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La Clé de l'Ascension: L'Ère des Déchus, #1
La Clé de l'Ascension: L'Ère des Déchus, #1
La Clé de l'Ascension: L'Ère des Déchus, #1
Livre électronique418 pages5 heuresL'Ère des Déchus

La Clé de l'Ascension: L'Ère des Déchus, #1

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À propos de ce livre électronique

La Clé de l'Ascension : livre premier de la saga L'Ère des Déchus

Il se réveilla sans souvenirs, avec seulement un nom murmuré au bord de l'agonie : Lucius.

Jeté dans une forêt ténébreuse, dans un corps jeune et étranger, il ne se souvenait d'aucun visage, d'aucun ami, d'aucun ennemi. Ses seuls compagnons étaient une douleur déchirante et l'effroyable sensation d'être bien plus qu'un garçon égaré. Dans sa conscience fulguraient des souvenirs de pouvoir et de grandeur, d'armées sous ses ordres et de destins tenus au creux de sa main.

Traqué par des bêtes nées des cauchemars et par des hommes qui le croyaient démon, son unique espoir résidait en Cassandre, une prophétesse enveloppée de mystère. Elle détenait la clé de son passé.

Pour l'atteindre, Lucius devait se plonger dans la réalité d'une cité où la confiance était un luxe et où chaque geste de bonté pouvait cacher un piège. Luttant pour survivre, son essence oubliée commençait à s'éveiller. Une force ancienne et terrifiante montait en lui. Et avec elle, ce nom que les cieux avaient maudit.

Son nom était Lucifer. L'ange déchu.

Désormais, il lui fallait trouver le Sol Oriens — la Clé de l'Ascension, un artefact puissant capable de restaurer sa pleine puissance. Mais il n'était pas le seul à le chercher.

Pour reconquérir les cieux, il devait embrasser son humanité. Mais dans un monde qui ne souhaitait que le voir chuter à nouveau, un ange pouvait-il trouver la rédemption ?

"La Clé de l'Ascension" est une épopée fantastique sur la mémoire et l'identité, sur la lutte entre l'orgueil divin et la compassion humaine.

LangueFrançais
ÉditeurCrispin Thorn
Date de sortie12 juil. 2025
ISBN9798231762347
La Clé de l'Ascension: L'Ère des Déchus, #1

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    Aperçu du livre

    La Clé de l'Ascension - Crispin Thorn

    Copyright © 2025 par Crispin Thorn

    Tous droits réservés. Aucune partie de ce livre ne peut être utilisée ou reproduite sous quelque forme que ce soit sans l'autorisation écrite préalable, sauf sous forme de courtes citations dans des articles critiques ou des critiques.

    Ce livre est une œuvre de fiction. Les noms, personnages, entreprises, organisations, lieux, événements et incidents sont soit le produit de l'imagination de l'auteur, soit utilisés de manière fictive. Toute ressemblance avec des personnes réelles, vivantes ou décédées, des événements ou des lieux est purement fortuite.

    Première édition:  2025

    Chapitre 1

    Une douleur profonde, déchirante, transperça son corps, telle une lame incandescente enfoncée jusqu’à l’âme. Un gémissement s’échappa de sa gorge — un son misérable, perdu dans le brouillard gris qui envahissait sa conscience. Chaque tentative de mouvement attisait davantage le feu de l’agonie. Ses paupières palpitaient, alourdies par des rideaux de plomb, avant de s’ouvrir. Brouillard. Épais, impénétrable et gris, il l’enveloppait comme un linceul, étouffant ses sens. Dans sa bouche, le goût de terre, de pourriture et d’amertume — le goût de l’oubli.

    Il gisait sur un sol humide et froid, jonché d’un tapis collant de feuilles en décomposition. Le froid lui mordait la peau, pénétrait ses os, cherchant à lui arracher jusqu’à la dernière parcelle de chaleur, malgré les lambeaux de vêtements qu’il portait encore. Soie et dentelle, autrefois élégantes, maintenant déchirées et souillées par la boue de l’abandon. Quelque chose... quelque chose de terrible n’allait pas.

    Qui suis-je ?

