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Le Visage des Ténèbres (Les Mystères de Zoe Prime — Tome 6)
Le Visage des Ténèbres (Les Mystères de Zoe Prime — Tome 6)
Le Visage des Ténèbres (Les Mystères de Zoe Prime — Tome 6)
Livre électronique318 pages5 heures

Le Visage des Ténèbres (Les Mystères de Zoe Prime — Tome 6)

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À propos de ce livre électronique

« UN CHEF-D’ŒUVRE DU GENRE THRILLER ET ENQUÊTE. Blake Pierce a merveilleusement construit des personnages ayant un charactère psychologique si bien décrit que l’on sent ce qui se passe dans leurs esprits, on suit leurs peurs et l’on se réjouit de leur succès. Plein de rebondissements, ce livre vous tiendra éveillés jusqu’à la dernière page. »
--Books and Movie Reviews, Roberto Mattos (sur Sans Laisser de Traces)

LE VISAGE DES TÉNÈBRES est le tome #6 i d’une nouvelle série thriller FBI de l’auteur à succès selon USA Today, Blake Pierce, dont le bestseller Sans Laisser de Traces (Tome 1) (téléchargement gratuit) a reçu plus de 1000 critiques cinq étoiles. La série débute avec Le Visage de la Mort (Tome #1), disponible en téléchargement gratuit.

L’Agent Spécial FBI Zoe Prime souffre d’une maladie rare qui lui confère aussi un talent unique : elle voit le monde à travers le prisme des chiffres. Des chiffres qui la tourmentent, la rendent incapable de comprendre les gens, et lui laissent une vie sentimentale ratée – mais ils lui permettent également de voir des schémas qu’aucun autre agent du FBI ne peut voir. Zoe garde ce secret pour elle, honteuse, de peur que ses collègues ne l’apprennent.

Dans LE VISAGE DES TÉNÈBRES (Tome #6), les victimes sont retrouvées assassinées à Salem, selon des modes opératoires et à des dates qui correspondent aux tristement célèbres procès de sorcières. Un tueur en série essaie-t-il de recréer le passé ? Que peuvent bien signifier les chiffres ?

Zoe fait cependant face à ses propres limites intérieures, alors que sa vie personnelle commence à se détériorer sous le poids de son état.

Serait-ce l’affaire qui la placera au bord du gouffre ?

Un thriller psychologique plein d’action et de suspense, LE VISAGE DES TÉNÈBRES est le tome #6 d’une nouvelle série fascinante qui vous fera tourner les pages jusqu’à tard dans la nuit.
LangueFrançais
ÉditeurBlake Pierce
Date de sortie12 mai 2021
ISBN9781094342726
Le Visage des Ténèbres (Les Mystères de Zoe Prime — Tome 6)
Auteur

Blake Pierce

Blake Pierce is author of the #1 bestselling RILEY PAGE mystery series, which include the mystery suspense thrillers ONCE GONE (book #1), ONCE TAKEN (book #2) and ONCE CRAVED (#3). An avid reader and lifelong fan of the mystery and thriller genres, Blake loves to hear from you, so please feel free to visit www.blakepierceauthor.com to learn more and stay in touch.

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    Aperçu du livre

    Le Visage des Ténèbres (Les Mystères de Zoe Prime — Tome 6) - Blake Pierce

    cover.jpg

    LE VISAGE

    DES

    TÉNÈBRES

    (LES MYSTÈRES DE ZOE PRIME — TOME 6)

