Déjà piégée (Un suspense Laura Frost, agente du FBI – Livre 3)

DÉJÀ PIÉGÉE

(Un suspense Laura Frost, agente du FBI – Livre Trois)

BLAKE PIERCE

Blake Pierce

Blake Pierce est l’auteur de la série à succès mystère RILEY PAGE qui comprend à présent dix-sept livres. Blake Pierce est également l’auteur de la série mystère MACKENZIE WHITE, composé de quatorze livres, de la série mystère AVERY BLACK, comportant six livres ; de la série à mystère KERI LOCKE, composé de cinq livres ; de la série mystère LES ORIGINES DE RILEY PAIGE, comprenant six livres ; de la série mystère KATE WISE, qui se compose de sept livres ; de la série mystère et suspense psychologique CHLOE FINE, comprenant six livres ; de la série de suspense psychologique JESSIE HUNT, composé pour le moment de quinze livres, de la série de suspense psychologique LA FILLE AU PAIR, composé de trois livres ; de la série de mystère ZOE PRIME, avec six livres ; de la série mystère ADELE SHARP, composé actuellement de treize livres (pour l’instant) ; de la série mystère VOYAGE EUROPEEN comprenant six livres (pour l’instant) ; de la nouvelle série suspense LAURA FROST FBI, avec cinq livres (pour l’instant) ; de la nouvelle série suspense ELLA DARK FBI, composé de six livres (pour l’instant) ; de la nouvelle série mystère UN AN EN EUROPE, comprenant trois livres (pour l’instant) ; de la nouvelle série mystère AVA GOLD composé de trois livres (pour l’instant); et la nouvelle série mystère RACHEL GIFT composé de trois livres (pour l’instant).

Lecteur avide et admirateur de longue date des genres mystère et thriller, Blake aimerait connaître votre avis. N’hésitez pas à consulter son site www.blakepierceauthor.com afin d’en apprendre davantage et de rester en contact.

Copyright © 2021 by Blake Pierce. Tous droits réservés. Sauf autorisation selon Copyright Act de 1976 des U.S.A., cette publication ne peut être reproduite, distribuée ou transmise par quelque moyen que ce soit, stockée sur une base de données ou stockage de données sans permission préalable de l'auteur. Cet ebook est destiné à un usage strictement personnel. Cet ebook ne peut être vendu ou cédé à des tiers. Vous souhaitez partager ce livre avec un tiers, nous vous remercions d'en acheter un exemplaire. Vous lisez ce livre sans l'avoir acheté, ce livre n'a pas été acheté pour votre propre utilisation, retournez-le et acheter votre propre exemplaire. Merci de respecter le dur labeur de cet auteur. Il s'agit d'une œuvre de fiction. Les noms, personnages, sociétés, organisations, lieux, évènements ou incidents sont issus de l'imagination de l'auteur et/ou utilisés en tant que fiction. Toute ressemblance avec des personnes actuelles, vivantes ou décédées, serait purement fortuite. Photo de couverture Copyright Shacil sous licence Shutterstock.com.

LIVRES PAR BLAKE PIERCE

UN SUSPENSE FBI RACHEL GIFT

SON DERNIER SOUHAIT (Livre 1)

UN ROMAN POLICIER AVA GOLD

LA VILLE DES PROIES (Livre 1)

UN SUSPENSE LAURA FROST, AGENTE DU FBI

DÉJÀ PARTIE (Livre 1)

DÉJÀ VUE (Livre 2)

DÉJÀ PIÉGÉE (Livre 3)

UN THRILLER À SUSPENSE D’ELLA DARK

LA FILLE, SEULE (Livre 1)

LA FILLE, PRISE (Livre 2)

LA FILLE, CHASSÉE (Livre 3)

UN AN EN EUROPE

MEURTRE À PARIS (Livre 1)

MORT À FLORENCE (Livre 2)

VENGEANCE À VIENNE (Livre 3)

UN VOYAGE EUROPÉEN

MEURTRE (ET BAKLAVA) (Livre 1)

UN MORT (ET UN STRUDEL AUX POMMES) (Livre 2)

