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LA PAIX DU GUERRIER
LA PAIX DU GUERRIER
LA PAIX DU GUERRIER
Livre électronique507 pages6 heures

LA PAIX DU GUERRIER

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À propos de ce livre électronique

Quelle voie Jeffren empruntera-t-il concernant ses habiletés d’eayin ? Développera-t-il ses compétences de combattant afin de protéger son maître, Djône et ses amis ?

Qui est cette ombre qui a pris sa forme humaine et pourquoi ce nécromancien poursuit-il Jeffren et ses amis ?

Quel sera le dénouement de la légende de Cerlann ?

Lisez la conclusion de l’histoire de Jeffren et Belan dans ce troisième volume de la série Chants et légendes d’Artiyan : La paix du guerrier.
LangueFrançais
ÉditeurLes Éditions de l'Apothéose
Date de sortie25 oct. 2024
ISBN9782897759827
LA PAIX DU GUERRIER
Auteur

Stéphane Jalbert

Auteur et conférencier, Stéphane Jalbert offre à ses clients une approche différente : celle d’accéder à leurs propres réponses à travers une voie qui unit spiritualité et psychologie. Il souhaite ainsi permettre au génie qui réside en chacun de nous de s’exprimer librement. Cette philosophie de vie, qu’il applique lui-même, est le fruit de plus de trente années d’études, d’observations et d’expérimentations.

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    Aperçu du livre

    LA PAIX DU GUERRIER - Stéphane Jalbert

    La paix du guerrier

    Stéphane Jalbert

    Conception de la page couverture : © Les Éditions de l’Apothéose

    Illustration et conception de la page couverture : DaZ

    Sauf à des fins de citation, toute reproduction, par quelque procédé que ce soit, est interdite sans l’autorisation écrite de l’auteur ou de l’éditeur.

    Distributeur : Distribulivre  

    www.distribulivre.com  

    Tél. : 1-450-887-2182

    Télécopieur : 1-450-915-2224

    © Les Éditions de l’Apothéose

    Lanoraie (Québec)  J0K 1E0

    Canada

    apotheose@bell.net

    www.leseditionsdelapotheose.com

    Dépôt légal — Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2024

    Dépôt légal — Bibliothèque et Archives Canada, 2024

    ISBN : 978-2-89775-942-1

    ISBN EPUB : 978-2-89775-892-7

    Imprimé au Canada

    Je tiens à remercier mes enfants :

    Krystof, Audrey, Léonie et Nicolas.

    Votre soutien m’a été précieux.

    Merci aussi à mes lecteurs et lectrices.

    Sans vous, ce projet n’aurait aucun sens !

    Une image contenant texte, dessin, carte, croquis Description générée automatiquementUne image contenant dessin, carte, texte, croquis Description générée automatiquement

    Nécromancien

    Une des spécialités qu’un de nos moines tenait absolument à étudier et à répertorier était celle de la nécromancie. Notre frère démontrait une véritable fascination pour la mort et tout ce qui entoure l’ultime mystère.

    Après de longs mois de recherches, celui-ci trouva une école où cet art était enseigné, bien que peu d’élèves montrent un intérêt pour cette discipline inquiétante.

    Ceux-ci se dévouent habituellement à Velnia, le maître des mondes souterrains. Rares sont les individus qui prient ce Dieu des ténèbres, mais ceux qui le font semblent posséder un courage hors du commun. En effet, le simple fait de mentionner le nom de cette divinité éveille en nous une incommensurable crainte. Si bien qu’une douzaine des plus braves d’entre nous ont dû se relayer afin de rédiger ce texte dans l’intention de ne pas succomber à la terreur qu’il nous inspire.

    Grâce aux recherches de frère Mortimer, nous avons enfin confirmé ce que nous soupçonnions au sujet des hommes et des femmes qui pratiquent la nécromancie. Contrairement à de rarissimes soigneurs qui détiennent une puissance extraordinaire, les nécromanciens n’ont pas le pouvoir de ressusciter les morts. Ils utilisent plutôt les enveloppes charnelles selon leurs dessins en manipulant celles-ci un peu comme s’ils maniaient des marionnettes. La quantité de cadavres que les nécromanciens peuvent contrôler dépend de leur puissance.

    La nature de ce qu’ils animent peut varier. En effet, il leur est possible de se servir de toute race possédant un certain niveau de conscience, en partant du plus petit animal jusqu’à un être humain.

    Afin d’acquérir ce type de pouvoir, il est nécessaire à un disciple de la nécromancie de passer le voile de la mort puis de revenir à la vie. Le processus est extrêmement long et ardu, mais en vaut le prix, selon le maître que frère Mortimer a rencontré. Effectivement, les nécromanciens sont des gens qui ne craignent plus le trépas !

