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Les aventurières de la côte sauvage
Les aventurières de la côte sauvage
Les aventurières de la côte sauvage
Livre électronique280 pages3 heures

Les aventurières de la côte sauvage

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À propos de ce livre électronique

Tout baigne pour Ronnie, jeune « escort boy » qui loue ses charmes à des quinquagénaires de la presqu’île de Quiberon. Mais, à quelques jours d’intervalle, deux de ses clientes trouvent la mort dans des conditions mystérieuses. Voilà qui n’arrange pas les affaires du gigolo, qui voit la gendarmerie, sous la conduite du lieutenant Menotti, faire irruption dans sa vie et mettre en péril son petit commerce.

Pendant ce temps, un directeur de maison de retraite peu scrupuleux projette un très mauvais coup pour renflouer les caisses de son établissement…

À travers les paysages sauvages de la presqu’île, des destins s’entrecroisent en de sanglants chassés-croisés. Les coupables ne seront démasqués qu’au terme d’un suspense haletant…

RÉÉDITION (Ouvrage déjà paru sous le titre La baie des cougars)

À PROPOS DE L'AUTEUR

Natif de Carnac où il réside régulièrement, Jean-Marc Perret s’est lancé dans l’écriture de romans policiers après une carrière de contrôleur de gestion à la SNCF. Également auteur d’une pièce de théâtre, une comédie policière, amateur de cinéma, passionné de sport, Jean-Marc pratique assidûment le tennis et la marche nordique. Il est actuellement correspondant du journal Ouest-France pour la commune de Chantepie, où il vit, près de Rennes.
LangueFrançais
ÉditeurPalémon
Date de sortie5 juil. 2024
ISBN9782385273811
Les aventurières de la côte sauvage

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    Aperçu du livre

    Les aventurières de la côte sauvage - Jean-Marc Perret

    Chapitre 1

    Lundi 4 juin

    Quand elle sortit de la salle de bains, il s’était déjà rhabillé et feuilletait distraitement une revue empruntée au présentoir de l’hôtel. Il leva les yeux et ébaucha un sourire, puis, d’un geste familier, releva la mèche blonde qui lui couvrait le front. Il quitta le fauteuil dans lequel il était assis. De taille moyenne, il était à peine plus grand qu’elle.

    — Bien, je dois m’en aller à présent, dit-il simplement.

    Cette formule faisait partie de son rituel de départ. Il l’embrassa sur la joue. Elle planta son regard au fond de ses yeux si bleus et s’écarta pour attraper son sac à main posé sur le guéridon. Elle en retira une enveloppe qu’elle lui tendit en détournant légèrement la tête.

    Sans un mot, il s’en saisit et la glissa dans la poche intérieure de sa veste.

    — Comme d’habitude, dans une semaine, même heure, même endroit ?

    Sans attendre la réponse, il lui adressa un baiser furtif du bout des doigts. Magda le regarda sortir, la démarche souple, presque féminine, un jean taille basse moulant ses jambes et une courte veste cintrée lui couvrant à peine le haut des fesses. Elle patienterait un quart d’heure avant de quitter l’hôtel, bien que consciente qu’elle ne tromperait pas grand monde à la réception. Elle prit place dans le fauteuil qu’il occupait précédemment et promena son regard sur le décor conventionnel de la chambre, s’attardant sur les draps froissés. Depuis six mois, elle recourait aux services de Ronnie. Julie, sa meilleure amie, lui avait expliqué comment contacter le jeune homme. À présent, Magda s’amusait de l’appréhension qui l’avait habitée lors de leur première rencontre. Jusqu’au dernier moment, alors qu’elle l’attendait dans cette même chambre, elle avait été tentée de prendre ses jambes à son cou. Désormais, Magda devait admettre qu’elle aurait beaucoup de mal à se passer de la parenthèse hebdomadaire qu’elle ouvrait avec Ronnie. Il se montrait attentionné, d’une bonne humeur constante, et comme amant, même si ce terme n’était, bien sûr, pas tout à fait approprié, apte à lui apporter tout ce qu’elle désirait, ce dont était incapable son mari. Le seul moment déplaisant, auquel elle ne pouvait décidément pas s’habituer, restait celui du paiement de la prestation. De plus, cet animal de Ronnie ne perdait pas le nord et augmentait régulièrement ses tarifs, sachant très bien qu’elle n’oserait pas marchander. Mais c’était le prix à payer, jamais expression n’avait été plus juste.

