Interviews and recordings by HERVE GUILLEMAIN
La Marche de l'histoire - Mai 2018
Conference Presentations by HERVE GUILLEMAIN
Amateurs et professionnels dans les sciences : définition et redéfinition des identités et des fr... more Amateurs et professionnels dans les sciences : définition et redéfinition des identités et des frontières (années 1850-années 1950) - Programme de la journée d'étude du Mans - 14 janvier 2020.

Qu’est-ce-que la démocratie sanitaire ? A travers un ensemble de dispositifs récents, prévus nota... more Qu’est-ce-que la démocratie sanitaire ? A travers un ensemble de dispositifs récents, prévus notamment dans les lois de 1991 et de 2002, les usagers et les associations qui les représentent sont désormais officiellement investis d’une fonction dans le système de santé (conseils territoriaux, commission des usagers des établissements, actions de groupe). L’aspiration démocratique dans le champ de la santé ne se limite cependant pas à ces aspects. Elle relève aussi d’une volonté plus ancienne de rééquilibrage de la relation soignant/soigné et de valorisation du savoir du patient. Elle prend aujourd’hui des formes différentes, depuis l’intervention des lanceurs d’alertes jusqu’aux demandes liées à la nouvelle médecine des désirs en passant par l’organisation de débats citoyens sur les questions de santé et la mise en place de nouveaux outils pour contrer la désertification médicale. Le projet DEMOS a pour but de penser dans le temps long, en lien avec les enjeux et les acteurs contemporains, les différentes formes d’aspirations à la démocratie sanitaire dans plusieurs dimensions : modes d’organisations, lieux d’expression, typologie des acteurs, objets de mobilisation. Un des objectifs du projet est d’identifier les facteurs et les moments qui poussent les citoyens, malades ou non, à s’investir dans le champ de la santé, c’est-à-dire à ne pas résumer leur rôle à celui de consommateur. Pour cette première rencontre nous proposons de réunir des spécialistes des sciences humaines et sociales qui présenteront de manière synthétique leurs travaux ainsi que des acteurs de la santé (associations, élus, soignants) qui présenteront leurs expériences de terrain, pour ensemble débattre à propos des acteurs, des formes et des thèmes de l’intervention citoyenne dans le champ de la santé.

La « médecine personnalisée », telle qu'elle est rêvée ou crainte aujourd'hui, ne fait pas l'obje... more La « médecine personnalisée », telle qu'elle est rêvée ou crainte aujourd'hui, ne fait pas l'objet d'un consensus. Ses espoirs relèvent-ils du projet de constituer une médecine de précision fondée sur la recherche de marqueurs biologiques pathognomoniques et sur l'application de traitements individualisés à l'extrême ? Sont-ce plutôt les prémices d'une forme de nouvelle collaboration entre un sujet – désormais toujours potentiellement malade – qui enregistre et transmet ses données organiques et comportementales en continu, via des objets connectés et un réseau numérique, et un système de santé attentif aux moyens de prévenir les nouveaux fléaux sociaux du XXIe siècle ? Dans ces deux figures, se dessine une forme d'utopie du soin à distance qui fait l'économie d'une relation médecin-patient, voire de la construction du diagnostic. À moins qu'il ne s'agisse d'une forme de dystopie ouvrant sur un système de surveillance généralisé auquel le citoyen donnerait son consentement et qui rendrait le médecin (et ses avatars machiniques) omniprésent(s). La médecine « personnalisée » peut à l'inverse représenter l'espoir d'une médecine centrée sur la personne, d'une médecine intégrative, holistique, faisant intervenir l'ensemble des acteurs du soin. Qu'elle relève d'une pratique « sur mesure » ou d'une pratique « centrée sur la personne », la médecine personnalisée, par-delà les innovations techniques ou théoriques qu'elle peut mettre en branle n'intervient pas sur un terrain vierge.

Résumé
Que peut dire l’historien du nouveau paradigme numérique de la psychiatrie ? Certes celui-... more Résumé
Que peut dire l’historien du nouveau paradigme numérique de la psychiatrie ? Certes celui-ci écrase par sa nouveauté les continuités qu’une science et une pratique entretiennent pourtant avec leur passé. Mais est-ce bien la première fois qu’un événement dans l’histoire de la psychiatrie introduit simultanément de tels changements dans la manière de mesurer les souffrances individuelles et de prédire l’évolution des maladies ? L’association de l’utilisation du big data, d’une approche biologique de la maladie mentale et d’une démarche prédictive constitue le projet de la psychiatrie kraepelinienne de la fin des années 1890. Je propose dans cet article de faire retour sur le temps de fondation de ce projet et sur les débats qu’il suscita afin d’éclairer les enjeux sociaux d’une transformation conceptuelle et pratique si ce n’est équivalente, du moins comparable.