    BLAKE PIERCE

    Blake Pierce

    Blake Pierce est l’auteur de la série de romans à suspense à succès RILEY PAGE, qui comporte actuellement dix-sept tomes. Blake Pierce est aussi l’auteur de la série de romans à suspense MACKENZIE WHITE, qui comprend actuellement quatorze tomes ; de la série de romans à suspense AVERY BLACK, qui comprend six tomes ; de la série de romans à suspense KERI LOCKE, qui comprend cinq tomes ; de la série de romans à suspense LE MAKING OF DE RILEY PAIGE, qui comprend actuellement six tomes ; de la série de romans à suspense KATE WISE, qui comprend actuellement sept tomes ; de la série de romans à suspense psychologique CHLOE FINE, qui comprend actuellement six tomes ; de la série de thrillers psychologiques JESSIE HUNT, qui comprend actuellement quatorze tomes ; de la série de romans à suspense psychologique AU PAIR, qui comprend trois tomes ; de la série de romans à suspense ZOE PRIME, qui comprend actuellement quatre tomes ; de la nouvelle série de romans à suspense ADELE SHARP, qui comprend actuellement six tomes ; de la série de romans à suspense VOYAGE EUROPÉEN, qui comprend actuellement six tomes ; de la série de thrillers à suspense LAURA FROST FBI, qui comporte actuellement trois tomes et de la série de thrillers à suspense ELLA DARK FBI, qui comporte actuellement trois tomes.

    Lecteur gourmand et fan depuis toujours de romans à mystère et à suspense, Blake aime beaucoup recevoir de vos nouvelles, donc n’hésitez pas à vous rendre sur www.blakepierceauthor.com pour en apprendre plus et rester en contact.

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    Copyright © 2020 by Blake Pierce. Tous droits réservés. Sauf autorisation selon Copyright Act de 1976 des U.S.A., cette publication ne peut être reproduite, distribuée ou transmise par quelque moyen que ce soit, stockée sur une base de données ou stockage de données sans permission préalable de l'auteur. Cet ebook est destiné à un usage strictement personnel. Cet ebook ne peut être vendu ou cédé à des tiers. Vous souhaitez partager ce livre avec un tiers, nous vous remercions d'en acheter un exemplaire. Vous lisez ce livre sans l'avoir acheté, ce livre n'a pas été acheté pour votre propre utilisation, retournez-le et acheter votre propre exemplaire. Merci de respecter le dur labeur de cet auteur. Il s'agit d'une œuvre de fiction. Les noms, personnages, sociétés, organisations, lieux, évènements ou incidents sont issus de l'imagination de l'auteur et/ou utilisés en tant que fiction. Toute ressemblance avec des personnes actuelles, vivantes ou décédées, serait purement fortuite. Photo de couverture Copyright agsandrew sous licence Shutterstock.com.

    LIVRES PAR BLAKE PIERCE

    UN THRILLER À SUSPENSE D’ELLA DARK

    LA FILLE, SEULE (Livre 1)

    UN VOYAGE EUROPÉEN

    MEURTRE (ET BAKLAVA) (Livre 1)

    UN MORT (ET UN STRUDEL AUX POMMES) (Livre 2)

    LES MYSTÈRES DE ADÈLE SHARP

    LAISSÈ POUR MORT (Volume 1)

    CONDAMNÈ À FUIR (Volume 2)

    CONDAMNÈ À SE CACHER (Volume 3)

    CONDAMNÉ À TUER (Volume 4)

    CONDAMNÉ AU MEURTRE (Volume 5)

    CONDAMNÉ À L’ENVIE (Volume 6)

    LA FILLE AU PAIR

    PRESQUE DISPARUE (Livre 1)

    PRESQUE PERDUE (Livre 2)

    PRESQUE MORTE (Livre 3)

    LES MYSTÈRES DE ZOE PRIME

    LE VISAGE DE LA MORT (Tome 1)

    LE VISAGE DU MEURTRE (Tome 2)

    LE VISAGE DE LA PEUR (Tome 3)

    LE VISAGE DE LA FOLIE (Tome 4)

    LE VISAGE DE LA RAGE (Tome 5)

    LE VISAGE DES TÉNÈBRES (Tome 6)

    SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE JESSIE HUNT

    LA FEMME PARFAITE (Volume 1)

    LE QUARTIER IDÉAL (Volume 2)

    LA MAISON IDÉALE (Volume 3)

    LE SOURIRE IDÉALE (Volume 4)

    LE MENSONGE IDÉALE (Volume 5)

    LE LOOK IDÉAL (Volume 6)

    LA LIAISON IDÉALE (Volume 7)

    L’ALIBI IDÉAL (Volume 8)

