résultat d’un procès qui opposa un industriel et la municipalité de Nans-sous-Sainte-Anne (Doubs) à propos de la source du Lison.

Cet ouvrage revient sur le rôle de Beauquier, comme sur celui de cette source, dans l’élaboration de la loi, sur la négociation de la notion de paysage qui alors s’y opère. La sociographie des membres de la Société pour la protection des paysages de France dont Beauquier fut président, l’analyse de leurs pratiques de l’espace éclairent les contours de cette notion.

Mais on ne peut réduire Beauquier à cela. Il traverse et agit dans plu- sieurs mondes sociaux et intellectuels: le folklore, la philosophie de la musique, le régionalisme, la députation, l’anticléricalisme, sans oublier ses rapports ambigus aux milieux fouriéristes... Les auteurs décrivent et analysent les places que Beauquier y occupe, les positions qu’il y prend et promeut. Ils s’interrogent aussi sur ce qui fait son unité et sa particularité, et tentent de lui redonner un peu de chair.

Sommaire

Introduction
Noël Barbe

Charles Beauquier a-t-il sauvé la source du Lison ? Naissance d'une rumeur
Nathalie Vidal.

Aux origines de la « loi Beauquier » pour la protection des paysages : le pittoresque, la région et l'utilité publique
Martha McCarey.

Charles Beauquier, anticlérical et libre penseur
Jacqueline Lalouette.

Charles Beauquier et les fouriéristes de la fin du XIXe siècle
Bernard Desmars.

Charles Beauquier, journaliste et député
Joseph Pinard.

Destins parallèles et préoccupations croisées : les autres France de Beauquier et Foncin
Sylvie Sagnes.

Charles Beauquier : un lien, des lieux
Olivier Lazzarotti.

Alentours de Beauquier : le mouvement des traditions populaires
Claudie Voisenat.

Charles Beauquier, guerillero musicographe?
Jacques Cheyronnaud.

Boussole pour Beauquier. Tentative
Noël Barbe.

Biographèmes. Comme quelques clichés d’enfance…
Noël Barbe.


USER DE BEAUQUIER :

Jean Garneret et Charles Beauquier. Le recueil des chansons populaires
François Lassus.

La République des Sources/ les Contes de Beauquier
Philippe Cormery
Research Interests:
Images fixes ou animées, parfois réalisées avec ou par ceux qui en sont les objets, inscrites dans des processus de résistance à la domination ou visant à ajouter de la valeur à une marque ou un territoire, prises dans l'espace de... more
Images fixes ou animées, parfois réalisées avec ou par ceux qui en sont les objets, inscrites dans des processus de résistance à la domination ou visant à ajouter de la valeur à une marque ou un territoire, prises dans l'espace de production ou chez ceux qui y travaillent, seules ou accompagnées de la parole de ceux qui y sont figurés, d'une dynastie patronale ou du monde ouvrier, accrochées aux murs de l'Usine ou exposées dans des centres d'art… La liste pourrait être allongée car c'est un flot de prises de vue quasi-ininterrompu qui vient depuis des décennies traverser le pays de Montbéliard, les scansions de son histoire industrielle et politique. Elles saisissent, par leur importance, celui dont l'intention est de les regarder, toutes. Les photos de Raphaël Helle viennent participer de ce flux, photographe autorisé à travailler dans l'Usine mais sans nouvelles de celui qui le lui a permis. Des pixels arrachés à un univers clos et un travail de la lumière qui en permet quelques vues, un dispositif technique qui tout à la fois ouvre et referme des possibles, les façons de faire du photographe, des relations sans doute diverses tissées avec les photographiés afin de les figurer : c'est tout cela qui compose les images devant lesquelles nous sommes.
Dit, écrit, filmé… le pays de Montbéliard l’a été à de nombreuses reprises et à différents moments. C’est sur quelques-uns d’entre eux que cette exposition entend revenir, d'Armand Gatti à la promotion touristique, de la description de... more
Dit, écrit, filmé… le pays de Montbéliard l’a été à de nombreuses reprises et à différents moments.