Mots clés : histoire de la psychiatrie – médecine prédictive – Kraepelin – marqueur biologique – démence précoce
Summary
What can a historian say about the new numeric paradigm emerging within the field of psychiatry? Certainly, this new paradigm dominates that which comes from a long history of psychiatry that maintains itself through reflecting on the past. But, is this really the first time that an event in the history of psychiatry has introduced such changes in a way that has assessed the suffering of individuals and even predicted the evolution of psychiatric illnesses and diseases? By evoking concepts such as big data usage, a biological approach to mental illness and the predictive precautions we are directed towards the Kraepelinian psychiatry project that dates back to the end of the1890s. I propose in this article to step back in time to the foundation of this project and to take a look at the debates that it provoked within the field in order to shed light onto the social stakes at play within a conceptual transformation and practice—if not equivalent or at least comparable in any way.

The medicine that is supposedly called " parallel " medicines has been the subject of an historic... more The medicine that is supposedly called " parallel " medicines has been the subject of an historic review for a few years. Far from hagiography and sterile medical denunciation, it's possible to write another narrative including a special attention to the mutual influences between academic medicine and alternative practices. Actually, even if they were technically different and born in various contexts, alternatives practices could be considered as a consistent historical object connected to certain evolutions within modern medical history. They are also frequently linked by a similar critical culture vis-à-vis the academic and industrial concepts of health. Last but not least, the stakeholders of these practices are generally found between the line separating the amateur and professional world. What further supports their position as a central place in the social history of health is the sociology of their supporters and the questions asked by them within the field of health. A number of founders of these alternative practices came from academic circles. It could be historically productive to come back to the way they have defined themselves. By doing so, we can rewrite this history using a cyclic model rather than a linear or a binary model : periods of marginality follow periods of integration to the experimental and hospital practices. This workshop will explore the ways one can produce a new narrative through these practices by taking recent examples worked on by
Books by HERVE GUILLEMAIN

Inventée vers 1900, la schizophrénie est devenue en cent ans la plus grande pourvoyeuse d’hospita... more Inventée vers 1900, la schizophrénie est devenue en cent ans la plus grande pourvoyeuse d’hospitalisations psychiatriques, une figure dominante de la culture cinématographique, un objet désormais récurrent d’intérêt médiatique. L’historien, Hervé Guillemain s’est plongé dans les dossiers de milliers de patients. Écrire l’histoire du point de vue des cliniciens n’aurait apporté rien de neuf. La schizophrénie, cette maladie du siècle, a déjà une histoire. C‘est bien celle des schizophrènes et de leur prise en charge médicale, politique et sociale qu’il convenait d’inventer avant que cette appellation, considérée par de nombreux médecins comme fragile, inopérante et stigmatisante, disparaisse des classifications mondiales. Il en ressort que l’un des premiers buts de cette « nouvelle maladie », née sur les beaux restes de la mélancolie, fut de prévenir l’essor des psychoses juvéniles. Plus généralement, ce sont aussi bien des domestiques en difficulté, des migrants confrontés à la crise que des jeunes adultes aspirant à l’émancipation qui formèrent, sous l’égide de la science et de la pratique médicale, un nouveau sous-ensemble de population reconnaissable à ses postures, ses gestes, la résistance aux thérapies et son inadaptation au nouveau modèle sélectionniste scolaire, militaire ou professionnel. Il en ressort aussi que des années 1900 aux années 1970 ces sujets considérés comme incurables ont été soumis à une double peine : la représentation socialement négative accolée à leur souffrance s’est doublée d’une intensification de leur traitement et d’une dégradation alarmante de leurs conditions de vie. Pourquoi et comment une nouvelle maladie mentale naît-elle, évolue-t-elle, meurt-elle ? C’est à ces questions qu’Hervé Guillemain répond en écoutant la voix de ceux qui furent à la fois les sujets et l’objet d’un épisode phénoménal.

Alliant l’extrême violence à la nouveauté technologique, la guerre de 1914-1918 traumatisa les co... more Alliant l’extrême violence à la nouveauté technologique, la guerre de 1914-1918 traumatisa les combattants. Des documents bouleversants et inédits font entendre la parole de ceux qui passèrent du front à l’asile.