    LA VOISINE IDÉALE (Volume 9)

    LE DÉGUISEMENT IDÉAL (Volume 10)

    LE SECRET IDÉAL (Volume 11)

    LA FAÇADE IDÉALE (Volume 12)

    SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE CHLOE FINE

    LA MAISON D’À CÔTÉ (Volume 1)

    LE MENSONGE D’UN VOISIN (Volume 2)

    VOIE SANS ISSUE (Volume 3)

    LE VOISIN SILENCIEUX (Volume 4)

    DE RETOUR À LA MAISON (Volume 5)

    VITRES TEINTÉES (Volume 6)

    SÉRIE MYSTÈRE KATE WISE

    SI ELLE SAVAIT (Volume 1)

    SI ELLE VOYAIT (Volume 2)

    SI ELLE COURAIT (Volume 3)

    SI ELLE SE CACHAIT (Volume 4)

    SI ELLE S’ENFUYAIT (Volume 5)

    SI ELLE CRAIGNAIT (Volume 6)

    SI ELLE ENTENDAIT (Volume 7)

    LES ORIGINES DE RILEY PAIGE

    SOUS SURVEILLANCE (Tome 1)

    ATTENDRE (Tome 2)

    PIEGE MORTEL (Tome 3)

    ESCAPADE MEURTRIERE (Tome 4)

    LA TRAQUE (Tome 5)

    SOUS HAUTE TENSION (Tome 6)

    LES ENQUÊTES DE RILEY PAIGE

    SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1)

    RÉACTION EN CHAÎNE (Tome 2)

    LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3)

    LES PENDULES À L’HEURE (Tome 4)

    QUI VA À LA CHASSE (Tome 5)

    À VOTRE SANTÉ (Tome 6)

    DE SAC ET DE CORDE (Tome 7)

    UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8)

    SANS COUP FÉRIR (Tome 9)

    À TOUT JAMAIS (Tome 10)

    LE GRAIN DE SABLE (Tome 11)

    LE TRAIN EN MARCHE (Tome 12)

    PIÉGÉE (Tome 13)

    LE RÉVEIL (Tome 14)

    BANNI (Tome 15)

    MANQUE (Tome 16)

    CHOISI (Tome 17)

    UNE NOUVELLE DE LA SÉRIE RILEY PAIGE

    RÉSOLU

    SÉRIE MYSTÈRE MACKENZIE WHITE

    AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1)

    AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2)

    AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3)

    AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4)

    AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5)

    AVANT QU’IL NE RESSENTE (Volume 6)

    AVANT QU’IL NE PÈCHE (Volume 7)

    AVANT QU’IL NE CHASSE (Volume 8)

    AVANT QU’IL NE TRAQUE (Volume 9)

    AVANT QU’IL NE LANGUISSE (Volume 10)

    AVANT QU’IL NE FAILLISSE (Volume 11)

    AVANT QU’IL NE JALOUSE (Volume 12)

    AVANT QU’IL NE HARCÈLE (Volume 13)

    AVANT QU’IL NE BLESSE (Volume 14)

    LES ENQUÊTES D’AVERY BLACK

    RAISON DE TUER (Tome 1)

    RAISON DE COURIR (Tome2)

    RAISON DE SE CACHER (Tome 3)

    RAISON DE CRAINDRE (Tome 4)

    RAISON DE SAUVER (Tome 5)

    RAISON DE REDOUTER (Tome 6)

    LES ENQUETES DE KERI LOCKE

    UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (Tome 1)

    DE MAUVAIS AUGURE (Tome 2)

    L’OMBRE DU MAL (Tome 3)

    JEUX MACABRES (Tome 4)

    LUEUR D’ESPOIR (Tome 5)

