Séminaire Céleste. Savoirs et cultures du ciel by Laurence Guignard
Le séminaire « Céleste » propose d’ouvrir un lieu de dialogue aux recherches d’histoire sociale e... more Le séminaire « Céleste » propose d’ouvrir un lieu de dialogue aux recherches d’histoire sociale et culturelle du ciel, dans les différentes acceptions du terme, un ciel conçu comme un au-dessus du limbe terrestre, de l’atmosphère et ses météores au cosmos et ses mondes. Il s’agit dans ce cadre d’envisager cet espace comme un objet de savoirs et de spéculations, selon des approches en phase avec l’historiographie actuelle, traitant à parts égales les productions savantes et profanes, officielles et alternatives, appréhendées sans hiérarchie téléologique.
Histoire des IUFM by Laurence Guignard

Les Instituts universitaires de formations des maîtres (IUFM), créés par la loi du 10 juillet 198... more Les Instituts universitaires de formations des maîtres (IUFM), créés par la loi du 10 juillet 1989, ont marqué les esprits. Leur acronyme reste probablement aujourd’hui plus visible auprès du grand public que ceux d’École supérieure du professorat et de l’éducation (ESPÉ), entre 2013 et 2019, ou d’Institut national supérieur du professorat et de l’éducation (INSPÉ) depuis 2019. Ils ont relevé d’une ambition sociale forte : répondre aux besoins pédagogiques créés notamment par l’objectif de démocratisation de l’enseignement secondaire amorcée à la fin des années 1950. La scolarité obligatoire portée à 16 ans (1959, la loi prenant effet en 1967), le collège unique (1975), puis la massification du lycée à partir des années 1985-89 (80% d’une classe d’âge au bac) imposaient de prendre en charge plus longtemps une part croissante, et socialement plus diverse, de chaque génération. Il s’agissait donc de recruter et de mieux former des enseignants plus nombreux, tout en dépassant les clivages séparant instituteurs, enseignants du secondaire et enseignants des lycées professionnels, alors que les départs à la retraite de la génération du baby-boom s’accéléraient. Le projet d’IUFM reposait ainsi sur l’idée que l’amélioration de la formation des professeurs pourrait rendre possible la réussite de tous les élèves, ou tout au moins améliorer l’égalité sociale dans une école désormais de masse, et réduire un échec scolaire dont la notion commençait à se constituer.
ANR ArchiFlamm by Laurence Guignard

Les éditions numériques de corpus d'archives et les techniques qui lui sont associées bouleversen... more Les éditions numériques de corpus d'archives et les techniques qui lui sont associées bouleversent les méthodes de recherche en histoire et en histoire des sciences. Les effets qu'ont sur les pratiques disciplinaires les usages de ces outils (indexation, base de données, bibliothèques numériques, reconnaissance des textes imprimés et manuscrits (OCR & HTR), lexicométrie, cartographie numérique et, de plus en plus, exploitation de l'IA) sont manifestes. Cependant les enjeux des nouveaux problèmes que ces usages font surgir sont tels, qu'ils deviennent eux-mêmes aujourd'hui des objets de recherche. Cette nouvelle heuristique impose donc une réflexion critique que le projet ARCHIFLAMM veut reprendre à bras le corps, alors qu'il s'engage dans une entreprise d'édition numérique de grande ampleur. Le projet a pour objectif de préparer l'édition numérique, la mise à disposition en Open access sur la plateforme EMAN et l'exploitation scientifique d'un corpus d'archives qui
Books by Laurence Guignard
Sociétés et Représentations, 2024
Nuncius. Journal of the Material and Visual History of Science, 2024
This special issue looks at the history of science as practiced by amateurs during the nineteenth... more This special issue looks at the history of science as practiced by amateurs during the nineteenth and twentieth centuries. Our approach to these scientific activities privileges objects as material and visual sources. As readers will note from the articles, the topic is interdisciplinary in nature: first and foremost, because the extremely varied field of amateur hobbies appeals equally to historians of science, the arts, or sports, as well as to social and cultural historians.
