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PILO

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FORMATION BILAN D’APTITUDE DELIVRE PAR LES GRANDES ECOLES

(BADGE) – RÉGULATION DE L’ÉNERGIE

« OUVERTURE À LA CONCURRENCE DES SECTEURS DE L’ÉLECTRICITÉ DANS LES PAYS


AFRICAINS »

Thème : « Zonage du segment de distribution de l’électricité envisagé


à l’horizon 2031 au Cameroun : Conditions de succès »

Rédigé par : PILO Ernest, Sous-Directeur des Etudes, de la Prospective et de la


Normalisation, Agence de Régulation du Secteur de
l’Electricité du Cameroun

Enseignant Suiveur : Ahmed Ousman Abani, Economiste, Deloitte Economic Advisory

Année académique 2017 – 2018


Remerciements
Je ne dérogerais pas aux traditionnels remerciements, puisque seul, je n'aurais certainement
jamais pu accomplir tout ce travail.

En premier lieu, mes remerciements vont tout d’abord au bon Dieu tout puissant, et aux
personnes suivantes :

- le Directeur Général de l’Agence de Régulation du Secteur de l’Electricité du Cameroun,


Monsieur KEDI Jean Pierre, pour l’intérêt particulier porté au renforcement des capacités
de son personnel qui a conduit à mon inscription au BADGE – RDE ;
- M. Ahmed Ousman Abani, mon directeur de mémoire, pour son soutien, sa disponibilité
et son apport durant la rédaction de ce mémoire ;
- M. Flavien TCHAGPA, pour le suivi de nos activités durant toute la formation et pour ses
précieux conseils ;
- toutes les personnes, professeurs, collègues et amis, qui m'ont encouragé et soutenu
durant la réalisation de ce mémoire et m'ont épaulé pendant ma formation ;
- ma famille pour son soutien et ses encouragements, en particulier ma chère épouse
ZAKALO AOUDOU Marthe et mes deux enfants DEZONGA PILO Annabelle Doriane et
ADAMA PILO Ruth Darlène.

Un tel travail ne peut être accompli que dans une ambiance de travail sympathique que je dois à
mes camarades de BADGE – RDE deuxième promotion (2017 – 2018).

Je tiens à remercier mes parents pour leur confiance, leur compréhension et leurs sacrifices. Ils
ont toujours fait passer l'intérêt de leurs enfants avant le leur et je sais que sans eux, je ne serais
jamais arrivé là où je suis.

Pour tous ceux et celles que j'ai oubliés : merci.

i
RÉSUMÉ EXÉCUTIF
A la fin des années 90, le secteur de l’électricité au Cameroun était l’une des cibles
privilégiées de la restructuration tous azimuts des pans entiers de l’économie nationale,
suggérée et décidée par les bailleurs de fonds internationaux et mise en œuvre localement. Des
dispositions ont été prises pour qu'un organisme de régulation indépendant mette en place
l'efficacité, la réflexion sur les coûts, la transparence et l'équité dans la gestion du secteur,
encourage les investissements appropriés et protège les consommateurs. Cette volonté s’est
traduite par la publication de la loi de 1998 régissant le secteur de l’électricité au Cameroun.
Cependant, depuis les années 2000, les résultats escomptés de cette réforme n’ont pas été
atteints. En effet, la situation de l’électricité démontre d’une dégradation de la qualité du service
technique qui se traduit par des délestages récurrents, l’augmentation des pertes techniques en
distribution (30% en moyenne), la stagnation du taux d’accès à l’électricité, etc.
Le Gouvernement du Cameroun a lancé le 4 décembre 2017, un appel à manifestation
d’intérêts pour le recrutement d’un consultant chargé de conduire une étude sur le découpage
du segment de distribution actuel de l’électricité au Cameroun. Le contexte de cet appel à
manifestation a été la principale motivation dans le choix du thème du présent mémoire
« zonage du segment de distribution de l’électricité envisagé à l’horizon 2031 au Cameroun :
conditions de succès ».
Dans l’optique de mener à bien ce thème, le rapport s’est articulé autour de trois parties. La
première est consacrée à la présentation du secteur de l’électricité camerounais. La deuxième
partie quant à elle présente le retour d’expérience des pays qui ont adopté cette structuration
du réseau de distribution. Enfin, la troisième partie qui présente les différentes propositions des
mécanismes régulatoires à mettre en œuvre.
Au terme du développement, les résultats obtenus montrent que la mise en œuvre de la
volonté du Gouvernement camerounais de découper le segment de distribution passe par la
maîtrise de l’état des lieux de l’ensemble dudit segment, la définition du modèle de marché
d’électricité et la régulation adaptée. Les principaux résultats sont entre autres :
- l’état des lieux qui doit permettre de connaître les ouvrages existants et leur niveau
de performance respectif. Tout ceci passe par la réalisation des études pour chaque
réseau de distribution. Ainsi les résultats obtenus, aboutiront à la maîtrise des
différentes immobilisations qui serviront à la détermination de la base tarifaire ;
- le modèle de marché proposé qui s’inspire de ceux du Nigéria et du Ghana, mais
également du modèle de concurrence aux marchés de gros. Compte tenu de la taille
de la population camerounaise, il a été suggéré que le distributeur assure les
fonctions de gestionnaire du réseau de distribution et la commercialisation de
l’énergie électrique ;
- la régulation à mettre en place doit permettre d’assurer l’équilibre économique et
financier du segment de distribution et la préservation des conditions économiques
nécessaires à la viabilité de celui-ci. Plusieurs recommandations et mesures à
prendre ont été formulées à l’endroit du Régulateur en ce qui concerne l’allocation
des coûts, la répartition des coûts, les coûts des pertes réseaux, les coûts
d’exploitation et de maintenance, etc. Afin de permettre aux distributeurs d’être
performants, il a été démontré la nécessité de mettre en place une régulation
incitative. A ce sujet, des propositions de nouveaux indicateurs de performance et
des incitations contractuelles y afférentes ont été développés.

ii
Table des matières
Remerciements ................................................................................................................................... i
RÉSUMÉ EXÉCUTIF ............................................................................................................................. ii
INTRODUCTION GÉNÉRALE ............................................................................................................... 1
Première partie : SECTEUR DE L’ELECTRICITE DU CAMEROUN ......................................................... 2
1 Contexte et problématique ....................................................................................................... 2
1.1 Cadre légal et institutionnel................................................................................................ 2
1.1.1 Réformes du secteur de l’électricité camerounais ....................................................... 2
1.1.2 Textes régissant le secteur de l’électricité ................................................................... 3
1.2 Problématique .................................................................................................................... 4
2 Secteur de l’électricité du Cameroun ........................................................................................ 5
2.1 Présentation générale ......................................................................................................... 5
2.1.1 Politique énergétique................................................................................................... 5
2.1.2 Structure du marché .................................................................................................... 6
2.2 Segment de la production ................................................................................................... 7
2.3 Segment du transport d’électricité ..................................................................................... 9
2.4 Segments de la distribution et de la commercialisation .................................................. 11
2.5 Régulation du secteur ....................................................................................................... 13
Deuxième partie : EXPÉRIENCES INTERNATIONALES DANS LA LIBÉRALISATION DU SEGMENT
DISTRIBUTION .................................................................................................................................. 15
1 Les reformes du secteur en Afrique Sub-saharienne .............................................................. 15
2 Cas du Nigéria .......................................................................................................................... 16
3 Cas du Ghana ........................................................................................................................... 18
4 Enseignements......................................................................................................................... 20
Troisième partie : CONCEPTS ET OUTILS ESSENTIELS POUR LE ZONAGE DU SEGMENT DE LA
DISTRIBUTION .................................................................................................................................. 22
1 Etat des lieux « caractéristiques et performance des réseaux de distribution » .................... 22
2 Définition du modèle de marché ............................................................................................. 24
3 Régulation à mettre en place .................................................................................................. 25
3.1 Tarification ........................................................................................................................ 25
3.1.1 Expérience étrangère ................................................................................................. 25
3.1.2 Coûts de service des distributeurs ............................................................................. 27
3.1.3 Coûts d'exploitation et de maintenance (E&M) ........................................................ 29
3.1.4 Coûts des pertes du réseau ........................................................................................ 29
3.1.5 Autres revenus ........................................................................................................... 30
3.2 Régulation incitative ......................................................................................................... 30
3.2.1 Investissements et mesures incitatives ..................................................................... 32
3.2.2 Allocation des coûts et conception des tarifs du réseau........................................... 33
3.2.3 Péréquation tarifaire ................................................................................................. 36
3.2.4 Normes de qualité de service .................................................................................... 36
3.2.5 Normes de qualité de service technique .................................................................... 36
3.2.6 Normes de qualité de service commercial ................................................................. 40
4 Recrutement des distributeurs et exploitation des réseaux ................................................... 40
CONCLUSION GENERALE ................................................................................................................. 41
LISTE DES ABRÉVIATIONS ET SIGLES UTILISÉS ................................................................................... I
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES ..................................................................................................... II
ANNEXES ........................................................................................................................................... III

iii
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Pour accompagner la libéralisation du secteur de l’électricité en Afrique, l'Association pour la
Formation dans les Industries de Réseau (AFRIR) a procédé au recrutement des cadres en charge
des questions de régulation pour la formation du Bilan d'Aptitude Délivré par les Grandes Écoles
« Régulation De l’Énergie » (BADGE-RDE) offerte par MINES ParisTech. Cette formation participe
à l’émergence de décideurs capables de maîtriser les mécanismes complexes associés à la
régulation des marchés de l’énergie.

Le présent document est le mémoire de fin de formation rédigé sur le thème « zonage du
segment de distribution de l’électricité envisagé à l’horizon 2031 au Cameroun : conditions de
succès ».

L’électricité est un bien économique de première nécessité dont l’accès est reconnu comme
un droit. Elle est devenue indispensable à la vie courante et constitue une composante
essentielle de la compétitivité des entreprises. Il est par conséquent évident qu’aucun
développement économique n’est concevable sans énergie électrique disponible et accessible en
quantité et en qualité.

Depuis les années 2000, la situation de l’électricité au niveau national démontre un abandon
de plusieurs localités jugées non rentables sur le plan économique par le concessionnaire de
service public d’électricité au profit des grandes métropoles (Yaoundé, Douala et Bafoussam).
Cette action a pour conséquence la dégradation de la qualité du service technique dans les
autres localités qui se traduit par : des délestages récurrents, des coupures d’électricité de très
longue durée, la mauvaise qualité du signal électrique, l’augmentation des pertes techniques
(30% en moyenne entre 2010 et 2017), la stagnation du taux d’accès à l’électricité, etc.

Face à cette réalité, le Gouvernement camerounais a lancé le 4 décembre 2017, un appel à


manifestation d’intérêts1 pour le recrutement d’un consultant chargé de conduire une étude sur
le découpage du segment de distribution actuel de l’électricité au Cameroun. L’horizon 20312 a
été choisi pour procéder au zonage du segment distribution d’électricité.

Dans l’optique de mener à bien cette étude, notre plan s’articule autour de trois parties. La
première est consacrée à la présentation du secteur de l’électricité camerounais, notamment son
historique, les différentes réformes y survenues et la problématique dans laquelle le thème ci-
dessus est développé.

La deuxième partie présente de manière succincte les conditions pour le zonage du segment
distribution d’électricité au Cameroun en 2031. Il s’agit en effet de tirer les leçons des retours
d’expérience des pays qui ont adopté cette structuration du réseau de distribution.

A la troisième partie, il est présenté les différentes propositions des mécanismes juridique,
technique et tarifaire pour la mise en œuvre de cette volonté du Gouvernement camerounais.

1
N°002/AAMI/SPM/DIMP du 04 décembre 2017.
2
L’année 2031 est celle à laquelle prendra fin la concession de l’opérateur du service public d’électricité actuel qui vient de voir
sa concession prolongée alors qu’elle devrait prendre fin en 2021.

1
Première partie : SECTEUR DE L’ELECTRICITE DU CAMEROUN
1 Contexte et problématique
Dans cette partie, nous présenterons d’une manière générale le secteur de l’électricité
camerounais. Il s’agit notamment de faire connaître l’historique, la réforme du secteur de
l’électricité et les rôles des différents acteurs.

En dernier point, nous présenterons la problématique dans laquelle le thème du mémoire


est développé.

1.1 Cadre légal et institutionnel


1.1.1 Réformes du secteur de l’électricité camerounais
Le secteur de l’électricité camerounais a connu beaucoup de mutations. Il est passé d’un
monopole régional exercé par trois opérateurs (POWERCAM3, ENELCAM4, et Electricité Du
Cameroun (EDC5) à un monopole national avec une intégration verticale.

A la fin des années 1990, le secteur de l’électricité au Cameroun était l’une des cibles
privilégiées de la restructuration tous azimuts des pans entiers de l’économie nationale,
suggérée et décidée par les bailleurs de fonds internationaux et mise en œuvre localement. Il
avait été conseillé de transformer les entreprises publiques d’électricité en des entités
juridiquement distinctes. L’objectif était de réduire le nombre des problèmes rencontrés par
les services publics des pays en développement6 et les orienter vers le recouvrement des
coûts en matière de tarification et les améliorations en matière de comptage, de facturation
et de recouvrement. Parallèlement, l’adoption de la législation énergétique requise devait
fournir un mandat juridique pour la restructuration, ainsi que le cadre juridique permettant la
participation privée dans le secteur. Des dispositions ont également été prises pour qu'un
organisme de régulation indépendant mette en place l'efficacité, la réflexion sur les coûts, la
transparence et l'équité dans la gestion du secteur, encourage les investissements appropriés
et protège les consommateurs.
La réforme survenue en 1998 (loi N°98/022 du 24 décembre 1998) a permis l’ouverture
du segment production à la concurrence. Globalement, elle avait pour objectifs :
- de désengager l’Etat dans le service marchand de l’électricité;
- de réduire le poids financier du secteur sur le budget de l’Etat ;
- d’améliorer la contribution du secteur de l’électricité dans l’économie et dans le
développement social du pays.
Plus spécifiquement, elle devait permettre:
- d’accroître des investissements dans le secteur de l’électricité ;
- d’améliorer la qualité de service et la desserte ;
- d’améliorer l’efficacité dans la production, le transport et la distribution de l’énergie
électrique ;
- de fournir l’énergie à des prix compétitifs à l’industrie et aux ménages ;
- de confirmer l’ouverture du secteur à la concurrence ;
- d’inciter le secteur privé à participer au développement du secteur de l’électricité.

3
1962 : la « Cameroon Electricity Corporation (POWERCAM) » est fondée au Cameroun Occidental.
4
1948 : la société d’économie mixte « Energie Electrique du Cameroun (ENELCAM) » est créée et chargée d’aménager
l’usine hydroélectrique d’Edéa I sur la Sanaga pour l’alimentation électrique de Douala et Edéa dès le 1er janvier 1953
5
1963 : « Electricité Du Cameroun (EDC) » est créée; société d’économie mixte dont la majorité du capital social est détenue
par l’Etat du Cameroun Oriental et les collectivités publiques
6
vieillissement des équipements des réseaux; durées de coupures d'électricité très élevées; faible niveau de fiabilité du
réseau expliquant le nombre élevé d'incidents

2
A travers cette loi de 1998, un Régulateur du secteur de l’électricité a été créé,
notamment l’Agence de Régulation du Secteur de l’Electricité (ARSEL) pour assurer la
régulation, le contrôle et le suivi des activités des exploitants et des opérateurs du secteur de
l'électricité. Avant cette réforme, les tarifs d’électricité étaient publiés par le Ministère des
Finances et de l’Economie sous la proposition de la Société Nationale d’Electricité (SONEL).