    Voilà tout ce que nous avons tiré sur ce sujet. Frère Mortimer est rentré en état avancé de décomposition avec ses découvertes plusieurs mois après son départ. Nous avons dû réunir les plus forts d’entre nous afin de contenir cette enveloppe charnelle et de l’enfermer dans une cage dans les sous-sols de notre temple. Peu d’entre nous sont maintenant capables de trouver la paix du sommeil depuis cet incident, à cause de l’odeur qui provient de là et de ses gémissements incessants.

    Nous avons tenté de mettre fin au tourment de notre frère sans succès.

    C’est afin d’honorer ce qui reste de notre confrère et dans le but de vous prier de ne pas vous approcher de ces êtres terrifiants que nous publions ce texte.

    Extrait de l’Encyclopedia Artiyana

    Le chasseur chassé

    Déjà, le mâle alpha d’une petite meute de loups donnait ses instructions pour attaquer le groupe d’humains qui passait dans leur territoire. Cette journée en serait une bonne, car chacun allait pouvoir se nourrir à sa faim.

    Puis, une centaine de rats arriva sur le groupe de canidés sauvages. Un jeune mâle et trois femelles fuirent à temps pour éviter de faire partie du massacre. La meute survivrait après tout. De la quinzaine de membres, il ne restait plus que l’alpha que le maître des rats pourrait utiliser, les autres qui n’avaient pu déguerpir à point et ceux qui s’étaient défendus en vain, avaient tous étés entièrement dévorés.

    L’étrange et inquiétant groupe de poursuivants était maintenant composé d’un loup et d’un peu plus de quatre-vingts rats.

    Keltrash

    Quelques heures s’étaient écoulées depuis que le groupe avait quitté Otrok. Le soleil se trouvait à mi-chemin entre son lever et le moment où il serait à son plus haut dans le ciel.

    Pendant que Jeffren pratiquait les interminables exercices au luth que lui imposait son maître, Fiendie discutait avec le chef d’une caravane qui se dirigeait vers le village.

    — Je suppose que vous allez à Otrok ? demanda-t-elle.

    — En effet. Comme nous avons pris du retard et que nous ne voulons pas rater plus d’opportunités de vendre notre marchandise, je vous prie de vous écarter de notre chemin, répondit le commerçant qui n’aimait pas cette interruption.

    — Je vous conseille de faire demi-tour. Il n’y a rien à Otrok pour vous, insista la guerrière.

    — Laissez-nous passer ! répliqua le marchand, impatient.

    Fiendie regarda le convoi s’éloigner. Il n’y a rien que je puisse faire. Ils vont bien constater que j’avais raison, se dit-elle afin de se convaincre qu’elle ne pouvait pas décider pour eux.

    Un artisan exprima le désir de rebrousser chemin. C’était un vieil homme qui avait profité de la compagnie d’autres voyageurs pour effectuer le trajet depuis son domaine. Craignant pour sa sécurité, celui-ci préférait partager la route avec plusieurs personnes et évitait à tout prix de se déplacer seul. Il insista auprès des six compagnons qui se trouvaient devant lui.

    — Je me nomme Keltrash. Je déteste me montrer aussi direct, mais auriez-vous l’amabilité de m’escorter jusque chez moi ? Il me faudra tout près de quarante jours pour retourner dans ma demeure et je sais bien que je serais une proie facile pour quiconque voudrait s’en prendre à moi. De plus, la compagnie d’autres voyageurs serait des plus agréables. Je suis certain que vous pouvez comprendre. Votre prix sera le mien ! demanda-t-il sans détour.

    La guerrière regarda les autres. Elle connaissait déjà leur réaction, mais elle sentait la nécessité de vérifier auprès du chef du groupe, étant consciente qu’elle n’était pas celle qui prenait ce genre de décision. Belan approuva d’un hochement de tête.

    — Très bien, maître Keltrash. Nous allons vous fournir la compagnie ainsi que la protection dont vous avez besoin. Je suis même certaine que vous trouverez chez nous plus que ce à quoi vous vous attendez ! répondit Fiendie.

    — Merci madame. Allez, venez avec moi. Vous pourrez installer les jeunes filles sur le chariot, si jamais elles devaient en sentir le besoin, ou n’importe qui d’autre, bien entendu, répliqua le vieil homme pendant qu’il effectuait un demi-tour.

    Le petit groupe se dirigea donc vers le nord-est en direction d’un territoire dont les membres ne connaissaient rien. Au moment de s’arrêter pour la nuit, tout le monde en profita pour discuter afin de mieux se connaître. Belan offrit quelques chants que le vieux Keltrash n’avait jamais entendus auparavant malgré son âge avancé. Fiendie raconta quelques histoires de guerre qu’elle avait vécues personnellement, impressionnant la fillette qui se blottit sur son grand frère pour se rassurer. La guerrière parlait ouvertement de sortilèges inquiétants et d’hommes ou femmes tombés au combat.