CRIME (ET BIÈRE) (Livre 3)

INFORTUNE (ET GOUDA) (Livre 4)

CALAMITÉ (ET PAIN AUX RAISINS) (Livre 5)

LES MYSTÈRES DE ADÈLE SHARP

LAISSÈ POUR MORT (Volume 1)

CONDAMNÈ À FUIR (Volume 2)

CONDAMNÈ À SE CACHER (Volume 3)

CONDAMNÉ À TUER (Volume 4)

CONDAMNÉ AU MEURTRE (Volume 5)

CONDAMNÉ À L’ENVIE (Volume 6)

CONDAMNÉ À LA DÉFAILLANCE (Volume 7)

CONDAMNÉ À DISPARAÎTRE (Volume 8)

CONDAMNÉ À TRAQUER (Volume 9)

LA FILLE AU PAIR

PRESQUE DISPARUE (Livre 1)

PRESQUE PERDUE (Livre 2)

PRESQUE MORTE (Livre 3)

LES MYSTÈRES DE ZOE PRIME

LE VISAGE DE LA MORT (Tome 1)

LE VISAGE DU MEURTRE (Tome 2)

LE VISAGE DE LA PEUR (Tome 3)

LE VISAGE DE LA FOLIE (Tome 4)

LE VISAGE DE LA RAGE (Tome 5)

LE VISAGE DES TÉNÈBRES (Tome 6)

SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE JESSIE HUNT

LA FEMME PARFAITE (Volume 1)

LE QUARTIER IDÉAL (Volume 2)

LA MAISON IDÉALE (Volume 3)

LE SOURIRE IDÉALE (Volume 4)

LE MENSONGE IDÉALE (Volume 5)

LE LOOK IDÉAL (Volume 6)

LA LIAISON IDÉALE (Volume 7)

L’ALIBI IDÉAL (Volume 8)

LA VOISINE IDÉALE (Volume 9)

LE DÉGUISEMENT IDÉAL (Volume 10)

LE SECRET IDÉAL (Volume 11)

LA FAÇADE IDÉALE (Volume 12)

L’IMPRESSION IDÉALE (Volume 13)

LA TROMPERIE IDÉALE (Volume 14)

LA MAÎTRESSE IDÉALE (Volume 15)

SÉRIE SUSPENSE PSYCHOLOGIQUE CHLOE FINE

LA MAISON D’À CÔTÉ (Volume 1)

LE MENSONGE D’UN VOISIN (Volume 2)

VOIE SANS ISSUE (Volume 3)

LE VOISIN SILENCIEUX (Volume 4)

DE RETOUR À LA MAISON (Volume 5)

VITRES TEINTÉES (Volume 6)

SÉRIE MYSTÈRE KATE WISE

SI ELLE SAVAIT (Volume 1)

SI ELLE VOYAIT (Volume 2)

SI ELLE COURAIT (Volume 3)

SI ELLE SE CACHAIT (Volume 4)

SI ELLE S’ENFUYAIT (Volume 5)

SI ELLE CRAIGNAIT (Volume 6)

SI ELLE ENTENDAIT (Volume 7)

LES ORIGINES DE RILEY PAIGE

SOUS SURVEILLANCE (Tome 1)

ATTENDRE (Tome 2)

PIEGE MORTEL (Tome 3)

ESCAPADE MEURTRIERE (Tome 4)

LA TRAQUE (Tome 5)

SOUS HAUTE TENSION (Tome 6)

LES ENQUÊTES DE RILEY PAIGE

SANS LAISSER DE TRACES (Tome 1)

RÉACTION EN CHAÎNE (Tome 2)

LA QUEUE ENTRE LES JAMBES (Tome 3)

LES PENDULES À L’HEURE (Tome 4)

QUI VA À LA CHASSE (Tome 5)

À VOTRE SANTÉ (Tome 6)

DE SAC ET DE CORDE (Tome 7)

UN PLAT QUI SE MANGE FROID (Tome 8)

SANS COUP FÉRIR (Tome 9)