    Un nom émergea des profondeurs de sa conscience, comme un lointain souvenir d’une vie révolue. Lucius. Mais après ce nom — rien. Le vide. Aucun souvenir, aucun visage, aucun lieu familier. Seulement le nom, la douleur, et cette terreur glaciale d’être totalement seul.

    La douleur et la confusion le contraignirent à lutter pour se relever. Ses muscles protestaient, chaque mouvement était une torture. Ce corps... n’était pas le sien. Trop jeune, il avait l’impression de porter une peau étrangère. Le corps d’un adolescent, mais son esprit portait le poids de quelque chose d’ancien et de puissant. Ses doigts tremblaient tandis qu’il palpait une épaule émaciée, touchait un visage lisse et inconnu. Le corps d’un garçon, mais dans sa tête résonnaient des échos de puissance et de grandeur.

    Il regarda autour de lui. D’immenses arbres se dressaient, masquant le soleil, sentinelles de cette prison. La forêt était dense et sombre, l’air humide et lourd, chargé d’un avertissement indistinct. Le silence bourdonnait à ses oreilles, rompu seulement par son propre souffle haché.

    Désorienté, Lucius s’accrocha à un dernier espoir — ses souvenirs. Il essaya de se rappeler ce qui s’était passé, de trouver un fil conducteur pour sortir de ce cauchemar. Mais dans son esprit, il n’y avait que le vide. Rien. Seulement la douleur et l’horreur.

    — Où suis-je ? murmura-t-il, mais sa voix lui parut étrangère, comme celle d’un enfant effrayé, fragile et tremblante.

    Il scruta à nouveau les alentours, cherchant désespérément quelque chose de familier, un repère dans cette réalité. Mais tout lui était étranger et menaçant.

    Lentement, il leva une main et l’examina. Jeune, avec de longs doigts fins — une main d’artiste ou d’écrivain, pas d’un guerrier. Était-ce la sienne ? Le doute le transperça. Ce n’était pas sa main. Ce n’était pas son corps. Pourtant, au plus profond de lui, il savait : il avait un jour commandé des armées, tenu le destin de mondes dans ses paumes. Et maintenant, il n’était qu’un garçon impuissant.

    Comment... ?

    La panique l’envahit. Perdu, seul et sans défense dans cette forêt sinistre, il ne savait plus qui il était. Pire encore, il sentait au plus profond de lui que la vérité était peut-être plus terrifiante que l’ignorance. Dans sa poitrine, un sentiment de culpabilité indescriptible montait, un poids qui menaçait de l’écraser.

    Il pivota brusquement, essayant de maîtriser son cœur qui battait follement. Son regard balaya à nouveau la forêt. Des arbres. Rien que des arbres. Humides, pourrissants, l’encerclant comme des témoins silencieux d’un destin funeste. Leurs écorces fissurées et sombres comme des cheveux de vieillards murmurant des histoires incompréhensibles.

    Son regard se posa sur ses vêtements déchirés. Quelque chose lui semblait... familier ? Une infime lueur de souvenir s’échappait de sa mémoire. La délicate broderie, les coutures élégantes — des habits de noble, pas d’un homme ordinaire. Il aperçut un éclat doré, souillé de boue près de lui. Avec précaution, il le ramassa, ses doigts tremblants. Un morceau de tissu brodé d’un motif — une flamme dorée enveloppée d’une lumière lunaire. Un symbole de pouvoir, d’appartenance à quelque chose de plus grand que lui.

    Il tenta de se rappeler d’où venait ce vêtement, comment il l’avait obtenu. Ses doigts errants effleurèrent les fines coutures, cherchant des réponses par le toucher. Mais son esprit restait vide. Rien. Seulement la douleur et la confusion. Quelqu’un, ou quelque chose, avait effacé sa mémoire, le laissant comme une page blanche.

    Puis, avec une soudaine clarté, son regard revint sur ses mains. Jeunes, fragiles. Un souvenir surgit — d’autres mains, fortes, marquées par les batailles. Des mains qui avaient tenu le feu et le pouvoir, créé et détruit. Celles-ci étaient celles d’un adolescent. Inexpérimentées. Faibles. Des mains qui n’avaient jamais brandi une épée, ni invoqué des forces au-delà de l’entendement des mortels.

