Neuropsychiatrie Et Psychopharmacologie de La Bipolarité
Neuropsychiatrie Et Psychopharmacologie de La Bipolarité
Introduction
une pathologie chronique débutant chez le jeune adulte
entraînant un handicap majeur.
trouble récurrent de l’humeur alternant entre des phases
d’expansion de l’humeur avec une augmentation de
l’énergie et des activités (manie ou hypomanie), et des
phases de baisse de l’humeur avec une baisse de l’énergie
Neuropsychiatrie et et des activités (dépression).
psychopharmacologie du trouble Ces périodes sont entrecoupées par des intervalles libres
bipolaire d’humeur stable plus ou moins longs (HAS, 2014).
L3 Psychologie FSHST Mme Hentati
Introduction Introduction
trouble chronique dont l’évolution n’est pas toujours La présence de troubles cognitifs persistants participe aux
favorable difficultés de fonctionnement social (Van Rheenen et
Une récupération souvent incomplète entre les accès. Rossell, 2016)
Cette pathologie affecte entre 1 et 3 % de la population impacté par l’instabilité émotionnelle, les difficultés de
mondiale. régulation des émotions et l’augmentation du ressenti
Elle est associée à une altération cognitive marquée, à une émotionnel.
dégradation du fonctionnement social, ainsi qu’à une
élévation de la mortalité prématurée, notamment par
suicide
Un impact des symptômes sur les difficultés d’ajustement
social chez les patients bipolaires,
Ces dysfonctionnements persistent durant les phases de
rémission.
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Introduction Introduction
Les classifications actuelles – CIM-10 et DSM-5 utilisent Nosographie DSM 5 :on retrouve sept entités cliniques :
le terme de trouble bipolaire 1. Le trouble bipolaire type 1
Nosographie CIM 10 : place le trouble de l'humeur 2. Le trouble bipolaire type 2
bipolaire parmi les troubles de l’humeur de type affectifs 3. Le trouble cyclothymique
On y retrouve trois entités cliniques dont le trouble affectif 4. Le trouble bipolaire induit par substance ou médication et
bipolaire, l'épisode maniaque et le trouble dépressif récurrent. troubles associés
5. Le trouble bipolaire secondaire aux autres étiologies
médicales
6. Autres caractéristiques de bipolarité et troubles associés
7. Trouble bipolaire non spécifié et troubles associés
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Important!
TROUBLE BIPOLAIRE I
Cycles d ’épisodes dépressifs et maniaques (au moins un)
TROUBLE BIPOLAIRE II
Cycles d ’épisodes dépressifs et HYPOmaniaques (au
moins un)
TROUBLE BIPOLAIRE III
Cycles d ’épisodes dépressifs et maniaques (au moins un)
induit pharmacologiquement
CYCLE RAPIDE : Cycles d ’épisodes dépressifs et
maniaques fréquents (au moins 4 par ans)
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Introduction Introduction
Parmi les critères diagnostiques on considère désormais: Concernant la notion de « niveau d’énergie », c’est un
le niveau d'énergie ou d'activité (manie/hypomanie) et une nouveau paramètre diagnostique pour la manie et
notion de « caractéristiques mixtes » avec une définition l’hypomanie :
plus précise du trouble bipolaire non spécifique. Pour la manie, il est cité Critère A : « a distinct period of
abnormally and persistently elevated, expansive, or
irritable mood and abnormally and persistently increased
activity or energy. »
Pour l’hypomanie, il est cité : Critère A : « a distinct
period of abnormally and persistently elevated, expansive,
or irritable mood and persistently increased activity or
energy. »
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La manie La manie
Pour qu’un diagnostic de manie soit posé, il faut aussi Logorrhée (bavardage intarissable) : La personne parle très
qu’au moins trois des symptômes suivants soient rapidement, trop fort et bien plus qu’à l’accoutumée. Il se
présents, et ce, de façon prononcée : pourrait qu’elle se mette à raconter des histoires drôles ou à
faire des rimes et qu’elle soit irritée si on l’interrompt. Il se
Sentiment exagéré de sa propre importance ou idées de
peut aussi que, sautant sans cesse du coq à l’âne, elle soit
grandeur : La personne se sent invincible ou omnipotente ; elle
incapable de soutenir une conversation.
