Thèse MARAN
Thèse MARAN
dépression
David Maran
T H E S E
DE MARSEILLE
Le 16 Décembre 2020
D.E.S. de PSYCHIATRIE
T H E S E
DE MARSEILLE
Le 16 Décembre 2020
D.E.S. de PSYCHIATRIE
Chargés de mission :
sciences humaines et sociales : Pr. Pierre LE COZ
relations internationales : Pr. Stéphane RANQUE
DU/DIU : Pr. Véronique VITTON
DPC, disciplines médicales & biologiques : Pr. Frédéric CASTINETTI
DPC, disciplines chirurgicales : Dr. Thomas GRAILLON
ÉCOLE DE MEDECINE
Chargés de mission
PACES – Post-PACES : Pr. Régis GUIEU
DFGSM : Pr. Anne-Laure PELISSIER
DFASM : Pr. Marie-Aleth RICHARD
DFASM : Pr. Marc BARTHET
Préparation aux ECN : Dr Aurélie DAUMAS
DES spécialités : Pr. Pierre-Edouard FOURNIER
DES stages hospitaliers : Pr. Benjamin BLONDEL
DES MG : Pr. Christophe BARTOLI
Démographie médicale : Dr. Noémie RESSEGUIER
Etudiant : Elise DOMINJON
Chargés de mission
1er cycle : Madame Estelle BOISSIER
2ème cycle : Madame Cécile NINA
Chargés de mission
Masso- kinésithérapie 1er cycle : Madame Béatrice CAORS
Masso-kinésithérapie 2ème cycle : Madame Joannie HENRY
Mutualisation des enseignements : Madame Géraldine DEPRES
Chargés de mission
Chargée de mission : Madame Sandrine MAYEN RODRIGUES
Chargé de mission : Monsieur Christophe ROMAN
Je tiens à remercier l’ensemble des membres du jury, qui m'ont fait l'honneur de bien
vouloir étudier et évaluer avec attention mon travail :
Je remercie les médecins, internes, équipes soignantes avec qui j’ai partagé mes
années d’internat. J’ai appris au quotidien à leur côté sur le plan professionnel mais
aussi personnel.
Mes parents, Laurence et Rocco, merci de votre patience à mon égard, surtout avec
mon caractère… Merci pour votre soutien dans les moments difficiles et de doutes
qui m’ont longtemps traversé. J’espère que vous êtes fier de ma réussite. Je la
partage avec vous, car sans l’éducation et les valeurs que vous m’avez transmis je
ne serais pas à la même place. Maman, un grand merci pour tout tes efforts et
sacrifices, je réalise aujourd’hui la chance que j’ai eu.
A mes frères, Dante et Mikael, je suis fier de ce que vous êtes devenu, mais il ne faut
pas se relâcher hein ! Bon ça ne devait pas être facile tous les jours avec un grand
frère comme moi. Mais j’espère avoir pu vous apprendre (au moins de par mes
erreurs), et sachez que je serais toujours présent pour vous.
A mon père, j’aurais aimé qu’on passe plus de temps ensemble mais je te remercie
pour tes conseils bien avisés qui m’ont toujours guidés, et l’inspiration que tu m’as
donné pour ne jamais me laisser découragé quel que soit le projet.
A mes sœurs, Mathilde et Émilie, j’ai rarement été à vos côtés, j’espère que ça sera
moins le cas à l’avenir. Sachez malgré ça que vous pourrez toujours comptez sur
moi.
A mes grands-parents Rocco et Maria, qui m’ont accueillis et avec qui je me suis
toujours senti chez moi.
Aux anciens,
A Guillaume, qui était déjà « le Docteur » à ses 17 ans! Le poto du tout début, des
soirées dans le hangar du grand père à Claye, à celles de Las Vegas la formule
reste la même ! Bon le mec a choisi le Nord, alors qu’il y a plus rien à réanimer la
haut... Mais malgré ça rien ne change à chaque retrouvaille (sauf que t’aimes plus
aller à l’aquarium mec). Un grand respect pour toi mon ami, pour l’homme que tu es,
tu m’as toujours inspiré et tu continueras de le faire je pense. Un bisou à Aurélie.
A Redha, oh le couuzz !! Quand Guillaume m’a dit un jour :« ce mec est cool »,
j’attendais de voir, hehe t’as fait plus que confirmer ça !! Je t’ai toujours admiré, ton
humour, ta tchatche, ton jump shot.. mais aussi tes discussions et tes réflexions
(parfois extrême heiiiin, t’as finalement bien kiffé aller aux USA de Donald Trump).
Parti de la Canardière t’as eu le courage de partir en solo pour allumer un phare
dans le Sud, et on a suivi le chemin !! Quand on tient son numero 10, on le change
pas alors reste au top mec. Bon je sais que t’as un chat maintenant, mais stp deviens
pas un endormi comme les autres.. Merci Sabrina pour ce chat d’ailleurs, mais je
reçois pas assez de videos!
A Yoann, le dernier des vrais gars du blair ! Les autres ont été coupés au casting…
Le mec du 77 ahah, ça aurait pas été la même sans toi ! Toutes ces phases qu’on a
inventés, de quoi écrire un bouquin. J’attends ta prochaine dainguerie (mais j’y crois
encore pour SORBELA !). Pour l’énergie que tu mets dans tes projets, tu es une
motivation pour moi au quotidien. Cecile pour votre départ pour le Sud je dis bien
joué, et on attend le petit avec impatience !!
A Ch’Ben, wesh t’es où ?? C’est pour quand la NBA ? On a pas mal zoné, de jour
comme de nuit, des barres de rires et des moments pas facile, j’espère que tout est
cool maintenant pour toi. Une générosité sans limite, et même si c’est plus comme à
l’époque je t’oublie pas et je t’attends à Marseille frate !
Ryad dit le Xnyl ou la Crête, le meilleur escroc d’Ile de France, pas besoin de
diplôme pour percer faut juste être déter comme toi !
A Tatiana, qui doit être la première vraie renoi de Bretagne (pas genre café au lait
clair), à base de coupé décalé et pas d’alcool ça a dû bien changé là bas. OU alors
eux t’ont changé.. ?
A Sofiane, qui m’a appris au moins la moitié de toutes mes combines et arnaques.
Ca y est mec, je suis Docteur
Aux autres mecs du blaiiiir pour qui l’aventure s’est arrêté trop vite. Andrian, Cédric,
Yannick, tous ces coups de 2 sur les sillooons, peu de gens peuvent comprendre
A Nadj le coyote qui a repoussé les limites dans TOUS les domaines. Andréa la sista
de P2, Ayla, Raph le disparu.
A Marco du Bangladesh, je vais bientôt pouvoir me reposer…but not yet, not yet.
Les Marseillais,
La Flingus City Family : Roxan mon gars sûr, je mets du respect sur ton nom. C’est
toi que j’appelle si je trip, grand signe de confiance. Psychiatre pour chien ou pour
rappeur il faudra choisir.. Peace my sista des Antilles (ou de Noailles)
Nico (le mec chillus) qui m’a appris tous mes moves de danse, je te filerai bien un
bout de mon œsophage mais tu le flinguerais en deux semaines au riflon. Si le LOTO
ne tombe pas, j’ai d’autres plans tkt même pas.
Axel de la Crème de la Crème, et le roi de l’action-comédie (et bientôt Rush Hour
4) !! Toi aussi t’as connu le 7 et la crasse de l’internat, t’as même connu la rue
après !!! Maintenant qu’on est thesé on va bien se taper des barres sur les autres
hehe.
Bene Bene Bene, qui est définitivement la plus grande poisseuse des mois de
Novembre.. Pourtant ton karma est au top! On attend tous tes prochains sons !!
Enfin Hugo qui depuis le temps est probablement un bien meilleur psychiatre que
nous tous!!
Au Professeur Dianono
A Corbi et son cross over qui casse des genoux (dont le tiens), quand tu veux on
remet ça
Et enfin à Agathe, qui a mis un an pour comprendre ce que je savais déjà dès les
premiers instants de notre rencontre… Mais ça valait le coup d’attendre !! On a bien
déliré en étant pote, mais c’est encore bien mieux maintenant. Au quotidien, tu me
fais vivre un dream, tu me fais rire, t’es trop djomb, t’es My Lover ! Je continuerais à
t’expliquer la fin des films pendant encore des siècles et des siècles sans soucis.
Merci d’être comme tu es, je t’admires, pas seulement dans notre couple mais en
tant que personne.
Tu me soutiens dans tout ce que je fais, même à chaque nouvelle idée ou projet
démesuré .. Je découvre de nouvelles choses chaque jour et tu me fais progresser
dans tous les domaines.
Je suis fier de tout ce que tu accompli et j’aime te voir évoluer (et faire ta ptite vie),
j’espère pouvoir le faire pendant encore de (trèès) nombreuses années...
Introduction………………………………………………………………...………………....3
III- Résultats……………………………………………………………….………………..24
IV- Discussion………………………………………………………………………………48
V- Conclusion (1 e partie)………………………………………………………………..51
1
Deuxième Partie : Travail de recherche clinique………………………………………..52
I- Présentation de l’étude…………………………………………………………………..53
II- Méthode…………………………………………………………………………………..55
III- Résultats…………………………………………………………………………………58
IV- Discussion………………………………………………………………………………67
V- Conclusion (2 e partie)…………………………………………………………………..70
Conclusion Générale……………………………………………………………………….71
Abréviations utilisées……………………………………………………………………….72
Bibliographie………………………………………………………………………….……..73
Annexes……………………………………………………………………………………..83
2
Introduction
L’OMS a reconnu le TB comme faisant partie des 10 pathologies les plus invalidantes
et coûteuses au plan mondial en 2015, et donc comme un enjeu majeur de santé
publique.
Dans une grande majorité des cas le TB débute par un épisode dépressif, celui-ci étant
souvent pris à tort pour une manifestation du trouble dépressif unipolaire. L’évolution
de la maladie est également marquée par une grande proportion d’épisodes dépressifs
comparée aux épisodes maniaques (8), l’apparition d’une phase maniaque
(pathognomonique) parfois plus tardive explique en partie la latence actuelle au
diagnostic.
3
La gravité du TB se retrouve dans sa diminution de l’espérance de vie, environ 10 ans
par rapport à la population générale (9).
Cette diminution s’explique en partie par le grand nombre de comorbidités associées
(psychiatriques et somatiques (10) et un risque suicidaire 15 fois plus élevé par rapport
à la population générale (11).
L’épisode dépressif majeur entrant dans le cadre d’un trouble unipolaire représente
une prévalence de 16% de la population sur vie entière (15), ce qui montre que les
épisodes dépressifs bipolaires sont largement sous représentés si l’on considère les
troubles dépressifs dans leur ensemble. Le praticien se trouvant face à un patient en
phase dépressive doit donc se montrer particulièrement vigilant au risque d’une erreur
diagnostique.
4
Pour ce qui est des critères cliniques, différentes recommandations sont disponibles.
On peut citer les recommandations de la CANMAT listant plusieurs arguments en
faveur d’un TB sans donner de démarche diagnostic à suivre (17).
On retrouve une méta analyse qui étudie le taux de conversion du trouble unipolaire
au trouble bipolaire (18) et les marqueurs cliniques associés.
