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Odette Rosenstock

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Odette Abadi

Odette Rosenstock
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Biographie
Naissance
Décès
Sépulture
Nationalité
Activités
Conjoint
Autres informations
Distinction

Médaille d'argent des épidémies (janvier 1947)
Médaille de la Résistance (mars 1947)
Médaille de la Reconnaissance française (juin 1947)
Médaille d'argent de l'Académie nationale de médecine (avril 1980)

Légion d'honneur (mai 1980)
Vue de la sépulture.

Odette Rosenstock[1], née le à Paris et morte le dans la même ville est une médecin juive et une résistante française, rapatriée de déportation en .

Odette Rosentock (Sylvie Delattre[2]) est particulièrement connue pour son action durant l'occupation allemande pour avoir créé, avec celui qu'elle épousera après la guerre, Moussa[3] Abadi, le Réseau Marcel[4],[5]. Grâce à ce réseau, 527 enfants juifs ont pu être cachés et sauvés entre 1943 et 1945 dans la région de Nice[5].

Enfance et formation

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Odette Rosenstock naît à Paris le dans le 2e arrondissement de Paris, dans le quartier du Sentier, elle est la fille de Camille Rosenstock (1882-1967) et de Marthe Irma née Legendre[6] (1889-1943). Sa mère Marthe, lorraine d’origine israélite, a opté pour la nationalité française en 1870. Son père est né à Bischheim dans le Bas-Rhin. Ses parents tiennent une fabrique de confection. Elle a une sœur, Simone (1919-1943)[7].

Odette passe son baccalauréat au lycée Lamartine en 1933. Elle suit ensuite des études de droit avant de s’inscrire en faculté de médecine.

À la fin de la Guerre d'Espagne en 1938, Odette se rend dans les Pyrénées avec la Centrale Sanitaire pour accueillir les réfugiés républicains espagnols de la guerre et assiste à l’ouverture des camps d’internement de Rivesaltes, Argelès et Perpignan. Elle participe à quelques actions clandestines en faisant sortir des réfugiés du camp, dans des camions sanitaires, en les orientant vers les hôpitaux et en leur apportant les premiers soins.

Seconde Guerre mondiale et résistance

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De retour à Paris, Odette Rosenstock rencontre Moussa Abadi en par l'intermédiaire d'une amie commune.

Elle effectue le remplacement d'un médecin à Vanves puis d'un autre à Condé-en-Brie. Elle est ensuite nommée inspecteur médical de la Sécurité sociale aux Centres d’Évacuation des enfants des écoles de la ville de Paris, puis médecin inspecteur des écoles du Loiret à Montargis. Elle est exclue du cadre professionnel le par les lois anti-juives en vigueur. Elle rentre à Paris pour travailler comme vacataire dans des dispensaires juifs.

Odette rejoint Moussa en à Nice. Elle y exerce les fonctions de médecin dans un dispensaire de l'OSE (Œuvre de secours aux enfants). Bien qu'étant en zone italienne, Odette et Moussa prennent conscience du danger à venir. Ils décident ensemble d'organiser le sauvetage des enfants juifs. Le réseau Marcel est né. Odette œuvre pour le réseau Marcel avec le concours de monseigneur Rémond qui la couvre en la rebaptisant Sylvie Delattre et en lui conférant le titre d'assistante sociale chargée de s’occuper des enfants des œuvres du Diocèse. En , sa sœur et sa mère sont arrêtées sur la ligne de démarcation en voulant rejoindre leurs père et mari en zone libre, déportées et assassinées à leur arrivée à Auschwitz.

Odette est arrêtée à son tour le par la Milice sur dénonciation chez elle à Nice. Elle est interrogée à l'hôtel Excelsior puis a l'hôtel Hermitage. Odette ne dira rien des activités du réseau. Elle quitte Nice le pour Drancy. Responsable du convoi no 74, elle est ensuite déportée avec 1 200 personnes à Auschwitz-Birkeneau sous le matricule A05598. Grâce à son statut de médecin, elle est nommée médecin du Revier ("infirmerie" du camp). Elle tente avec le peu de moyens médicaux dont elle dispose de soulager les autres détenus. En , devant l'avance de l'Armée rouge, les nazis évacuent le camp vers Bergen-Belsen. Odette a contracté le typhus dont elle se remet péniblement. Bergen Belsen est libéré par les Anglais le . Odette est rapatriée.

