PILO
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PILO
En premier lieu, mes remerciements vont tout d’abord au bon Dieu tout puissant, et aux
personnes suivantes :
Un tel travail ne peut être accompli que dans une ambiance de travail sympathique que je dois à
mes camarades de BADGE – RDE deuxième promotion (2017 – 2018).
Je tiens à remercier mes parents pour leur confiance, leur compréhension et leurs sacrifices. Ils
ont toujours fait passer l'intérêt de leurs enfants avant le leur et je sais que sans eux, je ne serais
jamais arrivé là où je suis.
i
RÉSUMÉ EXÉCUTIF
A la fin des années 90, le secteur de l’électricité au Cameroun était l’une des cibles
privilégiées de la restructuration tous azimuts des pans entiers de l’économie nationale,
suggérée et décidée par les bailleurs de fonds internationaux et mise en œuvre localement. Des
dispositions ont été prises pour qu'un organisme de régulation indépendant mette en place
l'efficacité, la réflexion sur les coûts, la transparence et l'équité dans la gestion du secteur,
encourage les investissements appropriés et protège les consommateurs. Cette volonté s’est
traduite par la publication de la loi de 1998 régissant le secteur de l’électricité au Cameroun.
Cependant, depuis les années 2000, les résultats escomptés de cette réforme n’ont pas été
atteints. En effet, la situation de l’électricité démontre d’une dégradation de la qualité du service
technique qui se traduit par des délestages récurrents, l’augmentation des pertes techniques en
distribution (30% en moyenne), la stagnation du taux d’accès à l’électricité, etc.
Le Gouvernement du Cameroun a lancé le 4 décembre 2017, un appel à manifestation
d’intérêts pour le recrutement d’un consultant chargé de conduire une étude sur le découpage
du segment de distribution actuel de l’électricité au Cameroun. Le contexte de cet appel à
manifestation a été la principale motivation dans le choix du thème du présent mémoire
« zonage du segment de distribution de l’électricité envisagé à l’horizon 2031 au Cameroun :
conditions de succès ».
Dans l’optique de mener à bien ce thème, le rapport s’est articulé autour de trois parties. La
première est consacrée à la présentation du secteur de l’électricité camerounais. La deuxième
partie quant à elle présente le retour d’expérience des pays qui ont adopté cette structuration
du réseau de distribution. Enfin, la troisième partie qui présente les différentes propositions des
mécanismes régulatoires à mettre en œuvre.
Au terme du développement, les résultats obtenus montrent que la mise en œuvre de la
volonté du Gouvernement camerounais de découper le segment de distribution passe par la
maîtrise de l’état des lieux de l’ensemble dudit segment, la définition du modèle de marché
d’électricité et la régulation adaptée. Les principaux résultats sont entre autres :
- l’état des lieux qui doit permettre de connaître les ouvrages existants et leur niveau
de performance respectif. Tout ceci passe par la réalisation des études pour chaque
réseau de distribution. Ainsi les résultats obtenus, aboutiront à la maîtrise des
différentes immobilisations qui serviront à la détermination de la base tarifaire ;
- le modèle de marché proposé qui s’inspire de ceux du Nigéria et du Ghana, mais
également du modèle de concurrence aux marchés de gros. Compte tenu de la taille
de la population camerounaise, il a été suggéré que le distributeur assure les
fonctions de gestionnaire du réseau de distribution et la commercialisation de
l’énergie électrique ;
- la régulation à mettre en place doit permettre d’assurer l’équilibre économique et
financier du segment de distribution et la préservation des conditions économiques
nécessaires à la viabilité de celui-ci. Plusieurs recommandations et mesures à
prendre ont été formulées à l’endroit du Régulateur en ce qui concerne l’allocation
des coûts, la répartition des coûts, les coûts des pertes réseaux, les coûts
d’exploitation et de maintenance, etc. Afin de permettre aux distributeurs d’être
performants, il a été démontré la nécessité de mettre en place une régulation
incitative. A ce sujet, des propositions de nouveaux indicateurs de performance et
des incitations contractuelles y afférentes ont été développés.
ii
Table des matières
Remerciements ................................................................................................................................... i
RÉSUMÉ EXÉCUTIF ............................................................................................................................. ii
INTRODUCTION GÉNÉRALE ............................................................................................................... 1
Première partie : SECTEUR DE L’ELECTRICITE DU CAMEROUN ......................................................... 2
1 Contexte et problématique ....................................................................................................... 2
1.1 Cadre légal et institutionnel................................................................................................ 2
1.1.1 Réformes du secteur de l’électricité camerounais ....................................................... 2
1.1.2 Textes régissant le secteur de l’électricité ................................................................... 3
1.2 Problématique .................................................................................................................... 4
2 Secteur de l’électricité du Cameroun ........................................................................................ 5
2.1 Présentation générale ......................................................................................................... 5
2.1.1 Politique énergétique................................................................................................... 5
2.1.2 Structure du marché .................................................................................................... 6
2.2 Segment de la production ................................................................................................... 7
2.3 Segment du transport d’électricité ..................................................................................... 9
2.4 Segments de la distribution et de la commercialisation .................................................. 11
2.5 Régulation du secteur ....................................................................................................... 13
Deuxième partie : EXPÉRIENCES INTERNATIONALES DANS LA LIBÉRALISATION DU SEGMENT
DISTRIBUTION .................................................................................................................................. 15
1 Les reformes du secteur en Afrique Sub-saharienne .............................................................. 15
2 Cas du Nigéria .......................................................................................................................... 16
3 Cas du Ghana ........................................................................................................................... 18
4 Enseignements......................................................................................................................... 20
Troisième partie : CONCEPTS ET OUTILS ESSENTIELS POUR LE ZONAGE DU SEGMENT DE LA
DISTRIBUTION .................................................................................................................................. 22
1 Etat des lieux « caractéristiques et performance des réseaux de distribution » .................... 22
2 Définition du modèle de marché ............................................................................................. 24
3 Régulation à mettre en place .................................................................................................. 25
3.1 Tarification ........................................................................................................................ 25
3.1.1 Expérience étrangère ................................................................................................. 25
3.1.2 Coûts de service des distributeurs ............................................................................. 27
3.1.3 Coûts d'exploitation et de maintenance (E&M) ........................................................ 29
3.1.4 Coûts des pertes du réseau ........................................................................................ 29
3.1.5 Autres revenus ........................................................................................................... 30
3.2 Régulation incitative ......................................................................................................... 30
3.2.1 Investissements et mesures incitatives ..................................................................... 32
3.2.2 Allocation des coûts et conception des tarifs du réseau........................................... 33
3.2.3 Péréquation tarifaire ................................................................................................. 36
3.2.4 Normes de qualité de service .................................................................................... 36
3.2.5 Normes de qualité de service technique .................................................................... 36
3.2.6 Normes de qualité de service commercial ................................................................. 40
4 Recrutement des distributeurs et exploitation des réseaux ................................................... 40
CONCLUSION GENERALE ................................................................................................................. 41
LISTE DES ABRÉVIATIONS ET SIGLES UTILISÉS ................................................................................... I
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES ..................................................................................................... II
ANNEXES ........................................................................................................................................... III
iii
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Pour accompagner la libéralisation du secteur de l’électricité en Afrique, l'Association pour la
Formation dans les Industries de Réseau (AFRIR) a procédé au recrutement des cadres en charge
des questions de régulation pour la formation du Bilan d'Aptitude Délivré par les Grandes Écoles
« Régulation De l’Énergie » (BADGE-RDE) offerte par MINES ParisTech. Cette formation participe
à l’émergence de décideurs capables de maîtriser les mécanismes complexes associés à la
régulation des marchés de l’énergie.
Le présent document est le mémoire de fin de formation rédigé sur le thème « zonage du
segment de distribution de l’électricité envisagé à l’horizon 2031 au Cameroun : conditions de
succès ».
L’électricité est un bien économique de première nécessité dont l’accès est reconnu comme
un droit. Elle est devenue indispensable à la vie courante et constitue une composante
essentielle de la compétitivité des entreprises. Il est par conséquent évident qu’aucun
développement économique n’est concevable sans énergie électrique disponible et accessible en
quantité et en qualité.
Depuis les années 2000, la situation de l’électricité au niveau national démontre un abandon
de plusieurs localités jugées non rentables sur le plan économique par le concessionnaire de
service public d’électricité au profit des grandes métropoles (Yaoundé, Douala et Bafoussam).
Cette action a pour conséquence la dégradation de la qualité du service technique dans les
autres localités qui se traduit par : des délestages récurrents, des coupures d’électricité de très
longue durée, la mauvaise qualité du signal électrique, l’augmentation des pertes techniques
(30% en moyenne entre 2010 et 2017), la stagnation du taux d’accès à l’électricité, etc.
Dans l’optique de mener à bien cette étude, notre plan s’articule autour de trois parties. La
première est consacrée à la présentation du secteur de l’électricité camerounais, notamment son
historique, les différentes réformes y survenues et la problématique dans laquelle le thème ci-
dessus est développé.
La deuxième partie présente de manière succincte les conditions pour le zonage du segment
distribution d’électricité au Cameroun en 2031. Il s’agit en effet de tirer les leçons des retours
d’expérience des pays qui ont adopté cette structuration du réseau de distribution.
A la troisième partie, il est présenté les différentes propositions des mécanismes juridique,
technique et tarifaire pour la mise en œuvre de cette volonté du Gouvernement camerounais.
1
N°002/AAMI/SPM/DIMP du 04 décembre 2017.
2
L’année 2031 est celle à laquelle prendra fin la concession de l’opérateur du service public d’électricité actuel qui vient de voir
sa concession prolongée alors qu’elle devrait prendre fin en 2021.
1
Première partie : SECTEUR DE L’ELECTRICITE DU CAMEROUN
1 Contexte et problématique
Dans cette partie, nous présenterons d’une manière générale le secteur de l’électricité
camerounais. Il s’agit notamment de faire connaître l’historique, la réforme du secteur de
l’électricité et les rôles des différents acteurs.
