Oscar, Gustave et L'Urinoir: Recueil de nouvelles
Par Isabelle Richard
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À propos de ce livre électronique
L’Urinoir : Marcel Duchamp, homonyme du célèbre plasticien, rêve d’un urinoir devant chez lui, une maison d’hôtes dans laquelle il a réuni une communauté un peu folle, une Arche de Noé revisitée où chacun doit trouver sa place. Et ce n’est pas évident, entre la vieille cousine acariâtre et voyageuse, le marin au long cours passionné de coiffure, l’infirmière naturiste et mannequin, les cuisiniers spécialisés dans l’escargot petit-gris, le copain coureur de jupons, informaticien à ses heures, et tous les autres, autant de personnages fantasques qui ont en commun une grande foi dans l’humanité.
Oscar : un ange de la mort humaniste à l’humour félin veille sur les vieilles personnes d’un hôpital, avant de les aider à mourir.
À table : une femme prépare un dîner pour un homme qu’elle aime au-delà de la raison. Mais il la déçoit, ce qu’il n’aurait pas dû faire.
Gustave : un professeur de yoga se comporte comme un sergent-chef. À ses risques et périls.
Un recueil de nouvelles loufoques et décalées sur les pas de personnages à l'absurdité grandissante et désopilante.
EXTRAIT De L'Urinoir
Je m’appelle Marcel Duchamp, comme l’artiste, bien que je n’aie aucun rapport avec lui, c’est juste un homonyme, ma mère était amoureuse de son voisin de palier, Marcel, et Duchamp comme « du champ » mes ancêtres devaient être agriculteurs et avoir une ferme, je suppose. Pour montrer qu’il n’y a aucune relation entre MD et moi, j’ai mis une vieille baignoire à l’entrée du domaine, une grande vasque, manière de situer les choses. Pas un urinoir, quand même, je n’ai pas osé. Aujourd’hui, je le regrette. On ne va jamais au bout de ses rêves.
Je m’appelle Marcel Duchamp, j’ai cinquante-trois ans et j’attends depuis un certain temps, trois heures il me semble, dans ce qui ressemble à un couloir de palais de justice, que l’on veuille s’occuper de moi.
Au début, j’ai cru que j’étais transparent tellement ils et elles étaient nombreux à me passer devant, dans leur cape ridicule à poils blancs, sans m’accorder un seul regard. Quand je pense à ces pauvres rongeurs assassinés par familles entières pour finir en galon au bout d’une manche, j’en suis malade. J’ai un peu tremblé et puis j’ai pris une décision, je me suis assis sur une dame. Sur ses genoux. Elle n’était ni très jeune, ni très vieille, pas très jolie non plus, mais pas laide, une normale, en quelque sorte, je ne voulais pas être accusé de quoi que ce soit, si j’étais au tribunal, à attendre, c’est que j’avais fait quelque chose de mal, il ne fallait pas en rajouter. « Mais ça va pas, non ! » a-t-elle crié presque aussitôt. Un peu de café s’est mis à couler sur mon pantalon déjà pas très propre. Il devait venir de la machine du bout du couloir, dans son gobelet blanc. Le liquide m’avait brûlé, j’avais la preuve que je n’étais pas transparent. Tant mieux, je n’aurais pas aimé être l’homme invisible.
À PROPOS DE L'AUTEUR
Isabelle Richard - L’auteure aime pêle-mêle, sans hiérarchie aucune, lire, marcher, nager, l’ailleurs, les Amériques, le cinéma, les levers de soleil sur la Méditerranée, le chocolat et le vin rouge, la musique qui élève l’âme, les fous-rires partagés. Oscar, Gustave et l’Urinoir est son quatrième roman.
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Avis sur Oscar, Gustave et L'Urinoir
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Aperçu du livre
Oscar, Gustave et L'Urinoir - Isabelle Richard
Table des matières
Résumé
Préface
L’Urinoir
Clarisse
Érika et Antony
Stéphane, dit Steph
Betty et John
Gilberte
L’idée
Les chambres
La fin
Oscar
À table
Gustave
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Résumé
Sur un ton loufoque et décalé, les héros de ces quatre nouvelles se racontent. Jusqu’à la chute. Désopilante. Absurde.
L’Urinoir : Marcel Duchamp, homonyme du célèbre plasticien, rêve d’un urinoir devant chez lui, une maison d’hôtes dans laquelle il a réuni une communauté un peu folle, une Arche de Noé revisitée où chacun doit trouver sa place. Et ce n’est pas évident, entre la vieille cousine acariâtre et voyageuse, le marin au long cours passionné de coiffure, l’infirmière naturiste et mannequin, les cuisiniers spécialisés dans l’escargot petit-gris, le copain coureur de jupons, informaticien à ses heures, et tous les autres, autant de personnages fantasques qui ont en commun une grande foi dans l’humanité.
Oscar : un ange de la mort humaniste à l’humour félin veille sur les vieilles personnes d’un hôpital, avant de les aider à mourir.
À table : une femme prépare un dîner pour un homme qu’elle aime au-delà de la raison. Mais il la déçoit, ce qu’il n’aurait pas dû faire.
