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L’envers de la psyché
L’envers de la psyché
L’envers de la psyché
Livre électronique241 pages3 heures

L’envers de la psyché

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À propos de ce livre électronique

Récit introspectif, "L’envers de la psyché" explore les méandres de l’âme humaine à travers les confessions d’une femme aux désirs inavoués. Cet ouvrage dévoile une quête de soi marquée par des souvenirs d’enfance, des expériences formatrices et des relations complexes. Entre tourments internes, recherche de liberté et acceptation de soi, ce voyage littéraire interroge les normes sociales et les tabous avec une sincérité saisissante. Un portrait fascinant d’une femme en quête de son identité profonde, où s’entrelacent sensualité, résistance et vérité.

 À PROPOS DE L'AUTEUR 

Patrick Mas, frappé par une leucémie et après la perte de l’usage de ses jambes, a transformé l’adversité en une force créative remarquable. Son entrée dans le monde de l’écriture débute grâce à Marche à côté de moi, une autobiographie traitant de la résilience et de l’amour. Fort de cette expérience, il décide de prolonger l’aventure littéraire à travers un roman audacieux où il s’affranchit des frontières pour aborder des sujets impénétrables.
LangueFrançais
ÉditeurLe Lys Bleu Éditions
Date de sortie28 janv. 2025
ISBN9791042253790
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    Aperçu du livre

    L’envers de la psyché - Patrick Mas

    Chapitre 1

    Je viens de fêter mes 50 ans et j’aime le sexe.

    Il va tout de même falloir me décider à l’avouer. Depuis toute petite, je garde ce secret en moi. À l’époque, je n’en avais pas vraiment conscience. Mais force est de constater que j’ai eu très tôt une libido active. C’est le moins que l’on puisse dire.

    Je suis assise en bout de table, entourée de ma famille, de mon fils et de mes proches. Ils sont tous là pour fêter avec moi ce passage à la dizaine supplémentaire. Bien que séparés, mes parents ont fait l’effort de s’asseoir à la même table. Il y a aussi mon fils de quinze ans, ma sœur, son mari et leurs deux enfants et, pour finir le tour de table, mon oncle et ma tante. Seul manque à l’appel mon frère, parti encore une fois quelque part, je ne sais où.

    Je les regarde sans les voir et ne les écoute pas malgré l’enchevêtrement des discussions. Je leur souris naturellement, mais je suis ailleurs. J’entends que l’on se prépare en cuisine. Je devine la suite. On va demander le silence, lumières éteintes, et ma petite nièce va porter le gâteau orné de bougies en essayant de ne pas tomber. Depuis ce matin, elle nous emmerde et pique des colères, car elle veut à tout prix porter des chaussures avec un semblant de talon. Sa mère, ma sœur, a beau lui expliquer qu’il faut un temps d’adaptation et qu’elle risque de tomber et de se faire mal à la cheville, rien n’y fait. Sans me départir de mon sourire, je la regarde, hésitante, avancer vers moi en tenant le gâteau des deux mains. Si seulement elle pouvait se ratatiner la tronche ! Ça mettrait un peu d’ambiance. Entre les pleurs de la môme, les remontrances de ma frangine, les rires de mon neveu et le « je m’en foutisme » de mon beauf, on trouverait bien une excuse avec mon oncle adoré pour ouvrir une bonne bouteille de whisky pur malt et faire passer le tout. On laissera à ma tante le soin de tout nettoyer et d’expliquer que « ce n’est pas grave, la pôv’ petite quand même, elle n’a pas fait exprès ». Mon père en profitera discrètement pour lire un éventuel message de sa nouvelle conquête sur son portable et ma mère, impassible dans un coin, ne pensera qu’à elle, comme toujours !

    Mon oncle, lui, est mon idole depuis ma plus tendre enfance. Petite, je venais me réfugier auprès de lui. Il a sur moi ce regard protecteur que je n’ai jamais retrouvé ailleurs.

    Nous sommes semblables.

    Nous faisons semblant.

    Mon oncle n’est pas particulièrement beau, pas spécialement fort ou grand. Mais pour moi, il est tout cela à la fois. Il commence à perdre ses cheveux devenus blancs. Son visage buriné par les années garde ce teint hâlé. Commandant à la retraite de la marine marchande, il a parcouru toutes les mers du globe à bord de porte-conteneurs. C’est un taiseux. Il a cette force dans le regard pour communiquer sans parler. Je ne l’ai jamais entendu faire plus de cinq phrases. Causer, ce n’est pas son truc. Il laisse cela à ma tante. Je suis certaine qu’il n’est pas toujours resté du bon côté de la loi. Il a su faire sa vie et ses petites affaires en toute discrétion et en parfaite intelligence. Rien de vraiment ostentatoire, mais il revenait de certains voyages avec une bonne dose de beurre à mettre dans les épinards.