    Fedakar enseigna la grandeur et la puissance de la Lumière de Dalyan. Jeffren narra la ballade de Belan le barde, récit qui venait d’être enrichi de la dernière aventure que le groupe avait vécue. Djône décida qu’elle n’avait pas vraiment de chose intéressante à partager, dissimulant ainsi la nature de son propre pouvoir.

    — Vous avez tous une histoire personnelle si riche. Je n’ai fait que voyager au gré du hasard depuis ma naissance. Monsieur Keltrash, parlez-nous de vous. Vous êtes un eayin, n’est-ce pas ? demanda Nellen qui sentait que sa vie n’avait rien de digne à raconter pour le moment.

    Le marchand confirma ce que Nellen venait de supposer.

    — En effet, jeune dame. Je suis un eayin. Mais pas du genre habile au combat. Quand j’étais débutant, j’ai eu la chance d’être formé par un maître hroton qui avait quitté sa cité sous les grandes montagnes pour découvrir le monde. J’ai dû payer une fortune pour qu’il m’enseigne à forger des objets d’une qualité inégalée. Par la suite, j’ai étudié pendant de longues années l’art subtil d’enchanter les artefacts avec différents pouvoirs magiques auprès d’un maître renommé. Depuis, j’ai acquis une excellente réputation. Je fais donc la tournée des marchés pendant la saison forte, comme la plupart des commerçants des environs. Ça doit faire près de trente ans que je prends la route chaque année. Cette fois-ci, à cause de mon âge plus avancé, j’avais comme objectif de me rendre à Otrok et retourner chez moi sans visiter les autres villages. De toute façon, les clients qui me rapportent le plus sont les rares qui viennent à mon domaine, expliqua le vieillard.

    Il fouilla dans un sac et en ressortit un collier délicat et savamment travaillé. Le bijou était en soi une véritable œuvre d’art.

    — Voyez comme j’ai réussi à tresser de minces filaments d’argent, d’or et d’un métal dont je ne dévoilerai pas la nature. Observez l’harmonie entre les couleurs et les textures. À lui seul, ce bijou vaut une petite fortune. Le client qui m’a fait la commande désirait un objet d’une grande beauté afin que sa femme le porte fièrement. Il voulait surtout que celui-ci révèle un secret : est-ce que celle-ci lui est fidèle ou pas ? Il semble que cet homme n’en aura plus besoin après tout. C’est une chance que je lui ai fait payer à l’avance, expliqua Keltrash, fier de sa création.

    — Vous allez donc le vendre à un autre acheteur qui soupçonnerait sa compagne d’infidélité ? demanda Jeffren.

    — Oui ! Un riche client. Il ne me reste plus qu’à trouver preneur et ça risque d’être facile ! Nombreux sont ceux qui doutent de la sincérité de leurs partenaires, vous savez, répondit le vieil artisan.

    Aucun des six voyageurs, surtout Djône qui n’avait encore rien connu de cet aspect de la vie, ne semblait d’accord avec ce que le vieillard venait d’affirmer.

    — Maître Keltrash, passez-vous le reste de l’année à fabriquer vos objets ? demanda Jeffren qui désirait amener la conversation dans une autre direction.

    — Oui, jeune homme. J’en profite aussi pour former mon disciple qui, un jour, prendra ma place. C’est du moins ce que je souhaite. S’il peut commencer à s’appliquer un peu plus sérieusement. Il me semble paresseux, contrairement à l’impression que j’ai de toi, mon petit. Saviez-vous que mon propre disciple, croyant que j’allais lui léguer mon atelier et ma clientèle, s’est lui-même pris un apprenti ? Il y a une bonne dizaine d’années à part ça ! L’autre, je ne l’aime pas. Il aurait dû prolonger sa formation dans son école, mais il était pressé de rejoindre son maître qu’il connaît depuis longtemps, à ce que j’ai cru comprendre, expliqua l’artisan.

    — Vous avez plusieurs clients qui se rendent chez vous ? insista Jeffren.

    — Ha ! Ha ! Ha ! Tu es du genre curieux, petit ! Disons que je n’ai jamais eu beaucoup de personnes qui veulent se déplacer jusqu’à mon atelier. C’est parce que j’habite dans un endroit reclus. Ceux qui ne viennent pas souvent dans ce coin du continent ont l’impression que je réside au bout du monde ! Pour en revenir à ma clientèle, quand je reçois quelqu’un, le prix est tellement élevé que le client a avantage à avoir des coffres bien remplis. Cependant, une fois sur place, le coup d’œil en vaut la peine. Vous aurez la chance de le constater de vos propres yeux, répondit Keltrash.