Après la guerre

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De retour à Nice, Odette Rosenstock reprend son activité de médecin au dispensaire de l'OSE de fin au début de 1948. Elle rentre à Paris en 1948. Elle devient médecin inspecteur vacataire des écoles dans le 12e arrondissement. Elle exerce ensuite des fonctions de médecin chef au laboratoire d'hygiène de la ville de Paris[8], en tant que proche collaboratrice du professeur Albert Besson, alors directeur général des services d'hygiène de la Ville de Paris.

Odette et Moussa se marient le à la mairie du 12e arrondissement. Le rabbin Daniel Farhi les unira religieusement le .

En 1995, elle publie Terre de détresse. Elle aura mis plus de quarante ans pour écrire ce témoignage sur son expérience des camps. Elle en restera à jamais marquée.

Moussa meurt le . Après avoir accompli la tâche qu’elle s’était donnée de préserver la mémoire de Moussa, elle décide « d’en finir avec la vie » et meurt le [9] dans le 12e arrondissement de Paris[7]. Odette Rosenstock laisse à ses proches une lettre dans laquelle elle exprime ses motivations et sa gratitude à leurs égards[10]. Elle est inhumée au cimetière du Montparnasse (division 30) aux côtés de son mari.

La tombe de Moussa et Odette Abadi, née Rosenstock, au cimetière Montparnasse à Paris.

Distinctions

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La place Moussa-et-Odette-Abadi.

La place Moussa-et-Odette-Abadi dans le quartier de Bercy du 12e arrondissement de Paris est dédiée à Moussa et Odette Abadi le .

Publications

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  • Terre de détresse : Birkenau, Bergen-Belsen, Paris, L'Harmattan, coll. « Mémoires du XXe siècle », , 181 p. (OCLC 645079740)

Articles connexes

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Bibliographie

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Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Liens externes

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Notes et références

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  1. « Odette Rosenstock [Les Enfants et Amis ABADI] », sur www.lesenfantsetamisabadi.fr (consulté le )
  2. Voir, Garel, 2012, p. 162.
  3. Voir, (en) Jewish rescuers Moussa Abadi and Odette Rosenstock walk along a street in Nice after the war. United States Holocaust Memorial Museum.
  4. Catherine Richet, « Biographies des membres du réseau Marcel », dans Anciens de la Résistance juive en France, Organisation juive de combat : résistance/sauvetage, France 1940-1945, Paris, Autrement, , 504 p. (ISBN 9782746709027, OCLC 71799213, lire en ligne), p. 444-8.
  5. a et b Poch Karsenti 2006.
  6. née le à Paris (12e) (Seine), morte le à Auschwitz (Pologne), Arrêté du 23 mai 1998 portant apposition de la mention « Mort en déportation » sur les actes et jugements déclaratifs de décès publié au JORF no 221 du 24 septembre 1998 page 14578
  7. a et b Insee, « Extrait de l'acte de décès d'Odette Rosenstock », sur MatchID
  8. Institut Pasteur, « Annales de l'Institut Pasteur : journal de microbiologie / publiées sous le patronage de M. Pasteur par E. Duclaux », sur Gallica, (consulté le )
  9. (en) Douglas Johnson, « Odette Abadi », sur the Guardian, (consulté le )
  10. « La dernière lettre d'Odette [Les Enfants et Amis ABADI] », sur www.lesenfantsetamisabadi.fr (consulté le )
  11. (en-US) « Jewish Rescuers Citation - B'nai B'rith International », sur B’nai B’rith International (consulté le )
  12. (en) Susan Zuccotti, The Holocaust, the French, and the Jews, U of Nebraska Press, (ISBN 978-0-8032-9914-6, lire en ligne)
  13. Katy Hazan et Georges J. Weill, Andrée Salomon, une femme de lumière, Editions Le Manuscrit, (ISBN 978-2-304-23597-5, lire en ligne)
  14. (en) Ben Shephard, The Long Road Home, Knopf Doubleday Publishing Group, (ISBN 978-0-307-59548-5, lire en ligne)
  15. Georges Garel, Le sauvetage des enfants juifs par l'OSE, Editions Le Manuscrit, (ISBN 978-2-304-04046-3, lire en ligne)
  16. Voir, (en) Miranda Pollard, A Question of Silence? Odette Rosenstock, Moussa Abadi, and the Réseau Marcel, 2012.