    SOMMAIRE

    CHAPITRE UN

    CHAPITRE DEUX

    CHAPITRE TROIS

    CHAPITRE QUATRE

    CHAPITRE CINQ

    CHAPITRE SIX

    CHAPITRE SEPT

    CHAPITRE HUIT

    CHAPITRE NEUF

    CHAPITRE DIX

    CHAPITRE ONZE

    CHAPITRE DOUZE

    CHAPITRE TREIZE

    CHAPITRE QUATORZE

    CHAPITRE QUINZE

    CHAPITRE SEIZE

    CHAPITRE DIX-SEPT

    CHAPITRE DIX-HUIT

    CHAPITRE DIX-NEUF

    CHAPITRE VINGT

    CHAPITRE VINGT-ET-UN

    CHAPITRE VINGT-DEUX

    CHAPITRE VINGT-TROIS

    CHAPITRE VINGT-QUATRE

    CHAPITRE VINGT-CINQ

    CHAPITRE VINGT-SIX

    CHAPITRE VINGT-SEPT

    CHAPITRE VINGT-HUIT

    CHAPITRE VINGT-NEUF

    CHAPITRE TRENTE

    CHAPITRE TRENTE-ET-UN

    CHAPITRE TRENTE-DEUX

    CHAPITRE TRENTE-TROIS

    CHAPITRE TRENTE-QUATRE

    CHAPITRE TRENTE-CINQ

    CHAPITRE TRENTE-SIX

    CHAPITRE UN

    — Très bien, Billy, dit Frank en posant un instant son sac sur le comptoir. C’est bon pour aujourd’hui.

    Billy, qui faisait semblant d’arranger une fois encore les cartes de vœux, leva les yeux et hocha rapidement la tête.

    — Merci, M. Richards, répondit-il, reposant à la hâte la dernière carte avant de se diriger vers la porte, impatient de rentrer à la maison. À demain.

    — N’oublie pas de répéter à ta mère ce que j’ai dit au sujet de ses tomates, lui rappela Frank.

    — Compris, approuva Billy.

    Il baissa la tête et quitta le magasin. La clochette au-dessus de la porte signala son départ d’un tintement, laissant Frank seule, la pancarte « Fermé » posée contre la vitrine.

    Frank jeta un dernier coup d’œil, vérifia que tout était en place. Il fit un petit signe de tête, plus pour se rassurer qu’autre chose. En tant que chef d’entreprise, il avait toujours l’impression qu’il restait quelque chose à faire. C’était compliqué de laisser de côté l’envie de travailler et de rentrer chez soi. Mais sa famille allait l’attendre, et c’était une raison bien suffisante pour terminer sa journée.

    À partir du panneau situé près de la caisse, il éteignit toutes les lumières, puis repartit en direction de la porte en s’orientant sans peine entre les étagères sombres. Après tout, c’était lui qui avait décidé de leur emplacement, et qui, depuis plus de vingt ans, les réapprovisionnait chaque jour. Comme si ses pieds pouvaient oublier la direction à prendre.

    Frank ferma le verrou, vérifia la porte à deux reprises comme il le faisait systématiquement, et redressa les épaules pour sa courte promenade jusqu’à chez lui. Il faisait déjà nuit noire, en cette froide soirée de février, mais des lampadaires ponctuaient son trajet et il n’habitait pas loin. Plus que dix minutes, et il pourrait rentrer et se réchauffer les mains au-dessus du poêle pendant que sa femme préparait le dîner. Il mettrait enfin de côté les chiffres des stocks, les profits et pertes, son investissement publicitaire, jusqu’à une prochaine soirée.

    Frank déambula en prenant son temps, les mains dans les poches. Autant il avait hâte de rentrer chez lui, autant il ne voyait pas l’intérêt de se presser sur un trajet aussi court. Il finirait par s’essouffler et réveiller cette douleur dans ses genoux qui parfois lui venait à présent quand il faisait froid. Il vieillissait. Il n’avait pas besoin de se stresser plus qu’il ne l’était déjà. En plus de cela, il aimait se promener dans les rues pavées de Salem, devant ces immenses bâtiments historiques en briques, même dans l’obscurité.

