LE LOUP DÉSERTEUR TOME 2: Le nord perdu
Par Gino B.
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À propos de ce livre électronique
Morello poursuit sa quête avec cette nouvelle aventure. Tout porte à croire que Laeticia aurait un frère ou une sœur en Haïti. Ils partent à sa recherche, mais rien ne va comme prévu. Le destin qui les avait réunis tend maintenant à les séparer. De plus, le mystère plane avec le fameux Groupe des 7, regroupement obscur de certains dirigeants de grandes pharmaceutiques. Alors que la pression se resserre sur lui, Morello doit faire face à ses vieux démons. Sur la Côte-Nord ou au Mexique, sa sécurité n’est jamais acquise.
Le Nord Perdu, c’est une histoire où se côtoient l’amitié, l’amour, la haine, la trahison et le mystère dans un monde puissant comme dans un monde d’itinérants. C’est une fiction, mais c’est aussi une réflexion sur certains enjeux de la société d’aujourd’hui.
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Avis sur LE LOUP DÉSERTEUR TOME 2
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Aperçu du livre
LE LOUP DÉSERTEUR TOME 2 - Gino B.
PROLOGUE
Je m’appelle Morello. Bien que mes yeux soient cernés et mes cheveux plus grisonnants que jamais, certains vous diront que mon regard est toujours aussi perçant. Ce à quoi je réponds : « Mes yeux n’ont jamais su percer les secrets d’une femme ni celui de l’homme en fait ! » Peut-être ne sont-ils que le reflet d’une curiosité inassouvie ? Malgré la mort qui est venue frapper à ma porte à quelques reprises, malgré les cicatrices de mon passé, malgré toutes les mauvaises décisions que j’ai prises dans ma vie, je suis toujours là. Insouciant, non ! Désabusé, oui ! J’ai tenté et j’ai cru que je pourrais y arriver. Vivre l’instant présent ! Ce cliché plein de bon sens qui nous dicte le chemin du bonheur. Le problème, c’est qu’aucun chemin ne mène au bonheur. C’est plutôt le bonheur qui entre en nous comme un itinérant cherchant désespérément un refuge. L’autre problème, c’est qu’il repart aussi vite qu’un voleur accaparant un butin. Ironiquement, c’est lorsque j’étais en danger que je l’ai senti s’installer en moi. Il m’a rapproché de ceux que j’aimais, mais aussi de ceux qui ne m’aimaient pas. Il m’a plongé dans l’obscurité la plus totale afin que j’y trouve la lumière. Il m’a confronté à la peur et l’angoisse afin que j’apprécie chaque instant où je peux encore respirer. Il a donné un sens à mes actions et une valeur à mes décisions. Il a fait de moi un être unique qui joue le rôle qui lui revient dans le cycle de la vie. Aujourd’hui, je fuis pourtant cette vie à la recherche d’un peu de paix…
Ma quête de vérité m’a guidé jusqu’au Mexique et lorsque j’ai libéré Laetitia, nous sommes finalement partis vers Haïti à la recherche de son frère. Du moins, je présumais qu’elle avait un frère. Face à notre échec, notre relation s’est quelque peu détériorée. J’ai allumé le feu de l’espoir chez une jeune femme qui avait déjà accepté sa vie et la savourait. Aujourd’hui, elle est amère et déçue. Je crois aussi qu’il n’y a pas que notre quête inachevée qui soit à l’origine de sa déception, j’en suis en grande partie responsable par mes actions. Alors, malgré le bonheur que j’ai connu, malgré le sentiment de fierté et de réussite qui m’habitait suite à la libération de Laetitia, la culpabilité reprenait toute sa place. Je dois aussi dire que la mort de Gerry m’affectait grandement à ce moment. Je pensais beaucoup à ses enfants, à tenter de deviner comment ils se sentaient face à la perte définitive de leur père. Pourquoi le souvenir de cet homme devenait-il de plus en plus flou alors que la pensée de ses enfants devenait de plus en plus envahissante ?
DE LA CÔTE-NORD
« La solitude nous apporte paix et quiétude,
mais elle nous force aussi à faire face à nos démons.