À TOUT JAMAIS (Tome 10)

LE GRAIN DE SABLE (Tome 11)

LE TRAIN EN MARCHE (Tome 12)

PIÉGÉE (Tome 13)

LE RÉVEIL (Tome 14)

BANNI (Tome 15)

MANQUE (Tome 16)

CHOISI (Tome 17)

UNE NOUVELLE DE LA SÉRIE RILEY PAIGE

RÉSOLU

SÉRIE MYSTÈRE MACKENZIE WHITE

AVANT QU’IL NE TUE (Volume 1)

AVANT QU’IL NE VOIE (Volume 2)

AVANT QU’IL NE CONVOITE (Volume 3)

AVANT QU’IL NE PRENNE (Volume 4)

AVANT QU’IL N’AIT BESOIN (Volume 5)

AVANT QU’IL NE RESSENTE (Volume 6)

AVANT QU’IL NE PÈCHE (Volume 7)

AVANT QU’IL NE CHASSE (Volume 8)

AVANT QU’IL NE TRAQUE (Volume 9)

AVANT QU’IL NE LANGUISSE (Volume 10)

AVANT QU’IL NE FAILLISSE (Volume 11)

AVANT QU’IL NE JALOUSE (Volume 12)

AVANT QU’IL NE HARCÈLE (Volume 13)

AVANT QU’IL NE BLESSE (Volume 14)

LES ENQUÊTES D’AVERY BLACK

RAISON DE TUER (Tome 1)

RAISON DE COURIR (Tome2)

RAISON DE SE CACHER (Tome 3)

RAISON DE CRAINDRE (Tome 4)

RAISON DE SAUVER (Tome 5)

RAISON DE REDOUTER (Tome 6)

LES ENQUETES DE KERI LOCKE

UN MAUVAIS PRESSENTIMENT (Tome 1)

DE MAUVAIS AUGURE (Tome 2)

L’OMBRE DU MAL (Tome 3)

JEUX MACABRES (Tome 4)

LUEUR D’ESPOIR (Tome 5)

SOMMAIRE

CHAPITRE PREMIER

CHAPITRE DEUX

CHAPITRE TROIS

CHAPITRE QUATRE

CHAPITRE CINQ

CHAPITRE SIX

CHAPITRE SEPT

CHAPITRE HUIT

CHAPITRE NEUF

CHAPITRE DIX

CHAPITRE ONZE

CHAPITRE DOUZE

CHAPITRE TREIZE

CHAPITRE QUATORZE

CHAPITRE QUINZE

CHAPITRE SEIZE

CHAPITRE DIX-SEPT

CHAPITRE DIX-HUIT

CHAPITRE DIX-NEUF

CHAPITRE VINGT

CHAPITRE VINGT-ET-UN

CHAPITRE VINGT-DEUX

CHAPITRE VINGT-TROIS

CHAPITRE VINGT-QUATRE

CHAPITRE VINGT-CINQ

CHAPITRE VINGT-SIX

CHAPITRE VINGT-SEPT

CHAPITRE VINGT-HUIT

CHAPITRE VINGT-NEUF

CHAPITRE TRENTE

CHAPITRE TRENTE-ET-UN

CHAPITRE TRENTE-DEUX

CHAPITRE TRENTE-TROIS

CHAPITRE TRENTE-QUATRE

CHAPITRE TRENTE-CINQ

CHAPITRE PREMIER

Ruby Patrickson cherchait l’amour depuis longtemps, sans grand succès. Son dernier rendez-vous avait été désastreux, mais elle ne comptait pas se décourager aussi vite et elle avait le temps. Elle n’avait que vingt-cinq ans. Le Prince Charmant existait quelque part et, entre temps, elle pourrait embrasser des quantités de grenouilles pour voir ce qui se passerait.