Dès la mobilisation générale et les premiers combats la guerre de 1914 – dont personne ne prévoyait qu’elle durerait jusqu’en 1918 – imposa un rythme et une violence auxquels nul n’était préparé. La psychiatrie et la médecine militaire furent prises au dépourvu. De l’homme de troupe jusqu’à l’officier, ils furent des milliers à souffrir de troubles du comportement qu’on ne savait ni soigner, ni décrire : dingos, idiots, fous… Peu à peu, toutefois, se développa une réflexion sur les névroses et les traumatismes de guerre. Mais celle-ci fut « oubliée », refoulée, au fil des années 1920-1930 – tout comme furent marginalisés, délaissés ceux que la guerre avait rendu fous sans qu’ils aient nécessairement de blessure visible.
Se fondant sur des documents inédits, puisés dans les archives des asiles et des hôpitaux, Hervé Guillemain et Stéphane Tison font entendre la voix des ceux qui furent brisés par la guerre : les hommes, leurs femmes, leurs enfants. Rythmant leur étude de récits vrais, bouleversants dans leur simplicité et leur sobriété, ils montrent l’ampleur du défi auquel fut confrontée la psychiatrie, et la révolution intellectuelle qui mit plusieurs décennies à s’accomplir.
À partir de trois situations institutionnelles différentes (judiciaire, militaire, hospitalière) ... more À partir de trois situations institutionnelles différentes (judiciaire, militaire, hospitalière) exposées dans leur contexte historique des XIXe et XXe siècles, ce volume saisit les trajectoires singulières des patients dans leurs interactions avec les configurations institutionnelles de la psychiatrie et les catégories médicales qui définissent la maladie mentale. Il s’y dessine une autre histoire de la folie dans laquelle les médecins sont acteurs au même titre que les juges, les militaires ou les patients.

Sous la permanente reconfiguration des catégories pathologiques, peut-on saisir les tendances con... more Sous la permanente reconfiguration des catégories pathologiques, peut-on saisir les tendances contemporaines à l’œuvre ? Signalent-elles une médicalisation accrue des états d’âmes ou, au contraire, une forme de déprise médicale laissant toute sa place aux interventions des patients et des acteurs sociaux dans la définition de la maladie mentale ? Sommes-nous devenus les acteurs de notre folie, les entrepreneurs de nos problèmes mentaux ? Il semble qu’il soit devenu de plus en plus difficile d’échapper à l’emprise du « domaine psy ». En s’appuyant sur une mise en perspective historique et des éclairages sur notre époque, les articles de ce volume décrivent les interactions entre le patient, les définitions toujours mouvantes de la science et le regard que les sociétés portent sur la souffrance psychologique.
Table
- Hervé Guillemain, Les frontières de la psychiatrie aujourd’hui
La médicalisation des humeurs
- Jérémie Majorel, Histoire d’un affect, la mélancolie
- Pierre-Henri Castel, Folie du Vieux Monde, folie du Nouveau Monde
Les nouvelles frontières de la souffrance psychique
- Évelyne Grossman, Les nouveaux sujets de la souffrance cérébrale
- Nadège Vezinat, Le stress au travail : pathologie ou symptôme ?
Le sujet, l’histoire, la science
- Aude Fauvel, Hystérique mais pas si folle
- Laurence Bertrand Dorléac, Quand l’histoire rend fou

Peut-on faire l'histoire de la méthode Coué ? Le linguiste, le politologue, le psychothérapeute p... more Peut-on faire l'histoire de la méthode Coué ? Le linguiste, le politologue, le psychothérapeute pourraient peut-être en dire quelque chose, mais l'historien ? Existe-t-il un objet plus insignifiant que celui-ci ? Il suffit pour s'en convaincre – mais tout le monde n'est-il pas déjà convaincu à la simple évocation de ce nom ? – de lire la définition qu'en donne son créateur, Émile Coué (1857-1926) : Comment il faut pratiquer l'autosuggestion consciente. Tous les matins au réveil, et tous les soirs, aussitôt au lit, fermer les yeux et, sans chercher à fixer son attention, sur ce que l'on dit, prononcer avec les lèvres, assez haut pour entendre ses propres paroles et en comptant sur une ficelle munie de vingt noeuds, la phrase suivante : « T ous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux. » Les mots « à tous points de vue » s'adressant à tout, il est inutile de se faire des autosuggestions particulières. Faire cette autosuggestion d'une façon simple, aussi enfantine, aussi machinale que possible, par conséquent sans le moindre effort. En un mot, la formule doit être répétée sur le ton employé pour réciter des litanies. De cette façon, l'on arrive à la faire pénétrer mécaniquement dans l'inconscient par l'oreille et, quand elle y a pénétré, elle agit. Suivre toute sa vie cette méthode qui est aussi bien préventive que curative. Ces lignes auront peut-être évoqué au lecteur quelques annonces familières repérées dans les magazines de psychologie de notre XXIe siècle. Coué propose en effet une méthode fondée sur des principes simples qui semblent intemporels : guérison universelle, apprentissage individuel, pensée