Les auteurs ont étudié 8 facteurs de risque associés à cette conversion qui sont : le
genre, l’âge de début de la symptomatologie dépressive, le nombre d’épisodes
dépressifs, la résistance au traitement antidépresseur, les antécédents familiaux de
bipolarité, la présence de symptômes psychotiques, la sévérité de la dépression,
l’évolution chronique de la dépression.
Dans cette étude aucun critère n’était identifié de manière constante pour prédire
l’évolution bipolaire d’un épisode dépressif unipolaire. Pour expliquer ces résultats, les
auteurs avançaient une trop grande variabilité en termes de méthodologie entre les
études.
5
La première est une revue exhaustive et systématique de la littérature afin de
regrouper l’état des connaissances actuelles et d’identifier les données scientifiques
les plus pertinentes.
La deuxième partie est une étude clinique s’appuyant sur la recherche bibliographique
afin de tester ces résultats sur une population de patients.
6
Partie 1 : Revue systématique de la littérature
7
I – Généralités sur le trouble bipolaire
Hippocrate décrit ses observations cliniques de ce qu’il nomme la mélancolie (du grec
melein, noir et chole, la bile). Dans sa théorie des humeurs, la mélancolie est un excès
de bile noire dans le sang pouvant conduire à la folie.
Dans son ouvrage La folie maniaque dépressive il divise les troubles psychotiques en
deux groupes, d’un coté « la psychose maniaco-dépressive » et de l’autre « la
démence précoce » qui correspond aujourd’hui à la schizophrénie.
Il caractérise les principales formes cliniques qui sont au nombre de quatre : les états
maniaques, les états dépressifs (la mélancolie simple, grave, confusionnelle), les états
fondamentaux où la variabilité́ de l’humeur persiste entre les épisodes et les états
mixtes. Kraepelin est également le premier à suggérer le rôle favorisant dans la
survenue des épisodes d’évènements de vie stressants.
C’est à partir du 20 e siècle qu’une vision dichotomique des troubles de l’humeur fera
son apparition. Leonhard sépare les sujets souffrant de trouble dépressif seul de ceux
présentant une alternance d’épisode dépressif et maniaque.
Cette vision sera officialisée en 1980 avec la parution de la 3 e version du DSM. Les
notions de trouble dépressif majeur, de trouble dépressif récurrent et trouble bipolaire
8
font leurs apparitions. Depuis, on voit un consensus dans les classifications
internationales vers une approche catégorielle.
B- Classification actuelle
A. Les critères (critères A à D de l’épisode maniaque) ont été respectés pour au moins
un épisode maniaque.
B. L’occurrence d’un épisode maniaque et d’un épisode dépressif majeur n’est pas
mieux expliquée par un trouble schizo-affectif, une schizophrénie, un trouble
schizophréniforme (proche de la schizophrénie, ayant l’apparence de la
schizophrénie), un trouble délirant, ou par un autre trouble psychotique.
L’épisode maniaque peut avoir été précédé et suivi par un épisode hypomaniaque ou
par un épisode dépressif caractérisé.
9
Critères diagnostiques d’un épisode maniaque
A. Un épisode maniaque est défini comme une période nettement délimitée d’élévation
de l’humeur ou d’humeur expansive ou irritable ou d’une augmentation de l’activité́ ou
de l’énergie orientée vers un but.
Cette période doit durer au moins une semaine, être présente tout le long de la journée
presque tous les jours ou moins, si une hospitalisation est nécessaire.
10
interpersonnelles, ou pour nécessiter l’hospitalisation afin de prévenir les
conséquences dommageables pour le sujet ou pour autrui, ou bien, s’il existe des
caractéristiques psychotiques.
D. Les symptômes ne sont pas dus aux effets physiologiques directs d’une substance
(donnant lieu à̀ un abus, médicament) ou à une affection médicale généralisée
(hyperthyroïdie).
Les critères A à D constituent un épisode maniaque. La présence d’au moins un
épisode maniaque est nécessaire pour le diagnostic d’un épisode bipolaire de type I.
11
• engagement excessif dans des activités agréables mais à potentiel élevé de
conséquences dommageables (par exemple la personne se lance sans retenue dans
des achats inconsidérés, des conduites sexuelles inconséquentes ou des
investissements commerciaux déraisonnables).
L’épisode est associé sans équivoque à un fonctionnement qui est inhabituel chez
l’individu quand il n’est pas symptomatique.
C. La perturbation de l’humeur n’est pas assez sévère pour entrainer une altération
marquée du fonctionnement professionnel, des activités sociales ou des relations
interpersonnelles, ou pour nécessiter l’hospitalisation. S’il existe des caractéristiques
psychotiques l’épisode est par définition considèré comme maniaque.
D. Les symptômes ne sont pas dus aux effets physiologiques directs d’une substance
(donnant lieu à un abus, médicament).
12
Épisode dépressif majeur
Concernant ce diagnostic, sa définition est identique qu’il entre dans le cadre d’un TB,
d’un trouble dépressif récurrent ou d’un épisode dépressif unique.
A. au moins 5 des symptômes suivants doivent être présents pendant une même
période d’une durée de 2 semaines et avoir représenté un changement par rapport au
fonctionnement antérieur. Au moins un des symptômes est soit 1) une humeur
dépressive, soit 2) une perte d’intérêt ou de plaisir.
1) Humeur dépressive présente pratiquement toute la journée, presque tous les jours,
signalée par le sujet (ex. : se sent vide ou triste ou désespéré́ ) ou observée par les
autres (ex. : pleure ou est au bord des larmes).
13
5) Agitation ou ralentissement psychomoteur presque tous les jours (constatés par les
autres, non limités à̀ un sentiment subjectif de fébrilité ou de ralentissement intérieur).
6) Fatigue ou perte d’énergie presque tous les jours.
7) Sentiments de dévalorisation ou de culpabilité excessive ou inappropriée (qui peut
être délirante) presque tous les jours (pas seulement se faire grief ou se sentir
coupable d’être malade).
9) Pensées récurrentes de mort (pas seulement une peur de mourir), idées suicidaires
récurrentes sans plan précis, ou tentative de suicide ou plan précis pour se suicider.
NB : la réaction à une perte significative (par ex. décès, ruine financière, perte
secondaire à une catastrophe naturelle, affection médicale ou handicap sévère) peut
inclure une tristesse intense, des ruminations au sujet de cette perte, une insomnie,
une perte d’appétit et une perte de poids notées au niveau du critère A, et peut
ressembler à un épisode dépressif. Bien que ces symptômes puissent être
compréhensibles ou considérés comme adaptés face à cette perte, la présence d’un
épisode dépressif caractérisé associé à la réponse normale à cette perte doit aussi
14
être envisagée. Cette décision demande que le jugement clinique tienne compte de
l’histoire individuelle et des normes culturelles concernant l’expression de la souffrance
dans un contexte de perte.
Pour répondre aux difficultés que pose le diagnostic de trouble bipolaire, plusieurs
auteurs ont développé des outils afin d’identifier des caractéristiques clés pour
l’identification des patients bipolaires. Plusieurs questionnaires ont vu le jour, des auto-
questionnaires (réalisés par le patient) ou des hétéro questionnaires (réalisés par
l’interrogateur). Cependant ces échelles ne sont que des outils et ne permettent pas à
elle seules de porter un diagnostic.
Le Mood Disorder Questionnaire a été développé par Hirschfeld et son équipe (2000)
pour répondre au défi diagnostique que représente le TB et à l’absence d’échelle fiable
pour ce diagnostic (20).
Il s’agit d’un auto-questionnaire de 15 questions pouvant être réalisé en 10 minutes
qui a comme objectif de détecter un antécédent de manie ou d’hypomanie (annexe 1).
Les auteurs identifient qu’un score de minimum 7 réponses positives obtient la
meilleure combinaison de Sensibilité et de Spécificité.
L’échelle a été testée sur une population de 198 patients souffrant de dépression, dont
109 étaient diagnostiqués BP après utilisation de la SCID. La Sensibilité est de 73%
et la Spécificité de 90% en utilisant le seuil de 7 réponses minimum.
Les auteurs le proposent comme outil diagnostique dans les soins de premiers recours
(primary care) et également en hospitalisation.
15
Depuis sa parution l’échelle a été étudiée par plusieurs auteurs, on peut retrouver des
chiffres de Sensibilité et Spécifité qui diffèrent d’une étude à l’autre.
Une méta analyse conduite par Wang (2015) retrouve des chiffres très différents selon
les études avec des Sensibilités allant de 20 à 90% avec un seuil de positivité de 7
réponses (21). Cependant, certains auteurs ont tenté d’autres seuils et ce qu’ils
concluent dans cette méta analyse est qu’un seuil de 7 réponses en excluant la 2 e et
3e partie du questionnaire retrouvait la meilleure Sensibilité (0,74) et Spécifité (0,78).
Les auteurs ne discutent pas de l’application pratique de ce test.
Dans une autre méta analyse Carvalho (2015) étudie l’aspect pratique et la
performance de ce test, en comparaison avec deux autres, la HCL-32 et la BSDS
(Bipolar Spectrum Diagnosis Spectrum).
La MDQ peine à être pratique dans un contexte de soins de ville (primary care) avec
une Sensibilité de 43% ainsi que dans un contexte d’hospitalisation en psychiatrie avec
une Sensibilité de 66% (22).
L’étude montre également la plus grande force de la HCL 32 par rapport à la MDQ
pour identifier les patients souffrant de TB de type 2.
Avec sa mise en place relativement simple, la MDQ garde cependant un intérêt dans
la pratique clinique courante. Mais du fait d’un grand nombre de patients BP ne
remplissant pas les critères de positivité, il ne peut être un test diagnostique à lui seul.
16
haute en comparaison avec la MDQ ce qui permet l’identification d’un plus grand
nombre de patients.
Lee (2016) étudie l’intérêt de l’utilisation de la HCL 32 en population générale pour
identifier les patients bipolaires (24). Les auteurs concluent à l’inefficacité de l’outil en
population générale, celui-ci ne pouvant identifier de manière adéquate les patients
bipolaires sans utiliser un seuil de minimum 19 réponses.
En revanche les auteurs retrouvent que les facteurs relatifs au caractère
« irritabilité/prise de risque » identifie les patients bipolaires avec un minimum de 3
réponses positives sur 12 items. Ils suggèrent même l’utilisation de ses items dans un
outil de dépistage en population générale.
Rybakowski (2012) étudie la HCL 32 et la MDQ dans une population de 1051 patients
dépressifs (premier épisode ou récurrent), leurs résultats montrent que les patients
ayant un score positif dans l’un des tests (au moins 7 questions pour la MDQ et 14
pour la HCL 32) présentaient des caractéristiques cliniques et sociodémographiques
statistiquement différentes (25). Ces caractéristiques étant corrélées à la bipolarité
dans la littérature. Ils retrouvent chez les patients avec un test positif plus
d’antécédents familiaux de bipolarité, un âge de début des troubles plus précoce, plus
d’antécédents de tentative de suicide et plus de résistance aux antidépresseurs. Dans
cette étude on peut voir que les patients présentant un score positif appartiennent à
un spectre de la maladie dépressive différent des autres patients et qu’ils doivent donc
être sujet à une surveillance rapprochée concernant le possible risque de bipolarité
sous-jacente.