Avec un soupir, Ruby regarda la vaisselle entassée à côté de l’évier. Au travail, la journée avait été longue et elle ne voulait même pas envisager de laver tout ça. La vaisselle allait devoir attendre. Elle activa son appli de rencontres préférée et constata qu’elle avait un message d’une nouvelle relation. Quand elle l’ouvrit, elle vit un début de conversation dragueur, se mordit la lèvre inférieure et sourit. Qui que soit cet homme, il n’était pas timide. Avec un rire discret, les coudes appuyés sur le plan de travail de la cuisine, elle saisit une réponse et ajouta deux émoticônes qui clignaient de l’œil à la fin de son message. Cet homme était beau, si l’on supposait que sa photo de profil était fidèle à la réalité. Elle était plus qu’intéressée.

Quand elle entendit un son arriver de l’extérieur, elle fronça un peu les sourcils. En temps normal, l’immeuble était tranquille à cette heure de la soirée. Dans cette petite ville endormie du Wisconsin, la moitié des gens étaient à la retraite et Ruby avait l’impression que l’autre moitié se composait de jeunes familles. Partout où elle regardait, elle voyait soit des parents fiers accompagnés d’enfants en bas âge et en surpoids ou des vieux couples qui marchaient penchés l’un contre l’autre.

Cette constatation était peut-être liée à son absence actuelle de relation amoureuse, mais Ruby ne comptait pas y réfléchir trop fort.

Toutefois, il était bizarre qu’une personne soit dans le hall aussi tard, après que Ruby avait fini ses heures de travail. Quand elle introduisait maladroitement sa clé dans la serrure en essayant de ne réveiller personne, elle avait souvent l’impression d’être une criminelle qui s’introduisait dans son propre appartement. Or, à l’extérieur, il y avait quelqu’un qui faisait assez de bruit pour qu’elle puisse l’entendre depuis la cuisine.

Elle se redressa et repartit nonchalamment vers la porte d’entrée. Elle s’arrêta juste à côté et jeta un coup d’œil par le judas. Les lumières du hall étaient allumées, déclenchées par les détecteurs de mouvement qu’elle avait activés en y entrant et elles avaient probablement été rallumées par la personne qui y était passée un moment auparavant. À présent, il n’y avait personne.

Les lumières s’éteignirent pendant qu’elle regardait et Ruby ne vit plus rien. Elle fronça les sourcils. C’était bizarre. Si quelqu’un d’autre venait de réactiver le détecteur de mouvement, pourquoi les lumières s’éteignaient-elles ? Ce n’était pas une panne d’électricité. Ses propres lumières étaient encore allumées.

Elle entendit un léger bruit quelque part derrière elle et se figea. S’il n’y avait personne dans le hall et si le son qu’elle avait entendu venait de l’intérieur de son appartement, alors …

Elle regarda frénétiquement autour d’elle et se retourna si vite que ses cheveux châtain roux volèrent autour de ses épaules. Elle s’attendait à moitié à voir derrière elle un tueur en série sorti d’un film, un masque de hockey ou un sac sur le visage et une hache en main, mais il n’y avait personne à cet endroit.

Elle soupira et inspira. Allez, Ruby, reprends-toi, se dit-elle. C’est probablement l’immeuble qui travaille, rien de plus.

Ou alors, cette pile d’assiettes géante qui croupissait dans l’évier commençait finalement à s’écrouler.

Elle se passa une main sur le front et se secoua intérieurement. C’était vraiment idiot de s’inquiéter pour si peu. Cela faisait seulement quelques mois qu’elle vivait seule, depuis qu’elle avait quitté le logement qu’elle partageait avec sa sœur. C’était sa première fois. Il était inévitable qu’elle soit un peu nerveuse de temps à autre.

Toutefois, elle était une femme adulte et cette peur était ridicule.

Ruby entendit une vibration dans sa poche et tendit la main vers son téléphone. Elle s’appuya contre la porte et sourit quand elle lut la réponse de son nouveau soupirant. Il proposait qu’ils se retrouvent ce soir. C’était tentant, mais elle était fatiguée. Il valait mieux le faire attendre un peu et le convaincre de la retrouver le week-end pour boire un pot ou faire autre chose. Ruby aimait flirter. Quand ils seraient sortis ensemble ou quand ils auraient couché ensemble, le flirt prendrait fin rapidement. Selon l’expérience de Ruby, ce serait dû à un manque total de contact ou parce qu’il supposerait, prisonnier de son arrogance, qu’elle serait forcément là et prête la prochaine fois qu’il aurait envie de la voir.

