Les Hauts de Hurle-vent
Par Emily Brontë
4/5
()
À propos de ce livre électronique
Les Hauts de Hurle-vent sont des terres situées au sommet d'une colline et balayées par les vents du nord. La famille Earnshaw y vivait, heureuse, jusqu'a ce qu'en 1771, M. Earnshaw adopte un jeune bohémien de 6 ans, Heathcliff. Ce dernier va attirer le malheur sur cette famille. Des le début, Hindley, le fils de Earnshaw éprouve une profonde haine pour cet intrus. A la mort de son vieux bienfaiteur , Heathcliff doit subir la rancoeur de Hindley, devenu maître du domaine. Humilié par sa condition subalterne, Heathcliff, qui pourtant aime passionnément Catherine, la soeur de Hindley, jure de se venger. Sa fureur est décuplée lorsque Catherine, au tempérament aussi passionné que le sien, épouse le riche Edgar Linton...
Emily Brontë
Emily Brontë (Thornton, Yorkshire, 30 de julio de 1818 - Haworth, Yorkshire, 19 de diciembre de 1848) fue una escritora británica. Su obra más importante es la novela Cumbres Borrascosas (1847), considerada un clásico de la literatura inglesa. Emily era la quinta de seis hermanos. En 1820 la familia se trasladó a Haworth, donde su padre fue nombrado párroco (anglicano). Su madre murió el 21 de septiembre de 1821 y, en agosto de 1824, Charlotte y Emily fueron enviadas con sus hermanas mayores, María y Elizabeth, al colegio de Clergy Daughters, en Cowan Bridge (Lancashire), donde cayeron enfermas de tuberculosis. En este colegio se inspiró Charlotte Brontë para describir el siniestro colegio Lowood que aparece en su novela Jane Eyre. María y Elizabeth volvieron enfermas a Haworth y murieron de tuberculosis en 1825. Durante su infancia y tras la muerte de su madre, las tres hermanas Brontë, Charlotte, Anne y Emily, junto a su hermano Branwell, inventaron un mundo de ficción formado por tres países imaginarios (Angria, Gondal y Glass Town) y solían jugar a inventarse historias ambientadas en él. En 1838, Emily empezó a trabajar como governess en Law Hill, cerca de Halifax. Más tarde, junto a su hermana Charlotte, fue alumna de un colegio privado en Bruselas, hasta que la muerte de su tía la hizo volver a Inglaterra. Emily se quedó a partir de entonces como administradora de la casa familiar. En 1846, Charlotte descubrió por casualidad las poesías que escribía su hermana Emily. Las tres hermanas Brontë decidieron entonces publicar un libro de poesía conjunto. Para evitar los prejuicios sobre las mujeres escritoras, las tres utilizaron seudónimos masculinos (los nombres que usaron fueron Currer Bell, Ellis Bell y Acton Bell). Las poesías de Emily son incomparablemente las mejores del tomo, no cabiendo duda de que es una de las mejores poetisas de Inglaterra. Sólo se vendieron dos ejemplares del libro, que pasó inadvertido; pero las Brontë no se desanimaron por ello y decidieron escribir una novela cada una. En 1846 se publicó Cumbres Borrascosas, que se ha convertido en un clásico de la literatura inglesa a pesar de que inicialmente, debido a su innovadora estructura, desconcertó a los críticos. Al igual que la de sus hermanas, la salud de Emily fue siempre muy delicada. Murió el 19 de diciembre de 1848 de tuberculosis a la temprana edad de 30 años, tras haber contraído un resfriado en septiembre en el funeral de su hermano. Cumbres borrascosas ha sido llevada varias veces al cine desde la época muda.
Lié à Les Hauts de Hurle-vent
Livres électroniques liés
Le Grand Meaulnes: édition intégrale de 1913 revue par Alain-Fournier Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Madame Bovary (Édition Enrichie) (Golden Deer Classics) Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Raison et Sentiments Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Mrs Dalloway Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Amour et courage: Mon histoire de famille et de résilience Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Crime et Châtiment Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Cinq Filles de Mrs Bennet (Orgueil et Préjugés) Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Au bonheur des dames Évaluation : 3 sur 5 étoiles3/5Alice au pays des merveilles Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5L’Éducation Sentimentale Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Procès Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationGatsby le magnifique: Le chef-d'oeuvre de F. Scott Fitzgerald (édition intégrale) Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Demain nous Attend Évaluation : 3 sur 5 étoiles3/5Cyrano de Bergerac: Le chef-d'oeuvre d'Edmond Rostand en texte intégral Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Bel-Ami Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5L'Odyssée Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Père Goriot Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationComme si de rien n'était Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Crime et châtiment Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationUne vie ne suffit pas Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Crime et Châtiment Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Marie-Antoinette Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationOrgueil et Préjugés Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationMoby Dick Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Candide, ou l'Optimisme Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Gatsby le Magnifique Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Emprise: Prix Laure Nobels 2021-2022 Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Les Possédés Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Jane Eyre Évaluation : 2 sur 5 étoiles2/5Les Contemplations Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5
Fiction littéraire pour vous
Orgueil et Préjugés - Edition illustrée: Pride and Prejudice Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Crime et Châtiment Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Orgueil et Préjugés (Edition bilingue: français-anglais) Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5La Métamorphose Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5L'Alchimiste de Paulo Coelho (Analyse de l'oeuvre): Analyse complète et résumé détaillé de l'oeuvre Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Mauvaises Pensées et autres Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Sous le soleil de Satan (Premium Ebook) Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationBel-Ami Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Manikanetish Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Crime et châtiment Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Joueur d'Échecs Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Œuvres Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Justes d'Albert Camus: Questionnaire de lecture Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationGerminal Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Quand l'Afrique s'éveille entre le marteau et l'enclume: Roman Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Joueur Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationTout le bleu du ciel de Mélissa da Costa (Analyse de l'œuvre): Résumé complet et analyse détaillée de l'oeuvre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Freres Karamazov Évaluation : 2 sur 5 étoiles2/5Le Comte de Monte-Cristo: Tome I Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLe Diable Évaluation : 3 sur 5 étoiles3/5L’Idiot Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Peur Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5Masi Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Princesse de Clèves Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLa Fille de Brooklyn de Guillaume Musso (Fiche de lecture): Analyse complète et résumé détaillé de l'oeuvre Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Chanson douce de Leïla Slimani (Analyse de l'oeuvre): Analyse complète et résumé détaillé de l'oeuvre Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationNana d'Émile Zola: Questionnaire de lecture Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationLes Possédés Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5Le Comte de Monte-Cristo: Tome II Évaluation : 0 sur 5 étoiles0 évaluationJournal d'un écrivain en pyjama Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5
Avis sur Les Hauts de Hurle-vent
9 275 notations313 avis
- Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5
May 13, 2019
An excellent novel, and I really enjoyed it! I highly recommend this book. - Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5
May 13, 2019
"Wuthering Heights" is a writer's novel. The twists and turns of its frame narrative style, along with the reincarnation of Heathcliff's love and vengeance on so many different (but similarly named) instantiations of their initial targets, leave the reader constantly wondering who is talking, who is being talked about, and why more of the characters don't just speak for themselves. In a masterful way, this confusion calls out the subjugation inherent in Brontë's own society. The author shrieks back at a world that relegated women to subservience, and that on occasion dismissed her own and her sister Anne's writing as likely the product of their sister Charlotte's imagination, by voicing the eternity of her characters' hearts through the words of others. This, metaphorically, is what her writing did for her, and what all great writing does for its author. On first reading, the narrative structure consumed all of my attention, but left me entranced by its power. On second reading, ten years later, I vowed to focus on the characterisation of the novel and discovered some of the most unlikeable and least relatable personalities that literature has ever produced. This is not a book club read for gabbing with your girlfriends, but a manifesto on the power of words to haunt the minds of generations. I linger on Brontë's writing, and wonder how any one could ever imagine quiet slumbers for an author who continues to speak so powerfully today.The Barnes and Noble edition of this book contains a selection of famous quotations, a timeline of Brontë's life, an introduction by Daphne Merkin, a note on the text and dialect, a genealogical chart of the characters, the original biography of Ellis and Acton Bell and the editor's preface to the 1850 edition of the book written by Currer Bell (Charlotte Brontë), footnotes (of dialect and translation) and endnotes, an exploration of works inspired by the novel, a set of critical opinions and questions for the reader, and a suggested bibliography for further reading. - Évaluation : 3 sur 5 étoiles3/5
May 13, 2019
Piecing my way through the narrative fog of Emily Bronte’s Wuthering Heights with its many layers of narrators, I was reminded of the found footage genre of films, in which the viewer’s entire understanding of the story is whatever is visually made apparent to them through the first person gaze of the whoever’s holding the camera in the fictional world and then the film’s editor, a figure who sits between that world and our reality. Everything we know about the love story is filtered through the recollections of Lockwood and Nelly and others, characters who Bronte employs to imply that Heathcliffe and Cathy and their decedents exist in a subjectively cruel, sadistic place cut off from a more benign reality. All are apparently reliable narrators, but throughout I couldn’t help a nagging suspicion, and that like The Blair Witch Project et al, there are multiple layers of fiction at play. - Évaluation : 3 sur 5 étoiles3/5
May 13, 2019
A man obsessed with his childhood friend spends his lifetime destroying her family.3/4 (Good).This is a wild ride. It's a continuous stream of Big, Dramatic Scenes. There's no protagonist, and consequently no satisfying story arc, which normally would be guaranteed to make me dislike a book. But in this case, it works somehow. - Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5