    Il avait toujours un cadeau pour moi. Il évitait les poupées ou autres jouets de fille, car il savait que j’exécrais tout cela. Il me ramenait son plus beau trésor ; ses histoires ! C’étaient les seules fois où il prenait plaisir à parler. Personne n’aurait pu interférer quand nous nous retrouvions tous les deux et qu’il commençait à me raconter son voyage, les pays où il avait accosté, les villes visitées. Et surtout les rencontres qu’il avait pu faire. Il savait trouver les mots pour me faire rêver, pour que je puisse m’évader de ce monde d’enfants qui m’ennuyait royalement. Je m’endormais au son de sa voix.

    Chacun de ses départs était un déchirement. Je ne pleurais pas. D’ailleurs, ai-je pleuré un jour ?

    J’étais simplement triste, mais je savais qu’il reviendrait bientôt avec de nouvelles aventures à me raconter. Alors je passais mon temps à l’attendre. Je vivotais tranquillement entre l’école et les engueulades quotidiennes de mes parents.

    Aujourd’hui, mon oncle est à la retraite. Il n’en est pas devenu plus bavard pour autant. Ma tante assure toujours ce rôle avec talent. Fini les tours du monde, mais il garde contact avec la mer.

    Il a son bateau. Ils ne sont pas nombreux, ceux qui peuvent se vanter d’être montés à bord. Ma tante a eu cette occasion le premier jour quand il en a fait l’acquisition. De toute façon, elle n’aime pas la mer. Ça arrange tout le monde. Je pense que si leur couple a tenu aussi longtemps, c’est justement parce qu’ils ont créé chacun leur monde parallèle. Un couple à l’ancienne comme on n’en fait plus. Ils s’aiment, j’en suis certaine. S’il arrivait quelque chose à l’un d’entre eux, l’autre ne s’en remettrait pas. Mais n’allez pas chercher de la tendresse chez eux. Leur amour est ailleurs. Si différents séparément, quand on les additionne, ils ne font qu’un !

    Moi je suis souvent montée sur son bateau. Il n’est pas très grand, mais on peut facilement se sentir à l’aise.

    Le navire est doté d’une cabine avec un coin popote et une petite couchette. Tout ce qu’il faut pour être pépère. Je ne compte plus les sorties ensemble. Par mer calme ou agitée, nous affrontions ensemble les humeurs changeantes de « Mare Nostrum », notre mer, la Méditerranée. En marin d’expérience, il savait se méfier de l’eau qui dort. Certes, nous ne nous frottions pas aux quarantièmes rugissants, mais le passage du cap Creus qui sépare le golfe du Lion au nord du golfe de Rosas au sud n’est pas tous les jours une partie de plaisir. Je n’avais pas peur. J’étais avec l’homme le plus fort du monde. C’est sur ce bateau qu’il m’a appris à pêcher, mais aussi à plonger avec une bouteille.

    Quand il était loin, commandant d’un cargo de trente mille tonnes, j’aimais venir me réfugier seule sur son bateau. Je me cachais dans la cabine et je me ressourçais. Il y avait là l’odeur de son éternel parfum, « L’Instant » de Guerlain, seul signe luxueux chez lui, mélangé à l’odeur de son cigare.

    C’étaient les rares moments où je me sentais bien.

    Quand nos deux verres se sont entrechoqués pour trinquer à notre complicité, il y avait encore une belle ambiance dans la maison. Entre-temps, nous nous étions servi le meilleur whisky de sa collection. En silence, côte à côte, nous regardions le spectacle proposé avec une délectation complice.

    Car ce qui devait arriver arriva. La petite présomptueuse de douze ans, perchée sur ses petits escarpins aux talons de six centimètres, venait effectivement de se ratatiner. Et en beauté ! Si elle savait, cette petite sotte, comment je pouvais me mouvoir avec facilité en soirée sur des Stilettos. Du coup, ma tante, sainte femme, avait réussi à reconstituer un semblant de gâteau qui avait fini sa traversée de la pièce dans les mains de ma sœur parce que « ça suffit les bêtises à la fin, OK ? ». Ma nièce chouinait dans son coin. Mon neveu et mon fils étaient collés sur leurs tablettes, le son allumé, mon père à son téléphone en mode vibreur et ma mère à son miroir avec son rouge à lèvres. Seul mon beauf entretenait un semblant de discussion avec ma mère qui n’écoutait pas. De son côté, sa femme lui rappelait qu’elle avait autre chose à faire entre sa fille et ce « putain de gâteau » d’anniversaire. Ma tante, elle, acquiesçait sans savoir pourquoi.