A la fin des années 1990, le secteur de l’électricité au Cameroun était l’une des cibles
privilégiées de la restructuration tous azimuts des pans entiers de l’économie nationale,
suggérée et décidée par les bailleurs de fonds internationaux et mise en œuvre localement. Il
avait été conseillé de transformer les entreprises publiques d’électricité en des entités
juridiquement distinctes. L’objectif était de réduire le nombre des problèmes rencontrés par
les services publics des pays en développement6 et les orienter vers le recouvrement des
coûts en matière de tarification et les améliorations en matière de comptage, de facturation
et de recouvrement. Parallèlement, l’adoption de la législation énergétique requise devait
fournir un mandat juridique pour la restructuration, ainsi que le cadre juridique permettant la
participation privée dans le secteur. Des dispositions ont également été prises pour qu'un
organisme de régulation indépendant mette en place l'efficacité, la réflexion sur les coûts, la
transparence et l'équité dans la gestion du secteur, encourage les investissements appropriés
et protège les consommateurs.
La réforme survenue en 1998 (loi N°98/022 du 24 décembre 1998) a permis l’ouverture
du segment production à la concurrence. Globalement, elle avait pour objectifs :
- de désengager l’Etat dans le service marchand de l’électricité;
- de réduire le poids financier du secteur sur le budget de l’Etat ;
- d’améliorer la contribution du secteur de l’électricité dans l’économie et dans le
développement social du pays.
Plus spécifiquement, elle devait permettre:
- d’accroître des investissements dans le secteur de l’électricité ;
- d’améliorer la qualité de service et la desserte ;
- d’améliorer l’efficacité dans la production, le transport et la distribution de l’énergie
électrique ;
- de fournir l’énergie à des prix compétitifs à l’industrie et aux ménages ;
- de confirmer l’ouverture du secteur à la concurrence ;
- d’inciter le secteur privé à participer au développement du secteur de l’électricité.
3
1962 : la « Cameroon Electricity Corporation (POWERCAM) » est fondée au Cameroun Occidental.
4
1948 : la société d’économie mixte « Energie Electrique du Cameroun (ENELCAM) » est créée et chargée d’aménager
l’usine hydroélectrique d’Edéa I sur la Sanaga pour l’alimentation électrique de Douala et Edéa dès le 1er janvier 1953
5
1963 : « Electricité Du Cameroun (EDC) » est créée; société d’économie mixte dont la majorité du capital social est détenue
par l’Etat du Cameroun Oriental et les collectivités publiques
6
vieillissement des équipements des réseaux; durées de coupures d'électricité très élevées; faible niveau de fiabilité du
réseau expliquant le nombre élevé d'incidents
2
A travers cette loi de 1998, un Régulateur du secteur de l’électricité a été créé,
notamment l’Agence de Régulation du Secteur de l’Electricité (ARSEL) pour assurer la
régulation, le contrôle et le suivi des activités des exploitants et des opérateurs du secteur de
l'électricité. Avant cette réforme, les tarifs d’électricité étaient publiés par le Ministère des
Finances et de l’Economie sous la proposition de la Société Nationale d’Electricité (SONEL).
Du monopole public détenu par la défunte SONEL, l’Etat a concédé toutes les activités
liées à ce secteur à un unique opérateur privé, le groupe américain AES Corporation. Ainsi, à
travers quatre contrats de concessions signés le 18 juillet 2001, les activités de production, de
transport, de distribution et de vente de l’électricité ont été confiées à l’opérateur AES-SONEL.
7
Article 23 de la loi n°2011/022 du 14 décembre 2011 régissant le secteur de l’électricité au Cameroun
8
https://eneocameroon.cm/index.php/fr/l-entreprise-a-propos-d-eneo-l-entreprise/l-entreprise-notre-notre-histoire/l-
entreprise-notre-notre-historique-historique-de-l-electricite-au-cameroun
3
- le décret N°2012/2806/PM du 24 septembre 2012 portant application de certaines
dispositions de la loi n°2011/022 du 14 décembre 2011 régissant le secteur de
l’électricité au Cameroun ;
- le décret N° 2001/021/PM du 29 Janvier 2001 fixant le taux, les modalités de
calcul, de recouvrement et de répartition de la redevance sur les activités du
secteur de l’électricité;
- le décret N° 2000/464 PM DU 30 juin 2000 régissant les activités du secteur de
l’électricité;
- l’arrêté n°0193/A/MINEE du 28 avril 2014 portant composition des dossiers de la
demande de concession, de licence, d’autorisation et de déclaration, ainsi que des
frais y afférents qui remplace l’arrêté n° 061/CAB/MINMEE du 30 Janvier 2001.
1.2 Problématique
La problématique de notre sujet de mémoire est extraite « du contexte » de l’appel à
manifestation d’intérêt N°002/AAMI/SPM/DIMP du 4 décembre 2017 lancé par le
Gouvernement pour le recrutement d’un consultant chargé de conduire une étude sur le
découpage du segment de distribution actuel de l’électricité. Il y est stipulé ce qui suit :
«…
Le service public de l’électricité est assuré sous le contrôle de l’Etat. Il est soumis à des
impératifs de qualité, de continuité et de neutralité, ainsi que d’égalité de traitement des
usagers ». La loi de 2011 est revenue sur ladite problématique, notamment à son article 3
alinéa 3 que le service public de l’électricité est organisé par l’Etat.
Neuf (09) ans après la privatisation sus évoquée, la situation n’a presque pas changé,
l’offre de l’énergie électrique restait largement inférieure à la demande. Le changement du
fournisseur n’a pas eu d’incidence notoire sur la condition du consommateur camerounais,
bien au contraire. On déplore toujours autant de désagréments électriques caractérisés par
des délestages fréquents et intempestifs. Toutes les catégories de consommateurs en sont
durement affectées. Par ailleurs, l’électricité coûte chaque jour un peu plus cher au Cameroun
alors que la qualité de service fournie aux consommateurs ne s’améliore pas, les disparités
entre les zones urbaines et les localités rurales se sont accrues, en violation des dispositions de
la loi régissant l’électricité notamment en ce qui concerne celles portant sur l’égalité de
traitement des usagers du service public.
… ».
De ce qui précède, l’on peut se poser la question suivante : quelles sont les mécanismes à
mettre en place pour assurer la viabilité financière des gestionnaires du réseau de distribution
afin de garantir un service de qualité aux consommateurs, d’une part, et les responsabilités
des producteurs, de la Société Nationale de Transport de l’Electricité (SONATREL) et des
gestionnaires de réseau de distribution, d’autre part pour garantir le succès du zonage
envisagé par le Gouvernement camerounais ?
4
2 Secteur de l’électricité du Cameroun
2.1 Présentation générale
Le Cameroun est doté d’une abondante variété de ressources énergétiques et d’un marché
local et sous régional important. Le potentiel hydroélectrique s'élève à 12 000 MW selon les
estimations de la Banque mondiale9. Le Cameroun représente le 3e potentiel énergétique en
Afrique subsaharienne après la République démocratique du Congo et l’Éthiopie. Le potentiel de
l'énergie solaire y varie de 4 kWh/m2/jour dans le sud à 6 kWh/m2/jour dans le nord10. Des
potentiels géothermiques ont été identifiés dans les localités de Meiganga, Tignère, Ekondo Titi
et Nwa. Cette diversité de ressources devrait conférer au pays une indépendance énergétique et
un niveau de développement considérable. Cependant le déficit énergétique reste élevé.
Au cours des dernières décennies, l’offre nationale d’énergie a évolué de manière linéaire
tandis que la demande s’est accrue de manière exponentielle. A titre d’illustration, avec la
reprise, bien que timide des investissements dans le secteur au début des années 2000, la
production nationale d’énergie électrique publique a connu une hausse de 19% entre 2012 et
2014 (cf. figure 2)11.
9
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89nergie_au_Cameroun
10
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89nergie_au_Cameroun
11
Situation Energétique du Cameroun, 2015. P24
5
populations, sur les ambitions des politiques. Elle se résume en plusieurs objectifs, dont certains
sont spécifiques à l’émergence, notamment :
- une économie prospère et dotée d’infrastructures performantes ;
- un accès universel aux services de qualité ;
- un niveau de pauvreté résiduel ;
- un niveau de chômage et de sous-emploi résiduel ;
- une allocation équitable de ressources entre villes et campagnes et entre les différentes
régions.
Le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE), cadre de développement à
moyen terme du Cameroun, est le document de référence de l’action gouvernementale pour la
période 2010-2020. Le DSCE a pour objectif d’implémenter la Vision de 2035 pour la première
décennie (2010-2020). L’hypothèse formulée sur l’énergie stipule que les développements
importants programmés doivent permettre d’anticiper une amélioration considérable de la
capacité de production d’énergie électrique du pays. Ces développements doivent impulser la
croissance de la production énergétique au rythme annuel de 2,9% et 13% respectivement dans
les périodes 2009-2011 et 2012-2020.
6
Figure 3: Evolution structure du marché d'électricité au Cameroun
Légende : P (producteur) ; PIE (Producteur Indépendant d’Electricité) ; T (transporteur) ; D (distributeur) ; DPIE (Distribution
effectuée par un PIE hors périmètre concession Eneo ou pour alimenter un client éligible), CAE ou PPA (Contrat d’Achat
d’Energie)
Source : structure du marché construite en exploitant les documents réglementaires et contractuels (loi, contrats de concession,
Contrat d’Achat d’Energie (CAE ou PPA), Contrat d’Accès au Réseau de Transport –Producteur (CART-P), Contrat d’Accès
au Réseau de Transport – Distributeur (CART-D), etc.)
12
On dénombre 25 centrales isolées en 2017 (Rapport d’activités ARSEL, 2017)
7
Concernant la capacité totale installée et les productibles en 2017 (hors auto-producteurs13),
ils sont évalués respectivement à 1 369 MW et à 6 973, 6 GWh répartis suivant les figures 4 et 5
ci-après.
Gaz naturel
(MW); 266 Eneo
PIE (MW) (MW)
27% 73%
Autre; 371
Fuel lourd
(HFO) (MW);
203
Diesel (LFO)
(MW); 168
Hydro (MW);
732
Production
PIE (GWh);
1558,2
Production
hydroélectri
Production que (GWh);
thermique 5089,9
(GWh);
325,6
13 Définition Art. 5 loi de 2011 : Auto-producteur: personne produisant de l'électricité pour son usage exclusif et qui
n'entreprend ni le transport, ni la distribution de celle-ci sur le territoire où elle est établie, sauf dans le cas où le
transport est destiné à son usage propre
8
Tableau 2: Projets de construction des centrales de production d'électricité en cours au Cameroun
Centrale en cours de
Description
construction
Capacité installée de 211 MW14. La production sera injectée dans
Hydroélectrique de Memve’ele le RIS. La centrale est déjà construite à 100%. Il ne reste plus que
la finalisation de la construction de la ligne d’évacuation.
