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Le dernier vol de Maguie
Le dernier vol de Maguie
Le dernier vol de Maguie
Livre électronique166 pages1 heure

Le dernier vol de Maguie

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À propos de ce livre électronique

Lors d’un vol de convoyage, Michel Lambert se souvient de sa jeunesse de pilote de chasse pendant la Seconde Guerre mondiale, où il rencontra Maguie, l’amour de sa vie, et où il abattit un pilote allemand qui l’avait épargné. Le remords de cet acte le ronge. L’avion s’écrase, et Lambert se réveille dans un hôpital étrange, dans un pays où l’argent et les conflits n’existent plus. L’infirmière qui le soigne ressemble à Maguie, décédée durant la guerre. Il découvre bientôt que cette société « idéale » repose sur des modifications génétiques, alors que le chaos règne en dehors des villes protégées. Mais ce monde parfait cache-t-il une vérité bien plus sombre ?

À PROPOS DE L'AUTEUR

Christian Blanchard, ancien mécanicien avion dans l’armée de l’air dans les années 70, puis technicien radio et commerçant en électronique et informatique, est actuellement pilote privé, secrétaire et webmaster de l’aéro-club de Montluçon. Passionné d’aviation, il vole dès que ses moyens le lui permettent. Son récit, "Le dernier vol de Maguie", écrit dans sa jeunesse, nous est aujourd’hui présenté avec une vision élargie, transcendant l’aéronautique pour plonger dans l’univers dystopique.
LangueFrançais
ÉditeurLe Lys Bleu Éditions
Date de sortie8 juil. 2025
ISBN9791042271817
Le dernier vol de Maguie

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    Aperçu du livre

    Le dernier vol de Maguie - Christian Blanchard

    Première partie

    Voler…

    D’un pas assuré, l’homme s’approche, méfiant,

    Caresse l’hélice polie d’un geste lent,

    Puis semble s’adonner à un rite étrange

    Dont amour et défiance sont le mélange.

    De la machine assoupie, sa main volage

    Épouse chaque profil ou carénage.

    Il s’installe, et déjà le ciel est dans ses yeux.

    Le métal s’éveille, et le vent dans ses cheveux,

    Lui prodigue une merveilleuse caresse :

    Celle de la liberté ; comme une promesse !

    Enfin, la gorge un peu sèche, il s’élance

    Et s’arrache à la terre de toute sa puissance.

    Quittant à tire-d’aile le gris de la vie,

    Il grimpe, plein d’espoir, vers l’azur infini,

    Vers cette trouée éclairant un village :

    Comme le regard de dieu perçant les nuages.

    La lumière divine de la vérité,

    L’aveugle soudain de toute sa clarté !

    Le pilote et l’avion ne font plus qu’un oiseau,

    Et tout lui semble en place dans son cerveau :

    Le ballet des aiguilles confirme ses sens.

    Voler… il savoure en riant cette chance,

    Et se jette sur des montagnes de vapeur

    Qu’il esquive au rythme rapide de son cœur.

    Montluçon, avril 1993

    Chapitre 1

    Lambert s’éveille soudain, le cœur battant, étouffant dans un souffle le cri d’horreur qu’il poussait en rêve. Encore ce maudit cauchemar, de flammes, de peur et de sang ; ça n’en finira donc jamais…

    Il est en sueur, les yeux hagards, l’air hébété. Doucement, la réalité s’insinue en lui ; les sons de l’extérieur lui parviennent peu à peu.

    Cette nuit d’été est étouffante et, au loin, l’orage gronde. On ne sait s’il s’approche ou s’éloigne, semblant vouloir prendre la ville dans un étau. Les éclairs illuminent brièvement le visage de Lambert qui devient effrayant. Il se lève, se sert à boire, puis allume une cigarette.

    Ce soir-là, comme souvent, il avait retardé le moment où il devrait aller se coucher. Était-ce la peur de rater quelque chose, de perdre en sommeil stérile un peu de cette vie qui s’en allait (il avait dépassé les soixante ans) ou bien tout bonnement la crainte d’affronter à nouveau ce cauchemar ? Il n’aurait pu le dire. Il avait simplement ressenti ce grand vide qui souvent l’habitait, la nuit venue.

