Traversée sous la Lumière: Le Couvent des Cyprès - 4 -
Par Inès Delajoie
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À propos de ce livre électronique
Inès Delajoie
Inès DELAJOIE, mariée, mère de trois enfants et professionnelle de santé écrit depuis plusieurs années. Elle a publié « Les Chemins de Mérincourt » et prépare la suite des Glycines de Fourvière. Des romans qui nous invitent à partager le sens du bonheur...
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Traversée sous la Lumière - Inès Delajoie
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Chaque livre de la série Le Couvent des Cyprès peut être lu séparément même si les tomes suivent une chronologie.
Les Chemins de Mérincourt, roman, BoD 2018.
- Le Couvent des Cyprès – I
Les Glycines de Fourvière, roman, BoD 2019.
- Le Couvent des Cyprès – II
Le Temps d’Exister, roman, BoD 2020.
- Le Couvent des Cyprès – III
Traversée sous la Lumière, roman, Amazon 2022, BoD 2024. - Le Couvent des Cyprès – IV
Le Journal de sœur Aymy, roman, Amazon 2023, BoD 2024. - Le Couvent des Cyprès – V
(Parution du tome VI prévue en 2024, BoD.)
La coccinelle de Jahan, Nouvelle, Nouvelle Cité 2022.
Élisabeth LESEUR, Une âme pour élever le monde, Nouvelle Cité 2024 (Biographie spirituelle)
La seule chose à la longue qui en vaille la
chandelle, c’est d’avoir aimé.
Christiane Singer
Ne vous découragez pas. La vérité de la
vie est dans une espérance inconfusible que le
soleil finira par dissiper tous les nuages.
Pierre Teilhard de Chardin
TABLE
Chapitre I 9 novembre, retour aux Glycines
Chapitre II Visite et courrier imprévus
Chapitre III Intrigue aux Lilas Blancs
Chapitre IV Intenses recherches
Chapitre V 15 novembre, on tourne !
Chapitre VI Madame Guillaume
Chapitre VII L’appartement
Chapitre VIII L’affaire Guillaume
Chapitre IX Surprises matinales
Chapitre X Visite inattendue
Chapitre XI Interruption
Chapitre XII Émotion et gratitude
Chapitre XIII Mésaventure du producteur
Chapitres XIV Lalouvesc
Chapitre XV Un motard dans les bois
Chapitre XVI Départ difficile
Chapitre XVII Un numéro de téléphone
Chapitre XVIII Révélations
Chapitre I
9 novembre : retour aux Glycines
Les deux fondations du Couvent des Cyprès, celle de Mérincourt, la maison d’origine, avec quatorze sœurs et celle de Lyon dans la maison des Glycines de Fourvière comprenant sept membres, venaient de se retrouver pendant la semaine de Toussaint¹qui avait été fort mouvementée, malgré la joie des retrouvailles. En effet, Franck Joulin, un réalisateur-producteur, ayant déjà eu un accord pour tourner un documentaire dans la toute nouvelle école primaire à deux classes aux Glycines à Lyon dirigée par sœur Sophie, venait maintenant de proposer de filmer les deux communautés dans leur quotidien ! Après moult débats, les sœurs avaient finalement accepté et à la minovembre, le tournage commencerait simultanément dans les deux maisons. Cette communauté du Christ Ressuscité offrait une particularité d’apostolat : chaque sœur travaillait à mi-temps dans son propre métier à l’extérieur de la congrégation. En ce lundi, la communauté réintégrait la maison des Glycines. Il était presque dix-neuf heures quand le petit groupe arriva à Lyon. Sœur Raymonde, la dynamique responsable septuagénaire, discutait avec sa compagne Roseline, qui descendait de l’étage :
— Alors, tu arrives à assurer les commandes depuis le salon de Lyon ?
Roseline confectionnait, dans un garage de la maison sur la colline, des produits d’hygiène biologiques. Maintenant que sœur Albane travaillait comme professeure, elle avait moins de temps pour la seconder comme lorsqu’elles étaient ensemble à Mérincourt, avant la nouvelle fondation.