    Il les serra en poings, tentant de percer ce souvenir fugace. À nouveau, rien. Seulement la douleur et le vide.

    Ce n’est pas moi. Il se releva d’un mouvement brusque.

    Il sentit aussitôt ses genoux fléchir et lutta pour ne pas tomber. Non, ce corps n’était pas le sien. Il était étranger et inconfortable comme un habit taillé pour un autre. Où était-il ? Comment était-il arrivé ici ? Et surtout, qui était-il vraiment ?

    La douleur dans sa tête s’intensifia. Il s’assit sur une souche couverte de mousse, qui tacha ses vêtements déchirés. Fermant les yeux, il essaya de se concentrer. Des éclats d’images apparurent. Un château dominant les nuages, des jardins où chantaient des fleurs, des visages empreints de peur et d’amour. Une femme aux yeux étoilés lui tendant les bras. Mais tout était flou, fugace, comme des rêves emportés par le vent matinal.

    Il ouvrit les yeux. Rien. Seulement la forêt. Sombre et menaçante. Pourtant, derrière le silence, il percevait des murmures — des secrets ensevelis dans le brouillard.

    La forêt se taisait. Aucun son, hormis le bruissement des feuilles et le croassement lointain d’un corbeau. Lucius tentait de se souvenir. Comment était-il arrivé ici ? Qu’avait-il fait auparavant ? Pourquoi ce nom — son nom — pesait-il comme une malédiction sur sa langue ?

    Lucius...

    Ce nom lui était familier. Des milliers de fois, on l’avait prononcé avec crainte et respect. Mais par qui ? Dans quelle voix ? Et pourquoi provoquait-il une douleur sourde dans sa poitrine, comme si quelque chose y était brisé ? À chaque fois qu’il prononçait son nom, il ressentait une pesanteur dans sa poitrine, comme s’il portait une responsabilité qu’il ne pouvait se rappeler.

    Il tenta à nouveau de se concentrer. Il fixa intensément un arbre proche, comme s’il pouvait en arracher les réponses. Il vit des châteaux, des jardins, des gens riant et pleurant. Mais les images se brouillaient, s’écoulant entre les doigts de son esprit comme du sable.

    La panique le submergea. Son cœur battait trop vite, sa respiration était superficielle et saccadée. Cette peur était neuve, inconnue. Il savait, lui qui avait toujours été fort, confiant. Mais maintenant... maintenant, il n’était qu’un garçon perdu dans une forêt. Vulnérable et faible.

    Je suis Lucius... qui suis-je vraiment ?

    La réalisation de sa vulnérabilité le transperça. Lui, Lucius, était impuissant. Mais la vérité était là — froide et terrifiante. Il était seul, effrayé et sans mémoire. Le sentiment de perte l’étouffait, plus lourd que la douleur physique.

    L’instinct de survie s’éveilla. Il devait partir. Il devait comprendre qui il était. Il devait retrouver ce qu’il avait perdu, même s’il ne savait pas ce que c’était.

    Avec effort, il se remit debout. Son corps tremblait, mais il fit un pas chancelant. Puis un autre. Lentement, incertain, il avança à travers la forêt dense. Son jeune corps le trahissait, inaccoutumé à la douleur et aux privations, mais dans son esprit grondait une colère — l’instinct primaire de survie à tout prix.

    Il avançait, poussé par le besoin. Il ne mourrait pas ici. Il trouverait les réponses, même si elles devaient le détruire. Même s’il avait été un destructeur.

    Les branches lui fouettaient le visage, les buissons lacéraient sa chair à travers ses vêtements déchirés, laissant de fines stries sanglantes. Chaque mouvement lui arrachait une douleur, mais il persévéra, la rejetant au fond de lui. Chaque pas était une petite victoire, chaque souffle — un triomphe sur le désespoir.

    Il tentait en vain de s’orienter. La végétation dense le désorientait. Ni soleil, ni vent, seulement des arbres. Des rangées interminables d’arbres engloutis par les ténèbres et l’inconnu.

    Où aller ? se demanda-t-il sans trouver de réponse. Peu importe. Je dois juste avancer.

