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  • Marc LORIOL is work and health sociologist at the CNRS-Paris 1, interested in the social construction of stress and s... moreedit
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A l'occasion d'une recherche sur la construction du stress dans un métier, celui de la police, nos observation des relations de travail entre les jeunes et les anciens et entre les hommes et les femmes dans différentes brigades... more
A l'occasion d'une recherche sur la construction du stress dans un métier, celui de la police, nos observation des relations de travail entre les jeunes et les anciens et entre les hommes et les femmes dans différentes brigades issues de plusieurs commissariats (en banlieue parisienne, en province) renseignent sur les formes et les dynamiques de construction du métier. Le métier de policier subit actuellement de profondes mutations avec des changements des problématiques des populations dont ils s'occupent et des évolutions des politiques publiques de sécurité. Les tensions, les conflits et/ou les relations d'entraide, de coopération dans le travail quotidien entre les salariés selon leur diversité (ancienneté, genre) sont des révélateurs d'un bon fonctionnement des collectifs de travail. Apprendre le métier de policier dépend des relations de travail au sein des collectifs, qui donnent des possibilités de construction de l'expérience et des moyens de préserv...
This article refers to studies about suffering at work and, in this bias, it explores stress in the socioconomic context, and professional development. The article demonstrates that workers' concerns about stress increased from 22% in... more
This article refers to studies about suffering at work and, in this bias, it explores stress in the socioconomic context, and professional development. The article demonstrates that workers' concerns about stress increased from 22% in 2005 to 25% in 2010. It is also reported that stress leave is higher in the less hazardous sectors and that in small businesses, stress is not commented and still affirms that the fragility of the collective contributes to the increase of this stress. Another factor that contributes to the suffering at work, verified in the study, is the proximity of the management. The dramatic rise in the stress complaint since the end of the 1990s has multiple causes and explanations (intensification of work, development of the service sector, the hegemony of the psychological culture, etc.). Among these evolutions, the decline of the workers' collectives and the occupations' culture on which they were leaned explains a lesser collective resistance and r...
Dans un contexte ou le Droit, joue un role croissant dans la regulation sociale de ce qu’on appelle maintenant les risques psychosociaux (RPS), les decideurs politiques et les juristes ont besoin d’outils pour pouvoir prendre la mesure de... more
Dans un contexte ou le Droit, joue un role croissant dans la regulation sociale de ce qu’on appelle maintenant les risques psychosociaux (RPS), les decideurs politiques et les juristes ont besoin d’outils pour pouvoir prendre la mesure de la responsabilite des employeurs en ce domaine. Mais quelle est la validite des modeles d’analyse de ces phenomenes ? Peut-on mesurer le stress ou les RPS ? Est-il possible d’en predire les « causes » ? Comment faire la preuve de l’existence d’un risque ? Faut-il soigner l’individu ou l’organisation ? Les connaissances actuelles sont-elles suffisantes pour legitimer des actions de prevention ou la reconnaissance des prejudices subis ? Derriere ces questions se profilent differents conflits d’interet. Par exemple, quelques gestionnaires se sont plaints que les recentes decisions de jurisprudence sur la responsabilite de l’employeur en cas de suicide ou de depression ne reposeraient pas sur des etudes statistiques suffisantes et peseraient donc indum...
Sous la pression de l'evolution recente des cadres reglementaires (accord sur le stress) et de la jurisprudence (responsabilite de l'employeur dans des cas de suicide de salaries), mais aussi pour attirer et garder les salaries... more
Sous la pression de l'evolution recente des cadres reglementaires (accord sur le stress) et de la jurisprudence (responsabilite de l'employeur dans des cas de suicide de salaries), mais aussi pour attirer et garder les salaries les plus competents, nombre de grandes entreprises se sont lancees dans des programmes d'amelioration du " bien etre " et de la " qualite de vie " au travail. En offrant a leurs employes des seances de yoga-relaxation, de massages, de soutien psychologique (souvent par telephone avec un numero vert), differents services sur le lieu de travail (pressing, entretien de la voiture, livraison de repas, garde d'enfants, etc.), les employeurs esperent prevenir les souffrances et soulager les soucis quotidiens de leurs salaries afin de les garder le plus longtemps concentres sur leur travail. Mais, si ces offres peuvent parfois etre appreciees, elles passent a cote de l'essentiel : les salaries ne travaillent pas que pour le sa...