    Un beau repas d’anniversaire comme on les aime !

    Le temps d’un instant, je replongeais dans mes tourments. Et si je profitais de ce beau capharnaüm pour enfin avouer celle que je suis vraiment ?

    J’aime le sexe !

    Trois mots si simples à écrire, mais si impossibles à dire.

    J’imagine à peu près les réactions de mon tour de table. Ma mère prendrait quelques secondes pour relever la tête avant de remettre son rouge à lèvres. Mon père poserait son téléphone en se disant qu’enfin, un de ses trois enfants lui ressemble. Ma tante ferait le signe de croix et partirait attaquer la vaisselle dans la cuisine pendant que mon beauf me regarderait différemment, le petit vicelard. Ma sœur tiendrait sa vengeance. Elle, la jalouse qui a mal vécu sa laideur opposée à ma beauté, se dirait qu’il fallait bien que je cache une horreur derrière ce vernis si parfait. Les deux garçons resteraient toujours plongés dans leurs jeux, ma nièce se frotterait son genou égratigné en ne comprenant pas tout et mon oncle me regarderait avec ses yeux verts et je comprendrais qu’il le savait déjà. Qu’il l’avait toujours su.

    Mais pourquoi je n’y arrive pas ?

    Ce n’est pas difficile à dire, pourtant : « Voilà, j’aime le sexe. »

    Tant d’amis homos ont su franchir le pas du coming-out. Pourquoi pas moi ?

    Ce n’est pas une maladie honteuse, encore moins une tare. Ce n’est pas de ma faute si, dès mon plus jeune âge, j’ai ressenti l’envie du plaisir. Cependant, j’ai très peur du regard des autres. Je sais que pour une grande majorité, je passe pour « la dévergondée » et j’éprouve les plus grandes difficultés à accepter ce jugement que l’on me porte. Si l’on en croit des psychanalystes de renom, la sexualité démarre quand on est bébé. Donc je ne suis pas folle. Je ne suis pas anormale. J’ai simplement une libido « légèrement » au-dessus de la moyenne. À cinquante ans passés de quelques heures, je peux enfin me lâcher, non ? Et si je le faisais à la mode Michel Sardou en parodiant son fameux « Mes chers parents je vole » ?

    « Mes chers parents, je baise !

    Je ne vous l’ai jamais dit,

    Mais je baise !

    Votre fille aime le sexe,

    Je ne cherche ni excuse ni prétexte,

    Je vous aime, mais je baise. »

    Cela amuserait mon oncle. Même s’il ne sourit jamais, son regard aurait pétillé.

    Et si je commençais par raconter une bonne histoire coquine pour détendre l’atmosphère ?

    Non, je respecte trop ma tante pour la froisser.

    Je pense, tout bien réfléchi, que je vais prendre une part de gâteau et que je reporterai mes aveux à mes cinquante et un ans !

    Chapitre 2

    Je suis une soumise.

    Je pense que je l’ai toujours été. Aussi loin que je puisse remonter dans ma mémoire, je n’ai pas de souvenir de moi prenant l’initiative. J’ai toujours été, comme le dit la définition, docile et obéissante. Une petite fille modèle en somme.

    Je suis l’enfant du milieu, coincée entre ma sœur et mon petit frère. L’enfant du milieu, c’est celui qui morfle !

    Après avoir eu ma sœur, mes parents ont décidé d’avoir un deuxième enfant. Un garçon, bien évidemment. Le fameux « choix de la Reine ». Si cela ne dérangeait pas mon père d’avoir une autre fille, ma mère, elle, voulait un fils. Celui qu’elle élèverait au rang d’homme de la famille et qui pourrait, enfin, remplacer sa mauviette de mari.

    Manque de bol, c’est Bibi qui a pointé son joli minois.

    Je crois que ma mère ne me l’a jamais pardonné.

    Quand, quatre ans plus tard, son fils est né, elle a définitivement abandonné le peu d’attention qu’elle me portait. Jusque-là, elle faisait le minimum syndical. Prenant la posture parfaite quand il y avait du monde et me posant dans un coin une fois que nous étions seules.

    Comment mes parents ont-ils pu faire trois enfants ?