May 13, 2019
I read this in conjunction with Frankenstein, which provided a nice contrast in a study of the effects of rejection and cruelty.Even though I admire Bronte’s writing, and acknowledge that this is a powerfully emotional book, I don’t like it. This isn’t the passionate love story that it appears to be. Instead it’s a tale of sick obsession, revenge, and hatred. The ending, while fitting, is weak. And yet...would I read it again? Most likely. It’s a shame that Emily wrote only this one book. She had a very great talent. - Évaluation : 2 sur 5 étoiles2/5
May 13, 2019
I have read this book several times now and have always been disappointed with it. (I've read Jane Eyre several times as well, and have gone through hating it to quite liking it, so am always prepared to change my mind about a book).I simply dont understand why people love this book, and Heathcliff/Cathy relationship in particular. I think it's overrated and gets far to much attention, especially when considering there are other Bronte books out there that should be given more attention than they do currently. - Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5
May 13, 2019
I do not think that we can begin to fathom the strictures by which people lived then. Duty was more important than love. Religion was as important as money. Appearance meant not only hiding reality from neighbors, but also it from other family members. Flouting society's mores was dangerous. In such an atmosphere jealousy grew like mold on stale bread. If ever you knew someone raised in the tail end of the Victorian era - (as the grandparents of someone my age were) you could begin to understand how readily they placed their own wishes second to whatever they thought was expected of them.And they expected that of everybody.Heathcliff and Catherine were no doubt different - unable to tame their own spirits-- and willing to defy convention. But then that changed. Yes their actions defy human nature as we know it. But I do not think that human nature exists unrelated to the times in which we live. - Évaluation : 3 sur 5 étoiles3/5
May 13, 2019
Such a dark love story that started from two people but affected everyone around them. Filled with anger, obsession, revenge, and pride. - Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5
May 13, 2019
A review.....still intriguing....still crazy after all these years.Don't forget the 1992 film adaptation (Ralph Fiennes and Juliette Binoche)A perfect adjunct to this classical read.It gives an extraordinary vitality to Heathcliff and Cathy - Évaluation : 2 sur 5 étoiles2/5
May 13, 2019
I listened to this book because I had read it when I was in school and thought I might get something new out of it by listening to it. This author writes a story that shakes my brain as much as driving a bike down a rough gravel road shakes the body. I found that I had to really force myself to pay attention because my mind really wanted to daydream. I did fall asleep twice and had to backtrack the next time I listened so I could figure out the plot of the story. I don't think I will be reading this book again. - Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5
May 13, 2019
Apparently Wuthering Heights was initially thought to be such a publishing risk that Emily Brontë was asked to pay some of the publication costs. I can understand why I think. With the exception of Nelly, these characters are not very likable. I was surprised at how I could despise Cathy or Catherine at times and then feel sympathy a minute later. I did not like how spoiled the women were in this book but that is more a topic on how they are raised. I did not like Heathcliff’s demeanor. He is not the ‘bad boy’ that is misunderstood and can change if only loved. I did not like the manipulation that all the characters played against one another. And yet I did end up liking the book. I believe this is because of its audacity at what story it tells. This is not a romance story, this is a story full of pride and hate and resentment and vengefulness. It portrays the darker side of humanity, and also our fragility. I’m still taking this book in, as it is a sort of shock to the system. I certainly did not expect it. - Évaluation : 2 sur 5 étoiles2/5
Feb 16, 2025
Audible version, superbly read by Juliet Stevenson, ne of my favourite voices. but the book which I tried to read in my out, still disappoints. Several narrators switching from one to the other, sometimes one within the other, very modern if you like that sort of thing but really confusing. The timeline too. and both mother and daughter called Catherine. Gimme a break! Also off-putting, all the characters are sooo unappealing, even Nellie Dean, the nurse/servant, seemingly neutral, is a moralising nag. And young Cathy, self-centred, undisciplined, foolish. As for Heathcliff, the most fully drawn character, he's angry, violent, scheming, resentful for no apparent reason, but darkly handsome so are we supposed to forgive him? By coincidence, I landed on a radio spoof just as I finished listening to the book. Utterly daft but made just about as much sense. Why is this a classic? - Évaluation : 2 sur 5 étoiles2/5
Nov 11, 2024
Hate Cathy and Heathcliff was a fool. - Évaluation : 3 sur 5 étoiles3/5
Oct 20, 2024
Well. That was. Something. I can't say I hated it. There were parts that I found interesting, but on the whole I find myself wondering what so many people love about this book. Maybe they don't actually love it...
I found it to be depressing, often distressing and hard to follow (which I blame on the structure of the story). I guess it's just another "classic" checked off my list. - Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5
Apr 18, 2024
Wuthering Heights is classic literature's crowning achievement about spiteful people doing spiteful things to each other, unrestrained vengefulness forever untamed from front to back. There isn't a friendly character in the funereal cast and there's nothing to love about anybody or anything, and it's absolutely brilliant. Brontë teases you with a flossy romance dipped in mud and mire and then turns it on its head and and plunges you down in the marshland until she drowns you in it. Heathcliff is a harrowing villain with whom the reader develops a love-hate relationship, much like Catherine Earnshaw's own emotional volatility, but can you really blame him for who he becomes? A novel full of gothic tragedy and morbid mystery, this is a tight and solid read which safeguards its standing amongst my most beloved novels. - Évaluation : 3 sur 5 étoiles3/5
Apr 24, 2020
I was disappointed in this classic. I was interested in the book, but the characters were presented as such extremes. This was a horrible love story, not a caring one. - Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5
Apr 22, 2020
ONE STAR less than perfect due to the horror of the dog hangings,
I could understand Heathcliff's desire for revenge after the abuse he suffered for so many years
and could relate to his passion for the love he had lost, but, the dog - NEVER!
Ellen (Nelly) is the only likable character:
Linton and his sister deserve each other.
Heathcliff is filled with hatred, vengeance, jealousy, and remains selfish and just plain mean,
as does his Great Love, Catherine who is also a self-indulgent, spiteful, unpredictable, and a hysterical liar.
They deserve each other.
Despite not connecting with the characters, Wuthering Heights is a wildly engrossing tale,
complete, in the 1943 Random House edition, with equally wildly imaginative and evocative
wood-cut illustrations by Fritz Eichenberg. - Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5
Mar 28, 2020
This book was much different than I expected. I wasn't sure whether or not I liked it for a couple of days, because I'm not used to liking a book that doesn't make me happy, but I found myself really wanting to see how it ended and decided that meant I did like it. The story was told very well and was engaging and felt everything I think the author was intending for me to feel. I didn't really root for any character which is another thing that made me unsure if I liked it or not since I love character driven stories but the characters, while not good people are very interesting. - Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5
Feb 15, 2020
I'm a fan of classics, but not so much one of romance so I went into this book a little hesitant. I came out very pleasantly surprised though. This is an amazing book with both a complicated and fulfilling plot. My only grievance would be the names of the characters. Sometimes in the piece the similarity of the names would get confusing to the point where I would have to reread sections to clarify exactly which characters I was dealing with. Other than that, I loved this book! It's one of my new favorites. - Évaluation : 3 sur 5 étoiles3/5
Jan 10, 2020
I don't know. This is another "classic" I was told I had to like, but honestly, it's never done much for me. Frankly, I'm not a fan of the period and if I had to choose, I really prefer Charlotte over Emily... For those who love this era's literature, recommended. Not my cup of tea though... - Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5
Nov 8, 2019
Well, a novel that does not reside in utopia, a book that surrounds itself with reality, a damn dark reality with no perfection all messed up yet successful in giving a positive vibes. This is my first classic novel in which I found the essence of disturbance and stress that well connotes the problem of today's generation, who are ready to face any consequences any treatment for sake of their own good. Kudos and respect to the author, Emily Bronte who presented such a 'monstrous' narrative way back during the era when class and perfection was prevailing in society.
Catherine and Heathcliff are dreadful, they literally act without thinking about the consequences and these two leads the theme of the story amazingly-- two families are indirectly linked with each other and how Catherine and Heathcliff's love story ruined everything.
The strength of the book is its imperfections which sounded so damn perfect. 4.5/5 will be my rate. A must read. And yes, last but not the least Wuthering itself means gusty...♥ And I personally believe such story is actually difficult to frame. Like, how a dark world was carrying a light of hope. How the two misleading characters were leading the story ground so firmly? Simply, you can hate it, love it but cannot ignore it. - Évaluation : 3 sur 5 étoiles3/5
Jan 28, 2019
300-odd pages of unpleasant people being hateful to each other. - Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5
Nov 29, 2018
(Original Review, 1981-01-02)
The “dog scene” does not exist in the book as some sort of sick foreplay; it’s actually an extremely clever piece of writing. Besides showing Heathcliff total disregard for Isabella, it’s a reality check for those girls with romantic notions about Byronesque “bad boys”. Isabella is so infatuated, that she cannot understand, although he flaunts it on her face ( that’s what makes the scene interesting) that what she takes for intensity and romantic darkness is actually plain cruelty. Isabella is selective in what she chooses to see, she wants to run away with this man everyone calls dangerous and not even the fact he hangs her pet dog stops her on her tracks. As we will see later in the book she does eventually find out he’s actually a plain domestic abuser, but by then she has been totally crushed.
It’s not Emily’s fault people see Heathcliff as some sort of romantic hero, just like Isabella readers have been choosing what they want to highlight or disregard.