Le vieux terme philosophique de « passion » semble depuis quelques annees faire un retour en force dans nos preoccupations sociales comme dans les debats sur le travail. Dans des univers professionnels tres divers, la passion deviendrait... more
Le vieux terme philosophique de « passion » semble depuis quelques annees faire un retour en force dans nos preoccupations sociales comme dans les debats sur le travail. Dans des univers professionnels tres divers, la passion deviendrait de plus en plus une attente tant des salaries que des employeurs, voire un prerequis. Ainsi, dans un certain nombre d’offres d’emploi trouvees sur Internet, le fait d’etre passionne est explicitement mis en avant comme une qualite necessaire. Pourtant, le terme passion est porteur de nombreuses ambivalences et ambiguites. D’ou vient la passion ? Que signifie etre passionne ? A quelles conditions peut-on etre passionne par son travail ? L’histoire de l’utilisation de la notion de passion en philosophie, medecine et litterature revele les tensions qui traversent les debats sur la passion au travail. Cette multiplicite d’usages et de significations du mot passion se comprend mieux si l’on fait l’hypothese que la passion au travail est le fruit d’une hi...
L’idee de ce livre est nee d’un constat paradoxal : certains metiers favorisent plus que d’autres l’expression de la passion au travail et cette expression est complexe, voire parfois ambivalente. Quoi de plus favorable que de travailler... more
L’idee de ce livre est nee d’un constat paradoxal : certains metiers favorisent plus que d’autres l’expression de la passion au travail et cette expression est complexe, voire parfois ambivalente. Quoi de plus favorable que de travailler dans un domaine qui vous passionne ? Exercer professionnellement une activite que d’autres realisent benevolement ou au cours de leur loisirs apparait comme une chance, voire un privilege. Mais la passion est une notion complexe, voire ambivalente. Condamnee par certains philosophes comme allant a l’encontre de la raison, de la rationalite, elle est presentee par d’autres le plus puissant moteur de l’activite humaine. Dans les deux cas, la passion est vue comme une caracteristique individuelle, une dynamique personnelle. Quel sens prend alors la passion au travail dans un univers professionnel marque par la necessaire cooperation collective, la contrainte qu’elle soit technique, hierarchique ou marchande ? Que veulent dire les acteurs quand ils declarent etre passionnes par leur travail ? A quelles conditions peut-on concilier passion et activite professionnelle ? D’ou viennent les passions et comment sont-elles entretenues ? Il existe tout un courant critique du management qui, depuis le travail fondateur d’Eve Chiapello et Luc Boltanski sur le « nouvel esprit du capitalisme », critique la recuperation du desir de sens et d’engagement des salaries au seul profit de la rentabilite. Les employeurs s’emparerait des passions des salaries pour mieux les conduire a des formes d’auto-exploitation, de servitude volontaire. Le fait de faire un travail passionnant serait alors un pretexte pour moins payer les salaries, pour negliger les conditions de travail ou exiger de logs horaires de travail. Si de telles situations sont parfois observables, elles sont loin de representer toutes les situations decrites dans ce livre. D’ailleurs, un management trop desincarne, trop centre sur le profit plutot que sur le travail peut aussi avoir pour effet de detruire la passion et l’engagement. Si dans ce livre, certains secteurs sont plus particulierement explores : les metiers artistique ou de support a la creation artistique, du sport, de l’engament militant, politique ou economique, c’est parce qu’il nous a semble que ces secteurs permettait de mettre au jour de facon saillante des dynamiques, des interrogations, des enjeux qui traversent les mondes du travail contemporains. La passion au travail n’est pas propre a ces metiers, mais les questions qu’elle souleve y semblent peut-etre plus visibles qu’ailleurs. Le rapprochement entre le sport, l’art, le militantisme, les responsabilites economiques ou regaliennes fait apparaitre un certain nombre de problematiques communes que ce livre tente d’explorer.
While dominant approaches to stress and coping focus on individual responses, field studies show that strategies of adaptation to difficult and harmful work conditions are partly collective. The notion of collective coping takes... more
While dominant approaches to stress and coping focus on individual responses, field studies show that strategies of adaptation to difficult and harmful work conditions are partly collective. The notion of collective coping takes interactions and group behavior into greater account than the concepts of social support. The collective forms of coping are parts of the mediation between potential stressors due to work organization and health trouble. This analysis approaches stress as a social construction and contributes to a better understanding of the meaning of stress in different occupational groups. Examples from industrial workers and police officers (based on c.120 interviews) illustrate the different configurations of collective resistance and show how its weakening may explain, among different causes, the rise of stress complaints within these groups.