    En avant, poussé par l’instinct seul. Il trébuchait sur des racines et des branches mortes. Les feuilles pourrissantes sous ses pieds crissaient, évoquant la mort — humides et lourdes, comme s’il foulait la chair de ceux qui avaient depuis longtemps rejoint la terre. Il se sentait prisonnier d’un labyrinthe brun-gris.

    Les minutes, peut-être des heures, passaient. Seul comptait l’imperatif : avancer. Ne pas s’arrêter. Ne pas céder. Obéir à cet instinct de puissance et de grandeur qui couvait en lui.

    La fatigue le gagnait, mais il ne pouvait s’arrêter. Il devait trouver quelqu’un, quelque chose. Comprendre ce qui se passait. Récupérer ce qu’il avait jadis possédé.

    Plus il marchait, plus il se perdait. La forêt s’assombrissait. Les ombres s’allongeaient, prenaient des formes menaçantes. Les arbres s’entrelaçaient en silhouettes difformes, évoquant des humains torturés dans une danse agonisante. Des bruits étranges lui parvenaient — pas feutrés, cris lointains. Des sons qui n’appartenaient pas à une forêt normale.

    Qu’était-ce ? songea-t-il. Des animaux ? Ou pire ?

    Un frisson lui parcourut l’échine. Il était seul. Et la forêt l’observait. Les yeux froids des arbres séculaires transperçaient l’obscurité. Il sentait leur regard, pesant et accusateur. Quel crime avait-il commis pour que même la nature le juge ?

    Son errance ne faisait qu’approfondir son sentiment de perte. Il était tombé dans un piège conçu pour lui. Punition ? Épreuve ? Il l’ignorait, mais sentait que la réponse importait.

    Je dois me calmer. Réfléchir. Trouver comment sortir de cette forêt.

    Il s’arrêta, s’adossa à un arbre et tenta de reprendre son souffle, mais ses poumons brûlaient. Son cœur battait la chamade. Il ferma les yeux, cherchant à se rappeler quelque chose de bon. Mais son esprit n’était que vide, hanté par des ombres et des murmures.

    Il rouvrit les yeux. La forêt. Toujours là. L’encerclant, l’étouffant. Il avala sa salive, goûtant l’amertume de sa propre peur. Un corps d’adolescent, mais quelque part au fond de lui, il savait — il avait été bien plus.

    Je ne céderai pas. Je ne laisserai pas cette forêt l’emporter. J’avancerai, même si j’en meurs.

    Malgré la peur, une étincelle s’alluma en lui. Une rage disproportionnée pour ce jeune corps. Il se battrait. Il trouverait une issue, dussé-il le faire à mains nues. Dussé-il réduire cette forêt en cendres.

    Il repartit. Les buissons le griffaient, les branches l’agrippaient comme des doigts avides. Des bruits inquiétants lui parvenaient — grognements étouffés, craquements de branches. Ils déchiraient le silence, se mêlant aux murmures de victimes qu’il ne parvenait pas à se remémorer. Dans sa vision périphérique, des ombres glissaient entre les arbres — plus noires que les ténèbres, plus rapides que le vent. Son cœur bondit d’horreur.

    Qu’est-ce que c’est que ce truc ?

    Conscient du danger, Lucius se raidit. Son jeune corps fut inondé d’adrénaline — corps de proie habituée à fuir, mais âme de prédateur rompu à la chasse. Les sons venaient de devant, de côté, comme si on l’encerclait.

    Immobile, il retint son souffle, écoutant le silence de la forêt. Seul et impuissant, quelque chose le traquait. Une chose dangereuse. Une chose qui savait qui il était. Une chose venue achever ce qui avait été commencé.

    Je dois fuir. Tout de suite.

    Son instinct hurlait. Mais où ? Des arbres partout. Nul abri. Un lapin pris au piège, entouré de chasseurs.

    Non, je ne fuirai pas. Je l’affronterai, quoi que ce soit. Je ne laisserai pas la peur me paralyser.

    Il serra les poings pour calmer ses mains tremblantes. Il devait se préparer à combattre. Son regard chercha une arme improvisée. Même dans ce jeune corps, même privé de mémoire, il n’était pas né pour être une victime.

    Il repéra une branche morte, assez longue pour servir. Il la ramassa avec précaution et l’empoigna. Il se défendrait. Le bois était sec et fragile, mais c’était tout ce qu’il avait.