Revue d'histoire du 19e siècle, 2018

Revue d'histoire du 19e siècle, n° 57, 2018/2, 2018
La science, érigée dans la seconde moitié du XIXe siècle presqu’en « nouvelle religion », – avec... more La science, érigée dans la seconde moitié du XIXe siècle presqu’en « nouvelle religion », – avec ses clercs, ses dogmes, ses apologètes, et ses détracteurs –, avec aussi ses merveilles, ses attributs sociaux, ses gratifications symboliques, et parfois pécuniaires, recrute ainsi des fidèles au sein de groupes dépassant largement les seuls savants autorisés. Ceux-ci participent, sans doute en mode mineur, des conquêtes scientifiques du siècle, les accompagnent et probablement les alimentent. Déjà relevé, mais peu investigué pour lui-même, « ce désir nouveau de savoir » intéresse une histoire des savoirs à large focale, attentive aux échanges noués entre profanes et sciences institutionnalisées autant qu’à leurs frontières, à leurs hybridations, et à la diversité de leurs acteurs. C’est son émergence, et les manifestations qu’il génère, que l’on souhaite ici questionner.

Le 10 août 1824, près de La Ferté-Alais (Essonne), Constance Debully, âgée de douze ans et demi, ... more Le 10 août 1824, près de La Ferté-Alais (Essonne), Constance Debully, âgée de douze ans et demi, partie pour aller ébourgeonner des plans de vigne, a disparu. On découvre quelques jours plus tard son cadavre soigneusement dissimulé dans la « grotte de la Charbonnière ». Antoine Léger est vite retrouvé et reconnu coupable du meurtre et du viol de la petite fille, dont il avait dévoré une partie du cadavre et bu le sang. Après un procès à huis clos à la Cour d’assises de Versailles, Léger, devenu « loup-garou », est condamné à la guillotine, sans montrer la moindre émotion.
Le cas d’Antoine Léger puise dans l’horreur sa lumière sombre, susceptible d’éclairer une histoire de ce que l’on peut nommer le mal. Cette étude a voulu être attentive au cheminement qui fait du crime d’Antoine Léger une affaire judiciaire, puis un cas médical intéressant plusieurs générations de psychiatres, à un moment où l’on scrute l’intériorité des criminels et les ressorts moraux des actions humaines : de Georget, contemporain de l’affaire, qui défend l’idée d’un acte fou, jusqu’à Krafft-Ebing qui à la fin du siècle inscrit la jouissance du mal qu’il nomme sadisme dans une conception neuve du psychisme. Laurence Guignard rassemble la série des textes qui ont mobilisé le cas Léger, montrant combien l’étiologie de la perversité puis des perversions a constitué un axe fécond de l’histoire de la psychiatrie.
Ce recueil rassemble la série des textes qui ont mobilisé le cas
Alors que le droit semblait un cadre lointain de processus sociaux qui le
dépassaient largement,... more Alors que le droit semblait un cadre lointain de processus sociaux qui le
dépassaient largement, nombre de travaux d’histoire et de sociologie historique
mobilisent aujourd’hui les ressources de la législation et de la fabrique
de la loi, mais aussi du droit élaboré en continu par la jurisprudence et par la
doctrine juridique.

Des faits-divers aux réformes pénales, le thème de la folie criminelle est aujourd’hui fortement ... more Des faits-divers aux réformes pénales, le thème de la folie criminelle est aujourd’hui fortement médiatisé. L’ouvrage se propose de revenir sur son histoire et de saisir comment, au moment où la psychiatrie prend son essor, la justice a discerné les fous des sains d’esprit, comment elle a appliqué l’article 64 du Code pénal sur l’irresponsabilité des déments et comment, au fil des enquêtes judiciaires et des procès, a pu émerger puis se conclure le « diagnostic judiciaire » d’aliénation mentale.
L’intense effort d’élaboration d’une doctrine de la responsabilité ne résout que très partiellement les multiples difficultés pratiques auxquelles se confronte l’exercice du droit de punir. Du côté de la psychiatrie, les proposition contradictoires et fluctuantes des experts posent autant de questions qu’elles n’en résolvent. Les conceptions neuves de la folie comme la monomanie homicide, véritable folie du crime qui surgit dans le corpus médical autour de 1817, les instincts, l’hérédité morbide ou la dégénérescence, forment en effet autant de limites problématiques à l’exercice d’une volonté libre supposée diriger le sujet responsable.
C’est alors la notion d’inconscient, non encore établie, qui travaille souterrainement la médecine mentale du premier XIXe siècle, faisant des salles d’audience un véritable laboratoire du sujet moderne.