C’est sur quelques-uns d’entre eux que cette exposition entend revenir, d'Armand Gatti à la promotion touristique, de la description de l’Usine aux intérieurs domestiques, des portraits de groupes aux individus relégués, de la littérature ouvrière aux récits historiques, de l’émancipation à la réparation culturelles, du plaisir automobile aux corps qui fabriquent les voitures…

Non pas une histoire mais autant de versions du Pays à l’œuvre, requérant différents appuis, ressources et langages qui différent et parfois aussi s’articulent les uns aux autres… Autant de fragments rencontrés au gré d’enquêtes ou de flâneries ethnographiques, là recomposés.

Moins une exhaustivité que des coups de sonde et des changements de plan, des assemblages et des remontages, moins des réponses que des questions posées aux récits du Pays : les façons de qualifier les choses et les outils pour le faire, la lecture et la production de marges sociales et topographiques, l’espace et le rôle donnés à ces biens particuliers que l’on nomme « culture », la place de celui qui analyse le réel et ce qu’il en résulte.

Revenir sur le Pays de Montbéliard comme sur un emplacement où résonnent le monde et les questions qu’il nous pose.
Research Interests:
Composer Images fixes ou animées, parfois réalisées avec ou par ceux qui en sont les objets, inscrites dans des processus de résistance à la domination ou visant à ajouter de la valeur à une marque ou un territoire, prises dans l’espace... more
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Images fixes ou animées, parfois réalisées avec ou par ceux qui en sont les objets, inscrites dans des processus de résistance à la domination ou visant à ajouter de la valeur à une marque ou un territoire, prises dans l’espace de production ou chez ceux qui y travaillent, seules ou accompagnées de la parole de ceux qui y sont figurés, d’une dynastie patronale ou du monde ouvrier, accrochées aux murs de l’Usine ou exposées dans des centres d’art…
La liste pourrait être allongée car c’est un flot de prises de vue quasi ininterrompu qui vient depuis des décennies traverser le pays de Montbéliard, les scansions de son histoire industrielle et politique. Elles saisissent, par leur importance,  celui dont l’intention est de les regarder, toutes.

Les photos de Raphaël Helle viennent participer de ce flux, photographe autorisé à travailler dans l’Usine mais sans nouvelles de celui qui le lui a permis. Des pixels arrachés à un univers clos et un travail de la lumière qui en permet quelques vues, un dispositif technique qui tout à la fois ouvre et referme des possibles, les façons de faire du photographe, des relations sans doute diverses tissées avec les photographiés afin de les figurer : c’est tout cela qui compose les images devant lesquelles nous sommes.

Pour autant, devant quoi sommes-nous lorsque nous les regardons ? Assurément des images sans paroles de leurs sujets, contrairement à d’autres. Pas beaucoup plus de regards dirigés vers l’objectif, à l’exception d’une unique photo que nous ne savons lire avec certitude, sinon qu’elle manifeste ainsi que le photographe est là. Prendre une photo n’est pas nécessairement donner la parole, juste révéler une présence peut-être.

Pouvons-nous les comprendre comme des réalités mises en images alors rendant visibles la texture du réel ? Mais alors quels chemins nous proposent-elles pour accéder à sa compréhension ? Poser des mots documentaires sur ces photos n’est-ce pas tuer la force de l’image ? Mais ne pas le faire n’est-ce pas laisser advenir ces images comme la réalité, leur donner trop de puissance et refermer le réel au profit d’une esthétisation des rapports de domination ? Si la photographie documentaire entend transmettre l’expérience de ce qui est représenté, quelle est-elle là, dans ce cas ?

Peut-être que les façons de les lire sont innombrables. Comme d’autres images, les photos de Raphaël Helle sont autant l’œuvre du spectateur que de leur auteur. Comme d’autres, elles nous inscrivent dans les grands dilemmes de notre rapport à la photo et ses effets. Peut-être, face à elles,  faut-il juste se laisser aller, sans se protéger par un savoir a priori, les laisser nous faire faire et nous faire penser.