    Il inspira profondément, tentant de maîtriser son cœur, et avança prudemment. Malgré l’effort de chaque pas, il s’efforçait d’être silencieux. Il se mouvait en prédateur malgré son corps de proie. Un souvenir émergea — lui, glissant parmi les ombres, les dominant.

    Il s’approcha d’un grand arbre et pressa son dos contre son tronc, espérant y puiser du réconfort. L’écorce était rugueuse contre son épaule meurtrie, son souffle — tellurique et ancien. Il scruta les alentours. Les ombres bougeaient, mais il ne distinguait rien. Ses paumes moites faillirent lâcher la branche qu’il serrait comme un talisman face aux ténèbres.

    Les grognements s’intensifièrent, plus menaçants. Plus proches, gutturaux. La bête n’était qu’à quelques mètres. Il empoigna la branche plus fermement, prêt à l’inévitable. Un autre prédateur lui revint en mémoire, un duel passé. Mais il n’avait pas été seul alors. Il avait eu la force.

    Viens. Montre-toi... J’espère être prêt.

    Il ne l’était pas. La créature qui jaillit des buissons était monstrueuse, déchirant l’ombre. Un fauve aux yeux ardents comme des braises infernales, aux crocs prometteurs de déchirures. Sa peau — noire comme la nuit, luisante et crevassée, comme parcourue de lave. Une aberration sortie d’un cauchemar.

    Lucius resta figé, terrassé par l’horreur. La peur le paralysa. Impossible de bouger, de crier. Son jeune corps le trahissait, figé dans l’effroi, tandis que son âme hurlait avec la voix d’une ancienne bataille. Condamné, mais quelque chose en lui se soulevait — un souvenir de force, de pouvoir, de feu.

    La bête gronda, exhibant ses crocs affamés. Ses muscles bandés se préparèrent à bondir pour mettre fin à l’agonie de l’homme. Une bave noire et fumante dégoulinait de sa gueule, brûlant les feuilles qu’elle touchait.

    Lucius sentit le temps ralentir. Quelques mètres le séparaient de la mort, mais c’était un abîme infranchissable. Dans cet instant, une mémoire fulgurante jaillit — si vive, si terrifiante qu’elle éclipsa même sa peur.

    Un souvenir d’ailes de flammes. De chute à travers ténèbres et étoiles. D’une fierté trop vaste pour les cieux.

    * * *

    Il n'était pas seul. Les buissons s'écartèrent et des ombres de la forêt surgirent d'autres créatures. Pas une seule, mais toute une meute. Une meute née de la peur, au pelage hérissé, aux crocs acérés et aux yeux jaunes flamboyants, emplis d'une sauvage malignité. Ils l'encerclèrent, un anneau compact de démons grondants, comme convoqués des recoins les plus sombres de l'enfer.

    Les derniers reflets du couchant perçaient entre les branches dénudées des hêtres, teintant le sol d'un rouge sang. Le vent s'était calmé, comme si la forêt elle-même retenait son souffle avant l'affrontement à venir. Seul le bruissement des feuilles sèches sous les pattes des bêtes troublait le silence menaçant.

    Pris au dépourvu, Lucius recula instinctivement, trébuchant sur le sol glissant jonché de feuilles putrides. Son pied dérapa et il s'effondra. Avant qu'il ne puisse se relever, la première bête bondit sur lui, enfonçant ses crocs dans son bras gauche. La douleur. Pas seulement de la douleur, mais une agonie tranchante qui lui transperça les os et arracha un gémissement à sa gorge.

    — Aaah ! hurla-t-il, mais sa voix se perdit dans les grognements de la meute.

    Les crocs s'enfoncèrent profondément dans sa chair, déchirant les muscles, heurtant l'os. Le sang gargouillait, teintant la mousse sous lui d'un rouge sombre. La douleur était insoutenable, comme un fer brûlant enfoncé dans sa chair.

    Est-ce là ma fin ? La pensée jaillit dans son esprit – vive, terrifiante. Mourir sans mémoire, déchiré par des bêtes dans une forêt inconnue ? Quelque chose gonfla dans sa poitrine – un refus, un déni d'accepter un tel destin.