Dans sa méta analyse, Carvalho (2015) montre une Sensibilité de 81% et une
Spécificité de 67%. Comme vu précédemment, ce test identifie de manière plus
précise que la MDQ les patients BP de type 2 (22).
Les auteurs suggèrent que la HCL 32 est plus efficace que la MDQ pour détecter les
symptômes subtils de bipolarité.
Cependant la limite principale de ce test réside dans sa Spécificité qui peine à exclure
les patients non bipolaires ce qui, à l’instar de la MDQ, ne peut en faire un test
diagnostique à lui seul.
17
On peut citer une dernière méta analyse de Wang (2019) qui étudie la MDQ et HCL32
en termes de performance clinique.
Les Sensibilité / Spécificité respectives de la MDQ et HCL 32 sont de 0,8/0.7 et
0,82/0,57.
Les auteurs concluent que les deux questionnaires sont des outils cliniques fiables,
mais ils présentent un risque élevé de retrouver des patients dit « faux positif ». Par
conséquent, ils suggèrent que la confirmation diagnostique doit se faire après un
deuxième entretien clinique (26).
Dans le HCL-32, les hypomanies ne sont pas cotées avec la même durée (en nombre
de jour) par rapport aux critères DSM. En effet, le critère retenu de 4 jours pour parler
d’hypomanie semble trop réduit selon certains auteurs (27),(3) ce qui entrainerait des
erreurs de classification et de diagnostiques de certains patients.
3) Indice de Bipolarité
Un score supérieur à 60/100 constitue un indice en faveur d’un trouble caractérisé́ qui
justifie un traitement thymorégulateur (annexe 3).
18
Le calcul de cet index trouve sa justification à la fois dans la démarche diagnostique
et le choix du ou des traitements.
Plusieurs auteurs ont étudié cette échelle en situation clinique pour évaluer ses
performances.
On peut citer Ma (2016) qui étudie les performances de cet indice chez 615 patients.
Les auteurs construisent une courbe ROC et déterminent un score limite de 42 pour
séparer les patients BP des patients dépressifs UP (29). En fixant cette limite, les
auteurs obtiennent une Sensibilité de 0.957 et une Spécificité de 0,881.
L’outil s’avère néanmoins moins performant pour différencier le TB1 du TB2 avec une
Sensibilité de 0,68 et une Spécificité de 0,77.
L’indice est également étudié par Aiken (2015) dans une population de 1903 patients
(30). Les auteurs suggèrent un seuil de 50 points pour obtenir la meilleure combinaison
de Sensibilité (0,91) et de Spécificité (0,9), l’aire sous la courbe ROC étant de 0,97
proche du 1 idéal. Les auteurs suggèrent que le questionnaire pourrait jouer un rôle
clef dans le diagnostic de TB.
Les auteurs ont également comparé cet indice aux autres échelles, la MDQ et BSDS.
Cette échelle a été développée par Ronald Pies, il consiste en une histoire descriptive
de l’évolution clinique d’un TB et de ses caractéristiques subtiles et difficiles à repérer
(annexe 4). C’est un auto-questionnaire où le patient choisit les phrases dans lesquels
il se reconnait (19 au total) et répond à une question à choix multiples qui évalue de
19
manière générale la précision du test. Le test est positif à partir de 19 points (sur un
total de 25).
La performance de ce test a été évaluée par Ghaemi (2005) qui retrouve une sensibilité
de 0,76 et une Spécificité de 0,85 (31). Les auteurs justifient l’utilisation de ce test du
fait de ses meilleures performances (comparativement à la MDQ) dans la détection
des TB de type 2 et les TB non spécifiés. Les deux questionnaires pourraient donc
être complémentaires selon eux.
D’autres auteurs ont eu recours à cette échelle et ont évalués ses performances
diagnostiques.
Zimmerman (2010) la teste sur une population de 961 patients (32). Le seuil retenu
obtenant la meilleure combinaison de Sensibilité (83,3) et Spécificité (68,1) était de 11.
Pour Sánchez de la Cruz (2018), la Sensibilité retrouvée est de 0,83 également mais
la Spécificité atteignait 0,86, les auteurs retenaient eux un seuil de positivité du
questionnaire à 12 (33).
Selon les différents auteurs, l’intérêt de ce questionnaire repose sur son efficacité à
détecter l’étendue du spectre bipolaire et non pas seulement les formes dites
classiques (TB1 et TB2).
20
II - Méthode de la revue systématique de la littérature
Les termes MESH suivants ont été utilisés : bipolarity features AND depression OR
unipolar; bipolar depression AND (family history ; age at onset ; recurrence OR
recurrent depressive ; induce mania OR manic switch ; treatment resistant
depression ; hypersomnia ; hyperphagia OR weightgain ; suicide OR suicidal ideation ;
obesity OR overweight ; anxiety disorder ; seasonnality ; mood reactivity ; tobacco OR
nicotine OR smoking ; alcohol use OR abuse OR addiction ; cannabis or THC ;
psychomotor retardation OR agitation ; borderline ; psychotic features ; ADHD ; eating
disorder ; irritability ; leaden paralysis).
Il a été procédé à une sélection des titres des publications identifiées dans les bases
de données grâce à̀ la stratégie de recherche définie plus haut afin d’identifier les
études possiblement éligibles. Les études ont été sélectionnées sur la base des
résumés ou titres. Tous les résumés en ligne ont été lus et des articles en texte complet
ont été étudiés lorsque cela était pertinent.
Les études retenues portaient sur une population d’au moins 100 sujets afin de
proposer une puissance suffisante. Elles devaient baser leurs diagnostics sur le DSM
4 ou 5 ou la CIM 10 afin d’éviter trop de disparités dans les définitions diagnostiques
21
et de garder une homogénéité dans les résultats. Pour éviter de privilégier les résultats
provenant d’une population particulière, un seul article était sélectionné
indépendamment du nombre de publications sur une population donnée.
Enfin, les études retenues étaient celles qui proposaient d’étudier deux populations
bien définies de patients dépressifs (malade bipolaire d’une part et unipolaire de
l’autre) et comparaient leurs critères sociodémographiques et cliniques. Seules celles
qui montraient des résultats statistiquement significatifs furent retenues.
22
Articles identifiés grâce à la Articles additionnels identifiés (n
recherche dans les bases de = 53)
données (n = 4455)
-Critères diagnostiques
antérieurs au DSM 4
23
III - Résultats
24
o Hyperphagie
Présence d’idées suicidaires
IMC
Saisonnalité
Présence d’addiction (et une recherche individuelle sur le tabac, l’alcool et le
cannabis)
Le ralentissement et l’agitation psychomotrice
La présence d’un trouble anxieux associé
La présence d’un trouble de la personnalité borderline associé
La présence d’un TDAH associé
La présence d’un TCA associé
La présence de caractéristiques psychotiques à l’épisode dépressif
L’auteur Benazzi (2006) retrouve de manière significative (p < 0,01) dans une
population de 379 patients bipolaires et de 271 patients unipolaires que les
antécédents familiaux de bipolarité restent le critère le plus discriminant entre ces deux
populations, avec un Odd Ratio de 4,3 en faveur du TB, supérieur à la présence d’un
épisode mixte par exemple (OR 3,2) (35). Cependant cette étude ne portait que sur
des patients bipolaires de type 2 ce qui exclue une partie du spectre de la maladie de
l’analyse.
25
Chez Dervic (2015), les caractéristiques cliniques et sociodémographiques de patients
unipolaires (n=455) et bipolaires (n=230) sont comparés. La présence d’antécédents
familiaux d’épisode maniaque est le critère le plus discriminant dans cette population
(cela est assimilé à des antécédents familiaux de TB). On retrouve une prévalence de
15% pour le TB1 et de 19% pour le TB2 contre 5% dans la dépression unipolaire (36).
En revanche l’étude n’offre pas de ratio de comparaison.
Dans l’étude de Souery (2012), l’analyse d’un échantillon de 291 patients met
également en avant le caractère discriminant des antécédents familiaux pour identifier
les patients BP. Les auteurs retrouvent après régression logistique un OR de 3,79 en
faveur du TB (37).
Dans une autre population, Perlis (2006) regroupant 1551 patients, on retrouve une
prévalence des antécédents familiaux de bipolarité supérieure à 40 % dans la
population bipolaire comparée aux patients unipolaires où cette prévalence est moins
de 9% (p < 0,01). (38)
Pour d’autres auteurs, Patella (2019), Cardoso (2020) cette prévalence est plus faible
mais toujours significative. Dans leurs études, ce critère permet de discriminer les deux
populations avec le plus force statistique (39),(40). Pour Patella, cette prévalence est
de 10 % pour le TB et 2,6% chez les UP (p= 0,013), et chez Cardoso on retrouve 8,6%
et 3,4% respectivement avec un OR de 2,91 en faveur du TB.
26
bipolaire chez les patients dépressifs, l’incidence cumulée sur 20 ans chez ces patients
atteint presque 30%. (42)
Pour Rybakowski (2005) (43) une population de 539 patients BP et 341 UP est
comparée. Les résultats montrent qu’un âge de début des troubles est le critère le plus
discriminant (indépendamment du sexe du patient) avec une prévalence de 27% chez
les femmes BP et 9% pour les UP (pour les hommes on retrouve respectivement 33%
et 13%).
Chez Kim (2008) (45) dans une population de 111 patients, un âge précoce de début
de la maladie présente un Risque Relatif de 1,85 pour le TB (ce critère arrive après la
dépression du post partum avec un RR de 2).
Pour Holma (2014) et Ben Abla (2006) ce seuil n’était pas défini avant l’étude, et le
critère ayant la plus grande puissance statistique est l’âge de début des symptômes.
Un âge moyen de moins de 25 ans est retrouvé chez Holma (p < 0,01) pour le TB et
de 32 ans pour le trouble unipolaire (46). Chez Ben Abla, la même tendance est
observée dans les résultats mais avec un écart plus marqué (p < 0,01). Dans cette
population rassemblant 186 patients, l’âge moyen de début des TB est de 21 ans avec
un trouble unipolaire débutant lui vers 38 ans (47).
Un âge de 21 ans est considéré comme le seuil pour parler de dépression précoce
chez Akiskal et Benazzi (2008). En appliquant ce seuil, leurs résultats sont similaires
aux auteurs précédents, avec un âge précoce de début de maladie comme critère le
27
plus puissant statistiquement et discriminant cliniquement (48). Les auteurs retrouvent
ainsi un OR de 4,35 en faveur du TB, après analyse multivariée ils obtiennent un OR
de 2,96.
On voit donc que la définition à donner à une dépression précoce diffère selon les
auteurs, mais que le critère garde une grande puissance discriminante malgré les
définitions différentes.
Le seuil de 25 ans est celui qui semble faire le plus consensus dans les études.
c- Récurrence dépressive
Ainsi dans l’étude BRIDGE (2011) rassemblant 5635 patients (49), le critère le plus
discriminant et significatif statistiquement retenu entre la population bipolaire et
unipolaire est la présence d’au moins deux épisode dépressifs. Un OR de 11,5 en
faveur du TB1 et un OR de 3,2 en faveur du TB2.
