Histoire de l'Eglise (1° au IV° siècle)
Juifs et Romains
Vers 100 avant Jésus-Christ, les Esséniens croyaient en la divinité d'un Messie appelé le
«Maître de Justice ». Ce personnage mourut de mort violente en 65 avant JC, tué par les
«enfants des ténèbres». Prêchant eux-mêmes le nom d'"élus de Dieu", les Esséniens entraient,
disaient-ils, dans la "Nouvelle Alliance" et y étaient initiés par un baptême. Leur rit essentiel
était le repas sacré dont les ministres étaient des prêtres.
Il n'est pas impossible que Jean-Baptiste ait enseigné selon la méthode essénienne. L'historien
juif Max-I. Dimont remarque : « Ce n'était pas une notion non orthodoxe, ou hérétique, pour
les juifs qui depuis des siècles pratiquaient différents rites de purification par l'eau. Jean-
Baptiste proclamait également qu'il était l'envoyé de Dieu et qu'il avait pour mission de
donner accès au Royaume de Dieu. Le fait que Jean Baptiste ne fût pas traîné devant les
tribunaux prouve que ni les Pharisiens, ni les Sadducéens ne voyaient là une idée
blasphématoire. Ce ne fut pas pour une raison politique ou religieuse qu'il fût condamné à
mort par Hérode Antipas, et ce parce qu'il avait flétri le mariage d'Antipas avec sa nièce,
mariage qu'il considérait comme illégale et incestueux ».
La Palestine fut conquise par les Romains en 63 avant JC. Mais revenons en arrière, vers 200
avant JC. Depuis longtemps, la question de l'hellénisme divisait les Juifs. Le prêtre Jason était
allé jusqu'à ouvrir les portes du Temple aux rites païens.
Les fidèles de l'antique Loi de Moise se groupaient dans le parti Hassidéen. Ils se révoltèrent
et massacrèrent les hellénistes. A ce moment là régnait Antochius Epiphane, roi des
Séleucides, dont le dessein était d'helléniser les Juifs. Antochius avait invité en grand nombre
les païens à venir noyauter la population de Jérusalem.
(Notons qu'avant ces évènements, des Juifs pénétrés de culture hellénistique, à Alexandrie,
avaient traduit la Bible en grec : la Septante).
Un fonctionnaire grec voulut contraindre un vieux prêtre juif, Mattathias, de sacrifier aux
idoles. Pour toute réponse, il fut égorgé. Antochius ayant ordonné des représailles, le peuple
juif se souleva tout entier sous la conduite de Mattathias et de ses cinq fils, en 198 avant JC.
On les appela les Macchabées. Cette guerre de religion stupéfia les Grecs en leur prouvant
l'héroïsme et les qualités militaires du petit peuple juif. En 164 avant JC, celui-ci avait
reconquis Jérusalem. Ce triomphe est à l'origine de la fête d'Hanouka. Simon, l'unique
survivant des Maccabées, signa un traité de paix en 143 avant JC. Le royaume de Juda
ressuscitait. Sans devenir roi lui-même, Simon fonda la dynastie asmonéenne. Mais la
querelle à propos de l'hellénisme reprit de plus en plus âprement.
En 135 avant JC, la Galilée fut convertie au Judaïsme, ainsi que l'Idumée, à la force de l'épée.
Moins d'un siècle avant l'Incarnation du Verbe divin....
Les Hassidim se scindèrent alors en trois parties : Esséniens, Pharisiens, Sadducéens. Retirés
de la vie publique, les Esséniens formaient des communautés de type monacal, animées d'un
puissant esprit messianique; les Pharisiens s'attachaient à la synagogue, au rabbin, à la prière;
les Sadducéens, au Temple, au grand prêtre, aux sacrifices.
Simon mourant de la main de son gendre, son fils Joan Hyrcan fut sacré roi et (oint) grand-
prêtre. Ce cumul indigna les scrupuleux Pharisiens dont il était issu. Il se fit donc Sadducéen,
puis se mit à favoriser l'hellénisation, cette bête noire. En 15 avant JC, il annexait les terres
païennes d'Idumée et de la Galilée, dont il convertit les habitants au judaïsme à la force de
l'épée.
Aristobule 1° succéda à Hyrcan. L'hellénisation fut aussitôt poussé à son extrême. un an
après, régnait son frère Alexandre Jannée. Le schisme entre Pharisiens et Sadducéens atteignit
son point culminant. En 78 avant JC, Jannée mourait....En 67 avant JC, la guerre civile
éclatait.