De façon incontestable, par contre, ces photos font partie des images qui sortent du trou noir de l’Histoire ceux qu’elles représentent. Pour cela elles nous obligent à penser, mais avec eux, le risque de les laisser y retomber et les manières de l’empêcher. Là réside leur dimension politique.
Research Interests:
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Colloque international organisé par le Centre Georges Chevrier et l'Institut Interdisciplinaire d'anthropologie du contemporain MSH de Dijon 6, 7, 8 décembre 2016 Appel à communication À donner du crédit à l'hypothèse, formulée par Daniel... more
Colloque international organisé par le Centre Georges Chevrier et l'Institut Interdisciplinaire d'anthropologie du contemporain MSH de Dijon 6, 7, 8 décembre 2016 Appel à communication À donner du crédit à l'hypothèse, formulée par Daniel Fabre (2013), selon laquelle, à partir des années 1960, sous l'impulsion du ministère des Affaires culturelles d'André Malraux, la société française serait entrée dans un « âge du patrimoine », on serait fondé à penser que l'invention du patrimoine ethnologique en a été un moment à la fois éclairant et singulier, à la fois le point d'orgue et le moment ultime. Éclairant parce qu'il aurait été la pleine expression de cet âge : prenant le pas sur le monument, le patrimoine devenait culturel puis immatériel, et étendait au peuple et à ses oeuvres le périmètre de ce qui doit être distingué, au nom de la nation en même temps qu'à celui de la connaissance savante. Singulier car il introduisait cependant une note dissonante dans le cours réglé de la « raison patrimoniale » en accompagnant sinon en orchestrant un certain débordement des institutions, la « démocratisation » de la cause patrimoniale – voire sa déclinaison démocratique –, sa diffusion et sa saisie dans les mondes sociaux. En somme, le patrimoine ethnologique serait au coeur de l'ambivalence même de l'âge du patrimoine – d'ailleurs parfois indexé sur la thèse présentiste (Hartog 2003) – où l'expérience du passé se confond avec celle de la culture et devient non seulement une affaire de tous, dans laquelle tout un chacun peut faire valoir ce qu'il a et ce qu'il est, mais un argument significatif de « développement », maître-mot performatif du local au national dont l'usage se répand au même moment. Et ainsi, il aurait été le ferment de la formation d'un « espace public » du patrimoine dont l'extraordinaire sinon monstrueux déploiement aujourd'hui dans les mondes académiques, associatifs, administratifs, politiques, économiques, etc., ne connaît guère de limites. C'est cette position singulière du patrimoine ethnologique et de sa politique que nous souhaiterions interroger avec ce colloque qui prolonge un séminaire tenu en 2010-2011, (« L'instauration du patrimoine ethnologique. Projet scientifique, catégorie d'action publique et instrument de gouvernementalité : retour sur une expérience française », IIAC-LAHIC, Paris), et en constitue l'aboutissement.
Research Interests:
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L’héritage de la grève du Joint Français de 1972 semblerait se jouer entre le jugement tranchant de sa négativité économique établi à l’aide de catégories hégémoniques que sont « l’entreprise » ou le « développement économique » ; et une... more
L’héritage de la grève du Joint Français de 1972 semblerait se jouer entre le jugement tranchant de sa négativité économique établi à l’aide de catégories hégémoniques que sont « l’entreprise » ou le « développement économique » ; et une politique de l’histoire ou de la mémoire où la place des paroles contemporaines serait assignée à l’établissement d’une documentation en vue d’une écriture historique. Bref entre la production d’un stigmate posé sur la ville et un récit sans actualité, sinon commémorative.
Pourtant, à suivre certaines remémorations critiques c’est autre chose qui semble s’ouvrir, comme un déplacement vers d’autres catégories qui pourrait rendre la grève de 1972 disponible pour un futur. Un retournement du stigmate en somme.
2022, L'avenir de l'Écomusée de la Bresse bourguignonne : comment faire vivre un écomusée au XXIe siècle ?. Actes de journées d'études de l'écomusée de la Bresse bourguignonne, 2021
Compte-rendu L’intention de ce texte, déjà publié pour certains de ses chapitres, est de se constituer en défense politique de Sartre, peut être faut-il dire une défense de Sartre politique, au nom de l’importance qui fut la sienne,... more
Compte-rendu
L’intention de ce texte, déjà publié pour certains de ses chapitres, est de se constituer en défense politique de Sartre, peut être faut-il dire une défense de Sartre politique, au nom de l’importance qui fut la sienne, rapportée à la fois aux événements et périodes traversés, à ses implications dans les débats publics ou son influence sur les générationsdes années soixante.