28
Même chose pour Tondo (2014) qui tente de hiérarchiser les critères les plus
discriminants dans sa population d’étude en utilisant la même définition de la
récurrence dépressive. Le critère le plus important en termes de ratio BP/UP est la
présence d’antécédents personnels de tentative de suicide, mais après analyse
multivariée, on retrouve la récurrence dépressive avec la plus grande association
statistique, avec une prévalence de 39 % et un Odd Ratio de 2,74 dans la population
étudiée (52).
Dans l’étude BRIDGE II, Barbuti (2017) utilise une définition de la récurrence à partir
de 3 épisodes dépressifs. Avec un OR à 5 en faveur du TB, c’est le critère qui permet
le mieux de séparer les deux populations (53).
Pour Brambilla (2012), Holmskov (2017) et Galvao (2013), aucune définition n’est
donnée concernant le seuil choisi pour parler de récurrence mais celui-ci est le critère
le plus significatif statistiquement et discriminant entre les deux populations de
patients.
Pour Brambilla, la moyenne retrouvée est de 4 épisodes contre 2 pour les patients
sans TB (54) dans une population totale de 113 patients (p = 0,01).
Les résultats sont similaires dans l’étude de Galvao (55) portant sur 104 patients, il
retrouve un nombre moyen de 2 épisodes chez les UP et 6 chez les BP (p < 0,01).
Enfin, pour Holmskov c’est le seul critère statistiquement significatif (p < 0,01) pour
prévoir la conversion d’un épisode dépressif vers un TB dans une population de 290
patients, avec une Hazard Ratio de 1,18 cependant il ne fournit pas d’informations sur
le nombre de récurrences retrouvées (56).
29
d- Antécédents de tentative de suicide
L’étude de Jeon (2010) portait sur l’association entre présence d’idées suicidaires ou
d’antécédents suicidaires et différentes comorbidités psychiatriques. L’étude porte sur
un échantillon de 6510 patients et l’association statistique la plus forte avec un p< 0,01
montre un Odd Ratio de 30 en faveur du TB pour plusieurs passages à l’acte suicidaire.
Pour une TS unique cette Odd Ratio est de 15 et toujours aussi significatif (57). A titre
de comparaison, le 2 e Odd Ratio le plus fort est de 8 dans la dépression unipolaire
(pour les tentatives multiples).
Chez Pawlak (2013), la prévalence des antécédents suicidaires est aussi élevée chez
les patients BP et atteint 40% contre 27% chez les patients UP (59). Cependant cette
étude ne comparait pas d’autres critères mais elle permet de se rendre compte de la
plus grande spécificité des passages à l’acte suicidaire chez les patients BP.
Dans une étude plus récente, Söderholm (2020) recherche la présence de différentes
comorbidités dans une population de 124 patients. Sa population d’étude est divisée
en 3 sous-groupes : les patients bipolaires, les patients unipolaires et enfin les patients
souffrant d’un trouble de la personnalité borderline. Le résultat principal de cette étude
est que le risque suicidaire est plus élevé chez les patients bipolaires avec une
comorbidité de trouble de la personnalité borderline.
30
Cependant en comparant seulement deux sous populations (UB et BP) on retrouve de
manière significative une association forte entre le TB et la présence de TS, avec une
prévalence environ deux fois plus élevée et atteignant 30 % (60).
Une autre donnée permet également d’identifier le TB, c’est par l’évaluation
d’antécédents familiaux de suicide. On retrouve une étude comprenant 211 patients,
où la présence d’antécédents familiaux de suicide (chez un apparenté du 1 er degré)
est le critère le plus discriminant entre les patients UP et BP (61). Les auteurs
obtiennent un Odd ratio de 3 avec un p < 0,01 et ce critère devance les antécédents
personnels de TS (Odd Ratio de 2 et p = 0 ,02).
Cependant cette étude est la seule retrouvée à mettre en évidence les antécédents
familiaux de suicide comme critère le plus discriminant entre une population UP et BP,
mais on peut noter qu’il n’est pas systématiquement recherché par les auteurs. On ne
s’étonnera pas de ces résultats du fait que le caractère familial du suicide a déjà été
mis en avant par certains auteurs (62), un spectre entre le TB et le suicide pouvant se
transmettre à la génération suivante.
Les critères étudiés jusqu’à présent sont des éléments que l’on peut recueillir
facilement à l’anamnèse initiale, sans étude approfondie de la clinique, cependant ces
critères sont retrouvés comme les plus pertinents dans 23 des 69 études retenues.
e- Comorbidité addictologique
Parmi les différentes comorbidités, celle qui est retrouvée le plus souvent dans les
études est l’abus ou l’addiction aux substances.
31
Pour beaucoup d’auteurs, c’est la comorbidité la plus fréquemment retrouvée et nous
avons retenu 9 études à ce sujet. Les études en question retenaient de manière
générale un abus ou une addiction aux toxiques ou dans d’autres cas c’est une
substance en particulier qui sera identifiée.
Pour Diaz (2009) c’est le même constat qui est fait. Sur une population de 424 patients,
la comparaison entre le TB et la dépression UP retrouve une consommation de tabac
en faveur du TB (Odd Ratio 1,7). L’autre paramètre intéressant est l’étude du sevrage
tabagique, cette fois en faveur du trouble UP avec un OR de 0,36 en défaveur du TB
(64).
Dans un épisode dépressif, l’association la plus spécifique avec le tabac est donc le
trouble bipolaire selon ces études, cependant elles ne la comparent pas à d’autres
critères (types comorbidités ou données sociodémographiques) donc sa valeur
discriminante n’est pas établie.
Dans son étude, Smith (2013) établit cependant un lien entre le tabac et le TB en
comparaison à d’autres variables. Dans un échantillon de 123000 personnes (dont
89539 sujets témoins sans aucun troubles psychiatriques) il établit que la variable
différant le plus significativement entre les patients BP et UP est le statut de fumeur
(65). Pour le tabac, la prévalence est de 17% chez les patients BP contre 6% dans le
groupe témoin, la consommation alcoolique est également de 20% dans tous les sous-
groupes alors que l’on sait que la présence d’une comorbidité addictologique est
beaucoup plus forte chez les BP que dans la population générale (66). Aucun critère
clinique n’était étudié dans ce papier, on peut relativiser ces résultats par rapport à
d’autres études comparant un éventail plus large de marqueurs cliniques.
32
D’autres auteurs ont mis en évidence une association spécifique entre l’alcool et le TB.
Pour Hong (2019), dans une population de 137 patients, cette prévalence est de 27 %
contre 10 % chez les patients non BP (67). Cependant dans cette étude, les
consommations problématiques d’alcool comme critère diagnostique ne sont pas
confrontées à d’autres critères ce qui ne permet pas de conclure sur l’aspect
discriminant.
Mais chez Smith (2011), qui sépare sa population de patients dépressifs en deux sous-
groupes à l’aide du questionnaire HCL 32 (50), on retrouve que le critère différant le
plus entre les groupes est l’abus d’alcool (prévalence de 55% contre 18 %) et la
dépendance alcoolique (prévalence de 41 % contre 7 %). Contrairement à son étude
de 2013, il ne compare pas alcool et tabac.
Serra (2015) et son équipe retrouvent dans leur étude sur 334 patients que l’abus de
substance (sans préciser laquelle) est plus discriminant que les autres critères
(notamment antécédents familiaux de bipolarité) avec un OR de 13 et une spécificité
de 99 % (69). On peut contraster ces résultats avec le fait que la Sensibilité n’est que
de 9 %.
Une autre étude retrouve des résultats similaires, Bukh (2016) montre que le facteur
associé à un plus grand risque de conversion de trouble UP vers TB à 5 ans est l’abus
de substances (sans précision) avec un Hazard Ration de 2,4 (p = 0,03). A l’instar de
Serra (2015), l’abus de substances est plus discriminant que les antécédents familiaux
de bipolarité dans cette étude (70).
33
L’abus et la dépendance aux substances est une comorbidité forte, associée aux
maladies psychiatriques en générale (71) mais on le voit dans ces études plus
spécifiquement aux troubles bipolaires par rapport à la dépression unipolaire.
f- Comorbidité anxieuse
D’autres comorbidités sont retrouvées dans la littérature, mais peinent souvent à être
aussi discriminantes que les marqueurs vus précédemment. Le trouble anxieux et le
fait d’avoir un IMC élevé en font partie, 4 études ont été retenues pour ces marqueurs.
Pour Schaffer (2010), la comparaison porte sur une population de 4612 patients, et
l’étude cherche à identifier les facteurs les plus prédictifs de TB dans une population
de patients dépressifs. Dans leurs résultats, la présence d’un trouble anxieux (sans
précision) était le critère le plus en faveur d’un TB avec un Odd Ratio de 1,95 (72).
C’est la seule étude retenue où le trouble anxieux est retrouvé comme marqueur le
plus discriminant.
On peut également citer l’étude d’Inoue (2020) qui retrouve de manière significative
une prévalence de 53% de trouble anxieux chez les patients bipolaires de l’étude
(contre 37%). Cependant cette étude porte sur un échantillon de 448 patients, et
n’identifie pas le trouble anxieux comme discriminant par rapport à d’autres critères
(73).
g- Surpoids ou Obésité
Concernant l’IMC, on sait que les traitements psychotropes utilisés pour le traitement
des troubles de l’humeur causent la plupart du temps une prise de poids (75),(76).
34
Pour Vannucchi (2014) on retrouve une association significative entre l’obésité et le
TB, avec une prévalence de 31% dans l’échantillon de population et ne l’attribue pas
à la médication. L’étude suggère également que l’obésité pourrait être un indicateur
de bipolarité dans une population de patients dépressifs (77).
Cependant l’étude ne met pas en avant le caractère plus discriminant de l’obésité par
rapport à d’autres marqueurs, on peut donc avancer que celui-ci n’est pas assez fiable
pour le clinicien.
D’autres marqueurs peuvent orienter vers un diagnostic de bipolarité lors d’un épisode
dépressif, il s’agit des marqueurs cliniques, qui dépendent de l’épisode en cours et
peuvent donc varier d’un épisode dépressif à l’autre chez le même patient.
a- Symptômes psychotiques
Leonpacher (2015) sépare les hallucinations des idées délirantes, mais avec un OR
respectif de 4,7 et 7,7 on peut classer ces symptômes psychotiques comme étant les
critères cliniques les plus discriminants pour identifier les patients BP (79) (dans une
population de 1070 patients).
35
Dans l’étude de Forty (2008), ce sont également les symptômes psychotiques qui sont
les critères cliniques les plus discriminants (80). En comparant une population de 593
patients UP et 443 BP, elle retrouve un Odd Ratio de 0,160 en défaveur du trouble UP
(p < 0,01).
Même constat dans l’étude de Fiedorowicz (2011), qui suivait une cohorte de 550
patients avec une durée moyenne de suivi de 17 ans. Le critère permettant de prévoir
la conversion d’une dépression unipolaire à un TB était la présence de symptômes
psychotiques (devant les antécédents familiaux de bipolarité) avec un Hazard Ratio
de 1,97 (81).