Gustave : un professeur de yoga se comporte comme un sergent-chef. À ses risques et périls.
L’auteure aime pêle-mêle, sans hiérarchie aucune, lire, marcher, nager, l’ailleurs, les Amériques, le cinéma, les levers de soleil sur la Méditerranée, le chocolat et le vin rouge, la musique qui élève l’âme, les fous-rires partagés. Oscar, Gustave et l’Urinoir est son quatrième roman.
Isabelle Richard
Oscar, Gustave et L’Urinoir
Nouvelles
ISBN : 9782378736040
Collection Blanche
ISSN : 2416-4259
Dépôt légal : février 2019
© couverture Annabel Peyrard pour Ex Æquo
© 2019 Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction intégrale ou partielle, réservés pour tous pays.
Toute modification interdite.
Éditions Ex Æquo
6 rue des Sybilles
88370 Plombières les Bains
www.editions-exaequo.com
« Si tu ne saisis pas le petit grain de folie chez quelqu’un, tu ne peux pas l’aimer. Si tu ne saisis pas son point de démence, tu passes à côté. Le point de démence de quelqu’un, c’est la source de son charme. »
Gilles Deleuze
À la fantaisie
Préface
Belle écriture aux descriptions elliptiques. Au sein de cette folle communauté ou arche de Noé revisitée, chaque personnage est à la fois dense, éthéré et plutôt attachant. Des rencontres fugaces et profondes nous offrent pêle-mêle des vies, fumerolles en mouvement, qui sitôt nous échappent et le lecteur a tout loisir de poursuivre la tâche en complétant ses visions d’une imagination guidée. Ce recueil est un bel exemple de la complicité naissante entre un auteur et son lecteur, étrange alchimie lorsqu’un écrit module la pensée par omission. Tout ici est effleuré, suggéré, au travers de phrases hachées et d’images ciselées. Paradoxes, absurde, dérision, douceur et réalisme nous bercent et nous invitent à flotter au gré de courants parfois contraires où des héros se croisent avec légèreté. Parvenus à la fin du recueil, nous regrettons d’atteindre déjà le port et de quitter cette ribambelle.
Ce recueil se lit étrangement entre les lignes de fond ; la quête de sens devient une aventure, car finalement ce sens n’a aucune importance...
Jean-François Rottier
L’Urinoir
Je m’appelle Marcel Duchamp, comme l’artiste, bien que je n’aie aucun rapport avec lui, c’est juste un homonyme, ma mère était amoureuse de son voisin de palier, Marcel, et Duchamp comme « du champ » mes ancêtres devaient être agriculteurs et avoir une ferme, je suppose. Pour montrer qu’il n’y a aucune relation entre MD et moi, j’ai mis une vieille baignoire à l’entrée du domaine, une grande vasque, manière de situer les choses. Pas un urinoir, quand même, je n’ai pas osé. Aujourd’hui, je le regrette. On ne va jamais au bout de ses rêves.
Je m’appelle Marcel Duchamp, j’ai cinquante-trois ans et j’attends depuis un certain temps, trois heures il me semble, dans ce qui ressemble à un couloir de palais de justice, que l’on veuille s’occuper de moi.
Au début, j’ai cru que j’étais transparent tellement ils et elles étaient nombreux à me passer devant, dans leur cape ridicule à poils blancs, sans m’accorder un seul regard. Quand je pense à ces pauvres rongeurs assassinés par familles entières pour finir en galon au bout d’une manche, j’en suis malade. J’ai un peu tremblé et puis j’ai pris une décision, je me suis assis sur une dame. Sur ses genoux. Elle n’était ni très jeune, ni très vieille, pas très jolie non plus, mais pas laide, une normale, en quelque sorte, je ne voulais pas être accusé de quoi que ce soit, si j’étais au tribunal, à attendre, c’est que j’avais fait quelque chose de mal, il ne fallait pas en rajouter. « Mais ça va pas, non ! » a-t-elle crié presque aussitôt. Un peu de café s’est mis à couler sur mon pantalon déjà pas très propre. Il devait venir de la machine du bout du couloir, dans son gobelet blanc. Le liquide m’avait brûlé, j’avais la preuve que je n’étais pas transparent. Tant mieux, je n’aurais pas aimé être l’homme invisible.
Je ne serais pas parvenu à rassembler les gens que j’aime, si j’avais été l’homme invisible. D’abord Clarisse. Puis Érika. Ensuite, Stéphane, Betty et John. Gilberte, enfin, qui passait par là et s’est arrêtée dans mon jardin.
Clarisse
Clarisse, les gens en parlent comme de celle qui a décidé de faire un bébé toute seule. Moi qui la connais depuis toujours, je sais qu’elle est beaucoup d’autres choses.
On était à l’école ensemble. Elle s’y ennuyait ferme, comme nous tous ou presque. À part en cours de Sciences Naturelles où elle s’animait d’un seul coup. Au début, j’ai cru que c’était pour les beaux yeux du prof, un brun tout étiré avec de grands yeux bleus et des cheveux noir corbeau, très chic dans sa blouse blanche. Il avait de grandes mains élégantes
