À propos de ce livre électronique
À PROPOS DE L'AUTRICE
Aenor DeWinter puise son inspiration d’Aliénor d’Aquitaine, une reine médiévale réputée pour sa fougue et son courage, des traits qu’elle recherche ardemment en elle-même. De cette admiration est né le personnage de Wilwarin, une version héroïque de l’auteure. Le nom Winter évoque subtilement l’hiver, un hommage à son esprit empreint de magie et à sa passion pour les paysages enneigés, similaires aux vents du Nord.
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Avis sur Les enfants de la lune - Tome 1
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Aperçu du livre
Les enfants de la lune - Tome 1 - Aenor DeWinter
La playlist de l’écrivain
Chapitre I
La sorcière
Petit message aux lecteurs
J’espère que votre lecture se déroulera bien et que le choix de cette playlist vous permettra de vous fondre dans ce décor ô combien particulier. Le monde d’Andamora n’attend plus que vous.
Prologue
Des bruits de pas se firent entendre à travers la forêt, les arbres regardèrent silencieusement, les oiseaux n’osèrent plus chanter. Très vite, les pas accélérèrent. Il était certain que quelqu’un fuyait… Il régnait dans l’atmosphère un air pesant, une lourdeur ne pouvant signifier qu’une seule chose, un mauvais présage était sur le point de s’abattre…
Les pas se rapprochèrent. Une plume se coucha sur le sol. Contre toute attente, la forêt ne semblait pas avoir peur, bien au contraire, elle se réveilla, s’illumina, gagnant de la force… Petit à petit, on put distinguer une ombre, c’était un être humain, une femme ! Elle courait haletante en direction de son destin, il émanait d’elle une certaine force, de la bravoure, du courage, elle ne fuyait pas, bien au contraire, elle allait de l’avant. Derrière elle se tenait un loup ! Ce dernier la suivait comme son ombre, un lien les unissait. La Forêt s’animait, les arbres parlèrent ensemble, les oiseaux reprirent leur chant, les fleurs s’ouvrirent, laissant leur beauté éclater aux yeux de tous…
Puis tout s’arrêta. La jeune femme avait disparu et à la place se tenait un papillon. Le loup s’inclina puis se mit à hurler, très vite rejoint par les hurlements d’autres loups. Le temps s’assombrit, la lumière se dissipa, dans le ciel survint une éclipse…
Isadora se réveilla haletante, couverte de sueur. La vieille dame tenta de reprendre sa respiration et ses esprits, elle se leva doucement de son lit et se saisit d’un papier et d’une plume. Voilà de longs mois que les rêves avaient commencé à hanter ses nuits.
Pourtant, Isadora les connaissait bien, elle était l’une des « sages » du royaume, elle pratiquait présages et sciences divinatoires depuis sa naissance, que l’on estimait autour de la création de ce monde, d’Andamora…
Malheureusement, elle était bien vieille et son esprit était la plupart du temps absorbé par sa consommation excessive de plantes hallucinogènes. On ne venait la voir que pour consulter son avenir, lire les lignes de la main. Tous la considéraient comme « folle ».
Isadora se moquait bien de ce que l’on disait d’elle en temps normal, mais depuis l’apparition du premier rêve, il y a dix mois, elle sentait que quelque chose était en train de se produire et elle aurait bien aimé qu’on la croie ! Seule son amie Yora la comprenait, il était bien difficile en effet d’échapper aux prédictions.
Isadora eut beau se forcer, elle ne parvint pas à dessiner de mémoire l’apparence que pouvait avoir la jeune femme, elle se contenta des maigres indices dont elle disposait (une plume, un loup, un papillon et une éclipse).
Isadora reprit une bouffée de sa fumée. Une plume, un loup, un papillon et une éclipse. Alors qu’elle s’apprêtait à reprendre une nouvelle bouffée de sa drogue, une illumination la frappa, semblable à un éclair lui traversant le corps, électrisant toutes ses cavités nerveuses !
Serait-il possible ? Après toutes ces années, l’élue est enfin arrivée ?
L’heure est-elle enfin venue ?