On les Romains, sous la conduite de Pompée, venaient de conquérir la Syrie [...]. En 63 avant
JC, Pompée conquit le Royaume de Juda et l'appela Judée. Ainsi finit, par la faute de leurs
descendants si vite dégénérés, l'œuvre des Macchabées.
Voilà donc les Romains. En 48 avant JC, Jules César, le conquérant des Gaules, de la
Bretagne et autres lieux d'Europe occidentale, imposa sa dictature aux Romains....Pompée
mort, César nomme Antipater administrateur de la Judée. Ce triste personnage meurt en 43
avant JC, empoisonné par des membres de sa famille. Son fils Hérode lui succède.
Hérode est un monstre. L'empereur Octavien le nomme roi des Juifs. Comment Hérode le plus
ignoble assassin de son époque, put-il être appelé "le Grand" ? cela reste un mystère. Il tua ses
rivaux, son épouse et plusieurs de ses fils, et, quand on annonça la naissance du Christ, il
ordonna le massacre de tous les enfants mâles au-dessous de deux ans. Ce qui nous amène à
l'évangile selon saint Matthieu et à l'avènement du Verbe incarné.
A la mort d'Hérode, ses deux fils règnent sur la Judée. A Antipas, les Romains attribuent la
Galilée; A ArchalaÜs la Judée, la Samarie et l'Idumée. Cédant à la prière des Juifs, Octavien,
l'empereur maintenant appelé Auguste, dépose le féroce ArchalaÜs. A sa place il nomme des
procurateurs dont l'administration aussi funeste que celles d'Hérode et de son fils, se prolonge
jusqu'en 66 après JC.
En Galilée, Antipas, le souverain qui condamne Jean-Baptiste, excellent administrateur et
favorable à l'hellénisation, introduit le mode de vie des Grecs. Convertis de force au Judaïsme
en 135 avant JC, les Galiléens acceptent l'hellénisation, qu'ils confondent maintenant avec le
Judaïsme même. Mais ils tolèrent avec difficulté la domination romaine. Des révoltes éclatent.
De même qu'en Judée, deux partis se sont formés: l'un pour la paix et la collaboration avec les
Romains; l'autre, celui des Zélotes, pour la guerre. Les Zélotes ont repris, contre l'occupant
romain, les traditions des Hassidim et des Maccabées. Dans leurs rangs, dominent les
Pharisiens. Et cependant les Pharisiens représentent un élément relativement modéré de la
résistance juive. Ils développent la tradition orale (et rabbinique) de la Torah.
Plus rigides, les Sadducéens, riches matérialistes qui ne croient ni en l'immortalité de l'âme ni
en la résurrection et interprètent la Loi à la lettre et non dans l'esprit. Très différents, les
Esséniens: "Ils voyaient un mal dans la recherche des plaisirs et une vertu dans la pratique de
la chasteté et la domination des passions".
En 6 avant JC, les Galiléens se révoltent contre Rome. Répression impitoyable. Entre 7 et 41
après JC, sept procurateurs romains se succèdent en Judée. Parmi eux, de 25 à 36 après JC,
Ponce Pilate.
Pendant l'enfance du Christ, Pharisiens, Sadducéens et Esséniens on rejoint en masse les rangs
des Zélotes. De 41 à 44 après JC, les Romains fabriquent un éphémère roi des Juifs, Agrippa
1°, petit fils d'Hérode. Après lui, le procurateur Albinius. Puis Florus, qui sera le dernier. Ce
Florus, par ses exactions, provoquent l'insurrection des zélotes qui, en 66 après JC,
massacrent la garnison romaine de Jérusalem. Survient alors le Sage rabbin ZaccaÏ, qui conclut
une paix avec l'empereur Vespasien, sauvant ainsi le Judaïsme.
L'arc de triomphe de Titus se dresse dans le ciel romain au moment où l'Eglise pousse ses
rameaux en tous les pays d'Orient et d'Occident.
A Jérusalem, le christianisme, du vivant de Jésus, se heurta à l'opposition tenace de tous les
chefs et de tous les partis, unis contre Lui pour la circonstance; en Galilée, il reçut l'accueil
chaleureux du peuple. Convertie au Judaïsme en 135 avant JC, par la force de l'épée, la
Galilée n'était pas en vérité un pays juif. En Galilée était les Gaulois établis à l'Ouest du
Jourdain, mêlés à de nombreux autres peuples, très épris de culture grecque.