positive, répétition verbale, recueillement, influence de l'imagination sur le corps et sur l'esprit. Mais voilà un fait qui intéresse l'historien : ces mêmes magazines exhument aujourd'hui cette méthode déjà centenaire. En peu de temps, La Maitrise de soi-meme par autosuggestion consciente, qui fut à l'origine de la réputation mondiale de Coué, a été rééditée en France par des auteurs que tout oppose : un psychanalyste et un hypnothérapeute. La multiplication des références sur la Toile laisse deviner un nouvel avenir thérapeutique pour une technique de cure pourtant régulièrement raillée au point d'être devenue une expression péjorative courante. Et si cette résurgence surprenante parlait de notre temps et par là de notre histoire ? Notre temps : celui de la « Guerre des psys » et des « Freud wars », controverse aux accents militaires qui porte sur la nature des thérapies psychiques modernes. Si l'onde de choc dépasse largement le milieu « psy » – l'enjeu est autant social, politique et anthropologique que médical et psychique –, les lignes ont bel et bien bougé sur le sol du paysage thérapeutique. De la fracture, ouverte dans les années 1970-1980, émerge aujourd'hui ce fossile improbable – la méthode Coué –, qui sert de repoussoir dans la joute confrontant psychanalystes et comportementalistes. Un des objets de ce livre est de montrer en quoi cette résurgence en un temps conflictuel fait sens. Élaborée entre la fin du xixe siècle et les années 1920, la méthode Coué est en effet contemporaine du moment de structuration du champ
Papers by HERVE GUILLEMAIN
Histoire, médecine et santé, 2020

RHMC, 2020
The purpose of this article is to break with an internalist history of therapies by placing it at... more The purpose of this article is to break with an internalist history of therapies by placing it at the heart of an institutional and social history that would not ignore the controversies generated by their advent, nor the side effects that affect patients. It shows that, among the anti-asylum projects intended to found an alternative to long-term hospitalisation, the cure techniques deployed between the 1920s and 1970s were, for the actors of this period, decisive. The spread of electroshock, psychosurgery and chemotherapy was the result of a political choice aimed at radically transforming psychiatric institutions in the 20th century. Each of these techniques was spread in a specific institutional and social context and came to solve a problem posed to the institution by the advance of the previous one. Among these problems, one that is rarely mentioned in the historical narrative is that of the resistance of certain categories of patients to the application of these techniques. The article develops a narrative around three poles: the technique, the institution and the patient.

La liberté d'aller et venir dans le soin et l'accompagnement, Hygée, 2020
En tant qu'observateurs des pratiques psychiatriques contemporaines, nous devons reconnaître que ... more En tant qu'observateurs des pratiques psychiatriques contemporaines, nous devons reconnaître que les dernières années semblent marquer une réelle évolution quant aux normes admises en matière de contention et de respect des libertés. Le régime de l'hospitalisation libre a été consacré comme prioritaire et la reconnaissance des droits des patients participe d'une reconfiguration du rôle des acteurs du système de soin psychiatrique. Dans les hôpitaux, l'enregistrement des pratiques de contention a été réglementé. Les débats qui ont lieu au moment de la visite du Contrôleur général des lieux de privation de liberté dans les établissements publics de santé mentale, de même que l'introduction du contrôle du juge des libertés et de la détention représentent assurément des inflexions dans l'histoire de la psychiatrie publique née il y a deux siècles à partir de l'affirmation d'un projet de soin étroitement lié à l'instauration d'un dispositif d'enfermement. Mais l'historien, dont le savoir est principalement situé dans les archives hospitalières, se doit de nuancer les révolutions apparentes. La dialectique liberté/soin ne se réinvente en effet jamais totalement. Elle est une question consubstantielle à l'histoire de la psychiatrie, qui s'est reposée de manière différente dans des contextes nouveaux en lien avec de nouveaux impératifs de société, les innovations techniques, les changements de philosophie du soin. La problématique de la liberté de circulation travaille donc l'institution depuis ses origines comme on pourra le lire dans les développements qui suivent. Nous avons choisi de l'aborder à partir de trois entrées thématiques, constituant également trois temps successifs qui définissent autant de philosophie et de pratiques du soin : la dialectique spatiale fermé/ouvert, la régulation des pratiques de contention, la mise en place des dispositifs d'inclusion des patients chroniques. Le temps de la clôture L'asile public est né au début du XIX e siècle d'une volonté de rassembler les aliénés auparavant dispersés dans les familles et dans les prisons en un même lieu destiné à gérer la fureur des insensés à partir d'une approche médicalisée de leur prise en charge. On réalise alors une translation de ces individus depuis des espaces fermés (des cabanons privés, des