    Magda regarda sa montre et constata que le laps de temps qu’elle s’était accordé était épuisé. Elle quitta la chambre. Regardant droit devant, elle traversa le hall de l’hôtel et se dirigea vers le fond du parking, sur la gauche, où elle avait garé sa Captur. Incrédule, elle s’aperçut que sa voiture n’était plus là.

    *

    Musique thrash metal poussée à fond, Ronnie Tugdal se rendait chez son copain Mat. Martelant le volant aux rythmes syncopés de la batterie, il menait sa Porsche 911 Carrera, un coupé acheté d’occasion un mois auparavant, au maximum de ses possibilités sur la ligne droite en direction de Kerhostin. Comme chaque fois après ses ébats avec une cliente, il éprouvait le besoin de se griser de vitesse et de bruit. Il aimait bien Magda ; parmi ses habituées, c’était sans doute sa préférée. Il avait fini par savoir son âge : cinquante balais, mais elle en faisait dix de moins. Son mari était garagiste et lui avait d’ailleurs vendu la Porsche. C’était jouissif de penser que le fric reçu de sa femme avait servi pour une part à financer l’achat de la voiture. Si un jour il écrivait ses mémoires, ce qu’il ne ferait sans doute jamais, il aurait son lot d’anecdotes croustillantes à raconter. Ronnie faisait commerce de ses charmes depuis cinq ans. Le bouche-à-oreille avait fonctionné, sa clientèle s’était discrètement et régulièrement étoffée et lui assurait, à trente ans, de quoi se payer tout ce qu’il estimait indispensable à la satisfaction de ses envies.

    La circulation était encore fluide en cette fin de journée, et Ronnie progressait dans une espèce de course à saute-mouton avec les voitures qui le précédaient et qu’il avalait de toute la puissance des 325 chevaux de son moteur. À la sortie du bourg, il fut tout de même obligé de ralentir et, après quelques centaines de mètres, il bifurqua sur la gauche dans l’impasse du Lizeau. La maison où vivait Mat Devon se trouvait isolée face à la mer, à l’écart d’un ancien parc à huîtres. Après un tête-à-queue qui souleva un nuage de poussière, Ronnie immobilisa sa Porsche au bout de l’impasse. Il coupa le contact et savoura le silence revenu. Pour une fois, la vieille camionnette de Mat avait déserté la remise qui lui servait de garage et stationnait à l’extérieur. Ronnie la regarda d’un air dégoûté et pensa que ce tas de boue gâchait le paysage.

    Il choisit d’entrer chez Mat par la porte qui donnait sur la plage. Il parcourut quelques mètres sur le sable et poussa une petite barrière en bois. Comme à l’ordinaire, la maison n’était pas fermée à clé. Ronnie entra et mit un peu de temps à s’accoutumer à l’obscurité du vestibule. Il héla son ami.

    — À l’étage ! répondit la voix cassée de Mat.

    Ronnie gravit avec prudence l’escalier en bois, prenant garde de ne pas fourrer les pieds dans les trous dont souffraient quelques marches. Il pénétra dans la vaste pièce – une sorte de loft – qui servait à la fois de salon, cuisine et atelier. Seule la chambre était indépendante, tout au bout de la grande pièce. Contrarié, il remarqua un tabouret sur lequel étaient disposées seringues, cuillère et poudre blanche. Il ne fallait pas rêver, les probabilités pour que Mat parvienne à décrocher étaient quasiment nulles. Il l’avisa, à quatre pattes, en train de scruter le dessous de son lit. Réprimant l’envie de lui botter le cul, Ronnie s’enquit :

    — Qu’est-ce que tu fous là ?

    — Micky s’est échappée. J’avais laissé sa cage ouverte. Elle aime pas rester trop longtemps enfermée là-dedans. Ah, ça y est, je l’ai trouvée ! Allez, ma petite, approche, c’est ton copain Mat ! Faut pas avoir peur. Voilà, viens, c’est bien !

    Les cheveux blonds, filasses, encadrant un visage creux rougi par l’effort, Mat se releva, prenant appui sur sa main gauche. Dans la droite, il tenait, avec une infinie délicatesse, Micky dont les pattes velues remuaient doucement.