Histoire de l'Eglise en Gaule et en France
En l'an 14 de l'ère du Verbe divin incarné, l'empereur romain est Tibère. Il règnera jusqu'en
37. En 26 après JC, Ponce Pilate est nommé procurateur en Judée. En 33, notre Sauveur fut
mis à mort "sous Ponce Pilate". Commence les Actes des Apôtres....
Au cours l'an 44, débarquèrent sur les côtes de Provence ceux de la maison de Lazare, les
saintes Marie, Marthe, et avec elles Joseph d'Arimathie. C'étaient les amis intimes, les
familiers du Seigneur.
Et la première Eglise fut Marseille : les chrétiens grecs qui la fondèrent, marins et négociants,
vinrent-ils un peu avant ou un peu après. Et les familiers du Christ remontèrent la vallée du
Rhône. En se joignant à eux, des missionnaires syriaques, des chrétiens de Smyrne et
d'Antioche. Et naquit l'Eglise de Lyon. Et naquit les Eglises d'Arles et de Narbonne. Et l'on dit
que Zachée le publicain, sous le nom d'Amadour, fonda, ailleurs en Gaule, une Eglise. Et l'on
entendit plus parler de Joseph d'Arimathie. Et bientôt fort loin de la Provence et du fleuve du
Rhône, la Bretagne chrétienne naquit.
Le premier siècle clos, la paix romaine règne dans les Gaules et sur l'ensemble du monde. Il
existe des Eglises un peu partout en Gaules....Mais elles ne groupent, çà et là, que quelques
dizaines de personnes: les missionnaires orientaux, souvent syriaques, et quelques Gaulois
seulement. Ce sont les premières racines.
Pendant les deux premières générations chrétiennes - disons: jusque vers 150 - voici ceux qui
engendrent dans la foi selon le témoignage direct des Apôtres, premiers témoins du Seigneur.
Ce sont : Clément de Rome, Ignace d'Antioche, Polycarpe de Smyrne; Hermas, un simple
fidèle; l'évêque Papias; les auteurs anonymes de la Didaché, de l'épître à Barnabé...
Le livre de la Didachè et l'enseignement écrit des Pères apostoliques décrivent la préparation
au baptême, ou catéchuménat, le baptême, l'assemblée eucharistique. De saint Ignace
d'Antioche nous recevons une doctrine claire et nette de l'épiscopat. De saint Clément de
Rome, l'assurance qu'il existait dès les années 90-100 une hiérarchie ecclésiastique fort
cohérente. Mais il y avait des hérésies....Et surtout les faux gnostiques.
Vers 200, à Rome, le canon de Muratori établit la bibliothèque des livres vraiment inspirés par
l'Esprit Saint. seules y font défaut les épîtres de Jacques et de Pierre.
En 202, martyre d'Irénée de Lyon. Ce prestigieux évêque naquit à Smyrne en 135, de parents
chrétiens. Il reçut les leçons de Polycarpe, le disciple de Jean. Il vint à Rome, puis fut élu
évêque de Lyon dès son installation en Gaule, en 177, après le martyre de saint Pothin. Il joua
un rôle de poids dans la fondation des Eglise de Valence et de Besançon. La querelle pascale
l'opposa à l'évêque Victor de Rome (189-198). Rome, en effet, célébrait Pâques une semaine
après l'Asie Mineure qui s'en tenait au 14 nissan, date de la tradition juive. Polycarpe de
Smyrne et Anicet de Rome avaient échoué en 155 dans leur tentative d'accorder les deux
usages. Successeur d'Anicet, Victor choisit une attitude autoritaire, allant jusqu'à menacer
d'excommunication ses collègues orientaux. Il reçut d'Irénée une lettre très ferme l'invitant à
une plus juste modération. (Au III° siècle, les Eglises d'Asie adoptèrent le dimanche d'après le
14 nisan, c'est à dire le comput romain).
A propos du "Contra haereses" que saint Irénée écrivit vers 180, il ne condamne absolument
pas la gnose, qui est connaissance intérieure du contenu de la foi dan la lumière de grâce du
Saint Esprit; mais la fausse gnose, les doctrines hérétiques usurpatrices du nom de gnose.
