Déjà Morte (Un suspense Laura Frost, agente du FBI – Livre 5)

DÉJÀ MORTE

(Un suspense Laura Frost, agente du FBI – Livre 5)

BLAKE PIERCE

Blake Pierce

Blake Pierce est l’auteur de la série à succès mystère RILEY PAGE qui comprend à présent dix-sept livres. Blake Pierce est également l’auteur de la série mystère MACKENZIE WHITE, composé de quatorze livres, de la série mystère AVERY BLACK, comportant six livres ; de la série à mystère KERI LOCKE, composé de cinq livres ; de la série mystère LES ORIGINES DE RILEY PAIGE, comprenant six livres ; de la série mystère KATE WISE, qui se compose de sept livres ; de la série mystère et suspense psychologique CHLOE FINE, comprenant six livres ; de la série de suspense psychologique JESSIE HUNT, composé pour le moment de quinze livres, de la série de suspense psychologique LA FILLE AU PAIR, composé de trois livres ; de la série de mystère ZOE PRIME, avec six livres ; de la série mystère ADELE SHARP, composé actuellement de quinze livres (pour l’instant) ; de la série mystère VOYAGE EUROPEEN comprenant six livres (pour l’instant) ; de la nouvelle série suspense LAURA FROST FBI, avec six livres (pour l’instant) ; de la nouvelle série suspense ELLA DARK FBI, composé de onze livres (pour l’instant) ; de la nouvelle série mystère UN AN EN EUROPE, comprenant quatre livres (pour l’instant) ; de la nouvelle série mystère AVA GOLD composé de six livres (pour l’instant); et la nouvelle série mystère RACHEL GIFT composé de six livres (pour l’instant).

Lecteur avide et admirateur de longue date des genres mystère et thriller, Blake aimerait connaître votre avis. N’hésitez pas à consulter son site www.blakepierceauthor.com afin d’en apprendre davantage et de rester en contact.

Copyright © 2021 by Blake Pierce. Tous droits réservés. Sauf autorisation selon Copyright Act de 1976 des U.S.A., cette publication ne peut être reproduite, distribuée ou transmise par quelque moyen que ce soit, stockée sur une base de données ou stockage de données sans permission préalable de l'auteur. Cet ebook est destiné à un usage strictement personnel. Cet ebook ne peut être vendu ou cédé à des tiers. Vous souhaitez partager ce livre avec un tiers, nous vous remercions d'en acheter un exemplaire. Vous lisez ce livre sans l'avoir acheté, ce livre n'a pas été acheté pour votre propre utilisation, retournez-le et acheter votre propre exemplaire. Merci de respecter le dur labeur de cet auteur. Il s'agit d'une œuvre de fiction. Les noms, personnages, sociétés, organisations, lieux, évènements ou incidents sont issus de l'imagination de l'auteur et/ou utilisés en tant que fiction. Toute ressemblance avec des personnes actuelles, vivantes ou décédées, serait purement fortuite. Photo de couverture Copyright oOhyperblaster sous licence Shutterstock.com.

LIVRES PAR BLAKE PIERCE

UN SUSPENSE FBI RACHEL GIFT

SON DERNIER SOUHAIT (Livre 1)

SA DERNIÈRE CHANCE (Livre 2)

UN ROMAN POLICIER AVA GOLD

LA VILLE DES PROIES (Livre 1)

LA VILLE DE LA PEUR (Livre 2)

UN SUSPENSE LAURA FROST, AGENTE DU FBI

DÉJÀ PARTIE (Livre 1)

DÉJÀ VUE (Livre 2)

DÉJÀ PIÉGÉE (Livre 3)

DÉJÀ DISPARUE (Livre 4)

DÉJÀ MORTE (Livre 5)

UN THRILLER À SUSPENSE D’ELLA DARK

LA FILLE, SEULE (Livre 1)

LA FILLE, PRISE (Livre 2)

LA FILLE, CHASSÉE (Livre 3)

LA FILLE, MUSELÉE (Livre 4)

UN AN EN EUROPE

MEURTRE À PARIS (Livre 1)

MORT À FLORENCE (Livre 2)

VENGEANCE À VIENNE (Livre 3)

TRAGÉDIE EN ESPAGNE (Livre 4)