— Oui, je vais mettre les bouchées doubles ! Pour ce qui est des savonnettes, du gel pour les mains et les cheveux, tout va bien, mais pour les produits détergents, je n’ai plus de stock. Albane va dégager une demi-journée cette semaine pour préparer avec moi les commandes.
Sœur Albane, professeure à temps partiel dans une école d’architecture de Lyon et Lydie, aidesoignante, étaient de jeunes trentenaires, arrivées pendant l’été depuis Mérincourt jusqu’à Lyon. La grande maison des Glycines, était un ancien hôtel ayant appartenu à la famille de Sophie qui en était la seule héritière. Elle abritait maintenant dans ses murs l’école primaire au niveau du rez-de-chaussée et la communauté des sept sœurs dans les étages. Très bien placé, tout près de Fourvière, le grand bâtiment pourvu d’un jardin attenant qui faisait office de cour de récréation pour les élèves, offrait une vue splendide sur la capitale des Gaules.
— Compte sur moi aussi, je peux libérer quelques heures pour préparer les expéditions, reprit sœur Raymonde en mettant la table pour un dîner improvisé. Si cela continue de bien marcher, nous pourrons envoyer une somme importante pour aider le village du Cameroun où travaille la sœur de Domitille. Ils ont encore besoin de fonds pour améliorer l’école.
— Oui, ce salon m’a offert une vraie visibilité chez beaucoup de commerçants lyonnais. Cela motive de penser à tous ces enfants qu’il faut soutenir dans leur scolarité…
La grande porte d’entrée s’ouvrit et Lydie, petite brune aux yeux clairs, monta l’escalier, contente :
— J’ai pu trouver du pain ! Il n’en restait plus beaucoup, mais nous serons tranquilles pour deux jours.
— Merci ! Je n’aime pas trop les biscottes, remarqua sœur Roseline en souriant.
— Quand je pense que dans deux semaines à peine, nous serons suivies par les caméras ! s’exclama sœur Colombe qui rejoignait le groupe dans la salle à manger pour le repas du soir, après avoir défait sa valise dans sa chambre de l’étage. En prévision, j’ai fait du rangement !
— Tu es toujours bien ordonnée… et puis nous devons être telles que nous sommes, tant pis si tout n’est pas impeccable ! observa sœur Raymonde, pour ma part, je ne change rien de plus dans ma chambre, ce n’est pas le capharnaüm, c’est tout juste vivant !
— Oh oui ! Ne commençons pas à nous tracasser pour des détails ! renchérit sœur Isabelle, infirmière à mi-temps dans un hôpital du quartier.
— Tu as bien raison, sinon nous n’allons plus vivre, approuva Roseline. Pour ma part, les caméras vont sûrement me suivre dans mes livraisons locales…
— Certainement, Franck Joulin veut nous filmer dans toutes nos activités, affirma la responsable.
— Vous croyez que c’est son récent retour à la foi qui lui a donné l’idée de ce long-métrage ? questionna sœur Lydie.
— Manifestement ! affirma Albane, il redécouvre tout un monde chrétien dont il vivait très éloigné…
— En attendant, personnellement je vais me coucher tôt ! Je me sens fatiguée après ces vacances à Mérincourt, remarqua Sophie.
— Oh oui… repose-toi ! Tu as encore une semaine avant de retrouver tes élèves. Je propose que tu sois complètement déchargée de tes tours de cuisine. Je te remplacerai, avertit sœur Raymonde tout en servant les bols d’une soupe maison décongelée.
— Si je ne suis pas au travail, je te donnerai un coup de main ! signala Isabelle.
Dans la maison des Glycines, on préparait les repas à tour de rôle et sur le mur de la salle à manger, un tableau décoré par Albane, indiquait qui était de service.
— Une soupe, un peu de fromage, de la compote et je suis dans mon lit ! déclara Sophie en bâillant à s’en décrocher la mâchoire, merci de me remplacer à la cuisine, j’avoue que j’accepte volontiers.