The book has been adapted many times - mostly very badly and there a misunderstanding that this is a romantic novel so people are confused and disappointed in it. It’s also been lampooned many times. Actually it’s an extraordinary brilliant observation of the effect of neglect in early childhood, long before child psychiatry. There is no whitewashing and the damage done as an infant to Heathcliffe is permanent despite the kindness of the Earnshaws. He destroys what he loves and others with him. The character of Nelli Dean is also brilliantly drawn. She understands more than anyone but is forced to observe on the sidelines as a servant as the family and then another family is pulled into the tragedy. I love the story of her refusal to accommodate her precious piano pupils play time and her preference to the dog.
The Brontës lived though a traumatic childhood and survived a boarding school which sounded like a pro type for the workhouses. Haworth at the time had greater social deprivation than the east end of London, with all the alcoholism, drugs, disease and violence that went with it and their brother brought home daily. Orphans and abandoned children were bought like slaves from London to work in the mill towns and as vicarage daughters were expected to help out with the night schools their father had organised. They weren’t sheltered - they saw the lot which is why no doubt Emily Brontë drew the character of an abandoned orphan child so well. Emily Brontë refused to admit to her consumption and was kneading bread the morning she died. Like Elizabeth, first she remained standing for as long as possible only finally lying down just before she died.
Child neglect, for whatever reason, it was one of the themes in “Wuthering Heights” that stroked a chord with me, and I do not think it’s explored enough. The fact that Heathcliff decided to replicate his own abuse by inflicting it on Hareton, with the expectation that he would turn out as “twisted” as him as form of vengeance is quite interesting. Even more interesting is the fact Emily chose to make that experiment a failed one; even before that advent of child psychology, she clearly understood that the experience of abuse and neglect is unique to the individual, and the way people react to it unpredictable. That’s something that bewildered Heathcliff, and in a way, the realisation that he could not make people as detestable as he was, even though they have also been victimised, contributed to, by the end to make him him even more unstable. - Évaluation : 3 sur 5 étoiles3/5
Nov 25, 2018
Had to read this in high school. Was not impressed. Honestly? Just found the whole thing depressing and a slog to get through. I can appreciate the skill that went into writing it and I understand it's a classic, but I personally didn't enjoy it. - Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5
Sep 7, 2018
Yet another book that I was sure I had read in full as a child but didn't. How was it possible for a reclusive figure to write such a book before the age of 30? How did she understand the passions and emotions that drive people to extreme behaviour and actions? Once I had sorted out the various Catherines, the Earnshaws and the Lintons, and some Yorkshire dialect, I became engrossed. The remoteness and isolation of the setting provide the ideal claustrophobic context for the passions to burst forth and wreak havoc. Yet the passions and emotions are universal. - Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5
Sep 6, 2018
Despite this being an acknowledged classic that shows up on such lists as 1001 books to read before you die I was not overly impressed with this book. I think the main problem for me was how easily everyone resorted to violence. Was this really indicative of life in the rural reaches of England in the early 1800s?
The Earnshaw and the Linton families lived near to each other in Yorkshire and were the gentry of the neighbourhood. Both families had one son and one daughter but Mr. Earnshaw added a foundling whom he called Heathcliff to his family. Heathcliff and Cathy Earnshaw formed a deep friendship which became almost monomaniacal as they grew older. Yet Cathy decided to marry Edgar Linton which caused Heathcliff to retaliate by eloping with Isabella Linton. When Heathcliff and Isabella returned to Wuthering Heights Cathy was very ill. Edgar forbade Heathcliff from seeing Cathy but Heathcliff would not be put off. Cathy died the next day but did succeed in giving birth to a daughter who was named Catherine. Heathcliff had managed to acquire all the land associated with Wuthering Heights by gambling with Hindley Earnshaw. Through his marriage to Isabella he would gain the Linton property as well since Edgar did not have a male heir. Isabella soon ran away from Heathcliff and Wuthering Heights. She gave birth to a son, Linton, and kept him with her until her death. Then Linton came under the parentage of Heathcliff who had nothing but contempt for this sickly child. Nevertheless he was determined to marry his son to Cathy's daughter and he carried this out by kidnapping Catherine and her maid. Catherine and Linton were married but it is hard to believe there was any consummation of the marriage since Linton was so ill. Linton died shortly after Catherine's father which left Catherine to the mercy of Heathcliff. Somehow Catherine fell in love with her other male cousin, Hareton Earnshaw, who was uneducated and brutish but quite smitten with Catherine. Heathcliff died and was still so much in love with Cathy that he insisted on being buried by the side of her grave with the sides of their two coffins knocked out so they could rest eternally together.
I know this book is supposed to be an example of a great love affair but I just thought both Cathy and Heathcliff were bordering on insanity. And Heathcliff had no redeeming qualities as far as I am concerned. He was violent, sadistic, selfish and miserly. What did Cathy see in him? And how did a sheltered young lady come up with such a character? Since she died soon after the book was published there was never any explanation fom Emily Bronte. - Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5
Aug 5, 2018
I enjoyed my second visit to “Wuthering Heights” more than the first. This is partly because my first read was spread out over 4 –6 weeks (I think in 2005, though it could’ve been a couple of years either way), whereas my second read took 6 days, commencing from Emily Brontë’s 200th birthday, which is why I thought I’d give it another look.
I was also less enthused during my first read because I'd previously watched numerous adaptations of “Wuthering Heights” over the years, with all but one (which I saw after reading the novel) skipping much, if not all, of the story’s second half.
In short, my expectations were that this tale would revolve around Cathy and Heathcliff’s unique relationship. In a sense it does (won’t add more in case I spoil things for anyone), but from about halfway through, we see other characters emerge who rarely appear in most screen adaptations.
Another pre-reading influence was Kate Bush's song “Wuthering Heights”, which I’ve always loved, and this also made me think the main theme would be Heathcliff and Cathy’s passion for each other. Therefore, during my first read I felt a little disappointed that their relationship wasn’t as emphasised as expected.
When I approached “Wuthering Heights” for a second time, I knew what to expect, though after such a long gap since I first read it, I’d naturally forgotten a lot, especially events in the second half. This is by no means a beautiful love story, but rather a bleak tale of sadness, loneliness, loss, cruelty, and misery, yet it’s not entirely devoid of hope.
I admire how the author structured the narrative. It’s multi-first person, predominantly told by Nelly and Mr Lockwood, with smaller parts filled in by other characters. It all blends in very well together, and what makes the narrative’s construction even more impressive is that it’s not strictly linear. This type of thing can often prove messy, but Emily Brontë handles it smoothly.
One review I saw criticises “Wuthering Heights” for have no sense of place. This I must disagree with. In fact, I consider the sense of place as one of the book’s great strengths. I could vividly “see” the moors, the landscape, plus the rooms at the Heights and at the Grange.
My only real criticism is Joseph’s dialogue. Although I’m a Yorkshireman myself, much of Joseph’s broad dialect took some understanding – and the odd phrase I couldn’t fathom out – and overall his dialogue really slows the narrative down. I imagine anyone outside of Yorkshire – and even more so anyone outside of England – would have immense trouble understanding Joseph.
An interesting aspect to this story is of course the supernatural element. I suspect anyone who hasn’t read this book has at least seen an adaptation where, at the end, Cathy and Heathcliff reunite after death.
I was actually disappointed this wasn’t developed to a similar extent in the book, as it’s something special in the well-done adaptations where we see these thwarted lovers reunited. In the novel, however, their reunion is more of a casual reference. It's still a poignant moment – or moments – though, and reading it for the second time I appreciated it more than the first.
We also see Mr Lockwood endure a supernatural encounter at a window early on, which is one of my favourite scenes, and an important one.
I don’t always appreciate the supernatural seeping in to novels that are essentially “real life”, but in this case, the supernatural parts not only feel believable, they also add hope to a tragic story. Without the afterlife moments, “Wuthering Heights” wouldn’t hit the mark in the same way. The ending would’ve been too depressing. As it is, we’re left with hope for the living and for the dead.
While I feel Heathcliff and Cathy’s story is the novel most appealing element, I do like the story which revolves around the new characters featured in the second half, and how they interact with Heathcliff’s deceptive and despicable nature. In fact, my favourite character is the younger Catherine. She, along with Hareton and Isabella, are the three who I feel the most sympathy towards.
Most of the misery in this story stems from Heathcliff’s actions, though the likes of Hindley and Joseph don’t exactly spread light into the world. It’s hard to feel sympathy for many of the characters because of their selfishness and unkindness.
It’s debateable whether Cathy is more selfish than Heathcliff. Despite Heathcliff affecting more people’s lives for the worst, much – if not all – of this is through Cathy and her brother Hindley’s treatment of Heathcliff during his youth. While Hindley causes Heathcliff physical and mental torment, Cathy's brand of mental anguish is surely worse. I don’t think Cathy does this deliberately, as she’s too self-absorbed to realise how her motives will devastate Heathcliff.
The younger Catherine comes across as selfish and haughty many times, but I like her because deep down she has a good heart and she’s a bright character in a dark world. She’s horrible to poor Hareton, who deserves better, yet she goes out of her way to help Linton, who doesn’t deserve her attention.
Linton, in my opinion, is the most detestable character of all. Granted, some of his behaviour is owing to Heathcliff’s influence, but at heart Linton is a spineless, self-obsessed creature.