UN VOYAGE EUROPÉEN

MEURTRE (ET BAKLAVA) (Livre 1)

UN MORT (ET UN STRUDEL AUX POMMES) (Livre 2)

CRIME (ET BIÈRE) (Livre 3)

INFORTUNE (ET GOUDA) (Livre 4)

CALAMITÉ (ET PAIN AUX RAISINS) (Livre 5)

PAGAILLE (ET HARENG) (Livre 6)

LES MYSTÈRES DE ADÈLE SHARP

LAISSÈ POUR MORT (Volume 1)

CONDAMNÈ À FUIR (Volume 2)

CONDAMNÈ À SE CACHER (Volume 3)

CONDAMNÉ À TUER (Volume 4)

CONDAMNÉ AU MEURTRE (Volume 5)

CONDAMNÉ À L’ENVIE (Volume 6)

CONDAMNÉ À LA DÉFAILLANCE (Volume 7)

CONDAMNÉ À DISPARAÎTRE (Volume 8)

CONDAMNÉ À TRAQUER (Volume 9)

CONDAMNÉ À CRAINDRE (Volume 10)

CONDAMNÉ À TOURMENTER (Volume 11)

LA FILLE AU PAIR

PRESQUE DISPARUE (Livre 1)

PRESQUE PERDUE (Livre 2)

PRESQUE MORTE (Livre 3)

LES MYSTÈRES DE ZOE PRIME

LE VISAGE DE LA MORT (Tome 1)

LE VISAGE DU MEURTRE (Tome 2)

LE VISAGE DE LA PEUR (Tome 3)

LE VISAGE DE LA FOLIE (Tome 4)

LE VISAGE DE LA RAGE (Tome 5)

LE VISAGE DES TÉNÈBRES (Tome 6)

SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE JESSIE HUNT

LA FEMME PARFAITE (Volume 1)

LE QUARTIER IDÉAL (Volume 2)

LA MAISON IDÉALE (Volume 3)

LE SOURIRE IDÉALE (Volume 4)

LE MENSONGE IDÉALE (Volume 5)

LE LOOK IDÉAL (Volume 6)

LA LIAISON IDÉALE (Volume 7)

L’ALIBI IDÉAL (Volume 8)

LA VOISINE IDÉALE (Volume 9)

LE DÉGUISEMENT IDÉAL (Volume 10)

LE SECRET IDÉAL (Volume 11)

LA FAÇADE IDÉALE (Volume 12)

L’IMPRESSION IDÉALE (Volume 13)

LA TROMPERIE IDÉALE (Volume 14)

LA MAÎTRESSE IDÉALE (Volume 15)

L’IMAGE IDÉALE (Volume 16)

LE VOILE IDÉAL (Volume 17)

SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE CHLOE FINE

LA MAISON D’À CÔTÉ (Volume 1)

LE MENSONGE D’UN VOISIN (Volume 2)

VOIE SANS ISSUE (Volume 3)

LE VOISIN SILENCIEUX (Volume 4)

DE RETOUR À LA MAISON (Volume 5)

VITRES TEINTÉES (Volume 6)

SÉRIE MYSTÈRE KATE WISE

SI ELLE SAVAIT (Volume 1)

SI ELLE VOYAIT (Volume 2)

SI ELLE COURAIT (Volume 3)

SI ELLE SE CACHAIT (Volume 4)

SI ELLE S’ENFUYAIT (Volume 5)

SI ELLE CRAIGNAIT (Volume 6)

SI ELLE ENTENDAIT (Volume 7)

LES ORIGINES DE RILEY PAIGE

SOUS SURVEILLANCE (Tome 1)

ATTENDRE (Tome 2)

PIEGE MORTEL (Tome 3)

ESCAPADE MEURTRIERE (Tome 4)

LA TRAQUE (Tome 5)

SOUS HAUTE TENSION (Tome 6)

LES ENQUÊTES DE RILEY PAIGE

SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1)

RÉACTION EN CHAÎNE (Tome 2)

LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3)

LES PENDULES À L’HEURE (Tome 4)

QUI VA À LA CHASSE (Tome 5)

À VOTRE SANTÉ (Tome 6)

DE SAC ET DE CORDE (Tome 7)

UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8)

SANS COUP FÉRIR (Tome 9)

À TOUT JAMAIS (Tome 10)