Du monopole public détenu par la défunte SONEL, l’Etat a concédé toutes les activités
liées à ce secteur à un unique opérateur privé, le groupe américain AES Corporation. Ainsi, à
travers quatre contrats de concessions signés le 18 juillet 2001, les activités de production, de
transport, de distribution et de vente de l’électricité ont été confiées à l’opérateur AES-SONEL.

La publication de la loi n°2011/022 du 14 décembre 2011 régissant le secteur de


l’électricité a permis la création d’un gestionnaire de réseau de transport7 retirant ce segment
au concessionnaire de service public qui gérait de manière intégrée (production, transport,
distribution et fourniture). L’objectif étant d’attirer plus d’investisseurs privés dans le segment
de la production. Les deux lois (1998 et 2011) ont permis au secteur d’électricité camerounais
d’enregistrer l’arrivée de deux Producteurs Indépendants d’Electricité (PIE). Il s’agit de
Dibamba Power Development Company (DPDC) en 2009 et Kribi Power Development
Company (KPDC) en 2013.
L’évolution institutionnelle du secteur de l’électricité camerounais peut être illustrée par
la figure 1 ci-après.

Figure 1: Evolution institutionnelle du secteur de l'électricité du Cameroun


8
Source : Construit en exploitant les textes règlementaires et contractuels mais également le site web d’Eneo

1.1.2 Textes régissant le secteur de l’électricité


Le secteur de l’électricité camerounais est régi par les textes suivants :
- la loi N°2011/022 du 14 décembre 2011 régissant le secteur de l’électricité qui
remplace la loi n°98/022 du 24 décembre 1998 ;

7
Article 23 de la loi n°2011/022 du 14 décembre 2011 régissant le secteur de l’électricité au Cameroun
8
https://eneocameroon.cm/index.php/fr/l-entreprise-a-propos-d-eneo-l-entreprise/l-entreprise-notre-notre-histoire/l-
entreprise-notre-notre-historique-historique-de-l-electricite-au-cameroun

3
- le décret N°2012/2806/PM du 24 septembre 2012 portant application de certaines
dispositions de la loi n°2011/022 du 14 décembre 2011 régissant le secteur de
l’électricité au Cameroun ;
- le décret N° 2001/021/PM du 29 Janvier 2001 fixant le taux, les modalités de
calcul, de recouvrement et de répartition de la redevance sur les activités du
secteur de l’électricité;
- le décret N° 2000/464 PM DU 30 juin 2000 régissant les activités du secteur de
l’électricité;
- l’arrêté n°0193/A/MINEE du 28 avril 2014 portant composition des dossiers de la
demande de concession, de licence, d’autorisation et de déclaration, ainsi que des
frais y afférents qui remplace l’arrêté n° 061/CAB/MINMEE du 30 Janvier 2001.
1.2 Problématique
La problématique de notre sujet de mémoire est extraite « du contexte » de l’appel à
manifestation d’intérêt N°002/AAMI/SPM/DIMP du 4 décembre 2017 lancé par le
Gouvernement pour le recrutement d’un consultant chargé de conduire une étude sur le
découpage du segment de distribution actuel de l’électricité. Il y est stipulé ce qui suit :
«…
Le service public de l’électricité est assuré sous le contrôle de l’Etat. Il est soumis à des
impératifs de qualité, de continuité et de neutralité, ainsi que d’égalité de traitement des
usagers ». La loi de 2011 est revenue sur ladite problématique, notamment à son article 3
alinéa 3 que le service public de l’électricité est organisé par l’Etat.

Neuf (09) ans après la privatisation sus évoquée, la situation n’a presque pas changé,
l’offre de l’énergie électrique restait largement inférieure à la demande. Le changement du
fournisseur n’a pas eu d’incidence notoire sur la condition du consommateur camerounais,
bien au contraire. On déplore toujours autant de désagréments électriques caractérisés par
des délestages fréquents et intempestifs. Toutes les catégories de consommateurs en sont
durement affectées. Par ailleurs, l’électricité coûte chaque jour un peu plus cher au Cameroun
alors que la qualité de service fournie aux consommateurs ne s’améliore pas, les disparités
entre les zones urbaines et les localités rurales se sont accrues, en violation des dispositions de
la loi régissant l’électricité notamment en ce qui concerne celles portant sur l’égalité de
traitement des usagers du service public.
… ».
De ce qui précède, l’on peut se poser la question suivante : quelles sont les mécanismes à
mettre en place pour assurer la viabilité financière des gestionnaires du réseau de distribution
afin de garantir un service de qualité aux consommateurs, d’une part, et les responsabilités
des producteurs, de la Société Nationale de Transport de l’Electricité (SONATREL) et des
gestionnaires de réseau de distribution, d’autre part pour garantir le succès du zonage
envisagé par le Gouvernement camerounais ?

Nous proposerons tout le long de ce document des solutions à cette question.

4
2 Secteur de l’électricité du Cameroun
2.1 Présentation générale
Le Cameroun est doté d’une abondante variété de ressources énergétiques et d’un marché
local et sous régional important. Le potentiel hydroélectrique s'élève à 12 000 MW selon les
estimations de la Banque mondiale9. Le Cameroun représente le 3e potentiel énergétique en
Afrique subsaharienne après la République démocratique du Congo et l’Éthiopie. Le potentiel de
l'énergie solaire y varie de 4 kWh/m2/jour dans le sud à 6 kWh/m2/jour dans le nord10. Des
potentiels géothermiques ont été identifiés dans les localités de Meiganga, Tignère, Ekondo Titi
et Nwa. Cette diversité de ressources devrait conférer au pays une indépendance énergétique et
un niveau de développement considérable. Cependant le déficit énergétique reste élevé.

Au cours des dernières décennies, l’offre nationale d’énergie a évolué de manière linéaire
tandis que la demande s’est accrue de manière exponentielle. A titre d’illustration, avec la
reprise, bien que timide des investissements dans le secteur au début des années 2000, la
production nationale d’énergie électrique publique a connu une hausse de 19% entre 2012 et
2014 (cf. figure 2)11.

Figure 2: Evolution des capacités installées de 2005 à 2014


Source : MINEE (2015), situation énergétique du Cameroun, P49

2.1.1 Politique énergétique


La politique énergétique du Cameroun vise entre autres trois grands défis à savoir :
- assurer une fourniture énergétique suffisante, efficace, fiable et propre ;
- développer et garantir l’accès aux services énergétiques modernes sur le long terme ;
- faire de l’énergie un atout de l’industrie camerounaise dans la compétition
industrielle mondiale.
Elle s’articule autour de la relance et l’accélération du développement du patrimoine
énergétique national, avec la diversification des sources d’approvisionnement et le respect de
l’environnement. Cette politique est contenue dans un ensemble de documents de cadrage
publiés à l’effet de donner l’orientation et fixer le cap.

La vision du développement du Cameroun formulée en 2009 par le Gouvernement et dont


l’échéance est projetée à l’horizon 2035 s’appuie sur les besoins et les aspirations des

9
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89nergie_au_Cameroun
10
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89nergie_au_Cameroun
11
Situation Energétique du Cameroun, 2015. P24

5
populations, sur les ambitions des politiques. Elle se résume en plusieurs objectifs, dont certains
sont spécifiques à l’émergence, notamment :
- une économie prospère et dotée d’infrastructures performantes ;
- un accès universel aux services de qualité ;
- un niveau de pauvreté résiduel ;
- un niveau de chômage et de sous-emploi résiduel ;
- une allocation équitable de ressources entre villes et campagnes et entre les différentes
régions.
Le Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi (DSCE), cadre de développement à
moyen terme du Cameroun, est le document de référence de l’action gouvernementale pour la
période 2010-2020. Le DSCE a pour objectif d’implémenter la Vision de 2035 pour la première
décennie (2010-2020). L’hypothèse formulée sur l’énergie stipule que les développements
importants programmés doivent permettre d’anticiper une amélioration considérable de la
capacité de production d’énergie électrique du pays. Ces développements doivent impulser la
croissance de la production énergétique au rythme annuel de 2,9% et 13% respectivement dans
les périodes 2009-2011 et 2012-2020.

Le tableau 1 ci-après présente les évolutions attendues au terme de la première phase


décennale, en matière de capacité installée d’énergie électrique.
Tableau 1: Quelques indicateurs énergétiques en 2010 et leurs perspectives en 2020
Libellé
Indicateurs
Valeur de 2010 Valeur attendue en 2020 Gap

Puissance installée (MW) 1 009 3 000 1 991


Source : MINEE (2015), situation énergétique du Cameroun, P28

2.1.2 Structure du marché


L’évolution de la structure du marché d’électricité au Cameroun conformément aux
différentes réformes survenues dans ce secteur est présentée dans la figure 3 ci-après.

6
Figure 3: Evolution structure du marché d'électricité au Cameroun

Légende : P (producteur) ; PIE (Producteur Indépendant d’Electricité) ; T (transporteur) ; D (distributeur) ; DPIE (Distribution
effectuée par un PIE hors périmètre concession Eneo ou pour alimenter un client éligible), CAE ou PPA (Contrat d’Achat
d’Energie)
Source : structure du marché construite en exploitant les documents réglementaires et contractuels (loi, contrats de concession,
Contrat d’Achat d’Energie (CAE ou PPA), Contrat d’Accès au Réseau de Transport –Producteur (CART-P), Contrat d’Accès
au Réseau de Transport – Distributeur (CART-D), etc.)

L’évolution de la structure du marché Camerounais observée montre la volonté du


Gouvernement d’attirer plus d’investisseurs privés dans le secteur de l’électricité afin d’atteindre
les objectifs de la réforme de 1998.
Les acteurs institutionnels du secteur de l’électricité du Cameroun ainsi que leurs missions
sont présentés en annexe 2.

2.2 Segment de la production


Le segment de la production de l’électricité au Cameroun est caractérisé par la présence de
plusieurs centrales. La production d'électricité se fait à partir de différentes sources d'énergie
primaire, notamment l’hydraulique, le thermique (gaz naturel, diesel, fuel lourd).

On retrouve dans le parc de production les unités de production desservant le Réseau


Interconnecté Sud (RIS), le Réseau Interconnecté Nord (RIN) et les centrales isolées12.

12
On dénombre 25 centrales isolées en 2017 (Rapport d’activités ARSEL, 2017)

7
Concernant la capacité totale installée et les productibles en 2017 (hors auto-producteurs13),
ils sont évalués respectivement à 1 369 MW et à 6 973, 6 GWh répartis suivant les figures 4 et 5
ci-après.

Gaz naturel
(MW); 266 Eneo
PIE (MW) (MW)
27% 73%
Autre; 371
Fuel lourd
(HFO) (MW);
203

Diesel (LFO)
(MW); 168

Hydro (MW);
732

Figure 4: Capacité installée au Cameroun en 2017


Source : Rapport d’activités ARSEL, 2017

Production
PIE (GWh);
1558,2
Production
hydroélectri
Production que (GWh);
thermique 5089,9
(GWh);
325,6

Figure 5: Répartition de l'énergie produite en 2017


Source : Rapport annuel 2017, Eneo

Le tableau 2 ci-après présente plusieurs projets de construction de centrales de production


de l’électricité actuellement en cours.

13 Définition Art. 5 loi de 2011 : Auto-producteur: personne produisant de l'électricité pour son usage exclusif et qui
n'entreprend ni le transport, ni la distribution de celle-ci sur le territoire où elle est établie, sauf dans le cas où le
transport est destiné à son usage propre

8
Tableau 2: Projets de construction des centrales de production d'électricité en cours au Cameroun
Centrale en cours de
Description
construction
Capacité installée de 211 MW14. La production sera injectée dans
Hydroélectrique de Memve’ele le RIS. La centrale est déjà construite à 100%. Il ne reste plus que
la finalisation de la construction de la ligne d’évacuation.

Capacité installée de 15 MW. La production sera également


injectée dans le RIS. La centrale est déjà construite et les tests
Hydroélectrique de Mékin
d‘injection de la production au réseau de transport sont en
cours.

Capacité installée de 420 MW15. La production sera injectée dans


Hydroélectrique de Nachtigal
RIS. La mise en service est prévue pour 2022.
Hydroélectrique de Warack Capacité installée de 75 MW. La centrale sera raccordée au RIN.
Capacité de 25 MWc. Le marché pour le recrutement d’un PIE a
Solaire photovoltaïque de
déjà été attribué et les études d’intégration au réseau sont en
Maroua et de Guider
cours. La mise en service est prévue en 2019.

D’autres manifestations pour les sites de production de l’électricité par du thermique (gaz
naturel) sont enregistrées au niveau de l’ARSEL.

2.3 Segment du transport d’électricité


Le Cameroun compte actuellement deux grands réseaux interconnectés : le Réseau
Interconnecté Sud (RIS) et le Réseau Interconnecté Nord (RIN). Le RIS dessert la partie Sud en
électricité, soit six régions administratives, notamment le Centre, le Littoral, le Sud, le Sud-Ouest,
l’Ouest et le Nord-Ouest. Le RIN quant à lui dessert la partie septentrionale, à savoir trois régions
administratives : l’Adamaoua, l’Extrême-Nord et le Nord.
Le transport de l’électricité se fait suivant trois niveaux de tension :
- 225 kV uniquement dans le RIS ;
- 110 kV dans le RIN ;
- 90 kV dans le RIS et le RIN.
En 2013, les longueurs de lignes conformément aux différents niveaux de tension ci-dessus
ont été quantifiées tel que présenté dans le tableau 3 ci-après :
Tableau 3: Linéaire ligne de transport d'électricité
Type de ligne Linéaire estimée (Km)
Ligne 225 KV 720,79
Ligne 110 KV 356,67
Ligne 90 KV 1 159,81
Source : rapport annuel Eneo, 2014

Les configurations du RIS et du RIN sont représentées par les figures 6 et 7 ci-après.

14
www.projetmemveele.org
15
www.nachtigal-hpp.com

9
Figure 6: Configuration du RIN

Figure 7: Configuration du RIS

Source : MINEE (2012), Etude évolution du périmètre de concession d’AES-SONEL, P39

10
2.4 Segments de la distribution et de la commercialisation
Le réseau de distribution d’électricité du Cameroun est alimenté par les postes sources
installés dans le RIS et le RIN. On retrouve également les réseaux de distribution décentralisés
qui sont exclusivement alimentés par de petites centrales thermiques fonctionnant au diesel.

Le réseau de distribution fonctionne en moyenne tension avec des tensions de 15 kV et 30


kV en zones urbaines et rurales, respectivement. Dans certaines villes, la tension est de 10 kV. Le
réseau basse tension fonctionne quant à lui avec des tensions nominales de 220 V (tension
simple) et 380 V (tension composée).