Heathcliff, whatever you think of him, is a fascinating character. The whole story pretty much revolves around his treatment of others, and how others treat or perceive him. He has that “lost soul” element about him, with his origins shrouded in mystery. I commend the author for creating such a vivid and memorable character.
I originally rated “Wuthering Heights” four stars when I added it to my Goodreads shelf in 2013. This was based on reading it circa 2005. After finishing it again in August 2018, I felt four stars was a fair rating; however, the characters and various scenes from the book have stayed with in the subsequent days.
Not many novels have this type of potency to “haunt” me, so on reflection, I feel “Wuthering Heights” deserves five stars. - Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5
Jul 15, 2018
How can I find and put together the suitable words and write a review about one of the most iconic creations in World Literature? One of those books that provoke such intense feelings that either you worship them or you utterly hate them. There is no middle ground. Every year, I revisit Wuthering Heights for two reasons. First, it is one of my personal Christmas traditions and secondly, I prepare extracts to use in class for my intermediate level students. This year, I finally felt confident enough to write a text. I will not call it a review, but a summary of what this masterpiece means for me, what I feel each time I gaze upon its title.
I was 12 when my mother made me a special gift. (I have a mother that gave me a book about self-destructive love and a father that gave me Crime and Punishment a year later. I know, they rock!) It was a thick volume with a dark cover. A cover as black as the night scene it depicted. A young couple running in the moors against the wind, and a black, foreboding mansion looming in the background. To this day, that cherished Greek edition of Emily's only novel is the most beautiful I've ever seen. I read it in a single day. I remember it was a windy day, a summer torrent rain that lasted all afternoon. It left me speechless. It shaped me. It shaped my reading preferences, it shaped my love for eerie, dark, doomed, haunting stories with twisted anti-heroes. It even shaped the choice of my profession.
When I was 15, one of the best teachers I've ever had gave us a project. She divided us into groups and asked us to make a presentation of our favourite book. She put me in a group with two classmates. Such kind and charming souls they were but would never open a book if their lives depended on it. I didn't care, I was happy because I'd get to choose the book. We left our teacher crying buckets in the classroom, marking a heroic A+ on our papers. During the 3rd year in university, we had to complete individual assignments. I'll let you guess the theme and the book I chose. My professor had to interrupt me at some point, kindly but firmly. ''Yes, thank you, Amalia, this is great, but there are others waiting, you know.'' Were they? Anyway, you get the point. My level of obsession with this novel equal Heathcliff's obsession with Cathy.
Emily Brontë's novel may not be for everyone. It doesn't matter. Nothing is for everyone. But, she has created an eternal tale -or nightmare- of a love that is destructive, dark, twisted and stranger than all the other sweet, lovey-dovey stories that have been written. She has created one of the most iconic couples in Literature, she has provided the first and finest example of the Anti-hero in the face of Heathcliff. She has ruined many girls' expectations, because who wouldn't want to be loved as fiercely as Cathy was? (For years, my notion of the ideal man was Ralph Fiennes as Heathcliff in the 1992 film. The best adaptation of the novel, with Juliette Binoche as Cathy) How many writers who have written only one novel can claim to have accomplished all these?
One of the reasons I became a teacher was to have the opportunity to teach this book. It is my greatest satisfaction when I see its impact on my teenage students. They are familiar with the bleak and twisted tales of our times, nothing shocks them anymore. They love it unanimously, it is a rare case where boys and girls love the same book equally. So, mission accomplished.
''I cannot live without my life! I cannot live without my soul!'' For me, this book is my soul. It lies there, making the question ''What is your favourite book?'' the easiest ever.
P.S. Please, God, when I die, put me in a sector where I can meet Emily. You can keep Shakespeare, Austin, Tolstoy and Dostoevsky. I prefer long talks with a disturbed, fragile, wild girl... - Évaluation : 5 sur 5 étoiles5/5
Jul 6, 2018
Very few novels have intrigued me as much as "Wuthering Heights" by Emily Brontë has, and I have read many great books in my life. It captures a significant theme of the Victorian Era, one that so many writers chose to overlook: death, destruction, and the melancholy gardens we sow.
Among other authors, Emily Brontë transformed the faux pas of a bad ending into an approachable- nay controversial- subject. Her novel helped revolutionize the overall tone of pre-contemporary literature.
“Wuthering Heights” was originally published in 1847, and authentically captures daily life in that time-period. There are scenes that many of us recognize as being entirely victorian: maids and manservants, ruffled dresses, and the diction of their everyday conversation; however, drops of reality sneak into this realistic portrayal of life as it was in the 1800s. Prejudice, abuse; premature death, hysteria; unseen killers hidden in the walls and beauty products.
Each flaw has a story that has finally revealed by scientists with knowledge of lead and formaldehyde. In just the same way, every character has a purpose... which is why less than twenty people can be seen from the beginning to the end. Intentionality reeves in between the binding of this enthralling novel.
"Wuthering Heights" is steeped in melancholy and draped in veils of woe. Readers follow Heathcliff across the moors of the UK. His story is much different than the romantic tale of “Pride and Prejudice”, where two people fall in love and eventually marry. Instead, the story is founded upon turmoil, which leads to inevitable failure, though it brazes the mark so often throughout its pages. It crafts an understanding of the phrase "too little, too late", which becomes the main focus of the entire story.
Heathcliff did not stir this on his own, at least not entirely; he is abused and neglected after his adoptive father passes, outcasted and named a "g*psy" and "bastard" due to his uncertain heritage. He resents most of his house mates, excluding the girl who opened- and tore- his heart: Catherine Earnshaw.
Readers learn and discover the truth about Heathcliff through memories recalled by Nelly, the house maid, a majority of the time. By the end, one is left wondering whether they pity, love, or hate Heathcliff, leaving many with a sense of familiar dread (this time, in literature rather than reality). The purposeful writing of Brontë is revealed again and again, but never more so than when one analyzes her incredible skill for building characters.
This book is disturbing at times, and I admit it; but this aspect adds depth and truth to an otherwise perfect novel. It has become my favourite book, and one I will recommend to others as long as I have strength to speak. The year that I first read it was the year I reread it 15-16 other times. It truly has a certain magnetism that pulled me towards it, and for that reason, I give it a 5 star rating. - Évaluation : 4 sur 5 étoiles4/5
Mar 31, 2018
It was hard going at first. Everyone is so unlikeable. I thought a knew the story, so it was a surprise that when Catherine died it was only the half way point. I think it is not a romance. Instead it is a tragedy.
Aperçu du livre
Les Hauts de Hurle-vent - Emily Brontë
AVERTISSEMENT DU TRADUCTEUR
Le roman qu’on va lire occupe dans la littérature anglaise du XIXe siècle une place tout à fait à part. Ses personnages ne ressemblent en rien à ceux qui sortent de la boîte de poupées à laquelle, selon Stevenson, les auteurs anglais de l’ère victorienne, « muselés comme des chiens », étaient condamnés à emprunter les héros de leurs récits.
Ce livre est l’œuvre d’une jeune fille qui n’avait pas encore atteint sa trentième année quand elle le composa et dont c’était, à l’exception de quelques pièces de vers, la première œuvre littéraire. Elle ne connaissait guère le monde, ayant toujours vécu au fond d’une province reculée et dans une réclusion presque absolue. Fille d’un pasteur irlandais et d’une mère anglaise qu’elle perdit en bas âge, sa courte vie s’écoula presque entière dans un village du Yorkshire, avec ses deux sœurs et un frère, triste sire qui s’enivrait régulièrement tous les soirs. Les trois sœurs Brontë trouvèrent dans la littérature un adoucissement à la rigueur d’une existence toujours austère et souvent très pénible. Après avoir publié un recueil de vers en commun, sans grand succès, elles s’essayèrent au roman. Tandis que Charlotte composait Jane Eyre, qui obtenait rapidement la faveur du public, Emily écrivait Wuthering Heights, qu’elle parvint, non sans peine, à faire éditer, sous le pseudonyme d’Ellis Bell, vers la fin de 1847, un an à peine avant sa mort (19 décembre 1848). Cette œuvre, âpre et rude comme la contrée qui l’a inspirée, choqua les lecteurs anglais de l’époque par la dureté des peintures morales et le dédain des conventions alors généralement admises dans le roman d’outre-Manche. Elle ne fut pas appréciée à sa valeur ; on ne devait lui rendre justice que plus tard. En France, ce roman n’est guère connu. Il mérite pourtant de l’être. Un bon juge, Léon Daudet, parlant du « tragique intérieur » dans la littérature anglaise, n’a pas craint de mentionner Wuthering Heights à côté de Hamlet.
NOTE POUR LA DEUXIÈME ÉDITION
Cette nouvelle édition a été revue et corrigée avec soin. Je tiens à remercier ici M. le commandant Beauvais du concours si éclairé et si bienveillant qu’il m’a apporté dans cette tâche.
F. D.
Chapitre 1
18o1. – Je viens de rentrer après une visite à mon propriétaire, l’unique voisin dont j’aie à m’inquiéter. En vérité, ce pays-ci est merveilleux ! Je ne crois pas que j’eusse pu trouver, dans toute l’Angleterre, un endroit plus complètement à l’écart de l’agitation mondaine. Un vrai paradis pour un misanthrope : et Mr Heathcliff et moi sommes si bien faits pour nous partager ce désert ! Quel homme admirable ! Il ne se doutait guère de la sympathie que j’ai ressentie pour lui quand j’ai vu ses yeux noirs s’enfoncer avec tant de suspicion dans leurs orbites, au moment où j’arrêtais mon cheval, et ses doigts plonger, avec une farouche résolution, encore plus profondément dans son gilet, comme je déclinais mon nom.