    Il s’allonge et tire une longue bouffée de sa cigarette. Un grondement amical emplit la chambre et vient le tirer de sa léthargie. Par sa fenêtre, il aperçoit les feux d’un avion, et le vieux pilote ne peut s’empêcher d’avoir une pensée pour l’équipage qui doit affronter cette météo difficile, même si de nos jours l’électronique…

    Soudain, la porte claque, et la fenêtre s’ouvre en grand, laissant entrer un grand souffle d’air chaud et humide.

    Le grain se rapproche, se dit-il, scrutant le ciel d’un air soucieux, j’espère que la météo ne s’est pas plantée : ils ont prévu une accalmie pour la matinée.

    Le vol prévu pour le lendemain occupe un instant son esprit : il se remémore les caps, les balises, et surtout les terrains possibles pour un déroutement. Il sait par expérience qu’un vol sans problèmes est un vol bien préparé et il a toujours appliqué ce principe avec minutie.

    Ce vol lui tient particulièrement à cœur, car il doit le mener à Saint Brieux, sa ville natale ; il se fait une joie de serrer dans ses bras Jeanne, sa sœur cadette, qu’il n’a pas vue depuis deux ans. Pensant à la petite jeannette, complice de son enfance, il s’apaise et se rendort. Rendez-vous était pris à l’aérodrome de Saint-Brieuc, le lendemain à quinze heures.

    L’orage de nouveau semble s’éloigner et une pluie bienfaisante rafraîchit l’atmosphère.

    Chapitre 2

    Le soleil vient à peine d’envahir l’horizon, et l’aérodrome d’Aulnat est silencieux. Michel Lambert et Tony Lopez, chargés de gros sacs, se dirigent à grands pas sur le tarmac, vers un vieux bimoteur, anachronique dans cet univers moderne.

    Ils parlent bas, comme on le fait toujours à l’aube, craignant de réveiller ceux qui dorment encore.

    Malgré son âge, l’appareil, un M.D.312 « Flamant », étincelle sous le soleil de juillet, les flammes de tissu rouge indiquant les sécurités se balançant doucement sous la brise matinale. Sa silhouette démodée, bien qu’un peu pataude, reste très élégante.

    Arrivés à quelques mètres, les deux hommes, clignant des yeux, détaillent l’ensemble de la machine d’un regard méfiant. Par la porte arrière, déjà ouverte, ils jettent leur sac. Avisant les jambes qui dépassent du compartiment de train principal gauche, Lambert, s’exclame :

    — Salut, Jean, tout est O.K. pour toi ?

    Jean, une lampe de poche à la main, s’accroupit et sort en évitant avec souplesse le piège de la trappe de train. Son visage détendu et son sourire rayonnant suffisent à Lambert pour comprendre que tout est en ordre.

    — Je crois qu’il va en faire une bonne, dit Lambert, regardant le ciel.

    — S’il fait aussi chaud qu’hier, ça ne va pas être du gâteau, lui répond Tony.

    — Qu’est-ce qu’ils disent à la météo ?

    — Ils prévoient l’arrivée d’un front sur la Bretagne vers neuf heures T.U ; à part ça, c’est bon.

    — Bon, alors faut pas traîner si on veut arriver avant son passage.

    Les deux hommes se séparent : Lopez monte à bord pendant que Lambert s’occupe de la visite pré-vol.

    Après avoir consciencieusement fait le tour de l’appareil, vérifiant tout, ouvrant même les capots des deux moteurs Renault cachant douze cylindres en V, il s’arc-boute sur une pale d’hélice pour brasser la mécanique et évacuer l’huile qui stagne dans les têtes de cylindres. Il passe plusieurs compressions, s’essouffle très vite, et doit se reposer un instant sur le nez de l’avion. Sur celui-ci un prénom peint en rouge vif se détache : « MAGUIE ».

    Jean arrive en riant.

    — Laisse faire les jeunes. À soixante ans on ne devrait plus piloter que des jets ! Je vais brasser le droit, va.