Dans la lignée des travaux de Michel Foucault, mais aussi de Gladys Swain et Marcel Gauchet, la réflexion porte sur la place croissante de la psychiatrie en justice, et s’inscrit dans l’histoire de la naissance d’un sujet psychique.
Papers by Laurence Guignard
Expériences de la folie. Criminels, soldats, patients en psychiatrie (XIXe-XXe siècles), 2013

Comment écrire aujourd'hui l'histoire de la folie ? Longtemps assimilée au seul discours ... more Comment écrire aujourd'hui l'histoire de la folie ? Longtemps assimilée au seul discours de la médecine psychiatrique, celle-ci prend désormais de nouveaux chemins. Inscrite dans un champ social plus large, explorant la période méconnue du XXe siècle, et plaçant les individus au premier plan, l'histoire proposée dans ce volume s'applique à renouveler la description de l'« expérience psychiatrique » sous ses diverses formes. À partir de trois situations institutionnelles différentes – judiciaire, militaire, hospitalière – exposées dans leur contexte historique des XIXe et XXe siècles, les auteurs de ce volume s'appliquent à saisir les trajectoires singulières des patients dans leurs interactions avec les configurations institutionnelles de la psychiatrie et les catégories médicales qui définissent la maladie mentale. Comment émerge la figure « limite » du fou dangereux au point de contact de la justice et de la psychiatrie ? Comment les troubles psychiques de la Grande guerre ont-ils été pensés et pris en charge ? Quelle fut la place des patients dans l'hôpital psychiatrique du XXe siècle ? À partir de ces trois questions se dessine une autre histoire de la folie dans laquelle les médecins sont acteurs au même titre que les juges, les militaires ou les patients
Jean-Claude Farcy à l’œuvre. Des champs aux tribunaux, 2023
Cet article s'insère dans un volume d'hommage à l'oeuvre de l'historie Jean-Claude Farcy. Il s'in... more Cet article s'insère dans un volume d'hommage à l'oeuvre de l'historie Jean-Claude Farcy. Il s'intéresse à la manière dont l'identification de la justice du XIXe siècle a une justice de classe a pu irriguer ses questionnements.

Le Mouvement social, 2024
Centre de recherche en histoire européenne comparée La Société astronomique de France (SAF) est n... more Centre de recherche en histoire européenne comparée La Société astronomique de France (SAF) est née en 1887, sous l'impulsion de Camille Flammarion (1842-1925) 1. Sa création est significative du succès contemporain de l'astronomie, ainsi que de la faveur des sociétés savantes dont le développement s'accélère au début de la III e République, avec une spécialisation disciplinaire accrue, notamment dans le domaine des sciences. Les sociétés savantes rejoignent ainsi le fort intérêt social pour les sciences des érudits, amateurs et jusqu'à un large public qui, à la fin du siècle, peut s'étendre aux limites des mondes ruraux 2. À des niveaux divers, ces amateurs se livrent à des activités savantes à côté des lieux de savoirs institutionnalisés, académies, universités, laboratoires, observatoires officiels, dans des perspectives très variées 3. Si certains d'entre eux contribuent à la production des savoirs, tous participent à l'assimilation collective des nouvelles données scientifiques du temps. L'histoire, l'archéologie, les sciences naturelles sont les plus couramment pratiquées à côté d'un spectre disciplinaire plus divers et moins bien connu, dont l'astronomie. Située d'abord dans le nouvel Hôtel des sociétés savantes, rue Serpente à Paris, doté d'une coupole et d'une lunette d'observation, puis à l'Observatoire astronomique que Camille Flammarion a fait construire à Juvisy en 1883, la SAF se livre aux activités classiques de ces collectifs : une pratique scientifique, ici l'observation des astres (les planètes du système solaire, les comètes, les éclipses), la production de croquis et de photographies, mais aussi l'organisation de réunions, de conférences, de concours et remises de prix, et la publication d'ouvrages et de périodiques 4. La SAF structure parallèlement un réseau d'astronomes, remarquable par son extension géographique et par le nombre de ses membres-Jean-Pierre Chaline la qualifie de société savante « de masse 5 »-qui contribue à irriguer l'ensemble des travaux de la société. L'analyse de la liste des sociétaires fait en effet apparaître un réseau mondial qui, autour de 1900, réunit plusieurs milliers de personnes, et dont le prestige se manifeste lors d'événements comme la