— Tu as une lourde charge avec la direction de l’école, c’est bien normal que nous te déchargions pendant tes vacances, confirma Lydie, l’aide-soignante. Isabelle, je crois que nous avons des horaires presque similaires à l’hôpital cette semaine. Je vais consacrer mes jours de repos à avancer les travaux de couture pour le magasin de Mérincourt, les articles pour enfants sont à flux tendu…
La communauté de Mérincourt, maison d’origine, avait ouvert une petite boutique depuis un an, bien située près de la route, à l’entrée de l’allée menant au Couvent, tout près du grand portail. La voie où se situaient les Cyprès traversait la ville, elle restait fréquentée par un passage régulier de voitures. Le magasin commençait à être connu et le couple d’amis des sœurs, Marc-Élie et Élisabeth, qui seraient bientôt installés dans un beau chalet en bois construit pour eux dans le grand parc, faisait des permanences pour que le magasin reste ouvert dans des plages horaires attractives. Sœur Agathe, couturière de métier, confectionnait des vêtements pour adultes ; ses quatrevingt-six printemps ne l’empêchaient pas d’être encore très active. Elle avait transmis son savoir-faire à Lydie qui aimait beaucoup réaliser des vêtements pour enfants.
La vie de la toute nouvelle Communauté des Glycines à Lyon reprit son cours. Sœur Colombe parfaitement trilingue et employée au service d’import-export de l’entreprise familiale versaillaise créatrice de parfum, dut s’atteler en télétravail à s’occuper de nombreuses traductions laissées en attente pendant sa semaine de congé.
— Les vacances cela fait du bien mais au retour que de travail ! remarqua-t-elle lors du petit déjeuner au matin du 10 novembre. Hier je me suis couchée à une heure du matin !
— Ma pauvre Colombe ! J’espère que tu vas pouvoir vite résorber ton retard, compatit sœur Raymonde toujours attentive à chacune, ce monde de l’économie n’a pas de répit. Je m’occuperai de ta lessive cette semaine, mets ton linge dans la buanderie.
— Merci, sourit Colombe avec reconnaissance, d’autant que j’ai eu la mauvaise idée de prendre rendez-vous chez le coiffeur, ce n’était pas très judicieux… Heureusement, je n’ai pas de cours du soir à la faculté, ils ne reprennent que la semaine prochaine.
Grande, mince avec des cheveux mi-longs épais teintés dans une belle couleur presque blonde, Colombe issue d’un milieu aisé s’exprimait dans un français toujours irréprochable. Son allure de mannequin et son nom de famille à particule « de Prémerville » la destinaient à suivre les pas de sa famille dans la haute société de Versailles mais, c’était sans compter sur la fulgurance de sa rencontre avec le Christ, grâce à des étudiants chrétiens. Son choix de vie religieuse était devenu irrévocable et sa famille, sans grand attachement chrétien, avait mis un peu de temps à accepter ce parcours atypique. À quarante-deux ans, Colombe ne regrettait rien et s’épanouissait dans cette vie communautaire et spirituelle qui lui convenait à merveille. Grâce à cette nouvelle installation à Lyon, elle avait pu s’inscrire à des cours de théologie à la faculté catholique et sa vie s’en trouvait enrichie. Raffiné et doux, son tempérament d’intellectuelle avait besoin d’une nourriture solide. De son milieu d’origine, elle conservait un soin particulier pour ses tenues vestimentaires, toujours très soignées. En effet, dans la communauté, aucun vêtement distinctif ne singularisait les sœurs. Sœur Colombe avait gardé l’habitude depuis son enfance des rendezvous mensuels chez le coiffeur. Ce rituel lui faisait du bien et, depuis que quelques cheveux gris apparaissaient parmi ses beaux cheveux denses, elle demandait une coloration.
Dans la communauté du Christ Ressuscité vivant en plein monde, rien ne distinguait du commun des mortels les sœurs si ce n’est une petite croix bleue discrète, portée sans ostentation. Les fondateurs de l’œuvre, Aude Langin et Hugues Estrier, maintenant décédés, concevaient dans leur charte créatrice la vie chrétienne comme un levain dans la pâte sans aucun prosélytisme. Il s’agissait d’évoluer avec son temps comme n’importe qui avec au fond du cœur leur intime compagnon, Jésus.