D’autres manifestations pour les sites de production de l’électricité par du thermique (gaz
naturel) sont enregistrées au niveau de l’ARSEL.
Les configurations du RIS et du RIN sont représentées par les figures 6 et 7 ci-après.
14
www.projetmemveele.org
15
www.nachtigal-hpp.com
9
Figure 6: Configuration du RIN
10
2.4 Segments de la distribution et de la commercialisation
Le réseau de distribution d’électricité du Cameroun est alimenté par les postes sources
installés dans le RIS et le RIN. On retrouve également les réseaux de distribution décentralisés
qui sont exclusivement alimentés par de petites centrales thermiques fonctionnant au diesel.
L’exploitation des différents rapports d’activités du concessionnaire (AES SONEL puis Eneo)
sur la période de 2004 à 2017 a permis de relever l’évolution du nombre d’ abonnés au
Cameroun comme indiqué dans la figure 8 ci-après. Il est passé de de 507 835 abonnés en 2004 à
1 184 372 abonnés en 2017.
1400000
1200000
1000000
800000
600000
400000
200000
0
2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
11
S’agissant des pertes techniques et commerciales enregistrées dans le réseau de
distribution, elles sont évaluées en moyenne à 30 % depuis 2010 (cf. figure 9).
35
30
25
20
15
10
0
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
Perte distribution (%) 20,35 26,17 29,47 29,13 29,16 30,3 29,76 30,88 30,51 29,48 31,51
Figure 9: Evolution des pertes distributions sur les dix dernières années
Source : Rapports d’activités du concessionnaire sur la période de 2007 à 2017
16
Programme d’investissement Eneo 2018 -2022, P12
12
2.5 Régulation du secteur
La réforme du secteur de l’électricité survenue en 1998 a créé l’Agence de Régulation du
Secteur de Electricité (ARSEL) et lui a donné un rôle de conseiller du Gouvernement dans le
secteur de l’électricité. Le pouvoir de l’ARSEL a été renforcé par la loi de 2011 régissant le secteur
de l’électricité. Dans cette loi de 2011, les missions à elle assignées17 sont les suivantes :
- veiller au respect des textes législatifs et réglementaires applicables au secteur de
l'électricité, ainsi que des contrats de concession, de licence, d'autorisation et de
toute autre forme de contrat adopté dans ce cadre ;
- s'assurer que l'accès aux réseaux s'effectue dans des conditions objectives,
transparentes et non discriminatoires ;
- veiller aux intérêts des consommateurs et assurer la protection de leurs droits pour ce
qui est du prix, de la fourniture et de la qualité de l'énergie électrique ;
- garantir une concurrence saine et loyale dans le secteur de l'électricité ;
- mettre en œuvre, suivre et contrôler le système tarifaire établi dans le respect des
méthodes et procédures fixées par l'Administration chargée de l'électricité ;
- octroyer les autorisations ;
- instruire les demandes de licences et de concession ;
- arbitrer les différends entre les opérateurs du secteur de l'électricité sur saisine des
parties ;
- contribuer à l'exercice de toute mission d'intérêt public que pourrait lui confier le
Gouvernement pour le compte de l'Etat dans le secteur de l'électricité.
Les principales activités de l’ARSEL se résument en (i) la régulation économique et
financière ; (ii) la régulation juridique et réglementaire ; et (iii) la régulation technique.
La régulation technique
Il s’agit ici de:
• suivre et contrôler le respect par les opérateurs des règles régissant l’exercice des
activités dans le secteur de l’électricité;
• suivre le respect par les opérateurs, des programmes d’investissement, des
obligations de desserte et de la qualité de service;
17
Article 72 alinéa 1 de la loi n°2011/022 du 14 décembre 2011 régissant le secteur de l’électricité au Cameroun
13
• suivre et contrôler les standards et normes d’exécution par les opérateurs des travaux
d’établissement des ouvrages de production, de transport et de distribution de
l’énergie électrique;
• contrôler le respect par les opérateurs de la législation relative à la protection de
l’environnement.
Concernant les règles tarifaires applicables dans le secteur de l’électricité, elles sont définies
par les dispositions de l’article 82 de la loi de 2011 régissant le secteur de l’électricité.
S’agissant des conditions tarifaires, le Cameroun a connu depuis 2001 deux modes de
tarification. En effet, pendant la première période quinquennale et la deuxième période
quinquennale de la concession signée en 2001, le contrôle des revenus était effectué au moyen
du contrôle direct de certains tarifs. Depuis la troisième période quinquennale, le contrôle des
revenus est effectué par un contrôle du niveau maximal des revenus autorisés pour les activités à
caractère exclusif (formules de contrôle des revenus dérivés)18.
Au Cameroun, les tarifs sont les mêmes sur tout le territoire national (péréquation tarifaire
pour une même catégorie de clients) c’est-à-dire pour tous les clients desservis par le RIS, le RIN
et les sites isolés utilisant le diesel pour la production de l’électricité.
À partir de 2013, l’Etat sursoit aux augmentations tarifaires et maintient les tarifs de 2012
pour des raisons purement sociales. Cette décision est une application des dispositions de
l’article 6, alinéa 2 de la loi de 2011 régissant le secteur de l’électricité.
Les différentes grilles tarifaires appliquées au Cameroun sur la période 2002 à 2012 sont
présentées en annexe 3.
18
Article 2 alinéa 1 du cahier des charges au contrat cadre de concession et de licence de AES SONEL
14
Deuxième partie : EXPÉRIENCES INTERNATIONALES DANS LA
LIBÉRALISATION DU SEGMENT DISTRIBUTION
Dans cette partie, nous étudierons la libéralisation du segment distribution effectuée dans
certains pays africains pour en tirer des enseignements dans le cadre de notre mémoire.
19
Jamasb 2002: 1–2; Gratwick and Eberhard 2008b.
20
Anton Eberhard et Al (2016), Independent Power Projects in Sub-Saharan Africa, P91
15
Des structures ci-dessus, les cas du Ghana, du Nigéria et de l’Uganda (modèle 10) se
rapportent à l’objet de notre étude sur la libéralisation du segment distribution telle que
envisagée au Cameroun. L’absence de la documentation nécessaire sur le cas de l’Uganda ne
nous a pas permis d’étudier la libéralisation de la distribution dans ce pays. Nous nous
focaliserons uniquement sur les cas Ghana et le Nigéria.
2 Cas du Nigéria
Le Nigéria compte la population et l'économie les plus importantes du continent africain
mais seulement moins de 50 % de ses citoyens ont accès à l'électricité21. La demande d'électricité
y dépasse largement la capacité disponible, inférieure à 5 GW pour une population d'environ 170
millions d'habitants.
Néanmoins, le Nigéria s'est engagé en 2001 dans le plus ambitieux effort de réforme du
secteur de l'électricité en Afrique. Les objectifs de cette réforme étaient d’améliorer l’efficacité,
d’attirer la participation du secteur privé et de renforcer la performance du secteur énergétique
afin de permettre le développement économique et social. À cette fin, les décideurs politiques se
sont fixés comme objectif d’atteindre 40 GW de capacité d’ici 202022.
Afin d’atteindre ledit objectif, , la loi de réforme du secteur de l’énergie électrique (EPSRA) a
été adoptée en 2005 et a servi de base juridique et de cadre réglementaire pour ladite réforme.
Cette loi prévoyait :
- la création de la société Power Holding Company of Nigeria (PHCN) pour reprendre
les actifs et les passifs de la National Electric Power Authority (NEPA)23 ;
- la désintégration du PHCN par la création de plusieurs sociétés (6 sociétés de
production, 11 sociétés de distribution et une seule société de transport
(Transmission Company of Nigeria, TCN) pour reprendre les actifs, les passifs, les
fonctions et le personnel de la NEPA ;
- la création de la Commission nigériane de régulation de l’électricité (NERC) ;
- la création du négociant Nigerian Bulk Electricity Trading Plc [NBET] ;
- le développement d'un marché de l'électricité compétitif ;
- la base de détermination des tarifs, des droits et obligations des clients et d’autres
questions connexes.
Les institutions d'exécution du processus de réforme ont été le Bureau des entreprises
publiques (BPE), qui a dirigé le programme de privatisation et la NERC, qui a élaboré des règles
de marché et des réglementations tarifaires.
Six sociétés en charge de la production et onze sociétés en charge de la distribution ont été
retenues à la suite d’un processus d’appel d’offre organisé par le BPE en 2012.
21
World Bank 2014; PTFP 2015
22
Nigeria Road Map For Power Sector Reform, August 2010
23
NEPA, entreprise publique créée en 1972, était la seule responsable des activités de production, de transport, de distribution et
de vente au détail au Nigéria et opérait comme un monopole verticalement intégré.
16
Tableau 5: Evolution du marché de l'électricité au Nigeria
Etape du marché Caractéristiques du marché
• Dégroupement et privatisation du PHCN ;
24
• Création de la Nigeria Electricity Liability Management Company (NELMCO )
Pré-transition et de la NBET ;
• Préparation des règles et de la documentation régissant le marché de
l’électricité.
• Les entreprises successeurs commencent à fonctionner ;
• Le négociant (NBET) entame la commercialisation de l’énergie avec des
Transition
producteurs et des distributeurs — (phase dite Transitional Electricity
Market, TEM).
• Le négociant n'entre plus dans les CAE ;
• Début de la novation des droits des CAE à d'autres détenteurs de licences ;
• Les distributeurs peuvent conclure un contrat bilatéral d'achat et de vente
Moyen terme
d'énergie ;
• Concurrence totale en gros (marché spot) ;
• Mécanisme d'équilibrage centralisé pour le marché.