Défenseur de la gnose orthodoxe, il fut, dans ce livre immortel, docteur par excellence de la
Tradition.
Autre mise en garde des commentateurs romains : Irénée ne soutint absolument pas une
primauté quelconque de Rome sur les autres Eglises; mais avec un esprit de justice sans
reproche, il loua cette Eglise prestigieuse de Rome pour le rôle éminent qu'elle tenait alors,
Rome étant la capitale de l'Empire maître du monde.
Pendant le pontificat de saint Irénée, en 197, Lyon fut en partie détruite et pillée. Puis de 200
à 202, les persécutions frappèrent avec férocité les chrétiens lyonnais.
Le signe de la Croix, geste d'appartenance au Corps du Christ, se faisait au II° siècle avec le
pouce sur le front, les lèvres et la poitrine. Parmi les inscriptions chrétiennes sur les maisons,
dominait le dessin du poisson, ou le mot ICHTUS (Jesous Christos Theou Uios Sôter).
Eglise au III° siècle
L'an 202 - début de la persécution systématique. Cette phase atroce s'ouvre sous Septime-
Sévère: il faut maintenant frapper les convertis et leurs convertisseurs; on recherche les
chrétiens pour les détruire, le fait d'être chrétien étant tenu pour un crime. Martyre de saint
Irénée de Lyon.
Martyre d'Alexandre à Chalon, martyre d'Epidode à Tournus, de Valentin et Symphorien,
Andéol à Viviers. Toute l'Eglise des Gaules est durement frappée.
225 - Apparition de la Croix dans l'iconographie chrétienne.
235 - Recrudescence des persécutions : édit de Maximin en vue désorganiser l'Eglise en
s'attaquant aux évêques.
250 - Règne de Dèce et édit de persécution : la religion officielle ne pouvant être séparée du
système politique, toute abstention du culte devient trahison.
Fondation de quatre nouveaux sièges gaulois : Tours avec Gratien, Narbonne avec Paul,
Clermont avec Austremoine, Limoges avec Martial. Mais Denis de Paris est décapité avec ses
compagnons Rusticus et Eleuthère, et Saturnin subit le martyre à Toulouse.
Au III° siècle, l'Eglise est vraiment rentré dans l'histoire.
251 - le plus ancien des schismes éclate à Rome. Le prêtre Novatien s'oppose à l'Eglise. Il
fonde une autre Eglise. L'Eglise novatienne se développe surtout en Italie et en Espagne.
255 - l'Eglise des Gaules tient son premier concile à Narbonne.
256 - Concile de Carthage. Développement des divergences avec Rome. L'Afrique confirme
solennellement sa position sur l'invalidité du baptême chez les hérétiques; Rome pense que ce
baptême est valide. Refus de toute primauté de l'évêque de Rome sur les autres évêques,
et rappel que tous les évêques sont égaux entre eux dans l'épiscopat. L'Asie partage les
opinions d'Afrique; Alexandrie, celle de Rome.
257 - Aggravation de la terreur. Edit de persécution de Valérien : cette fois, la société
chrétienne elle-même est considérée comme association illicite. Sera criminel quiconque
refusera de sacrifier publiquement aux dieux. Avant tout, que disparaisse l'Eglise, société non
conforme à la société romaine.
Sixte II de Rome succède à Etienne.
258 - Nouvel édit de persécution de Valérien: l'exil s'avère insuffisant; l'évêque ou le prêtre
qui refuse de sacrifier à Rome sera exécuté. Les chrétiens de haut rang dans l'Empire
abjureront le christianisme ou seront mis à mort. En conséquence de ce nouvel édit, saint
Cyprien de Carthage subit le martyre.
259 - Denys de Rome succède à Sixte II, décapité en 258. Martyre des Gaules : Victorin au
Puy-de-Dôme, Privat à Javols, Patrocle à Troyes, Ponce à Cimiez.
260 - Un concile de Rome condamne l'Eglise novatienne. Edit de Gallien : fermeture des
procès pour faits de christianisme.
A partie de cet édit, la persécution prend fin dans les Gaules.
270 - Saint Antoine se retire au désert. C'est l'âge d'or de l'érémitisme égyptien.
284 - Règne de Dioclétien (jusqu'en 305).
285 - Etablissement de a dyarchie: Dioclétien, qui se réserve l'Orient, s'associe un collègue,
Maximin Hercule, qui gouverne l'Occident.