DicoPolHis, 2023
La Lycanthropie est une des anciennes catégories de transformation animale, la transformation en ... more La Lycanthropie est une des anciennes catégories de transformation animale, la transformation en loup. Elle figure l'incarnation dans l'homme civilisé d'une sauvagerie multiforme dont l'anthropophagie et plus souterrainement le viol sont les manifestations les plus évidentes. Elle s'inscrit dans une double tradition savante. C'est d'abor une tradition médicale, ancrée dans la médecine antique et relayée au début de l'époque moderne, notamment par Claude Prieur ou Jean de Nynauld, pour qui elle désigne une maladie « naturelle » qui relève des troubles de l'esprit, une forme de mélancolie 1. En second lieu il s'agit d'une tradition occulte renouvelée au XVI e siècle par les démonologues qui y voient de véritables transformations fruits de manipulations magiques réalisées sous influence diabolique. Les actes du lycanthropes sont précis et documentés par la littérature. Jean Bodin, par exemple, dans son fléau des sorciers s'intéresse au cas Gilles Garnier qui « étant en forme de Loup Garou, prit une jeune fille de l'âge de dix ou douze ans près le bois de la Seire en une vigne, au vignoble de Chastenoy près de Dole… Il l'avait tuée, et occise tant avec ses mains semblans pattes, qu'avec ses dents, et mangé la chair des cuisses et bras dicelle, et en avait porté à sa femme 2 ».
Jean-Christophe Blanchard, Isabelle Guyot-Bachy (dir.), Dictionnaire de la Lorraine savante 1500-1950, Edition des Paraiges, Metz, 2022., 2022
La place des femmes dans les mondes de l'érudition en Lorraine 1800-1950.
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Séminaire Céleste. Savoirs et cultures du ciel by Laurence Guignard
Histoire des IUFM by Laurence Guignard
ANR ArchiFlamm by Laurence Guignard
Books by Laurence Guignard
Le cas d’Antoine Léger puise dans l’horreur sa lumière sombre, susceptible d’éclairer une histoire de ce que l’on peut nommer le mal. Cette étude a voulu être attentive au cheminement qui fait du crime d’Antoine Léger une affaire judiciaire, puis un cas médical intéressant plusieurs générations de psychiatres, à un moment où l’on scrute l’intériorité des criminels et les ressorts moraux des actions humaines : de Georget, contemporain de l’affaire, qui défend l’idée d’un acte fou, jusqu’à Krafft-Ebing qui à la fin du siècle inscrit la jouissance du mal qu’il nomme sadisme dans une conception neuve du psychisme. Laurence Guignard rassemble la série des textes qui ont mobilisé le cas Léger, montrant combien l’étiologie de la perversité puis des perversions a constitué un axe fécond de l’histoire de la psychiatrie.
Ce recueil rassemble la série des textes qui ont mobilisé le cas
dépassaient largement, nombre de travaux d’histoire et de sociologie historique
mobilisent aujourd’hui les ressources de la législation et de la fabrique
de la loi, mais aussi du droit élaboré en continu par la jurisprudence et par la
doctrine juridique.
L’intense effort d’élaboration d’une doctrine de la responsabilité ne résout que très partiellement les multiples difficultés pratiques auxquelles se confronte l’exercice du droit de punir. Du côté de la psychiatrie, les proposition contradictoires et fluctuantes des experts posent autant de questions qu’elles n’en résolvent. Les conceptions neuves de la folie comme la monomanie homicide, véritable folie du crime qui surgit dans le corpus médical autour de 1817, les instincts, l’hérédité morbide ou la dégénérescence, forment en effet autant de limites problématiques à l’exercice d’une volonté libre supposée diriger le sujet responsable.
C’est alors la notion d’inconscient, non encore établie, qui travaille souterrainement la médecine mentale du premier XIXe siècle, faisant des salles d’audience un véritable laboratoire du sujet moderne.
Dans la lignée des travaux de Michel Foucault, mais aussi de Gladys Swain et Marcel Gauchet, la réflexion porte sur la place croissante de la psychiatrie en justice, et s’inscrit dans l’histoire de la naissance d’un sujet psychique.