Hu (2012) montre que 25% des patients traités pour un trouble UP sont en réalité
atteints de TB (82). La présence de symptômes psychotiques avec une prévalence de
32% chez les BP contre 13 % est le critère le plus significatif statistiquement (p < 0,01)
entre les deux groupes cependant les auteurs n’offrent pas de ratio (odd ou hazard).
Un Odd Ratio ajusté de 2,63 est retrouvé dans l’étude de Amin-Esmaeili (2018) pour
ce marqueur diagnostique, c’est le seul critère significatif (p < 0,01) dans cette étude
(84).
Dans l’étude de Serafini (2018) qui compare 180 patients, une dépression avec
symptômes psychotiques est le seul critère significatif (après régression logistique et
p = 0,04) permettant de distinguer les deux groupes (85).
36
On voit au regard de ces études que la présence de symptômes psychotiques lors
d’une dépression est un marqueur puissant pouvant indiquer la présence d’un trouble
bipolaire.
b- Symptômes atypiques
Une autre donnée clinique peut orienter dans ce sens, la présence de symptômes
atypiques.
Les symptômes atypiques sont définis (DSM 5) par la présence d’au moins un des
symptômes suivants : réactivité de l’humeur (amélioration de l’humeur aux stimuli
positifs), prise de poids ou augmentation de l’appétit, hypersomnie (> 10 heures de
sommeil par nycthémère), sensation de lourdeur « membres de plomb », sensibilité
exacerbée au rejet dans les relations interpersonnelles.
Dans un échantillon de 195 patients, Benazzi (1997) met en évidence que la présence
de symptômes atypiques permet de différencier les patients UP des patients BP. C’est
d’ailleurs la seule association statistique significative dans son étude, la prévalence
des symptômes atypiques atteignant 42 % (p < 0,01) dans le TB contre 22% dans
l’autre groupe (86).
Cependant cette étude ne porte que sur des patients BP de type 2, excluant une partie
du spectre de la maladie.
Dans une autre étude Benazzi (2000) étudie la Sensibilité et Spécificité des
symptômes atypiques pour identifier les patients BP lors d’un épisode dépressif. Il
n’étudie pas le caractère discriminant de ce marqueur car il ne le compare pas aux
autres données recueillies chez ces patients (n=557) (87). L’auteur retrouve une
prévalence des symptômes atypiques de 45% chez les patients BP (p < 0,01). Il met
également en évidence que le symptôme « réactivité de l’humeur » seul a la même
prévalence (45 %) que les symptômes atypiques pris dans leur ensemble. Une
Sensibilité de 45% et une Spécificité de 74% sont retrouvées dans cette étude pour
les symptômes atypiques avec un Odd Ratio de 2,4 (p < 0,001), on retrouve les mêmes
données pour la réactivité de l’humeur seule. L’hypersomnie dans cette étude avait le
même Odd Ratio et une Sensibilité de 35% pour une Spécificité de 81%.
37
On voit dans cette étude que les deux symptômes cliniques les plus à même d’être
discriminants sont la réactivité de l’humeur et l’hypersomnie.
Hou (2020) montre que les symptômes atypiques sont plus présents chez les patients
bipolaires, en effet dans son étude sur 466 patients, le marqueur clinique différenciant
les deux populations est la prise de poids durant l’épisode dépressif (OR 2,24) (88).
Hantouche (1998) dans l’étude EPIDEP (90), retrouve dans un effectif de 234 patients
que l’hypersomnie est le marqueur différant le plus entre les deux groupes (23 % chez
les BP et 9 % UP avec p = 0,03).
Les symptômes atypiques sont également retrouvés comme critère discriminant dans
de nombreuses études (Hu 2012, Rybakowski 2005 ou encore Kiejna 2006) sans en
être le critère le plus performant (82),(43),(44).
c- Risque suicidaire
Le risque suicidaire doit être systématiquement évalué lors d’un épisode dépressif, il
peut également orienter sur la nature bipolaire d’un épisode dépressif selon certains
auteurs.
Chez Carvalho (2014) l’étude compare des patients BP et UP lors de leur demande
de soins dans les structures de soins généralistes. Les idées suicidaires se retrouvent
chez 36% des patients BP avec un Odd Ratio de 2,1 (p < 0,01), c’est le critère
différenciant le mieux les deux groupes de patients (91).
Das (2005) identifie dans les structures de premiers soins (primary care) les patients
bipolaires à l’aide du MDQ (92). Les caractéristiques des deux populations sont
comparées, et la présence d’idées suicidaires est l’indicateur le plus à même
d’identifier les patients bipolaires avec un RR de 4,8 (p < 0,01).
38
Même chose pour Hantouche (1998) qui retrouve que la présence d’idées suicidaires
est ce qui diffère le plus entre les deux groupes de patients (au même titre que
l’hypersomnie, raison pour laquelle nous avons retenu l’étude dans ces deux critères)
(90). La prévalence des idées suicidaires est de 64% pour les patients BP contre 46%,
la limite de cette étude est qu’elle ne se base que sur des patients BP de type 2.
On peut aussi citer l’étude de Rabelo-da-Ponte (2020) qui est l’étude d’une cohorte de
3748 personnes. Les auteurs étudient les caractéristiques à la naissance, 11 ans, 15
ans, 18 ans et 22 ans et recherchent les facteurs prédictifs de TB (94). Dans cette
population, l’apparition d’un TB est prédite par la présence d’idéations suicidaires.
Cependant les auteurs ne fournissent pas d’Odd Ratio ni d’arguments de fréquence.
Woo (2015) étudiait rétrospectivement les facteurs prédictifs d’une conversion d’une
dépression UP vers un TB chez 250 patients (95). En dehors de la très grande
Sensibilité (0.87) et Spécificité (0.917) de la BPSD, lors de l’étude de différents
marqueurs, c’est bien le virage sous anti dépresseur qui ressortait comme prédictif voir
quasi-diagnostique (Odd Ratio de 59 pour le TB1 et de 178 pour le TB2). La résistance
aux antidépresseurs, définie par les auteurs comme l’absence de réponse après au
39
moins 3 antidépresseurs, est le 2e critère le plus significatif dans cette étude (Odd
Ratio de 7 pour le TB1 et 26 pour le TB2).
La réponse clinique après la mise en place d’un traitement antidépresseur doit donc
être surveillée de près par le clinicien. Au-delà de l’adaptation thérapeutique, elle
permet dans certains cas de faire évoluer le diagnostic.
e- Activité psychomotrice
Selon certains auteurs, l’activité psycho motrice peut également être un marqueur de
démarcation de bipolarité. On peut constater deux situations au niveau clinique, un
ralentissement ou une agitation motrice.
Dans l’étude de Mitchell (2011), 246 patients BP sont comparés à 120 patients UP. Le
critère ayant la plus grande puissance statistique est le ralentissement psycho moteur,
retrouvé chez 55 % des patients BP contre 38 % des UP, avec un Odd Ratio de 2,14.
C’est même le seul critère statistiquement significatif entre les deux groupes après
analyse multivariée (Odd Ratio 1,64 et p < 0,05). L’agitation motrice dans cette même
étude n’avait pas de valeur discriminante avec une prévalence de 50% chez les BP et
46% chez les UP sans aucune différence significative.
On retrouve des résultats similaires dans l’étude de Leonpacher (2015) comparant 684
patients UP et 386 BP (79). Le ralentissement psycho moteur avait une prévalence de
51 % chez les BP et 31 % chez les UP avec un Odd Ratio de 2,51 (pour l’agitation
motrice cette prévalence était de 46 % et 36 % respectivement avec un OR à 1, 56).
En analyse multivariée, les auteurs obtiennent un OR de 1,62 pour le ralentissement
(p = 0,015) et de 1,21 pour l’agitation (non significatif). Cependant, cette étude retrouve
en premier lieu les symptômes psychotiques comme marqueurs les plus discriminants
entre les groupes, nous la citons pour souligner la plus grande force statistique du
ralentissement psycho-moteur par rapport à l’agitation.
40
Pour l’auteur Iwanami (2015) ce sont les résultats inverses, et l’agitation motrice est le
meilleur facteur prédictif de bipolarité lors d’une dépression. En effet, 206 patients
présentant un épisode dépressif ont été suivis durant 9 ans, l’agitation motrice lors de
l’épisode initial prédisait l’apparition d’un TB avec un HR de 2,98 contre 2,37 (non
significatif) pour le ralentissement moteur (97).
On peut également citer l’étude de Schaffer (déjà citée pour ses résultats sur le trouble
anxieux) où l’agitation motrice avait un OR de 2,47 en faveur d’un trouble bipolaire
contre 1,14 pour le ralentissement.
Au total, on peut classer les principaux critères selon le nombre d’articles où ils
apparaissent comme facteur le plus discriminant.
Parmi les critères recherchés, huit apparaissent comme étant les plus à même
d’identifier les patients bipolaires. Par ordre d’importance : la présence de symptômes
psychotiques, un antécédent familial au premier degré de trouble bipolaire, la
récurrence d’épisodes dépressifs, un âge des premiers symptômes inférieur à 25 ans,
la présence d’une comorbidité addictologique, la présence d’idéations suicidaires, les
antécédents personnels de TS ou de suicide familiaux, et enfin la présence de
symptômes atypiques.
Les autres marqueurs revenus significatifs dans une moindre mesure sont : la
résistance aux antidépresseur, la présence d’un trouble anxieux associé, le
ralentissement et l’agitation psychomotrice.
On notera que le nombre total de patients dans ces études a été inscrit afin de
pondérer ces résultats à la taille des échantillons de population. On remarque ainsi
que les troubles anxieux sont peu retrouvés à travers la littérature, mais que dans
l’étude où ce critère est retrouvé comme le plus discriminant, la taille de l’échantillon
donne une certaine puissance au résultat.
41
NOMBRES D'ÉTUDES PAR CRITÈRE CLINIQUE
0 1 2 3 4 5 6 7 8 9
On peut observer qu’en prenant une méthodologie moins restrictive, en incluant les
deux premiers critères les plus significatifs dans chaque étude, on obtient des résultats
similaires.
On peut citer dans l’ordre d’importance : la récurrence des épisodes dépressifs, les
antécédents familiaux de bipolarité, la présence de symptômes psychotiques, un âge
de début des troubles inférieur à 25 ans, la présence de symptômes atypiques, une
comorbidité addictive, un antécédent personnel de TS, la présence d’idéations
suicidaires, un ralentissement psycho-moteur marqué, la résistance à 3 lignes
d’antidépresseurs, l’agitation motrice et la présence d’un trouble anxieux.
42
2%
4%
4% 16%
4% Recurrence depressive
Symptômes psychotiques
5%
ATCD familiaux Bipolarité
Age < 25 ans
6% Symptômes atypiques
14%
Addiction Toxique
ATCD perso suicide
Idées suicidaires
9%
Ralentissement Psychomoteur
Resistance ATD
Trouble Anxieux
14%
Agitation motrice
11%
11%
La différence majeure est que l’on observe un poids beaucoup plus considérable des
symptômes atypiques dans la dépression bipolaire.
On voit ici que parmi toutes les publications retenues, six indicateurs reviennent avec
force et qu’ils sont dans trois quarts des cas les critères les plus significatifs et
discriminants.