    Belan démontra son intérêt face aux réalisations du vieux Keltrash.

    — Parlez-moi encore de votre procédé pour enchanter vos objets ! Pourriez-vous remplir un artefact de mana s’il était conçu à cet effet, par exemple ? Faites-vous des commandes sur mesure ? Combien cela coûterait-il si…

    — Holà, holà, mon ami ! Une question à la fois, je vous prie. Ma vieille tête éprouve bien de la difficulté à suivre un rythme aussi effréné ! Je répondrai à toutes vos questions une fois arrivés à mon atelier, si vous vous montrez assez patient. Je dois vous avouer que je commence à me sentir fatigué. La journée a été plutôt longue et forte en émotions. Allez, bonne nuit ! dit-il en allant se coucher près du feu.

    Le vieux barde se sentit un peu ridicule, mais sa motivation était la même que depuis toujours : la sécurité de son disciple et celle de Djône depuis qu’elle avait rejoint le groupe. Posséder un réceptacle capable de transmettre facilement le mana aux deux jeunes serait assurément un atout de taille pour eux, même si Jeffren n’avait encore reçu aucune formation d’eayin.

    De plus, il ne pouvait s’empêcher de se sentir responsable du bien-être de tous, même de celui des deux guerriers. Il se considérait un peu comme le père de cette étrange famille. Voyant que la fillette s’était encore une fois endormie sur les jambes de Jeffren, bien enroulée dans la peau de jaguar des neiges et que Nellen, fidèle à ses habitudes, profitait de l’épaule de son amoureux, Belan décida de lui laisser le premier tour de garde. Comme il semble bon d’être jeune… l’ai-je seulement été ? J’imagine que oui. Il y a une éternité de ça ! furent les dernières pensées du barde avant de trouver le réconfort du sommeil.

    Une image contenant carte, texte, atlas Description générée automatiquement

    Sayek

    Comme Keltrash était d’un âge très avancé, celui-ci demandait régulièrement de s’arrêter afin de se reposer. Jeffren en profitait pour s’entraîner pendant ces moments pour ensuite pratiquer son chant, le luth et la narration de la légende de Cerlann. Le groupe cheminait au rythme de leur nouveau compagnon de route, rythme qui se voulait lent, très lent.

    Après plusieurs jours de marche, les membres du groupe aperçurent un village près d’une rivière qui devait faire près d’un kilomètre de largeur. Il y avait une localité de l’autre côté de la rive, à la pointe du territoire.

    Selon les dires de Keltrash, c’était le seul endroit où il était possible de traverser à gué. Il était évident que les habitants de chacune des modestes agglomérations profitaient directement de la situation géographique. Nellen se démontra un intérêt particulier pour la position stratégique de la petite ville qui était sur l’autre rive.

    — J’ai étudié de nombreuses cartes du continent et je n’ai jamais vu autre chose que la présence d’un fleuve et de ce village qui doit être Doion, mais je n’ai rien aperçu au sujet de ce qu’il y a de l’autre côté ! dit-elle.

    — Vous savez, jeune femme, même les meilleures cartes sont criblées d’erreurs. C’est parce que ceux qui les dessinent n’ont pas le même talent, la même perception des distances, et que souvent, ils changent plusieurs aspects du terrain exprès ! répliqua Keltrash.

    — Mais pourquoi feraient-ils quelque chose comme ça ? demanda Nellen.

    — Il y a plusieurs raisons. La première, c’est qu’ils placent intentionnellement ces erreurs afin de s’assurer que personne ne copie leur travail et n’en prenne le crédit. Ensuite, il se peut que certains maîtres régionaux les soudoient ou les menacent dans le but de garder secrets quelques emplacements stratégiques ! expliqua le vieil homme.

    — De toute façon, personne ne peut arpenter le continent en entier. Vous ne le savez probablement pas, mais la carte la plus complète d’Artiyan est en réalité l’œuvre d’un homme qui a réuni le travail de plusieurs dizaines de cartographes, ajouta-t-il.

    — Traversons le gué. C’est le seul endroit pour accéder au territoire Sayek à pied. Personne ne s’est donné la peine de construire un pont, même de l’autre côté où le fleuve qui passe est bel et bien fidèle à ce que vous connaissez grâce aux cartes, mademoiselle. Cependant, certains villages ont été érigés sur le bord de l’autre cours d’eau, et il y a certains navigateurs qui font traverser du monde en bateau en échange de quelques pièces, conclut Keltrash.

    Belan installa Djône sur le chariot en compagnie de Nellen et de Keltrash. Jeffren déposa le luth dans les mains de son amoureuse afin d’être certain que l’instrument de son maître soit à l’abri de l’eau.