Séance 1 : La maladie et la santé comme faits sociaux : des déterminants sociaux de la santé à la construction sociale de la maladie.Séance 2 : Maladie, savoir médical et régulation sociale : Foucault et Parsons.Séance 3 : Sociologie des... more
Séance 1 : La maladie et la santé comme faits sociaux : des déterminants sociaux de la santé à la construction sociale de la maladie.Séance 2 : Maladie, savoir médical et régulation sociale : Foucault et Parsons.Séance 3 : Sociologie des organisations et fonctionnement des institutions de santé.Séance 4 : Professions, stratégies professionnelles et systèmes de santé.Séance 5 : De l'étude des facteurs sociaux de l'augmentation des dépenses de santé à l'analyse de la médicalisation de la société.Séance 6 : Le débat Etat-médecins sur la maîtrise des dépenses de santé.Séance 7 : Les difficultés dans la mise en œuvre des politiques de santé publique : principes d'analyse et études de cas : lutte contre le tabagisme et la toxicomanie, le sida et l'amiante.Engineering schoo
Si en science politique, la notion de repertoire a ete reprise pour rendre compte des moyens d'action collectifs, l'ergonomie a limite l'usage du terme de repertoire au stock d'experiences et de routines accumulees par un... more
Si en science politique, la notion de repertoire a ete reprise pour rendre compte des moyens d'action collectifs, l'ergonomie a limite l'usage du terme de repertoire au stock d'experiences et de routines accumulees par un individu. Dans cette etude sur le travail collectif des policiers de voie publique (police-secours, police de proximite), l'apport de ces deux courants est combine pour mettre au jour le travail quotidien de cooperation des equipages (trois policiers dans un vehicule). Au-dela d'une simple memoire collective, d'un habitus de groupe, la notion de repertoire permet de rendre compte de la facon dont un ensemble de routines partagees, de strategies collectives, de regles, de valeurs, sont co-construites et transmises par des discussions informelles, une mutualisation des connaissances, des formes de controle social, des outils de recueil de traces ecrites, etc. Les repertoires collectifs, quand l'organisation du travail policier en favor...
Tout champ institutionnel – que ce soit le systeme educatif, le sport, la culture, l'insertion professionnelle, la police ou encore la sante publique –, contribue a construire, en fonction des preoccupations qui lui sont propres, la... more
Tout champ institutionnel – que ce soit le systeme educatif, le sport, la culture, l'insertion professionnelle, la police ou encore la sante publique –, contribue a construire, en fonction des preoccupations qui lui sont propres, la jeunesse comme une categorie au contenu et aux contours specifiques. Par le jeu de la demande sociale et du financement de la recherche, ces constructions sociales exterieures aux preoccupations de la sociologie produisent un effet reflexif sur la facon dont la sociologie de la jeunesse constitue son objet, elabore ses problematiques. Or, si la question de la sante des jeunes a peu interesse les sociologues de la sante ou de la jeunesse, cette situation contraste avec les preoccupations fortes exprimees sur ce theme par de nombreux psychologues ou medecins engages dans des demarches de sante publique. Depuis les annees 1990, la jeunesse semble en effet etre devenue une cible majeure des politiques de sante publique. Pourtant, si l'on s'en tie...
« Le stress, mal du siecle » ; « la depression, maladie de la societe post-moderne » ; « la fatigue, phenomene de civilisation » ; etc. Toutes ces formules convenues nous font croire a un phenomene nouveau. Pourtant, dans les siecles... more
« Le stress, mal du siecle » ; « la depression, maladie de la societe post-moderne » ; « la fatigue, phenomene de civilisation » ; etc. Toutes ces formules convenues nous font croire a un phenomene nouveau. Pourtant, dans les siecles passes, des etats assez proches (acedie, melancolie, neurasthenie, etc.) ont ete decrits. Assez proches, mais pas tout a fait identiques non plus dans la mesure ou ils etaient adaptes a des contextes historiques et sociaux aujourd'hui revolus. Maladies a la mode dans certains milieux sociaux et a certaines epoques bien precises, ils ne sont plus guere usites de nos jours. Les entites contemporaines de souffrance au travail ont souvent pour particularite d'avoir ete importees d'autres pays, notamment d'Amerique du Nord (neurasthenie, syndrome de fatigue chronique, etc.) voire du Japon (karoshi). Leur nom a consonance etrangere permet, plus ou moins consciemment, de penser les problemes qu'ils recouvrent comme etant eux-meme importes de ces pays ou le capitalisme sauvage et l'industrialisation imposent leurs lois au monde. Certains mots importes sont toutefois rentres dans le langage courant parce que notre genie national a su se les reapproprier. Soit que leur capacite a prendre un sens ambivalent, multiforme permet d'y recaser un grand nombre de problemes, de debats et d'angoisses qui nous sont propres, soit que l'on soit parvenu a en inventer une version francaise (le mobbing scandinave ou le bullying anglo-saxon qui deviennent le harcelement moral francais, par exemple). Il existe ainsi tout un ensemble de codes culturels, de jeux sociaux subtils autour de chacun des mots utilises. Chaque etiquette, chaque terme est porteur