    Un sourire un peu triste éclaire un instant le visage de Lambert. La tête de Tony apparaît à la glace latérale du cockpit.

    — Allez, les gars, faut y aller !

    Lambert s’installe en place gauche. Déjà, Tony, son vieux compagnon, a mis les contacts et les gyroscopes tournent bruyamment. Des voyants s’allument çà et là à mesure que Maguie prend vie.

    Dieu qu’il aime cette atmosphère, ces bruits familiers avant que les deux Renault de 600 chevaux ne déchaînent leur fureur, cette odeur mêlée d’huile, de liquide hydraulique, et celle du cuir éculé des sièges ! C’est comme une drogue ; tant qu’il aura un souffle de vie, il volera.

    Injections, magnétos sur 1+2, un peu de gaz, hélice au petit pas, démarreur. Ces gestes, si souvent répétés, qui sont comme les prémices de l’amour !

    L’hélice gauche tourne lentement, semble hésiter, puis un hoquet de fumée noire apparaît à l’échappement, suivi d’une grande flamme, aussitôt soufflée. Le bruit, chaotique au départ, devient régulier. Maguie vibre et son aile gauche frémit de plaisir sous le vent de l’hélice.

    Le moteur droit, démarré, est mis au ralenti, afin que Jean puisse ouvrir la porte soumise à la tempête pour monter à bord : Maguie est réveillée !

    — Fox Bravo Lima, bonjour !

    — Bravo Lima, bonjour.

    — Pour un vol de présentation au meeting de Saint-Brieuc, consignes de roulage.

    — La 27 en service, le vent du 230 quatre nœuds, QNH¹ mille vingt-cinq. Rappelez point d’attente.

    Maguie roule sur le taxiway. Quel destin que le sien ! Après de nombreuses années de loyaux services dans l’armée de l’air comme bonne à tout faire, la voici promue au rang d’artiste. Achetée et restaurée par une poignée de passionnés réunis en association, elle est classée avion de collection et présentée en meeting comme faisant partie du patrimoine aéronautique national. On aurait les cocardes enflées pour bien moins !

    Le « Flamant » arrivé au point d’attente, les deux pilotes entament une longue litanie où Lambert semble répondre aux questions de Tony par un geste ou une affirmation : la sacro-sainte « check-list » où il est question de température et de pression d’huile, de pression admission, de tours de moteur, etc. Tout est en ordre.

    — Bravo Lima, au point d’attente pour s’aligner.

    — Bravo Lima, vous êtes autorisé à décoller. Le vent du 230 cinq nœuds. Rappelez sortie de zone. Pas de trafic à vous signaler.

    Lambert aligne avec soin l’appareil sur la ligne blanche médiane et contemple un instant ce ruban de béton de trois kilomètres qui s’étire devant lui. Une rampe de lancement vers l’azur, pense-t-il en déchaînant la furie de ses 1200 chevaux à pleine admission. Tout à bord se met à vibrer dans un bruit d’enfer ; l’accélération, tout d’abord modérée, pousse maintenant le dos des pilotes au fond de leurs sièges. Insensiblement les cahots s’estompent et, tout à coup, Maguie semble s’asseoir sur ses longues ailes. Elle hésite un peu, cherchant ses marques, puis, décidée, grimpe vers son domaine : le ciel. Lambert manœuvre une manette sur le tableau de bord : trois lampes rouges s’allument.

    — Train rentré, confirme Lopez.

    Clermont-Ferrand s’étale maintenant sous l’appareil, alors que devant eux, le Puy-de-Dôme semble les défier. La visibilité est exceptionnelle : sur la droite, la vallée de la Limagne s’étend à perte de vue, tandis qu’à gauche, le relief tourmenté des monts d’Auvergne barre l’horizon.

    — Bravo Lima, sortie de zone pour quitter.

    — Bravo Lima, sept heures trente-quatre au revoir monsieur.

    Chapitre 3

    Le « Flamant », parvenu à son altitude de croisière, file sur son cap à 270 kilomètres à l’heure. La charge de travail ayant diminué, c’est l’instant où l’équipage se détend : le lent défilement du sol de

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