293 - Etablissement de la tétrarchie. Chacune des deux grandes parties de l'Empire aura deux
empereurs : un auguste et, sous lui, un césar. En Orient, Dioclétien est Auguste, et Galère est
César. En Occident, Hercule est Auguste, Constance Chlore est César.
Le César Constance Chlore, philochrétien, est une bénédiction pour les Gaules.
295 - En effet, partout ailleurs que dans les Gaules, la paix est rompue.
296 - En Orient, reprise des persécutions.
A Rome, Marcellin succède à Gaius. Mais le succès de l'Eglise de Novatien va croissant. En
Gaul, celle-ci est en régression. Et la paix continue.
300 - En Espagne, le concile d'Elvire. Rigorisme extrême. Une idée le domine: la chair, en
elle-même, serait coupable. Canon 33 : "S'ils sont mariés en entrant dans les ordres, les
évêques, prêtres et diacres ne doivent plus avoir de commercer charnel avec leurs femmes,
sous peine de déposition.
303 - Edit de Doclétien : cessation des assemblées chrétiennes; démolition des églises;
destruction des livres sacrés; abjuration forcée de tous les chrétiens exerçant une fonction
publique. Arrestation et martyre de l'évêque Anthime et de nombreux prêtres et fidèles.
La persécution fait rage en Orient, en Afrique et jusqu'en Italie.
Eglise au IV° siècle
305 - Coup de théâtre : abdication de Dioclétien à Nicodémie et Maximin à Milan. De ce fait,
Galère le persécuteur devient Auguste en Orient; il s'adjoint le funeste César Maximin Daia.
Constance Chlore, Auguste en Occident, s'adjoint Flavius Sévère, qui administre l'Espagne.
En Gaule, Constantin, vainqueur des légions rebelles, fils de Constance Chlore, s'impose en
futur chef de puissante envergure.
306 - En Orient, l'édit de Maximin Daia : tous les sujets sans exception sacrifieront aux dieux.
Tout l'Orient baigne dans la plus épouvantable terreur.
En Gaules, Constance étant mort à York, pendant la campagne de Bretagne, Constantin est
proclamé Auguste par les légions, sans consultation préalable de Galère.
307 - A Rome, jaloux de Constantin, Maxence, fils de Maximien, fait un coup de force et se
proclame Auguste. Cela fait un Auguste de trop en Occident. En Gaule, Constantin épouse
Fausta, fille de Maximien.
311 - Schisme de Donat.
Secousse à la tête occidentale de l'Empire. Maximien essaie d'assassiner Constantin dans son
lit. La tentative échoue.
312 - En Afrique, Donat développe les bases doctrinales de son schisme. Le rigorisme ne
cesse de troubler les communautés chrétiennes hors de la Gaule.
Pendant ce temps, Constantin attaque Maxence. Il marche vers Rome à la tête de 40 000
Gaulois, Germains et Bretons. Le 28 octobre, par la mort de Maxence, il devient le seul
Auguste d'Occident.
« Constantin, écrira Eusèbe, invoqué le Christ et lui donna la victoire. Il a vaincu par une
inspiration de la divinité et lui dut sa victoire ». Une nuit précédant la victoire, Constantin
reçut en effet "la vision du Labarum" (Ce labarum, portant monographie du Christ, sera inscrit
ensuite sur les étendards de toutes ses armées).
313 - édit de Milan : qui, à l'occasion du mariage de la sœur de Constantin avec Licinius,
établit la paix religieuse, mettant fin à une phase d'histoire de trois siècles.
314- Concile d'Arles, concile plénier d'Occident. 600 évêques réunis sous la présidence de
Marin d'Arles. Ce concile pose les bases de la Tradition canonique de l'Eglise des Gaules.
315 - Constantin écrit : « Je porte un entier respect à la régulière et légitime Eglise
catholique». Dans l'œuvre de l'historien Eusèbe, on lit : « Un seul Dieu fut reconnu pour
l'humanité entière; en même temps un seul et universel pouvoir, l'empire romain, se leva et
prospéra. La haine inexpiable fut désormais bannie entre les peuples, et,; la connaissance du
Dieu unique, de l'unique voie du salut, la doctrine chrétienne fut répandue parmi les hommes.