Sœur Raymonde en finissant sa biscotte beurrée, ajouta :
— Pour ma part, il va falloir que je prenne du temps pour mon courrier. Ma sœur doit attendre ma réponse dans son Carmel !
— Votre sœur est carmélite depuis longtemps ? interrogea Sophie, trentenaire et dernière arrivée à la communauté.
— Non ! Sa vie est assez originale : elle a été mariée pendant vingt ans puis devenue veuve - mon beau-frère est malheureusement mort d’un cancer foudroyant à l’âge de quarante-cinq ans - et sans enfant, elle a frappé quelques années plus tard à la porte du Carmel de sa ville où elle allait à la messe régulièrement… c’était l’année de ses cinquante ans !
— Ah bon ? s’exclama Sophie étonnée, ce ne doit pas être facile de s’adapter à la vie contemplative à cet âge-là !
— Tu peux le dire ! D’autant qu’elle avait un métier très relationnel : elle était adjointe à la mairie pour les affaires culturelles. Il lui a bien fallu cinq ans avant de s’adapter tout à fait. Mes lettres lui sont importantes, elle apprécie les nouvelles et depuis son veuvage, nous nous sommes beaucoup rapprochées. Son entrée au Carmel n’a fait qu’approfondir notre lien, et cette correspondance nous soutient l’une et l’autre. Oui, cela peut paraître bizarre à notre époque mais nous préférons écrire plutôt que de nous téléphoner ; la page blanche aide à creuser la pensée. Je ne vais la visiter que deux fois par an. Il faut absolument que je lui réponde aujourd’hui.
— Quel âge a-t-elle maintenant ? demanda Lydie avant de finir son bol.
Sœur Raymonde sourit :
— C’est ma petite sœur, elle a quatre ans de moins que moi : c’est-à-dire soixante-huit ans. Enfin presque, puisque je suis du mois de novembre. Mais je dois dire qu’elle est beaucoup plus dynamique !
— Qu’est-ce que ce doit être alors ! interrompit Sophie amusée, vous êtes très active ! Avec tout ce que vous faites… les visites aux résidents âgés des Lilas Blancs en plus de la responsabilité de la maison !
Tout le monde se tutoyait dans la communauté mais sœur Raymonde, longtemps responsable à Mérincourt, faisait exception. Mis à part sœur Roseline qui avait son âge, on la vouvoyait naturellement. Face à cette personnalité énergique mais d’une grande sensibilité la rendant capable d’adaptation, chacune ressentait une sorte de respect naturel que le vouvoiement soulignait. Pas très grande, bien charpentée, avec un visage rond à peine ridé et des cheveux d’un gris foncé coiffés en chignon, Raymonde inspirait confiance et recueillait bien des confidences. On la savait discrète et toujours capable de sortir d’elle-même pour écouter l’autre. Ses conseils brefs et peu nombreux aidaient beaucoup.
La responsable se leva sans répliquer et rassemblant les bols, exprima :
— Si vous avez besoin de moi dans la journée, je serai soit au travail du linge soit dans ma chambre. Je vous propose de nous simplifier la vie au maximum pour cette semaine. Que nous ayons encore un parfum de vacances et de liberté : on pourra manger des salades, des viandes froides à midi et nous avons une réserve de soupe congelée pour les dîners. On complétera par du fromage et les restes de midi… Qu’en pensez-vous ?
— Parfait ! J’approuve ! répondit Albane.
— Bonne idée ! convint sœur Roseline qui n’aimait guère cuisiner.
Chacune se dispersa pour commencer ses activités. Sœur Raymonde se dirigea vers la buanderie au bout du couloir du premier étage et lança une machine, puis revint dans sa chambre. S’installant à son bureau, une simple petite table avec un tiroir central, vestige du temps où la maison était un