Les caractéristiques du réseau de distribution du périmètre du concessionnaire Eneo en


2014 sont présentées dans le tableau 4 ci-après.
Tableau 4 : Données sur le réseau de distribution dans le périmètre de concession de Eneo
Réseau de distribution Total
Postes HTA/HTA publics Nombre 45
Postes HTA/HTA privés Nombre 119
Postes MT/BT Nombre 8 740
Aérien 15 956
Lignes MT (km) Souterrain 829
Total MT 16 785
Aérien 17 420
Lignes BT (km) Souterrain 153
Total BT 17 573

Source : compte rendu de gestion Eneo, 2014

L’exploitation des différents rapports d’activités du concessionnaire (AES SONEL puis Eneo)
sur la période de 2004 à 2017 a permis de relever l’évolution du nombre d’ abonnés au
Cameroun comme indiqué dans la figure 8 ci-après. Il est passé de de 507 835 abonnés en 2004 à
1 184 372 abonnés en 2017.

1400000

1200000

1000000

800000

600000

400000

200000

0
2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017

Figure 8: Nombre d'abonnés sur la période 2004 à 2017


Source : rapports d’activités du concessionnaire sur la période de 2004 à 2017

11
S’agissant des pertes techniques et commerciales enregistrées dans le réseau de
distribution, elles sont évaluées en moyenne à 30 % depuis 2010 (cf. figure 9).

35

30

25

20

15

10

0
2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017
Perte distribution (%) 20,35 26,17 29,47 29,13 29,16 30,3 29,76 30,88 30,51 29,48 31,51

Figure 9: Evolution des pertes distributions sur les dix dernières années
Source : Rapports d’activités du concessionnaire sur la période de 2007 à 2017

Ce niveau de pertes en distribution peut justifier les orientations de l’Etat du Cameroun à


vouloir procéder au zonage de la distribution afin de les réduire. Dans le même temps, des
efforts sont observés dans la mise en place des centrales thermiques diesel (dont le coût de
production reste très élevé) pour satisfaire la demande en énergie électrique.
En ce qui concerne les réseaux de distribution, les principaux problèmes techniques
d'exploitation rencontrés par l’opérateur sont16:
- le vieillissement des équipements des réseaux;
- l'inexistence des systèmes de contrôle-commande et de télé conduite;
- la faible réactivité des équipes d'exploitation et de maintenance conduisant à des
durées de coupures d'électricité très élevées surtout dans les zones rurales;
- le faible niveau de fiabilité du réseau expliquant le nombre élevé d'incidents causés
par :
 la végétation ;
 la pourriture des poteaux et traverses bois ;
 la surcharge des ouvrages (transformateurs HTA/BT, départs HTA) ;
 les appareils de coupure défectueux ;
 les réseaux BT excessivement longs ;
 les réseaux monophasés hors normes (nombre élevé de transformateurs
par dérivation) ;
 les câbles souterrains défectueux ;
 les départs 30 kV trop longs et surchargés ;
 l’absence de sécurité n-l pour les réseaux HTA ;
 la conduite des réseaux HTA manuelle ou non existante ;
 la localisation automatique des défauts inexistante ;
 les transformateurs HTA/BT non protégés ;
 le vandalisme des mises à la terre (vol des câbles cuivre) ;
 l’existence des zones périphériques ou des localités importantes hors du
rayon d'action des postes sources.

16
Programme d’investissement Eneo 2018 -2022, P12

12
2.5 Régulation du secteur
La réforme du secteur de l’électricité survenue en 1998 a créé l’Agence de Régulation du
Secteur de Electricité (ARSEL) et lui a donné un rôle de conseiller du Gouvernement dans le
secteur de l’électricité. Le pouvoir de l’ARSEL a été renforcé par la loi de 2011 régissant le secteur
de l’électricité. Dans cette loi de 2011, les missions à elle assignées17 sont les suivantes :
- veiller au respect des textes législatifs et réglementaires applicables au secteur de
l'électricité, ainsi que des contrats de concession, de licence, d'autorisation et de
toute autre forme de contrat adopté dans ce cadre ;
- s'assurer que l'accès aux réseaux s'effectue dans des conditions objectives,
transparentes et non discriminatoires ;
- veiller aux intérêts des consommateurs et assurer la protection de leurs droits pour ce
qui est du prix, de la fourniture et de la qualité de l'énergie électrique ;
- garantir une concurrence saine et loyale dans le secteur de l'électricité ;
- mettre en œuvre, suivre et contrôler le système tarifaire établi dans le respect des
méthodes et procédures fixées par l'Administration chargée de l'électricité ;
- octroyer les autorisations ;
- instruire les demandes de licences et de concession ;
- arbitrer les différends entre les opérateurs du secteur de l'électricité sur saisine des
parties ;
- contribuer à l'exercice de toute mission d'intérêt public que pourrait lui confier le
Gouvernement pour le compte de l'Etat dans le secteur de l'électricité.
Les principales activités de l’ARSEL se résument en (i) la régulation économique et
financière ; (ii) la régulation juridique et réglementaire ; et (iii) la régulation technique.

 La régulation économique et financière


Les objectifs visés sont entre autres :
• la promotion d’une saine concurrence par la détermination des coûts réels des projets
et des investissements ;
• le calcul et l’application d’un tarif juste et équitable ;
• l’évaluation objective des compensations éventuelles à payer.

 La régulation juridique et réglementaire


Les objectifs visés sont :
• régler les conflits entre les sagers et les opérateurs (conciliation);
• participer à l’élaboration des projets de textes du secteur;
• étudier et attribuer les régimes juridiques aux opérateurs;
• appliquer les sanctions prévues par la loi ;
• régler les conflits entre opérateurs (arbitrage).

 La régulation technique
Il s’agit ici de:
• suivre et contrôler le respect par les opérateurs des règles régissant l’exercice des
activités dans le secteur de l’électricité;
• suivre le respect par les opérateurs, des programmes d’investissement, des
obligations de desserte et de la qualité de service;

17
Article 72 alinéa 1 de la loi n°2011/022 du 14 décembre 2011 régissant le secteur de l’électricité au Cameroun

13
• suivre et contrôler les standards et normes d’exécution par les opérateurs des travaux
d’établissement des ouvrages de production, de transport et de distribution de
l’énergie électrique;
• contrôler le respect par les opérateurs de la législation relative à la protection de
l’environnement.

Concernant les règles tarifaires applicables dans le secteur de l’électricité, elles sont définies
par les dispositions de l’article 82 de la loi de 2011 régissant le secteur de l’électricité.
S’agissant des conditions tarifaires, le Cameroun a connu depuis 2001 deux modes de
tarification. En effet, pendant la première période quinquennale et la deuxième période
quinquennale de la concession signée en 2001, le contrôle des revenus était effectué au moyen
du contrôle direct de certains tarifs. Depuis la troisième période quinquennale, le contrôle des
revenus est effectué par un contrôle du niveau maximal des revenus autorisés pour les activités à
caractère exclusif (formules de contrôle des revenus dérivés)18.

Au Cameroun, les tarifs sont les mêmes sur tout le territoire national (péréquation tarifaire
pour une même catégorie de clients) c’est-à-dire pour tous les clients desservis par le RIS, le RIN
et les sites isolés utilisant le diesel pour la production de l’électricité.

Depuis la réforme de 1998, le Cameroun a connu quatre variations de tarifs d’électricité


traduites par les décisions de l’ARSEL suivantes :
 décision n°0017/DG/ARSEL du 25 janvier 2002 fixant les tarifs de vente hors taxes
d’électricité applicables par la société AES SONEL ;
 décision n°0057/DG/ARSEL du 21 octobre 2003 fixant les tarifs de vente hors taxes
d’électricité applicables par la société AES SONEL ;
 décision n°0041/DG/ARSEL du 10 avril 2008 fixant les tarifs de vente hors taxes
d’électricité applicables par la société AES SONEL ;
 décision n°0096/DG/ARSEL/DCEC/SDCT du 28 mai 2012 fixant les tarifs de vente hors
taxes d’électricité applicables par la société AES SONEL.

À partir de 2013, l’Etat sursoit aux augmentations tarifaires et maintient les tarifs de 2012
pour des raisons purement sociales. Cette décision est une application des dispositions de
l’article 6, alinéa 2 de la loi de 2011 régissant le secteur de l’électricité.

Les différentes grilles tarifaires appliquées au Cameroun sur la période 2002 à 2012 sont
présentées en annexe 3.

18
Article 2 alinéa 1 du cahier des charges au contrat cadre de concession et de licence de AES SONEL

14
Deuxième partie : EXPÉRIENCES INTERNATIONALES DANS LA
LIBÉRALISATION DU SEGMENT DISTRIBUTION
Dans cette partie, nous étudierons la libéralisation du segment distribution effectuée dans
certains pays africains pour en tirer des enseignements dans le cadre de notre mémoire.

1 Les reformes du secteur en Afrique Sub-saharienne


À la suite de réformes antérieures dans les secteurs de l’énergie des pays industrialisés et
des marchés émergents, les pays en développement ont été encouragés à désintégrer leurs
services d’électricité et à introduire la concurrence et la participation du secteur privé. Des
réformes ont été menées pour remédier aux faibles performances financière et technique. Les
efforts de réforme visaient également à créer un espace pour la participation privée, le secteur
public n’étant plus en mesure de fournir les fonds nécessaires à l’extension du système19.
D'autres mesures de réforme comprenaient le dégroupage, la privatisation et la concurrence,
même s'il n'était pas toujours évident que celles-ci soient appropriées pour des pays spécifiques.
La dissociation verticale de l'opérateur en place a été proposée pour séparer les entreprises de
production potentiellement concurrentielles, du monopole naturel des segments de transport et
de distribution d’électricité. La dissociation horizontale de la production visait à créer de la
concurrence en facilitant le commerce de l'électricité par le biais d'un échange d'électricité, d'un
marché au comptant ou de contrats bilatéraux.
En 201420, sur les 48 pays d'Afrique subsaharienne, 21 possédaient des services publics
appartenant à l'État et intégrés verticalement (production, transport et distribution combinés)
sans participation du secteur privé (figure 10, modèle 1). Le deuxième groupe de pays (modèle 6)
avait également des entreprises d’État à intégration verticale, mais avait en outre introduit des
PIE. Un groupe beaucoup plus restreint de pays avait dégroupé la production d'électricité à partir
du transport et de la distribution et incorporait également des PIE (modèles 7 à 10).

Figure 10: Structure du secteur de l'électricité en Afrique Subsaharienne en 2014


Source: Anton Eberhard et Al (2016), Independent Power Projects in Sub-Saharan Africa, P91

19
Jamasb 2002: 1–2; Gratwick and Eberhard 2008b.
20
Anton Eberhard et Al (2016), Independent Power Projects in Sub-Saharan Africa, P91

15
Des structures ci-dessus, les cas du Ghana, du Nigéria et de l’Uganda (modèle 10) se
rapportent à l’objet de notre étude sur la libéralisation du segment distribution telle que
envisagée au Cameroun. L’absence de la documentation nécessaire sur le cas de l’Uganda ne
nous a pas permis d’étudier la libéralisation de la distribution dans ce pays. Nous nous
focaliserons uniquement sur les cas Ghana et le Nigéria.

2 Cas du Nigéria
Le Nigéria compte la population et l'économie les plus importantes du continent africain
mais seulement moins de 50 % de ses citoyens ont accès à l'électricité21. La demande d'électricité
y dépasse largement la capacité disponible, inférieure à 5 GW pour une population d'environ 170
millions d'habitants.
Néanmoins, le Nigéria s'est engagé en 2001 dans le plus ambitieux effort de réforme du
secteur de l'électricité en Afrique. Les objectifs de cette réforme étaient d’améliorer l’efficacité,
d’attirer la participation du secteur privé et de renforcer la performance du secteur énergétique
afin de permettre le développement économique et social. À cette fin, les décideurs politiques se
sont fixés comme objectif d’atteindre 40 GW de capacité d’ici 202022.

Afin d’atteindre ledit objectif, , la loi de réforme du secteur de l’énergie électrique (EPSRA) a
été adoptée en 2005 et a servi de base juridique et de cadre réglementaire pour ladite réforme.
Cette loi prévoyait :
- la création de la société Power Holding Company of Nigeria (PHCN) pour reprendre
les actifs et les passifs de la National Electric Power Authority (NEPA)23 ;
- la désintégration du PHCN par la création de plusieurs sociétés (6 sociétés de
production, 11 sociétés de distribution et une seule société de transport
(Transmission Company of Nigeria, TCN) pour reprendre les actifs, les passifs, les
fonctions et le personnel de la NEPA ;
- la création de la Commission nigériane de régulation de l’électricité (NERC) ;
- la création du négociant Nigerian Bulk Electricity Trading Plc [NBET] ;
- le développement d'un marché de l'électricité compétitif ;
- la base de détermination des tarifs, des droits et obligations des clients et d’autres
questions connexes.

Les institutions d'exécution du processus de réforme ont été le Bureau des entreprises
publiques (BPE), qui a dirigé le programme de privatisation et la NERC, qui a élaboré des règles
de marché et des réglementations tarifaires.

Six sociétés en charge de la production et onze sociétés en charge de la distribution ont été
retenues à la suite d’un processus d’appel d’offre organisé par le BPE en 2012.

Evolution du marché et durabilité financière


Les règles du marché prévoient l’evolution du marché de l'électricité concurrentiel au
Nigéria en quatre étapes: 1) la pré-transition, 2) la transition, 3) le moyen terme et 4) le long
terme (cf. tableau 5).

21
World Bank 2014; PTFP 2015
22
Nigeria Road Map For Power Sector Reform, August 2010
23
NEPA, entreprise publique créée en 1972, était la seule responsable des activités de production, de transport, de distribution et
de vente au détail au Nigéria et opérait comme un monopole verticalement intégré.

16
Tableau 5: Evolution du marché de l'électricité au Nigeria
Etape du marché Caractéristiques du marché
• Dégroupement et privatisation du PHCN ;
24
• Création de la Nigeria Electricity Liability Management Company (NELMCO )
Pré-transition et de la NBET ;
• Préparation des règles et de la documentation régissant le marché de
l’électricité.
• Les entreprises successeurs commencent à fonctionner ;
• Le négociant (NBET) entame la commercialisation de l’énergie avec des
Transition
producteurs et des distributeurs — (phase dite Transitional Electricity
Market, TEM).
• Le négociant n'entre plus dans les CAE ;
• Début de la novation des droits des CAE à d'autres détenteurs de licences ;
• Les distributeurs peuvent conclure un contrat bilatéral d'achat et de vente
Moyen terme
d'énergie ;
• Concurrence totale en gros (marché spot) ;
• Mécanisme d'équilibrage centralisé pour le marché.

• Capacité suffisante pour répondre à la demande ;


Long terme
• Concurrence au détail (les consommateurs ont le choix du fournisseur).

Source: Anton Eberhard et Al (2016), Independent Power Projects in Sub-Saharan Africa, P33

Le négociant, NBET, est censé agir en tant que repreneur et agrégateur crédible pour garantir
la liquidité du marché (figure 11). L'électricité est achetée auprès des sociétés de production
(concessionnaires et PIE) via les CAE puis vendue aux sociétés de distribution et aux clients
éligibles. À l’avenir, le négociant ne doit pas être le seul acquéreur de pouvoir; toute société de
distribution ou client éligible pourra négocier directement un CAE avec une entreprise de
production ou un PIE25.