Source: Anton Eberhard et Al (2016), Independent Power Projects in Sub-Saharan Africa, P33
Le négociant, NBET, est censé agir en tant que repreneur et agrégateur crédible pour garantir
la liquidité du marché (figure 11). L'électricité est achetée auprès des sociétés de production
(concessionnaires et PIE) via les CAE puis vendue aux sociétés de distribution et aux clients
éligibles. À l’avenir, le négociant ne doit pas être le seul acquéreur de pouvoir; toute société de
distribution ou client éligible pourra négocier directement un CAE avec une entreprise de
production ou un PIE25.
24
NELMCO : Entreprise publique qui assume les responsabilités du PHCN
25
Nigeria Road Map For Power Sector Reform, August 2010
17
3 Cas du Ghana
Le secteur énergétique du Ghana a été institutionnalisé au début des années 1960 en tant
que département de l'électricité du département des travaux publics du ministère des travaux
publics et du logement de l'époque. Le secteur a évolué pour devenir un monopole
verticalement intégré et géré par une entreprise publique Electricity Corporation of Ghana. La
capacité totale installée pour les installations existantes au Ghana est de 4 132 MW, dont 38%
d’hydroélectricité, 61% d’énergie thermique et moins de 1% d’énergie solaire26.
26
http://www.energymin.gov.gh/sector-overview
27
power sector reform in Ghana: the untold story, January 2001, P7
28
Power Sector Reform Commission, 1994
18
Tableau 6: Résumé du cadre stratégique pour la politique de développement du secteur énergétique du Ghana
• Les ressources hydroélectriques liées au lac Volta continueront d'être développées
par la VRA. Néanmoins, la VRA peut conclure des accords de construction,
d’exploitation et de transfert (BOT) avec des producteurs indépendants d’électricité
afin de développer certains des projets hydroélectriques proposés sur des rivières
alimentant le réservoir du lac Volta ou en tirant parti.
Développement de la • Les contrats BOT et les PIE seront promus pour développer les ressources de la
production d'énergie Western River (à savoir les fleuves Pra, Tano et Ankobra). VRA achèterait de
future l’électricité auprès des producteurs et fournirait en outre un «accès ouvert» pour
acheminer l’énergie des PIE directement aux grandes mines et aux consommateurs
industriels.
• Le PIE thermoélectrique compléterait le fonctionnement du réservoir du lac Volta
pendant les années sèches et vendrait également de l’énergie secondaire au
marché déréglementé.
Coordination des Des règles transparentes seront établies pour la répartition économique de la
opérations de production production à partir des VRA et des PIE, avec pour critère de minimiser les coûts
et de transport et de d'exploitation de l'ensemble du système et de maintenir un «accès ouvert» aux PIE de
production vendre sur le marché déréglementé.
• Un cadre pour une plus grande participation du secteur privé dans la fourniture de
Cadre de distribution de
certaines parties des opérations commerciales de l’ECG sera mis en place.
l'électricité
• Des concessions pour la distribution d'électricité seront allouées.
• Un système de prix de nœud au niveau du transport et de la production, basé sur
les coûts marginaux, sera mis en œuvre. Ces prix seront réglementés et utilisés pour
évaluer les transferts entre le VRA et les PIE, ainsi que pour les ventes en gros aux
distributeurs.
Cadre de tarification de
• Les tarifs de consommation réglementés seraient basés sur les «prix des nœuds»
l'électricité
plus les coûts standards de distribution représentatifs du développement et du
fonctionnement efficaces des distributeurs.
• Les fournitures VRA et PIE destinées aux gros consommateurs seraient
déréglementées et fonctionneraient dans un cadre ouvert et concurrentiel
• Un organisme de réglementation indépendant serait créé, chargé de maintenir la
Organisme de concurrence dans le secteur, d’attribuer et de surveiller les accords de concession
réglementation pour la production et la distribution, de réguler les prix et de surveiller les accords
de performance des entreprises publiques.
Source: MOME, Power Sector Development Policy in Ghana, 1994
Concernant les acteurs intervenants dans le secteur de l’électricité ghanéen, ils sont
présentés par la figure 12 ci-après.
19
Le transport de l'électricité des sociétés de production aux sociétés de distribution se fait par
l'intermédiaire du système national de transport interconnecté (NITS) détenu et exploité par la
société publique Ghana Grid Company Ltd (GRIDCo).
Le programme national d’électrification (NES), qui est l’un des projets phares du Ghana, est
le principal instrument des efforts visant à étendre l’électricité à toutes les régions du pays sur
une période de trente ans, de 1990 à 2020. Au début du programme, seuls 15 à 20% de la
population ghanéenne avaient accès à l’électricité32. Les taux d'accès sont passés respectivement
à 66,7% en 2009, à 80,51% en 2015 et à 82,5% en 201633. La tendance illustrée à la figure 13
indique une augmentation annuelle du taux d’accès à l’électricité de 2,60%.
4 Enseignements
Les expériences du Nigéria et du Ghana permettent de tirer des enseignements pour
envisager la libéralisation du segment distribution. Les problèmes rencontrés au niveau de la
distribution dans ces pays avant la multiplication des acteurs dans ce segment notamment les
pertes techniques et commerciales élevées, les problèmes de recouvrement, la mauvaise qualité
de courant, etc. restent identiques au contexte du Cameroun. Le tableau 7 ci-après ressort les
enseignements que l’on peut tirer des expériences du Nigéria et du Ghana dans la libéralisation
de la distribution d’électricité.
29
http://www.ecgonline.info/index.php/about-the-power-sector-in-ghana.html
30
http://nedco.com.gh/index.php
31
(Ministère de l'énergie, 2010)
32
(Ministère de l'énergie, 2016)
33
(Ministère de l'énergie, 2016)
20
Tableau 7: Enseignements à tirer des expériences du Ghana et du Nigéria
Pays Enseignements
La démarche entreprise par le Nigéria par exemple avant la désintégration horizontale du
segment distribution passe par plusieurs étapes très importantes (cf. tableau 5). Il s’agit de
définir :
- les étapes à mettre en place pour arriver aux objectifs recherchés (pré-transition, transition,
moyen terme et long terme) ;
- le cadre réglementaire qui devra encadrer cette désintégration en précisant clairement le
Nigéria rôle des acteurs ;
- le périmètre exact du segment de la distribution pour chaque opérateur ainsi que les
objectifs de performance à atteindre (réduction des pertes, augmentation du taux d’accès,
réduction du nombre et des temps d’interruptions, etc.) ;
- la structure tarifaire à appliquer dans ce segment pour les clients éligibles et non éligibles ;
- le type de marché d’électricité à mettre en place (distributeur acheteur unique ou mise en
place des fournisseurs d’énergie ou des négociants, etc.)
21
Troisième partie : CONCEPTS ET OUTILS ESSENTIELS POUR LE
ZONAGE DU SEGMENT DE LA DISTRIBUTION
Suite à la volonté affichée par le gouvernement camerounais de procéder au zonage du
segment de la distribution, nous proposons que celle-ci s’implémente suivant le respect des
étapes présentées à la figure 14. Elles s’inspirent du cas de l’opérationnalisation de la Société de
Transport de l’Electricité en cours au Cameroun mais également des enseignements du
benchmark des pays mentionnés précédemment et certains pays européens.
Etat des lieux
« caractéristiques et
1 performance des réseaux de
distribution »
Définition du modèle de
2 marché
Recrutement des
4 distributeurs et exploitation
des réseaux
Figure 14: proposition des étapes à suivre pour la mise en place du zonage de la distribution
22
Tableau 8: Objectifs des études à réaliser pour définir l'état des lieux
Etat des lieux Objectifs des études
Au cours de cette étape, l’étude devrait avoir pour objectif la définition précise des contours
géographiques du périmètre des réseaux de distribution objet de la concession depuis 2001. De
manière spécifique, l’étude du périmètre devra permettre :
Périmètre - d’identifier les espaces géographiques qui font l’objet du contrat de concession en cours ;
territorial - de fournir une délimitation précise de l’espace géographique du périmètre de la concession à
couvert par le la date de l’étude, avec les superficies correspondantes sur les segments de la Production, du
réseau de Transport et de la Distribution respectivement ;
distribution - de mettre en place un Système d’Information Géographique (SIG) de ces périmètres ;
- de donner la situation à date des réseaux (en fonctionnement ou non fonctionnel et
abandonné) ;
- d’établir d’autres constats éventuels découlant de l’étude.
Selon la configuration actuelle, les réseaux publics de distribution d’électricité sont alimentés
34
soit par des postes sources , soit par des centrales situées dans les localités éloignées du réseau
Sources national (RIS et RIN).
d’alimentation Il est question de maîtriser ces sources d’alimentation en énergie électrique des réseaux pour
définir les types de contrats que devra signer le distributeur avec le Gestionnaire du Réseau de
35
Transport (GRT) ou avec les producteurs d’électricité.
Dans chaque périmètre de distribution (isolé ou interconnecté au RIS et au RIN) l’on trouve
Nombre et plusieurs catégories de consommateurs. Il s’agit des clients éligibles et non éligibles.
catégories des L’étude devra ressortir pour chaque réseau de distribution alimenté par une source quelconque
consommateurs (poste source ou centrale) le nombre et les catégories de ses clients. L’objectif est de pouvoir
36
maîtriser les clients ayant le statut d’éligibles (grands comptes ) et non éligibles.
L’étude à ce niveau devra permettre au futur distributeur d’avoir une connaissance plus détaillée du
Caractéristiques
réseau de distribution dont il va hériter. Sur un autre plan, la présentation des caractéristiques des
des lignes MT
lignes du réseau de distribution permettra de prévoir les types d’outils pour la maintenance afin
et BT
d’atteindre les objectifs de qualité de service.
Nombre des Les postes de distribution du réseau actuel constituent l’un des premiers facteurs des énergies
37
postes de non distribuées . L’opérateur Eneo annonce le remplacement d’environ 500 transformateurs MT/BT
distribution et par an soit pour cause de saturation, soit pour cause d’incendie en l’absence de protections.
leurs niveaux Il est important dans le cadre de cette opération d’évaluer l’état des lieux des postes MT/BT
de saturation ainsi que leur niveau de saturation.