Non, elle allait commencer par prolonger un peu le flirt pour s’amuser. Elle sourit à nouveau et saisit une réponse en l’imaginant en train de la lire.

Elle s’écarta de la porte et passa le coin pour entrer dans sa chambre. Juste au seuil, elle se figea à nouveau puis se retourna. Avait-elle entendu autre chose ? Une autre lame de plancher avait-elle craqué ? Quelque chose avait-il bougé dans l’obscurité ?

Dans la cuisine, la lumière était encore allumée et rien ne jetait d’ombre inhabituelle. La pièce qu’elle voyait était vide, comme elle l’avait laissée. À côté, il y avait le salon, encore plongé dans l’obscurité. La porte n’était qu’à moitié ouverte, mais il n’y avait personne là-dedans. Tout cela était absurde. Son cœur qui battait la chamade, c’était stupide. Il n’y avait personne là-bas.

Elle scruta l’obscurité pendant ce qui sembla être longtemps en s’efforçant de voir quelque chose, pas tout à fait assez courageuse pour aller allumer la lumière et y voir correctement.

Pendant tout le temps qu’elle avait regardé, l’appartement avait été silencieux. Ruby secoua la tête en tapotant des doigts l’encadrement en bois massif de la porte pour se rassurer. Il n’y avait rien là-bas. Il n’y avait jamais rien eu là-bas. Le plancher travaillait. C’était peut-être même quelqu’un qui bougeait à l’étage supérieur. Rien d’autre.

Elle se força à se retourner et à tendre la main vers l’interrupteur pour entrer dans sa chambre. Elle jeta son sac à main sur le lit et retira son cardigan en laine d’un mouvement des épaules. Elle allait se mettre quelque chose de plus confortable puis se préparer un dîner qu’elle mangerait devant la télévision. Ensuite, se dit-elle, elle allait devoir dormir un peu. Son cerveau créait des fantômes pour l’effrayer. Elle était beaucoup trop fatiguée, c’était clair.

Ruby tendit la main vers le bas de son tee-shirt, prête à le tirer par-dessus sa tête —

Alors, un bruit, un bruit évident juste derrière elle, la fit se retourner brusquement et elle se retrouva face à la terreur.

Il était chez elle — dans sa chambre — il voulait l’attraper — il tendait quelque chose vers elle —

Ruby baissa les yeux vers son propre ventre, momentanément incapable de comprendre ce qu’elle voyait. Il y avait quelque chose dans la main de l’intrus. Il avait la main contre son ventre et ce qu’il tenait dans sa main était un couteau.

Il l’avait poignardée.

La compréhension provoqua la douleur. Ruby essaya de crier et ne parvint qu’à produire un petit son étranglé. Elle tenta de reculer devant l’assassin. Elle n’arrivait pas à réfléchir. Elle n’arrivait pas à bouger. Elle avait l’impression que ses membres étaient piégés dans de la glace. Elle ressentait de la douleur, une douleur affreuse, et avait la sensation d’être mouillée sous le ventre. Elle recula, trébucha et tomba.

L’assassin avait à nouveau le couteau en main. Ruby se mit une main au ventre et sentit le liquide chaud qui lui coulait sur les doigts. Elle envoya des coups de pied désespérés, essayant de trouver assez de prise pour s’éloigner en rampant et pour lui envoyer d’autres coups de pied. Il se pencha sur elle, sombrement inexpressif. Elle le frappa du pied et il réagit tout juste. Ruby n’entendait plus que sa propre respiration, lourde dans ses oreilles, et la circulation du sang dans ses veines, incroyablement bruyante. C’était comme si elle en était plus consciente maintenant que jamais parce qu’il s’écoulait de son corps.

— Non ! dit-elle d’un cri qui résonna comme un sifflement étranglé.