    — C’est-y pas mignon cette petite chose ? Regarde-moi ça, Ronnie !

    Celui-ci grimaça de dégoût.

    — Complètement louf ! Un de ces jours, ton araignée va se barrer pour de bon.

    — D’abord, c’est pas une vulgaire araignée, mais une mygale Theraphosa, la reine de l’Amazonie ! s’écria Mat Devon avec l’emphase que lui autorisait son timbre caverneux. Regarde, elle adore quand je la caresse.

    Il retourna l’animal et promena un doigt sur son abdomen.

    — Allez, à toi, Ronnie, un petit effort, je suis sûr que vous allez devenir potes.

    Ronnie recula d’un bond alors que Mat lui présentait la mygale.

    — Pas question que je touche à cette saloperie ! Remets-la dans sa cage ou je me casse !

    Mat haussa les épaules et adressa un souffle léger en direction de la mygale qui, à nouveau, agita les pattes.

    — Tu veux que j’te dise, Ronnie, finalement t’es pas un mec cool. Non, on pourrait croire comme ça, au premier abord, que tu assures, mais c’est faux. T’es bourré de préjugés.

    — Je ne vois pas de quoi tu veux parler. Y a pas un mec sur un million qui toucherait à ta bestiole !

    En grommelant, Mat se dirigea vers une table au fond de la pièce. Une grande cage grillagée en occupait presque toute la surface. Il fit coulisser la trappe au-dessus de la cage et y déposa la mygale. Puis il referma une ouverture sur le côté, celle par laquelle s’était probablement enfui l’arachnide.

    — Et ça, qu’est-ce que c’est ?

    Ronnie désignait une sorte de coffre aux parois de verre. Il s’approcha. Le fond était tapissé d’un mélange de terre, de petites branches et de feuilles. Quelques grosses pierres complétaient le tableau.

    — C’est un vivarium. Une cage en verre, quoi, pour loger un serpent.

    — Un serpent ? Tu veux dire que tu vas y foutre un serpent ?

    — Il y est déjà. Mais faut bien regarder. Approche.

    Malgré lui, Ronnie avança. Mat lui désignait une forme de couleur brun rosé lovée autour d’une branche morte.

    — Un crotale ! Un serpent à sonnette, si tu préfères ! Une rareté ! J’ai eu du mal à me le procurer.

    Ronnie tressaillit, éberlué.

    — Et la suite, c’est quoi ? Un alligator ?

    Mat pouffa.

    — Pour l’instant, rien de nouveau. C’est qu’elles me coûtent du pognon ces petites bêtes. Tu peux pas imaginer.

    — Bon, maintenant que tu m’as présenté tes charmants compagnons, peut-être qu’on pourrait causer, le coupa Ronnie. Tu as la commande de Lilou ?

    — Minute, minute, dit Mat de sa voix traînante. Il faut d’abord que je fasse bouffer Micky.

    Il se pencha sous la table et plongea la main dans une autre cage plus petite d’où des cris aigus retentirent. Mat se redressa.

    — Une dizaine que Micky n’a pas becqueté. Un mulot. Hummm ! Elle va se régaler !

    Il ouvrit à nouveau le dessus de la cage de la mygale et lâcha le petit rongeur.

    — Zieute ça, Ronnie, c’est fascinant. Micky a repéré sa proie. Paf ! Oh, putain, c’qu’elle avait la dalle ! Elle lui saute déjà dessus.

    — Merde ! Tu vas me faire gerber, je me tire, j’en peux plus ! Tu apporteras ta valoche dehors !

    Ronnie sortit sans plus attendre. Dans sa précipitation, il manqua se tordre la cheville dans l’escalier et déboucha à l’extérieur, aspirant une grande goulée d’air iodé qui lui fit un bien fou. Peu de temps après, Mat descendit, portant une valise cradingue qu’il déposa sur le sol.

    — T’as vraiment loupé un beau spectacle, Ronnie, un magnifique spectacle de nature sauvage. T’aurais vu quand Micky l’a bloqué entre ses pattes…

    — M’en fous ! Épargne-moi ces détails et ouvre plutôt la valise, le coupa sèchement Ronnie.