    Frank passa devant des boutiques qui faisaient commerce du riche passé historique de la ville  : le musée des Procès des Sorcières, un magasin d’articles de maison « guérisseurs », et un antiquaire. Il était né au nord de la ville, et connaissait donc bien ces endroits où il avait grandi ; c’était un homme de Salem, pur et dur. Entre lui et la route se trouvaient des arbres aux branches dénudées, qui se dressaient telles des griffes vers le ciel et le protégeaient ainsi de la circulation. Il abandonna ensuite l’artère principale pour emprunter une rue latérale plus tranquille.

    Il sursauta en entendant un bruit sur sa gauche  : il jeta un œil de côté. Il n’y voyait rien. Il était quasiment impossible de distinguer quelque chose au-delà du halo de lumière lorsque l’on traversait les cercles lumineux diffusés par les lampadaires. Ses yeux ne parvenaient pas à s’ajuster à l’écart de luminosité.

    Frank haussa les épaules et continua son chemin. Ce n’était rien. Sûrement des gamins qui faisaient les idiots. Ils se tenaient sûrement tranquilles à présent pour qu’il ne les repère pas. Après de longues années passées à les servir dans son magasin, Frank connaissait les gens de cette ville, et c’était réciproque. Rien de bien effrayant en soi. Mais il pouvait comprendre que des gamins n’aient pas envie qu’il raconte à leurs parents les avoir vus dehors après l’heure du couvre-feu la prochaine fois qu’il les servirait.

    Frank tenta de siffler pour se donner une contenance, mais son air sembla s’évanouir dans le froid, se perdre dans le néant. Ce n’était pas comme lors de ces chaudes soirées d’été, lorsque son sifflement flottait gentiment dans l’air, pour sa plus grande joie. Non, le froid sembla l’étouffer à peine sorti ; la soirée lui parut bien solitaire. Il laissa le silence retomber pour se concentrer uniquement sur ses pas.

    Il se demanda ce qu’il y aurait pour le dîner. On était vendredi, il pariait pour un plat de pâtes quelconque. Sa femme et lui étaient tombés dans une sorte de routine au fil des ans, et il aurait pu régler sa montre en fonction du plat qu’elle cuisinait. Ce soir, il se demandait si ce serait plutôt lasagnes ou spaghettis.

    Son moral remonta en flèche en songeant à ces pâtes qui l’attendaient, et cette impression de solitude disparut. Il emprunta le raccourci qu’il prenait tous les soirs, une ruelle entre deux boutiques. Encore deux virages ensuite, et il serait à la maison. Il se demanda si Mme Peterson, qui vivait en bas de la rue, avait déjà mis en place une nouveauté à sa fenêtre. Elle changeait régulièrement ses compositions florales ; elle avait un don pour cela, et Frank s’amusait à repérer les changements qu’elle opérait à chaque fois que les fleurs commençaient à faner.

    Sans le moindre avertissement, Frank sentit un objet le frapper à la nuque ; il tomba à genoux, étourdi, l’esprit incapable de suivre le rythme de ses sensations physiques. Il était là, à genoux sur le sol, sans savoir comment c’était arrivé, alors que juste avant il était debout, avec une douleur à la nuque. Il cilla lentement et porta une main à l’endroit où le coup lui avait été porté ; il se tourna dans le même temps.

    Quelqu’un se tenait derrière lui. Qui était là… ? Il ne distinguait qu’une silhouette sombre portant des vêtements noirs, et le disque pâle d’un visage qui se rapprochait de lui dans la pénombre de cette ruelle. Il cilla encore, tentant de retrouver une vision correcte, mais tout lui semblait flou et indistinct. Comme s’il voyait à travers un brouillard.

    — Qu… ? parvint-il à articuler ; il avait l’intention de demander qui était là, mais il était incapable de sortir les mots.

    Frank essaya de garder les yeux fixés sur la silhouette qui se rapprochait de lui, mais impossible pour lui de tendre le cou aussi loin. Quand il se retourna, sa tête fut secouée d’une douleur atroce. Toujours à genoux, il retira sa main de sa nuque douloureuse pour se stabiliser, et sentit quelque chose glisser autour de son cou. C’était quelque chose de rugueux qui appuya sur sa gorge. Frank y porta immédiatement les mains, s’y agrippa  : c’était une corde, une corde à fibres dures, il en était convaincu.