a l’impression de savoir « ce qui fait tourner le monde » ou ce
qu’il faut faire pour le sauver. Elle peut se sentir investie d’une Flot de pensées incontrôlées : La personne perd facilement le
mission spéciale (p. ex., elle croit être une envoyée de Dieu ou fil de ses pensées et a du mal à soutenir une conversation, car
avoir été dotée par Dieu de pouvoirs extraordinaires). elle se laisse facilement distraire. Il se peut qu’elle se montre
impatiente envers les gens qui n’arrivent pas à suivre le rythme
Besoin réduit de sommeil : La personne se sent reposée après
de ses pensées, avec ses changements d’idées et ses
de courtes heures de sommeil. Il est même des personnes qui
revirements constants.
ne dorment pas du tout pendant des jours, voire des semaines.
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La manie L’hypomanie
Hyperactivité : La personne se montre beaucoup plus sociable Tout en étant moins grave que la manie, l’hypomanie peut
avec ses collègues de travail (ou ses camarades de classe) et
elle est débordante d’énergie. Au début de la phase maniaque, il
être déstabilisante.
se peut qu’elle soit productive, mais à mesure que ses Il se peut que la personne se sente heureuse et
symptômes s’aggravent, elle devient de plus en plus fébrile et se débordante d’énergie sans s’attirer de graves ennuis, mais
lance dans de nombreux projets qu’elle finit par abandonner.
l’hypomanie peut dégénérer en épisode maniaque ou en
Manque de jugement : La personne est incapable de se
contrôler ou de réfléchir avant d’agir. Elle peut s’engager dans dépression grave et elle doit donc être traitée.
des activités inhabituelles et dangereuses sans songer à leurs
conséquences (p. ex., folie des dépenses et décisions
malavisées, notamment en affaires).
symptômes psychotiques : La personne peut afficher des
symptômes associés à la psychose, notamment des idées
délirantes, c’est-à-dire sans fondement dans la réalité. Elle peut
aussi avoir des hallucinations, surtout auditives.
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La dépression
La dépression revêt de nombreuses formes et se déclare
souvent sans crier gare.
Pour qu’un diagnostic de dépression majeure soit posé, il
faut que les symptômes aient été présents pendant au
moins deux semaines, qu’ils se soient manifestés la Neuroanatomie de la bipolaité
plupart des jours et qu’ils aient été présents durant la
majeure partie de ces journées-là.
En neuroimagerie En neuroimagerie
Le trouble bipolaire est associé à des anomalies Il existe un défaut d’inhibition réciproque entre :
anatomiques et fonctionnelles mais également Un réseau dit « ventro-limbique » hyperfonctionnel.
structurelles. Cet ensemble de structures neuroanatomiques comprend
L’implication de structures corticales dans la régulation notamment le cortex orbitofrontal, le cortex cingulaire antérieur
ventral, le complexe amygdalo-hippocampique et le striatum.
des émotions apparaît au premier plan.
Ce réseau concerne des structures dont le rôle est de type
Les travaux récents visent à apporter des données cognitif/attentionnel
neuroanatomiques aux modèles de dysrégulation des Un réseau dit « dorsal-cognitif » hypofonctionnel
processus psychoaffectifs mais aussi à identifier les cet ensemble comprenant pour sa part le cortex préfrontal
caractéristiques cliniques associées á ces anomalies dorsolatéral et le cortex cingulaire antérieur dorsal.
fonctionnelle Ce réseau a un rôle sur les fonctions affectives.
Enfin, les régions préfrontales semblent montrer de manière
constante un défaut d’activation.
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En neuroimagerie
Les anomalies structurelles observées sur les populations
de patients sont polymorphes et concernent les
structures corticales et sous corticales.