    — Attention. Sachez qu’il est néanmoins risqué de traverser ici. Au milieu de la rivière, l’eau atteindra le ventre du cheval. Assurez-vous de ne pas perdre l’équilibre, car le courant est tout de même fort, dit Keltrash.

    — Comment faites-vous pour traverser habituellement, maître Keltrash ? demanda Fedakar.

    — Pour venir de ce côté, j’engage trois ou quatre jeunes hommes vigoureux. Puis, je retiens leurs services pour la date de mon retour. Comme je suis un bon mois d’avance, je ne m’attends pas à ce qu’on vienne m’aider. Vous devrez donc vous fier à vos propres sens et à mes indications afin d’effectuer la traversée, répondit le vieillard.

    Jeffren écouta attentivement les explications de Keltrash et remarqua que celui-ci n’avait pas considéré la possibilité de trouver de l’aide chez les habitants de Doion. Il se dit que c’était peut-être à cause d’une sorte de rivalité entre les deux bourgs. Une autre question qui devra attendre, se dit le jeune homme alors qu’il constata que ses amis se préparaient déjà à traverser.

    Fiendie et Fedakar allèrent à l’avant et saisirent les guides du cheval pendant que Jeffren et Belan se rendirent à l’arrière du chariot, prêts à pousser. Les deux guerriers marchèrent doucement tout en tirant le cheval délicatement afin de le convaincre de les suivre. Lentement, le groupe progressa et se trouva au tiers du cours d’eau quand la bête stoppa net en hennissant, visiblement effrayée. Fiendie s’impatienta et tira de toutes ses forces.

    — Avance, stupide bestiole ! cria-t-elle.

    — Attends ! Je crois qu’il y a quelque chose dans l’eau ! répliqua Fedakar.

    Celui-ci s’aidait avec son bâton pour maintenir son équilibre. Il éclaira le fond de la rivière à quelques mètres de lui en illuminant le bout qui était submergé et aperçut une forme qui venait vers eux. Se voyant démasquée, la créature qui les surveillait depuis le fond surgit à la surface de l’eau dans un éclaboussement violent alors qu’elle émettait un son guttural doublé d’un sifflement. Le chevalier n’hésita pas et lui lança un puissant jet de lumière, atteignant le narkan droit à la poitrine.

    Cependant, l’épaisse peau de l’animal lui permit de ne presque rien sentir de l’attaque. À peine légèrement blessé, l’immense lézard, qui avait la taille d’un homme adulte, se jeta dans l’eau en direction de son assaillant. Fiendie arriva à côté de Fedakar, épée en main, prête à le protéger.

    — Continue d’éclairer le fond de l’eau et augmente l’intensité ! ordonna-t-elle.

    Fedakar obéit sans hésiter. La lumière aveugla la créature juste assez longtemps pour la désorienter. Fiendie saisit l’occasion et lui planta sa lame dans le cou. Son geste lui fit perdre l’équilibre et elle se sentit poussée vers l’arrière. Heureusement, le cheval se trouvait derrière elle et Fiendie appuya son dos sur la bête.

    Elle attaqua à nouveau et dut s’y prendre à trois fois avant de pouvoir traverser l’épaisse couche de peau écailleuse. Enfin, l’eau s’entacha de rouge, témoignant de la réussite de la guerrière. Elle rangea son arme et empoigna le guide du cheval.

    — N’attendons pas qu’une autre merde comme celle-ci arrive sur nous ! dit-elle au groupe, ne cachant pas sa colère.

    Ils arrivèrent aussi rapidement qu’il leur fut possible sur l’autre rive. Aussitôt, Fiendie se tourna vers Keltrash.

    — Dis donc, tu aurais pu nous avertir qu’on pouvait tomber sur un danger pareil ! hurla-t-elle.

    — Je vous assure, madame, que je suis tout aussi surpris de voir cette créature que vous ! Elle ne devrait pas se trouver ici. Les narkans vivent tout au sud du continent et ne traversent jamais la chaîne de montagnes, répondit le vieillard, visiblement secoué par les événements.

    Nellen, qui ne paraissait pas touchée par ce qui venait d’arriver, s’approcha de Keltrash en pointant le village du doigt.

    — Cet endroit, il a été omis des cartes intentionnel-lement, j’imagine ? insista-t-elle.

    — Hem, oui et non. Ce bourg est trop petit pour être considéré comme assez important pour être indiqué sur les cartes je suppose. Ce village se nomme Sayek. Personne ne sait si le territoire tient le nom du village, ou si c’est l’inverse, expliqua Keltrash en hésitant.