LE GRAIN DE SABLE (Tome 11)

LE TRAIN EN MARCHE (Tome 12)

PIÉGÉE (Tome 13)

LE RÉVEIL (Tome 14)

BANNI (Tome 15)

MANQUE (Tome 16)

CHOISI (Tome 17)

UNE NOUVELLE DE LA SÉRIE RILEY PAIGE

RÉSOLU

SÉRIE MYSTÈRE MACKENZIE WHITE

AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1)

AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2)

AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3)

AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4)

AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5)

AVANT QU’IL NE RESSENTE (Volume 6)

AVANT QU’IL NE PÈCHE (Volume 7)

AVANT QU’IL NE CHASSE (Volume 8)

AVANT QU’IL NE TRAQUE (Volume 9)

AVANT QU’IL NE LANGUISSE (Volume 10)

AVANT QU’IL NE FAILLISSE (Volume 11)

AVANT QU’IL NE JALOUSE (Volume 12)

AVANT QU’IL NE HARCÈLE (Volume 13)

AVANT QU’IL NE BLESSE (Volume 14)

LES ENQUÊTES D’AVERY BLACK

RAISON DE TUER (Tome 1)

RAISON DE COURIR (Tome2)

RAISON DE SE CACHER (Tome 3)

RAISON DE CRAINDRE (Tome 4)

RAISON DE SAUVER (Tome 5)

RAISON DE REDOUTER (Tome 6)

LES ENQUETES DE KERI LOCKE

UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (Tome 1)

DE MAUVAIS AUGURE (Tome 2)

L’OMBRE DU MAL (Tome 3)

JEUX MACABRES (Tome 4)

LUEUR D’ESPOIR (Tome 5)

SOMMAIRE

CHAPITRE PREMIER

CHAPITRE DEUX

CHAPITRE TROIS

CHAPITRE QUATRE

CHAPITRE CINQ

CHAPITRE SIX

CHAPITRE SEPT

CHAPITRE HUIT

CHAPITRE NEUF

CHAPITRE DIX

CHAPITRE ONZE

CHAPITRE DOUZE

CHAPITRE TREIZE

CHAPITRE QUATORZE

CHAPITRE QUINZE

CHAPITRE SEIZE

CHAPITRE DIX-SEPT

CHAPITRE DIX-HUIT

CHAPITRE DIX-NEUF

CHAPITRE VINGT

CHAPITRE VINGT-ET-UN

CHAPITRE VINGT-DEUX

CHAPITRE VINGT-TROIS

CHAPITRE VINGT-QUATRE

CHAPITRE VINGT-CINQ

CHAPITRE VINGT-SIX

CHAPITRE VINGT-SEPT

CHAPITRE VINGT-HUIT

CHAPITRE PREMIER

L’inspecteur Scott Waters bondit hors de la voiture pendant que le moteur tournait encore, laissant son collègue pester derrière lui. Il ne voulait pas attendre. On lui disait toujours qu’il était trop impatient, mais qu’aurait-il pu faire d’autre quand la vie de quelqu’un était en danger ?

Il courut dans la rue et se dirigea vers l’ouverture de la ruelle, où il voyait déjà un homme avachi contre le mur, la tête baissée. L’homme leva les yeux, vit un agent de police courir vers lui et se redressa en désignant d’un seul doigt tendu un endroit situé plus loin dans la ruelle. Le visage pâle, il n’avait pas dit un mot.

Scott lui adressa un hochement de tête sans s’arrêter de marcher, passa le coin en dérapant puis s’arrêta complètement. Il était tout à fait clair qu’ils arrivaient trop tard pour pouvoir faire quoi que ce soit.

Scott jura intérieurement. Il aurait voulu envoyer un coup de poing dans le mur, mais il était très conscient du fait qu’un civil le regardait. Quand il avait entendu à la radio que quelqu’un avait trouvé Evelina Collins et qu’il semblait qu’on l’ait agressée, il avait espéré que ce soit une erreur, qu’elle soit encore en vie et qu’on puisse la sauver. Dès le moment où elle avait été portée disparue, ils avaient tous espéré qu’elle ait survécu.

Pourtant, là …

Aucune erreur n’était possible.