Isadora savait qu’il serait impossible pour elle de retrouver le sommeil même si nous étions en pleine nuit. Saisissant sa feuille et sa plume, elle rédigea une longue lettre à l’intention de son amie prophétesse Yora. Il allait falloir de longues heures avant qu’elle ne la reçoive et le temps était son ennemi, mais elle n’avait pas d’autres choix. Isadora sut au fond d’elle que très vite les choses allaient s’accélérer et elle se demanda alors à quel moment son homologue Huren l’apprendrait et en informerait le roi Aegnor.
Cent longues années que le dénommé Aegnor s’était autoproclamé Roi d’Andamora après une guerre causant la scission entre les quatre continents peuplant notre monde. Les peuples aujourd’hui se livraient bataille. Il était triste que de vieilles ententes soient réduites à de sempiternels affrontements, et tout cela dans l’unique but de s’enrichir.
S’il était bien question de ce à quoi elle pensait, la paix pourrait de nouveau être envisageable ! Isadora se redressa fièrement de son fauteuil. En un instant, elle retrouva une vigoureuse jeunesse, une mission l’attendait ! Elle devait partir trouver cette fille et Yora lui serait d’une aide très utile !
« Que le règne du faux roi s’éteigne et que la paix renaisse ! »
(Isadora jeta au feu sa pipe et se tourna vers son hibou Ailes-Grises).
Le roi se tenait penché sur son balcon. Cela faisait des mois qu’il était tendu, ne sachant pas réellement ce qui pouvait le tracasser ! Il était Roi et tout en effet pouvait le contrarier. Il savait qu’il n’était point aimé et il lui faudrait encore du temps et de l’énergie avant que tous ses sujets le considèrent comme légitime.
Il fallait dire qu’Andamora n’avait pas de bonnes relations avec les rois. La légende disait qu’aucun roi ne fut jamais proclamé. Aegnor lui-même fut bercé dans son enfance par les récits fantastiques de dragons, d’Elfes, d’hommes et de nains.
Malheureusement pour lui, son propre père Adunakhor était un être diabolique, méprisant sa femme et ses enfants. Aegnor tentait tant bien que mal encore aujourd’hui d’expurger le sang de ce paternel si détesté.
Il n’était pas comme lui, il n’était pas cet homme que l’on décrivait ! Depuis son autoproclamation, il avait entendu des choses à son sujet toutes plus loufoques les unes que les autres. On disait qu’il tuait ses esclaves et buvait leur sang.
Malheureusement, ces rumeurs étaient très courantes quand il était question des « Elfes Noirs », son peuple. Il était vrai que son clan était à part, mystérieux, renfermé et pratiquant l’inceste.
Aegnor avait bien une sœur ainsi que deux frères, mais cette dernière avait disparu depuis de longues années, son frère aîné aussi diabolique et hideux que leur père étaient tous eux morts. Il ne lui restait que son plus jeune frère Astaldo, plus concentré sur l’étude des livres que sur la politique ou l’armée.
Aegnor s’agrippa à la rambarde du balcon, le temps était suspect. Cela faisait environ dix mois qu’il avait du mal à dormir, happé par des rêves qu’il ne comprenait pas. Son sage Huren ne parvenait pas malgré ses soins à détendre complètement le roi, dont l’anxiété augmentait à mesure que l’heure du sommeil arrivait.
Aegnor se retourna pour trouver sa fille Elwing à deux pas. Cette dernière s’approcha sans attendre la permission, elle lui caressa le dos et l’embrassa sur la bouche.
La relation qu’il entretenait avec Elwing n’était un secret pour personne. C’était une chose normale d’avoir des liens intimes entre membres d’une même famille, au sein de leur terre. Cela était autrement au sein de Kingdoor où les différents peuples et coutumes se confondaient !
Leurs corps se mélangeaient sous les draps. Après l’amour vint la passion, une passion dévorante qui les consomma l’un après l’autre. Auprès d’Elwing, Aegnor se sentait compris, épaulé dans sa tâche, rassuré.
Confortablement allongés l’un contre l’autre, Aegnor sombrait peu à peu dans les bras de Morphée tandis qu’Elwing se tenait dans ses bras.
