Bryan Perro présente... les légendes terrifiantes d'ici - La Hère

À Yvon Leclerc,

Chasseur de Bigfoot

Bryan Perro présente

Les Légendes terrifiantes

La Hère

Également appelée la bête à grand’queue, la hère a souvent été aperçue surtout autour des camps de bûcherons dans le nord du Québec. On dit que la créature ne se montrerait que tous les cinquante ans, lorsque la nuit serait particulièrement noire et qu’un orage déchirerait le ciel. Mais les récits de ses apparitions racontent une autre histoire.

Créé dans le seul et unique but de tourmenter les êtres humains, l’épître aux Hébreux de l’Ancien Testament en parle :… qui est sans père, sans mère, sans généalogie, qui n’a ni commencement de jours ni fin de vie, – mais qui est rendu semblable au Fils de Dieu, – ce Melchisédek demeure sacrificateur à perpétuité. Il s’agirait donc d’un monstre venu d’une autre époque, mais donc la mission destructrice demeure inchangée.

Incapable de dépeindre nettement la bête, les rares survivants ayant pu raconter leur rencontre infortunée avec la hère la décrivent comme pourvue d’une formidable queue poilue rouge de deux mètres de long.

Bryan Perro

1.

C’est ma dernière heure, j’en suis certain.

Je suis glacé, j’ai du mal à écrire, je cherche mes mots, j’ai soif, mes pensées se bousculent, j’espère une issue, mais je ne trouve rien.

Dans le petit camp de chasse où j’écris ces mots, je suis dans une relative sécurité, mais je pressens que mes heures sont comptées. La porte est barricadée, l’unique fenêtre bien fermée par une large pièce de bois. Les murs sont faits de troncs d’arbres empilés les uns sur les autres, il s’agit d’une construction pièce sur pièce solide. Le toit aussi est renforcé pour certainement accueillir d’immenses quantités de neige l’hiver, sans risquer d’effondrement. Le constructeur qui a fait cette cabane connaissait son affaire. Elle peut résister au climat aussi bien qu’à n’importe quel animal enragé qui voudrait y trouver refuge. Une seule anomalie : il n’y a pas de serrure, pas de cadenas. J’y suis entré en poussant simplement la porte. Dans ce lieu, il est impossible de fermer la porte à clé, mais n’importe qui peut s’y barricader comme dans un coffre-fort. Une bien étrange cabane de chasseurs.

C’est là que je me suis installé afin de me mettre en sécurité.

Après avoir bien vérifié que mon téléphone ne captait toujours rien des ondes cellulaires, j’ai utilisé la lampe de poche intégrée pour mettre la main sur quelques lampes à l’huile et un bon nombre de chandelles. Dans la pénombre, j’ai failli transformer la cabane en fumoir à viande lorsque j’ai allumé le poêle à bois pour me réchauffer. Le conduit de la cheminée était trop froid et la fumée, au lieu de monter vers l’extérieur, a envahi tout l’espace intérieur. Comme je n’ai pas ouvert la porte afin de rester protégé dans mon cocon, il y avait tellement d’émanations que j’ai même dû me coucher au sol afin de respirer correctement.

Heureusement, la chaleur a réussi à se tailler un passage vers l’extérieur, et lentement l’air est devenu plus respirable. Alors que j’écris ces lignes, ce n’est pas encore parfait, mais au moins je peux me tenir debout afin de nourrir le feu avec les bûches placées près de l’entrée.

Mes doigts sont gelés, je suis transi. Jamais de ma vie je ne me suis senti dans un si mauvais état ! Je sors de ma longue fuite en forêt avec des lacérations au visage et des ecchymoses aux genoux à la suite de mes nombreuses chutes, sans compter les élancements à mes jambes et mes bras qui n’avaient pas connu autant d’action depuis longtemps. Même quand je repense à mes pires escapades en forêt, rien n’arrive à la cheville de ce que je viens de vivre.

J’espère bien me réchauffer dans les prochaines heures. Il y a tellement d’humidité dans cette cabane. Il faudra du temps pour la chasser, car il est hors de question d’ouvrir la porte ou la fenêtre. Oh non ! Je ne bougerai pas d’ici, quitte à manger des souris si la nourriture vient à manquer. Il n’est pas question que je retourne dans les bois, je n’ai pas envie d’arriver face à face avec cette… cette chose. Je suis arrivé dans ce refuge par chance, il n’est pas question de risquer ma vie avec une imprudence.

D’ailleurs, en fouillant un peu partout, j’ai trouvé de la nourriture pour tenir au moins un mois. J’ai sous la main des soupes,