L'information psychiatrique, 2019
En 1948, Paul Sivadon propose une étude de géographie psychiatrique devant le congrès des aliénis... more En 1948, Paul Sivadon propose une étude de géographie psychiatrique devant le congrès des aliénistes et neurologues de langue française. Celle-ci com-porte une carte de répartition de la schizophrénie sur le territoire faisant apparaître une étrange surreprésentation méridionale de la maladie. À partir de ce document, d'une enquête dans les archives hospitalières et d'une réflexion sur les premières tentatives d'élaboration d'une statistique nationale des maladies mentales, l'auteur s'interroge sur les facteurs institutionnels qui favorisent la diffusion d'un nouveau diagnostic et plus largement sur les conditions d'émergence sociale d'une nouvelle étiquette psychiatrique. Mots clés : schizophrénie, histoire de la psychiatrie, géographie, statistique
When schizophrenia was southern. A statistical and cartogra-phic study of the first schizophrenic patients, through historical archives. In 1948, Paul Sivadon proposed a psychiatric geography study before the congress of French-speaking alienists and neurologists. This included a map of the distribution of schizophrenia in France, revealing a strange over-representation of the illness in the south. Based on this document, along with a study of hospital archives and a reflection on the early attempts at constructing national statistics of mental illnesses , the author examines the institutional factors that favor the spread of a new diagnosis and, more broadly, the conditions necessary for the social emergence of a new psychiatric label.
Resumen. Cuando la esquizofrenia era del Mediodía de Francia. Un estu-dio estadístico y cartográfico de los primeros pacientes esquizofrénicos a través de los archivos históricos. En 1948, Paul Sivadon propone un estudio de geografía psiquiátrica ante el congreso de los alienistas y neurólogos de lengua francesa. La misma incluye un mapa de repartición de la esquizofrenia en el territorio que deja aparecer una extrã na sobrerrepresentación meridional de la enfermedad. Par-tiendo de este documento, de una encuesta en los archivos hospitalarios y de una reflexión sobre los primeros intentos de elaboración de una estadística nacional de las enfermedades mentales, el autor se interroga sobre los factores institucionales que favorecen la difusión de un nuevo diagnóstico y más ampliamente sobre las condiciones de emergencia social de una nueva etiqueta psiquiátrica.
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Interviews and recordings by HERVE GUILLEMAIN
https://newbooksnetwork.com/herve-guillemain-schizophrenics-in-the-twentieth-century-the-side-effects-of-history-alma-2018/
Conference Presentations by HERVE GUILLEMAIN
Que peut dire l’historien du nouveau paradigme numérique de la psychiatrie ? Certes celui-ci écrase par sa nouveauté les continuités qu’une science et une pratique entretiennent pourtant avec leur passé. Mais est-ce bien la première fois qu’un événement dans l’histoire de la psychiatrie introduit simultanément de tels changements dans la manière de mesurer les souffrances individuelles et de prédire l’évolution des maladies ? L’association de l’utilisation du big data, d’une approche biologique de la maladie mentale et d’une démarche prédictive constitue le projet de la psychiatrie kraepelinienne de la fin des années 1890. Je propose dans cet article de faire retour sur le temps de fondation de ce projet et sur les débats qu’il suscita afin d’éclairer les enjeux sociaux d’une transformation conceptuelle et pratique si ce n’est équivalente, du moins comparable.
Mots clés : histoire de la psychiatrie – médecine prédictive – Kraepelin – marqueur biologique – démence précoce
Summary
What can a historian say about the new numeric paradigm emerging within the field of psychiatry? Certainly, this new paradigm dominates that which comes from a long history of psychiatry that maintains itself through reflecting on the past. But, is this really the first time that an event in the history of psychiatry has introduced such changes in a way that has assessed the suffering of individuals and even predicted the evolution of psychiatric illnesses and diseases? By evoking concepts such as big data usage, a biological approach to mental illness and the predictive precautions we are directed towards the Kraepelinian psychiatry project that dates back to the end of the1890s. I propose in this article to step back in time to the foundation of this project and to take a look at the debates that it provoked within the field in order to shed light onto the social stakes at play within a conceptual transformation and practice—if not equivalent or at least comparable in any way.