Je te serai fidèle jusqu’à ma mort, ne servant que toi ! Notre sang est pur, bien plus important que tout autre manant. Nous sommes les descendants de la Déesse Celebrian, nous sommes des êtres suprêmes.
Elwing et Aegnor se firent un sourire entendu et Aegnor inclina légèrement la tête, signe qu’il était d’accord avec la proposition.
Aegnor se releva et s’étira, il se déplaça face à la fenêtre. Quelque chose se préparait, il en était convaincu, voilà des mois qu’il en rêvait. Le visage d’une femme le hantait, elle semblait l’attendre chaque nuit.
Elle était là, le regardant, tapie dans l’ombre, son regard d’un vert émeraude le défiait ! Elle savait qui il était bien entendu, mais elle n’avait pas peur. Serait-il possible qu’elle soit une sorcière ?
Aegnor les avait pourtant conduites à l’errance. Elles vivaient recluses sur le continent des Terres de l’Ouest, personne à ce jour n’avait retrouvé leurs traces. Elles n’avaient pas disparu, elles se regroupaient devenant plus fortes de jour en jour et plus nombreuses. Aegnor en était convaincu.
Mais la magie qui circulait dans l’air n’était pas leur œuvre, quelque chose semblait s’être réveillé.
Un instant… Non ! Cela était impossible ! Il ne pouvait s’agir de cela.
Aegnor avait un secret ! Un secret avec lequel il était parvenu à vivre jusque-là, mais qui aujourd’hui menaçait d’être révélé.
Sa peur prit le dessus, il devait mettre un terme à tout prix à cette ignominie.
À contrecœur, elle se leva doucement et se rhabilla. Vexée de cet affront, elle partit en claquant la porte.
Aegnor se retrouva seul, en proie à ses démons. Les deux mains jointes en prière, il leva les yeux au ciel et débuta sa lamentation.
La chasse avait été prometteuse, il avait eu de la chance cette fois, sa famille ne mourrait pas de faim.
Diarmait était perdu dans ses pensées, il ne regardait pas autour de lui. Après tout, cela faisait des années que la sublime forêt de Verdeuil avait perdu de son éclat et ne méritait plus que l’on s’y attarde.
Les feuilles de ces arbres autrefois d’un vert éclatant n’étaient plus que marron foncé, les fleurs étaient continuellement desséchées, le sol recouvert d’herbe gelée, le soleil et la chaleur semblaient s’être exclus de ce lieu, personne ne pouvait dire depuis quand le malheur y avait élu domicile.
Les villageois avaient volontairement laissé propager les rumeurs depuis plusieurs siècles, la majorité jugeait que le règne d’Aegnor en était directement responsable.
Après tout, il était issu de la lignée des Elfes Noirs et ces derniers avaient la triste réputation d’apporter le malheur. Déjà que les rumeurs de consanguinité avaient bien terni leur image et leur réputation, mais ils étaient en plus craints.
On disait d’eux qu’ils pratiquaient les sacrifices humains, tuaient de jeunes enfants et des bébés, buvaient leur sang dans le but de garder leur éternelle jeunesse…
Comment Aegnor avait-il pu ainsi gagner la confiance de ses sujets ? Lui qui de plus priait une autre déesse bien différente de Vahja, déesse semblable à nous mortels…
Au loin, des cris éclatèrent au sein de sa ferme, Diarmait pressa le pas. Il sut instantanément ce qui se passait, il devait se hâter !
Isadora se réjouissait ! Après cinq jours de marche, elle venait enfin d’arriver à sa première destination ! Elle n’avait aucune certitude que son plan pouvait marcher, son instinct l’avait amenée en ces lieux où une grande puissance magique régnait. Elle sentit que quelqu’un l’attendait, quelqu’un qui devait avoir besoin d’elle.
Elle suivait depuis de longues minutes un homme dans les bois avec des cadavres de lapins qui lui pendaient à l’épaule. Ce dernier était perdu dans ses pensées et ne remarqua pas la vieille dame qui le suivait au pas.
Un cri retentit au loin et l’homme courut dans sa direction. Isadora comprit qu’elle ne devait pas le perdre de vue, malgré son âge avancé, elle se précipita à sa suite aussi vite qu’elle le put !