Si bien que, durant cette période, un seul souverain étant investi d'une autorité sans réserve,
une paix profonde régnait dans le monde. Ainsi, par la volonté expresse de Dieu même,
jaillirent ensemble, pour le bonheur des hommes, deux sources de félicité et de bien-être :
l'empire romain et la doctrine chrétienne de l'amour ».
L'Eglise des Gaule comptent trente évêchés. Sylvestre est évêque de Rome.
321 - Début de l'hérésie arienne. Au concile d'Alexandrie, condamné, Arius doit quitter
l'Egypte.
322 - L'arianisme progresse dans tout l'Orient. Eusèbe de Nicomédie accueille et protège
Arius.
Pacôme fonde le monachisme cénobitique dans un village oriental abandonné. Le
monachisme est né en 250, avec saint Paul de la Thébaïde fuyant la persécution de Dèce.
Maintenant le maître des anachorètes est saint Antoine, qui gagna le désert en 270.
324 - Constantin jette des forces contre son beau-frère oriental, Licinius. Il l'emprisonne, puis
6 mois plus tard, le fait étrangler. Constantin est le seul maître du monde.
Consécration de Byzance, le lieu sur lequel il ordonne la construction d'une ville : la
deuxième Rome.
325 - Concile de Nicée, premier concile œcuménique. 318 évêque orientaux en grande
majorité. L'évêque de Die y représente les Gaules (où la propagande arienne et l'arianisme y
sont encore ignorés). Afin de résoudre le problème tragique de l'hérésie arienne.
327 - Hélène, mère de l'Empereur, en terre sainte, découvre les reliques de la Sainte
Croix. La sainte femme a institué les pèlerinages et généralisé le culte des reliques. Les
Gaulois prennent l'habitude de se rendre en pèlerinage à Rome, sur les tombes où reposent les
Apôtres Pierre et Paul.
330 - Fondation de Constantinople.
335 - Concile de Tyr contre Athanase. Condamné à Nicée, l'arianisme ne désarme pas.
Athanase est déposé par les évêques de tendance arienne.
Mort de Sylvestre à Rome. à qui succède Marc.
336 - Athanase, exilé Trèves, révèle le monachisme à l'Eglise des Gaules.
Mort de Marc à Rome. Le siège reste vacant jusqu'en l'année suivante.
337 - Jules 1° évêque de Rome. Athanase se réfugie à Rome.
A l'approche de Pâques, Constantin tombe malade. Selon ce que rapporte saint Jérôme, c'est
Eusèbe de Nicomédie (favorable aux ariens) qui le baptise. Avant de mourir, Constantin
rappelle Athanase de son exil.
Après les obsèques de Constantin, une insurrection militaire met à mort ses deux neveux. Les
trois fils se partagent l'Empire. Constantin II règne sur l'Occident. C'est un orthodoxe.
338 - Athanase gagne l'Italie du Nord et les Gaules.
339 - Les premiers moines gaulois. Athanase reste dans les Gaules jusqu'en 346.
340 - Concile de Rome. Jules 1° de Rome écrit aux évêque orientaux pour défendre Athanase.
Constantin II est tué dans une bataille contre Constant. Ce dernier règne sur tout l'Occident, et
Constance (l'arien) sur l'Orient.
341- Concile d'Antioche. Consécration solennelle de "l'Eglise d'or" dont Constantin a
ordonné la construction et dont Constance ordonne la consécration. Bien que la majorité des
évêques soit orthodoxe, l'épiscopat eusébien, favorable à l'arianisme, provoque une nouvelle
déposition d'Athanase.
Golf Ulfila se lie avec Eusèbe de Nicomédie. Il est ordonné à l'épiscopat avant de revenir dans
son pays pour y répandre l'hérésie arienne.
342 - Ulfila organise une Eglise nationale Goths, dont l'arianisme schématisé à l'usage des
Germains prend des formes insolites.
343 - Concile de Sardique.
346 - Athanase quitte les Gaules et regagne Alexandrie. Il y vivra jusqu'en 355.
353 - Constance règne sur tout l'empire et l'arianisme s'installe au pouvoir dans les Gaules.
354 - Hilaire de Poitiers devient évêque. Ill comprend le danger de l'arianisme dans les Gaules
355 - Concile de Milan. Commence en Occident, la persécution des orthodoxes par le pouvoir
arien.
356 - Les ariens convoquent le concile de Bézier. En la personne d'hilaire, l'Eglise des Gaules
nouent un contact profond avec la pensée théologique d'Orient.