d'une charge symbolique, d'une histoire, d'enjeux qu'il importe de connaitre si l'on souhaite se plaindre avec pertinence ! Les mots ne sont donc pas que des etiquettes interchangeables que l'on pourrait sans probleme detacher des phenomenes qu'ils designent. Ils sont porteurs de grilles de lecture et d'injonctions sur les bonnes facons de montrer sa souffrance. Ils condensent les valeurs, les croyances et les angoisses propres a chaque epoque et a chaque societe. Mais ils sont aussi plus qu'un simple reflet. Ils constituent egalement des carcans, des « prets-a-penser », qui determinent comment nous devons comprendre et vivre nos problemes. Deconstruire les categories, les cases, dans les lesquelles nous coulons habituellement nos malaises et nos difficultes, ce n'est donc pas remettre en cause la realite des problemes qui en sont a l'origine. Traiter de facon ironique les termes et les theories de la souffrance n'est pas se moquer de ceux qui souffrent, nier leur mal-etre. Bien au contraire ! Prendre du recul avec les moules qui s'imposent trop facilement permet de mieux respecter la nature profonde de nos doutes, de nos difficultes et de nos interrogations, de les voir autrement, d'avoir prise sur eux d'une autre facon. Il ne s'agit pas de relativiser, mais de recadrer, de deplacer... bref de liberer un petit peu le vecu douloureux. A travers la presentation de 43 termes (du stress a la sinistrose en passant par la nevrose des telephonistes, le burn out ou l'acedie), ce glossaire medical, historique et sociologique a pour but d'initier aux subtilites du vague a l'âme au cours des siecles et selon les pays ; d'en fournir les codes sociaux et culturels qui le construisent socialement.
Les émotions font l’objet d’un regain d’intérêt scientifique depuis les années 1980. Neurologistes, psychiatres, psychologues ont parfois défini les émotions comme des phénomènes neurophysiologiques et psychologiques internes aux... more
Les émotions font l’objet d’un regain d’intérêt scientifique depuis les années 1980. Neurologistes, psychiatres, psychologues ont parfois défini les émotions comme des phénomènes neurophysiologiques et psychologiques internes aux individus. Cette ontologie est liée à la volonté d’attester de la matérialité de ces phénomènes (par exemple par l’imagerie médicale), comme si les méthodes devaient définir l’objet. Si l’on considère au contraire les émotions comme des processus complexes, mis en forme et gérés dans le cadre d’interactions sociales contextualisées, des méthodes plus qualitatives et ouvertes (observations in situ et entretiens approfondis) sont un complément nécessaire pour en saisir les significations, les enjeux et les régulations. En m’appuyant sur mes recherches auprès de diplomates et de policiers, j’illustre la pertinence de cette démarche pour opérationnaliser une notion qui fait sens à la fois dans les sciences de la vie et dans les sciences sociales, celle de color...
Dans son travail fondateur sur le travail emotionnel Arlie Hochschild comparait l'activite des hotesses de l'air et celle des employes charges du recouvrement de creances. Alors que les premieres devaient etre souriantes, aimable,... more
Dans son travail fondateur sur le travail emotionnel Arlie Hochschild comparait l'activite des hotesses de l'air et celle des employes charges du recouvrement de creances. Alors que les premieres devaient etre souriantes, aimable, sereine et protectrices pour mettre a l'aise les passagers et rendre leur voyage plus agreables, les seconds devaient se montrer durs, intimidants et rudes afin de mieux convaincre les mauvais payeurs. Pour Hochschild, leurs employeurs exploitaient ainsi, dans ces deux metiers, les supposees « qualites » feminines et masculines de leur salaries dans le but d'augmenter la rentabilite. L'objectif de cet article est d'explorer a nouveau la part emotionnelle de deux professions relativement typees du point de vue du genre et dans lesquelles le controle des emotions est presente comme une partie centrale de la competence et du savoir etre : les infirmieres hospitalieres et les policiers de voie publique.
The psychological management of stress in occupations that are deemed to be difficult might be a helpful resource for the workers confronted with tiresome tasks. But the psychological discourses and practices relating to stress defined as... more
The psychological management of stress in occupations that are deemed to be difficult might be a helpful resource for the workers confronted with tiresome tasks. But the psychological discourses and practices relating to stress defined as an individual ill-adaptation to the environment can also lead the victim of stress to develop a feeling of stigmatization and guilt: if she is not able to manage her stress, she is not really professional! While the nurses have been able to build claims on the basis of this logic, and while the bus drivers, assist-ed by their trade unions and by militant psychologists, have been able to reject this overly individualizing dimension, police forces have opted for a form of resistance based on the internal management of difficulties. Confronted with psycho-logists who are not well integrated in the professional police world and who offer a standardized management of stress, centered on actual emotional experience, police squads and their top officers h...