Les cris l’épuisaient, l’anéantissaient, Rhéa se sentait impuissante face au tourment de sa fille adorée, cette enfant qu’elle avait eu tant de mal à avoir et que Vahja, prise de pitié, leur avait accordée à elle et à Diarmait. Asta était différente.
C’était souvent le cas pour les enfants dits « nés de la lune ». Ils étaient malheureusement un fardeau pour leur famille. Ils étaient aussi très isolés et développaient des « capacités » qui leur coûtaient l’incompréhension et bien souvent l’exclusion de la communauté.
Asta était encore si jeune et pourtant si mature. Ses visions avaient commencé à se développer sous la forme de rêves, alors qu’elle n’avait pas cinq ans. Elle avait appris à les retranscrire en dessin. Petit à petit, ceux-ci révélèrent des détails sur la vie passée de ses parents.
C’était à partir de ce moment que Rhéa était tombée malade. Asta avait aujourd’hui seize ans et voilà près d’un an que ses visions devenaient de plus en plus incontrôlables, elle entrait alors en transe, complètement possédée par ce qu’elle percevait.
Quand cela cesserait-il ? Rhéa avait beau être novice en magie, elle savait bien que les magiciens et autres sorcières étaient chassés, exilés dans les terres isolées, condamnés à une errance sans fin. Aujourd’hui, elle en venait à prier que son enfant lui soit retiré.
La fièvre était tombée, Asta ouvrit les yeux et essaya de s’adapter à l’obscurité. Une migraine horrible la frappa. Cela avait beau être quotidien, elle ne s’habituait pas à la terreur que lui déclenchaient ses visions, de plus en plus intenses et réelles.
Une main lui tendit une tisane dans un geste chaleureux, Asta prit la tasse sans vraiment y prêter attention.
Asta, encore endormie, releva la tête et alors qu’elle pensait trouver sa mère ou son père à son chevet, elle fut interloquée de voir une dame étrange assise au bord du lit. Cette femme ne lui semblait pas inconnue, bien qu’elle ne sût dire pourquoi.
La vieille dame lui sourit et l’espace d’un instant, son visage s’illumina. Oui, il était évident qu’elles se connaissaient.
Isadora regarda autour elle, légèrement inquiète. Il n’était pas recommandé de nos jours d’évoquer ce sujet, bien qu’avec son âge avancé, elle ne fût en aucun cas superstitieuse.
De plus, les sorcières ne sont qu’un petit clan au sein du large cercle des êtres magiques.
À cet instant précis, une vision traversa Asta dans toutes les fibres de son corps. Elle se vit au milieu d’un champ de bataille. Des corps brûlés, morcelés, jonchaient le sol. En s’y attardant, elle remarqua parmi les centaines de milliers de corps, des femmes et des hommes, des nains, des Elfes, des loups, des guerriers. Nul doute que la bataille fut sanglante et ce n’était certainement pas la première.
Des bruits de pas progressaient dans sa direction. Elle se retourna et ce qu’elle vit devant elle la stupéfia ! Un ours géant monté par une jeune femme couverte de sang, l’épée encore à la main.
À son cou se tenait une pierre lumineuse d’un bleu vif et en un instant toutes ses blessures se cicatrisèrent. Pour la première fois depuis un an, Asta put voir clairement le visage de la jeune guerrière. Elle était belle, sauvage. Cette dernière la regarda également comme si à cet instant elle ne voyait qu’elle. Elle lui sourit et en un quart de seconde, elle disparut avec l’ensemble du décor. Asta revint lentement à son état normal.
La vieille dame lui sourit d’un air satisfait. Asta se sentit gênée ! C’était la première fois que quelqu’un, autre que ses parents, la voyait en pleine transe.
Asta ne comprenait pas ce qui venait de se produire. De toutes ses visions, c’était la première qui était aussi claire. Elle se sentit étrangère à celle-ci comme si elle ne venait pas d’elle ! Mais… bien entendu… ce n’était pas elle qui l’avait provoquée !
Le roi Aegnor a déjà lancé ses armées, ils viendront bientôt ! Ils cherchent une sorcière. Certainement une action du sorcier Huren. Le traître nous vend un à un afin de garder les faveurs du roi.