Evelina était morte et peut-être depuis longtemps. Scott regarda fixement son cou, qui était ouvert comme pour former une sorte de second sourire grotesque. Ça n’avait même pas l’air réel. Scott n’avait pas vu beaucoup de corps. Ici, à Pacific Cove, il n’y avait pas souvent des meurtres.

Pourtant, il savait que celui-ci était réel.

Il tendit la main vers sa radio pour appeler des renforts et regretta d’avoir devancé son collègue. Ce meurtre était bizarre et il ne savait pas quoi faire.

— Waters ?

Scott se tourna légèrement quand son collègue le rattrapa finalement et s’arrêta à côté de lui.

— Qu’est-ce qu’on va faire de ça, Davis ?

Davis regarda fixement la scène qui s’étendait devant eux, apparemment aussi perplexe que Scott.

— Euh … Je ne sais pas. Devons-nous tout emballer comme preuve ?

— Comment pourrions-nous emballer une flamme ? demanda Scott. On ne peut pas mettre une bougie en combustion dans un sac pour éléments de preuve.

— C’est vrai, convint Davis.

Ils contemplèrent la scène ensemble un moment de plus. La bougie était placée juste au milieu de la poitrine d’Evelina, qui la tenait de ses mains mortes et pâles. Le tout formait une sorte de mise en scène funéraire et morbide. D’ailleurs, ce qui était funéraire était aussi morbide. La flamme mourait lentement ; la cire fondait, gouttait le long de la bougie et s’accumulait sur la poitrine de la défunte.

— Bon, disons qu’on pourrait la laisser se consumer puis tout mettre dans un sac pour éléments de preuve.

— N’est-ce pas …

Scott fit un geste vague.

— Je ne sais pas. On ne risque pas de contaminer la scène ? Et s’il y avait des preuves sur ses mains ou sur ses vêtements ?

— Dans ce cas, souffle dessus ! dit Davis avec une insistance renouvelée, faisant signe à son jeune collègue d’avancer.

Scott avança rapidement d’un pas puis se rendit compte qu’il allait devoir se mettre à genoux à côté d’Evelina pour être assez près. Il s’empressa de s’agenouiller en essayant de ne rien toucher et souffla rapidement jusqu’à ce que la flamme s’éteigne. Alors, il respira une seconde et l’odeur l’assaillit : la forte odeur douceâtre du sang, l’odeur de la mort, quelque chose d’unique et d’indéfinissable. Rien d’autre n’avait tout à fait la même odeur.

Il se tourna rapidement pour absorber une bouffée de l’air qui arrivait du front de mer et entrait dans la ruelle. Il voulait éviter de vomir.

— Qu’est-ce que ça veut dire, tout ça ? demanda Davis, qui se tenait encore assez loin pour éviter de sentir lui-même l’odeur.

Scott leva les yeux vers lui, jeta un coup d’œil de plus au corps puis se releva.

— Je ne sais pas, dit-il, mais je n’avais jamais vu ça. Nous ferions mieux d’appeler des renforts.

— Bien, dit Davis en tendant une main vers sa radio. Je vais demander au chef de venir. Je crois que, pour cette affaire, nous allons avoir besoin d’une personne qui a un peu plus d’expérience.

Scott ne dit rien et Davis s’éloigna pour passer l’appel. Scott couvrit sa propre radio d’une main quand il l’entendit cracher les mots de Davis. Il contemplait Evelina. La cire refroidissait encore sur ses mains.

En voyant cette bougie, il eut l’impression déroutante que ce ne serait peut-être pas la seule qu’ils trouveraient.

CHAPITRE DEUX

Laura dut s’arrêter et s’accorder un moment pendant qu’elle versait à Lacey un autre verre de jus de fruit, debout dans sa cuisine comme si de rien n’était. Quand elle regardait la petite fille blonde qui jouait par terre, elle ressentait presque le besoin de se pincer.

Sa fille était là. Elle jouait avec ses jouets. Elle se comportait comme une enfant normale. De plus, elle avait passé tout le week-end ici.

C’était le troisième week-end de suite que Lacey passait chez Laura depuis que cette dernière avait gagné ce droit à l’audience pour la garde et, même si Laura commençait à trouver cela complètement normal, il y avait encore des moments où elle devait se rappeler que c’était réel.