    — Je crois que nous devrions nous éloigner un peu du village et nous allumer un feu afin de nous sécher. À moins que vous préfériez que nous trouvions une auberge dans le village, suggéra Jeffren.

    — Marchons vers le sud pendant quelques minutes et montons un camp pour le reste de la journée. Nous avons tous besoin de nous remettre de nos émotions, approuva Belan.

    Le groupe s’éloigna du village de Sayek pour établir un campement. Pendant que tout le monde se séchait autour du feu, Jeffren observa le paysage avec intérêt. Le village de Sayek était installé à l’extrémité du territoire, là où se rejoignaient deux rivières. Situé parfaitement selon un aspect stratégique, il était presque insensé que rien ne soit dit à son sujet.

    — Maître Keltrash, y a-t-il beaucoup de villages dans la région ? demanda-t-il.

    — Il y a plusieurs petites agglomérations qui longent les rivières, jeune homme. En réalité, Sayek est un espace peu habité. Le terrain est riche, et il est possible d’y faire pousser presque toutes les céréales et tous les légumes que tu peux imaginer, en plus de pêcher sur les cours d’eau. Cependant, comme nous sommes dans une enclave, il est difficile de commercer avec les autres territoires. Le plus gros partenaire envisageable est très loin en aval du fleuve qui est alimenté par les deux rivières. De plus, Sidin est une ville immense et ceux qui la gouvernent préfèrent acheter des produits frais qu’on peut trouver tout près de là, expliqua le vieil homme.

    — Pourtant, rien n’empêche les habitants d’établir une économie florissante, s’étonna Nellen.

    — Je suis certaine qu’un seigneur pourrait profiter de la situation et faire prospérer l’endroit, ajouta la jeune femme avec une lueur dans le regard.

    — À condition que celui-ci ait une poigne d’acier, ma petite. Voyez-vous, il y a beaucoup de bandits dans la région. La loi du plus fort est celle qui prévaut dans les environs ! répliqua Keltrash.

    — C’est ce que je dis ! Une personne avec un plan clair et précis et qui possède les moyens de faire respecter sa loi pourrait transformer cet endroit en un lieu riche et fécond, répondit Nellen.

    Le lendemain, dès les premières lueurs du jour, le groupe se dirigea vers le sud. Jeffren et Nellen observaient les lieux avec intérêt et échangeaient leurs impressions entre eux. Le jeune homme était fasciné par les grandes capacités d’analyse de sa compagne. Celle-ci constatait l’immense potentiel que possédait le territoire et disait à son amoureux qu’elle ferait construire un village à tel endroit, ou un système routier qui pourrait permettre à des commerçants, ou à une armée, de voyager facilement entre plusieurs points.

    Puis, comme l’avait expliqué Keltrash, la région différa grandement de ce que Nellen avait pu voir sur les cartes. En effet, pendant les prochains jours, une petite chaîne montagneuse apparut. Puis, ils traversèrent un microclimat presque désertique avec ses dunes et ses bourrasques. Keltrash précisa qu’il était préférable de contourner les élévations plutôt que de passer au milieu des collines, car les routes y étaient sinueuses et se voulaient lentes et dangereuses, parce que c’était en réalité un territoire occupé par de nombreuses troupes de bandits qui étaient plus ou moins organisées.

    Le groupe profitait des endroits qui étaient un peu à l’abri du vent pour prendre des pauses, cachés par un mur de roches, ou bien derrière une haute dune. Au moment de reprendre la route après une de ces multiples pauses, Nellen monta à côté de Keltrash. Le vieil homme regardait la jeune femme avec intérêt. En plus de son étrange beauté et du charisme extraordinaire qui émanait d’elle, l’artisan, le fabricant d’objets précieux, admirait les nombreux bijoux qu’elle portait.

    — Vous êtes une véritable collectionneuse, mademoiselle, dit-il.

    — Oui, c’est vrai ! J’ai passé beaucoup de temps à chercher ces jolies pièces, lui répondit-elle.

    Elle se rapprocha du vieillard afin de lui montrer les bagues de sa main gauche pendant qu’elle le prenait par l’épaule avec son autre main s’assurant que celui-ci sente son corps contre le sien.

    — Est-ce que vous avez des anneaux ou des bracelets qui pourraient compléter ma collection, monsieur Keltrash ? Je veux dire de beaux bijoux qui seraient enchantés ? Ou peut-être que vous pourriez installer des sorts sur quelques-uns que je possède déjà. Ce ne sont que de jolis apparats qui ne font qu’accentuer ma beauté naturelle, mais je désire… je mérite tellement mieux ! dit-elle en lui chuchotant à l’oreille.

    — Il faudrait voir quelles sont les propriétés que vous voulez. Il est possible que je puisse vous fabriquer quelque chose sur mesure, si ce que vous voulez fait partie de mes compétences, répliqua le vieil homme.