Dans cette étude, il faudra pouvoir ressortir la structure de chaque réseau de distribution
Structuration notamment si celui-ci assure une sécurité d’alimentation. En effet, les réseaux électriques peuvent
du réseau 38
être organisés selon plusieurs types de structures (maillée ; radial ; arborescente)
34
Poste source ou poste de transformation HTB/HTA
35
Code pour le raccordement au réseau électrique du GRT au Cameroun en cours de finalisation
36
Dans les contrats de concession en cours jusqu’à 2031, le terme grand compte désigne les acheteurs finaux
industriels ou commerciaux d'électricité à HT ou à MT, habilités à acheter de l'électricité directement auprès d'un
transporteur, d'un producteur ou d'un vendeur et dont la puissance souscrite d'électricité sur un même site est
supérieure à un seuil de 1 MW, ou des négociants achetant de l'électricité aux fins de revente à cette catégorie
d'acheteurs finaux (Article 4 du contrat cadre de licence de vente d’électricité).
37
Eneo : Journaux d’interruption nationale de 2007 à 2017.
38
https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9seau_%C3%A9lectrique
23
2 Définition du modèle de marché
Comme indiqué précédemment, le zonage de la distribution nécessite de mettre en place un
modèle de marché d’électricité. En s’inspirant du modèle de marché du Nigéria et du Ghana, et
du modèle de concurrence aux marchés de gros39, nous proposons dans le cadre du zonage de la
distribution envisagé au Cameroun le modèle décrit dans la figure 15 ci-après.
Figure 15: Proposition de modèle de marché d'électricité dans le cadre du zonage de la distribution
Le modèle de marché ci-dessus indique une relation du flux d’énergie produite et des liens
contractuels entre les acteurs. Il ne ressort pas les cas où des grands comptes (clients éligibles) se
raccorderaient directement sur le réseau de transport. Ce cas a été démontré dans la première
partie de ce document.
Dans ce modèle, le distributeur assure également les fonctions de gestionnaire du réseau de
distribution et de commercialisation de l’énergie. Ce choix est fait pour tenir compte du nombre
réduit des consommateurs (ou potentiels consommateurs) raccordés sur les réseaux existants au
Cameroun. Compte tenu du fait que la distribution présente de sérieuses économies d’échelle40,
chaque distributeur devra être en monopole dans son périmètre.
39
S. Hunt & G. Shuttleworth, John Wiley (1996) “Competition & choice in electricity”, P45
40
Ce qui rend les fonctions de distribution en concurrence non rentables.
24
En ce qui concerne le flux énergétique, l’on peut avoir dans un premier cas le réseau de
distribution alimenté directement par la centrale de production (cas des mini-réseaux ou des
localités desservies par les auxiliaires des centrales dédiées au réseau national41). Dans un
deuxième cas, le réseau de distribution peut être alimenté en énergie électrique par les postes
sources situés dans les RIS et RIN. Dans le modèle proposé, un distributeur peut se retrouver
dans la gestion de ces deux cas de figure.
Se référant aux dispositions réglementaires du Cameroun, les grands comptes peuvent être
alimentés par des lignes MT42 . Ce qui induit l’usage du réseau de distribution et la signature
directe des contrats d’achat d’énergie avec les producteurs. Dans ce cas, les grands comptes
doivent payer au distributeur les tarifs pour l’usage des réseaux de distribution.
S’agissant des liens contractuels, l’on doit tenir compte de l’évolution du flux énergétique. Ici
quatre cas se présentent :
- pour des réseaux de distribution alimentés par des postes sources, le producteur et
le distributeur devront signer avec la SONATREL un Contrat d’Accès au Réseau de
Transport en injection et au soutirage (CART-P et CART-D) et supporter ainsi les tarifs
d’utilisation du réseau de transport ;
- pour les grands comptes dont l’alimentation en énergie électrique utilise le réseau de
distribution, ces derniers devront signer un Contrat d’Accès au Réseau de
Distribution (CARD) et supporter les tarifs d’utilisation dudit réseau ;
- les distributeurs devront dans les deux précédents cas (alimentés par la centrale ou
par les postes sources) signer un CAE avec les producteurs ;
- les clients finaux (non éligibles) devront quant à eux signer un contrat de
raccordement avec les distributeurs de leurs zones.
3.1 Tarification
Quatre critères principaux orienteront la conception tarifaire du réseau de distribution que
nous proposons ici. Il s’agit de :
- la couverture des coûts et la soutenabilité ;
- l’efficacité de court et de long terme (les investissements efficaces, la mise en œuvre
de gains de productivité et l’amélioration de la qualité de service) ;
- la non-discrimination et l’équité ;
- la transparence, la simplicité et la prévisibilité.
3.1.1 Expérience étrangère
Indépendamment de la méthode de régulation appliquée, le Régulateur doit définir un
revenu autorisé qui est généralement basé sur les performances passées des distributeurs de
service public au cours de l’année de base (ou de référence). L'année de base est en principe
définie comme le dernier exercice complet au moment de la procédure de révision du tarif
41
Cas des villes de Lagdo et d’Edéa (et leurs environs) alimentées directement respectivement par les auxiliaires des
centrales hydroélectriques de Lagdo (région du Nord Cameroun) et d’Edéa (région du Littoral Cameroun).
42
Article 5 de la loi n°2011/022 du 14 décembre 2011.
25
réglementaire. Dans notre cas, il s’agit de l’année 2031 qui correspond à la fin de la concession
du distributeur actuel. La situation des coûts au cours de l’année de base est donc cruciale pour
déterminer les recettes autorisées pour la période de révision tarifaire suivante.
Les méthodes pour la détermination des tarifs de distribution présentées dans le tableau 9
sont celles appliquées par les régulateurs des pays membres de la Communauté de l'énergie.
Tableau 9: Méthodologie de régulation tarifaire du réseau de distribution
N° Méthode Pays
Taux de rendement pour la fixation des tarifs Bosnie-Herzégovine, en Serbie et
1
de distribution en Ukraine
Kosovo, ARY de Macédoine,
2 Plafonnement des recettes
Monténégro et Moldavie
Combinée basée sur la méthodologie de
régulation du plafond de revenus, une
3 Géorgie
régulation incitative étant utilisée pour les
dépenses d'exploitation contrôlables
Plafonnement des prix avec objectifs
4 Albanie
d’efficacité
Source: Dalibor Muratovič, (2017) “Technical Assistance to Develop Policy
Guidelines for the Distribution Network Tariffs », P8
EURELECTRIC dans ses analyses des investissements et du cadre réglementaire dans 18 Etats
membres de l'Union Européenne a mené une enquête sur les méthodologies de régulation de la
distribution d'électricité appliquées dans ces Etats en 2014. Les résultats de cette enquête
résument les méthodes de régulation de la distribution en cinq types principaux, comme illustré
à la figure 16 ci-après.
Comme le montre la figure 16, la méthode de régulation du taux de rendement pur n’est
pratiquement plus utilisée en Europe, sauf en Belgique et en Grèce.
26
Les principales faiblesses de la réglementation en matière de taux de rendement sont les
éventuelles défaillances dans la réalisation des principaux objectifs régulatoires, dans la mesure
où elles ne comportent pas d'incitation explicite à améliorer la rentabilité ou la qualité de
l'offre43. Dans le cadre de la régulation par taux de rendement, le risque de capitalisation d’OPEX
est largement observé, l’entreprise de services publics préférant le capital aux coûts
d’exploitation, générant ainsi un effet de surinvestissement.
L’une des conclusions que l’on peut tirer est que la méthode de régulation utilisée reflète
généralement les spécificités de chaque pays en ce qui concerne la structure du système
électrique, le nombre et la taille des gestionnaires de réseau de distribution, la maturité du cadre
réglementaire et les autres caractéristiques inhérentes au pays.
Toutes les catégories de coûts font l’objet d’une évaluation et d’une comptabilisation
régulatoire, car seuls les coûts justifiés peuvent être approuvés et recouvrés au moyen des tarifs
de réseau.
Le total des revenus requis constitué des coûts en capital autorisés, des coûts d’exploitation
et du coût des pertes sont déduits des autres revenus du distributeur. En outre, les recettes
totales pourraient être ajustées pour tenir compte du montant des recettes excédentaires /
déficitaires de la période de réglementation précédente.
43
Dalibor Muratovič, (2017) “Technical Assistance to Develop Policy Guidelines for the Distribution Network Tariffs,
P9
44
Titre VI : Des règles tarifaires « loi 2011/022 du 14 décembre 2011 »
45
Dalibor Muratovič, (2017) “Technical Assistance to Develop Policy Guidelines for the Distribution Network Tariffs
», P11
27
3.1.2.1 Coûts du capital
a. Immobilisations corporelles, comptabilisation des immobilisations nécessaires à
l'exploitation
Dans le secteur de la distribution d'électricité, une partie importante des besoins en revenus
est liée aux coûts en capital et dépend principalement de l'évaluation du BAR par le biais de son
amortissement et de son taux de rendement (RoR).
Pour déterminer les revenus requis d'un distributeur, le total des coûts en capital peut être
exprimé à l'aide de l’ équation suivante46 :
b. Taux de rendement
Le taux de rendement est un élément important de la régulation des prix, sachant que la
distribution d’électricité est une activité à forte intensité de capital, avec une part importante
des coûts en capital.
Le taux de rendement devrait satisfaire aux exigences minimales données par les
investisseurs afin d’engager du capital dans une entreprise ou un projet particulier.
Pour calculer le rendement de la BAR, la méthode du Coût Moyen Pondéré du Capital (CMPC
ou WACC en Anglais) est une approche commune dans les pays européens. Elle est calculée en
tant que coût pondéré de la dette et des capitaux propres au regard de la structure du capital du
distributeur.
La détermination du CMPC peut être faite sur la base des hypothèses ci-après48 :
- sans impôt : Où :
E : fonds propres ;
( ( )) D : fonds étrangers ;
kE : coût des fonds propres ;
kD : coût des fonds étrangers ;
- en tenant compte de l'impôt : t : taux d'impôt ;
rf : taux sans risque
( ( )) βE : bêta des fonds propres
km: taux de rentabilité du portefeuille de
marché
46
Dalibor Muratovič, (2017) “Technical Assistance to Develop Policy Guidelines for the Distribution Network
Tariffs », P11
47
https://en.wikipedia.org/wiki/Averch%E2%80%93Johnson_effect
48
https://fr.wikipedia.org/wiki/Co%C3%BBt_moyen_pond%C3%A9r%C3%A9_du_capital
28
c. Amortissement
L’amortissement est un outil comptable permettant d’affecter systématiquement le coût
d’un actif aux périodes comptables au cours desquelles cet actif procure des avantages à la
société.