    Il avait une corde autour du cou.

    — C’est pour elle, murmura quelqu’un tout près de sa tête.

    Ce murmure… il ne le connaissait pas… c’était une voix inconnue… mais pas masculine comme il aurait pu s’y attendre, elle était légère… et qui était « elle » ? Mais qu’est-ce qui lui arrivait ?

    Frank lutta pour se relever, toujours agrippé à la corde dans une tentative pour la faire passer par-dessus sa tête et la jeter de côté pour pouvoir s’échapper. Mais le lien se resserra autour de son cou, tirant fort sur sa trachée et sa nuque ; Frank s’y accrochait désespérément. Si seulement il pouvait passer ses pouces en dessous…

    Frank chercha un appui sur le sol, qui persistait à s’éloigner de lui sans qu’il comprenne pourquoi. La panique fusa dans ses veines comme un courant glacé, prenant le pas sur la brume confuse due à sa blessure à la tête. Cette personne n’essayait pas seulement de lui faire du mal, mais de le pendre. La tension de la corde qui lui enserrait le cou ne cessait de croître, l’empêchant totalement de respirer. Ses orteils se tendirent pour retrouver le sol, mais il était trop loin ; quelque chose d’autre lui cognait la jambe, un objet sombre et dur, une sorte de poteau qui dépassait du sol. Il lança les bras dans cette direction pour tenter de l’attraper, mais ne trouva pas de prise sur la surface humide, encore glissante suite à l’averse du début de soirée.

    Frank abandonna le poteau et le sol pour se concentrer sur la corde à la place, qu’il agrippa dans une tentative désespérée pour passer ses mains dessous. Il luttait pour trouver une prise, pour empêcher la corde de lui entailler le cou. Il avait le vertige. Si seulement il parvenait à respirer une fois, une seule – le matériau lui brûlait les doigts, et il sentait la douleur de ses ongles en train de se retourner alors qu’il se débattait pour arracher la corde épaisse ; mais Frank remarqua à peine ces petites blessures face à l’horreur grandissante de n’avoir plus pour seul désir que de respirer.

    Au désespoir, il tenta de se redresser en donnant des coups de pied pour s’accrocher au poteau, pour empêcher l’obscurité qui rôdait au bord de son champ de vision de l’engloutir tout entier. Frank vit soudain apparaître l’image du visage de sa femme, le dos tourné à la porte alors qu’elle allumait le four en attendant son retour. Il s’agrippa une dernière fois désespérément à la corde pour l’écarter de son cou, en vain.

    Le corps de Frank convulsa à quelques reprises quand il succomba au manque d’oxygène, réflexe involontaire et inconscient ; et les ténèbres l’envahirent. Une fois évanoui, il n’avait plus aucune chance de se libérer de la corde. Durant de longues minutes, son corps se balança d’avant en arrière, entraîné par l’élan de son ultime combat. Il s’immobilisa enfin, pendu droit et inerte dans l’obscurité.

    CHAPITRE DEUX

    Zoe examina une dernière fois son reflet dans le rétroviseur, même s’il n’y avait pas grand-chose à regarder. Elle arborait une coupe courte à la garçonne, qui ne lui laissait pas beaucoup d’options pour coiffer ses cheveux bruns. L’étendue de ses connaissances en matière de maquillage pouvait aisément tenir sur le dos d’une serviette en papier (sans la remplir), et même si sa mentore lui avait donné des conseils au cours des derniers mois, elle n’allait jamais plus loin que la base. Quant à sa robe, John l’avait déjà vue.

    Depuis que son équipière, l’agent Shelley Rose, s’était fait assassiner il y a quelques mois alors qu’elle poursuivait un tueur en série, Zoe ne s’était pas vraiment sentie d’humeur à faire du shopping. Et elle n’avait pas eu envie non plus de sortir avec quelqu’un, mais elle se disait qu’il était temps d’y remédier. Elle venait de quitter son appartement de Bethesda, dans le Maryland, pour retrouver John. C’était la première fois qu’elle le revoyait depuis qu’elle l’avait quitté sans ménagement, bien trop brisée par la mort de Shelley pour pouvoir s’investir avec quiconque. Pas même avec l’homme dont elle avait un jour pensé qu’il pourrait être son refuge.