Entre l’image prestigieuse du diplomate qui agit directement sur le cours des relations internationales et la représentation d’un monde plus futile tourné vers les réceptions et les mondanités, le grand public ne sait pas en quoi consiste... more
Entre l’image prestigieuse du diplomate qui agit directement sur le cours des relations internationales et la représentation d’un monde plus futile tourné vers les réceptions et les mondanités, le grand public ne sait pas en quoi consiste exactement le travail diplomatique. Contrairement à d’autres emplois publics (comme ceux de l’enseignement, de la police ou de l’hôpital), les usagers ont peu l’occasion de rencontrer des diplomates (à l’exception des Français de l’étranger pour le personnel consulaire) ; ce qui favorise probablement fantasmes et représentations déformées du métier. D’après la convention de Vienne signée en 1961 pour réguler et codifier les relations diplomatiques bilatérales, celles-ci doivent remplir cinq grandes fonctions : représenter l’État d’origine dans le pays d’accréditation ; défendre les intérêts de l’État d’origine dans le pays d’accréditation ; négocier avec le gouvernement du pays d’accréditation ; s’informer, par des moyens légaux, de la situation et...
Research Interests:
Malgre des conditions de travail et d'emploi globalement moins favorables, les plaintes de stress sont moins nombreuses dans les TPE (tres petites entreprises). Ce constat peut en fait recouvrir deux situations tres differentes. Dans... more
Malgre des conditions de travail et d'emploi globalement moins favorables, les plaintes de stress sont moins nombreuses dans les TPE (tres petites entreprises). Ce constat peut en fait recouvrir deux situations tres differentes. Dans la premiere, la plainte n'est pas audible car les difficultes, face a la crainte de perdre son emploi, sont tues ou niees. Dans la seconde, c'est au contraire un mode de resolution informelle et en amont des difficultes qui permet d'eviter qu'elles ne soient vecues comme du stress. Ce type d'organisation base sur la proximite sociale et affective suscite l'engagement et la solidarite dans le travail. Mais il requiert egalement des regulations collectives pour controler les risques de sur-engagement et de dependance, comme le montre une etude sur cinq petites structures.
SUMMARY The aim of this research is to analyse the phenomenon of workplace bullying in two countries: Italy and France and trying to understand the differences among them. The words used to refer to it are respectively "mobbing"... more
SUMMARY The aim of this research is to analyse the phenomenon of workplace bullying in two countries: Italy and France and trying to understand the differences among them. The words used to refer to it are respectively "mobbing" in Italy and "harcèlement moral" in France. The research analyse the phenomenon's characteristics through the opinion of an expert sample, belonging to different areas linked to their cultural background. They were selected by the researchers for their expertise and experience on this topic. The tool used was a semi-structured interview conducted in vivo by the researcher. The data resulting were processed as follow: a qualitative analysis was conducted through the production of short synthesis for each interview; a quantitative analysis was conducted through the attempt to standardize the qualitative answers in percentage data. The results shows the existence of different phenomenon's characteristics in the two countries.
Le regard generalement porte sur la jeunesse est paradoxal. Souvent percu comme le « plus bel âge de la vie », valorisee par la publicite et les medias, la jeunesse est aussi frequemment presentee comme une periode de fragilite, voire... more
Le regard generalement porte sur la jeunesse est paradoxal. Souvent percu comme le « plus bel âge de la vie », valorisee par la publicite et les medias, la jeunesse est aussi frequemment presentee comme une periode de fragilite, voire aussi comme un groupe a risque pour la sante mentale. La lecture des donnees statistiques et epidemiologiques ne permet pourtant pas totalement d'expliquer cette preoccupation pour la sante des jeunes. En effet, en dehors des accidents de la route et de la consommation de drogues « douces », les indicateurs sanitaires revelent une meilleure sante chez les 15-24 ans que parmi les adultes de plus de 25 ans. L'objectif de cet article est de montrer comment et pourquoi les discours sur la mauvaise sante et la souffrance des jeunes ont progressivement colonise les thematiques plus anciennes de la precarite professionnelle et de la delinquance des jeunes.