L’atteinte des régions corticales paralymbiques (insula et
cortex cingulaire antérieur) semble constante dans le TB
(Ellison-Whright et Al. ;2010).
Les atteintes de la substance grise auraient une
topographie préférentielle selon la forme des troubles
(Ha et Al.,2009) :
Atteinte corticale préfrontale dans le TB2
Atteinte corticale fronto-pariéto-temporale dans le TB1
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En neuroimagerie
Les études de neuro-imagerie utilisant l’IRM et TEP ont permis
l’identification d’anomalies neuroanatomiques localisées dans le
système de traitement des émotions.
Chez les sujets sains, on distingue 2 réseaux de traitement des
émotions :
➤ Un réseau de traitement automatique et rapide des émotions,
comprenant des régions comme l’amygdale cérébrale et
l’hippocampe.
Ce réseau est activé précocement (quelques dizaines de millisecondes)
après une stimulation émotionnelle ;
➤ Un réseau de régulation volontaire des émotions, impliquant des
régions cognitives dorsales du cortex
préfrontal.
Ces régions cognitives s’activent dans un second temps et viennent
moduler l’activité du réseau automatique de traitement des émotions. Il
intervient en particulier dans la remise en contexte des informations
émotionnelles.
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En neuroimagerie En neuroimagerie
Chez les patients bipolaires, les régions impliquées dans le En général, au cours de la dépression, la plupart des
traitement automatique et rapide des émotions sont chercheurs ont signalé une diminution généralisée de
hyperactives, tandis que les régions en charge de la régulation l’activation préfrontale, bien que des études sur la
volontaire des émotions ont un volume diminué et sont dépression unipolaire aient suggéré que certaines sous-
hypoactives (cortex préfrontal). régions, telles que le cingulum sous-génital et le cortex
Enfin, la synchronisation et la connectivité anatomique et frontal orbital, pourraient présenter une activation accrue
fonctionnelle entre ces 2 réseaux sont déficientes chez ces dans cet état d’humeur.
patients.
Ces études ont permis de développer un modèle neural du TB,
dans lequel la production trop intense d’états émotionnels
(par l’amygdale et l’hippocampe) est mal régulée par les zones
du cortex cérébral (cortex préfrontal) du fait de connexions
anormales entre les différentes zones du cerveau
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En neuroimagerie En neuroimagerie
De même, au cours de la manie, l'activation de plusieurs Soutenant cette idée, plusieurs chercheurs ont observé
régions préfrontales est réduite, ce qui suggère que cette une activation accrue d'autres composants du réseau
réponse peut survenir à la suite d'épisodes d'humeur en limbique antérieur, notamment le striatum, le thalamus et
général. l'amygdale, chez les patients présentant un trouble
Toutefois, au cours de la manie, une activation accrue a été bipolaire lors d'épisodes d'humeur, en particulier de
rapportée dans le cingulaire antérieur, ce qui, comme indiqué, a manie, mais aussi de dépression.
également été observé dans les cas de dépression unipolaire
(bien que non dépressive bipolaire ).
Beaucoup de ces anomalies semblent dépendre de l'état
Par conséquent, une activation accrue du cingulaire antérieur peut
d'humeur et relativement peu d'études sur des patients
être associée à différents états d'humeur anormaux. euthymiques soigneusement définis ont été rapportées
Ces données suggèrent que l'activation des zones préfrontales qui pourraient clarifier des anomalies fonctionnelles
«limbiques» (émotionnelles) peut perturber (et diminuer potentielles des «traits».
l'activation) des régions préfrontales «cognitives».
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Cognition
L’existence de difficultés cognitives durant les phases
d’état des troubles bipolaires est démontrée depuis
longtemps et a fait l’objet de nombreuses études:
Plus récemment, des études ont montrer l’existence de
Cognition et Psychopathologie déficits de mémoire (en particulier verbale), d’attention et
des fonctions exécutives durant les périodes
cognitive de la bipolarité intercritiques des patients bipolaires.