Assis sur un rocher, en haut de la colline, Ancastre réfléchissait, il réfléchissait encore et encore ! Son père Demeter avait toujours l’habitude de lui dire qu’un guerrier ne réfléchissait jamais suffisamment. Il devait étudier toutes les possibilités, anticiper chaque mouvement, chaque pas, chaque direction qu’emprunterait ou non sa victime.
En ce jour, Ancastre plaignait sa position ! Être le fils du chef des armées n’était pas un cadeau, il le savait. Il devait donner plus que les autres, il était jugé, le moindre de ses actes était passé au crible par un père qui ne le respectait pas davantage.
La grande armée du roi Aegnor était en position. Les troupes partiraient dans quelques minutes. Ancastre était fatigué ! Fatigué de cette vie. Tuer, piller et quelques fois violer. Ses compagnons d’armes appelaient cela « rendre justice », « On devait lutter contre les Rebelles », ceux qui se révoltaient contre les affaires du roi et du conseil restreint. Ancastre était différent ! Il voulait la paix, jamais il ne prendrait plaisir à violer une femme, tuer un homme ou un enfant pour le Roi !
Un mouvement se produisit à sa droite, des bruits de pas se rapprochèrent puis quelqu’un vint s’asseoir à ses côtés. L’avantage d’être aussi proche d’une personne faisait que l’on reconnaissait le bruit de ses pas, son parfum. On pouvait même prétendre savoir ce qu’il allait dire à l’avance…
Ancastre ne saurait dire depuis quand il était tombé amoureux de son meilleur ami ! Le Roi Aegnor ne tolérerait jamais un tel penchant. L’amour ne pouvait avoir le même sexe, surtout pas quand « l’affaire » concernait en partie son héritier.
En dépit de l’humiliation qu’il ressentait, cette difformité qu’il devait subir au quotidien, Ancastre était amoureux d’Amlach, le fils d’Aegnor. Ils étaient amis depuis l’enfance, ils avaient tellement partagé ensemble. Comment pourrait-il lui ouvrir son cœur ? Amlach était malheureusement pour lui beaucoup trop intéressé par les femmes, si bien que sa réputation n’était plus à faire.
Certains se demandaient même s’il pourrait un jour trouver une épouse étant donné son penchant pour les femmes de toutes conditions, qu’il considérait comme un devoir d’honorer.
La Guerre ! Voilà le sujet sur lequel il devait maintenant se concentrer. Une bataille se profilait à l’horizon, il devait rester concentré !
Ancastre se détesta rien qu’à la façon dont son cœur avait réagi à la douce voix d’Amlach.
Ancastre nota le nombre de fois où Amlach reprit sa respiration avant de lui répondre. Sept fois, c’était mauvais signe ! Dans quel mauvais plan son ami s’était-il encore fourré ? Lorsqu’il se tourna pour lui répondre, Ancastre sentit son cœur se serrer encore plus. Il remarqua le sourire timide d’Amlach.
Cette fois, il pouvait se sentir encore plus mal, c’était fait !
Ancastre n’eut pas le temps de finir sa phrase qu’Amlach lui asséna un coup de poing en pleine mâchoire, le regardant d’un air mauvais et le pointant du doigt.
Amlach fila furieux, laissant Ancastre seul au sol, la mâchoire ensanglantée.
Ces cauchemars continuaient encore et encore, sans interruption ! Des bruits de pas toujours plus assourdissants en grand nombre. Un corbeau face à un loup géant. Ils sont tous les deux profondément blessés, mais rien ne permet d’affirmer que l’un d’eux va mourir ! Un combat sans fin…
Un grand fracas finit par lui faire ouvrir les yeux, la sueur perlant sur son front et dans ses longs cheveux, elle s’assit lentement sur son lit et reprit ses esprits…
Son père se tenait contre la porte l’air inquiet. Déjà plusieurs mois que sa fille était victime de ces rêves qui la hantaient jour et nuit.
Wilwarin se releva tant bien que mal dans son petit lit recouvert de paille, tentant de chasser son mauvais rêve et épongeant la sueur qui imprégnait ses vêtements. Elle se pencha pour saisir un pichet d’eau, se versa un verre et le but d’une traite !