43
B- Études contredisant ces résultats
Nous avons vu que les principales études sélectionnées retrouvaient les critères
étudiés en faveur du TB. Cependant, certains auteurs retrouvent des résultats opposés
concernant certains marqueurs.
Si les principaux critères retenus sont robustes et retrouvés largement dans la
littérature, certains ne font pas consensus.
Angst (2009) conteste l’idée que l’agitation motrice est plus discriminante que le
ralentissement (98). Dans son étude, la prévalence retrouvée pour l’agitation est de 61
% pour le TB et de 55 chez les UP, contrairement au ralentissement (60% et 36%
respectivement). Par ailleurs, l’agitation motrice est retrouvée aussi présente dans le
TB qu’UP.
Dans l’étude d’Olgiati (2006), les patients (n = 314) sont séparés en deux groupes
(patients agités contre patients non agités). Les caractéristiques de ses deux groupes
sont comparées et les auteurs ne retrouvent pas d’association entre l’agitation et les
marqueurs cliniques habituels de bipolarité. Cependant, cette étude ne fait pas de liens
directs entre le TB et l’agitation motrice donc sa validité dans ce contexte n’est pas
suffisante (99).
Concernant les troubles anxieux dans le trouble bipolaire, l’étude de Sato (2005)
montre une association de l’anxiété avec la dépression UP (100), les « factor scores »
revenant négatifs pour le TB1 et TB2 et positifs pour les UP (statistiquement
significatif). Cependant, l’étude ne précise pas si l’anxiété est en rapport avec l’épisode
dépressif ou résulte d’un trouble anxieux présent en dehors de cet épisode.
44
sociodémographiques et cliniques. Certains marqueurs de bipolarité étaient
significativement différents entre les deux groupes, les auteurs suggèrent donc une
entité clinique différente entre la dépression résistante et le trouble bipolaire (101). Les
troubles anxieux étaient plus retrouvés dans les dépressions résistantes (61% contre
23%) ce qui va dans le sens des résultats de Sato (2015).
Parmi les critères inclus dans notre recherche, certains ne se sont pas revenus
significatifs dans les études retenues et ne permettaient pas de discriminer les patients
BP des patients UP dans les populations d’études. Souvent ces critères n’étaient
même pas inclus dans les comparaisons de patients.
45
patients souffrant de trouble de la personnalité borderline (BPD). Cependant, ses
résultats ne portent que sur 16 patients on peut donc émettre quelques réserves
concernant la puissance de l’étude (103).
Une revue de littérature concernant cette possible association, mené par Zimmerman
(2013), ne retrouve pas cette association et conteste que ces deux troubles
appartiennent au même spectre. Une des raisons principales étant que les études sur
le sujet (15 en l’occurrence) ont rarement assez de puissance statistique (une seule
étude retenue par l’auteur avait plus de 100 patients) et que les écarts de prévalence
ne sont pas significatifs (104).
Les troubles du comportement alimentaire (TCA) ont été inclus dans notre recherche.
Nous pouvons citer l’étude de Tseng (2016) montrant une prévalence plus forte des
troubles bipolaires ainsi que de la dépression unipolaire dans les TCA (105). Certaines
sous catégories des TCA étaient peu représentées dans le TB, l’anorexie mentale par
exemple avait une prévalence de 16% contre 66% pour les UP. La seule catégorie de
TCA où les patients BP sont les plus nombreux est « Binge Eating disorder ». Par
ailleurs, d’autres auteurs retrouvent une association entre les TCA et le TB mais
aucune des études retenues ne montrait de supériorité de ce critère pour identifier les
patients BP des patients UP, ou bien les TCA n’étaient pas un critère retenu dans les
comparaisons de patients.
Les études portant sur les antécédents familiaux de trouble de l’humeur, sans précision
sur l’étiologie bipolaire ou unipolaire des troubles n’ont pas été retenues. Dans l’étude
de Serretti (2012), les patients sont séparés en deux groupes, le premier avec
antécédents familiaux de trouble de l’humeur et/ou de suicide, le deuxième sans
antécédents (106). Parmi les patients avec antécédents, 43% avait un TB (contre 26%
sans antécédents). Les chiffres concernant la dépression unipolaire étaient
respectivement de 57% contre 74%.
Cette étude met en avant le caractère familial du TB et du suicide, cependant elle reste
assez générale et ne différencie pas chacun des antécédents, la relation entre la
dépression unipolaire familiale et le TB n’est donc pas étudiée. On peut retrouver ces
indicateurs cliniques dans la littérature scientifique, cependant dans aucune des
études retenues ici les antécédents familiaux de dépression UP n’étaient pertinents.
46
Ces indicateurs cliniques, malgré leur lien avec le trouble bipolaire, n’ont jamais
satisfait notre méthode d’étude et par conséquent nous les considérons comme moins
pertinents et même secondaires dans l’évaluation diagnostique d’un trouble bipolaire.
47
IV – Discussion
On fait le même constat dans l’approche probabiliste de Mitchell (2008). Les auteurs
identifient les mêmes facteurs cliniques et établissent un score pour chacun d’entre
eux, à l’exception des antécédents de TS et la consommation de toxiques.
48
susceptibles de développer une forme d’addiction, dont le tabac fait pleinement partie.
Il conviendrait donc d’inclure le tabac dans l’étude des comorbidités addictives.
Concernant les limites de la MDQ, l’HCL-32 et de la BSDS, la première est que ces
questionnaires portent leur attention sur la recherche d’hypomanie. Or ce type
d’épisode ne s’est pas forcement manifesté en début de maladie et donc au moment
où le patient fait son premier épisode dépressif. En se concentrant essentiellement sur
la recherche de ces épisodes (pathognomoniques mais pas systématiques) on perd
de vue une partie du spectre de la maladie et cela peut mener à une erreur
diagnostique.
Une autre réserve que l’on peut émettre, concerne les performances de ces tests en
dehors des phases euthymiques. En effet, on ne peut exclure l’influence de l’état
thymique du patient sur ses réponses aux questionnaires. Pour la MDQ, les
populations étudiées étaient considérées en rémission ou non (107),(20). Pour l’HCL-
32, l’impact des symptômes thymiques sur les réponses ne peut être négligés (108).
On peut également citer Benazzi, qui pose la question de la fiabilité des réponses sur
un antécédent d’hypomanie lorsqu’on interroge un patient en plein épisode dépressif
(avec un biais cognitif négatif minimisant les évènements de vie positifs) (109).
Ces échelles conservent leur utilité à condition d’une passation lors d’un période
d’euthymie.
Une autre échelle que nous avons vue est l’indice de Bipolarité qui contrairement aux
autres échelles se concentre sur une vision plus globale du trouble bipolaire. La
49
recherche d’hypomanie en fait partie mais les critères retrouvés dans notre recherche
bibliographique sont également inclus de différentes manières dans cet indice.
Cependant, il présente également plusieurs limitations, notamment l’absence
d’évaluation des antécédents de passages à l’acte suicidaires. Dans la recherche
bibliographique ce marqueur différait entre une population BP et une UP, et le suicide
faisant la gravité de la maladie, son évaluation semble indispensable.
L’autre limite est celle que rencontre chacun des questionnaires, celle relative au seuil
choisi pour que le test soit admis comme positif, car selon la population d’étude, les
résultats divergent.
Néanmoins, cet indicateur semble le plus à même actuellement de renseigner sur un
possible diagnostic de TB, au vu d’une large inclusion de critères et peu de limites en
comparaison aux autres outils.
50
V- Conclusion
51
Partie 2 : Travail de Recherche clinique
52
I – Présentation de l’étude
Nous avons mené une étude descriptive et comparative d’une population de patients
en évaluant les différents marqueurs cliniques retrouvés dans notre revue de la
littérature. Un des buts de ce travail était d’observer si des résultats similaires à la
recherche bibliographique étaient retrouvés et si la hiérarchie entre ces différents
critères était préservée (en comparaison avec notre revue littéraire).
Nous pouvons citer Tondo (2014) qui a déjà tenté une approche diagnostique
probabiliste en rassemblant plusieurs indicateurs cliniques ((52)). Les critères retenus
étaient : la récurrence dépressive (au moins 4 épisodes), un antécédent de TS, un
antécédent familial de TB, la cyclothymie, l’abus de substance, le sexe masculin et un
âge de début des troubles inférieur à 25 ans. Il obtenait avec cette approche une
Sensibilité de 70% et une Spécificité de 62% si au moins deux facteurs sur les sept
étaient présents chez le patient.
Si certains critères sont retrouvés significativement différents entre les groupes de
patients, nous pourrons également proposer une approche diagnostique probabiliste.
Une autre partie de l’étude est consacrée à l’étude des performances de l’indice de
bipolarité de Sachs dans notre population. En effet, cet indicateur a montré dans la
littérature des performances bien supérieures aux autres questionnaires ou méthodes
probabilistes.
Il présente l’avantage d’être divisé en différentes composantes. Comme vu
précédemment, il englobe des données démographiques objectives, des symptômes
cliniques et de réponse thérapeutique. Il ne repose pas sur la recherche unique de
53
manie ou d’hypomanie et ne se base également pas seulement sur la clinique de
l’épisode.
Pratiqué par le clinicien, il limite le risque de sur ou sous-évaluation de ses critères par
le patient par rapport aux auto-questionnaires.
Cependant, cet outil est sous représenté dans la littérature scientifique. Notre objectif
est de tester cet indicateur sur notre population afin de déterminer ses performances
et de définir s’il reste un outil diagnostique de premier ordre.
54
II – Méthode
Les critères d’exclusion spécifiques aux patients concernaient la présence d’un autre
trouble psychiatrique tel qu’un diagnostic de schizophrénie, de trouble délirant ou
schizo-affectif, la présence d’un trouble de l’usage d’une substance actuel ou de
caractéristiques catatoniques associées à̀ l’épisode dépressif.
Les critères d’exclusion propres aux deux groupes, patients et témoins, étaient une
vaccination le mois précèdent la visite d’inclusion mais également le fait d’être enceinte
ou d’avoir accouché il y a moins d’un mois, être mineur, majeur sous tutelle ou privé
de liberté, souffrir d’une pathologie somatique sévère évolutive ou ne pas bénéficier
d’un régime de sécurité sociale.
Les deux groupes de sujets ont été suivis pendant 30 semaines. Chaque participant
était reçu une première fois lors d’une visite d’inclusion. Au cours de cette visite, un
55
entretien clinique était réalisé́ ainsi qu’un prélèvement sanguin, des hétéro-
questionnaires et des auto-questionnaires. Ils étaient ensuite revus de la même
manière à 2 semaines, 8 semaines et 30 semaines. De nombreuses données cliniques
ont pu être collectées durant l’inclusion et le suivi.
Pour l’intérêt de notre étude, nous avons exclu les patients témoins (n= 100) pour ne
retenir que les patients présentant un épisode dépressif (n= 141). Au sein de ce
groupe, la distinction est faite entre les patients avec un diagnostic de trouble
unipolaire ou trouble dépressif majeur et ceux avec un diagnostic de trouble bipolaire.
B- Analyse Statistique
Nous avons comparé les données de ces patients en comparant deux groupes.
Le premier composé des patients dépressifs unipolaires (n= 97) et le deuxième se
composant des patients dépressifs bipolaires (n= 44).
