L'héritage Des Ténèbres

Chapitre 1 : L'Arrivée à Oakhaven

Le vent hurlait à travers les cols des Carpates, un chant lugubre qui semblait porter les échos d'un passé immémorial. Jonathan Harker, jeune cartographe au service de la Société Géographique Royale, serra plus fort son manteau de laine, tentant en vain de repousser le froid mordant qui s'infiltrait jusqu'à ses os. Le crépuscule tombait, drapant les sommets enneigés d'une teinte violette menaçante, et le chemin de terre, déjà malaisé, devenait presque invisible sous la pénombre grandissante. Son cœur battait la chamade, non seulement à cause du froid et de l'altitude, mais aussi d'une appréhension grandissante qui s'était immiscée en lui depuis qu'il avait quitté la civilisation.

Sa mission officielle était de documenter les anciennes légendes locales et de cartographier les ruines médiévales disséminées dans cette région reculée de Transylvanie. Une tâche qui, sur le papier, semblait fascinante et pleine de promesses. Mais à mesure qu'il s'enfonçait dans ces terres oubliées, l'enthousiasme initial cédait la place à un sentiment d'isolement et d'étrangeté. Les rares villages qu'il avait traversés étaient silencieux, leurs habitants aux visages burinés le dévisageant avec une méfiance palpable, leurs yeux sombres semblant cacher des secrets ancestraux. Ils parlaient à voix basse, dans un dialecte guttural qu'il comprenait à peine, de créatures nocturnes et de disparitions inexpliquées, des murmures qui glissaient comme des ombres dans l'air glacial.

Le cocher, un homme massif et taciturne dont le visage était dissimulé sous un chapeau à larges bords, n'avait pas prononcé un mot depuis des heures. Ses mains noueuses tenaient fermement les rênes, guidant les chevaux à travers les sentiers escarpés avec une connaissance intime du terrain. Jonathan avait tenté d'engager la conversation à plusieurs reprises, mais n'avait reçu en réponse que des grognements inintelligibles ou des hochements de tête. Le silence était pesant, rompu seulement par le cliquetis des harnais et le souffle rauque des chevaux. Parfois, il apercevait des symboles étranges, gravés sur les portes des granges ou peints sur les murs des maisons, des motifs complexes qui ressemblaient à des protections contre un mal indicible. Il avait essayé de les dessiner dans son carnet, mais le mouvement constant de la calèche rendait la tâche impossible.

Alors que la nuit enveloppait complètement le paysage, un son distinct perça le silence : un hurlement lointain, long et plaintif, qui fit frissonner Jonathan jusqu'à la moelle. Ce n'était pas le cri d'un animal sauvage ordinaire, mais quelque chose de plus profond, de plus primitif, chargé d'une mélancolie et d'une sauvagerie qui lui glaça le sang. Le cocher ne réagit pas, comme s'il était habitué à ce genre de sons, mais Jonathan sentit une nouvelle vague d'appréhension l'envahir. Il était loin de Londres, loin de Mina, loin de tout ce qui lui était familier et sûr. Il était entré dans un monde où les légendes prenaient vie, où l'obscurité cachait des horreurs inimaginables. Et il ne savait pas encore à quel point cette vérité allait le consumer.

Chapitre 2 : Le Manoir Isolé

Après ce hurlement glaçant, le cocher avait fouetté les chevaux avec une vigueur renouvelée, comme s'il cherchait à échapper à une présence invisible. La calèche cahotait violemment sur le chemin de plus en plus étroit et escarpé, et Jonathan s'accrochait de toutes ses forces pour ne pas être projeté hors de son siège. Les arbres, sombres et