Chaque fois que les temps sont difficiles, les fonctionnaires sont la cible de la vindicte de leurs concitoyens pour mille raisons que l'on connait bien, allant du statut protege de leur emploi a leur nombre mis en regard des services... more
Chaque fois que les temps sont difficiles, les fonctionnaires sont la cible de la vindicte de leurs concitoyens pour mille raisons que l'on connait bien, allant du statut protege de leur emploi a leur nombre mis en regard des services rendus, juges toujours insuffisants ou insatisfaisants. Au sein de cet univers, les diplomates occupent une place a part, presque privilegiee, si l'on entend par privilege le fait d'etre l'objet d'une vindicte specifique, en grande partie conditionnee par la representation que l'on se fait de leur activite. Pour nombre d'esprits critiques, le travail des diplomates se resume a ce qu'en donne a voir une celebre publicite de chocolat : des receptions dans les salons somptueux des ambassades, une vie mondaine resumant a leurs yeux la totalite de leur activite professionnelle. Une Direction de l'equipement a pour vocation de construire des routes et des ponts, des rond-points et des equipements de signalisation. Le trava...
Plaisanteries, vannes, moqueries, blagues entre collegues, attitudes ironiques face a la hierarchie, gestes ou comportements burlesques, etc., l'humour se manifeste de nombreuses facons dans le monde du travail comme en temoignent... more
Plaisanteries, vannes, moqueries, blagues entre collegues, attitudes ironiques face a la hierarchie, gestes ou comportements burlesques, etc., l'humour se manifeste de nombreuses facons dans le monde du travail comme en temoignent differentes enquetes de terrain concernant des milieux professionnels varies. Toutefois, peu de publications en francais sont specifiquement dediees a une analyse transversale et globale de l'humour au travail en dehors des quelques ouvrages qui se proposent d'en faire un outil au service de l'efficacite relationnelle et productive. La tentation est grande en effet d'aborder l'humour au travail avec un prisme fonctionnaliste, utilitariste ou instrumental. L'echange de blagues ou de plaisanteries n'est plus pense alors que comme un moyen d'assurer la bonne marche de l'organisation, de gerer les problemes ou de produire un travail plus efficace. Avoir de l'humour devient alors un atout dans la competition economiqu...
Marc Charron "La construction du social : Souffrance, travail et catégorisation des usagers dans l’action publique, LORIOL, Marc (2012). Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. Le sens social, 214 p.." Reflets 192... more
Marc Charron "La construction du social : Souffrance, travail et catégorisation des usagers dans l’action publique, LORIOL, Marc (2012). Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. Le sens social, 214 p.." Reflets 192 (2013): 214–217. DOI : 10.7202/1021187ar Ce document est protégé par la loi sur le droit d'auteur. L'utilisation des services d'Érudit (y compris la reproduction) est assujettie à sa politique d'utilisation que vous pouvez consulter en ligne. [https://apropos.erudit.org/fr/usagers/politiquedutilisation/]
Fatigue is complex, representing simultaneously a physiological, psychological and social phenomenon. The sociological approach attempts to understand the experience of fatigue and its characterization at diverse periods and in various... more
Fatigue is complex, representing simultaneously a physiological, psychological and social phenomenon. The sociological approach attempts to understand the experience of fatigue and its characterization at diverse periods and in various social contexts. After giving a sociological history of different forms of fatigue through the ages (acedia, melancholy, neurasthenia, chronic fatigue syndrome, etc.), this article proposes a social epidemiology of fatigue in the current period. Objectification of working and living conditions allows us to illustrate social inequalities in fatigue and exhaustion, but seems to contradict dominant social representations of fatigue today. It invites a critical discussion of contemporary theories of fatigue (such those of Alain Ehrenberg or Byung-Chul Han), which consider that fatigue is a condition of modern man, overwhelmed by his freedom. More modestly, analysis of the fatigue presented here rests on the capacity to be able to find a good balance between too much investment in work or life (which is exhausting) and not enough investment (which leads to boredom and lack of self-fulfillment). This balance depends on fragile and specific social norms in different professional or social circles and cannot be defined a priori.
Si la modernite economique et sociale tend vers une separation croissante du public et du prive, du professionnel et de l’intime, des exceptions perdurent. C’est le cas du travail des diplomates qui, pour mener a bien leurs activites de... more
Si la modernite economique et sociale tend vers une separation croissante du public et du prive, du professionnel et de l’intime, des exceptions perdurent. C’est le cas du travail des diplomates qui, pour mener a bien leurs activites de representation, d’information et de negociation, doivent meler relations professionnelles et amicales, vie publique et vie de famille, lieu de travail et domicile. Lointains heritiers de traditions aristocratiques propres aux societes de cour, les diplomates doivent inventer, avec leurs conjoints, de nouvelles formes d’imbrication du prive et du public. Le travail diplomatique suppose une pratique professionnelle de la gestion de son image personnelle, des relations personnelles, de la convivialite et de l’hospitalite. Inviter, etre invite, y compris dans des domiciles prives, est un moyen parmi d’autres de constituer un reseau indispensable tant pour entretenir l’image de la relation politique que pour bâtir la confiance qui permet l’echange d’informations et la negociation. Le conjoint, qui est le plus souvent une conjointe, participe du travail de representation, de la construction de l’image et du standing du couple bien qu’il ne soit pas salarie du ministere. A partir d’observations (ambassades, consulats, Quai d’Orsay), d’entretiens et de memoires ou recits publies par des diplomates ou leurs epouses, cet article decrit comment l’intime et le prive restent pregnants dans une activite professionnelle qui personnalise les relations internationales.