L’assassin recula la main. Alors, il enfonça à nouveau le couteau. Ruby tenta de le repousser mais échoua et la dernière chose dont elle fut consciente fut la déchirure implacable de sa peau par le couteau. Ensuite, elle perdit conscience de tout.

CHAPITRE DEUX

Laura Frost était dans son salon. Elle tenait un jouet à forme de lapin et se demandait pourquoi elle l’avait en main, pourquoi elle l’avait sorti du sac qu’elle tenait et pourquoi elle l’avait acheté.

Laura s’assit sur son vieux sofa usé, lourdement, comme elle semblait toujours le faire ces derniers temps. Le salon tout entier paraissait presque hanté depuis qu’elle était rentrée et avait trouvé son mur enduit de peinture noire en guise d’avertissement. Cet avertissement lui ordonnait de cesser de protéger Amy Fallow, la fille de six ans qu’elle avait réussi à arracher à son père violent une fois.

Cependant, son père était le gouverneur Fallow et il avait le bras assez long pour récupérer sa fille. C’était un fait qui avait pesé lourdement sur les pensées de Laura tous les jours des deux semaines qui s’étaient écoulées depuis. On lui avait strictement interdit d’essayer de contacter Amy de quelque façon que ce soit ; son supérieur, le chef de division Rondelle, lui avait assuré qu’une enquête était en cours et qu’ils faisaient tout leur possible.

Tout leur possible. Ça ne semblait pas peser bien lourd, vu qu’Amy était encore chez l’ogre.

Laura ouvrit le sac de courses qu’elle avait rapporté dans son petit appartement et y plongea la main pour en sortir le contenu. Elle avait seulement voulu acheter l’essentiel. Une nouvelle chemise, dont elle avait besoin depuis une affaire récente où elle avait dû plaquer un suspect au sol et avait déchiré le tissu de la chemise qu’elle portait. Rondelle semblait lui confier toutes les enquêtes en groupe possibles pour l’occuper pendant qu’elle n’avait rien de particulier à faire avec son collègue, Nate.

C’était bien, parce que, quand ils étaient seuls, Nate essayait tout le temps de lui poser des questions auxquelles elle ne pouvait pas répondre. Il voulait savoir comment elle faisait toujours pour savoir où il fallait qu’elle soit et quand. Il y avait des choses qu’elle ne voulait pas qu’il sache, aussi bien pour sa propre sécurité que pour leur amitié, une amitié qui se délitait rapidement en dépit de tous les efforts de Laura.

De plus, rester occupée à poursuivre les suspects locaux en collaboration avec d’autres organismes d’application de la loi était aussi une mauvaise chose parce que, même si ça l’occupait, ça ne la protégeait en rien contre les problèmes qui la rongeaient et lui gâchaient le sommeil : Amy et toutes les violences que son père lui infligeait peut-être maintenant, Lacey, la propre fille de Laura, l’audience pour la garde de Lacey qui approchait à pas de géant, puis Nate.

La distraction de Laura était prouvée par l’autre chose qui avait été dans le sac, en plus du shampoing, de la nouvelle chemise et du produit nettoyant en vaporisateur.

Il s’agissait du jouet en peluche douce à forme de lapin, auquel Laura avait été complètement incapable de résister quand elle l’avait vu au magasin.

Elle en caressa distraitement la fourrure soyeuse, passant les doigts le long de ses longues oreilles et touchant son petit nez rond. Quand elle l’avait acheté, elle n’avait même pas su quelle petite fille elle avait eue en tête. Elle pourrait offrir ce jouet à sa fille lors de l’audience pour la garde de Lacey à la fin de la semaine, si son ex, Marcus, l’acceptait. Si les choses se passaient mal (elle ne pouvait se permettre d’envisager entièrement cette possibilité parce que cela risquerait de la rendre folle), ce jouet pourrait être tout ce que Lacey obtiendrait de la part de sa mère.

Marcus avait été coopératif, ces derniers temps. Il avait laissé Laura voir sa fille pendant des périodes de deux heures. Il lui avait même permis de l’emmener à l’extérieur, loin de ses yeux pénétrants. Cependant, est-ce que cela durerait si le juge déclarait que Laura n’avait plus du tout le droit de voir sa fille ? Est-ce que Marcus recommencerait à lui interdire complètement de voir Lacey ?