Papers by Laurence Guignard
Le cas d’Antoine Léger puise dans l’horreur sa lumière sombre, susceptible d’éclairer une histoire de ce que l’on peut nommer le mal. Cette étude a voulu être attentive au cheminement qui fait du crime d’Antoine Léger une affaire judiciaire, puis un cas médical intéressant plusieurs générations de psychiatres, à un moment où l’on scrute l’intériorité des criminels et les ressorts moraux des actions humaines : de Georget, contemporain de l’affaire, qui défend l’idée d’un acte fou, jusqu’à Krafft-Ebing qui à la fin du siècle inscrit la jouissance du mal qu’il nomme sadisme dans une conception neuve du psychisme. Laurence Guignard rassemble la série des textes qui ont mobilisé le cas Léger, montrant combien l’étiologie de la perversité puis des perversions a constitué un axe fécond de l’histoire de la psychiatrie.
Ce recueil rassemble la série des textes qui ont mobilisé le cas
dépassaient largement, nombre de travaux d’histoire et de sociologie historique
mobilisent aujourd’hui les ressources de la législation et de la fabrique
de la loi, mais aussi du droit élaboré en continu par la jurisprudence et par la
doctrine juridique.
L’intense effort d’élaboration d’une doctrine de la responsabilité ne résout que très partiellement les multiples difficultés pratiques auxquelles se confronte l’exercice du droit de punir. Du côté de la psychiatrie, les proposition contradictoires et fluctuantes des experts posent autant de questions qu’elles n’en résolvent. Les conceptions neuves de la folie comme la monomanie homicide, véritable folie du crime qui surgit dans le corpus médical autour de 1817, les instincts, l’hérédité morbide ou la dégénérescence, forment en effet autant de limites problématiques à l’exercice d’une volonté libre supposée diriger le sujet responsable.
C’est alors la notion d’inconscient, non encore établie, qui travaille souterrainement la médecine mentale du premier XIXe siècle, faisant des salles d’audience un véritable laboratoire du sujet moderne.
Dans la lignée des travaux de Michel Foucault, mais aussi de Gladys Swain et Marcel Gauchet, la réflexion porte sur la place croissante de la psychiatrie en justice, et s’inscrit dans l’histoire de la naissance d’un sujet psychique.
Déjà relevé, mais peu investigué pour lui-même, ce désir nouveau de savoir intéresse une histoire des savoirs à large focale, attentive aux échanges noués entre profanes et sciences institutionnalisées autant qu’à leurs frontières, à leurs hybridations, et à la diversité de leurs acteurs. C’est son émergence, et les manifestations qu’il génère, que la dernière livraison de la Revue d’histoire du XIXe siècle propose de questionner.
d’années aux rapports qu’entretiennent la psychiatrie et la justice au XIXe siècle, ainsi que leur
dernier avatar : le cas Antoine Léger, assassin, violeur et anthropophage, jugé en 1824. L’analyse
de ce crime, exceptionnel par sa monstruosité mais aussi par la pérennité du cas dont les échos
se prolongent jusqu’au début du XXe siècle, permet de tracer le cheminement du crime puis
du cas médical, alors qu’on scrute avec une acuité croissante les ressorts intérieurs des actions
humaines.
au contact de l’anthropologie. La démarche propose d’observer les pratiques concrètes, les dispositifs techniques, les séries d’enregistrements et les inscriptions auxquelles donne lieu l’activité scientifique. Dans le prolongement de cette historiographie, notre but est de déplacer la focale vers le monde des amateurs de sciences, un groupe dont la définition plurielle et mouvante est malaisée.
Intitulé « Gestes et pratiques », l’axe 3 de ce projet de recherche est centré sur les productions matérielles des amateurs : instruments, dispositifs expérimentaux, collections, maquettes, images, etc. Les travaux impulsés en histoire des sciences dans le sillage du practical turn et des études visuelles ont montré tout l’intérêt de ces sources non textuelles qui donnent accès à une connaissance des gestes et des pratiques savantes qui les ont produites. L’étude de ces productions matérielles peut aussi mettre en lumière des modes d’acculturation aux sciences qui passent par le corps autant que par les discours, qui sont plus horizontaux (de praticien à praticien, d’amateur à amateur, etc.) que ceux, mieux étudiés, de la vulgarisation, et qui sont de ce fait plus autonomes face à la science professionnelle.