Books by HERVE GUILLEMAIN
Dès la mobilisation générale et les premiers combats la guerre de 1914 – dont personne ne prévoyait qu’elle durerait jusqu’en 1918 – imposa un rythme et une violence auxquels nul n’était préparé. La psychiatrie et la médecine militaire furent prises au dépourvu. De l’homme de troupe jusqu’à l’officier, ils furent des milliers à souffrir de troubles du comportement qu’on ne savait ni soigner, ni décrire : dingos, idiots, fous… Peu à peu, toutefois, se développa une réflexion sur les névroses et les traumatismes de guerre. Mais celle-ci fut « oubliée », refoulée, au fil des années 1920-1930 – tout comme furent marginalisés, délaissés ceux que la guerre avait rendu fous sans qu’ils aient nécessairement de blessure visible.
Se fondant sur des documents inédits, puisés dans les archives des asiles et des hôpitaux, Hervé Guillemain et Stéphane Tison font entendre la voix des ceux qui furent brisés par la guerre : les hommes, leurs femmes, leurs enfants. Rythmant leur étude de récits vrais, bouleversants dans leur simplicité et leur sobriété, ils montrent l’ampleur du défi auquel fut confrontée la psychiatrie, et la révolution intellectuelle qui mit plusieurs décennies à s’accomplir.
Table
- Hervé Guillemain, Les frontières de la psychiatrie aujourd’hui
La médicalisation des humeurs
- Jérémie Majorel, Histoire d’un affect, la mélancolie
- Pierre-Henri Castel, Folie du Vieux Monde, folie du Nouveau Monde
Les nouvelles frontières de la souffrance psychique
- Évelyne Grossman, Les nouveaux sujets de la souffrance cérébrale
- Nadège Vezinat, Le stress au travail : pathologie ou symptôme ?
Le sujet, l’histoire, la science
- Aude Fauvel, Hystérique mais pas si folle
- Laurence Bertrand Dorléac, Quand l’histoire rend fou
Papers by HERVE GUILLEMAIN
When schizophrenia was southern. A statistical and cartogra-phic study of the first schizophrenic patients, through historical archives. In 1948, Paul Sivadon proposed a psychiatric geography study before the congress of French-speaking alienists and neurologists. This included a map of the distribution of schizophrenia in France, revealing a strange over-representation of the illness in the south. Based on this document, along with a study of hospital archives and a reflection on the early attempts at constructing national statistics of mental illnesses , the author examines the institutional factors that favor the spread of a new diagnosis and, more broadly, the conditions necessary for the social emergence of a new psychiatric label.
Resumen. Cuando la esquizofrenia era del Mediodía de Francia. Un estu-dio estadístico y cartográfico de los primeros pacientes esquizofrénicos a través de los archivos históricos. En 1948, Paul Sivadon propone un estudio de geografía psiquiátrica ante el congreso de los alienistas y neurólogos de lengua francesa. La misma incluye un mapa de repartición de la esquizofrenia en el territorio que deja aparecer una extrã na sobrerrepresentación meridional de la enfermedad. Par-tiendo de este documento, de una encuesta en los archivos hospitalarios y de una reflexión sobre los primeros intentos de elaboración de una estadística nacional de las enfermedades mentales, el autor se interroga sobre los factores institucionales que favorecen la difusión de un nuevo diagnóstico y más ampliamente sobre las condiciones de emergencia social de una nueva etiqueta psiquiátrica.
https://newbooksnetwork.com/herve-guillemain-schizophrenics-in-the-twentieth-century-the-side-effects-of-history-alma-2018/
Que peut dire l’historien du nouveau paradigme numérique de la psychiatrie ? Certes celui-ci écrase par sa nouveauté les continuités qu’une science et une pratique entretiennent pourtant avec leur passé. Mais est-ce bien la première fois qu’un événement dans l’histoire de la psychiatrie introduit simultanément de tels changements dans la manière de mesurer les souffrances individuelles et de prédire l’évolution des maladies ? L’association de l’utilisation du big data, d’une approche biologique de la maladie mentale et d’une démarche prédictive constitue le projet de la psychiatrie kraepelinienne de la fin des années 1890. Je propose dans cet article de faire retour sur le temps de fondation de ce projet et sur les débats qu’il suscita afin d’éclairer les enjeux sociaux d’une transformation conceptuelle et pratique si ce n’est équivalente, du moins comparable.