Si cela devait se produire, la seule issue qu’entrevoyait Laura était la bouteille et une descente aux enfers qui serait la pire qu’elle ait jamais connue. Ces derniers temps, elle avait eu la force de rester sobre même quand elle avait dû supporter des révélations affreuses. L’une d’elles était la mort prochaine de Nate, qui lui avait été annoncée non pas par une vision mais par une ombre menaçante qui donnait désespérément peu de détails. Heureusement, Laura avait pensé au visage de sa fille à chaque fois et réussi à tenir bon.

Cependant, ce lapin était-il pour Lacey ? Elle n’arrivait même pas à en être sûre elle-même. Elle avait pu l’acheter en pensant à Amy. La dernière fois que Laura l’avait vue, elle avait serré un jouet à forme de lapin semblable à celui-là. Malgré les ordres de Rondelle, Laura était passée quelques fois en voiture devant la maison du gouverneur Fallow et l’avait trouvée lourdement gardée. Il employait deux gardes du corps pour empêcher qui que ce soit d’entrer chez lui sans sa permission. Toutefois, il y aurait peut-être un moyen de faire parvenir le jouet à Amy. Laura s’imaginait arriver à l’arrière de la maison en voiture et jeter d’une façon ou d’une autre le lapin par-dessus la clôture. Mieux encore, elle pourrait donner le lapin à Amy quand son père serait finalement arrêté et que la petite fille serait libre.

Le sourire qui s’afficha sur le visage de Laura à cette idée fut effacé par une douleur soudaine à la tête, si forte qu’elle parvint tout juste à la supporter. Une vision arrivait et elle poussa un cri. C’était une douleur qu’elle ne pouvait pas contrôler, une douleur qui l’avertissait que la vision concernerait un événement qui allait se produire très, très bientôt —

Laura flottait au-dessus de la pièce et regardait en bas. Elle se rendit compte qu’elle descendait, comme si elle devenait soudain soumise à la pesanteur dans ses visions. Avec un mouvement brusque et poignant, elle s’arrêta à ce qui devait être la hauteur de sa propre épaule et regarda devant elle. Elle se trouvait dans une pièce qu’elle ne reconnaissait que trop bien.

Elle y était déjà allée lors d’une de ses visions. Elle y était aussi allée en chair et en os. C’était la chambre d’Amy, dans la maison de son père, la pièce où Amy aurait dû se sentir le plus le plus en sécurité, mais ce n’était pas le cas.

Elle s’y trouvait maintenant. Elle était recroquevillée sur le lit les mains sur les oreilles. Laura ne voyait que son visage, rouge et trempé de larmes. Elle tremblait. Elle avait rassemblé tous ses jouets devant elle, comme pour créer une barrière entre elle-même et le reste de la pièce. En la regardant, Laura eut le cœur brisé. La petite fille avait terriblement peur. Elle était très jeune, mais elle avait très peur parce qu’elle savait ce qui pouvait arriver, ce qui arriverait quand son père entrerait dans la pièce.

Qu’entendait-elle pour avoir envie de se couvrir les oreilles ? Frustrée, Laura essaya de regarder aux alentours, mais elle ne contrôlait pas la vision. Elle ne pouvait que regarder Amy pleurer. Elle n’avait aucune possibilité de tendre les bras et de la réconforter et, même si elle l’avait pu, ça n’aurait eu aucun intérêt. C’était une vision de l’avenir, pas du présent. Dans cette vision, Laura n’avait aucun corps physique. Elle ne pouvait ni agir ni changer quoi que ce soit. C’était seulement une fenêtre et elle ne pouvait que regarder au travers.

Elle se rendit compte qu’elle tournait et que son point de vue changeait. Alors, elle se retrouva derrière Amy, comme si elle avait pu traverser le mur. Maintenant, elle regardait la porte fermée de la pièce. Elle se rendit compte qu’elle retenait