Urgences

L’urgence sociale a fait l’objet de nombreuses analyses depuis le début des années 1990, mais elles ont le plus souvent versé soit dans la critique, soit dans l’éloge. Elle a ainsi été très présente dans l’espace public, sans faire l’objet d’enquêtes empiriques systématiques. C’est le point de départ des auteurs : adopter une perspective compréhensive, et s’engager résolument dans la description des actions qui font le quotidien de l’urgence sociale. Le terrain choisi est celui du Samusocial de Paris, institution fondée par le French doctor Xavier Emmanuelli, qui a donné sa forme au cours des années 1990 à l’assistance des personnes sans-abri en France, articulant des accueils de jour, des centres d’hébergement ou de soins infirmiers, une régulation téléphonique (le « 115 ») et des équipes mobiles professionnelles. C’est l’ensemble de ces dispositifs que les auteurs donnent à voir et à comprendre, mais leur attention s’est particulièrement focalisée sur les « maraudes », équipes qui vont à la rencontre des personnes sans-abri dans les espaces publics. Les auteurs produisent une grande quantité d’analyses de situations, en plongeant dans la tessiture corporelle et émotionnelle de l’intervention d’urgence, en explorant la texture morale de la relation d’aide, en suivant le fil ténu qui conduit de l’aide humanitaire au droit social. Chemin faisant, ils pointent aussi les dilemmes qui se jouent en termes de justice distributive (comment allouer des biens d’urgence à certaines personnes en détresse et pas à d’autres, comment concilier les impératifs d’inconditionnalité et d’équité dans un contexte de rareté des ressources) et explicitent les tensions dont font l’épreuve les intervenants sociaux quand ils cherchent à assister les personnes sans-abri (comment articuler présent de l’urgence et avenir de l’insertion, comment trouver l’équilibre entre autonomie et dépendance, comment s’ajuster à la singularité de la personne tout en faisant preuve de professionnalisme, comment appréhender la souffrance et les récits de malheur présentés par les personnes sans tomber dans la froide défiance ou la crédulité compatissante).

Cette enquête ethnographique, pour minutieuse soit-elle, se raccroche à quatre types d’enjeux généraux. 1. Elle ne réduit pas les descriptions du travail de rue à des micro-interactions, mais les adosse à une enquête sur les modalités de coopération, d’évaluation et d’intervention de l’ensemble du dispositif du Samusocial de Paris. 2. Elle revient sur la généalogie de l’urgence sociale et ouvre sur les controverses qui traversent l’arène publique des politiques d’assistance des personnes sans-abri depuis les mobilisations associatives de Médecins du monde (2005) et des Enfants de Don Quichotte (2006). 3. Elle recadre l’urgence sociale dans le moyen terme des évolutions des politiques sociales, en mettant en regard les manières de faire du travail social et infirmier avec des travaux plus généraux sur les mutations de l’action sociale. 4. Enfin, elle met en regard les résultats de cette enquête ethnographique avec un certain nombre de théories politiques et morales qui se sont développées depuis les années 1970, qui portent sur le care, la reconnaissance, le don ou la proximité. C’est ainsi qu’elle montre, à la différence d’autres travaux, que l’urgence sociale n’est pas réductible à sa dimension humanitaire, interprétée comme une « politique de la pitié » ou de la « compassion », mais qu’elle est orientée pratiquement par une pluralité de sentiments moraux – le respect, la reconnaissance et la sollicitude.

"La centralité de l'urgence et les bouleversements des rythmes sociaux produisent de nouveaux régimes temporels, qui remettent en cause les liens et les pratiques communicationnels, les pratiques de transmission et de médiation. Ces mutations, dont les multiples conséquences restent à évaluer, ont déjà retenu l'attention d'anthropologues, d'historiens, d'économistes, de politologues ou de philosophes. Le présent ouvrage propose une approche communicationnelle des enjeux et des problèmes suscités par ces mutations temporelles.

Le présent ouvrage propose une approche communicationnelle des enjeux et des problèmes suscités par ces mutations temporelles. Le laboratoire MICA (Médiation, Information, Communication, Art), équipe d'accueil de la formation doctorale en Sciences de l'Information et de la Communication et en Arts de l'Université Michel de Montaigne - Bordeaux 3, a déjà tenu plusieurs colloques et réalisé des travaux sur les temporalités médiatiques et l'urgence communicationnelle. Il s'agit ici, à partir des bénéfices de ces premières investigations et des éclairages apportés par les recherches les plus récentes, de prolonger cette réflexion.
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L’assistance aux personnes dites « sans domicile fixe » s’est institutionnalisée entre les années 1980 et les années 2000 comme « urgence sociale ». Cette politique publique, inspirée de l’action humanitaire, est souvent rabattue sur le seul registre de la compassion. L’observation ethnographique que les auteurs ont conduite au Samusocial de Paris montre que d’autres sentiments moraux animent ce type d’assistance, en particulier la sollicitude et la reconnaissance, dont l’horizon est l’accès aux droits.

La perspective socio-anthropologique vise à abandonner l'approche technocentrique des risques en faveur de l'idée que toutes les menaces sont des produits culturels. Sur la base de cette prémisse, l’article analyse la relation entre les habitants de la région située autour du Vésuve (sud de l’Italie) et les espaces de leur vie quotidienne. L’objectif est d’identifier et de comprendre les formes d’élaborations culturelles différentes qu’ils produisent en relation avec le danger d’une nouvelle éruption.