Car la seule personne pouvant déranger
cette quiétude, c’est nous ! »
L’hiver était bien installé sur ma lointaine Côte-Nord du Québec. J’avais élu domicile dans le secteur de Pointe-aux-Anglais, petit village situé environ à mi-chemin entre Baie-Comeau et Sept-Îles. Le besoin d’espace et de tranquillité s’était emparé de mon être après une année folle en aventure. Peut-être y ai-je légèrement été contraint, mais bon, je dois avouer que cette vie me plaisait bien même si certaines cicatrices refaisaient surface quelquefois. J’aurais aimé que mon histoire se termine dans le bonheur et l’allégresse digne d’un bon vieux film d’Hollywood et non seul au fond d’un bois avec pour bons amis un fusil et un whisky, tout comme le vieux Gerry.
J’avais acquis quelques acres de forêt et une belle vue sur la mer. La plage était magnifique l’été. Elle me rappelait les plages du Sud que j’avais foulées à quelques reprises, exception faite que je pouvais être seul sur quelques kilomètres de sable blanc. La douceur de ce sable est vraiment unique dans ce coin de pays. Le vent était souvent présent, mais je m’en réjouissais, car il éloignait les moustiques. La région était parfaite pour la pêche. Au printemps, disait-on, le capelan roule, et c’était bien imagé ! Ce poisson argenté qui se reflète par millier dans les vagues éclairées par la lune ne faisait pas que m’offrir un spectacle magnifique. Il me permettait de faire des provisions immenses avec mon fumoir. En venant déposer ses œufs sur la berge, le capelan se sacrifie lui-même pour assurer la survie de sa progéniture. Un acte d’une grande générosité pour l’homme qui sait l’apprécier. Ma petite maison en bois rond était orientée plein soleil et se chauffait pratiquement seule avec sa grande fenestration et un petit poêle à bois comme chauffage d’appoint lors des grands froids. Je faisais des réserves d’eau potable par osmose inversée et par ébullition. Aussi, je m’étais fabriqué une toilette sèche dans un abri extérieur. Pour ce qui était de tous les autres luxes d’une maison, l’énergie solaire suffisait à me les rendre. La terre se cultivait bien en serre enfouie, ce qui me rendait autonome en plus de la chasse. Ce mode de vie me convenait, car non seulement il me permettait de diminuer mon empreinte écologique, mais aussi, il diminuait mon empreinte à tout point de vue ! Même avec une double identité, on n’est jamais trop prudent. J’avais pris un arrangement avec un vieil homme, surnommé « Rabbit » qui possédait ces terres. On m’a dit qu’il se surnommait ainsi, car c’était un chasseur de petits gibiers. Mais certains se plaisaient plutôt à dire que son surnom venait de ses ex-petites amies ! Il était aussi rapide au lit qu’un vrai lapin ! Il n’y avait aucune trace de la transaction à mon nom. Du moins, pas celui de Morello. J’avais toujours mon appartement à Montréal. Morello y habitait selon toute vraisemblance. Ici, il n’y avait personne ! Aucun compte, aucun abonnement, aucune trace ! Même pas un téléphone cellulaire, sauf un prépayé de temps à autre. Quant à Beaver, mon autre « moi », il était toujours dans l’hémisphère sud. Mes déboires avec le crime organisé m’avaient rendu prudent à l’excès, voire paranoïaque.
Je repensais à tout ceci alors que je marchais seul dans la forêt avec mes raquettes aux pieds en sillonnant le parcours que j’avais établi en tendant des collets afin de prendre un ou deux lièvres au piège. Je repensais à mon fils Morgan et à sa vie heureuse qu’il partageait maintenant sur la route la plupart du temps avec Fée. Je ne pourrai jamais rattraper la période pendant laquelle je ne le voyais plus, mais d’avoir repris contact avec lui et de sentir que je pouvais parfois l’aider, l’écouter, accomplir simplement mon rôle de père me satisfaisait grandement. Il y a des erreurs qu’on peut regretter et qu’on ne peut effacer. Et c’est lorsqu’on laisse trop de place à ces erreurs dans notre cœur qu’on oublie parfois de laisser une place pour accueillir un pardon. C’est aussi lorsqu’on vit dans le regret qu’on fait fi du présent et des opportunités qu’il nous offre de nous présenter sous un jour meilleur. C’est cette facette de moi que mon destin m’a permis de montrer à mon fils. Mais la vie continuait et elle entrainait avec elle le temps et lui, à son tour, me ramenait dans ma solitude et mes pensées. Des traces de pas sur la neige attirèrent mon attention et me ramenèrent à la réalité. « Qui peut bien se promener sur mes terres ? Le vieux Rabbit ? Je ne crois pas, il a déjà assez de ses propres terres. » En furetant la forêt tout autour de moi, je crus apercevoir une ombre au loin tout près d’une épinette. Sans trop réfléchir, je lâchai un cri en direction de la silhouette.