Osvald s’approcha prudemment de sa fille, ne sachant que faire pour la soulager. Elle tremblait, l’œil hagard. Cela faisait trop longtemps que ça durait ! Quelque chose allait se produire et sa fille y était directement liée.
Wilwarin reprit doucement sa respiration lente et mesurée, elle s’assit sagement et se tourna vers son père qui prit place au bout du lit.
Wilwarin acquiesça, se leva et se dirigea vers la porte d’entrée ouverte. Elle sentit au fond de son âme, de sa chair qu’un grand danger se profilait à l’horizon.
Plus tard dans la soirée, Osvald avait réussi à réunir l’ensemble du village pour une réunion extraordinaire. Les hommes, femmes et enfants s’étaient retrouvés sur la place principale. La nuit était déjà bien avancée. Tous, munis d’une torche, échangeaient de drôles de regard, pourquoi diable une réunion en pleine nuit ?
Gwilwileth émergea de son état, elle ferma doucement la porte de sa maison, pff si l’on pouvait appeler cela une maison. Jamais elle ne parviendrait à s’habituer à cette vie !
Une vie de pauvre paysanne, obligée de passer son temps à veiller sur son foyer et à soigner les légères blessures du quotidien, ce n’était pas la vie à laquelle elle aspirait.
Elle se tenait debout et regardait paresseusement les habitants de ce petit village passer un à un à côté d’elle, une femme, un homme, un vieillard puis un enfant, une famille complète puis son regard s’attarda sur les maisonnettes en bois, fabriquées par les paysans, des fermiers et des forgerons.
Voilà des années qu’elle était venue vivre en ces lieux, échappant à sa vie d’avant, elle avait trouvé Osvald et ensemble ils élevaient Wilwarin.
Elle avait eu une belle vie, habituée aux somptueuses demeures et châteaux, puis un incident eut lieu et elle dut fuir avec sa fille juste née.
Quelque temps plus tard, elle rencontrait Osvald.
Ce dernier lui apporta la stabilité, un foyer pour Wilwarin qu’il éleva comme sa propre fille.
La relation qu’il réussit à établir avec celle-ci la dépassa, devenant de plus en plus complice tandis qu’elle, Gwilwileth, s’éloignait, obsédée par son désir de fuite ! Elle et sa fille avaient toujours eu du mal à s’entendre, trop différentes, bien qu’elle reconnût certains de ses traits en elle, mais elle était trop sauvage.
Comment pouvait-on se contenter de cette vie après avoir connu ce qu’elle avait connu ?
Elle ne pouvait en aucun cas récupérer son ancienne vie, le danger était permanent et elle devait rester cachée, elle était coincée !
Absorbée par ses réflexions, elle ne remarqua pas l’arrivée de Déarbhail, leur chef. Les villageois s’écartèrent en signe de respect, s’inclinant légèrement, une action qui hérissa Gwilwileth, cet homme avait toujours eu beaucoup trop d’ambition.
Fier, celui-ci se positionna devant eux. Instinctivement, ils se mirent tous en cercle prêt à l’écouter et Gwilwileth se retrouva projetée au milieu.
Des murmures commencèrent à parcourir la foule, des femmes se mirent silencieusement à prier la déesse Vahja pour leur salut, d’autres se mirent déjà à comploter pour protéger leur famille, leur village et toutes leurs récoltes.
Puis les cris résonnèrent et très vite les jeunes enfants se mirent à pleurer. Astrid, une vieille dame borgne la regarda fixement sans cligner de l’œil, sans même chercher à respirer. Bon sang, ce que cette femme pouvait la mettre mal à l’aise !
Il était inutile de discuter avec Dearbhail, il était vieux et croyez bien trop au pouvoir de la religion. Il n’était pas en mesure de veiller à défendre le village, néanmoins certains se joignirent à lui pour prier les bras en croix.
Une scission se créa instantanément parmi les villageois, entre ceux qui voulaient se défendre et ceux qui se lamentaient sur leur sort en priant.