Mots clés : histoire de la psychiatrie – médecine prédictive – Kraepelin – marqueur biologique – démence précoce
Summary
What can a historian say about the new numeric paradigm emerging within the field of psychiatry? Certainly, this new paradigm dominates that which comes from a long history of psychiatry that maintains itself through reflecting on the past. But, is this really the first time that an event in the history of psychiatry has introduced such changes in a way that has assessed the suffering of individuals and even predicted the evolution of psychiatric illnesses and diseases? By evoking concepts such as big data usage, a biological approach to mental illness and the predictive precautions we are directed towards the Kraepelinian psychiatry project that dates back to the end of the1890s. I propose in this article to step back in time to the foundation of this project and to take a look at the debates that it provoked within the field in order to shed light onto the social stakes at play within a conceptual transformation and practice—if not equivalent or at least comparable in any way.
Dès la mobilisation générale et les premiers combats la guerre de 1914 – dont personne ne prévoyait qu’elle durerait jusqu’en 1918 – imposa un rythme et une violence auxquels nul n’était préparé. La psychiatrie et la médecine militaire furent prises au dépourvu. De l’homme de troupe jusqu’à l’officier, ils furent des milliers à souffrir de troubles du comportement qu’on ne savait ni soigner, ni décrire : dingos, idiots, fous… Peu à peu, toutefois, se développa une réflexion sur les névroses et les traumatismes de guerre. Mais celle-ci fut « oubliée », refoulée, au fil des années 1920-1930 – tout comme furent marginalisés, délaissés ceux que la guerre avait rendu fous sans qu’ils aient nécessairement de blessure visible.
Se fondant sur des documents inédits, puisés dans les archives des asiles et des hôpitaux, Hervé Guillemain et Stéphane Tison font entendre la voix des ceux qui furent brisés par la guerre : les hommes, leurs femmes, leurs enfants. Rythmant leur étude de récits vrais, bouleversants dans leur simplicité et leur sobriété, ils montrent l’ampleur du défi auquel fut confrontée la psychiatrie, et la révolution intellectuelle qui mit plusieurs décennies à s’accomplir.
Table
- Hervé Guillemain, Les frontières de la psychiatrie aujourd’hui
La médicalisation des humeurs
- Jérémie Majorel, Histoire d’un affect, la mélancolie
- Pierre-Henri Castel, Folie du Vieux Monde, folie du Nouveau Monde
Les nouvelles frontières de la souffrance psychique
- Évelyne Grossman, Les nouveaux sujets de la souffrance cérébrale
- Nadège Vezinat, Le stress au travail : pathologie ou symptôme ?
Le sujet, l’histoire, la science
- Aude Fauvel, Hystérique mais pas si folle
- Laurence Bertrand Dorléac, Quand l’histoire rend fou
When schizophrenia was southern. A statistical and cartogra-phic study of the first schizophrenic patients, through historical archives. In 1948, Paul Sivadon proposed a psychiatric geography study before the congress of French-speaking alienists and neurologists. This included a map of the distribution of schizophrenia in France, revealing a strange over-representation of the illness in the south. Based on this document, along with a study of hospital archives and a reflection on the early attempts at constructing national statistics of mental illnesses , the author examines the institutional factors that favor the spread of a new diagnosis and, more broadly, the conditions necessary for the social emergence of a new psychiatric label.
Resumen. Cuando la esquizofrenia era del Mediodía de Francia. Un estu-dio estadístico y cartográfico de los primeros pacientes esquizofrénicos a través de los archivos históricos. En 1948, Paul Sivadon propone un estudio de geografía psiquiátrica ante el congreso de los alienistas y neurólogos de lengua francesa. La misma incluye un mapa de repartición de la esquizofrenia en el territorio que deja aparecer una extrã na sobrerrepresentación meridional de la enfermedad. Par-tiendo de este documento, de una encuesta en los archivos hospitalarios y de una reflexión sobre los primeros intentos de elaboración de una estadística nacional de las enfermedades mentales, el autor se interroga sobre los factores institucionales que favorecen la difusión de un nuevo diagnóstico y más ampliamente sobre las condiciones de emergencia social de una nueva etiqueta psiquiátrica.
English
The interrogation of schizophrenics, a therapeutical trial in the 20th century? To read the psychiatric archives from the hypothesis of Michel de CerteauIf nowadays the words of the schizophrenic are publicized, before the second world war —when this diagnosis was born in France— this kind of speech can’t be only found in psychiatric hospitals files and precisely in admissions interviews. However, those words are filtered by many medical and archival operations and it seems impossible to reach the madness in its purity. Michel de Certeau in his text “Le langage altéré. La parole de la possédée” offers to read this kind of archives as therapeutical trials. The art to quote the words of the patient, to name his madness, to localize the voices which harass psychotic patients, to establish a semiology independently of the patient’s subjectivity, are common technics to the medical and religious worlds. By reducing the words of the schizophrenic patients to its form only, by insisting on the significant show of his body, the psychiatric practice is an operation which produces an exclusion but also allows the preservation of tracks of that “
amateurism, first erected in the 19th century, has been shaken. These contemporary developments have changed our perspective on amateurs in science
and brought forth questions and analyses that sometimes coincide with recent
inflections in the history of science.