Figure 11: Structure transitoire du marché de l'électricité, Nigéria


Source: Anton Eberhard et Al (2016), Independent Power Projects in Sub-Saharan Africa, P334
Legend: DisCo = distribution company; GenCo = generation company; IPP = independent power
project (ou Producteur Indépendant d’Electricité (PIE)); PPA = power purchase agreement
(ou Contrat d’Achat d’Energie (CAE))

24
NELMCO : Entreprise publique qui assume les responsabilités du PHCN
25
Nigeria Road Map For Power Sector Reform, August 2010

17
3 Cas du Ghana
Le secteur énergétique du Ghana a été institutionnalisé au début des années 1960 en tant
que département de l'électricité du département des travaux publics du ministère des travaux
publics et du logement de l'époque. Le secteur a évolué pour devenir un monopole
verticalement intégré et géré par une entreprise publique Electricity Corporation of Ghana. La
capacité totale installée pour les installations existantes au Ghana est de 4 132 MW, dont 38%
d’hydroélectricité, 61% d’énergie thermique et moins de 1% d’énergie solaire26.

Deux facteurs principaux avaient précipité le programme de réforme du secteur de


l’électricité au Ghana27. Il s’agit de la demande croissante et de la contrainte en matière
d’alimentation en électricité et des difficultés avec les sources de financement traditionnelles
(bailleurs de fonds, fonds publics, etc.).

Les objectifs de la réforme étaient les suivants28 :


- améliorer la transparence dans la réglementation du secteur de l’électricité et
accroître la responsabilité de la gestion dans les services publics existants, y compris
une commercialisation plus efficace des activités des services publics d’électricité
existants ;
- effectuer des changements structurels qui éloigneraient le secteur énergétique de la
structure monopolistique et centralisée existante (c.-à-d. planification et exploitation
du système électrique) pour une structure plus décentralisée qui exposerait les
services publics d’électricité à la concurrence;
- encourager les investissements du secteur privé dans le secteur de l'électricité par la
mise en place de systèmes de production d'électricité indépendants et la fourniture
d'un service de transport en libre accès pour faciliter les ventes directes d'électricité
par les producteurs indépendants aux consommateurs ;
- minimiser la mesure dans laquelle les compagnies d'électricité utilisent les garanties
souveraines des ressources publiques et / ou du Gouvernement pour financer des
projets de production d'électricité en mettant en place des arrangements alternatifs
spécifiques aux risques non commerciaux des ressources publiques disponibles pour
améliorer la rentabilité des projets de transport et de distribution d’électricité dans
le cadre du Système national d'électrification ;
- mettre en place un cadre réglementaire transparent et permettant une concurrence
saine dans le secteur.

Le cadre stratégique pour la politique de développement du secteur énergétique du Ghana


peut se résumer de la manière présentée dans le tableau 6 ci-dessous.

26
http://www.energymin.gov.gh/sector-overview
27
power sector reform in Ghana: the untold story, January 2001, P7
28
Power Sector Reform Commission, 1994

18
Tableau 6: Résumé du cadre stratégique pour la politique de développement du secteur énergétique du Ghana
• Les ressources hydroélectriques liées au lac Volta continueront d'être développées
par la VRA. Néanmoins, la VRA peut conclure des accords de construction,
d’exploitation et de transfert (BOT) avec des producteurs indépendants d’électricité
afin de développer certains des projets hydroélectriques proposés sur des rivières
alimentant le réservoir du lac Volta ou en tirant parti.
Développement de la • Les contrats BOT et les PIE seront promus pour développer les ressources de la
production d'énergie Western River (à savoir les fleuves Pra, Tano et Ankobra). VRA achèterait de
future l’électricité auprès des producteurs et fournirait en outre un «accès ouvert» pour
acheminer l’énergie des PIE directement aux grandes mines et aux consommateurs
industriels.
• Le PIE thermoélectrique compléterait le fonctionnement du réservoir du lac Volta
pendant les années sèches et vendrait également de l’énergie secondaire au
marché déréglementé.
Coordination des Des règles transparentes seront établies pour la répartition économique de la
opérations de production production à partir des VRA et des PIE, avec pour critère de minimiser les coûts
et de transport et de d'exploitation de l'ensemble du système et de maintenir un «accès ouvert» aux PIE de
production vendre sur le marché déréglementé.
• Un cadre pour une plus grande participation du secteur privé dans la fourniture de
Cadre de distribution de
certaines parties des opérations commerciales de l’ECG sera mis en place.
l'électricité
• Des concessions pour la distribution d'électricité seront allouées.
• Un système de prix de nœud au niveau du transport et de la production, basé sur
les coûts marginaux, sera mis en œuvre. Ces prix seront réglementés et utilisés pour
évaluer les transferts entre le VRA et les PIE, ainsi que pour les ventes en gros aux
distributeurs.
Cadre de tarification de
• Les tarifs de consommation réglementés seraient basés sur les «prix des nœuds»
l'électricité
plus les coûts standards de distribution représentatifs du développement et du
fonctionnement efficaces des distributeurs.
• Les fournitures VRA et PIE destinées aux gros consommateurs seraient
déréglementées et fonctionneraient dans un cadre ouvert et concurrentiel
• Un organisme de réglementation indépendant serait créé, chargé de maintenir la
Organisme de concurrence dans le secteur, d’attribuer et de surveiller les accords de concession
réglementation pour la production et la distribution, de réguler les prix et de surveiller les accords
de performance des entreprises publiques.
Source: MOME, Power Sector Development Policy in Ghana, 1994

Concernant les acteurs intervenants dans le secteur de l’électricité ghanéen, ils sont
présentés par la figure 12 ci-après.

Figure 12: Parties prenantes du secteur énergétique ghanéen


Source: Center for Global Development, (2017). P15

19
Le transport de l'électricité des sociétés de production aux sociétés de distribution se fait par
l'intermédiaire du système national de transport interconnecté (NITS) détenu et exploité par la
société publique Ghana Grid Company Ltd (GRIDCo).

La distribution d’électricité aux consommateurs finaux incombe à deux entreprises


publiques, l’Electricity Company of Ghana (ECG) et la Northern Electricity Distribution Company
(NEDCo). ECG distribue de l'électricité au secteur sud du Ghana (avec plus de 70% de parts de
marché29), tandis que NEDCo distribue de l'électricité au secteur nord (couvre les 2/3 du
territoire ghanéen. Sa charge actuelle est d’environ 120 MW, avec une population d’environ
420 000 clients30).

L’engagement du Ghana à réaliser l’accès universel à l’électricité d’ici à 2020 a débuté en


1989 avec la création du Système national d’électrification31.

Le programme national d’électrification (NES), qui est l’un des projets phares du Ghana, est
le principal instrument des efforts visant à étendre l’électricité à toutes les régions du pays sur
une période de trente ans, de 1990 à 2020. Au début du programme, seuls 15 à 20% de la
population ghanéenne avaient accès à l’électricité32. Les taux d'accès sont passés respectivement
à 66,7% en 2009, à 80,51% en 2015 et à 82,5% en 201633. La tendance illustrée à la figure 13
indique une augmentation annuelle du taux d’accès à l’électricité de 2,60%.

Figure 13: Tendance des taux d'accès à l'électricité pour le Ghana


Source: Center for Global Development, (2017). P17

4 Enseignements
Les expériences du Nigéria et du Ghana permettent de tirer des enseignements pour
envisager la libéralisation du segment distribution. Les problèmes rencontrés au niveau de la
distribution dans ces pays avant la multiplication des acteurs dans ce segment notamment les
pertes techniques et commerciales élevées, les problèmes de recouvrement, la mauvaise qualité
de courant, etc. restent identiques au contexte du Cameroun. Le tableau 7 ci-après ressort les
enseignements que l’on peut tirer des expériences du Nigéria et du Ghana dans la libéralisation
de la distribution d’électricité.

29
http://www.ecgonline.info/index.php/about-the-power-sector-in-ghana.html
30
http://nedco.com.gh/index.php
31
(Ministère de l'énergie, 2010)
32
(Ministère de l'énergie, 2016)
33
(Ministère de l'énergie, 2016)

20
Tableau 7: Enseignements à tirer des expériences du Ghana et du Nigéria
Pays Enseignements
La démarche entreprise par le Nigéria par exemple avant la désintégration horizontale du
segment distribution passe par plusieurs étapes très importantes (cf. tableau 5). Il s’agit de
définir :
- les étapes à mettre en place pour arriver aux objectifs recherchés (pré-transition, transition,
moyen terme et long terme) ;
- le cadre réglementaire qui devra encadrer cette désintégration en précisant clairement le
Nigéria rôle des acteurs ;
- le périmètre exact du segment de la distribution pour chaque opérateur ainsi que les
objectifs de performance à atteindre (réduction des pertes, augmentation du taux d’accès,
réduction du nombre et des temps d’interruptions, etc.) ;
- la structure tarifaire à appliquer dans ce segment pour les clients éligibles et non éligibles ;
- le type de marché d’électricité à mettre en place (distributeur acheteur unique ou mise en
place des fournisseurs d’énergie ou des négociants, etc.)

La désintégration horizontale du segment distribution a permis d’accroitre fortement le taux


d’accès à l’électricité. Ceci est passé par la définition d’un cadre règlementaire de distribution de
l'électricité et d’un cadre de tarification de l'électricité. Les tarifs appliqués aux consommateurs
finaux sont basés sur les «prix des nœuds» plus les coûts standards de distribution représentatifs
Ghana du développement et du fonctionnement efficace des distributeurs.
La segmentation des réseaux de distribution en deux entités a permis un fort accroissement
de la desserte et une meilleure amélioration de la qualité de service fournie aux consommateurs
d’électricité.

21
Troisième partie : CONCEPTS ET OUTILS ESSENTIELS POUR LE
ZONAGE DU SEGMENT DE LA DISTRIBUTION
Suite à la volonté affichée par le gouvernement camerounais de procéder au zonage du
segment de la distribution, nous proposons que celle-ci s’implémente suivant le respect des
étapes présentées à la figure 14. Elles s’inspirent du cas de l’opérationnalisation de la Société de
Transport de l’Electricité en cours au Cameroun mais également des enseignements du
benchmark des pays mentionnés précédemment et certains pays européens.
Etat des lieux
« caractéristiques et
1 performance des réseaux de
distribution »

Définition du modèle de
2 marché

3 Régulation à mettre en place

Recrutement des
4 distributeurs et exploitation
des réseaux

Figure 14: proposition des étapes à suivre pour la mise en place du zonage de la distribution

1 Etat des lieux « caractéristiques et performance des réseaux de distribution »


Au vu de la configuration du réseau de distribution du Cameroun présentée précédemment,
le zonage de ce segment nécessite la connaissance des ouvrages existants, d’une part et leur
niveau de performance actuelle, d’autre part. Il s’agit de déterminer à travers des études pour
chaque réseau de distribution les données suivantes :
- le périmètre couvert ;
- les sources d’alimentation (postes source ou centrales) ;
- le nombre et les catégories des consommateurs ;
- les caractéristiques des lignes MT et BT (longueur, section et matériaux des
conducteurs, etc.) ;
- le nombre des postes de distribution (transformateur MT/BT ou MT/MT) et leurs
niveaux de saturation ;
- les pointes atteintes ;
- la structuration (maillé ou en antenne).
Les objectifs visés, des études sur les points ci-dessus, sont présentés dans le tableau 8 ci-
dessous. Les résultats de ces études aboutiront à la détermination des différentes
immobilisations dans ce segment et devront aboutir à la détermination de la base tarifaire de
chaque réseau de distribution, aux investissements à réaliser, mais également à la liste des
équipements qui nécessitent une réhabilitation (ou mise à niveau).

22
Tableau 8: Objectifs des études à réaliser pour définir l'état des lieux
Etat des lieux Objectifs des études
Au cours de cette étape, l’étude devrait avoir pour objectif la définition précise des contours
géographiques du périmètre des réseaux de distribution objet de la concession depuis 2001. De
manière spécifique, l’étude du périmètre devra permettre :
Périmètre - d’identifier les espaces géographiques qui font l’objet du contrat de concession en cours ;
territorial - de fournir une délimitation précise de l’espace géographique du périmètre de la concession à
couvert par le la date de l’étude, avec les superficies correspondantes sur les segments de la Production, du
réseau de Transport et de la Distribution respectivement ;
distribution - de mettre en place un Système d’Information Géographique (SIG) de ces périmètres ;
- de donner la situation à date des réseaux (en fonctionnement ou non fonctionnel et
abandonné) ;
- d’établir d’autres constats éventuels découlant de l’étude.
Selon la configuration actuelle, les réseaux publics de distribution d’électricité sont alimentés
34
soit par des postes sources , soit par des centrales situées dans les localités éloignées du réseau
Sources national (RIS et RIN).
d’alimentation Il est question de maîtriser ces sources d’alimentation en énergie électrique des réseaux pour
définir les types de contrats que devra signer le distributeur avec le Gestionnaire du Réseau de
35
Transport (GRT) ou avec les producteurs d’électricité.
Dans chaque périmètre de distribution (isolé ou interconnecté au RIS et au RIN) l’on trouve
Nombre et plusieurs catégories de consommateurs. Il s’agit des clients éligibles et non éligibles.
catégories des L’étude devra ressortir pour chaque réseau de distribution alimenté par une source quelconque
consommateurs (poste source ou centrale) le nombre et les catégories de ses clients. L’objectif est de pouvoir
36
maîtriser les clients ayant le statut d’éligibles (grands comptes ) et non éligibles.
L’étude à ce niveau devra permettre au futur distributeur d’avoir une connaissance plus détaillée du
Caractéristiques
réseau de distribution dont il va hériter. Sur un autre plan, la présentation des caractéristiques des
des lignes MT
lignes du réseau de distribution permettra de prévoir les types d’outils pour la maintenance afin
et BT
d’atteindre les objectifs de qualité de service.

Nombre des Les postes de distribution du réseau actuel constituent l’un des premiers facteurs des énergies
37
postes de non distribuées . L’opérateur Eneo annonce le remplacement d’environ 500 transformateurs MT/BT
distribution et par an soit pour cause de saturation, soit pour cause d’incendie en l’absence de protections.
leurs niveaux Il est important dans le cadre de cette opération d’évaluer l’état des lieux des postes MT/BT
de saturation ainsi que leur niveau de saturation.
Dans cette étude, il faudra pouvoir ressortir la structure de chaque réseau de distribution
Structuration notamment si celui-ci assure une sécurité d’alimentation. En effet, les réseaux électriques peuvent
du réseau 38
être organisés selon plusieurs types de structures (maillée ; radial ; arborescente)

Outre les préalables ci-dessus, le Régulateur camerounais devrait imposer au


concessionnaire de service public d’électricité, qui a la charge jusqu’en 2031 d’exploiter les sites
de production et les réseaux de distribution, de procéder à la filialisation de ces activités. Cette
action permettra de maîtriser les charges affectées à chaque segment et faciliter le zonage de la
distribution après 2031.

34
Poste source ou poste de transformation HTB/HTA
35
Code pour le raccordement au réseau électrique du GRT au Cameroun en cours de finalisation
36
Dans les contrats de concession en cours jusqu’à 2031, le terme grand compte désigne les acheteurs finaux
industriels ou commerciaux d'électricité à HT ou à MT, habilités à acheter de l'électricité directement auprès d'un
transporteur, d'un producteur ou d'un vendeur et dont la puissance souscrite d'électricité sur un même site est
supérieure à un seuil de 1 MW, ou des négociants achetant de l'électricité aux fins de revente à cette catégorie
d'acheteurs finaux (Article 4 du contrat cadre de licence de vente d’électricité).
37
Eneo : Journaux d’interruption nationale de 2007 à 2017.
38
https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9seau_%C3%A9lectrique

23
2 Définition du modèle de marché
Comme indiqué précédemment, le zonage de la distribution nécessite de mettre en place un
modèle de marché d’électricité. En s’inspirant du modèle de marché du Nigéria et du Ghana, et
du modèle de concurrence aux marchés de gros39, nous proposons dans le cadre du zonage de la
distribution envisagé au Cameroun le modèle décrit dans la figure 15 ci-après.