Les acclamations suivirent, enfin, un homme qui n’était pas une lavette, prêt à défendre chacun. Gared était un homme jeune et fougueux, plein d’entrain, mais aussi très naïf et inexpérimenté. À ce moment seulement, il eut le sentiment de devenir un homme, un homme digne d’intérêt, un leader capable d’attirer l’attention de Wilwarin qu’il peinait à faire sortir de son esprit, son obsession était telle que personne ne l’ignorait.
L’air était lourd, le temps semblait s’être arrêté l’espace d’une minute. La foule continuait à bouger, à parler, mais aucun son ne lui venait. Elle regarda autour d’elle ahurie et constata avec effroi qu’elle était le seul témoin.
Ses yeux voguaient d’un endroit à l’autre, elle avait l’horrible sentiment d’être passée dans un autre monde, des yeux se posaient sur elle, la chair de poule frappa son corps et elle sentit comme une connexion dans son cerveau.
Wilwarin tenta de se calmer et de reprendre doucement sa respiration, il fallait qu’elle se calme et tout irait bien, juste qu’elle respire calmement et qu’elle se détende.
1... 2… 3…
Quand elle ouvrit de nouveau les yeux, elle eut la stupéfaction de voir face à elle, Astrid, la veuve du forgeron, elle ne la connaissait pas très bien, mais elle avait toujours la désagréable sensation qu’elle l’épiait, toujours dans l’ombre de sa petite maisonnette en bois, ne sortant jamais, ne recevant jamais de visite, personne ne cherchait à s’approcher d’elle, certains racontaient qu’elle était maudite, qu’elle pratiquait des rites sataniques en tuant des animaux voir même des nouveau-nés.
Pour une raison inconnue, Wil n’avait jamais eu peur d’elle malgré toutes les fois où n’importe qui d’autre aurait été effrayé. Plusieurs fois, elle l’avait croisée dans les bois, elle ne lui parlait pas, la regardait seulement et elle avait à chaque fois la sensation qu’elle « fouillait » dans son âme.
1… 2… 3…
Elle était toujours face à la vieille dame, elle se regardait l’une et l’autre, une sensation particulière émergeait en elle, des frissons puis un étourdissement, tout doucement elle sentit une barrière se rompre dans son cerveau comme un rideau que l’on sépare en deux puis un murmure se fit entendre suivi d’une voix. Elle la regarda dans les yeux et lui fit un petit sourire.
Cette fois, c’était clair, elle lui parlait, elle lui parlait dans sa tête
Wilwarin était stupéfaite, elle avait envie de hurler, mais elle ne pouvait pas bouger comme si une force supérieure l’en empêchait.
1… 2… 3…
En quelques secondes, Wilwarin était revenue à la réalité ! Elle remarqua la foule puis elle les entendit parler et crier, elle vit son père se placer au centre et prendre la parole, elle chercha la vieille dame en vain, aucune trace d’elle comme si elle avait disparu de la surface de la terre.
Osvald repéra sa fille légèrement à l’écart, elle semblait hagarde ! Il était inquiet, depuis des années. Les pouvoirs de sa fille leur avaient été bénéfiques à tous à maintes reprises, mais à chaque fois un nouveau mal faisait son apparition et il ne savait jamais jusqu’où il l’emporterait.
Plus qu’une bénédiction de la déesse Vahja, c’était un fardeau pour elle, mais aussi pour ses proches.
Osvald n’était pas le père biologique de Wil et Gwilwileth ne lui avait jamais révélé l’identité de ce dernier. Il y avait trop de secrets, trop de non-dits et à ce jour c’était Wil qui en soufrait le plus.
Bon nombre de ses amis le soutenaient dans l’idée de protéger le village, ils n’étaient pas des soldats, mais cette terre était leur foyer et ils étaient prêts à tout pour défendre leurs biens.
Dans l’heure qui suivit, ils se réunirent afin de débattre d’un plan d’action et tous tombèrent d’accord sur l’idée de construire des forteresses autour du village et de mettre en place des pièges, notamment des fossés aux abords. Tout se mettait en place, mais Osvald le sentit. Cette fois, la bataille serait sanglante.
Assise confortablement à son bureau, Elbereth tenait dans sa main une petite peluche en forme de colombe, elle la fit tournoyer dans ses mains sans même y penser.