49
Dalibor Muratovič (2017) “Technical Assistance to Develop Policy Guidelines for the Distribution Network Tariffs »,
P33
50
Les différentes taxes (impôt sur le revenu, redevance, etc.), les charges des autres opérateurs (tarif d’accès au
réseau de transport) sont des exemples de coûts non contrôlables.
51
Les coûts d’exploitation contrôlés comprennent principalement le personnel (à l’exclusion des coûts de main-
d’œuvre utilisés pour la construction des installations réseau), les coûts matériels, les pertes de réseau, les services à
la clientèle (comptage, facturation, recouvrement), les créances irrécouvrables, les frais généraux, services acquis en
interne et achat de services externes (sous-traitance).
29
reconnaissance des pertes non techniques soit en contradiction explicite avec le principe de la
réflectivité des coûts, un certain niveau de pertes non techniques doit être reconnu comme une
mesure transitoire dont la période d'application est limitée.
Le traitement des coûts des pertes non techniques doit être compatible avec le traitement
des revenus ultérieurs, tels que ceux générés par la suite par la consommation illicite détectée.
b. Pertes techniques
Les mesures régulatoires visant à réduire les pertes techniques doivent être orientées vers la
réalisation d'objectifs à long terme, les décisions d'investissement devant être prises sur la base
du coût du cycle de vie le plus bas, plutôt que sur la base du coût d'investissement le plus bas 52.
Ces mesures sont orientées vers les équipements du réseau de distribution à l’instar des
transformateurs de distribution, les câbles et les lignes aériennes, influençant ainsi la conception
à long terme du réseau de distribution.
Les pertes techniques en tant que problème réglementaire doivent non seulement être
comptabilisées dans les coûts de service, mais également en tenant compte de l’augmentation
des coûts en capital résultant de l’optimisation à long terme des coûts des nouveaux
investissements.
L'introduction des incitations dans la régulation n'est pas une nouvelle méthode de
réglementation en soi, mais plutôt un amendement aux méthodes de régulation standard
utilisées pour la régulation des prix. Il est recommandé de l’appliquer en fonction du type de
coût et des résultats de performance suivants53:
52
Dalibor Muratovič, (2017) “Technical Assistance to Develop Policy Guidelines for the Distribution Network
Tariffs », P40
53
Dalibor Muratovič, (2017) “Technical Assistance to Develop Policy Guidelines for the Distribution Network
Tariffs », P45
30
- coûts d'exploitation ;
- coûts des pertes ;
- qualité de l'offre ;
- innovation (recherche et développement).
Pour rendre les résultats de la régulation incitative plus prévisibles, le Régulateur devrait
établir des règles transparentes sur le partage des avantages entre les services publics et les
consommateurs.
L’étude menée par Dalibor Muratovič recommande aux régulateurs de prendre en compte
dans l’application de cette régulation, les dispositions indiquées dans le tableau 10 ci-après.
Tableau 10: Mesures à prendre pour la pratique de la régulation incitative dans le réseau de distribution
Régulation
Suggestions de l’étude de Dalibor Muratovič
incitative
Les exigences en matière d’efficacité ne doivent être appliquées qu’aux coûts d’exploitation
contrôlables.
Les taux d'efficacité peuvent être sous la forme d'un objectif général appliqué à tous les
distributeurs ou sous la forme d'objectifs spécifiques à une société, la combinaison d'objectifs
étant également applicable.
Efficacité Les taux d'efficacité doivent être calculés sur la base de l'analyse comparative des distributeurs
opérationnelle locaux et internationaux, en tenant compte de plusieurs variables géographiques et propres au
réseau.
La réglementation incitative devrait cesser dès que le niveau d'efficacité opérationnelle
satisfaisant est atteint, sachant que les distributeurs ne sont pas en mesure d'accroître sans
cesse l'efficacité opérationnelle et qu'à un moment donné, il n'y a plus lieu raisonnable de
leurs demander de réduire ses coûts.
Les coûts des pertes doivent être traités comme des coûts contrôlables, tandis que le niveau et
le type des incitations sont conçus en fonction de la cause et du niveau des pertes.
La comptabilisation du niveau approprié de pertes doit être basée sur la performance
historique ajustée par le facteur d'amélioration ciblé.
Pertes de Des incitations à la réduction des pertes devraient être fournies en permettant aux
distribution distributeurs de recevoir des avantages / coûts si la performance réelle est meilleure / pire que
le niveau approuvé pendant la période de réglementation, sans ajustement des revenus ex
post.
Lorsque le niveau cible de pertes est atteint, l'incitation à la réduction des pertes doit être
supprimée et toute autre mesure de réduction doit être basée sur l'analyse coûts-avantages et
la rentabilité globale de la mesure.
31
Régulation
Suggestions de l’étude de Dalibor Muratovič
incitative
Une Régulation de la qualité de service devrait être introduite parallèlement à l’application de
la régulation de l’efficacité opérationnelle.
Une Régulation de la qualité de service ne serait possible que si le taux de rendement est
correctement pris en compte et autorisé, sinon la mise en œuvre de système de sanctions
pourrait compromettre la stabilité financière du distributeur.
La méthode de régulation basée sur les performances est la méthode la plus appropriée pour
la régulation de la qualité de l’offre.
La récompense / pénalité financière peut être exprimée sous forme de pourcentage du revenu
autorisé ou du taux de rendement autorisé, avec le plafond et la valeur plancher pour
Qualité de l’ajustement monétaire.
fourniture Le principe du partage a posteriori des avantages de la qualité de la performance
d'approvisionnement entre les opérateurs de réseau et les consommateurs devrait être établi.
La régulation en matière de qualité de l’offre devrait être fondée sur les paramètres de
continuité SAIDI et SAIFI au cours de la phase initiale de mise en œuvre du système.
Des facteurs de pondération pour différents types d'interruptions doivent être définis pour les
interruptions imprévues, les interruptions planifiées et les interruptions causées par des tiers,
afin de refléter les différents coûts et responsabilités liés à chaque type.
Une fois que le niveau approprié de qualité de l'offre est atteint, tel qu'évalué par le
régulateur, la régulation incitative peut être réexaminée en ce qui concerne l'application des
objectifs d'amélioration.
L’étude menée par Dalibor Muratovič recommande aux régulateurs pour les contrôles des
investissements des distributeurs, les mesures indiquées dans le tableau 11 ci-après.
32
Tableau 11: Mesures régulatoires pour le contrôle des investissements des distributeurs
Investissement et
Suggestions de l’étude de Dalibor Muratovič
mesures incitatives
Il est recommandé d’approuver de manière réglementaire les plans d’investissement
dans les réseaux de distribution, à condition que celui-ci fasse partie d’une entreprise
intégrée verticalement. Dans le cas contraire, une surveillance régulière des activités
Plans de de l’investissement pourrait constituer un outil régulatoire adéquat.
développement de L’attention accordée par la régulation aux résultats en termes de performances, tels
réseau que les améliorations d’efficacité, ou les objectifs liés à la sécurité
d’approvisionnement, à la continuité de l’approvisionnement et à la qualité de la
tension, est considérée comme le meilleur moyen de déterminer si un investissement
peut être traité comme tel à inclure dans le BAR.
La reprise des investissements et la stimulation des nouveaux investissements
devraient être assurés par:
- stabilité et prévisibilité du cadre réglementaire,
- taux de rendement juste des investissements,
- Possibilité d'atteindre le taux de rendement régulé.
Les modifications fréquentes et défavorables de la réglementation concernant les
mécanismes de conversion du coût en capital (BAR et CMPC), la durée de vie trop
Incitations à longue des actifs aux fins de l’amortissement, le manque de protection contre le
l'investissement risque de volume et la valorisation du coût du capital sur la base d’une analyse
comparative non comparable devraient être évités en raison de leurs effets négatifs
sur la stabilité et prévisibilité du cadre réglementaire.
Le taux de rentabilité possible doit être raisonnablement indiqué, pour éviter des
systèmes trop ambitieux et trop longs d'efficacité opérationnelle.
Le recouvrement des coûts d'investissement ainsi que l'extension et la reconstruction
du réseau devraient être assurés par une politique d'amortissement cohérente et un
taux de rendement approprié autorisé.
Les décisions d'investissement doivent être prises en respectant le coût de cycle de
vie le plus bas, en tenant compte de la somme de tous les coûts initiaux, récurrents et
non récurrents sur la durée de vie complète d'un actif.
Les critères de comptabilisation des coûts d'investissement devraient être fondés sur
les paramètres de rentabilité, de sécurité d'approvisionnement et de qualité de
l'approvisionnement, mais devraient également inclure les autres objectifs non
Évaluation régulatoire quantifiables de la politique énergétique, tels que la cohésion sociale en général et au
sein des communautés locales, la protection de l'environnement, l’efficacité
énergétique et autres objectifs de la politique énergétique.
Les critères appliqués par le régulateur pour évaluer la prudence et le caractère
raisonnable de l'investissement et les coûts correspondants doivent être connus à
l'avance et appliqués uniquement s'ils sont connus au moment où la décision
d'investissement est prise.
Source: “Technical Assistance to Develop Policy Guidelines for the Distribution
Network Tariffs”, November 2017
33
consommateurs d’une même classe est inévitable, car les mêmes tarifs sont appliqués aux
classes de consommateurs dont les profils de charge peuvent être différents.
La conception des tarifs doit être considérée comme un outil régulatoire permettant
d’influencer les décisions d’investissement concernant l’efficacité énergétique, de répondre à la
demande et de promouvoir la production décentralisée.
La répartition des coûts est le processus de nomenclature des coûts des distributeurs entre
les classes de consommateurs et au sein de celles-ci. Trois méthodes principales sont utilisées
pour la répartition des coûts notamment les coûts «marginaux», les coûts «différentiels» et les
coûts «intégrés»54.