Figure 15: Proposition de modèle de marché d'électricité dans le cadre du zonage de la distribution

Source : Adapté du modèle concurrentiel de “Competition & choice in


electricity”, S. Hunt & G. Shuttleworth, John Wiley, 1996

Le modèle de marché ci-dessus indique une relation du flux d’énergie produite et des liens
contractuels entre les acteurs. Il ne ressort pas les cas où des grands comptes (clients éligibles) se
raccorderaient directement sur le réseau de transport. Ce cas a été démontré dans la première
partie de ce document.
Dans ce modèle, le distributeur assure également les fonctions de gestionnaire du réseau de
distribution et de commercialisation de l’énergie. Ce choix est fait pour tenir compte du nombre
réduit des consommateurs (ou potentiels consommateurs) raccordés sur les réseaux existants au
Cameroun. Compte tenu du fait que la distribution présente de sérieuses économies d’échelle40,
chaque distributeur devra être en monopole dans son périmètre.

39
S. Hunt & G. Shuttleworth, John Wiley (1996) “Competition & choice in electricity”, P45
40
Ce qui rend les fonctions de distribution en concurrence non rentables.

24
En ce qui concerne le flux énergétique, l’on peut avoir dans un premier cas le réseau de
distribution alimenté directement par la centrale de production (cas des mini-réseaux ou des
localités desservies par les auxiliaires des centrales dédiées au réseau national41). Dans un
deuxième cas, le réseau de distribution peut être alimenté en énergie électrique par les postes
sources situés dans les RIS et RIN. Dans le modèle proposé, un distributeur peut se retrouver
dans la gestion de ces deux cas de figure.
Se référant aux dispositions réglementaires du Cameroun, les grands comptes peuvent être
alimentés par des lignes MT42 . Ce qui induit l’usage du réseau de distribution et la signature
directe des contrats d’achat d’énergie avec les producteurs. Dans ce cas, les grands comptes
doivent payer au distributeur les tarifs pour l’usage des réseaux de distribution.
S’agissant des liens contractuels, l’on doit tenir compte de l’évolution du flux énergétique. Ici
quatre cas se présentent :
- pour des réseaux de distribution alimentés par des postes sources, le producteur et
le distributeur devront signer avec la SONATREL un Contrat d’Accès au Réseau de
Transport en injection et au soutirage (CART-P et CART-D) et supporter ainsi les tarifs
d’utilisation du réseau de transport ;
- pour les grands comptes dont l’alimentation en énergie électrique utilise le réseau de
distribution, ces derniers devront signer un Contrat d’Accès au Réseau de
Distribution (CARD) et supporter les tarifs d’utilisation dudit réseau ;
- les distributeurs devront dans les deux précédents cas (alimentés par la centrale ou
par les postes sources) signer un CAE avec les producteurs ;
- les clients finaux (non éligibles) devront quant à eux signer un contrat de
raccordement avec les distributeurs de leurs zones.

3 Régulation à mettre en place


La régulation à mettre en place dans le cadre du zonage que nous proposons doit tenir
compte de deux aspects majeurs. Il s’agit des dispositions régulatoires concernant les tarifs et la
norme de qualité de service, les aspects juridiques étant déjà encadrés dans la loi de 2011
régissant le secteur de l’électricité au Cameroun.

3.1 Tarification
Quatre critères principaux orienteront la conception tarifaire du réseau de distribution que
nous proposons ici. Il s’agit de :
- la couverture des coûts et la soutenabilité ;
- l’efficacité de court et de long terme (les investissements efficaces, la mise en œuvre
de gains de productivité et l’amélioration de la qualité de service) ;
- la non-discrimination et l’équité ;
- la transparence, la simplicité et la prévisibilité.
3.1.1 Expérience étrangère
Indépendamment de la méthode de régulation appliquée, le Régulateur doit définir un
revenu autorisé qui est généralement basé sur les performances passées des distributeurs de
service public au cours de l’année de base (ou de référence). L'année de base est en principe
définie comme le dernier exercice complet au moment de la procédure de révision du tarif

41
Cas des villes de Lagdo et d’Edéa (et leurs environs) alimentées directement respectivement par les auxiliaires des
centrales hydroélectriques de Lagdo (région du Nord Cameroun) et d’Edéa (région du Littoral Cameroun).
42
Article 5 de la loi n°2011/022 du 14 décembre 2011.

25
réglementaire. Dans notre cas, il s’agit de l’année 2031 qui correspond à la fin de la concession
du distributeur actuel. La situation des coûts au cours de l’année de base est donc cruciale pour
déterminer les recettes autorisées pour la période de révision tarifaire suivante.

Les méthodes pour la détermination des tarifs de distribution présentées dans le tableau 9
sont celles appliquées par les régulateurs des pays membres de la Communauté de l'énergie.
Tableau 9: Méthodologie de régulation tarifaire du réseau de distribution
N° Méthode Pays
Taux de rendement pour la fixation des tarifs Bosnie-Herzégovine, en Serbie et
1
de distribution en Ukraine
Kosovo, ARY de Macédoine,
2 Plafonnement des recettes
Monténégro et Moldavie
Combinée basée sur la méthodologie de
régulation du plafond de revenus, une
3 Géorgie
régulation incitative étant utilisée pour les
dépenses d'exploitation contrôlables
Plafonnement des prix avec objectifs
4 Albanie
d’efficacité
Source: Dalibor Muratovič, (2017) “Technical Assistance to Develop Policy
Guidelines for the Distribution Network Tariffs », P8

EURELECTRIC dans ses analyses des investissements et du cadre réglementaire dans 18 Etats
membres de l'Union Européenne a mené une enquête sur les méthodologies de régulation de la
distribution d'électricité appliquées dans ces Etats en 2014. Les résultats de cette enquête
résument les méthodes de régulation de la distribution en cinq types principaux, comme illustré
à la figure 16 ci-après.

Figure 16: Méthodes de régulation tarifaire de la distribution appliquées en Europe

Source: EURELECTRIC, Electricity Distribution Investments: What Regulatory


Framework Do We Need, p. 9

Comme le montre la figure 16, la méthode de régulation du taux de rendement pur n’est
pratiquement plus utilisée en Europe, sauf en Belgique et en Grèce.

26
Les principales faiblesses de la réglementation en matière de taux de rendement sont les
éventuelles défaillances dans la réalisation des principaux objectifs régulatoires, dans la mesure
où elles ne comportent pas d'incitation explicite à améliorer la rentabilité ou la qualité de
l'offre43. Dans le cadre de la régulation par taux de rendement, le risque de capitalisation d’OPEX
est largement observé, l’entreprise de services publics préférant le capital aux coûts
d’exploitation, générant ainsi un effet de surinvestissement.

La régulation en matière de plafonnement des revenus impose au régulateur de fixer un


revenu maximum autorisé partiellement ou totalement lié à ses coûts réglementés, qui sera
appliqué pour la fixation des prix pendant une période donnée. Cette méthode est celle
appliquée par le Régulateur camerounais pour déterminer les tarifs d’électricité depuis 2011.
Dans le cadre de la méthode de régulation, l’ARSEL a établi un indice d’inflation (généralement
l’indice des prix de détail) et un taux supposé de facteur d’efficacité productive (X), permettant
ainsi d’ajuster le revenu maximum autorisé en fonction du taux d’inflation et des gains
d’efficacité escomptés.

Le modèle réglementaire allemand repose sur l'analyse comparative d'opérateurs similaires,


où le total des recettes autorisées est la somme de trois types de coûts: inefficace, efficace et
non contrôlable. L'Espagne applique un modèle de réseau de référence en tant qu'outil de
comparaison technique pour la fixation des tarifs de distribution de l'électricité.

L’une des conclusions que l’on peut tirer est que la méthode de régulation utilisée reflète
généralement les spécificités de chaque pays en ce qui concerne la structure du système
électrique, le nombre et la taille des gestionnaires de réseau de distribution, la maturité du cadre
réglementaire et les autres caractéristiques inhérentes au pays.

Dans le cas de notre sujet, nous resterons conformes à la réglementation camerounaise en


optant pour la méthode de plafonnement des revenus et qui fixe la période de révision du tarif 44.

3.1.2 Coûts de service des distributeurs


Les coûts de service des distributeurs sont classés en tant que coûts d’investissement liés à
la valeur de la Base d’Actifs Régulés (BAR) et des coûts d’exploitation. Les coûts en capital sont la
somme des coûts d'amortissement et du rendement des actifs utilisés, tandis que les coûts
d'exploitation peuvent également inclure les coûts des pertes de réseau, ou bien les pertes
peuvent être traitées comme une catégorie de coûts séparée45.

Toutes les catégories de coûts font l’objet d’une évaluation et d’une comptabilisation
régulatoire, car seuls les coûts justifiés peuvent être approuvés et recouvrés au moyen des tarifs
de réseau.

Le total des revenus requis constitué des coûts en capital autorisés, des coûts d’exploitation
et du coût des pertes sont déduits des autres revenus du distributeur. En outre, les recettes
totales pourraient être ajustées pour tenir compte du montant des recettes excédentaires /
déficitaires de la période de réglementation précédente.

43
Dalibor Muratovič, (2017) “Technical Assistance to Develop Policy Guidelines for the Distribution Network Tariffs,
P9
44
Titre VI : Des règles tarifaires « loi 2011/022 du 14 décembre 2011 »
45
Dalibor Muratovič, (2017) “Technical Assistance to Develop Policy Guidelines for the Distribution Network Tariffs
», P11

27
3.1.2.1 Coûts du capital
a. Immobilisations corporelles, comptabilisation des immobilisations nécessaires à
l'exploitation
Dans le secteur de la distribution d'électricité, une partie importante des besoins en revenus
est liée aux coûts en capital et dépend principalement de l'évaluation du BAR par le biais de son
amortissement et de son taux de rendement (RoR).

L’amortissement et le rendement sont dérivés du BAR en appliquant les taux


d’amortissement et le taux de rendement moyen des actifs, ainsi que les dépenses en capital,
sont les dépenses d’investissement dans des actifs de réseau à longue durée de vie, tels que les
câbles souterrains, les frais généraux, les lignes électriques, etc.

Pour déterminer les revenus requis d'un distributeur, le total des coûts en capital peut être
exprimé à l'aide de l’ équation suivante46 :

b. Taux de rendement
Le taux de rendement est un élément important de la régulation des prix, sachant que la
distribution d’électricité est une activité à forte intensité de capital, avec une part importante
des coûts en capital.

Le taux de rendement devrait satisfaire aux exigences minimales données par les
investisseurs afin d’engager du capital dans une entreprise ou un projet particulier.

Le Régulateur doit déterminer un taux de rendement équitable, en vue d’évaluer le


rendement que les investisseurs de ces entreprises auraient réalisé s’ils avaient investi dans une
entreprise présentant un niveau de risque comparable. Lorsque le taux de rendement autorisé
dépasse le coût du capital, il peut arriver que l’actionnaire investisse de manière excessive dans
les actifs régulés inutiles, réalisant ainsi un profit supplémentaire sur la différence de coûts en
capital; situation connue également sous le nom d’effet Averch-Johnson47.

Pour calculer le rendement de la BAR, la méthode du Coût Moyen Pondéré du Capital (CMPC
ou WACC en Anglais) est une approche commune dans les pays européens. Elle est calculée en
tant que coût pondéré de la dette et des capitaux propres au regard de la structure du capital du
distributeur.

La détermination du CMPC peut être faite sur la base des hypothèses ci-après48 :

- sans impôt : Où :
E : fonds propres ;
( ( )) D : fonds étrangers ;
kE : coût des fonds propres ;
kD : coût des fonds étrangers ;
- en tenant compte de l'impôt : t : taux d'impôt ;
rf : taux sans risque
( ( )) βE : bêta des fonds propres
km: taux de rentabilité du portefeuille de
marché

46
Dalibor Muratovič, (2017) “Technical Assistance to Develop Policy Guidelines for the Distribution Network
Tariffs », P11
47
https://en.wikipedia.org/wiki/Averch%E2%80%93Johnson_effect
48
https://fr.wikipedia.org/wiki/Co%C3%BBt_moyen_pond%C3%A9r%C3%A9_du_capital

28
c. Amortissement
L’amortissement est un outil comptable permettant d’affecter systématiquement le coût
d’un actif aux périodes comptables au cours desquelles cet actif procure des avantages à la
société.

La méthode de l’amortissement linéaire représente l'approche éprouvée dans le secteur de


la distribution d'électricité, qui fournit des flux de trésorerie stables pour le distributeur et offre
une plus grande prévisibilité des prix pour les consommateurs finaux49.

3.1.3 Coûts d'exploitation et de maintenance (E&M)


Les coûts de fonctionnement sont généralement classés en coûts contrôlables et non
contrôlables. Les coûts non contrôlables sont les coûts que la société n'a aucune possibilité
d'influencer ou très peu50. Le Régulateur devrait traiter généralement ces coûts comme une
variable de répercussion des coûts. Les entreprises régulées doivent être protégées du risque de
leur apparition et de leur volatilité par une évaluation et un ajustement ex post supplémentaires.
L’entreprise peut influer sur les coûts contrôlables51, de sorte que le Régulateur peut décider de
l’inciter à les réduire progressivement pour atteindre un niveau d’efficacité donné.
En règle générale, le Régulateur ne doit reconnaître que les coûts pour un fonctionnement
efficace du réseau.
Les coûts d'E&M peuvent être indexés en fonction de l'inflation en appliquant l'indice des
prix à la consommation ou une autre méthode d'indexation. Le Régulateur peut appliquer un
certain nombre de méthodes pour déterminer le niveau approprié des coûts d’E&M. L’évaluation
comparative étant la méthode généralement appliquée pour évaluer le niveau d’efficacité du
distributeur et reconnaître un niveau raisonnable des coûts. Différents indicateurs des coûts
OPEX moyens peuvent être appliqués à des fins de comparaison, tels que OPEX / nombre de
connexions, OPEX / km de ligne, etc. Il convient de souligner que différentes conditions
objectives doivent être prises en compte par le Régulateur lorsqu’il autorise les coûts
raisonnables d’E&M, comme la densité du réseau, la part des câbles souterrains, l’âge du réseau,
la géographie et les conditions climatiques.

3.1.4 Coûts des pertes du réseau


Les pertes de distribution constituent une catégorie de coûts distincte par rapport aux coûts
d’E&M. Il faut noter que pour un réseau de distribution, on retrouve les pertes techniques dues
au fonctionnement des équipements du réseau (effet joule, surcharge, longueur des lignes, etc.)
et les pertes non techniques dues généralement au vol d’énergie, aux clients non facturés, aux
systèmes de comptage, etc.

a. Pertes non techniques


Lorsque le Régulateur ne reconnaît aucune des pertes non techniques, les distributeurs
peuvent rencontrer des difficultés de liquidité pouvant mener à la faillite. Bien que la

49
Dalibor Muratovič (2017) “Technical Assistance to Develop Policy Guidelines for the Distribution Network Tariffs »,
P33
50
Les différentes taxes (impôt sur le revenu, redevance, etc.), les charges des autres opérateurs (tarif d’accès au
réseau de transport) sont des exemples de coûts non contrôlables.
51
Les coûts d’exploitation contrôlés comprennent principalement le personnel (à l’exclusion des coûts de main-
d’œuvre utilisés pour la construction des installations réseau), les coûts matériels, les pertes de réseau, les services à
la clientèle (comptage, facturation, recouvrement), les créances irrécouvrables, les frais généraux, services acquis en
interne et achat de services externes (sous-traitance).