    — Ça serait gentil, monsieur Keltrash. Je vous en serais très reconnaissante, répondit-elle en lui caressant subtilement le torse.

    Djône, qui sentait particulièrement le besoin de se dégourdir les jambes, profita d’un moment pendant lequel le groupe avançait plus lentement et alla courir dans un champ rempli de tiges sèches et rugueuses et de petites fleurs qui tentaient de survivre malgré le microclimat ingrat des lieux.

    — Ne va pas trop loin ! cria Jeffren à son attention, interrompant la narration de son récit.

    — Idiot ! Recommence du début, ordonna Belan.

    — Mais, maître, je voulais simplement…

    — Je sais, je comprends. Moi aussi je tiens à sa sécurité. Maintenant, reprends la légende depuis le début, idiot ! insista le barde.

    La fillette, amusée que Jeffren se fasse réprimander à ce moment, éclata de rire en entendant la discussion entre Belan et lui. Elle se dissimula quelques instants et revint avec un petit bouquet de fleurs dans sa main qu’elle offrit à Jeffren.

    — Joyeux anniversaire, grand frère ! dit-elle.

    — Mais, ce n’est pas mon anniversaire. J’ai eu le mien il n’y a que deux mois ! répondit le jeune homme.

    — Bah, c’est pas pour toi. C’est MA fête. J’ai treize ans maint’nant ! expliqua Djône.

    — Oh ! Joyeux anniversaire, Djône ! Mais, je croyais que tu étais beaucoup plus jeune ! observa Jeffren.

    — Ha ! Ha ! Il paraît que les femmes du côté de ma mère sont toutes plus petites que la moyenne et qu’elles ont l’air beaucoup plus jeunes qu’elles le sont, précisa-t-elle en riant alors qu’elle repartait à la course faire le tour du chariot.

    — Idiot ! Recommence ! cria le maître.

    Derrière le groupe suivaient Fiendie et Fedakar. Les deux guerriers passaient maintenant la plupart de leur temps ensemble. Il semblait au chevalier qu’il avait beaucoup à apprendre de son amoureuse. Pour sa part, l’ancienne générale affectionnait le tempérament calme de son partenaire. Ils pratiquaient l’utilisation des oreillettes télépathiques plus longtemps chaque jour, le plus souvent en secret, sachant que les bardes n’approuveraient pas qu’ils les utilisent aussi longtemps. Fedakar acceptait de plus en plus la noirceur de sa compagne, réalisant que la lumière existe pour éclairer l’obscurité. Il se trouvait presque séduit par cet aspect de sa personnalité.

    Un matin, au moment de reprendre la route après avoir pris le déjeuner, Jeffren sentit un frisson qui lui était devenu familier depuis longtemps. Il tourna la tête en direction de la petite montagne qui était à la gauche du groupe et aperçut une forme se dissimuler. Je l’ai presque manqué ! songea-t-il.

    — Maître, il me semble que nous sommes épiés. Je crois avoir vu quelque chose bouger là-bas, dit-il en pointant un endroit vers le haut.

    — Nous allons jeter un coup d’œil. Restez ici, ordonna immédiatement Fiendie qui montait déjà avec Fedakar dans la direction que le jeune barde avait indiquée, souhaitant secrètement ne pas tomber sur le nécromancien.

    Épée en main, la guerrière gravissait la pente abrupte. Elle arriva rapidement à l’endroit que leur avait désigné le jeune homme et y découvrit un étroit passage. Aussitôt sur place, Fedakar dégaina lui aussi son épée et se tourna vers le groupe.

    — Il y a des traces fraîches. Soyez attentifs à ce qu’il y a dans les environs ! annonça-t-il.

    En entendant ces paroles, Belan sortit son arme pendant que Jeffren déposait le luth à l’arrière de la charrette. Il saisit ensuite ses jumelles Raijin et se tint prêt à agir. Djône demeurait sur ses gardes, inquiète. Keltrash se félicita à ce moment d’avoir insisté pour être accompagné. Ils semblent plutôt dégourdis, ceux-là, se dit-il, rassuré.

    Nellen, qui avait rejoint le vieil homme, paraissait parfaitement détendue et curieuse de voir comment les événements allaient se dérouler. C’était en réalité la première fois qu’elle allait observer ses compagnons en action depuis qu’elle faisait partie du groupe.

    Avançant prudemment sur l’étroit sentier, les deux guerriers suivaient les traces qui s’éloignaient de la route où leurs amis s’étaient arrêtés. Bientôt, le chemin qui longeait le relief de la colline tourna de façon subite vers la gauche tout en descendant. Fiendie comprit l’intention de celui que Jeffren avait aperçu.