Des études prospectives et méta-analyses indiquent que ces
déficits sont associés au fonctionnement des patients et ce de
même après prise en compte des symptômes résiduels
thymiques.
Cognition Cognition
Les différentes études conduites sur les perturbations Les perturbations cognitives affectent particulièrement le
cognitives qui coexistent avec le TB mettent en évidence pronostic fonctionnel de la pathologie contrairement aux
des anomalies des fonctions cognitives suivantes : symptômes résiduels thymiques dont l’impact serait plus
Attentionnelles/Mnésiques/Exécutives/Des habilités sociales modéré sur la récupération fonctionnelle
À contrario, les patients atteints de TB ne présenteraient L’origine de ces anomalies cognitives serait en lien avec le
pas de perturbation des fonctions visuo-spatiales. dysfonctionnement du cortex préfrontal, pariétal et
Les déficits attentionnels, portent tout particulièrement
cingulaire antérieur constaté dans les études de neuro-
sur l’attention soutenue. imagerie.
Les déficits mnésiques concernent surtout la mémoire
Celles-ci sont constatées en période intercritique malgré
verbale. la stabilisation thymique du patient
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Psychopharmacologie
Un déficit en neuromédiateurs cérébraux (telles la
dopamine, la sérotonine et la noradrénaline) expliquerait
une partie de l'origine de la dépression.
Parallèlement une augmentation chez les sujets bipolaires
Psychopharmacologie de la de la noradrénaline serait annonciatrice d’un accès
maniaque.
bipolarité
De même, une augmentation de la dopamine, impliqué
dans l’activation motrice et psychologique a été
rapportée.
D’autres neurotransmetteurs semblent également
perturbés lors des accès comme le système inhibiteur du
GABA.
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la bipolarité
Psychopharmacologie Lithium
Le traitement médicamenteux du TB repose sur les C’est un thymorégulateur sans propriétés
classes pharmaceutiques suivantes : anticonvulsivantes.
Thymorégulateurs non anticonvulsivants Il est le thymorégulateur dont l’efficacité sur la rechute
Thymorégulateurs anticonvulsivants des épisodes maniaques est supérieure aux autres
Antipsychotiques atypiques dits de seconde génération thymorégulateurs.
Antipsychotiques typiques dits de première génération Sa prescription doit être retenue en première intention
Antidépresseurs et psychoanaleptiques dans le TB1.
Psychotropes adjuvants à visée hypnotique ou anxiolytique Dans le traitement curatif des accès maniaques, on
constate une efficacité sur les symptômes dans 40 à 80 %
des cas en 4 à 15 jours.
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Antipsychotiques atypiques
Antidépresseurs
L’utilisation des neuroleptiques de seconde génération est Cette classe n’apparaît pas comme un traitement systématique
proposée dans le traitement curatif des épisodes du TB; il est d’ailleurs proscrit en monothérapie dans la mesure
maniaques ou dans la prévention des rechutes où il peut induire un virage maniaque (Goodwin et Al.,2009;
Yathman et Al.,2009).
Le choix d’une de ces spécialités repose sur la tolérance
de la molécule dans la mesure où la représentation des La prescription d’antidépresseur reste à l’appréciation du
clinicien car il n’existe pas d’autorisation de mise sur le marché
effets indésirables est très différente.
pour le traitement du trouble bipolaire.
Trois molécules sont indiquées dans le traitement des D’un point de vue consensuel, la prescription de tricyclique est
épisodes maniaques. à proscrire dans la mesure où le risque de virage maniaque
La coprescription d’un traitement antipsychotique reste supérieur aux traitements sérotoninergiques.
atypique est utile pour potentialiser l’effet antimaniaque Le rapport bénéfice/risque de la prescription d’antidépresseurs
des thymorégulateurs lorsque l’expression reste très discuté dans la littérature où il persiste un doute sur
symptomatique est intense. le risque de virage thymique ou d’accélération des cycles.
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