29
reconnaissance des pertes non techniques soit en contradiction explicite avec le principe de la
réflectivité des coûts, un certain niveau de pertes non techniques doit être reconnu comme une
mesure transitoire dont la période d'application est limitée.

Le Régulateur doit obliger le distributeur à réduire en permanence le niveau de pertes,


l'objectif étant d'atteindre le niveau des sociétés les plus performantes. La réduction des pertes
non techniques excessives nécessite souvent un consensus plus large et un engagement des
institutions législatives, judiciaires et répressives. Les systèmes de bonus / malus devraient
fournir des incitations économiques permettant de réduire les coûts résultant de la réduction
des pertes et, inversement d'assumer des coûts supplémentaires si les pertes sont supérieures
au niveau approuvé.

Le traitement des coûts des pertes non techniques doit être compatible avec le traitement
des revenus ultérieurs, tels que ceux générés par la suite par la consommation illicite détectée.

b. Pertes techniques
Les mesures régulatoires visant à réduire les pertes techniques doivent être orientées vers la
réalisation d'objectifs à long terme, les décisions d'investissement devant être prises sur la base
du coût du cycle de vie le plus bas, plutôt que sur la base du coût d'investissement le plus bas 52.
Ces mesures sont orientées vers les équipements du réseau de distribution à l’instar des
transformateurs de distribution, les câbles et les lignes aériennes, influençant ainsi la conception
à long terme du réseau de distribution.

Les pertes techniques en tant que problème réglementaire doivent non seulement être
comptabilisées dans les coûts de service, mais également en tenant compte de l’augmentation
des coûts en capital résultant de l’optimisation à long terme des coûts des nouveaux
investissements.

3.1.5 Autres revenus


Outre les revenus provenant des services d'utilisation du réseau (cas des grands comptes
raccordés en MT), le distributeur peut générer des revenus supplémentaires en fournissant
d'autres services aux utilisateurs du réseau. Ses revenus peuvent être classés dans les groupes
suivants :
- frais de connexion ;
- services aux consommateurs (expertise auprès des consommateurs, etc.) ;
- revenus de consommation illicite détectée (frais de coupure/remise) ;
- revenus non catégorisés.
3.2 Régulation incitative
La régulation incitative est une méthode réglementaire appliquée pour la définition des
tarifs qui implique des objectifs en termes de productivité et de performance accrues.

L'introduction des incitations dans la régulation n'est pas une nouvelle méthode de
réglementation en soi, mais plutôt un amendement aux méthodes de régulation standard
utilisées pour la régulation des prix. Il est recommandé de l’appliquer en fonction du type de
coût et des résultats de performance suivants53:

52
Dalibor Muratovič, (2017) “Technical Assistance to Develop Policy Guidelines for the Distribution Network
Tariffs », P40
53
Dalibor Muratovič, (2017) “Technical Assistance to Develop Policy Guidelines for the Distribution Network
Tariffs », P45

30
- coûts d'exploitation ;
- coûts des pertes ;
- qualité de l'offre ;
- innovation (recherche et développement).
Pour rendre les résultats de la régulation incitative plus prévisibles, le Régulateur devrait
établir des règles transparentes sur le partage des avantages entre les services publics et les
consommateurs.

L’étude menée par Dalibor Muratovič recommande aux régulateurs de prendre en compte
dans l’application de cette régulation, les dispositions indiquées dans le tableau 10 ci-après.
Tableau 10: Mesures à prendre pour la pratique de la régulation incitative dans le réseau de distribution
Régulation
Suggestions de l’étude de Dalibor Muratovič
incitative

Il est recommandé d'introduire une régulation incitative en deux étapes transitoires:


- lors de la première phase, les coûts des pertes de distribution et un système simple
d'incitation à l'innovation devraient être mis en place,
- au cours de la deuxième phase, les éléments de la réglementation incitative pour
l'efficacité opérationnelle et la qualité de l'approvisionnement devraient être incorporés.
En général Le délai entre les deux étapes devrait être suffisant pour donner plus de temps aux travaux
préparatoires nécessaires à la mise en place d'un cadre réglementaire cohérent.
Les régulateurs ne devraient permettre au distributeur de conserver les gains d'efficacité
réalisés au cours de la période de réglementation actuelle, y compris les économies de coûts
d'exploitation liées aux systèmes d'incitation et la réduction des pertes matérielles sur le
réseau.

Les exigences en matière d’efficacité ne doivent être appliquées qu’aux coûts d’exploitation
contrôlables.
Les taux d'efficacité peuvent être sous la forme d'un objectif général appliqué à tous les
distributeurs ou sous la forme d'objectifs spécifiques à une société, la combinaison d'objectifs
étant également applicable.
Efficacité Les taux d'efficacité doivent être calculés sur la base de l'analyse comparative des distributeurs
opérationnelle locaux et internationaux, en tenant compte de plusieurs variables géographiques et propres au
réseau.
La réglementation incitative devrait cesser dès que le niveau d'efficacité opérationnelle
satisfaisant est atteint, sachant que les distributeurs ne sont pas en mesure d'accroître sans
cesse l'efficacité opérationnelle et qu'à un moment donné, il n'y a plus lieu raisonnable de
leurs demander de réduire ses coûts.

Les coûts des pertes doivent être traités comme des coûts contrôlables, tandis que le niveau et
le type des incitations sont conçus en fonction de la cause et du niveau des pertes.
La comptabilisation du niveau approprié de pertes doit être basée sur la performance
historique ajustée par le facteur d'amélioration ciblé.
Pertes de Des incitations à la réduction des pertes devraient être fournies en permettant aux
distribution distributeurs de recevoir des avantages / coûts si la performance réelle est meilleure / pire que
le niveau approuvé pendant la période de réglementation, sans ajustement des revenus ex
post.
Lorsque le niveau cible de pertes est atteint, l'incitation à la réduction des pertes doit être
supprimée et toute autre mesure de réduction doit être basée sur l'analyse coûts-avantages et
la rentabilité globale de la mesure.

31
Régulation
Suggestions de l’étude de Dalibor Muratovič
incitative
Une Régulation de la qualité de service devrait être introduite parallèlement à l’application de
la régulation de l’efficacité opérationnelle.
Une Régulation de la qualité de service ne serait possible que si le taux de rendement est
correctement pris en compte et autorisé, sinon la mise en œuvre de système de sanctions
pourrait compromettre la stabilité financière du distributeur.
La méthode de régulation basée sur les performances est la méthode la plus appropriée pour
la régulation de la qualité de l’offre.
La récompense / pénalité financière peut être exprimée sous forme de pourcentage du revenu
autorisé ou du taux de rendement autorisé, avec le plafond et la valeur plancher pour
Qualité de l’ajustement monétaire.
fourniture Le principe du partage a posteriori des avantages de la qualité de la performance
d'approvisionnement entre les opérateurs de réseau et les consommateurs devrait être établi.
La régulation en matière de qualité de l’offre devrait être fondée sur les paramètres de
continuité SAIDI et SAIFI au cours de la phase initiale de mise en œuvre du système.
Des facteurs de pondération pour différents types d'interruptions doivent être définis pour les
interruptions imprévues, les interruptions planifiées et les interruptions causées par des tiers,
afin de refléter les différents coûts et responsabilités liés à chaque type.
Une fois que le niveau approprié de qualité de l'offre est atteint, tel qu'évalué par le
régulateur, la régulation incitative peut être réexaminée en ce qui concerne l'application des
objectifs d'amélioration.

Un mécanisme réglementaire spécifique pour l'innovation, la promotion de la recherche et


développement (R & D) par le biais d'un financement annuel dédié est approprié pour inciter
les distributeurs à entreprendre ces activités. Une fois que la technologie promue devient
commercialement viable et déployée en masse, elle doit être traitée comme tout autre
investissement du distributeur.
Incitation à
Les incitations à l'innovation devraient être introduites par le biais de modèles pilotes simples
l’innovation
et non coûteux dès la première phase, avec une augmentation progressive de la complexité et
de l'allocation de fonds.
Les dépenses en capital et les dépenses de fonctionnement doivent être autorisées par un
budget de R & D spécifique, tandis que toute capitalisation des coûts de R & D dans le BAR doit
être reflétée dans les revenus correspondants.
Source: Technical Assistance to Develop Policy Guidelines for the
Distribution Network Tariffs », November 2017

3.2.1 Investissements et mesures incitatives


Les Distributeurs auront besoin des investissements élevés en raison du vieillissement des
infrastructures, de la croissance inégale de la demande et de l’intégration de ressources
énergétiques distribuées en croissance rapide, du déploiement de réseaux intelligents dotés de
compteurs intelligents et d’une réglementation stricte en matière de sécurité et de qualité de
l’approvisionnement.

L’efficience productive en tant que principal objectif de réglementation peut également


s’appliquer aux investissements, dans la mesure où le service public devrait permettre d’investir
dans des actifs nouveaux et existants au coût le plus bas.

L’étude menée par Dalibor Muratovič recommande aux régulateurs pour les contrôles des
investissements des distributeurs, les mesures indiquées dans le tableau 11 ci-après.

32
Tableau 11: Mesures régulatoires pour le contrôle des investissements des distributeurs
Investissement et
Suggestions de l’étude de Dalibor Muratovič
mesures incitatives
Il est recommandé d’approuver de manière réglementaire les plans d’investissement
dans les réseaux de distribution, à condition que celui-ci fasse partie d’une entreprise
intégrée verticalement. Dans le cas contraire, une surveillance régulière des activités
Plans de de l’investissement pourrait constituer un outil régulatoire adéquat.
développement de L’attention accordée par la régulation aux résultats en termes de performances, tels
réseau que les améliorations d’efficacité, ou les objectifs liés à la sécurité
d’approvisionnement, à la continuité de l’approvisionnement et à la qualité de la
tension, est considérée comme le meilleur moyen de déterminer si un investissement
peut être traité comme tel à inclure dans le BAR.
La reprise des investissements et la stimulation des nouveaux investissements
devraient être assurés par:
- stabilité et prévisibilité du cadre réglementaire,
- taux de rendement juste des investissements,
- Possibilité d'atteindre le taux de rendement régulé.
Les modifications fréquentes et défavorables de la réglementation concernant les
mécanismes de conversion du coût en capital (BAR et CMPC), la durée de vie trop
Incitations à longue des actifs aux fins de l’amortissement, le manque de protection contre le
l'investissement risque de volume et la valorisation du coût du capital sur la base d’une analyse
comparative non comparable devraient être évités en raison de leurs effets négatifs
sur la stabilité et prévisibilité du cadre réglementaire.
Le taux de rentabilité possible doit être raisonnablement indiqué, pour éviter des
systèmes trop ambitieux et trop longs d'efficacité opérationnelle.
Le recouvrement des coûts d'investissement ainsi que l'extension et la reconstruction
du réseau devraient être assurés par une politique d'amortissement cohérente et un
taux de rendement approprié autorisé.
Les décisions d'investissement doivent être prises en respectant le coût de cycle de
vie le plus bas, en tenant compte de la somme de tous les coûts initiaux, récurrents et
non récurrents sur la durée de vie complète d'un actif.
Les critères de comptabilisation des coûts d'investissement devraient être fondés sur
les paramètres de rentabilité, de sécurité d'approvisionnement et de qualité de
l'approvisionnement, mais devraient également inclure les autres objectifs non
Évaluation régulatoire quantifiables de la politique énergétique, tels que la cohésion sociale en général et au
sein des communautés locales, la protection de l'environnement, l’efficacité
énergétique et autres objectifs de la politique énergétique.
Les critères appliqués par le régulateur pour évaluer la prudence et le caractère
raisonnable de l'investissement et les coûts correspondants doivent être connus à
l'avance et appliqués uniquement s'ils sont connus au moment où la décision
d'investissement est prise.
Source: “Technical Assistance to Develop Policy Guidelines for the Distribution
Network Tariffs”, November 2017

3.2.2 Allocation des coûts et conception des tarifs du réseau


La structure appropriée des charges pour les services de distribution ne repose
généralement pas uniquement sur les paramètres techniques et économiques des services de
distribution Mais elle prend également en compte l'acceptation sociale, les coûts administratifs,
la faisabilité de la mise en place d'un système de tarification, la protection des consommateurs à
faible revenu etc.

Comme il existe un certain nombre de principes sous-jacents à la conception des tarifs, un


compromis raisonnable est nécessaire pour des objectifs contradictoires. La règle générale est
que les tarifs facturés aux clients doivent refléter les coûts de manière à renvoyer équitablement
les coûts associés à utilisation du système. Un certain niveau de subvention croisée entre les

33
consommateurs d’une même classe est inévitable, car les mêmes tarifs sont appliqués aux
classes de consommateurs dont les profils de charge peuvent être différents.

La conception des tarifs doit être considérée comme un outil régulatoire permettant
d’influencer les décisions d’investissement concernant l’efficacité énergétique, de répondre à la
demande et de promouvoir la production décentralisée.

La répartition des coûts est le processus de nomenclature des coûts des distributeurs entre
les classes de consommateurs et au sein de celles-ci. Trois méthodes principales sont utilisées
pour la répartition des coûts notamment les coûts «marginaux», les coûts «différentiels» et les
coûts «intégrés»54.

Les coûts totaux des distributeurs doivent être répartis sur les classes des consommateurs
en fonction des données suivantes pour chaque classe:
- le nombre de consommateurs ;
- les quantités d'électricité consommées ;
- les quantités de demande de pointe (somme annuelle des valeurs mensuelles) ;
- la contribution de la classe de consommateurs à la demande de pointe du système.
Le distributeur devrait être obligé d'allouer tous les coûts d'exploitation aux niveaux de la
tension correspondante dans la mesure du possible. Plusieurs possibilités d’allocation des coûts
entre les utilisateurs raccordés existent à différents niveaux de tension. En effet, les clients
raccordés en basse tension utilisent tous les réseaux, tandis que les clients raccordés à des
niveaux de tension plus élevés n’utilisent qu’une partie du réseau.