— Tiens, ma chérie, dit Laura en lui apportant le verre. Nous allons nous préparer dans un petit moment, d’accord ? Je ne veux pas être en retard.

— Puis-je apporter tous mes chats ? demanda Lacey en désignant les jouets en peluche qu’elle faisait actuellement semblant de coiffer et d’habiller avec des nœuds en Velcro. Amy a dit qu’elle voulait les voir.

— Bien sûr, dit Laura en souriant.

Elle s’assit sur le sofa derrière Lacey et tendit la main vers sa propre tasse de café, qui se trouvait sur la table.

— Du moment que tu promets de tous les remballer quand ce sera l’heure d’y aller. Nous ne devons pas faire attendre papa.

Lacey fit légèrement la moue puis recula par terre pour aller s’appuyer contre les jambes de sa mère. Elle portait encore son pyjama en teintes assorties de rose, sur lequel on lisait qu’elle était « Le petit ange de papa ». Laura était sûre que son ex-mari, Marcus, envoyait sa fille avec ce pyjama exprès pour énerver sa mère.

C’était en pure perte. Si Laura pouvait retrouver Lacey après avoir passé tant de temps sans la voir, elle était prête à subir n’importe quelle insulte. Elle était heureuse d’être mère à nouveau et rien ne pourrait lui gâcher ça.

— Je ne peux pas rester ici plus longtemps ? demanda-t-elle. Je ne veux pas encore repartir.

En son for intérieur, Laura fut ravie, sourit et exécuta une danse de jubilation. Par contre, extérieurement, elle se contenta de sourire un peu et d’ébouriffer Lacey.

— Je sais, ma chérie. Moi aussi, je voudrais toujours que le week-end dure éternellement, mais il faut que tu repartes à l’école, tu te souviens ?

Lacey soupira et leva les yeux au ciel comme seule une fille de six ans pouvait le faire, pleine d’un culot qui, évoquant celui d’une fille plus grande, était extrêmement comique.

— Beurk. Je ne veux pas aller à l’école. Je veux rester avec toi !

Laura cacha un autre sourire derrière sa tasse de café.

— L’école, c’est vraiment important, Lacey. Et puis, n’as-tu pas envie d’aller voir tes amies ?

— Je pourrais jouer avec Amy, signala Lacey.

Laura gloussa en secouant la tête.

— Allez, ma fille. Il est temps que tu t’habilles et que tu ailles voir ta nouvelle amie préférée. Tu vas pouvoir jouer avec elle aujourd’hui et, demain, elle devra aller à l’école elle aussi, tu comprends ? Plus tu te prépareras vite, plus tu auras le temps de lui montrer tes chats.

Quand Laura eut formulé cette promesse, Lacey quitta le salon à toute vitesse et se rua dans la petite chambre qu’elle partageait actuellement avec Laura, qui avait installé un lit d’enfant au pied du sien. Ce n’était pas grand-chose, mais c’était tout ce qu’elle avait pu lui offrir. Ici, à Washington D.C., les loyers étaient élevés et Laura essayait encore de se remettre de ses erreurs passées sur le plan financier.

Elle essayait aussi de se remettre de plusieurs autres erreurs. Peu de temps auparavant, dans ce café matinal, elle aurait ajouté quelque chose de plus fort pour lutter contre le froid, pas le froid physique de l’hiver, qui se déchaînait vigoureusement devant ses fenêtres, mais le froid que lui inspiraient ses visions, ces choses que personne ne pouvait avoir envie de voir.

Quand elle pensa à ses visions, elle consulta son téléphone portable, habitude qui devenait de plus en plus obsédante ces quelques derniers jours. Elle avait même commencé à ouvrir ses applis de messagerie rien que pour s’assurer qu’elle ne ratait pas une notification. D’habitude, Nate ne restait pas silencieux aussi longtemps.

La dernière fois qu’ils s’étaient vus, elle avait eu une vision de lui en pleine chute mortelle et elle avait craint le pire. Elle avait craint qu’il ne soit déjà mort. Elle savait que, si c’était arrivé, quelqu’un le lui aurait dit, mais elle n’arrivait pas à empêcher cette peur de refaire surface de manière répétée.