    Mat soupira, s’accroupit, ouvrit le bagage et en sortit une planchette. Elle servait de présentoir pour toute une gamme de colliers et bracelets. Ronnie se pencha et hocha la tête. Mat était sans doute le type le plus fêlé à des kilomètres à la ronde, mais il s’y connaissait pour créer des bijoux.

    — Regarde ce pendentif en moldavite ! Et ces tourmalines ! Rien que du brut.

    — Pas mal, apprécia Ronnie.

    — Pas mal ! C’est tout ce que tu trouves à dire pour des semaines de boulot ? riposta Mat.

    — Lilou te paie, et plutôt bien, te plains pas ! Je vais t’en prendre quelques-uns, histoire qu’elle se fasse une idée.

    — Je lui fourgue la totalité pour deux mille euros.

    — Trop cher. Lilou n’acceptera jamais.

    — Trop cher ? Tu déconnes ? Avec les bénefs qu’elle se fait sur les marchés !

    — C’est sûr qu’avec ta tronche, t’aurais du mal à les vendre ! En plus, faut se lever de bonne heure, mec ! Alors, j’vois pas comment tu pourrais faire. Bon, allez, je prends ça, ça, et aussi ça. On s’revoit. Peut-être bien que Lilou t’achètera le tout.

    — Y a intérêt ! Sans quoi, je cherche un autre client. J’en connais un paquet qui sont prêts à m’acheter mes nouveautés !

    — Mais oui, c’est ça, répliqua Ronnie, pas du tout convaincu.

    Il s’éloigna avec un petit geste d’adieu.

    Chapitre 2

    Même jour

    Abasourdie, Magda s’évertuait à conserver son calme. Forcément, tout allait s’expliquer, il ne pouvait en être autrement. Elle avait déjà vécu ce scénario à l’occasion d’emplettes dans une grande surface, arpentant les allées du parking les unes après les autres à la recherche de son véhicule pour finalement le retrouver. Oui, mais voilà, aujourd’hui, elle ne faisait pas ses courses. Elle se trouvait à l’Alré Hôtel, à la sortie d’Auray, en direction de Vannes.

    Elle laissait toujours sa Captur au fond de la cour, derrière l’hôtel, à l’abri des regards. Présentement, à cet endroit, seules deux voitures stationnaient dont l’une était occupée. Magda regarda furtivement l’homme qui griffonnait au volant d’une Fiesta rouge. Avait-elle dérogé à ses habitudes ? Contre toute raison, elle entreprit d’inspecter le parking, tout autour de l’hôtel, avant de revenir à son point de départ. Ce qu’elle redoutait devenait une certitude, sa Captur avait disparu, sans aucun doute volée. Face à ce désastreux coup de malchance, des larmes jaillirent qu’elle eut du mal à refouler. Elle se mordit l’index, essayant de mettre de l’ordre dans le tumulte de ses pensées. Elle s’aperçut que le conducteur de la Fiesta l’observait, l’air perplexe. Elle tourna les talons, gagna l’entrée de l’hôtel et vérifia l’heure à sa montre. Dix-huit heures trente. Elle devait de toute urgence prendre une décision. Solliciter l’aide de Ronnie ? Non, hors de question, d’ailleurs elle était convaincue qu’il ne se déplacerait pas. Elle fit le tour des possibilités qui s’offraient à elle, avant qu’une solution ne s’impose avec la force de l’évidence. Il lui fallait de toute urgence appeler Julie, la deuxième moitié d’elle-même, toujours pleine de ressources, celle en qui elle avait une totale confiance. À elles deux, elles sauraient faire face. Sur son portable, Magda sélectionna le nom de son amie et appuya sur la touche appel. Elle écouta les sonneries se succéder puis poussa une exclamation de dépit quand elle entendit la voix claire, presque joyeuse : « Bonjour ! Julie est absente momentanément, mais laissez-lui donc votre message, elle vous rappellera dès son retour ! »

    Magda refoula à nouveau ses larmes et, d’une voix saccadée, lui laissa son message : « Julie ! C’est Magda ! C’est très, très urgent. J’ai besoin de toi. Peux-tu me rappeler dès que possible ? Je t’en prie. »

    Julie allait forcément la contacter, elle n’était pas du genre à garder son appareil éteint. Magda attendit quelques instants avant de composer à nouveau le numéro de son amie, mais n’obtint encore que le répondeur. Elle lui adressa une prière intérieure : Je t’en prie, Julie, réponds-moi, j’ai besoin de toi ! C’est plus qu’urgent ! Elle fit une nouvelle tentative, elle aussi vouée à l’échec.

