Les premières décennies du XXe siècle voient émerger un renouvellement de la littérature catholique, parfois qualifiée de « Renouveau catholique ». Au sein d’une chronologie ecclésiologique, il suit le modernisme. Il s’apparente en effet...
moreLes premières décennies du XXe siècle voient émerger un renouvellement de la littérature catholique, parfois qualifiée de « Renouveau catholique ». Au sein d’une chronologie ecclésiologique, il suit le modernisme. Il s’apparente en effet à une adaptation à la modernité, non pas à la science moderne, mais à la littérature contemporaine par rapport à ses productions, mais aussi aux nouveaux maîtres du siècle précédent, parmi lesquels Baudelaire, Verlaine et Rimbaud. Les écrivains du Renouveau catholique rejettent une conception de la littérature confessionnelle normée par le récit moral édifiant, jugé pudibond, lénifiant, sans intérêt pour le lecteur du temps. Selon une chronologie plus littéraire, le mouvement concorde avec le surréalisme, plus généralement avec une tendance à privilégier sur la prose du quotidien (réalisme, naturalisme) des expériences psychologiques uniques, oniriques, plus profondes, « absolues », de l’intériorité humaine, dans le prolongement parfois revendiqué du romantisme, de Baudelaire ou du symbolisme. Traduction confessionnelle de cette orientation, le Renouveau accueille un mysticisme combinant l’enseignement chrétien, la recherche d’une expérience intérieure et le désintérêt pour les préoccupations routinières de la morale. Avec ses relents de modernisme et son mysticisme se substituant aux règles ecclésiastiques en matière de mœurs, le Renouveau catholique fit l’objet d’un long procès au Saint-Office de 1917 à 1927, dont l’issue se limita à une vague condamnation de la « littérature mystico-sensuelle ». La durée du procès, ses atermoiements et finalement sa sentence éludant la notion même de « Renouveau catholique » attirent l’attention sur la complexité du mouvement au regard de l’orthodoxie. Cette tendance littéraire est-elle, du point de vue du magistère, une extension du modernisme à la création littéraire ? Pie X avait pourtant condamné le « modernisme littéraire » plusieurs années avant l’apparition du Renouveau comme tendance suspecte. Après une comparaison dudit modernisme littéraire et du Renouveau, la présente étude explore ce qui paraît le trait commun à ces hétérodoxies littéraires : la naturalisation du surnaturel - parallèlement à une sacralisation de la littérature.