Laura but la fin de son café et posa la tasse en soupirant. Encore rien. Leur dernière affaire s’était terminée deux semaines auparavant et Nate n’avait répondu ni à ses messages ni à ses appels. Quand il n’était pas venu au débriefing habituel de leur premier lundi de retour au quartier général du FBI, Laura avait été perplexe. Après, elle s’était inquiétée. Maintenant, elle était quasiment fébrile.

Le chef divisionnaire Rondelle, leur supérieur direct, lui avait seulement dit que Nate était en congé et qu’il se portait bien. Il avait conseillé à Laura de lui demander elle-même pourquoi il n’était pas au travail. Pourtant, Nate ne lui répondait pas et Laura devenait de plus en plus inquiète. La dernière fois qu’elle lui avait parlé, il lui avait semblé qu’il croyait enfin à ses dons de voyance, mais aussi qu’il n’en était pas satisfait, comme s’il ne voulait plus la voir.

Or, étonnamment, cette dernière idée la faisait encore plus souffrir que lorsque Nate avait refusé de la croire.

— Tu es prête ? appela-t-elle, sachant que Lacey avait besoin qu’on la rappelle à l’ordre une fois ou deux pour se préparer le matin, même quand c’était pour aller retrouver une amie.

— Oui, maman ! répondit Lacey à tue-tête.

Laura cacha un sourire, car elle savait que cela signifiait que sa fille venait probablement de lâcher le jouet qui l’avait distraite et de se mettre réellement à s’habiller. Elle avait du temps, dans ce cas. Sachant que son patron travaillait toujours quelle que soit l’heure et quel que soit le jour (elle l’avait toujours vu en uniforme et presque toujours derrière son bureau), elle composa son numéro. Si elle n’obtenait pas de réponse, sa sensation d’inquiétude ne s’en irait pas comme ça. Elle n’avait vraiment pas besoin qu’une nouvelle angoisse l’encourage à recommencer à boire. Or, une peur légitime pour la sécurité d’un homme qu’elle estimait, c’était une angoisse grave.

— Chef divisionnaire Rondelle.

Quand Laura entendit sa voix, elle ressentit le réconfort qu’inspire un homme auquel on peut toujours faire confiance pour ne jamais changer.

— Chef, c’est Laura, dit-elle. Désolée d’appeler le week-end.

— Dites-moi ce qui vous emmène, dit-il avec la magnanimité qu’elle avait prévue.

— Je sais que vous m’avez dit d’attendre ou de lui poser la question, mais je … Je m’inquiète, dit Laura. C’est Nate. Pouvez-vous au moins me dire quelle sorte de congé il a prise ? Ça n’a rien de médical, j’espère ?

Rondelle soupira et, pendant un moment d’angoisse, Laura craignit que son chef ne lui réponde qu’elle avait raison.

— Non, dit-il. Ce n’est pas un congé de maladie. Écoutez, Laura, j’allais vous en parler demain, mais je suppose que je pourrais aussi bien le faire maintenant.

— De quoi s’agit-il ? demanda-t-elle, le cœur battant la chamade, anxieuse.

Si Rondelle avait prévu d’organiser une réunion pour lui en parler officiellement, c’était probablement grave. Cependant, si ce n’était pas médical …

— L’agent Lavoie est venu me voir vendredi en fin de journée et m’a soumis une requête, répondit Rondelle.

Alors, il s’interrompit comme s’il avait besoin de faire silence un instant avant d’aborder un sujet aussi délicat.

— Je crains qu’il ne veuille changer de collègue.

Laura sentit le découragement l’envahir. Elle se dit que, si elle n’avait pas déjà été assise, elle aurait eu besoin de s’accrocher à quelque chose pour rester debout.

Cela faisait presque quatre ans qu’ils étaient ensemble, Nate et elle. Il était son ami le plus proche, même s’il ne le savait pas. Elle pouvait toujours compter sur lui pour qu’il la protège. Avant lui, elle avait eu une série d’autres collègues pour de brèves durées et avait également travaillé seule très souvent. Cela n’avait pas été aussi gratifiant. Avoir un lien aussi resserré avec quelqu’un, avoir envie de travailler avec cette personne jour après jour, ça faisait toute la différence. Il l’avait soutenue pendant quelques-uns de ses jours les plus sombres, des jours où elle avait été prisonnière de l’alcool, des jours où elle avait cru qu’elle ne reverrait jamais sa