Les coûts totaux des distributeurs doivent être répartis sur les classes des consommateurs
en fonction des données suivantes pour chaque classe:
- le nombre de consommateurs ;
- les quantités d'électricité consommées ;
- les quantités de demande de pointe (somme annuelle des valeurs mensuelles) ;
- la contribution de la classe de consommateurs à la demande de pointe du système.
Le distributeur devrait être obligé d'allouer tous les coûts d'exploitation aux niveaux de la
tension correspondante dans la mesure du possible. Plusieurs possibilités d’allocation des coûts
entre les utilisateurs raccordés existent à différents niveaux de tension. En effet, les clients
raccordés en basse tension utilisent tous les réseaux, tandis que les clients raccordés à des
niveaux de tension plus élevés n’utilisent qu’une partie du réseau.
Par exemple, la méthode d’allocation des coûts en cascade permet d’identifier les coûts
générés à chaque niveau de tension généralement en fonction des flux (cf. figure 17). Les coûts
associés à chaque niveau de tension sont normalement alloués entre :
- les consommateurs connectés à ce niveau ;
- les niveaux aval de tension.
Poste source
Centrale de
production
Réseau 30 kV
Pertes
transformateurs
Réseau 15 kV
Transformation
de distribution
Pertes réseaux MT MT/BT
(15 kV) Clients MT ou Pertes
Eligibles (15 kV) transformateurs
Réseau 380/220 V
54
Dalibor Muratovič, (2017) “Technical Assistance to Develop Policy Guidelines for the Distribution Network
Tariffs », P69
34
S’agissant de l’allocation des coûts et de la conception des tarifs, nous nous rapportons à
l’étude de Dalibor Muratovič. Celle-ci recommande aux régulateurs les mesures indiquées dans
le tableau 12 ci-après.
Tableau 12: Mesures pour l'allocation des coûts et de la conception des tarifs
Allocation des
Suggestions de l’étude de Dalibor Muratovič
coûts
Le modèle de régulation optimale des prix est considéré comme un mélange cohérent des
méthodes de régulation les plus appropriées appliquées à une catégorie de coûts spécifique,
notamment :
- les coûts en capital sont régulés à l'aide de la méthode de régulation du taux de
rendement (coût majoré) ;
- les coûts d'exploitation contrôlables sont réglementés à l'aide de la méthode de régulation
Modèle de du plafond de revenu avec des incitations à l'efficacité. La méthode de régulation de la
régulation mesure de la limite est la méthode la plus couramment appliquée pour définir les objectifs
générale et d’efficacité des services publics ;
période - les coûts d'exploitation non contrôlables ne font pas l'objet d'une régulation incitative et
d’ajustement des sont simplement répercutés sur les consommateurs.
tarifs - les coûts des pertes de distribution sont établis en fonction des performances passées des
distributeurs et des objectifs d’incitation définis individuellement.
- le bonus / malus relatif à la qualité de l’approvisionnement est défini en appliquant le
critère de performance.
La durée de la période de réglementation devrait être suffisante pour permettre au service public
régulé d’atteindre les objectifs d’efficacité fixés et de tirer ainsi des avantages jusqu’à la prochaine
période de fixation des tarifs.
Les tarifs d'utilisation du réseau et les tarifs de connexion doivent être traités ensemble, car le
niveau des tarifs de connexion influe directement sur les revenus du distributeur récupérés via les
tarifs d'utilisation du réseau.
Répartition des
La part des coûts de développement du réseau à recouvrer via les frais de connexion devrait être
coûts de
raisonnable; sur des charges excessives et déraisonnablement basses devraient être évitées.
développement
La contribution des consommateurs aux coûts globaux de développement du réseau devrait être
du réseau, des
fournie au moyen des frais de connexion variables, en fonction de la capacité souscrite.
termes et des
Un nouvel utilisateur de réseau ne peut être facturé que pour une fraction des coûts de mise à
conditions de
niveau du réseau existants, proportionnellement à sa contribution marginale à la capacité de
connexion
l'installation de réseau mise à niveau.
Il est recommandé de normaliser les frais de connexion liés à chaque installation de connexion en
fonction de certaines catégories de consommateurs, du moins pour les consommateurs connectés
au réseau basse tension.
En raison des contraintes imposées par des considérations pratiques (infrastructure de comptage,
systèmes de facturation, acceptation sociale, par exemple), la granularité des tarifs d’utilisation du
réseau doit être limitée.
La conception des tarifs doit être flexible pour adapter les tarifs du réseau à l'évolution de
l'environnement, donner plus de confiance aux opérateurs de réseau en ce qui concerne le
Classification des
recouvrement des coûts et équilibrer les conflits d'intérêts des distributeurs et des utilisateurs
composants de
potentiels connectés.
coûts et
Le recouvrement des coûts fixes du distributeur devrait être basé sur la part bien équilibrée des
conception
revenus à percevoir via la solution hybride appliquant des redevances fixes, volumétriques et à la
tarifaire
demande.
Il est recommandé d’appliquer des tarifs de réseau géographiquement uniformes, à condition que
le système de compensation inter-distributeur soit réalisable sur les plans administratif et
économique.
La facture d'électricité doit être facile à comprendre et sa structure doit être aussi simple dans les
cas où le nombre de composantes tarifaires, de taxes et des impôts, etc.
Source: Technical Assistance to Develop Policy Guidelines for the Distribution
Network Tariffs », November 2017, P69
35
3.2.3 Péréquation tarifaire
Compte tenu du fait que la nature des consommateurs d’électricité et les usages de
l’électricité diffèrent en fonction de leur localisation (réseau de distribution à forte densité (zone
urbaine) ou non (zone rurale) de clients), il est suggéré de procéder à une péréquation tarifaire.
Si la péréquation tarifaire est appliquée entre les distributeurs, il faudra mettre en place un
mécanisme spécifique de compensation entre ceux-ci afin de régler la différence résultant de
l’application de cette politique à la place des tarifs spécifiques à chaque distributeur.
Le Cameroun a opté depuis 2006 pour la définition d’un indicateur relatif à la disponibilité de
la fourniture d’énergie électrique aux consommateurs. Ainsi, la disponibilité du service fourni aux
Clients sur l’ensemble du périmètre concédé devra être conforme à la norme suivante55 :
La norme est fixée annuellement sur la base de la formule suivante : 0,5% x EV où EV est
l’énergie vendue aux Clients BT comme MT pendant l’année considérée.
Lorsque cet objectif d’ENF, l’ARSEL applique une incitation contractuelle dont le montant
vient en diminution du revenu maximum autorisé de l’année N+1. Cette incitation reste
toutefois plafonner à un montant de 1,5% du chiffre d’affaires de l’opérateur au cours de l’année
de référence.
55
Article 14.2 de l’arrêté N°013/MINEE du 26 janvier 2009 portant approbation du Règlement du Service de
distribution publique d’électricité de la société AES-SONEL
36
L’exploitation du journal national des interruptions fourni par l’opérateur, montre que cet
indicateur de disponibilité, pris sur le plan national, ne reflète pas ce que vivent les
consommateurs surtout ceux des zones rurales et péri-urbaines. En effet, les consommateurs de
ces zones peuvent rester plusieurs jours sans fourniture d’énergie électrique sans avoir un
impact sur l’indicateur qui a été mis en place.
Au niveau international, les indicateurs les plus utilisés par les régulateurs pour mesurer les
résultats de la fiabilité des réseaux de distribution sont :
- l’indice de durée moyenne des interruptions du système (ou system average
interruption duration index : SAIDI) qui correspond au nombre total de minutes qu'un
client peut s'attendre à perdre sans électricité pendant une période donnée,
généralement une année ;
- l’indice de fréquence d'interruption moyenne du système (ou system average
interruption frequency index : SAIFI) qui correspond au nombre de fois dans l'année
qu'un client peut s'attendre à subir une interruption ;
- l’indice de durée moyenne des interruptions client (ou customer average interruption
duration index : CAIDI) qui correspond au temps moyen qu'un client peut attendre
avant de voir son offre restaurée après une interruption ;
- l’indice de fréquence d'interruption moyenne momentanée (ou momentary average
interruption frequency index : MAIFI) qui correspond au nombre d'interruptions
momentanées d'une durée inférieure à une minute qu'un client peut s'attendre à
subir au cours d'une année.
Dans le cadre de notre travail sur le zonage de la distribution, nous proposons d’orienter
l’indicateur de disponibilité de fourniture ENF vers les indicateurs comme le SAIDI et le SAIFI. Au
vu de la configuration actuelle des réseaux de distribution (vétusté, surcharge des
transformateurs et des lignes, réseau en antenne, non maîtrise des charges, etc.), ces indicateurs
sont mieux adaptés pour renvoyer un signal au Régulateur.
a. Sur le SAIDI
i. Pour le calcul
Le SAIDI est calculé en additionnant la durée totale de chaque interruption client et en le
divisant par le nombre total de clients. Des index distincts peuvent être calculés pour les
interruptions planifiées et non planifiées.
Les types d'interruptions doivent être définis pour les interruptions imprévues, les
interruptions planifiées et les interruptions causées par des tiers, afin de refléter les différents
coûts et responsabilités liés à chaque type.
56
https://en.wikipedia.org/wiki/SAIDI
37
- les localités alimentées par extension du réseau interconnecté dont la longueur de la
ligne est supérieure à 50 km à partir du poste source.
L’objectif recherché est de pouvoir présenter la situation réelle des indicateurs de la fiabilité
du réseau de distribution en fonction de sa configuration actuelle. Pour les centrales isolées
ayant plus de deux départs MT, le SAIDI est déterminé sur la formule appliquée dans un poste
source.
D2
Départ en défaut
∑
Dn
Où :
- NT est le nombre total de clients desservis par le départ
D2 du poste source ;
- Ni est le nombre de clients qui a subi l’interruption de
fourniture de l’énergie électrique ;
- Ti est le temps (durée) de l’interruption avant la reprise
de tous les clients sur le départ D2.
Exemple 2
TFO1
~ TFO2
∑
Ligne en défaut
Où :
- NT est le nombre total de clients desservis par la
centrale isolée ;
- Ni est le nombre de clients qui a subi l’interruption de
fourniture de l’énergie électrique ;
- Ti est le temps (durée) de l’interruption avant la reprise
de tous les clients par la centrale.