– Mr. Heathcliff ? ai-je dit.
Un signe de tête a été sa réponse.
– Mr Lockwood, votre nouveau locataire, monsieur. Je me suis donné l’honneur de vous rendre visite, aussitôt que possible après mon arrivée, pour vous exprimer l’espoir de ne pas vous avoir gêné par mon insistance à vouloir occuper Thrushcross Grange ; j’ai entendu dire hier que vous aviez quelque idée.
– Thrushcross Grange m’appartient, monsieur, a-t-il interrompu en regimbant. Je ne me laisse gêner par personne, quand j’ai le moyen de m’y opposer… Entrez !
Cet « entrez » était prononcé les dents serrées et exprimait le sentiment : « allez au diable ! » La barrière même sur laquelle il s’appuyait ne décelait aucun mouvement qui s’accordât avec les paroles. Je crois que cette circonstance m’a déterminé à accepter l’invitation. Je m’intéressais à un homme dont la réserve semblait encore plus exagérée que la mienne.
Quand il a vu le poitrail de mon cheval pousser tranquillement la barrière, il a sorti la main de sa poche pour enlever la chaîne et m’a précédé de mauvaise grâce sur la chaussée. Comme nous entrions dans la cour, il a crié :
– Joseph, prenez le cheval de Mr Lockwood ; et montez du vin.
« Voilà toute la gent domestique, je suppose ». Telle était la réflexion que me suggérait cet ordre composite. « Il n’est pas surprenant que l’herbe croisse entre les dalles, et les bestiaux sont sans doute seuls à tailler les haies. »
Joseph est un homme d’un certain âge, ou, pour mieux dire, âgé : très âgé, peut-être, bien que robuste et vigoureux. « Le Seigneur nous assiste ! » marmottait-il en aparté d’un ton de mécontentement bourru, pendant qu’il me débarrassait de mon cheval. Il me dévisageait en même temps d’un air si rébarbatif que j’ai charitablement conjecturé qu’il devait avoir besoin de l’assistance divine pour digérer son dîner et que sa pieuse exclamation ne se rapportait pas à mon arrivée inopinée.
Wuthering Heights (Les Hauts de Hurle-Vent), tel est le nom de l’habitation de Mr Heathcliff : « wuthering » est un provincialisme qui rend d’une façon expressive le tumulte de l’atmosphère auquel sa situation expose cette demeure en temps d’ouragan[1]. Certes on doit avoir là-haut un air pur et salubre en toute saison : la force avec laquelle le vent du nord souffle par-dessus la crête se devine à l’inclinaison excessive de quelques sapins rabougris plantés à l’extrémité de la maison, et à une rangée de maigres épines qui toutes étendent leurs rameaux du même côté, comme si elles imploraient l’aumône du soleil. Heureusement l’architecte a eu la précaution de bâtir solidement : les fenêtres étroites sont profondément enfoncées dans le mur et les angles protégés par de grandes pierres en saillie.
Avant de franchir le seuil, je me suis arrêté pour admirer une quantité de sculptures grotesques prodiguées sur la façade, spécialement autour de la porte principale. Au-dessus de celle-ci, et au milieu d’une nuée de griffons délabrés et de bambins éhontés, j’ai découvert la date « 1500 » et le nom « Hareton Earnshaw ». J’aurais bien fait quelques commentaires et demandé au revêche propriétaire une histoire succincte du domaine ; mais son attitude à la porte semblait exiger de moi une entrée rapide ou un départ définitif, et je ne voulais pas aggraver son impatience avant d’avoir inspecté l’intérieur.
Une marche nous a conduits dans la salle de famille, sans aucun couloir ou corridor d’entrée. Cette salle est ce qu’on appelle ici « la maison » par excellence. Elle sert en général à la fois de cuisine et de pièce de réception. Mais je crois qu’à Hurle-Vent la cuisine a dû battre en retraite dans une autre partie du bâtiment, car j’ai perçu au loin, dans l’intérieur, un babil de langues et un cliquetis d’ustensiles culinaires : puis je n’ai remarqué, près de la spacieuse cheminée, aucun instrument pour faire rôtir ou bouillir, ni pour faire cuire le pain, non plus qu’aucun reflet de casseroles de cuivre ou de passoires de fer-blanc le long des murs. À une extrémité, il est vrai, la lumière et la chaleur réverbéraient magnifiquement sur des rangées d’immenses plats d’étain entremêlés de cruches et de pots d’argent, s’élevant les uns au-dessus des autres sur un grand buffet de chêne, jusqu’au plafond. Ce dernier est apparent : son anatomie entière s’offre à un œil inquisiteur, sauf à un endroit où elle est masquée par un cadre de bois chargé de gâteaux d’avoine et d’une grappe de cuisseaux de bœuf, de gigots et de jambons. Au-dessus de la cheminée sont accrochés quelques mauvais vieux fusils et une paire de pistolets d’arçon ; en guise d’ornement, trois boîtes à thé décorées de couleurs voyantes sont disposées sur le rebord. Le sol est de pierre blanche polie ; les chaises, à hauts dossiers, de formes anciennes, peintes en vert ; une ou deux, plus massives et noires, se devenaient dans l’ombre. À l’abri d’une voûte que forme le buffet reposait une grosse chienne jaunâtre de l’espèce pointer, entourée d’une nichée de petits qui piaillaient ; d’autres chiens occupaient d’autres recoins.
L’appartement et l’ameublement n’auraient rien eu d’extraordinaire s’ils eussent appartenu à un brave fermier du Nord, à l’air têtu, aux membres vigoureux mis en valeur par une culotte et des guêtres. Vous rencontrerez ce personnage, assis dans son fauteuil, un pot d’ale mousseuse devant lui sur une table ronde, au cours d’une tournée quelconque de cinq ou six milles dans cette région montagneuse, pourvu que vous la fassiez à l’heure convenable après le dîner. Mais Mr Heathcliff présente un singulier contraste avec sa demeure et son genre de vie. Il a le physique d’un bohémien au teint basané, le vêtement et les manières d’un gentleman ; tout autant, du moins, que la plupart des propriétaires campagnards. Un peu négligé dans sa mise, peut-être, mais cette négligence ne lui messied pas, parce qu’il se tient droit et que sa tournure est élégante ; l’aspect plutôt morose. D’aucuns pourraient le suspecter d’un certain orgueil de mauvais ton : une voix intérieure me dit qu’il n’y a chez lui rien de semblable. Je sais, par instinct, que sa réserve provient d’une aversion pour les étalages de sentiments… pour les manifestations d’amabilité réciproque. Il aimera comme il haïra, sans en rien laisser paraître, il regardera comme une sorte d’impertinence l’amour ou la haine qu’il recevra en retour. Non, je vais trop vite ; je lui prête trop libéralement mes propres attributs. Mr Heathcliff peut avoir, pour retenir sa main quand il rencontre quelqu’un qui ne demande qu’à lui tendre la sienne, des raisons entièrement différentes de celles qui me déterminent. Espérons que ma constitution m’est presque spéciale. Ma chère mère avait l’habitude de dire que je n’aurais jamais un foyer confortable ; et, pas plus tard que l’été dernier, j’ai montré que j’étais parfaitement indigne d’en avoir un.
Je jouissais d’un mois de beau temps au bord de la mer, quand je fis connaissance de la plus fascinante des créatures : une vraie déesse à mes yeux, tant qu’elle ne parut pas me remarquer. Je « ne lui dis jamais mon amour » en paroles ; pourtant, si les regards ont un langage, la plus simple d’esprit aurait pu deviner que j’étais amoureux fou. Elle me comprit enfin et à son tour me lança un regard… le plus doux de tous les regards imaginables. Que fis-je alors ? Je l’avoue à ma honte, je me repliai glacialement sur moi-même, comme un colimaçon ; à chaque regard, je me refroidissais et rentrais un peu plus avant dans ma coquille, si bien qu’à la fin la pauvre innocente se mit à douter de ses propres sens et, accablée de confusion à la pensée de son erreur supposée, persuada sa maman de décamper. Cette curieuse tournure d’esprit m’a valu une réputation de cruauté intentionnelle, qui est bien injustifiée ; mais moi seul en puis juger.
J’ai pris un siège au coin du feu opposé à celui vers lequel mon propriétaire se dirigeait, et j’ai occupé un moment de silence à essayer de caresser la chienne, qui avait quitté ses petits et rôdait comme une louve autour de mes mollets, la lèvre retroussée, ses dents blanches humides prêtes à mordre. Ma caresse a provoqué un long grognement guttural.
– Je vous conseille de laisser la chienne tranquille, a grogné Mr Heathcliff à l’unisson, en arrêtant d’un coup de pied des démonstrations plus dangereuses. Elle n’est pas habituée à être gâtée… elle n’a pas été élevée pour l’agrément.