Les données cliniques à comparer ont été sélectionnées en accord avec les résultats
de la revue de littérature.
Les données catégorielles ont été comparées en utilisant le test du Khi-deux de
Pearson : la consommation actuelle de tabac, un ralentissement ou une agitation
motrice, les pensées de mort récurrentes, la présence d’idées délirantes, la présence
56
d’hallucinations, la réactivité de l’humeur, une prise de poids ou augmentation de
l’appétit, l’hypersomnie, la sensation de lourdeur des membres. Les données sont
comparées selon leurs fréquences dans chaque groupe.
Pour les variables quantitatives continues, des tests paramétriques ont été pratiqués
pour comparer les données suivantes : l’évaluation du risque suicidaire (selon l’échelle
HDRS), l’âge de prise de conscience du trouble psychiatrique, l’âge lors du premier
épisode dépressif identifié, l’âge à la première consultation spécialisée ou première
prise de psychotropes, le nombre total d’épisodes dépressifs, nombre de TS, nombre
de TS graves (avec passage en réanimation), nombre de TS violentes (létalité des
moyens employés), sommeil excessif (à la QIDS), augmentation de l’appétit (QIDS),
gain de poids (QIDS), impression de ralentissement (QIDS), impression d’agitation
(QIDS), score de l’Indice de bipolarité de SACHS. La comparaison des données donne
des résultats en valeurs médianes avec un intervalle inter quartile.
Les données étaient manquantes concernant les ATCD familiaux de bipolarité et les
caractéristiques mixtes, raison pour laquelle elles n’ont pas été inclues dans l’analyse.
57
III – Résultats
L’analyse en Khi-deux montre des écarts de fréquence, selon les symptômes, entre
les groupes de patient UP et le groupe BP. Il n’y avait pas de différence significative
en faveur de bipolarité entre les hommes et les femmes (p= 0,497) avec une répartition
de 68,8% de femmes et 31,2% d’hommes.
58
une fréquence de 5,2% chez les UP et 6,8% pour les BP. Cette différence n’est pas
significative (p= 0,703).
En détaillant les symptômes, on obtient pour la réactivité de l’humeur une fréquence
de 21,1% pour les patients UP et 29,5% pour les BP (non significatif p= 0,274).
Le critère « prise de poids ou augmentation de l’appétit » se retrouvait chez 14,6% des
UP et 22,7% des patients BP mais lui aussi n’était pas statistiquement significatif (p=
0,235).
Pour l’Hypersomnie, les résultats étaient respectivement de 12,5% et 18,2% pour les
UP et BP, sans différence significative (p= 0,372).
Enfin, pour l’item « lourdeur des membres / sensations de membres en plomb »
aucune différence significative n’était retrouvée entre les 16,8% de fréquence chez les
UP et les 22,7% chez les BP (p= 0,408).
59
Trouble Unipolaire Trouble Bipolaire Total (N= 141) Khi-deux de
(n= 97) (n= 44) Pearson
60
B- Analyse des variables quantitatives continues
Nous avons retenu la comparaison des médianes entre les deux groupes pour les
variables quantitatives devant la taille modeste de la population d’étude.
L’âge au début des troubles était l’un des critères qui ressortait le plus à la revue de la
littérature. Pour le définir ici, plusieurs items ont été retenus.
« L’âge de prise de conscience d’un trouble psychiatrique » est l’un de ces items. La
comparaison entre les groupes retrouve une médiane identique chez les patients UP
et BP qui est de 27,5 ans, l’intervalle Interquartile (IQ) lui est de 22 pour le groupe UP
et 18 pour le groupe BP. Ce résultat n’est pas significatif (p= 0,61).
Une autre définition est testée, « l’âge à la première consultation psychiatrique / l’âge
au premier traitement psychotrope ».
On observe un léger écart au niveau de la médiane, avec 28,5 ans chez les UP (IQ de
22) et 28 ans chez les BP avec un IQ de 14. Cette différence n’est cependant pas
significative (p= 0,488).
Enfin pour « l’âge au premier épisode dépressif identifié », aucune différence
significative n’est observée entre les groupes (p= 0,301), et les médianes sont
respectivement de 30 ans pour le groupe UP et 29 ans pour le groupe BP (IQ respectif
de 20 et 15).
61
Concernant la récurrence dépressive, l’analyse statistique retrouve des résultats
similaires à ceux de la revue de littérature.
La médiane pour le groupe UP est de 2 épisodes contre 4 pour le groupe BP (IQ
respectif de 3 et 4), la différence retrouvée est significative avec une valeur de p
inférieure à 0,01.
Certaines variables qualitatives étudiées précédemment ont également été analysées
au travers des tests paramétriques en utilisant leur cotation à la QIDS (Quick Inventory
of Depressive Symptomatology).
Ainsi nous avons analysé les symptômes atypiques et retrouvé pour l’hypersomnie
(classé dans l’item 4 : sommeil excessif de la QIDS) une différence significative entre
les deux groupes.
Le score médian de l’item 4 est de 0 pour les UP et de 1 pour les patients BP (on
considère aussi l’IQ respectif de 1 et 2) avec p= 0,023.
Pour les autres symptômes atypiques, aucune différence significative entre les
groupes n’est observée.
En effet, on retrouve un score médian de 0 dans les deux groupes pour l’item QIDS 7
(augmentation de l’appétit) et l’item QIDS 9 (gain de poids).
L’IQ est de 1 et identique dans les deux groupes de l’item 7 (p= 0,861). Pour l’item 9,
l’IQ est de 1 dans le groupe UP contre 2 dans le groupe BP, mais aucune différence
significative n’est retrouvée (p= 0,088).
On observe que les variables quantitatives continues offrent de meilleurs résultats que
les critères qualitatifs. Les critères comme la présence d’un antécédent de TS, la
récurrence dépressive et l’hypersomnie confirment les résultats de la recherche
bibliographique.
62
Trouble unipolaire Trouble bipolaire Total Valeur
Médiane N Médiane N Médiane N de P
HDRS - Suicide V0 2,00 96 2,50 44 2,00 140 ,610
Age prise de conscience 27,50 90 27,50 38 27,50 128 ,337
du trouble psychiatrique
Age 1ere consultation 28,50 88 28,00 39 28,00 127 ,488
spécialisée ou 1er
psychotrope (hors
anxiolytique/hypnotique)
V0 : inclusion
V2 : visite à deux semaines
63
C- Performances de l’indice de bipolarité
L’indice de bipolarité, avec son score de 0 à 100, a été analysé comme une variable
quantitative continue.
Le score total médian est significativement différent entre les deux groupes, il est
respectivement de 19/100 et 60/100 pour le trouble UP et BP (IQ de 18 pour les UP et
32 chez les BP). Cette différence est significative avec p inférieur à 0,01.
En analysant les sous parties du test, on retrouve également des résultats
statistiquement significatifs.
L’item « caractéristiques des épisodes » a un score médian de 2/20 (IQ de 2) pour le
groupe UP alors que dans le groupe BP, la médiane se trouve à 10/20 avec un IQ de
15. Le résultat est significatif avec une valeur de p inférieur à 0,01.
Pour « l’âge de début du premier épisode » le score médian se trouve à 10/20 pour le
groupe UP (IQ de 10) et il se trouve à 15/20 pour le groupe BP (IQ de 5). Le résultat
est lui aussi significatif (p= 0,028).
L’item « évolution et troubles associés » montre une différence significative (p < 0,01)
entre les groupes avec un score médian de 0/20 chez les UP et de 10/20 chez les BP.
L’IQ des deux groupes est respectivement de 5 et 10.
La « réponse au traitement » est évaluée dans l’indice de bipolarité, et son score est
revenu différent de manière significative entre les groupes (p < 0,01). Le score médian
de 0/20 (IQ de 1) dans le groupe UP est éloigné du score médian de 15/20 dans le
groupe BP (avec IQ de 13).
Enfin concernant « l’histoire familiale », là aussi on retrouve une différence significative
entre les groupes (p < 0,01).
Le score médian est de 2/20 dans le groupe UP (IQ de 10) contre 10/20 dans le groupe
BP (IQ de 15).
64
Trouble unipolaire Trouble bipolaire Total Valeur
Médiane N Médiane N Médiane N de P
SACHS - SCORE 19,00 79 60,00 37 27,00 116 ,000
TOTAL (/100)
SACHS - Caractéristiques 2,00 80 10,00 39 2,00 119 ,000
des épisodes (/20)
SACHS - Age de début 10,00 81 15,00 39 12,50 120 ,028
premier épisode ou
syndrome (/20)
65
On peut voir que la performance globale du test (en bleu) est bonne avec une aire
sous la courbe de 0,925 mais repose essentiellement sur 3 parties du test.
En premier lieu les « caractéristiques de l’épisode » (en vert) qui avec une aire sous
la courbe de 0,945 obtient une meilleure performance que le test global.
Le deuxième indicateur performant est la « réponse au traitement » avec une aire sous
la courbe de 0,891.
Enfin « l’évolution et troubles associés » avec 0,877 d’aire sous la courbe représente
la dernière partie performante du test.
En effet, pris seuls, ces indicateurs pourraient fournir des performances similaires au
test global voir meilleures pour ce qui est des « caractéristiques de l’épisode ».
Pour l’âge de début et l’histoire familiale, les performances sont mauvaises avec une
aire sous la courbe respective de 0,628 et 0,634.
On voit donc que l’indice de bipolarité (indice total) est très performant d’un point de
vue statistique. Cette performance s’appuie essentiellement sur l’item
« caractéristiques de l’épisode ».
66
IV- Discussion
On peut voir à travers ces résultats la faible performance des variables catégorielles
pour identifier de manière significative les patients bipolaires parmi les patients
souffrant de dépression.
On peut formuler certaines réserves sur ces résultats du fait de la taille de l’échantillon.
En effet, les données étudiées ne concernaient que 44 patients BP pour 97 patients
UP avec des données manquantes pour certains patients. De ce fait, certains
marqueurs ne sont retrouvés que dans de trop faible proportion. On peut citer les
symptômes psychotiques retrouvés chez trois patients BP et les symptômes atypiques
(dix patients, ou moins selon le critère).
On note que l’absence de données sur les antécédents familiaux explique également
le manque de significativité des résultats pour les variables qualitatives. Comme nous
l’avons vu, le caractère familial du TB est démontré (34), son évaluation dans notre
échantillon aurait pu montrer des résultats significatifs et son caractère discriminant
entre les deux groupes.
L’étude des variables quantitatives a elle montré des résultats significatifs pour
plusieurs marqueurs. Le choix d’analyser les résultats sous forme de médiane plutôt
que de moyenne a été fait pour respecter le risque d’absence de distribution non
normale, du fait de la taille de l’échantillon.
Parmi ces résultats, la récurrence dépressive diffère de manière significative entre le
groupe UP et BP. On retrouve un seuil de 4 épisodes pour le groupe BP, seuil similaire
à de nombreuses études (39),(50),(54).
Les antécédents de TS sont retrouvés plus nombreux dans le groupe BP, à la
différence du groupe UP, et de manière significative ce qui est également en lien avec
d’autres éléments de la littérature (57).