Par exemple, la méthode d’allocation des coûts en cascade permet d’identifier les coûts
générés à chaque niveau de tension généralement en fonction des flux (cf. figure 17). Les coûts
associés à chaque niveau de tension sont normalement alloués entre :
- les consommateurs connectés à ce niveau ;
- les niveaux aval de tension.
Poste source
Centrale de
production

Réseau 30 kV

Pertes réseaux Clients MT ou Transformation


MT (30 kV) Eligibles (30 kV) MT/MT

Pertes
transformateurs

Réseau 15 kV

Transformation
de distribution
Pertes réseaux MT MT/BT
(15 kV) Clients MT ou Pertes
Eligibles (15 kV) transformateurs

Réseau 380/220 V

Pertes réseaux BT Clients BT


résidentiels ou
non résidentiels

Figure 17: Exemple de répartition des coûts en cascade


Source : Schéma construit en s’inspirant du modèle du régulateur Espagnol

54
Dalibor Muratovič, (2017) “Technical Assistance to Develop Policy Guidelines for the Distribution Network
Tariffs », P69

34
S’agissant de l’allocation des coûts et de la conception des tarifs, nous nous rapportons à
l’étude de Dalibor Muratovič. Celle-ci recommande aux régulateurs les mesures indiquées dans
le tableau 12 ci-après.
Tableau 12: Mesures pour l'allocation des coûts et de la conception des tarifs
Allocation des
Suggestions de l’étude de Dalibor Muratovič
coûts
Le modèle de régulation optimale des prix est considéré comme un mélange cohérent des
méthodes de régulation les plus appropriées appliquées à une catégorie de coûts spécifique,
notamment :
- les coûts en capital sont régulés à l'aide de la méthode de régulation du taux de
rendement (coût majoré) ;
- les coûts d'exploitation contrôlables sont réglementés à l'aide de la méthode de régulation
Modèle de du plafond de revenu avec des incitations à l'efficacité. La méthode de régulation de la
régulation mesure de la limite est la méthode la plus couramment appliquée pour définir les objectifs
générale et d’efficacité des services publics ;
période - les coûts d'exploitation non contrôlables ne font pas l'objet d'une régulation incitative et
d’ajustement des sont simplement répercutés sur les consommateurs.
tarifs - les coûts des pertes de distribution sont établis en fonction des performances passées des
distributeurs et des objectifs d’incitation définis individuellement.
- le bonus / malus relatif à la qualité de l’approvisionnement est défini en appliquant le
critère de performance.
La durée de la période de réglementation devrait être suffisante pour permettre au service public
régulé d’atteindre les objectifs d’efficacité fixés et de tirer ainsi des avantages jusqu’à la prochaine
période de fixation des tarifs.

Les tarifs d'utilisation du réseau et les tarifs de connexion doivent être traités ensemble, car le
niveau des tarifs de connexion influe directement sur les revenus du distributeur récupérés via les
tarifs d'utilisation du réseau.
Répartition des
La part des coûts de développement du réseau à recouvrer via les frais de connexion devrait être
coûts de
raisonnable; sur des charges excessives et déraisonnablement basses devraient être évitées.
développement
La contribution des consommateurs aux coûts globaux de développement du réseau devrait être
du réseau, des
fournie au moyen des frais de connexion variables, en fonction de la capacité souscrite.
termes et des
Un nouvel utilisateur de réseau ne peut être facturé que pour une fraction des coûts de mise à
conditions de
niveau du réseau existants, proportionnellement à sa contribution marginale à la capacité de
connexion
l'installation de réseau mise à niveau.
Il est recommandé de normaliser les frais de connexion liés à chaque installation de connexion en
fonction de certaines catégories de consommateurs, du moins pour les consommateurs connectés
au réseau basse tension.

En raison des contraintes imposées par des considérations pratiques (infrastructure de comptage,
systèmes de facturation, acceptation sociale, par exemple), la granularité des tarifs d’utilisation du
réseau doit être limitée.
La conception des tarifs doit être flexible pour adapter les tarifs du réseau à l'évolution de
l'environnement, donner plus de confiance aux opérateurs de réseau en ce qui concerne le
Classification des
recouvrement des coûts et équilibrer les conflits d'intérêts des distributeurs et des utilisateurs
composants de
potentiels connectés.
coûts et
Le recouvrement des coûts fixes du distributeur devrait être basé sur la part bien équilibrée des
conception
revenus à percevoir via la solution hybride appliquant des redevances fixes, volumétriques et à la
tarifaire
demande.
Il est recommandé d’appliquer des tarifs de réseau géographiquement uniformes, à condition que
le système de compensation inter-distributeur soit réalisable sur les plans administratif et
économique.
La facture d'électricité doit être facile à comprendre et sa structure doit être aussi simple dans les
cas où le nombre de composantes tarifaires, de taxes et des impôts, etc.
Source: Technical Assistance to Develop Policy Guidelines for the Distribution
Network Tariffs », November 2017, P69

35
3.2.3 Péréquation tarifaire
Compte tenu du fait que la nature des consommateurs d’électricité et les usages de
l’électricité diffèrent en fonction de leur localisation (réseau de distribution à forte densité (zone
urbaine) ou non (zone rurale) de clients), il est suggéré de procéder à une péréquation tarifaire.

Si la péréquation tarifaire est appliquée entre les distributeurs, il faudra mettre en place un
mécanisme spécifique de compensation entre ceux-ci afin de régler la différence résultant de
l’application de cette politique à la place des tarifs spécifiques à chaque distributeur.

3.2.4 Normes de qualité de service

3.2.5 Normes de qualité de service technique


Les entreprises de distribution doivent fournir aux clients un approvisionnement fiable en
électricité en planifiant, en construisant et en entretenant des réseaux afin d’éviter les pannes
mais également en intervenant promptement quand elles se produisent.

Pour les entreprises de distribution, il peut être difficile de fournir un approvisionnement


fiable aux clients pour les raisons suivantes:
- les caractéristiques des réseaux de distribution. Les réseaux de distribution sont
constitués de nombreux composants physiques d'âge et de condition variables et
s'étendant souvent sur de grandes distances.
- les environnements dans lesquels ils opèrent. Certains réseaux de distribution fournissent
de l'électricité aux clients dans des environnements difficiles soumis aux intempéries. Le
vent, la foudre, les oiseaux, les possums, les voitures et le contact avec les arbres peuvent
affecter les lignes aériennes. La densité de la clientèle dans différentes zones a également
une incidence sur la fiabilité (les zones rurales étant plus susceptibles de connaître des
interruptions plus longues).

Le Cameroun a opté depuis 2006 pour la définition d’un indicateur relatif à la disponibilité de
la fourniture d’énergie électrique aux consommateurs. Ainsi, la disponibilité du service fourni aux
Clients sur l’ensemble du périmètre concédé devra être conforme à la norme suivante55 :

Où : - « t » désigne l’année de référence ;


- ENFt est l’énergie Basse Tension ou Moyenne Tension non fournie
pendant l’année t, mesurée en GWh ;
- NENFt est la norme d’énergie Basse ou Moyenne Tension non fournie
de l’année t, en GWh.

La norme est fixée annuellement sur la base de la formule suivante : 0,5% x EV où EV est
l’énergie vendue aux Clients BT comme MT pendant l’année considérée.
Lorsque cet objectif d’ENF, l’ARSEL applique une incitation contractuelle dont le montant
vient en diminution du revenu maximum autorisé de l’année N+1. Cette incitation reste
toutefois plafonner à un montant de 1,5% du chiffre d’affaires de l’opérateur au cours de l’année
de référence.

55
Article 14.2 de l’arrêté N°013/MINEE du 26 janvier 2009 portant approbation du Règlement du Service de
distribution publique d’électricité de la société AES-SONEL

36
L’exploitation du journal national des interruptions fourni par l’opérateur, montre que cet
indicateur de disponibilité, pris sur le plan national, ne reflète pas ce que vivent les
consommateurs surtout ceux des zones rurales et péri-urbaines. En effet, les consommateurs de
ces zones peuvent rester plusieurs jours sans fourniture d’énergie électrique sans avoir un
impact sur l’indicateur qui a été mis en place.

Au niveau international, les indicateurs les plus utilisés par les régulateurs pour mesurer les
résultats de la fiabilité des réseaux de distribution sont :
- l’indice de durée moyenne des interruptions du système (ou system average
interruption duration index : SAIDI) qui correspond au nombre total de minutes qu'un
client peut s'attendre à perdre sans électricité pendant une période donnée,
généralement une année ;
- l’indice de fréquence d'interruption moyenne du système (ou system average
interruption frequency index : SAIFI) qui correspond au nombre de fois dans l'année
qu'un client peut s'attendre à subir une interruption ;
- l’indice de durée moyenne des interruptions client (ou customer average interruption
duration index : CAIDI) qui correspond au temps moyen qu'un client peut attendre
avant de voir son offre restaurée après une interruption ;
- l’indice de fréquence d'interruption moyenne momentanée (ou momentary average
interruption frequency index : MAIFI) qui correspond au nombre d'interruptions
momentanées d'une durée inférieure à une minute qu'un client peut s'attendre à
subir au cours d'une année.
Dans le cadre de notre travail sur le zonage de la distribution, nous proposons d’orienter
l’indicateur de disponibilité de fourniture ENF vers les indicateurs comme le SAIDI et le SAIFI. Au
vu de la configuration actuelle des réseaux de distribution (vétusté, surcharge des
transformateurs et des lignes, réseau en antenne, non maîtrise des charges, etc.), ces indicateurs
sont mieux adaptés pour renvoyer un signal au Régulateur.

a. Sur le SAIDI
i. Pour le calcul
Le SAIDI est calculé en additionnant la durée totale de chaque interruption client et en le
divisant par le nombre total de clients. Des index distincts peuvent être calculés pour les
interruptions planifiées et non planifiées.

Le SAIDI est déterminé sur la base de la formule ci-après56 :


Les types d'interruptions doivent être définis pour les interruptions imprévues, les
interruptions planifiées et les interruptions causées par des tiers, afin de refléter les différents
coûts et responsabilités liés à chaque type.

Le calcul du SAIDI doit se faire sur les cas suivants :


- la zone urbaine ;
- les localités alimentées par Centrale Isolée (CI) ;
- les localités alimentées par extension du réseau interconnecté dont la longueur de la
ligne est inférieure ou égale à 50 km à partir du poste source ;

56
https://en.wikipedia.org/wiki/SAIDI

37
- les localités alimentées par extension du réseau interconnecté dont la longueur de la
ligne est supérieure à 50 km à partir du poste source.
L’objectif recherché est de pouvoir présenter la situation réelle des indicateurs de la fiabilité
du réseau de distribution en fonction de sa configuration actuelle. Pour les centrales isolées
ayant plus de deux départs MT, le SAIDI est déterminé sur la formule appliquée dans un poste
source.

 Concernant la zone urbaine


Le SAIDI devra être calculé pour chaque départ d’un poste source ayant subi une interruption
de fourniture d’énergie électrique (programmé ou non) en utilisant le nombre total de client sur
ce départ comme base de calcul et non le nombre total des clients desservis par ledit poste
source.
Exemple 1
D1

D2
Départ en défaut


Dn

Où :
- NT est le nombre total de clients desservis par le départ
D2 du poste source ;
- Ni est le nombre de clients qui a subi l’interruption de
fourniture de l’énergie électrique ;
- Ti est le temps (durée) de l’interruption avant la reprise
de tous les clients sur le départ D2.

 Concernant les localités alimentées par les centrales isolées


Le SAIDI devra tenir compte du nombre de clients desservis par la centrale et du nombre de
clients raccordés aux différents postes de transformation impactés.

Exemple 2
TFO1

~ TFO2

Ligne en défaut
Où :
- NT est le nombre total de clients desservis par la
centrale isolée ;
- Ni est le nombre de clients qui a subi l’interruption de
fourniture de l’énergie électrique ;
- Ti est le temps (durée) de l’interruption avant la reprise
de tous les clients par la centrale.

 Concernant les localités alimentées par extension du réseau interconnecté dont la


longueur L≥ 50 km ou L ≤ 50 km à partir du poste source

38
Le SAIDI sera déterminé conformément à la formule de calcul, utilisée dans les zones
urbaines, développée précédemment.

ii.Pour l’incitation contractuelle


S’agissant des incitations contractuelles pour non-respect du seuil (norme) de SAIDI, nous
suggérons après simulation la formule suivante (inspirée de celle présentée à l’article 9.1.2.2 du
cahier des charges du contrat de concession de distribution et de vente signé en 2001 pour le
calcul des pénalités des ENF).

Où P représente l’incitation contractuelle


t : désigne l’année de référence
VSAIDIt : est la valeur de la durée d’interruption pendant l’année en FCFA par minute
ième
après la 3 minute de l’interruption
VSAIDIt : est égale à 1 500 000 FCFA/minute indexé sur l’indice harmonisé des prix à
la consommation au Cameroun
SAIDIt est la valeur du SAIDI (en minutes) atteint au cours de l’année t
NSAIDIt est le seuil (norme) du SAIDI (en minutes) autorisé par le Régulateur pour
l’année t

iii. Pour le seuil du SAIDI


Le régulateur devra définir des valeurs du seuil du SAIDI pour chaque cas présenté ci-dessus.
Ceci peut être fait par benchmark auprès des différents forums des Régulateurs de l’électricité.
b. Sur le SAIFI
SAIFI est calculé en divisant le nombre total d'interruptions entre clients par le nombre total
de clients. Des index distincts peuvent être calculés pour les interruptions planifiées et non
planifiées. SAIFI ne devrait généralement ???pas les interruptions «momentanées» d'une durée
inférieure à une minute.

Le SAIFI est déterminé à partir de la formule suivante57 :


La démarche proposée pour le SAIDI reste applicable pour le SAIFI.


i. Pour l’incitation contractuelle
S’agissant des incitations contractuelles pour non-respect du seuil (norme) de SAIFI, la
proposition après simulation de la formule suivante (inspirée de celle présentée à l’article 9.1.2.2
du cahier des charges du contrat de concession de distribution et de vente signé en 2001 pour le
calcul des pénalités des ENF).

Où P : représente l’incitation contractuelle


t : désigne l’année de référence
VSAIFIt : est la valeur d’une interruption pendant l’année en FCFA
VSAIFIt : est égale à 1 000 000 FCFA indexé sur l’indice harmonisé des prix à la
consommation au Cameroun
SAIFIt est la valeur du SAIFI atteint au cours de l’année t
NSAIFIt est le seuil (norme) du SAIFI autorisé par le Régulateur pour l’année t

57
https://en.wikipedia.org/wiki/SAIFI

39
De ce qui précède, nous proposons que le montant des pénalités pour les indicateurs de
fourniture d’énergie électrique au cours d’une année soit la somme des pénalités liées au SAIDI
et SAIFI.

3.2.6 Normes de qualité de service commercial


Les relations contractuelles entre les distributeurs et leurs clients (droits et obligations des
parties) doivent être encadrées par un texte règlementaire. Les dispositions de ce texte
règlementaire devront être identiques pour tous les distributeurs à l’instar de l’arrêté
N°013/MINEE du 26 janvier 2009 portant approbation du Règlement du Service de distribution
publique d’électricité.

4 Recrutement des distributeurs et exploitation des réseaux


A l’issue de la mise en place de tout ce qui précède, les distributeurs peuvent être recrutés
conformément aux dispositions suivantes :
- article 14 alinéa 1 de la loi de 2011 régissant le secteur de l’électricité qui stipulent
que : « Les opérateurs des centrales électriques, ainsi que les opérateurs des activités
de gestion du réseau de transport, de transport et de distribution, sont sélectionnés
par voie d'appel d'offres selon une procédure définie par voie réglementaire » ;
- section iv « des procédures d’octroi et de renouvellement des concessions et des
autorisations de transport et/ou de distribution » du décret n°2012/2806/PM du 24
septembre 2012 portant application de certaines dispositions de la loi n°2011/022 du
14 décembre 2011 régissant le secteur de l’électricité au Cameroun.
Une fois, le processus de recrutement et de signature des contrats de concession de
distribution terminé, les entreprises retenues commenceront l’exploitation des réseaux de
distribution sous la supervision et le contrôle de l’ARSEL.