Puis, se dirigeant vers une porte latérale, il a appelé de nouveau : « Joseph ! »
Joseph a grommelé indistinctement dans les profondeurs de la cave, mais sans donner aucun signe de réapparition, de sorte que son maître a plongé pour l’aller chercher, me laissant vis-à-vis de la scélérate de chienne et d’une paire d’affreux chiens de bergers à poils longs, qui exerçaient avec elle une surveillance jalouse sur tous mes mouvements. Peu désireux de prendre contact avec leurs crocs, je suis resté assis sans bouger, mais, pensant qu’ils ne comprendraient sans doute pas des insultes tacites, je me suis malheureusement permis de cligner de l’œil et de faire des grimaces au trio, et l’une de mes expressions de physionomie a tellement irrité madame qu’elle est entrée soudain en furie et a sauté sur mes genoux. Je l’ai repoussée et me suis hâté d’interposer la table entre nous deux. Cette manœuvre a mis en émoi toute la meute : une demi-douzaine de démons à quatre pattes, de tailles et d’âges variés, sont sortis de leurs repaires cachés et se sont rassemblés. J’ai senti que mes talons et les basques de mon habit étaient les buts particuliers de l’assaut et, tenant de mon mieux les plus forts des combattants en respect avec le tisonnier, je me suis vu contraint de demander tout haut l’assistance de quelqu’un de la maison pour rétablir la paix.
Mr Heathcliff et son domestique ont gravi les marches de la cave avec un flegme mortifiant : je ne crois pas qu’ils aient mis une seconde de moins qu’à l’accoutumée, bien qu’autour de la cheminée une tempête d’aboiements et de glapissements fît rage. Par bonheur, un habitant de la cuisine a montré plus de hâte. Une forte gaillarde, la robe retroussée, les bras nus, les joues rougies par le feu, s’est précipitée au milieu de nous en brandissant une poêle à frire. Elle a manié cette arme, ainsi que sa langue, avec tant d’à-propos que la tourmente s’est apaisée comme par enchantement et qu’elle demeurait seule, haletante comme la mer après un ouragan, quand son maître est entré sur la scène.
– Que diable se passe-t-il ? a-t-il demandé en me regardant d’un air que j’ai eu quelque peine à supporter après ce traitement inhospitalier.
– Que diable ! en effet, ai-je grommelé. Le troupeau de pourceaux possédés du démon[2] ne pouvait avoir en lui de pires esprits que n’en recèlent vos animaux que voilà, monsieur. Autant vaudrait laisser un étranger avec une portée de tigres !
– Ils n’inquiètent pas les gens qui ne touchent à rien, a-t-il remarqué en posant la bouteille devant moi et remettant la table en place. Les chiens font bien d’être vigilants Un verre de vin ?
– Non, merci.
– Pas été mordu ?
– Si je l’eusse été, j’aurais laissé mon empreinte sur le mordeur.
Un sourire grimaçant a détendu les traits de Heathcliff.
– Allons, allons, vous êtes troublé, Mr Lockwood. Voyons, prenez un peu de vin. Les hôtes sont tellement rares dans cette maison que mes chiens et moi, je le reconnais volontiers, ne savons guère les recevoir. À votre santé, monsieur !
Je me suis incliné en rendant la politesse. Je commençais à m’apercevoir qu’il serait absurde de bouder à cause de la mauvaise conduite d’une bande de méchants chiens. En outre, je n’avais pas envie de continuer à fournir à cet individu de l’amusement à mes dépens ; car c’était le tour que prenait son humeur. Lui, mû probablement par la prudente considération que ce serait folie d’offenser un bon locataire, a atténué un peu le laconisme de son style d’où les pronoms et les verbes auxiliaires étaient exclus, et a entrepris un sujet qu’il supposait devoir m’intéresser, un discours sur les avantages et les inconvénients de mon lieu de retraite actuel. Je l’ai trouvé très informé des questions que nous avons abordées ; et, avant de rentrer chez moi, je me suis enhardi à proposer de renouveler ma visite demain. Il ne désirait évidemment pas voir mon intrusion se répéter. J’irai néanmoins. Je m’étonne de me sentir si sociable en comparaison de lui.
Chapitre 2
Hier, l’après-midi s’annonçait brumeuse et froide. J’avais envie de la passer au coin du feu dans mon cabinet de travail, au lieu de patauger dans la bruyère et dans la boue jusqu’à Hurle-Vent. Après le dîner, je remontai. (N-B. – Je dîne entre midi et une heure : la femme de charge, respectable matrone que j’ai prise avec la maison comme un immeuble par destination, n’a pas pu, ou n’a pas voulu, comprendre la requête que je lui avais adressée pour être servi à cinq heures). Je gravis donc l’escalier dans cette intention paresseuse ; mais, en entrant dans la pièce, je vis une servante à genoux, entourée de brosses et de seaux à charbon ; elle soulevait une poussière infernale en éteignant les flammes sous des monceaux de cendres. Ce spectacle me fit aussitôt reculer. Je pris mon chapeau et, après une course de quatre milles, j’arrivai à la porte du jardin de Heathcliff juste à temps pour échapper aux premiers flocons d’une averse de neige.
Sur ce sommet découvert, la terre était durcie par une gelée noire et le vent me fit frissonner jusqu’à la moelle. Ne parvenant pas à enlever la chaîne, je sautai par-dessus la barrière, montai en courant la chaussée dallée bordée çà et là de groseilliers, et frappai en vain pour me faire admettre, tant et si bien que les jointures des doigts me cuisaient et que les chiens se mirent à hurler.
« Misérables habitants de cette demeure ! proférai-je mentalement, vous mériteriez, pour votre grossière inhospitalité, de rester à perpétuité isolés de vos semblables. Vous pourriez au moins ne pas tenir vos portes barricadées en plein jour. Peu importe : j’entrerai ! » Cette résolution prise, je saisis le loquet et le secouai violemment. La tête et la face vinaigrée de Joseph se montrèrent à une lucarne ronde de la grange.
– Qué qu’vous voulez ? cria-t-il. Le maître a descendu au parc à moutons. Faites l’tour par le bout d’la grange, si c’est qu’vous voulez lui parler.
– N’y a-t-il personne à l’intérieur pour ouvrir la porte ? lui criai-je en réponse.
– N’y a personne qu’la maîtresse, et é n’ouvrira point, quand même que vous feriez votre vacarme infernal jusqu’à la nuit.
– Pourquoi ? Ne pourriez-vous lui dire qui je suis, hein ! Joseph ?
– Moi ? que nenni ! J’voulions point m’en mêler, grommela la tête, qui disparut.
La neige commençait à tomber dru. Je saisissais la poignée du loquet pour faire un nouvel essai, quand un jeune homme sans veste, et portant une fourche sur l’épaule, apparut dans la cour derrière la maison. Il me héla en me faisant signe de le suivre et, après avoir traversé une buanderie et une cour pavée contenant un magasin à charbon, une pompe et un pigeonnier, nous arrivâmes enfin dans la grande pièce, chaude et gaie, où j’avais déjà été reçu. Elle resplendissait délicieusement à la lueur d’un immense feu de charbon, de tourbe et de bois ; près de la table mise pour un plantureux repas du soir, je fus charmé d’apercevoir « La maîtresse », personne dont je n’avais pas encore soupçonné l’existence. Je saluai et j’attendis, pensant qu’elle me prierait de prendre un siège. Elle me regarda en s’appuyant sur le dossier de sa chaise, mais resta immobile et muette.
– Vilain temps ! remarquai-je. Je crains, Mrs Heathcliff, que la porte n’ait à se ressentir des conséquences du service un peu relâché de vos domestiques ; j’ai eu de la peine à me faire entendre d’eux.
Elle ne desserrait pas les lèvres. J’ouvris de grands yeux… elle ouvrit de grands yeux aussi ; ou plutôt elle fixa sur moi un regard froid, indifférent, excessivement embarrassant et désagréable.
– Asseyez-vous, dit le jeune homme d’un ton bourru. Il va bientôt rentrer.
J’obéis, je toussai, j’appelai la gredine de Junon qui daigna, à cette seconde entrevue, remuer l’extrémité de la queue en signe de reconnaissance.
– Un bien bel animal, repris-je. Avez-vous l’intention de vous séparer de ses petits, madame ?
– Ils ne sont pas à moi, dit l’aimable hôtesse d’un ton encore moins engageant que celui que Heathcliff lui-même aurait pu mettre à cette réponse.
– Ah ! vos favoris sont sans doute parmi ceux-ci ? continuai-je en me tournant vers un coussin dans l’ombre, couvert de quelque chose qui ressemblait à des chats.
– Étrange choix de favoris ! observa-t-elle avec mépris.
Pas de chance ! c’était un tas de lapins morts. Je toussai une fois de plus et me rapprochai de l’âtre, renouvelant mes commentaires sur le triste temps de cette soirée.
– Vous n’auriez pas dû sortir, dit-elle en se levant pour prendre sur la cheminée deux des boîtes à thé peintes.
Jusqu’alors, elle avait été abritée de la lumière ; maintenant je distinguais nettement sa silhouette et son visage. Elle était élancée, en apparence à peine sortie de l’adolescence ; admirablement faite, et avec la plus exquise petite figure que j’aie jamais eu le plaisir de contempler ; des traits fins, très réguliers ; des boucles blondes, ou plutôt dorées, qui pendaient librement sur son cou délicat ; et des yeux qui eussent été irrésistibles, si l’expression en eût été agréable. Heureusement pour mon cœur sensible, le seul sentiment qu’ils révélaient tenait le milieu entre le dédain et une sorte de désespoir, qu’on était étrangement surpris d’y découvrir. Les boîtes étaient presque hors de sa portée ; je fis un mouvement pour l’aider : elle se tourna vers moi du même air qu’aurait un avare si quelqu’un voulait essayer de l’aider à compter son or.