    J’imagine que ma mère a pris sur elle en attendant qu’il se décide à lui donner un fils.

    D’ailleurs, peu de temps après sa majorité, le couple a explosé. Au peu d’intérêt qu’ils se portaient l’un l’autre, on a plutôt eu droit à un pétard mouillé.

    Il n’y a pas eu de cris, de jets de vaisselle et de portes qui claquent. Chacun a poursuivi son chemin de son côté sans haine ni mauvais ressentiment. Il ne pouvait en être autrement. Pendant toutes ces années de vie commune, les engueulades laissaient place à de longues périodes de silence. Il n’y avait plus rien entre eux, sauf peut-être du dégoût du côté de ma mère.

    Ils s’étaient connus sur les bancs de la fac de droit. Lui passait le temps sans trop savoir ce qu’il allait faire de sa vie, elle voulait être une grande avocate pénaliste. Elle était née à Perpignan, lui venait de la montagne, du haut Conflent très exactement. Rien ne les prédisposait à une rencontre. Il avait fallu qu’un ami commun organise une sortie de groupe avec une balade en montagne pour les rapprocher. La citadine, qui avait troqué ses escarpins pour des baskets, partie à la conquête du massif du Madrès, était toute contente d’obtenir l’aide de ce jeune homme gaillard et un peu rustre, qui l’avait aidée lors de cette sortie estudiantine. Parmi les différentes randonnées existantes, l’organisateur n’avait pas choisi la plus difficile. Au programme de la journée, il y avait « le sentier des cinq sens » depuis le col de Jau. Un parcours facile d’environ sept kilomètres depuis le village de Mosset. En un peu plus de trois heures, l’affaire serait bouclée et l’on pourrait profiter du coin avec un bon pique-nique.

    Plusieurs fois, elle se surprit à attraper le bras de son compagnon de marche. Pas trop rompue à cet exercice. La marche, elle n’était pas contre, mais en ville et pour le shopping avec le peu de copines qu’elle avait.

    Lui, en revanche, connaissait les moindres recoins de ces balades en Conflent. Encore enfant, il accompagnait son grand-père à la cueillette des fameux Coscolls que les ignares appellent trop communément l’Angélique sauvage. Tout jeune, il avait appris à ne pas les confondre avec l’Aconit napel, une plante mortelle pour l’homme. Il fallait mériter son bien quand on cherchait le Coscoll et surtout éviter les vipères. Son aïeul était un expert et il lui avait enseigné tout son savoir.

    De retour dans la maison familiale, il n’était pas peu fier de montrer à sa grand-mère adorée le résultat de sa sortie. À lui la délicieuse salade de jeunes pousses ! À lui surtout, en cachette, une petite goutte de la liqueur de Coscolls préparée dans la grange par les hommes de la famille.

    « Une boisson d’hommes », comme aurait dit Lino Ventura dans la scène culte de la cuisine des « Tontons flingueurs ».

    De ses trois enfants, j’étais celle qui aimait l’accompagner. Nous partagions ce même goût de la marche silencieuse. Côte à côte, on avançait dans les chemins rocailleux. Il prenait juste le temps de m’apprendre à son tour les leçons enregistrées de mon arrière-grand-père.

    Je pense que ma mère avait, le jour de cette sortie, été séduite par la simplicité de mon père. Elle n’avait pas été insensible non plus à la beauté de cet homme. Athlétique, grand, les yeux et les cheveux noirs, le teint bruni par le soleil de la montagne, il dégageait une puissance naturelle. Quand elle avait dû prendre son bras pour ne pas tomber, elle avait deviné qu’elle pourrait s’appuyer dessus en toute confiance.

    Elle, la Perpignanaise issue d’une famille bourgeoise. Fille unique d’un avocat fiscaliste et d’une mère au foyer. Elle avait grandi, couvée par un père envahissant et une mère attentive. Une scolarité normale, un bac obtenu avec mention assez bien et la voilà assise sur les bancs de la fac pour suivre les pas de son père. Avec une petite différence : elle délaisserait les chiffres pour les grands effets de manche. Un jour, elle en était convaincue, les étudiants de dernière année viendraient envahir la salle d’audience pour écouter sa plaidoirie. Maître du barreau, voilà sa destinée !

    L’excursion en Conflent des deux tourtereaux avait donné suite à de multiples rendez-vous.

    L’histoire avait commencé par un verre à la cafèt’ de la fac, puis des petits restaurants aux menus abordables, pour finir en sorties ciné. Parcours on

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