    — Merde ! Cet enfoiré nous sépare de notre groupe. On les a laissés seuls à eux-mêmes. Revenons vers eux, ordonna-t-elle.

    Elle retourna sur ses pas et courait derrière Fedakar qui dévalait la pente rocheuse à vive allure. J’espère qu’il ne se cassera pas la gueule, celui-là ! songea-t-elle en suivant son amant. Elle constata cependant que malgré la rigidité apparente de sa personnalité, cet homme bougeait avec grâce et assurance quand il venait le temps de combattre. S’il pouvait apprendre à être aussi souple au lit ! pensa la femme. Ils rejoignirent enfin le groupe.

    — Qu’avez-vous vu ? demanda Belan.

    — Des traces fraîches. J’ai l’impression qu’on voulait nous séparer. Nous avons décidé de revenir immédiatement, répondit Fiendie.

    — Alors, n’attendons pas de nous faire surprendre et partons d’ici. Je propose que tu avances en éclaireur pendant que moi et Jeffren resterons à côté du chariot et que Fedakar ferme la marche. Les filles, je vous invite à rester en compagnie de maître Keltrash. Nellen, je ne sais pas encore si tu as des aptitudes pour le combat, mais je suggère que tu utilises cette jolie dague si le besoin se fait sentir, ordonna le barde.

    — Bien sûr, monsieur Belan. Je ferai de mon mieux pour protéger notre vieil ami, répondit la jeune femme qui semblait presque amusée de la situation.

    La route sur laquelle les sept compagnons avançaient suivait le contour des petites montagnes qui se trouvaient devant eux. Il y avait à leur droite quelques arbres, ce qui rendait l’endroit idéal pour une embuscade. Le fait d’être sur ses gardes fit en sorte que le groupe voyagea encore plus lentement qu’avant à la grande surprise de Jeffren qui pensait qu’il leur serait impossible de prendre plus de temps pour progresser. Fiendie et Fedakar portaient les oreillettes télépathiques afin de communiquer silencieusement.

    Le chevalier, qui captait à ce moment les réflexions de sa compagne, savait qu’elle désirait plus que toute autre chose sortir de la souricière dans laquelle ils se trouvaient. Il savait aussi qu’à ce moment précis, elle aurait bien aimé se trouver en compagnie de sa troupe d’élite pour pouvoir envoyer des éclaireurs tout en ayant assez de soldats sur place pour protéger les civils. Comme elle paraissait fière de ses hommes. Il aperçut un immense dragon rouge apparaître dans sa vision interne, puis, un jet de flammes qui détruisit tout ce qui se trouvait sur son passage et ensuite, Belan et Jeffren. Un flot de rage et de tristesse envahit alors Fedakar, éveillant une sensation chez celui-ci, une émotion qui semblait avoir dormi depuis l’époque où ses parents avaient trouvé la mort.

    Le guerrier retira son oreillette avec une telle violence que la minuscule aiguille qu’il tira de sa tempe arracha un bout de chair. Il était soudainement choqué de connaître le terrible sort que les bardes avaient fait subir aux troupes de la femme qu’il admirait. En même temps, il comprenait qu’ils se défendaient contre un ennemi puissant et dangereux. Il savait que Fiendie les avait poursuivis avec pour objectif de les capturer et les torturer pendant de longues années. Il se sentait déchiré entre l’admiration pour celle qu’il aimait et son aversion pour les atrocités qu’elle imposait à ses victimes. On venait de retirer un autre voile qui recouvrait son innocence. Il ne comprenait pas comment il était possible pour une personne de ressentir autant de haine envers quelqu’un et désirer en même temps les protéger à ce point. Comment est-elle capable de contenir toute cette rage ? Comment peut-elle se retenir de les tuer ? se demandait-il en regardant le vieux barde et son apprenti, ne sachant plus quoi penser d’eux.

    Fiendie, consciente de ce que venait de vivre son compagnon, stoppa le groupe et lui ordonna de la rejoindre à l’avant pendant que Belan et Jeffren se rendirent à l’arrière.

    — Écoute. On a un passé compliqué les bardes et moi, c’est vrai, commença la guerrière.

    — Compliqué ? Ils ont essayé de te tuer ! Ils ont incinéré toute ta troupe, je…

    — C’était en légitime défense. S’ils n’avaient pas agi comme ça, ils seraient morts depuis longtemps, ou pire, je serais peut-être encore en train de les torturer personnellement. Les choses ont… évolué depuis cet événement. Et n’oublie pas que t’es venu en mission pour protéger ces gars-là ! lui dit-elle, étonnée de prendre la défense de ceux qu’elle s’était juré de tourmenter pour le reste de l’éternité il y avait

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