    Mais après avoir bouclé une enquête avec son nouveau coéquipier, l’inégalable et insupportable agent Aiden Flynn, Zoe avait repris contact avec John, lui envoyant un simple texto  : « salut ». Juste assez pour briser la glace. En dépit des semaines entières de silence radio, John, qui ne semblait pas l’avoir oubliée, avait sauté sur l’occasion de discuter avec elle.

    Il n’avait pas abandonné depuis  : c’est la raison pour laquelle Zoe sortait à présent de sa voiture dans le froid de février pour le rejoindre dans un bar en ville. Bien entendu, ce n’était pas elle qui avait choisi. John n’était toujours pas au courant de son don pour les chiffres – qui ressemblait parfois plus à un handicap. Aux yeux de Zoe, un bar, avec son environnement bruyant, n’était pas vraiment l’endroit idéal pour se détendre. Mais elle devait faire des efforts elle aussi.

    Du moins, si elle voulait que leur relation ait un avenir. Ce dont elle n’était pas vraiment sûre, se dit Zoe en ouvrant la porte du bar pour y entrer.

    Elle appréciait John, vraiment beaucoup. Là n’était pas le problème. Le problème, il était là  : la musique d’ambiance du bar la distrayait, parce qu’elle comptait les temps et les arrangements rythmiques ; elle analysait les syllabes, la syntaxe, et comptait les mots qui ressortaient du brouhaha permanent des conversations. Le bar était populaire et donc bondé, ce qui l’incitait à faire des décomptes improvisés du nombre de personnes, classés par âge, taille, et estimation de leur poids. Les plateaux étaient chargés de boissons  : d’un simple coup d’œil, au millimètre près, en se basant sur les doses réglementaires, elle était capable de dire si les verres étaient trop, ou pas assez remplis.

    Mais Zoe s’écarta légèrement de la porte – juste assez pour ne pas être dans le passage – avant de prendre une grande inspiration, et de compter jusqu’à dix dans sa tête. Elle tenta de retrouver sa paix intérieure, elle y travaillait de manière intensive avec sa thérapeute. Au milieu d’un bar, difficile d’imaginer trouver l’occasion de faire une méditation complète. Mais elle pouvait au moins tenter de faire taire les chiffres.

    Ils n’étaient pas complètement parts quand Zoe rouvrit les yeux. Mais ils étaient suffisamment en sourdine pour qu’elle puisse voir au travers, de l’autre côté de la salle bondée, jusqu’aux sièges du fond, où John avait déjà pris place à une table. Zoe força le passage pour rejoindre  : le moindre contact la faisait grimacer, et elle fit de son mieux pour ne pas se préoccuper des calculs de poussée engendrés, et ne pas voir le montant total des boissons sur chaque table. Les poils de sa nuque étaient dressés, elle avait la nausée, au point d’en avoir presque envie de faire demi-tour et s’enfuir. Ce n’était pas juste à cause de ses sens débordés. Elle était un véritable paquet de nerfs  : tous ses sens se mirent en alerte en le voyant. Submergée de panique, elle se rendit compte qu’elle était terrorisée à l’idée qu’il soit en colère après elle, ou qu’il la repousse encore. Elle avait envie de se retrouver près de lui, de ressentir le confort de ses paroles, sa douce compréhension (même quand il ne comprenait strictement rien). Cela faisait bien trop longtemps qu’elle se faisait croire qu’il ne lui manquait pas. Mais à présent qu’elle le revoyait, elle savait que c’était faux, et l’expérience avait été horrible ; jamais plus elle ne voulait ressentir cela.

    — Salut, dit-elle en arrivant à la table ; John leva des yeux surpris sur elle.

    Il était toujours aussi beau, et portait une chemise rayée bleue sous une veste sombre assortie, qui faisait ressortir ses yeux noisette. Zoe avait toujours admiré son allure soignée,

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