    Le sang lui battait aux tempes, chaque fibre de son corps s'emplit d'une énergie fiévreuse. Pas seulement un frisson, mais une avalanche de feu qui balaya la peur et la transforma en fureur. Une fureur née du désespoir, alimentée par la volonté de survivre. Avec un rugisse ment sauvage, il brandit la branche, tentant de frapper la créature qui le déchirait. Elle émit un cri aigu et bondit en arrière, laissant une plaie palpitante et une douleur atroce, mais la meute ne lui laissa pas le temps de reprendre son souffle. Ils avaient faim. Ils étaient impitoyables.

    Un instant, des images fragmentées traversèrent son esprit – un haut palais de cristal, des visages sévères emplis de jugement, une lumière aveuglante. Étaient-ce des souvenirs ou des divagations nées de la douleur ? Il n'avait pas le temps de le découvrir.

    Il se battait pour sa vie, désespérément, sauvagement. Il n'y avait aucune élégance à cela, il était comme eux – un animal acculé. Les créatures étaient rapides, acharnées, comme des ombres remplies de malice. Elles l'attaquaient de tous côtés, cherchant à le traîner dans la boue et la mousse gluante de sang. Il les repoussait avec la branche, la faisant tournoyer avec rage, mais elles ne renonçaient pas. Elles se mouvaient comme un seul organisme, coordonné, instinctif – quand l'une reculait, une autre attaquait.

    Il réussit à frapper l'un des chiens infernaux au museau. Il entendit distinctement un cri de douleur, sentit un os craquer. La bête recula, étourdie, mais fut aussitôt remplacée par une autre, encore plus déterminée à le déchirer. Son bras gauche tremblait de douleur, le sang coulait entre ses doigts, mais il ne pouvait pas s'arrêter. Il ne pouvait pas se permettre de s'arrêter.

    — Allez-vous-en ! cria-t-il dans une ultime tentative pour les effrayer. Sa voix était rauque de douleur et d'effort. — Éloignez-vous de moi !

    Ne montre jamais ta peur à tes ennemis. La peur est le premier pas vers la défaite. À qui appartenait cette voix dans sa tête, sévère et catégorique ? Son père ? Un maître ? Il ne pouvait s'en souvenir, mais les mots résonnaient avec vérité.

    Il ne savait plus ce qu'il faisait, il agissait par instinct – se battre, survivre. Son corps exécutait une danse grotesque avec la mort, chaque coup, chaque cri n'était qu'une tentative de survivre. Je dois vivre, traversa son esprit comme une étincelle. Je ne peux pas mourir ainsi. Pas ici. Pas maintenant. J'ai... quelque chose d'important à accomplir. Une promesse à tenir.

    La brume devant ses yeux s'épaississait, les couleurs se brouillaient. Le sang qui s'écoulait de sa blessure formait désormais une flaque sous lui. Les premiers signes de choc s'insinuaient en lui – une sueur froide, une légère fièvre, des vertiges. Pourtant, chaque battement de son cœur l'emplissait d'une détermination farouche à survivre.

    Il chancela en arrière, ses jambes flanchèrent et il s'effondra au sol. La boue colla à son visage, le goût de la terre et du sang emplit sa bouche. La meute se jeta sur lui comme une vague de crocs acérés, de griffes et de rage bestiale. Tout se fondit dans un chaos infernal – grognements, aboiements, grincements de dents, douleur perçante. Il essaya de se débattre, d'échapper aux crocs acérés, mais il était trop faible. L'air était lourd de l'odeur de la sueur, du sang et de l'haleine animale – un mélange qui enflamma une peur primale dans sa poitrine.

    La lune apparut derrière les nuages, inondant la scène d'une lumière argentée. Un instant, les chiens ne semblaient plus de simples bêtes, mais des êtres d'un autre monde – des messagers venus avec un dessein. Étaient-ils une épreuve ou un châtiment ?

    Avec le désespoir d'un condamné, il brandit la branche à l'aveugle, espérant repousser la vague de bêtes. Il frappa l'un des chiens au flanc, qui s'affaissa, mais les autres continuèrent d'attaquer. Ce n'était qu'un répit éphémère. Il devait trouver quelque chose, un moyen de s'extirper de cette étreinte sanglante.