– Je n’ai pas besoin de votre assistance, dit-elle sèchement, je peux les atteindre toute seule.
– Je vous demande pardon, me hâtai-je de répliquer.
– Vous a-t-on invité à prendre le thé ? demanda-t-elle en attachant un tablier sur sa robe noire très propre. Elle balançait une cuillerée de thé au dessus de la théière.
– J’en prendrai une tasse avec plaisir.
– Vous a-t-on invité ? répéta-t-elle.
– Non, dis-je en souriant à demi. Mais vous êtes tout indiquée pour le faire.
Elle rejeta le thé, la cuiller et tout le reste et se rassit sur sa chaise avec un mouvement de dépit, le front plissé, la lèvre inférieure, rouge, en avant, comme celle d’un enfant prêt à pleurer.
Cependant le jeune homme avait jeté sur son dos une veste extrêmement usée ; debout devant le feu, il me regardait du coin de l’œil, d’une mine à jurer qu’il y avait entre nous deux une haine mortelle inassouvie. Je commençais à me demander si c’était ou non un domestique. Son costume et son langage étaient grossiers, tout à fait dépourvus de la supériorité qu’indiquaient ceux de Mr et de Mrs Heathcliff ; ses épaisses boucles brunes étaient négligées et hirsutes, sa moustache empiétait sur ses joues à la manière de celle d’un ours, ses mains étaient hâlées comme celles d’un simple laboureur. Pourtant son attitude était dégagée, presque hautaine, et il ne montrait pas l’assiduité d’un domestique à servir la maîtresse de maison. En l’absence de preuves certaines de sa condition, je jugeai préférable de ne pas prêter attention à sa conduite bizarre. Au bout de cinq minutes, l’entrée de Heathcliff apporta, dans une certaine mesure, un soulagement à ma situation embarrassée.
– Vous voyez, monsieur, que je suis venu comme je l’avais promis ! m’écriai-je avec un feint enjouement, et je crains que la neige ne me retienne chez vous pendant une demi-heure, si vous pouvez m’accorder abri pendant ce laps de temps.
– Une demi-heure ? dit-il en secouant les blancs flocons qui couvraient ses vêtements. Je me demande pourquoi vous avez choisi le fort d’une tourmente de neige pour venir vous promener jusqu’ici. Savez-vous que vous courez le risque de vous perdre dans les marais ? Des gens familiers avec ces landes s’égarent souvent par de pareilles soirées ; et je puis vous annoncer qu’il n’y a aucun espoir de changement pour le moment.
– Je pourrais peut-être trouver parmi vos valets de ferme un guide, qui resterait à la Grange jusqu’à demain… si vous pouviez m’en prêter un ?
– Non, je ne pourrais pas.
– Oh ! vraiment ! Eh bien ! alors, j’en serai réduit à ma seule sagacité.
– Hum !
– Allez-vous faire l’thé ? demanda l’homme à l’habit râpé, détournant de moi son farouche regard pour le diriger sur la jeune femme.
– Faut-il en faire pour lui ? demanda-t-elle en s’adressant à Heathcliff.
– Préparez-le, voulez-vous ? fut la réponse, faite d’une façon si brutale que je tressaillis. Le ton dont ces mots furent prononcés révélait une nature foncièrement mauvaise. Je n’avais plus envie d’appeler Heathcliff un homme admirable.
Quand les préparatifs furent terminés, il m’invita :
– Maintenant, monsieur, avancez votre chaise.
Et tous, y compris le rustique jeune homme, s’approchèrent de la table. Un austère silence régna pendant que nous prenions notre repas.
Je pensai que, si ma présence avait jeté un froid, il était de mon devoir de faire un effort pour le dissiper. Il n’était pas possible que ces gens fussent tous les jours aussi sombres et aussi taciturnes ; il n’était pas possible, si mauvais caractère qu’ils eussent, que cet air renfrogné qu’ils avaient tous fût leur air de tous les jours.
– Il est étrange, commençai-je dans l’intervalle entre une tasse de thé et une autre, il est étrange que l’habitude puisse ainsi façonner nos goûts et nos idées. Beaucoup de gens seraient incapables de concevoir l’existence du bonheur dans une vie aussi complètement retirée que la vôtre, Mr Heathcliff ; pourtant j’oserai dire que, entouré de votre famille, avec votre aimable épouse comme génie tutélaire de votre foyer et de votre cœur…
– Mon aimable épouse ! interrompit-il avec un ricanement presque diabolique. Où est-elle, mon aimable épouse ?
– Mrs Heathcliff, votre femme, veux-je dire.
– Ah ! bon, oui… Vous voulez sans doute faire entendre que son esprit a pris le rôle d’ange gardien et veille sur le sort de Hurle-Vent, même quand son corps l’a quitté. Est-ce cela ?
M’apercevant que je commettais une bévue, j’essayai de la rattraper, j’aurais dû voir qu’il y avait une trop grande disproportion d’âge entre eux deux pour qu’ils pussent avec vraisemblance être mari et femme. L’un avait environ quarante ans : un âge de vigueur mentale où les hommes nourrissent rarement l’illusion d’être épousés par amour par des jeunes filles ; ce rêve est réservé comme consolation au déclin de nos années. L’autre ne paraissait pas dix-sept ans.
J’eus une inspiration soudaine. « Le lourdaud qui est à côté de moi, qui boit son thé dans une jatte et mange son pain avec des mains sales, pourrait bien être son mari : Heathcliff junior, sans doute. Voilà ce qui arrive quand on s’enterre vivante : elle s’est jetée sur ce rustre par simple ignorance de l’existence d’êtres supérieurs ! C’est bien dommage… il faut que je tâche de lui faire regretter son choix… »… Cette dernière réflexion peut sembler d’un fat : elle ne l’était pas. Mon voisin me frappait comme un être presque repoussant ; je savais, par expérience, que je n’étais pas sans séduction.
– Mrs Heathcliff est ma belle-fille, dit Heathcliff, ce qui confirma ma supposition. Il dirigea sur elle, en parlant, un singulier regard : un regard chargé de haine… à moins que, par l’effet d’une disposition anormale, ses muscles faciaux n’interprètent pas, comme ceux des autres humains, le langage de son âme.
– Ah ! certainement… je comprends maintenant : vous êtes l’heureux possesseur de cette fée bienfaisante, remarquai-je en me tournant vers mon voisin.
Ce fut encore pis. Le jeune homme devint écarlate et ferma le poing, en donnant tous les signes de préméditation d’un assaut. Mais il parut se ressaisir presque aussitôt et étouffa l’orage sous un brutal juron, grommelé à mon adresse et que, bien entendu, j’eus soin d’ignorer.
– Pas de chances dans vos conjectures, monsieur, observa mon hôte. Aucun de nous n’a le privilège de posséder votre bonne fée ; son époux est mort. J’ai dit qu’elle était ma belle-fille ; il faut donc qu’elle ait épousé mon fils.
– Et ce jeune homme n’est…
– Pas mon fils assurément.
Heathcliff sourit encore, comme si c’eût été une plaisanterie un peu trop forte de lui attribuer la paternité de cet ours.
– Mon nom est Hareton Earnshaw, bougonna l’autre ; et je vous conseille de le respecter !
– Je n’ai fait preuve d’aucune irrévérence, répondis-je, en riant intérieurement de la dignité avec laquelle il se présentait lui-même.
Avant qu’il eût cessé de tenir les yeux fixés sur moi, j’avais détourné de lui mon regard, de crainte d’être tenté de le gifler, ou de donner cours à mon hilarité. Je commençais à me sentir indubitablement peu à ma place dans cet agréable cercle de famille. Le sentiment de bien-être physique que j’éprouvais était plus que neutralisé par la lugubre atmosphère spirituelle qui régnait là. Je résolus de réfléchir avant de m’aventurer sous ce toit une troisième fois.
Le repas terminé, et personne ne manifestant d’un mot la moindre sociabilité, je m’approchai de la fenêtre pour examiner le temps. Un triste spectacle s’offrit à ma vue : une nuit obscure tombait prématurément, le ciel et les collines se confondaient dans un violent tourbillon de vent et de neige épaisse.
– Je ne crois pas qu’il me soit possible maintenant de rentrer chez moi sans un guide, ne pus-je m’empêcher de m’écrier. Les routes doivent avoir déjà disparu ; si même elles étaient découvertes, je verrais à peine où mettre le pied.
– Hareton, conduis cette douzaine de moutons sous le porche de la grange. Ils vont être enfouis si on les laisse dans leur parc toute la nuit : et mets une planche devant eux, dit Heathcliff.
– Que faire ? continuai-je avec une irritation croissante.
Ma question demeura sans réponse. En jetant un regard autour de moi, je ne vis que Joseph qui apportait un seau de porridge[3] pour les chiens, et Mrs Heathcliff penchée sur le feu, qui s’amusait à faire brûler un paquet d’allumettes tombé du rebord de la cheminée quand elle avait remis la boîte à thé à sa place. Après avoir déposé son fardeau, Joseph passa l’inspection de la pièce et grinça d’une voix chevrotante :
– Je m’demandions comment qu’vous pouvez rester là, à n’rien faire et à vous chauffer, quand tous y sont dehors ! Mais vous n’êtes qu’eune prop’à rien, et c’est pas la peine d’user sa salive… vous n’amenderez jamais vos môvaises manières et vous irez dret chez l’diable, comme vot’mère avant vous !