Thus it is now possible to take a new approach to the historical study of amateurs in contemporary science. This introduction hopes to demonstrate this, while the essays brought together in this volume, some of which explore extreme cases, reveal the very relative nature of the definition of the “amateur” category and how complex and fertile its implementation has been in the history of science.
Objectif Découvert en suivant l’histoire d’une patiente parisienne, l’Hôpital psychiatrique de Saint-Rémy, ouvert en 1937 dans l’est de la France, est une institution particulière. Celle-ci a en effet été créée dans un but lucratif et dans un contexte d’urgence de la psychiatrie parisienne.
Méthode En l’absence d’archives administratives, l’histoire de cette institution ne peut être écrite qu’en ayant recours aux archives parisiennes des commanditaires et aux dossiers patients. L’histoire de l’avènement de ce statut spécifique permet de poser plusieurs questions peu abordées dans l’historiographie : celle des modes de financement de la gestion de la santé mentale, celle des transferts de patients et celle du renouveau de la critique anti asilaire au XXe siècle.
Résultats La création de cette institution dans les années 1930 correspond à un contexte spécifique de crise démographique et économique, et représente un nouveau mode de gestion de la chronicité. L’Hôpital psychiatrique de Saint-Rémy a permis de constituer un lieu de relégation pour certaines populations durant quelques années, ainsi qu’une source de profit pour des entrepreneurs liés aux réseaux politiques et économiques les plus influents de l’époque.
Conclusion En cela Saint-Rémy est un produit de la grande histoire autant que de celle de l’assistance psychiatrique.
Mots clés : histoire de la psychiatrie, institutions privées, France, années 1930, financement
Abstract
Institutions without History. An Investigation into the Archives of a Private Psychiatric Hospital (France 1930–1950)
Objectives Discovered by following the story of a Parisian patient, l’Hôpital psychiatrique de Saint-Rémy opened in 1937 in the east of France. It is a special institution that was created for profit and in an emergency context during the 1930s.
Methods Due to the absence of administrative records, the history of this institution can be written only by using the archives of the Parisian administration and patient records. The story of this special institution allows several issues in the historiography of psychiatry: the funding of mental health, the patient transfers, the revival of the criticism against the psychiatric hospital.
Results The creation of this institution in the 1930s corresponds to a specific context of demographic and economic crisis and represents a new mode of management of chronic mental illness. L’Hôpital psychiatrique de Saint-Rémy is a new place of banishment for some populations at the end of the thirties as well as a source of profit for entrepreneurs bound to the most influential political and economic networks of time.
Conclusions The history and the archives of the Hôpital psychiatrique de Saint-Rémy inform us about the evolution of the psychiatric assistance but also about the treatment of madness during a difficult time of the history.
English
For patients who entered psychiatric hospitals during the Second World War, and for their families, there is no doubt that the war played a major role in the onset of the psychosis that they suffered. Medical discourse, however, seems to reject this, showing that there had been little progress since the Great War on the links between war and madness. By examining the psychiatric effects of two events in contemporary French history—the panic of September 1938 and the exodus of May-June 1940—it can be said that these events and the medical studies of that time support the recent and much discussed concept of “reactive psychosis”—thought, that is, as point of contact between History and the individual experience.
Appel à communications pour une journée d'étude du programme AmateurS-Amateurs en sciences (France 1850-1950) : une histoire par en bas. Elle se tiendra à l'université du Mans le 14 janvier 2020.
Intitulé « Gestes et pratiques », l’axe 3 de ce projet de recherche est centré sur les productions matérielles des amateurs : instruments, dispositifs expérimentaux, collections, maquettes, images, etc. Les travaux impulsés en histoire des sciences dans le sillage du practical turn et des études visuelles ont montré tout l’intérêt de ces sources non textuelles qui donnent accès à une connaissance des gestes et des pratiques savantes qui les ont produites. L’étude de ces productions matérielles peut aussi mettre en lumière des modes d’acculturation aux sciences qui passent par le corps autant que par les discours, qui sont plus horizontaux (de praticien à praticien, d’amateur à amateur, etc.) que ceux, mieux étudiés, de la vulgarisation, et qui sont de ce fait plus autonomes face à la science professionnelle.
https://journals.openedition.org/hms/1642?lang=fr