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Pour son numéro 17, Formules a souhaité inviter chercheurs et créateurs à arpenter et fouiller les « mondes contraints » – c’est-à-dire les univers de fiction engendrés par les créations à contraintes – et à s’interroger sur ce qui fait... more
Pour son numéro 17, Formules a souhaité inviter chercheurs et créateurs à arpenter et fouiller les  « mondes contraints » – c’est-à-dire les univers de fiction engendrés par les créations à contraintes – et à s’interroger sur ce qui fait leur spécificité en regard des mondes fictionnels que nous offrent, plus généralement, les créations « non formelles ».  Les relations entre contrainte et fiction ont été le plus souvent abordées sous l’angle de la production, du processus qui, à partir (par exemple) d’une « équation » linguistique arbitraire (comme le disait Robert de Montesquiou à propos de Roussel), permet d’aboutir à ce que l’on nomme, banalement, une histoire. Il s’agit, en revanche, dans les pages qui suivent de tenter un déplacement du regard pour essayer de cerner la nature des mondes de fiction contraints, qu’ils s’actualisent à travers le roman, la poésie, la bande dessinée ou les arts plastiques…  Interrogeant l’espace et le temps, la référentialité et la réflexivité des univers fictionnels contraints, les articles critiques et les textes de création qui composent ce numéro esquissent, en somme, la cartographie des mondes de fiction créés par les contraintes, pour cerner leur éventuelle spécificité, analyser leurs lois internes, et faire saillir leurs potentialités poétiques.  On verra ainsi comment une des particularités de la contrainte semble être de pousser les créateurs à concevoir des mondes clos avec des lois internes bien définies, c’est le cas du palindrome qui règle la vie de la planète NogegoN ou encore du procédé de Raymond Roussel qui dans Locus Solus engendre un univers de fiction dont tous les éléments tendent à se dédoubler.  L’exploration des potentialités de la contrainte mène aussi les créateurs à travailler sur les supports et à dissoudre finalement les frontières entre le linguistique, l’iconique et le physique. On découvrira ainsi comment Chris Ware, Antonio Altarriba ou Philippe Jaffeux exploitent les possibilités des supports pour les faire pleinement participer des univers de fiction qu’ils créent.  Enfin, la contrainte semble aussi conduire les créateurs et les chercheurs vers une certaine dissolution des frontières génériques entre le théorique et le fictionnel comment le montrent de manière exemplaire les textes de Patrice Hamel, de Adrien Houillère et Léo Duquesne et de Louis-Augustin Roy.
Il s’est donc principalement agi d’esquisser une poétique matérielle (une poétique du support) dans une perspective intersémiotique et interdisciplinaire. Les actes du colloque tenu à Cerisy-La-Salle constituent la dernière livraison de... more
Il s’est donc principalement agi d’esquisser une poétique matérielle (une poétique du support) dans une perspective intersémiotique et interdisciplinaire. Les actes du colloque tenu à Cerisy-La-Salle constituent la dernière livraison de la revue Formules. Se sont rassemblés des participants venus de plusieurs continents (de l’Amérique du Nord à l’Australie) : théoriciens, critiques, spécialistes de littérature, de génétique textuelle, de poésie sonore, de musique ainsi que des créateurs (écrivains, auteurs de bandes dessinées et plasticiens).