Comment, dans les societes liberales, resoudre cette contradiction : le principe de l'assistance comme droit pour l'individu et le principe de la responsabilite individuelle comme fondement de la societe ? Le RMI, qui s'appuie... more
Comment, dans les societes liberales, resoudre cette contradiction : le principe de l'assistance comme droit pour l'individu et le principe de la responsabilite individuelle comme fondement de la societe ? Le RMI, qui s'appuie sur le principe de dignite humaine, est pense comme revenu transitoire avec contrepartie. La pauvrete elle-meme n'appelle donc pas une reparation automatique. La considerer comme un risque social ouvrirait sur des choix economiques differents

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Il est de plus en plus courant aujourd'hui de se plaindre d'une « mauvaise fatigue » dont seraient responsables les conditions de vie modernes. L’ambition de ce livre est d’articuler une approche historique longue qui inscrit cette notion... more
Il est de plus en plus courant aujourd'hui de se plaindre d'une « mauvaise fatigue » dont seraient responsables les conditions de vie modernes. L’ambition de ce livre est d’articuler une approche historique longue qui inscrit cette notion de mauvaise fatigue dans le processus de civilisation défini par Norbert Elias (l'autocontrôle des émotions et les nouvelles régulations s'accompagnent d'une individualisation et d'une autonomie qui rendent plus sensibles les défaillances individuelles) et une analyse de la façon dont différentes formes de fatigue et de mal-être au travail sont mises en forme et gérées dans des contextes sociaux particuliers.
Dès le IVe siècle, les écrits théologiques sur l'acédie des moines ébauchent une distinction entre une « bonne » et une « mauvaise » fatigue, évoquent les difficultés du travail intellectuel ou spirituel et associent le contrôle moral et social au discours sur la santé. Ces dimensions se retrouvent par la suite dans les discours sur la mélancolie, les vapeurs, la neurasthénie et sont toujours présentes à propos des entités contemporaines de fatigue : Syndrome de Fatigue Chronique (SFC), burn out, etc. Longtemps, la « mauvaise fatigue » est considérée comme l'apanage exclusif des couches supérieures et des élites intellectuelles. La fatigue du peuple ne devient un sujet de préoccupation que lentement, lorsque les plus riches prennent peu à peu conscience des liens qui unissent leur sort à celui des plus pauvres. La crainte du déclin physique et moral des ouvriers et le manque de fiabilité de la machine humaine, qui se fait de plus en plus sentir alors que l'industrialisation réclame une main d’œuvre plus précise et plus productive, font que la fatigue physique devient un sujet de préoccupation. Il faut toutefois attendre l'action de médecins engagés (Henri Wallon, Louis Le Guillant, etc.), relayée par le mouvement syndical, pour que le droit de souffrir d’une « mauvaise fatigue » soit reconnu aux catégories populaires : la démocratisation de la fatigue est allée de pair avec celle de la société et du savoir médical. Mais cette démocratisation et la domination de plus en plus forte de l'approche biomédicale en médecine conduisent les élites de la profession à faire preuve d'une certaine prudence à l'égard de la fatigue, laissant cet objet aux membres de segments plus marginaux dans la profession : psychiatres non organicistes, généralistes, médecins du travail, psychologues, etc. En fait, la conceptualisation de la notion de « mauvaise fatigue », ne se développe véritablement qu'en réponse à des besoins sociaux spécifiques : difficultés des moines anachorètes, intégration des courtisans disqualifiés par la centralisation du pouvoir royal, etc. C'est la situation sociale spécifique - qui peut être lue à travers le cadre général du processus de civilisation - qui permet de rendre compte du développement, dans un milieu social donné, de la notion de mauvaise fatigue et non la seule action des professionnels de santé.