    Utilise l'environnement, vint soudain une révélation. Ne combats pas la multitude. Fais-les se battre entre eux.

    Il roula sur le côté, hurlant de douleur, essayant de se libérer de l'emprise de la bête accrochée à son bras ensanglanté. Rassemblant ses dernières forces, il lui envoya un coup de pied dans le ventre, espérant la faire fuir. Le chien gémit et recula, libérant son bras, mais la douleur persista, brûlante, le poussant vers l'horreur.

    Il bondit sur ses pieds, serrant son bras blessé, regardant le sang continuer à couler entre ses doigts. La rage commença à s'estomper, laissant place à une faiblesse et une douleur insupportables. Son cœur battait à se rompre, étouffant presque les sons de la forêt. Sa fierté, cette part inébranlable de son être, se dressa comme un bouclier face à la peur.

    Malgré l'assurance qu'il tentait d'afficher, le doute s'insinua dans son esprit. Il était seul contre une multitude. Blessé et perdant du sang à chaque minute. Pouvait-il vraiment vaincre ? Il rejeta immédiatement cette pensée – douter, c'était se rendre.

    — Je vous tuerai ! Sa voix tonna, emplie de colère et de désespoir. — Je vous tuerai tous ! Je vous renverrai en enfer !

    Il fit tournoyer la branche au-dessus de sa tête, prêt à combattre. Les chiens reculèrent, surpris par sa soudaine fureur, par l'éclat qui brillait dans ses yeux. Il n'était plus un garçon effrayé, mais une bête prête à se battre jusqu'à la dernière goutte de sang. Plus jamais je ne serai faible, cria quelque chose au plus profond de lui. Plus jamais je ne serai une victime.

    À cet instant, il ressentit une ancienne douleur, sans rapport avec les morsures – un souvenir d'humiliation, des moqueries de ses pairs, un sentiment d'indignité. La colère s'embrasa avec une nouvelle force, nourrie non seulement par la menace présente, mais aussi par de vieilles blessures.

    Les bêtes commencèrent à tourner en cercle autour de lui, guettant leur proie. Il les observait attentivement, chaque mouvement, chaque grognement augmentait la tension. Il sentit quelque chose s'éveiller en lui. Quelque chose d'ancien, de sauvage, une force venue des profondeurs de son âme.

    Sa posture changea – légèrement penché, le poids réparti uniformément, la branche fermement serrée. Il ignorait d'où venaient ces réflexes, mais son corps s'en souvenait, même si son esprit avait oublié. Un sang-froid glacé rendit ses jambes stables et son bras droit puissant. Son corps se détendit, prêt à réagir.

    Il leva la branche, prêt à affronter son destin. Il serra les dents, la douleur aiguë dans son bras s'atténua en un battement sourd tandis que cette nouvelle force inconnue emplissait chaque cellule de son corps. Ses pupilles se dilatèrent dans l'obscurité, aiguisant sa vision. Il pouvait distinguer chaque goutte de bave sur les crocs des bêtes, chaque frémissement musculaire annonçant une attaque.

    Comme si le temps ralentissait, pensa-t-il, stupéfait par la clarté de ses perceptions. Les chiens se mouvaient comme à travers une épaisse mélasse, chacune de leurs actions prévisible et claire. Était-ce un délire pré-mortem ou quelque chose de plus ?

    L'un des chiens bondit comme un dément. Lucius réagit par instinct. Il balança la branche, avec mesure et précision. Le coup s'abattit violemment sur la tête. Le chien ne poussa même pas un cri, il s'écroula au sol, immobile.

    Pendant une fraction de seconde, il aperçut une lueur enveloppant sa main – argentée, éthérée, presque invisible. Puis elle disparut, le laissant se demander si ce n'était pas le fruit de son imagination.

    Les autres chiens hésitèrent. Un instant, il vit de la confusion dans leurs yeux, peut-être même de la peur. Un sourire cruel et froid se dessina sur ses lèvres. À cet instant, il se sentit invincible, une force incontrôlable.

    Ce sentiment de puissance... il est dangereux, chuchota une voix au plus profond de lui. Il t'a déjà détruit une fois. Il ne comprenait pas l'avertissement, mais cela le fit hésiter, ébranlant sa confiance.