— Hey !
Celle-ci se mit à bouger et je commençai à la perdre de vue derrière la cime des arbres avoisinants. Elle courait maintenant en direction opposée à la mienne. En fait, elle semblait fuir. Je me décidai à la poursuivre.
— Attendez, je veux simplement discuter…
Parfois je me demande pourquoi on sort de telles phrases en courant après quelqu’un qui de toute évidence veut nous semer. Je tentai d’accélérer ma cadence, car je peinais à voir l’ombre fuyante devant moi. Heureusement, il m’était facile de suivre ses traces dans la neige, mais il m’était très ardu de rattraper l’avance qu’elle avait sur moi. Lorsqu’on marche dans la neige avec des raquettes aux pieds, on ressent l’efficacité de ces dernières à garder notre poids en surface. Cependant, en courant, on doit tenter de garder l’arrière de la raquette à ras le sol afin de ne pas les entrecroiser ou encore d’accrocher le devant de la raquette avec le sol, ce qui risque de provoquer une chute. Pour accélérer, ce n’est pas la cadence qu’on doit augmenter, mais plutôt l’amplitude de chaque foulée. Connaissant sommairement ces techniques, je m’efforçais de les appliquer. Je croyais bien me rapprocher de l’inconnu, je pouvais distinguer la couleur de sa parka qui était bleue. Était-ce un homme ou une femme, je n’en avais pas la moindre idée. En regardant le tracé laissé par l’inconnu et la position de ce dernier, je pus m’apercevoir qu’il avait bifurqué longuement vers la gauche avant de revenir vers la droite et que si j’abandonnais ses traces en coupant droit devant moi, je pourrais gagner une centaine de mètres afin de rattraper sa position. Je me lançai immédiatement dans ma nouvelle trajectoire avec un regain d’énergie qui semblait me propulser davantage à chaque foulée. La silhouette semblait penchée vers l’avant, arrêtée, possiblement à bout de souffle. Je me rapprochais obnubilé par ce baladeur inconnu, par ce point bleu qui se détachait du tapis blanc orné de sapins verts portant aussi un manteau blanc. Cette neige ne m’arrêtera pas, je mettrais bientôt un visage sur cet inconnu fuyard. Soudain, ma jambe droite n’eut aucune difficulté à traverser un amas de neige se trouvant sur mon chemin, mais la gauche, par contre, se sentit retenue au sol par une force plus grande que celle que m’avait donnée ma dernière propulsion. Si bien que la force de l’attraction m’attira vers le sol. Du coup, je basculai vers l’avant et je me retrouvai le visage couvert de neige. Je relevai aussitôt la tête afin de regarder en direction du fuyard. Ma chute semblait lui avoir donné un nouveau souffle, car il courait à nouveau. Je tentai alors de dégager ma raquette coincée dans une racine hors du sol, qui était cachée sous la neige avant que je ne m’y prenne le pied. Je devais replacer mes pieds dans leurs positions initiales afin de retirer l’avant de la raquette de cette foutue racine. Je repris ensuite ma course avec moins de vigueur, mais dans l’espoir que l’ombre aussi soit victime des inégalités du terrain. Je ne le voyais plus, était-il tombé ?
Je n’avais d’autres choix que de suivre les traces. Je courus pendant un bon moment pour finalement me retrouver près de la route. Il y avait des traces de pneus dans la neige sur le bord de la chaussée. Le « baladeur » semblait être monté à bord d’un véhicule. En regardant les traces de pneus, je constatai qu’il y avait d’autres pas en direction du boisé. Je me dirigeai donc vers celles-ci et je constatai qu’il s’agissait des mêmes traces. La personne semblait avoir simplement quitté son véhicule pour aller faire une promenade en forêt. Je décidai donc de rebrousser chemin en suivant les traces que je venais de découvrir. Aucune surprise, après une dizaine de minutes de marche, je me retrouvais près de l’endroit où je me tenais il y a plusieurs minutes. Était-il simplement venu marcher dans les bois ? Si c’était le cas, pourquoi se serait-il enfui ? Je n’aimais pas l’idée que ce puisse être quelqu’un qui m’espionnait, cela impliquait que mon coin de paradis, ma cachette secrète, n’en était plus une. Je décidai donc de retourner à la maison avec un sentiment d’inquiétude qui s’était emparé de moi. Ce paysage de quiétude synonyme d’une paix et d’une liberté enfin retrouvée m’apparaissait tout à coup aussi froid que la neige qui le recouvrait. Les arbres semblaient maintenant dévoiler une allure morne avec leurs branches courbées vers le sol sous le poids de la neige. La beauté d’un paysage fluctue en fonction de la perception qu’on en a.