    Désormais, des clients arrivaient et Magda s’éloigna de l’entrée. Le ballet des voitures s’intensifia. Des couples ou personnes seules pénétraient dans l’hôtel. Elle essaya encore une fois de joindre Julie, fermant les yeux de désespoir en entendant à nouveau le message enregistré.

    Je ne peux pas rester plantée là, je vais avoir l’air ridicule, pensa-t-elle.

    Il lui fallait réagir. Elle ouvrit son portable, rechercha le numéro d’une compagnie de taxis à Auray et appela aussitôt.

    — Les Taxis Alréens ? J’ai besoin d’une course de toute urgence. Je suis à l’Alré Hôtel. C’est possible ? Bien. Je vous attends sur le parking.

    *

    Peu après, un taxi stoppait devant l’entrée de l’hôtel. Magda s’installa sur le siège arrière. Son plan était arrêté.

    — S’il vous plaît, déposez-moi dans la zone de Kerbois, au centre Leclerc.

    Le chauffeur esquissa un imperceptible hochement de tête et démarra. En peu de temps, Magda arriva devant l’hypermarché. Elle régla la course et sortit sur l’esplanade. Elle marqua une brève hésitation, mais renonça à recontacter Julie qui, sans doute, était sérieusement occupée, sinon elle aurait déjà répondu. Magda composa le numéro de son mari. Elle aurait droit à une volée de bois vert, mais elle n’avait plus le choix. Loïk Boquen décrocha instantanément.

    — Loïk ? Je… il m’est arrivé une tuile. Je suis au Leclerc d’Auray, je ne retrouve pas ma voiture. Si, sûre et certaine. J’ai fait le tour du parking. Il n’y a pas d’erreur. Ma voiture n’est plus là. On a dû me la voler.

    Elle l’entendit lâcher une bordée de jurons, beugler qu’elle avait certainement oublié de verrouiller la portière, lui demander de s’assurer à nouveau de l’absence de la Captur pour, sur un ton excédé, finir par lui annoncer sa venue.

    Il faudrait une demi-heure à Loïk pour effectuer le trajet depuis son garage. Elle profiterait de ce laps de temps pour faire quelques achats, histoire de justifier sa présence au centre commercial. Dans la galerie marchande, elle entra dans une boutique de matériel informatique et acheta un pack de cartouches d’encre de rechange pour son imprimante. Elle jugea inutile d’acquérir d’autres objets, se rendit à la cafétéria et commanda un café. Elle réfléchit à ce qu’elle allait devoir raconter. Loïk serait évidemment d’une humeur massacrante, ce qui ne le changerait guère de l’ordinaire. Elle connaissait déjà la litanie de reproches qu’il lui balancerait. Peu importe, l’urgence serait de remplacer sa voiture afin qu’elle puisse conserver sa précieuse liberté. Ce ne serait pas du tout cuit. Pourtant, ce n’aurait pas dû être un problème. Loïk tenait un garage à la sortie de Quiberon, et il disposait de deux véhicules dits de courtoisie. Seulement, Magda s’attendait à ce qu’il fasse toute une histoire avant d’accepter, éventuellement, de lui en prêter un ; quant à acheter une autre voiture… Il était pourtant bien placé avec son boulot, et l’argent ne constituait pas un obstacle. La Captur était assurée contre le vol et Loïk gagnait confortablement sa vie. Mais il avait la rancune tenace. Magda avait travaillé quelque temps au garage pour, notamment, en assurer le secrétariat. Lasse des remontrances et récriminations de son époux, elle avait fini par démissionner, ce qui avait contraint Loïk à embaucher une employée supplémentaire. Il ne le lui avait jamais pardonné.

    De fait, Loïk Boquen souffrait d’une pingrerie hors norme, un cas d’école. Magda camouflait ses nouvelles toilettes, planquait sa collection de paires de chaussures au fond de la cave. Fort heureusement, pour s’assurer une certaine indépendance financière, elle s’était associée avec Julie pour monter une affaire de vente par correspondance. Gwen, la fille de Julie, les alimentait en parfums, eaux de toilette et cosmétiques qu’elles revendaient

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