40
CONCLUSION GENERALE
Au terme de cette étude, il faut noter d’après les enseignements tirés des expériences du
Ghana et du Nigéria, et de certains pays européens, que la mise en œuvre de la volonté du
Gouvernement camerounais de découper le segment de distribution actuel de l’électricité passe
par plusieurs étapes.

Tout commence par la maîtrise de l’état des lieux de tout le segment de distribution, la
définition du modèle de marché d’électricité et la régulation à mettre en place. Une fois ces
étapes achevées, la dernière étape consiste au recrutement des distributeurs (par processus
d’appel d’offres) dont le nombre dépendra de la volonté du Gouvernement pour les périmètres à
définir.

Sur l’état des lieux, l’important de connaître les ouvrages existant et leur niveau de
performance a été démontrée. Tout passe par des études pour chaque réseau de distribution
dont les résultats aboutiront à la détermination des différentes immobilisations qui serviront
pour la détermination de la base tarifaire de chaque réseau de distribution.

En ce qui concerne le modèle de marché, un modèle a été proposé dans cette étude en
s’inspirant de celui du Nigéria et du Ghana, mais également du modèle de concurrence aux
marchés de gros. Sur le modèle proposé, les réseaux de distribution peuvent être alimentés soit
par des centrales isolées, soit par des postes sources. Pour chaque cas, le distributeur devra
signer un contrat d’achat d’énergie avec les producteurs et un contrat d’accès au réseau de
transport avec le gestionnaire du réseau de transport pour ce qui est des postes sources. Compte
tenu de la taille de la population camerounaise dans les villes, il a été suggéré que le distributeur
assure les fonctions de gestion du réseau de distribution et la commercialisation de l’énergie
électrique.

S’agissant de la régulation à mettre en place, elle doit permettre d’assurer l’équilibre


économique et financier de ce segment et à la préservation des conditions économiques
nécessaires à la viabilité de celui-ci. Dans cette partie, plusieurs recommandations et mesures à
prendre ont été formulées à l’endroit du Régulateur camerounais en ce qui concerne l’allocation
des coûts, la répartition des coûts, les coûts des pertes réseaux, les coûts d’exploitation et de
maintenance, etc. Afin de permettre aux distributeurs d’être performant, il a été démontré la
nécessité de mettre en place une régulation incitative. A ce sujet, des propositions sur de
nouveaux indicateurs de performance et des incitations contractuelles y afférentes ont été
développés. Tenant compte de la nature des réseaux et les types de consommateurs (réseau de
distribution à forte densité (ou non) de clients), il a été suggéré de procéder à une péréquation
tarifaire entre les distributeurs. Toutefois, le mécanisme reste à définir.

Pour maîtriser les charges actuelles du réseau de distribution, de la gestion du réseau de


distribution et de la commercialisation de l’énergie électrique, il est recommandé au
Gouvernement de maîtriser la comptabilité de ce segment. A cet effet, il est nécessaire dans le
cadre de la prolongation jusqu’en 2031 du contrat de concession de l’opérateur actuel de lui
imposer la filialisation des activités de production et de distribution.

41
LISTE DES ABRÉVIATIONS ET SIGLES UTILISÉS
AFRIR : Association pour la Formation dans les Industries de Réseau
ARSEL : Agence de Régulation du Secteur de l’Electricité
BADGE – RDE : BILAN D’APTITUDE DELIVRE PAR LES GRANDES – RÉGULATION DE L’ÉNERGIE
BAR: Base d’Actifs Régulés
BT : Basse Tension
CAE : Contrat d’Achat d’Energie ou Power Purchase Agreement : PPA, en anglais
CAIDI : Customer Average Interruption Duration Index
CARD : Contrat d’Accès au Réseau de Distribution
CART-D : Contrat d’Accès au Réseau de Transport – Distributeur
CART-P : Contrat d’Accès au Réseau de Transport –Producteur
CMPC : Coût Moyen Pondéré du Capital
DPDC: Dibamba Power Development Company
DSCE : Document de Stratégie pour la Croissance et l’Emploi
ECG: Electricity Company of Ghana
Eneo: Energy of Cameroon
GWh: GigaWatt/heure
EDC : Electricité Du Cameroun
ENELCAM : Energie Electrique du Cameroun
ENF : Energie Basse Tension ou Moyenne Tension Non fournie
E&M : Exploitation et Maintenance
EV : Energie Vendue
KPDC: Kribi Power Development Company
kV: kilo Volt
MAIFI : Momentary Average Interruption Frequency Index
MT: Moyenne Tension
MW: MegaWatt
NBET: Nigerian Bulk Electricity Trading Plc
NEDCo: Northern Electricity Distribution Company
NENF : Norme Energie Basse ou Moyenne Tension Non Fournie
NEPA: National Electric Power Authority
PHCN: Power Holding Company of Nigeria
PIE : Producteur Indépendant d’Electricité
POWERCAM : Cameroon Electricity Corporation
RIN : Réseau Interconnecté Nord
RIS : Réseau Interconnecté Sud
R & D : Recherche et Développement
SAIDI : System Average Interruption Duration Index
SAIFI: System Average Interruption Frequency Index
SONEL : Société Nationale d’Electricité
SONATREL : Société Nationale de Transport de l’Electricité

I
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES

1. Anton Eberhard et Al (2016), Independent Power Projects in Sub-Saharan Africa, P91


2. Arrêté N°013/MINEE du 26 janvier 2009 portant approbation du Règlement du Service de
distribution publique d’électricité de la société AES-SONEL, Art 14.2
3. Cahier des charges au contrat cadre de concession et de licence de AES SONEL (2001) ; Art 2.1
4. Dalibor Muratovič, (2017) “Technical Assistance to Develop Policy Guidelines for the Distribution
Network Tariffs », P9; P11; P33; P40; P45; P69
5. Eneo (2018), Programme d’investissement Eneo 2018 -2022, P12
6. Jamasb 2002: 1–2; Gratwick and Eberhard 2008b
7. Loi n°2011/022 du 14 décembre 2011 régissant le secteur de l’électricité au Cameroun ; Art 5 ; Art
23 ; Art72
8. MINEE (2015), Situation Energétique du Cameroun, P24 ; P28 ; P49
9. MINEE (2012), Etude évolution du périmètre de concession d’AES-SONEL, P39
10. Nigeria Road Map For Power Sector Reform, August 2010
11. Power sector reform in Ghana: the untold story, January 2001, P7
12. S. Hunt & G. Shuttleworth, John Wiley (1996) “Competition & choice in electricity”, P45
13. World Bank 2014; PTFP 2015
14. https://eneocameroon.cm/index.php/fr/l-entreprise-a-propos-d-eneo-l-entreprise/l-entreprise-
notre-notre-histoire/l-entreprise-notre-notre-historique-historique-de-l-electricite-au-cameroun
15. www.projetmemveele.org
16. www.nachtigal-hpp.com
17. http://www.ecgonline.info/index.php/about-the-power-sector-in-ghana.html
18. http://nedco.com.gh/index.php
19. http://www.energymin.gov.gh/sector-overview
20. https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9seau_%C3%A9lectrique
21. https://en.wikipedia.org/wiki/Averch%E2%80%93Johnson_effect
22. https://fr.wikipedia.org/wiki/Co%C3%BBt_moyen_pond%C3%A9r%C3%A9_du_capital
23. https://en.wikipedia.org/wiki/SAIDI
24. https://en.wikipedia.org/wiki/SAIFI

II
ANNEXES

Annexe 1 _ l’appel à manifestation d’intérêt N°002/AAMI/SPM/DIMP du 4 décembre 2017

Annexe 2 _ Rôles des Acteurs du secteur de l’électricité au Cameroun

Annexe 3 _ Grilles tarifaires appliquées au Cameroun depuis 2002

III
Annexe 1 _ l’appel à manifestation d’intérêt N°002/AAMI/SPM/DIMP du 4
décembre 2017

IV
V
Annexe 2 _ Rôles des Acteurs du secteur de l’électricité au Cameroun
Tableau: Acteurs du secteur de l’électricité au Cameroun
Institutions Fonctions/rôles
Concevoir les modalités de mise en œuvre de la politique du
MINEE (Ministère de l’Eau et de l’Energie) Gouvernement dans les domaines de l'énergie et des ressources en
eau, appliquer cette politique et suivre son exécution
Instituée dans la loi de 1998 et reprise dans la loi de 2011 régissant le
secteur de l’électricité au Cameroun, elle est créée par le décret
ARSEL (Agence de Régulation du Secteur
présidentiel N° 99/125 du 15 juin 1999. Elle assure la régulation, le
de Electricité)
contrôle et le suivi des activités des opérateurs du secteur de
l'électricité, la protection des intérêts des consommateurs
Créée par le décret n° 98/022 du 24 Décembre 1998 et par décret
99/193 du 08 septembre 1999, elle devient un établissement Public
AER (Agence d’Electrification Rurale) Administratif, doté de la personnalité juridique, et de l'autonomie
financière. Elle assure la promotion et le développement
l'électrification rurale sur l'ensemble du territoire national
Créée par le décret n° 2006/406 du 29 Novembre 2006. Elle assure la
gestion, pour le compte de l’Etat, du patrimoine public dans le secteur
de l’électricité ; étudier, préparer ou réaliser de tout projet
EDC (Electricity Development Corporation)
d’infrastructure dans le secteur de l’électricité qui lui est confié par
l’Etat ; participer à la promotion et au développement des
investissements publics et privés dans le secteur de l’électricité
C’est le concessionnaire qui par décret n°2015/454 du 08 octobre 2015
SONATREL (Société Nationale de Transport
est en charge de la gestion du réseau de transport et de la gestion des
d’Electricité)
flux d’électricité
C’est le concessionnaire qui remplace l’ancien AES SONEL depuis le
ENEO-Cameroun mois de juin 2014 qui exerce dans les segments de la production et de
la distribution d’énergie électrique
C’est une entité, filiale du groupe ACTIS et dans laquelle l’Etat du
KPDC (Kribi Power Cameroun est actionnaire à 44%. Elle assure l’exploitation de la
Developement centrale thermique à gaz de Kribi dont la puissance installée est de
Corporation) 216MW et dont le projet d’extension à 330 MW est en cours

C’est une entité filiale du groupe ACTIS dont 44% des actions sont
DPDC (Dibamba détenues par l’Etat camerounais. Elle assure l’exploitation de la
Power Development centrale thermique à fioul lourd de Dibamba pour une puissance
Corporation) installée de 88 MW
Les producteurs C’est une société à capital public créée par décret n°2010/328 du 18
indépendants octobre 2010 et ayant l’Etat camerounais comme actionnaire à 100%.
HYDROMEKIN C’est l’opérateur en charge de la maitrise d’ouvrage et l’exploitation
future du barrage hydroélectrique de Mékin dont la puissance installée
sera de 15 MW
C’est l’organe en charge de la mise en place et de la gestion du projet
Projet MEMVE’ELE hydroélectrique de MEMVE’ELE dont la puissance installée sera de 201
MW. Toutefois, l’entité institutionnelle n’a pas encore été définie
NHPC (Nachtigal C’est l’organe en charge de la mise en place et de la gestion du projet
Hydro Power hydroélectrique de Nachtigal dont la puissance installée sera de 420
Company) MW. Toutefois, l’entité institutionnelle n’a pas encore été définie

VI
Annexe 3 _ Grilles tarifaires appliquées au Cameroun depuis 2002
Tableau: Tarifs hors taxes appliqués à l'éclairage public et aux clients BT de 2002 à 2017
Tarif (FCFA/kWh)
58
Consommation (C) en kWh 2003 - 2007
59
2002 juil. à janv. à 2008-2010 2011 2012
Déc. juin
Eclairage public C 33,6 40 46,5 55 55 66
0 ≤ C ≤ 50 50
50 50 50 50
51 ≤ C ≤ 110
60 67
Usage 111 ≤ C ≤ 200
70 70 79
domestique 201 ≤ C ≤ 400
60
401 ≤ C ≤ 800 65 75 80 80 94
800 ≤ C 85 85 99
Prime fixe
0 2000 0 0 0
(FCFA/kW)
0 ≤ C ≤ 50
50 75 75 84
51 ≤ C ≤ 110 63 68

Autres usages 111 ≤ C ≤ 180


80 80 92
180 ≤ C ≤ 400
401 ≤ C ≤ 800 60
55 60 85 85
800 ≤ C ≤ 1000 99
1000 ≤ C 92 92
Source : Décisions tarifaires ARSEL

Tableau: Tarifs hors taxes appliqués aux clients MT (Régime Général) de 2002 à 2012
2003-2007
Période de la
Composante Heure cons. 2002 juil. à janv. 2008 - 2011 2012
journée
Déc. à juin

0 à 200H 2500
Prime fixe
201 à 400H 9125 3500 3700
(FCFA/kW) 4200
≥ 400H
23 à 18 H 43 53,75 52 70
0 à 200 H 40,5
18 à 23 H 54 67,5 70 85
23 à 18 H 40 50 50 65
201 à 325H 37
18 à 23 H 49 61,25 70 85
Taux proportionnel 23 à 18 H 40 50 50 65
326 à 400 H 33,5
(FCFA/kWh) 18 à 23 H 49 61,25 70 85
23 à 18 H 40 50 48 60
400 à 450 H 33,5
18 à 23 H 49 61,25 70 85
Au-delà de 23 à 18 H 40 50 48 60
31,2
450H 18 à 23 H 49 61,25 70 85

Source : Décisions tarifaires ARSEL

58 Il était appliqué au cours de cette période, une tarification saisonnière (saison sèche, saison pluvieuse)
59 En 2010, l’opérateur AES SONEL avait procédé à une augmentation unilatérale de tarif d’électricité sans autorisation du
Régulateur. L’Etat du Cameroun s’y étant opposé à cette augmentation a supporté par système de compensation sur chaque
facture des clients jusqu’à la publication de la décision tarifaire de l’ARSEL en mai 2012.

VII
Tableau: tarifs hors taxe appliqués en régime zone franche industrielles et des points francs industriels
2002 2003-2007

Heure Heure Période de Tarifs


Composante Tarifs Composante
consommation consommation la journée Juil. à Déc. Janv. à juin
0 à 3,900H 15,612 0 à 200H 2500
Prime fixe 3,901 à 5400H 10,870 Prime fixe
Au-delà de
(FCFA/kW) 5401H à 6600H 5,437 (FCFA/kW) 4200
200H
Au-delà de 6601H 0 23 à 18H 30 37,50
0 à 200h 23,10 Tarif 0 à 200h
Tarif 18 à 23H 35 43,75
201H à 325H 20,79 proportionnel
proportionnel Au-delà de 23 à 18H 25 31,25
326H à 450H 16,17 (FCFA/kWh)
(FCFA/kWh) 200H 18 à 23H 32 40
Au-delà de 450H 11,55
2008 – 2011 et depuis 2012
Heure Période de Tarifs
Composante
consommation la journée 2008-2011 2012
Prime fixe
3500 3700
(FCFA/kW)
23 à 18H 40 70
0 à 200h
18 à 23H 70 85
Tarif 23 à 18H 35 65
proportionnel 201 à 400H
18 à 23H 70 85
(FCFA/kWh)
Au-delà de 23 à 18H 30 60
400H 18 à 23H 70 85
Source : Décisions tarifaires ARSEL

VIII

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