357 - Concile de Sirmium. Dans leur immense majorité, les évêques des Gaules repoussent la
formule hérétique de Sirmium.
359 - Concile de Rimini. Les décisions de Nicée sont approuvées à l'unanimité et l'arianisme
anathémisé. Mais l'arianisme ne désarme pas.
Concile de Séleucie : Hilaire de Poitiers s'y rend. L'admiration qu'il inspire est telle que les
évêques semi-ariens finissent par produire un texte conciliaire orthodoxe.
360 - Concile de Paris. L'ensemble de l'épiscopat des Gaules est resté ferme dans
l'Orthodoxie. L'Occident seul est solidement orthodoxe, l'Orient baigne dans l'hérésie et
l'intrigue venimeuse.
Hilaire anime aussitôt le concile de Paris. Après 35 ans de palabres orientaux, c'est dans
les Gaules que triomphe la foi de Nicée.
362 - Concile d'Alexandrie. Triomphe d'Athanase.
363 - Martin fonde le monastère de Ligugé, premier en date dans les Gaules.
364 - En Orient, baptême de Jean Chrysostome, âgé de 20 ans. La coutume orientale était
encore de ne pas baptiser dès leur plus jeune âge les enfants nés de parents chrétiens.
Devenu chrétien, l'Empire est logiquement entraîné à lutter contre le culte païen. « En une
époque où le gouvernement des hommes ne se concevait qu'associé à des données religieuses,
un Empire chrétien ne pouvait plus tolérer en son sein un paganisme puissant, qu'un Empire
païen n'avait supporter un christianisme en pleine croissance. Il était fatal que l'Empire
renouvelé persécutât la paganisme, comme il était fatal qu'il finît par faire corps avec le
christianisme lui-même » (Daniel Rops).
365 - L'Eglise des Gaules compte maintenant 60 évêchés. Martin va créer les paroisses
rurales: noyaux d'Orthodoxie autour de l'Eglise et de son prêtre.
366 - Damase évêque de Rome.
373 - Athanase d'Alexandrie naît u Ciel.
374 - Jérôme se fait moine au désert syrien.
375 - Martin devient évêque.
376 - Déclaration solennelle de Damase de Rome contre l'arianisme et contre l'Apollinarisme.
380 - Loi de Théodose : Le christianisme devient la seule et unique foi officielle de
l'Empire.
380 - Concile de Constantinople. Le concile de Constantinople fait apparaître de notables
différences psychologiques entre l'Occident et l'Orient. L'Occident vit paisiblement dans
l'Orthodoxie. L'Eglise des Gaules a son autonomie parfaite, ses rites et ses usages. Elle vit en
bonne intelligence avec Rome, dont l'évêque n'administre que la ville et la campagne
immédiate.
Par contre l'Orient se soucie des grands ensembles ecclésiastiques. Il y en a trois: Antioche, en
difficulté avec Jérusalem au sujet des prééminences; Alexandrie, qui reçoit du concile la
Primauté d'honneur.
384 - Vainqueur à la bataille d'Aquilée, Théodose étend son règne sur l'Occident. Le voici
maître de tout l'empire.
Sirice, évêque de Rome, publie les premières décrétales, lettres pontificales sur la foi, les
mœurs ou la discipline.
386 - Au concile de Rome, Sirice formule le vœu que les prêtres vivent dans la chasteté.
391 - Théodose donne le coup de grâce à l'ancien culte païen: il interdit les sacrifices et
jusqu'à l'entrée dans les temples.
396 - En Afrique, Augustin est élu évêque d'Hippone.
397 - Martin naît au ciel. Un tiers seulement de la population gauloise est chrétienne.
400 - Concile de Turin. L'Eglise des Gaules affirme solennellement le principe territorial et
manifeste sa pleine et entière autocéphalie. On se dispute pour la primatie: Vienne ou Arles ?
405 - Les Vandales (ariens) s'avancent dans les Gaules. Les Francs (paiens) percent la
frontière de l'Empire du côté de la Belgique.
L'année suivante, commence la grande invasion des peuples germaniques. Saint Martin de
Tours avait vu juste.
Georges Lusseaud
(Source "Histoire de l'Eglise orthodoxe des Gaules du I° au IV° siècle" - Georges Lusseaud -
édition Institut orthodoxe français de Saint Denys - année 1980)