38
Le SAIDI sera déterminé conformément à la formule de calcul, utilisée dans les zones
urbaines, développée précédemment.
57
https://en.wikipedia.org/wiki/SAIFI
39
De ce qui précède, nous proposons que le montant des pénalités pour les indicateurs de
fourniture d’énergie électrique au cours d’une année soit la somme des pénalités liées au SAIDI
et SAIFI.
40
CONCLUSION GENERALE
Au terme de cette étude, il faut noter d’après les enseignements tirés des expériences du
Ghana et du Nigéria, et de certains pays européens, que la mise en œuvre de la volonté du
Gouvernement camerounais de découper le segment de distribution actuel de l’électricité passe
par plusieurs étapes.
Tout commence par la maîtrise de l’état des lieux de tout le segment de distribution, la
définition du modèle de marché d’électricité et la régulation à mettre en place. Une fois ces
étapes achevées, la dernière étape consiste au recrutement des distributeurs (par processus
d’appel d’offres) dont le nombre dépendra de la volonté du Gouvernement pour les périmètres à
définir.
Sur l’état des lieux, l’important de connaître les ouvrages existant et leur niveau de
performance a été démontrée. Tout passe par des études pour chaque réseau de distribution
dont les résultats aboutiront à la détermination des différentes immobilisations qui serviront
pour la détermination de la base tarifaire de chaque réseau de distribution.
En ce qui concerne le modèle de marché, un modèle a été proposé dans cette étude en
s’inspirant de celui du Nigéria et du Ghana, mais également du modèle de concurrence aux
marchés de gros. Sur le modèle proposé, les réseaux de distribution peuvent être alimentés soit
par des centrales isolées, soit par des postes sources. Pour chaque cas, le distributeur devra
signer un contrat d’achat d’énergie avec les producteurs et un contrat d’accès au réseau de
transport avec le gestionnaire du réseau de transport pour ce qui est des postes sources. Compte
tenu de la taille de la population camerounaise dans les villes, il a été suggéré que le distributeur
assure les fonctions de gestion du réseau de distribution et la commercialisation de l’énergie
électrique.
41
LISTE DES ABRÉVIATIONS ET SIGLES UTILISÉS
AFRIR : Association pour la Formation dans les Industries de Réseau
ARSEL : Agence de Régulation du Secteur de l’Electricité
BADGE – RDE : BILAN D’APTITUDE DELIVRE PAR LES GRANDES – RÉGULATION DE L’ÉNERGIE
BAR: Base d’Actifs Régulés
BT : Basse Tension
CAE : Contrat d’Achat d’Energie ou Power Purchase Agreement : PPA, en anglais
CAIDI : Customer Average Interruption Duration Index
CARD : Contrat d’Accès au Réseau de Distribution
CART-D : Contrat d’Accès au Réseau de Transport – Distributeur
CART-P : Contrat d’Accès au Réseau de Transport –Producteur
CMPC : Coût Moyen Pondéré du Capital
DPDC: Dibamba Power Development Company
DSCE : Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi
ECG: Electricity Company of Ghana
Eneo: Energy of Cameroon
GWh: GigaWatt/heure
EDC : Electricité Du Cameroun
ENELCAM : Energie Electrique du Cameroun
ENF : Energie Basse Tension ou Moyenne Tension Non fournie
E&M : Exploitation et Maintenance
EV : Energie Vendue
KPDC: Kribi Power Development Company
kV: kilo Volt
MAIFI : Momentary Average Interruption Frequency Index
MT: Moyenne Tension
MW: MegaWatt
NBET: Nigerian Bulk Electricity Trading Plc
NEDCo: Northern Electricity Distribution Company
NENF : Norme Energie Basse ou Moyenne Tension Non Fournie
NEPA: National Electric Power Authority
PHCN: Power Holding Company of Nigeria
PIE : Producteur Indépendant d’Electricité
POWERCAM : Cameroon Electricity Corporation
RIN : Réseau Interconnecté Nord
RIS : Réseau Interconnecté Sud
R & D : Recherche et Développement
SAIDI : System Average Interruption Duration Index
SAIFI: System Average Interruption Frequency Index
SONEL : Société Nationale d’Electricité
SONATREL : Société Nationale de Transport de l’Electricité
I
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
II
ANNEXES
III
Annexe 1 _ l’appel à manifestation d’intérêt N°002/AAMI/SPM/DIMP du 4
décembre 2017
IV
V
Annexe 2 _ Rôles des Acteurs du secteur de l’électricité au Cameroun
Tableau: Acteurs du secteur de l’électricité au Cameroun
Institutions Fonctions/rôles
Concevoir les modalités de mise en œuvre de la politique du
MINEE (Ministère de l’Eau et de l’Energie) Gouvernement dans les domaines de l'énergie et des ressources en
eau, appliquer cette politique et suivre son exécution
Instituée dans la loi de 1998 et reprise dans la loi de 2011 régissant le
secteur de l’électricité au Cameroun, elle est créée par le décret
ARSEL (Agence de Régulation du Secteur
présidentiel N° 99/125 du 15 juin 1999. Elle assure la régulation, le
de Electricité)
contrôle et le suivi des activités des opérateurs du secteur de
l'électricité, la protection des intérêts des consommateurs
Créée par le décret n° 98/022 du 24 Décembre 1998 et par décret
99/193 du 08 septembre 1999, elle devient un établissement Public
AER (Agence d’Electrification Rurale) Administratif, doté de la personnalité juridique, et de l'autonomie
financière. Elle assure la promotion et le développement
l'électrification rurale sur l'ensemble du territoire national
Créée par le décret n° 2006/406 du 29 Novembre 2006. Elle assure la
gestion, pour le compte de l’Etat, du patrimoine public dans le secteur
de l’électricité ; étudier, préparer ou réaliser de tout projet
EDC (Electricity Development Corporation)
d’infrastructure dans le secteur de l’électricité qui lui est confié par
l’Etat ; participer à la promotion et au développement des
investissements publics et privés dans le secteur de l’électricité
C’est le concessionnaire qui par décret n°2015/454 du 08 octobre 2015
SONATREL (Société Nationale de Transport
est en charge de la gestion du réseau de transport et de la gestion des
d’Electricité)
flux d’électricité
C’est le concessionnaire qui remplace l’ancien AES SONEL depuis le
ENEO-Cameroun mois de juin 2014 qui exerce dans les segments de la production et de
la distribution d’énergie électrique
C’est une entité, filiale du groupe ACTIS et dans laquelle l’Etat du
KPDC (Kribi Power Cameroun est actionnaire à 44%. Elle assure l’exploitation de la
Developement centrale thermique à gaz de Kribi dont la puissance installée est de
Corporation) 216MW et dont le projet d’extension à 330 MW est en cours
C’est une entité filiale du groupe ACTIS dont 44% des actions sont
DPDC (Dibamba détenues par l’Etat camerounais. Elle assure l’exploitation de la
Power Development centrale thermique à fioul lourd de Dibamba pour une puissance
Corporation) installée de 88 MW
Les producteurs C’est une société à capital public créée par décret n°2010/328 du 18
indépendants octobre 2010 et ayant l’Etat camerounais comme actionnaire à 100%.
HYDROMEKIN C’est l’opérateur en charge de la maitrise d’ouvrage et l’exploitation
future du barrage hydroélectrique de Mékin dont la puissance installée
sera de 15 MW
C’est l’organe en charge de la mise en place et de la gestion du projet
Projet MEMVE’ELE hydroélectrique de MEMVE’ELE dont la puissance installée sera de 201
MW. Toutefois, l’entité institutionnelle n’a pas encore été définie
NHPC (Nachtigal C’est l’organe en charge de la mise en place et de la gestion du projet
Hydro Power hydroélectrique de Nachtigal dont la puissance installée sera de 420
Company) MW. Toutefois, l’entité institutionnelle n’a pas encore été définie
VI
Annexe 3 _ Grilles tarifaires appliquées au Cameroun depuis 2002
Tableau: Tarifs hors taxes appliqués à l'éclairage public et aux clients BT de 2002 à 2017
Tarif (FCFA/kWh)
58
Consommation (C) en kWh 2003 - 2007
59
2002 juil. à janv. à 2008-2010 2011 2012
Déc. juin
Eclairage public C 33,6 40 46,5 55 55 66
0 ≤ C ≤ 50 50
50 50 50 50
51 ≤ C ≤ 110
60 67
Usage 111 ≤ C ≤ 200
70 70 79
domestique 201 ≤ C ≤ 400
60
401 ≤ C ≤ 800 65 75 80 80 94
800 ≤ C 85 85 99
Prime fixe
0 2000 0 0 0
(FCFA/kW)
0 ≤ C ≤ 50
50 75 75 84
51 ≤ C ≤ 110 63 68
Tableau: Tarifs hors taxes appliqués aux clients MT (Régime Général) de 2002 à 2012
2003-2007
Période de la
Composante Heure cons. 2002 juil. à janv. 2008 - 2011 2012
journée
Déc. à juin
0 à 200H 2500
Prime fixe
201 à 400H 9125 3500 3700
(FCFA/kW) 4200
≥ 400H
23 à 18 H 43 53,75 52 70
0 à 200 H 40,5
18 à 23 H 54 67,5 70 85
23 à 18 H 40 50 50 65
201 à 325H 37
18 à 23 H 49 61,25 70 85
Taux proportionnel 23 à 18 H 40 50 50 65
326 à 400 H 33,5
(FCFA/kWh) 18 à 23 H 49 61,25 70 85
23 à 18 H 40 50 48 60
400 à 450 H 33,5
18 à 23 H 49 61,25 70 85
Au-delà de 23 à 18 H 40 50 48 60
31,2
450H 18 à 23 H 49 61,25 70 85
58 Il était appliqué au cours de cette période, une tarification saisonnière (saison sèche, saison pluvieuse)
59 En 2010, l’opérateur AES SONEL avait procédé à une augmentation unilatérale de tarif d’électricité sans autorisation du
Régulateur. L’Etat du Cameroun s’y étant opposé à cette augmentation a supporté par système de compensation sur chaque
facture des clients jusqu’à la publication de la décision tarifaire de l’ARSEL en mai 2012.
VII
Tableau: tarifs hors taxe appliqués en régime zone franche industrielles et des points francs industriels
2002 2003-2007
VIII