    Mais leur nombre leur donna de l'assurance. Leur faim était trop forte. Ils bondirent sur lui à nouveau, comme une vague de crocs acérés et de fureur.

    Il combattait avec fureur, utilisant la branche comme bouclier et épée. Cette fois, il était plus stratégique — attirant un chien vers lui, le poussant à attaquer avant de le diriger pour qu’il en percute un autre. Il utilisait leur nombre contre eux, créant le chaos dans leurs rangs. Chaque coup était ciblé, chaque mouvement — délibéré.

    Il trouva dans son sang-froid une force, mais savait qu’il ne tiendrait pas longtemps. La blessure à son bras lui siphonnait son énergie, goutte à goutte, tel un tourbillon qui l’emporterait vers l’oubli. Ses gestes se faisaient plus lents, sa vision — plus floue. Ses vêtements, trempés de sang et de sueur, collaient à sa peau comme une seconde épiderme.

    Il devait trouver un moyen de fuir, de surpasser ces bêtes, de reprendre le contrôle. Il devait survivre. C’était la seule chose qui comptait. Peu importait son passé, peu importait sa raison d’être dans ce monde — rien n’aurait d’importance s’il mourait ici, dans cette forêt oubliée des dieux.

    La branche dans sa main s’alourdissait à chaque coup. Ce n’était pas une épée de fer, mais un simple bout de bois — brut, rugueux, éraflé par le combat. Comme lui — improvisé, imparfait, mais refusant de rompre.

    Peut-être que je n’ai pas besoin de les vaincre, lui vint soudain cette intuition. Je dois juste les faire renoncer.

    L’instinct de survie le propulsa en avant, attaquant, aveuglé par la nécessité. Il vit l’un des chiens se préparer à bondir, et en cet instant, quelque chose en lui se brisa. Un grondement monta dans sa poitrine, une force naissante, le secouant. Une rage pure, animale, l’envahit.

    Quand le chien bondit, Lucius était prêt. Il n’eut même pas à réfléchir. Une vague d’énergie l’enveloppa, le transformant, lui donnant une puissance nouvelle. Et, à sa propre surprise, il terrassa la bête avec une force bestiale. Le chien gémit pitoyablement et roula en arrière, percutant les autres, semant le chaos.

    Une étrange sensation traversa son corps — une chaleur partant du cœur et irradiant dans toutes les directions. Un instant, il lui sembla que des ailes se déployaient dans son dos — non physiques, mais comme une ombre, un souvenir de quelque chose de perdu depuis longtemps. Sa fierté se mêla à sa colère, créant quelque chose de neuf — une volonté pure, brute.

    La douleur et la peur disparurent, remplacées par une concentration surnaturelle. Tout ce qui comptait, c’était survivre. Il était presque calme, comme un observateur de son propre combat. La chaleur emplit ses veines, chargeant ses muscles.

    Il se redressa, comme s’il n’était pas blessé, comme s’il n’était pas épuisé. Bien que le sang continuât de couler de sa plaie, il ne le sentait plus. Quelque chose en lui était plus fort que la douleur et la peur. J’ai toujours été fort, murmura une voix dans son esprit. Je devais juste m’en souvenir.

    Pourtant, une autre partie de lui observait la scène avec inquiétude. Cette montée de puissance était contre-nature, étrangère. Quelque chose s’éveillait en lui — ancien et puissant, mais aussi dangereux, imprévisible. Était-ce son vrai Moi, ou quelque chose d’autre, d’extérieur, qui le possédait ?

    Il balança la branche. Cette fois, le coup fut différent — plus lourd, plus précis. Le chien qui tenta de l’attaquer recula. Mais deux autres le chargèrent. Leurs crocs cherchaient sa gorge, leurs pattes tentaient de le faire tomber. Il devait rester vigilant, utiliser sa force avec sagesse. Chaque coup devait être parfait, chaque mouvement — efficace. Il ne pouvait se permettre la moindre erreur.

    La mousse sous ses pieds était glissante de sang, chaque pas — risqué. Le vent se leva, les arbres bruirent, comme si la forêt elle-même protestait contre la violence qui se déroulait en son sein. La lune apparut entre les

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