Près de la maison, je contournai cette dernière afin d’atteindre la galerie en façade. En me penchant au bas de l’escalier pour retirer mes raquettes, un objet déposé au pied de ma porte attira mon attention. L’anxiété me gagna peu à peu et je me dépêchai de détacher mes sangles afin de libérer mes pieds et d’aller voir ce qui me semblait être un colis. Je l’empoignai et pénétrai à l’intérieur de la maison. En regardant le paquet, je pouvais deviner qu’il s’agissait d’un cadre. De plus, l’emballage ne contenait aucune adresse, ni destinataire, ni expéditeur, ni aucune écriture d’ailleurs. En l’ouvrant, je constatai que c’était bel et bien un cadre ornant une peinture à l’huile représentant un pin gris devant un lac et quelques montagnes en arrière-plan. En regardant l’œuvre, je sentis une bouffée de chaleur m’envahir. Bien sûr, la qualité de l’ouvrage était indéniable, mais c’était plutôt ma crainte de ce qu’elle représentait qui développa en moi cette angoisse. Je pris immédiatement mon téléphone et regardai s’il me restait des données ou si je devais me procurer une nouvelle carte prépayée. Il me restait pratiquement deux Go, c’était plus que suffisant pour faire quelques recherches. J’avais déjà en tête une idée, mais je devais d’abord me préparer un repas et me servir à boire afin de me détendre un peu.
J’utilisais souvent une bière stout pour préparer un osso buco d’orignal. Elle apportait une texture plus caramélisée à ma sauce. De plus, il me restait toujours un peu de bière que je pouvais prendre en apéro et mon vin rouge n’était pas entamé rendu au souper. En revanche, ce soir-là, le repas était toujours sur le poêle à bois en train de mijoter et j’avais déjà entrepris la conquête de ma bouteille de vin. L’alcool coulait dans mes veines et me détendait un peu, en même temps, il accentuait ma paranoïa. Mes recherches se confirmaient sur Internet et une histoire que je croyais terminée ne l’était peut-être pas. La fameuse peinture serait une œuvre de Tom Thomson. Elle se nommait « The Jack Pine ». Thomson aurait fait partie du groupe des 7, mais sa mort prématurée l’en avait empêché.
Il était mort de façon inexpliquée et cette peinture fut créée pendant l’année de sa mort. Était-ce là un message, une menace ? Quoi qu’il en soit, ce n’était certainement pas un hasard. De nouveau, j’étais sous le radar de ce groupe. Peut-être que Fred White avait décidé de reprendre les affaires et qu’il considérait maintenant que j’étais un obstacle à son ascension. Malgré toute sa magnificence, cette peinture représentait certainement la fin de ma petite vie tranquille. Elle apportait aussi une question remplie de peur. Est-ce que Morgan, mon fils, était en sécurité ?
« L’homme simple et bon peut-il trouver la paix alors qu’il existe d’autres hommes avares de pouvoir dont l’égocentrisme et le narcissisme n’ont aucune mesure ? Peut-il seulement vivre dans l’ignorance de ceux-ci et de leurs actes ? Existe-t-il un bout de terre où il est possible de cultiver la paix et l’amour dont il a besoin ? Il semble que le narcissique gagne toujours du terrain. Il semble se recycler infiniment, son visage se transforme comme le temps transforme notre âme. »
Le vin continuait de faire son effet et je commençais à plonger dans mes souvenirs… Laetitia ! Je fermai les yeux un instant afin de donner une image à mes pensées, mais aussi, probablement, pour retenir les larmes qui envahissaient le contour de mes yeux. Cette jeune fille m’avait donné foi en la vie, elle m’avait fait croire en la jeunesse d’aujourd’hui. Une génération d’ouverture sur les autres, dans laquelle les médias sociaux ne font que nous montrer une petite partie imbue d’elle-même et égocentrique faussant parfois notre perception de ces derniers. Je m’apercevais plutôt que cette relève refusait de mettre des œillères face à des paradigmes ou des préjugés qui ont régné lors des précédentes générations. Laetitia représentait bien la force de cette génération. J’aurais voulu être à la hauteur et lui rendre tout l’espoir et