L'exemple de l'épuisement professionnel des infirmières montre comment le discours sur la fatigue exprime une demande de reconnaissance tout en étant le support d'une stratégie de professionnalisation soutenue par les élites de la profession et un moyen de gérer de façon individuelle un problème collectif. Lorsque qu'elles sont interrogées sur leur fatigue, les infirmières évoquent très souvent leurs relations avec les malades et leur position dans la division professionnelle du travail à l'hôpital. C'est à travers ces deux dimensions que la sensation de fatigue, qu'elle soit physique (le mal au dos, les jambes lourdes) ou psychique prend son sens : la fatigue est plus ou moins implicitement vécue comme une conséquence des difficultés à mettre en oeuvre la compétence professionnelle propre de l'infirmière dans son rapport au malade. La reconnaissance éventuelle de son dévouement et de sa gentillesse, qui sont des qualités profanes plus que professionnelles, ne lui suffit pas pour se distinguer de l'aide-soignante tandis qu'il lui faut aussi affirmer une compétence spécifique et différente par rapport au médecin (travail relationnel, approche globale, etc.). Face à ces difficultés dans les relations avec le malade et la mise en oeuvre du rôle professionnel, l'infirmière cherche à donner un sens au malaise qu'elle ressent. Des entretiens, il ressort que deux grandes interprétations cohabitent : dans la première, l'infirmière ne peut pas remplir pleinement son rôle par manque de moyens et de considération : le manque d'effectifs, le fait que les médecins ou l'administration ne prennent pas assez au sérieux son travail spécifique et une gestion des lits centrée sur la rotation la plus rapide possible dès que le problème médical est traité font que l'infirmière n'a pas le temps de s'investir dans une relation constructive avec le malade. La deuxième interprétation peut être résumée par l'idée que les problèmes de fatigue et de stress résultent d'une insuffisante professionnalisation de l'infirmière. C'est donc en tant que professionnelle que l'infirmière devrait pouvoir gérer ses rapports au malade, en s'appuyant sur des connaissances en « science infirmière ». Selon l'image idéale, elle doit donc pouvoir séparer son moi personnel de son moi professionnel et de cette façon éviter de prendre sur elle la souffrance des malades. Au contraire, l'épanouissement personnel devient un devoir pour pouvoir apporter au malade l'aide dont il a besoin sans que les problèmes personnels ne rejaillissent sur le travail.
La politique des institutions (ministère de la Santé, directions hospitalières...), de l'encadrement et parfois des chefs de service, qui font appel à des psychologues pour gérer les problèmes liés à la fatigue et au stress des infirmières (revendications collectives, absentéisme, problèmes de recrutement, difficulté de prise en charge de certains malades, etc.) sans remettre en cause leurs propres objectifs, contribue également à officialiser la deuxième interprétation et peut même devenir un moyen de prévenir les conflits, les infirmières étant partiellement satisfaites de cette reconnaissance de leurs difficultés. Par contre, les acteurs qui se sentaient plus proches de la première interprétation, notamment les syndicats et certains médecins du travail se trouvent marginalisés, d'autant plus facilement que beaucoup d'infirmières expriment à leur égard méfiance et scepticisme.
L’étude de l’expression de la fatigue au travail dans différents groupes professionnels (infirmières, mais aussi assistantes sociales, ouvriers d’usine, chauffeurs routiers et conducteurs de bus) a mis en évidence la nécessité d’une rupture progressive avec l’approche psychophysiologique qui fait de la fatigue un phénomène strictement objectif, proportionnel à la charge (physique et mentale) de travail. La première image qui vient à l’esprit pour rendre compte de la fatigue est celle du manque « d’énergie ». Cette métaphore énergétique considère en quelque sorte le « tonus » comme un capital que l'on peut augmenter ou consommer jusqu'à l'épuisement. Mais, l’énergie humaine, quelque soit la forme qui lui est donnée (électrique, chimique, libidinale…), n’a jamais pu être isolée en tant que substance empiriquement observable et il ne peut s’agir au mieux que d’une métaphore pour rendre compte d’une réalité difficile à cerner. La motivation nécessaire à toute action dépend, en dernier ressort, du sens, socialement construit, que l’acteur donne à son investissement dans l’action. Le contexte organisationnel, les moyens mis à disposition des salariés, les attentes parfois contradictoires qui leur sont adressées favorisent plus ou moins la reconnaissance du travail accompli et la construction d’un sens positif au travail. Quand cela n’est pas le cas, un sentiment de mal-être –qui peut s’exprimer à travers les termes de fatigue, de stress ou de déprime– peut être objectivé sous des formes spécifiques à chaque milieu social. La fatigue, en effet, n’est pas seulement une sensation, elle est également l’objet de représentations et de discours, qui contribuent à structurer les formes légitimes et dominantes dans lesquelles elle peut s’exprimer. Ce discours de sens commun est aussi bien souvent un discours idéologique qui traduit tout un jeu d’acteurs et la capacité de chacun de ces acteurs à traduire leurs intérêts pour en faire un point de passage obligé dès lors qu’il s’agit de penser le travail. La constitution des différentes entités pathologiques capables de donner forme à une expression particulière de la fatigue peut ainsi relever d’une analyse stratégique.
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