Enfin l’analyse des symptômes atypiques via le QIDS permet de voir une différence
significative entre le groupe UP et BP sur le critère hypersomnie.
67
On peut néanmoins faire un parallèle entre les résultats de l’analyse quantitative et
l’indice de bipolarité.
Concernant l’item « caractéristiques de l’épisode », il regroupe les caractéristiques
typiques de bipolarité comme la manie et les hypomanies. Il contient également les
caractéristiques psychotiques, les symptômes atypiques, la dépression du post partum
et la récurrence dépressive.
Dans notre population d’étude, la performance de cet item de la SACHS montre une
Sensibilité de 97% et une Spécificité de 81% avec un seuil positif à 3,5. Les
caractéristiques psychotiques et atypiques ont une valeur de 5 points dans le test ce
qui pourrait revenir à dire que dans notre population d’étude, la présence d’un seul de
ces symptômes a une valeur quasi diagnostique.
Cependant, on peut difficilement généraliser ces résultats, du fait de la faible
population d’étude premièrement, et deuxièmement car cela ferait des symptômes
atypiques ou psychotiques un critère diagnostique de bipolarité en dehors de toute
présence de manie ou d’hypomanie.
68
succès. En effet la stratégie visant à hiérarchiser les marqueurs de bipolarité s’avère
complexe et montre de grandes disparités entre les populations d’étude.
L’avantage par rapport aux autres questionnaires vu précédemment est d’être plus
global que la simple recherche d’une manie ou hypomanie. En effet, le test peut se
relever positif en l’absence de tout épisode d’exaltation de l’humeur.
En pratique clinique, la recherche d’hypomanie peut donc être considérée comme une
stratégie peu rentable, car peu objective si elle n’est pas faite à l’aide d’un
questionnaire, et son absence ne peut écarter un trouble bipolaire.
L’indice de bipolarité rassemble tous les critères retrouvés dans notre recherche
bibliographique ainsi que ceux positifs dans notre étude. Il combine également la
recherche d’épisode de manie ou d’hypomanie. On peut écarter l’hypothèse que ce
test est incomplet.
Cependant, comme nous l’avons vu, on remarque une faible représentativité de cet
indice par rapport aux autres dans la littérature scientifique. Dans le moteur de
recherche PubMed, seulement 6 études étudient les performances de ce test. On
pourrait penser que la date de parution explique ce manque d’études dans la
littérature. Mais cette hypothèse n’est pas valide du fait de sa publication en 2004 (28),
un an avant l’HCL-32 par exemple.
On peut donc avancer l’hypothèse d’un manque de diffusion de cet indice parmi les
professionnels de la santé mentale et les chercheurs comparé aux autres
questionnaires.
69
V- Conclusion
Cette étude ne permet pas de proposer une nouvelle approche probabiliste avec les
critères définis par notre revue littéraire du fait d’une faible significativité statistique des
résultats.
En revanche, on observe une très bonne performance de l’indice de bipolarité, et étant
donné les performances retrouvées dans la littérature, il semble être l’outil le plus
polyvalent pour le repérage des TB lors d’une phase dépressive.
Sa limite principale réside dans le choix du seuil de positivité et nous proposons le
seuil de 47 sur 100 pour parler de questionnaire positif.
70
Conclusion Générale
Le trouble bipolaire est une maladie psychiatrique chronique grave pour laquelle une
prise en charge thérapeutique adaptée existe.
Cependant, la problématique réside dans le repérage et la détection de ces patients.
On remarque encore aujourd’hui un grand nombre d’erreurs diagnostiques et de retard
à la prise en charge.
La grande difficulté pour les cliniciens est de différencier les patients souffrant de
dépression avec et sans trouble bipolaire sous-jacent. La différence est souvent subtile
et se fait sur des caractéristiques cliniques et sociodémographiques propres à chaque
groupe.
71
Abréviations utilisées
72
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3/fulltext
82
Annexes
Annexe 1 : Mood Disorder Questionnaire
Ces évènements vous ont-ils posé des problèmes au point de ne pas pouvoir travailler,
Question d’avoir des problèmes familiaux, financiers ou juridiques ; de vous quereller ou de
3 vous battre ? Choisissez une seule réponse
☐ Aucun problème ☐ Problème mineur ☐ Problème modéré́ ☐ Problème sérieux
83
Annexe 2 : Hypomania Checklist 32
84
Annexe 2 (suite)
85
Annexe 3 : Indice de Bipolarité (SACHS)
15 : Épisode aigu et franc de type mixte, ou manie irritable ou dysphorique, sans notion de
cause médicale générale ou de cause étiologique secondaire
5 : Dépression du post-partum
2 : Dépression unipolaire typique et récurrente
2 : Histoire de manifestations psychotiques (délires, hallucinations, fabulations, pensée
magique...)
TOTAL /20
20 : 15 à 19 ans
15 : Avant 15 ans et entre 20 et 30 ans
10 : 30 à 45 ans
5 : Après 45 ans
0 : Absence de troubles de l’humeur : (pas d’épisode, cyclothymie, dysthymie, trouble
bipolaire).
TOTAL /20
86
Annexe 3 (suite)
20 : Intervalle libre entre épisodes maniaques de très bonne qualité (récupération complète)
15 : Intervalle libre entre épisodes hypomaniaques de très bonne qualité (récupération
complète)
5 : Comportements à risque qui posent un problème pour le patient, la famille et les amis
5 : Aggravation des troubles de l’humeur au cours du cycle menstruel
2 : Personnalité hyper thymique (mais sans manie ou dépression)
2 : 3 mariages ou plus incluant des remariages avec la même personne
2 : A commencé un nouveau travail dans les deux dernières années ou plus et en a chang é
moins d’un an après
2 : A plus de deux diplômes d’études supérieures
0 : Aucune de ces manifestations
TOTAL /20
15 : Virage vers une manie aiguë ou mixte dans les 12 semaines qui suivent le début d’un
traitement par antidépresseur ou l’augmentation de sa posologie
87
5 : Résistance à un traitement par 3 antidépresseurs ou plus
5 : Virage maniaque ou hypomaniaque après un arrêt brutal d’un traitement antidépresseur
TOTAL /20
TOTAL /20
TOTAL /100
88
Annexe 4 : Bipolar Spectrum Diagnosis Scale (version anglaise)
Instructions: Please read through the entire passage below before filling in any blanks.
Some individuals notice that their mood and/or energy levels shift drastically from time to
time___. These individuals notice that, at times, their mood and/ or energy level is very low,
and at other times, very high ___. During their ‘‘low’’ phases, these individuals often feel a
lack of energy; a need to stay in bed or get extra sleep; and little or no motivation to do things
they need to do___. They often put on weight during these periods___. During their low
phases, these individuals often feel ‘‘blue’’, sad all the time, or depressed___. Sometimes,
during these low phases, they feel hopeless or even suicidal ___. Their ability to function at
work or socially is impaired___. Typically, these low phases last for a few weeks, but
sometimes they last only a few days___. Individuals with this type of pattern may experience
a period of ‘‘normal’’ mood in between mood swings, during which their mood and energy
level feels ‘‘right’’ and their ability to function is not disturbed___. They may then notice a
marked shift or ‘‘switch’’ in the way they feel___. Their energy increases above what is
normal for them, and they often get many things done they would not ordinarily be able to
do___. Sometimes, during these ‘‘high’’ periods, these individuals feel as if they have too
much energy or feel ‘‘hyper’’___. Some individuals, during these high periods, may feel
irritable, ‘‘on edge’’, or aggressive___. Some individuals, during these high periods, take on
too many activities at once___. During these high periods, some individuals may spend
money in ways that cause them trouble___. They may be more talkative, outgoing, or sexual
during these periods___. Sometimes, their behavior during these high periods seems strange
or annoying to others___. Sometimes, these individuals get into difficulty with co-workers or
the police, during these high periods___. Sometimes, they increase their alcohol or non-
prescription drug use during these high periods___.
Now that you have read this passage, please check one of the following four boxes:
Scoring: each sentence checked is worth one point. Add six points for ‘‘fits me very well,’’ 4
points for ‘‘fits me fairly well,’’ and two points for ‘‘fits me to some degree.’’
89
SERMENT D'HIPPOCRATE
Admis(e) dans l’intimité des personnes, je tairai les secrets qui me seront
confiés. Reçu(e) à l’intérieur des maisons, je respecterai les secrets des
foyers et ma conduite ne servira pas à corrompre les moeurs.
J’apporterai mon aide à mes confrères ainsi qu’à leurs familles dans
l’adversité.
Que les hommes et mes confrères m’accordent leur estime si je suis fidèle
à mes promesses ; que je sois déshonoré(e) et méprisé(e) si j’y manque.
RESUME
Introduction : Le trouble bipolaire est une pathologie psychiatrique parmi les plus invalidantes
au niveau mondial. Il induit une baisse de l’espérance de vie du fait des nombreuses
comorbidités qui se surajoutent et au risque suicidaire plus élevé par rapport à la population
générale. La principale problématique réside dans l’identification des patients bipolaires
notamment en phase dépressive. Problématique aujourd’hui non résolue, avec un retard
diagnostic de presque 10 ans.
Objectif : Étudier les marqueurs de bipolarité rencontrés chez les patients bipolaires souffrant
d’un épisode dépressif et mesurer l’utilité des échelles diagnostiques actuelles.
Matériel et Méthode : Une revue systématique de la littérature met en lumière les principaux
marqueurs cliniques de bipolarité lors d’une dépression. Ces marqueurs sont ensuite étudiés
dans une population de patients issus d’un programme hospitalier de recherche clinique.
L’analyse se fera sur des données qualitatives et quantitatives.
Résultats : Parmi les 25 marqueurs étudiés dans la littérature, 7 sont revenus le plus
fréquemment et avec le plus de significativité. On peut citer : les antécédents familiaux de
bipolarité, la récurrence d’épisode dépressif, un âge de début des troubles avant 25 ans, la
présence de symptômes psychotiques, la présence de symptômes atypiques, les antécédents de
tentative de suicide et enfin la présence d’une comorbidité addictologiques. Concernant les
échelles diagnostique, c’est l’indice de bipolarité pour lequel on retrouve les meilleures
performances statistiques dans la littérature. Les résultats de notre étude ne montrent pas de
données significatives pour les critères qualitatifs dans cette population. Pour les données
quantitatives, seules 3 diffèrent de manière significative entre les groupes bipolaires et
unipolaires. Il s’agit de la récurrence d’épisodes dépressifs, les antécédents personnels de
tentative de suicide et enfin l’hypersomnie. L’étude de l’indice de bipolarité dans notre
population montre des performances encourageantes, avec une Sensibilité de 73% et une
Spécificité de 97% en retenant un seuil de positivité de l’indice à 47/100.
Conclusion : Cette étude ne montre pas de nouvelles données cliniques en faveur de la
bipolarité chez les patients souffrant de dépression. En revanche, elle confirme les bonnes
performances de l’indice de bipolarité comme outil d’aide au diagnostic et elle met en lumière
sa sous-représentation en pratique clinique et dans la littérature scientifique.
Mots-clés : Trouble bipolaire, dépression unipolaire, marqueurs cliniques, indice de bipolarité,
retard diagnostic, risque suicidaire, mood disorder questionnaire.