Je m’imaginai un instant que ce morceau d’éloquence était à mon adresse. Passablement en colère, je m’avançai vers le vieux drôle avec l’intention de le jeter dehors à coups de pied. Mrs Heathcliff m’arrêta par sa réponse.
– Vieil hypocrite médisant ! répliqua-t-elle. N’avez-vous pas peur d’être emporté vous-même quand vous prononcez le nom du diable ? Je vous conseille d’éviter de m’irriter, ou je solliciterai votre enlèvement comme une faveur spéciale. Arrêtez ! Regardez un peu, Joseph, continua-t-elle en prenant sur un rayon un grand livre foncé. Je vais vous montrer mes progrès dans la magie noire : je serai bientôt en état de faire par elle maison nette. Ce n’est pas par hasard que la vache rouge est morte ; et votre rhumatisme ne peut guère être compté comme une grâce providentielle.
– Oh ! môvaise ! môvaise ! haleta le vieux ; le Seigneur nous délivre du mal !
– Non, impie ! vous êtes un réprouvé… allez vous-en, ou vous pâtirez sérieusement. Vous serez tous modelés en cire et en argile ; et le premier qui transgressera les bornes que je fixe sera… je ne veux pas dire ce qu’il lui arrivera… mais vous verrez. Allez ! j’ai l’œil sur vous !
La petite sorcière mit une feinte malignité dans ses beaux yeux, et Joseph, tremblant d’une sincère horreur, s’enfuit en priant et en répétant : « môvaise ! » Je pensai que la jeune femme avait dû se livrer à une sorte de sinistre plaisanterie ; à présent que nous étions seuls, j’essayai de l’intéresser à ma détresse.
– Mrs Heathcliff, dis-je sérieusement, veuillez m’excuser de vous déranger. Je prends cette liberté parce qu’avec un pareil visage je suis sûr que vous ne pouvez pas ne pas avoir bon cœur. Indiquez-moi quelques repères qui me permettent de retrouver mon chemin pour rentrer chez moi : je n’ai pas plus d’idée de la manière de m’y prendre que vous n’en auriez si vous deviez aller à Londres !
– Suivez le chemin par lequel vous êtes venu, répondit-elle en s’installant sur une chaise, avec une chandelle et le grand livre ouvert devant elle. C’est un conseil bref, mais c’est le meilleur que je puisse vous donner.
– Alors, si vous entendez dire qu’on m’a découvert mort dans une fondrière ou dans un trou plein de neige, votre conscience ne murmurera pas que c’est en partie votre faute ?
– Pourquoi ? Je ne peux pas vous escorter. Ils ne me laisseraient pas aller jusqu’au bout du mur du jardin.
– Vous ! Je serais désolé de vous demander, pour ma commodité, de franchir le seuil, par une nuit pareille, m’écriai-je. Je vous demande de me dire quel est mon chemin, et non de me le montrer ; ou, sinon, de persuader Mr Heathcliff de me donner un guide.
– Qui ? Il y a lui, Earnshaw, Joseph, Zillah et moi. Qui voudriez-vous prendre ?
– Il n’y a pas de valets à la ferme ?
– Non ; personne, hormis ceux que je viens de nommer.
– Alors, il en résulte que je suis forcé de rester.
– Vous pourrez vous entendre à ce sujet avec votre hôte. Cela ne me regarde pas.
– J’espère que ce sera pour vous une leçon de ne plus entreprendre à la légère d’excursions dans ces montagnes, cria de l’entrée de la cuisine la voix forte de Heathcliff. Quant à ce qui est de rester ici, je n’ai pas d’installation pour les visiteurs ; il faudra que vous partagiez le lit de Hareton ou de Joseph, si vous restez.
– Je peux passer la nuit sur une chaise dans cette chambre, proposai-je.
– Non ! non ! Un étranger est un étranger, qu’il soit riche ou pauvre. Il ne me convient pas de laisser à quelqu’un la libre disposition de la pièce quand je ne suis pas là pour surveiller, dit le grossier coquin.
Cette insulte mit ma patience à bout. Je laissai échapper une exclamation de dégoût et, passant devant lui, je me précipitai dans la cour. Dans ma hâte, je me heurtai contre Earnshaw. Il faisait si sombre que je ne pus trouver la sortie. Comme je tournais tout autour de la maison, j’eus un autre spécimen de leur charmante manière de se traiter entre eux. Au début, le jeune homme parut sur le point de s’intéresser à mon sort.
– Je vais aller avec lui jusqu’à l’entrée du parc, dit-il.
– Tu iras avec lui en enfer ! s’écria son maître (si c’est là le terme qui convient à leurs situations respectives). Et qui soignera les chevaux, hein ?
– La vie d’un homme a plus d’importance qu’une négligence d’un soir pour les chevaux ; il faut que quelqu’un y aille, murmura Mrs Heathcliff, avec plus de bienveillance que je n’en aurais attendu d’elle.
– Pas sur votre ordre ! riposta Hareton. Si vous vous intéressez à son sort, je vous conseille de vous tenir tranquille.
– Alors j’espère que son spectre vous hantera ; et j’espère que Mr Heathcliff n’aura jamais d’autre locataire tant que la Grange sera debout, répondit-elle d’un ton tranchant.
– Écoutez, écoutez, la v’là qui les maudit ! marmotta Joseph, vers qui je m’étais dirigé.
Il était assis assez près pour entendre, occupé à traire les vaches à la lueur d’une lanterne, que je saisis sans cérémonie ; je lui criai que je la renverrais le lendemain, et je courus à la porte de sortie la plus proche.
– Maître, maître ! y vole la lanterne, cria le vieux en me poursuivant dans ma retraite. Hé ! Gnasher ! Hé ! chien ! Hé ! Wolf ! t’nez-le bon, t’nez-le bon !
Comme j’ouvrais la petite porte, deux monstres velus me sautèrent à la gorge, me renversèrent, et la lumière s’éteignit pendant que le gros rire de Heathcliff et de Hareton mettait le comble à ma rage et à mon humiliation. Heureusement, les bêtes paraissaient plus enclines à allonger les pattes, à bâiller et à agiter la queue qu’à me dévorer vif ; mais elles ne toléraient pas que je ressuscitasse, et je dus rester à terre jusqu’à ce qu’il plût à leurs malicieux maîtres de me délivrer. Alors, sans chapeau et tremblant de colère, j’ordonnai à ces mécréants de me laisser sortir – s’ils me retenaient une minute de plus, c’était à leurs risques et périls – avec des menaces de représailles aussi incohérentes que variées et qui, par la profondeur et le vague de leur virulence, faisaient songer au Roi Lear.
La véhémence de mon agitation amena un copieux saignement de nez ; Heathcliff continuait de rire, moi de pester. Je ne sais ce qui aurait mis fin à la scène, s’il n’y avait eu à proximité une personne plus raisonnable que moi-même et plus bienveillante que mon hôte. C’était Zillah, la robuste femme de charge qui, finit par sortir pour s’enquérir de la nature du tumulte. Elle crut que l’un d’eux m’avait fait violence ; et, n’osant s’attaquer à son maître, elle dirigea son artillerie vocale contre le plus jeune des deux drôles.
– Eh bien ! Mr Earnshaw, s’écria-t-elle, je me demande ce que vous pourrez bien inventer, bientôt ! Allons-nous massacrer les gens sur le seuil de notre porte ? Je vois que cette maison ne me conviendra jamais… regardez le pauvre garçon, il étouffe, ma foi ! Chut ! Chut ! il ne faut pas continuer ainsi. Entrez, et je vais guérir cela. Allons, calmez-vous.
À ces mots, elle me versa tout à coup une pinte d’eau glacée dans le cou et me poussa dans la cuisine. Mr Heathcliff m’y suivit et sa gaieté accidentelle disparut rapidement pour faire place à son habituelle morosité.
Je me sentais extrêmement mal, la tête me tournait et j’étais faible ; ainsi je me voyais obligé malgré moi d’accepter l’hospitalité sous ce toit. Mon hôte dit à Zillah de me donner un verre de brandy, puis passa dans l’autre pièce. Tout en me témoignant sa sympathie pour ma triste situation, Zillah exécuta les ordres de son maître, ce qui me ranima un peu, puis me conduisit à un lit.
Chapitre 3
Tandis qu’elle me guidait dans l’escalier elle me recommanda de masquer la chandelle et de ne pas faire de bruit ; car son maître avait des idées bizarres au sujet de la chambre où elle allait me mettre, et il n’y laissait jamais volontiers loger quelqu’un. J’en demandai la raison. Elle l’ignorait, me répondit-elle ; il n’y avait qu’un an ou deux qu’elle était là, et ils avaient tant d’étranges manières qu’elle n’en finirait jamais si elle se mettait à être curieuse. Trop hébété pour être curieux moi-même, je fermai la porte et regardai autour de moi en cherchant le lit. Tout l’ameublement consistait en une chaise, une armoire et une grande caisse de chêne avec des ouvertures carrées dans le haut, qui ressemblaient à des fenêtres de voitures. Je m’approchai de cet édifice, jetai un coup d’œil à l’intérieur, et reconnus que c’était une singulière couchette de vieux modèle, très bien comprise pour dispenser chaque membre de la famille d’avoir une chambre séparée. En fait, cela formait un petit cabinet, et le rebord d’une fenêtre qui y était incluse servait de table. Je fis glisser les panneaux de côté,
