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Impitoyable: Le ranch des Loups
Impitoyable: Le ranch des Loups
Impitoyable: Le ranch des Loups
Livre électronique298 pages3 heuresLe ranch des Loups

Impitoyable: Le ranch des Loups

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À propos de ce livre électronique

RÈGLE N° 6 DE LA MEUTE : TENIR LES HUMAINS À L'ÉCART DE NOS TERRES

Mon Alpha m'a dit de me débarrasser d'elle.

D'être aimable et de découvrir si elle comptait vendre sa propriété.

De l'empêcher d'amener d'autres humains à proximité de nos terres.

Mais avant même de la rencontrer, j'ai humé son odeur.

La pleine lune était là, et j'étais obligé de m'y conformer. Je n'ai pas pu m'en empêcher.

Je me suis précipité en plein territoire humain, sur sa propriété.

Je l'ai découverte en train de se baigner nue au clair de lune, et je lui ai montré mon loup.

À présent, tout est possible.

Mon alpha veut qu'elle disparaisse, mais je tiens à ce qu'elle reste.

En fait, je suis prêt à tout pour m'assurer qu'elle ne s'en aille jamais.

LangueFrançais
ÉditeurRenee Rose
Date de sortie19 janv. 2021
ISBN9781393802587
Impitoyable: Le ranch des Loups
Auteur

Renee Rose

Renee Rose, auteur de best-sellers d’après USA Today, adore les héros alpha dominants qui ne mâchent pas leurs mots ! Elle a vendu plus d’un million d’exemplaires de romans d’amour torrides, plus ou moins coquins (surtout plus). Ses livres ont figuré dans les catégories « Happily Ever After » et « Popsugar » de USA Today. Nommée Meilleur nouvel auteur érotique par Eroticon USA en 2013, elle a aussi remporté le prix d’Auteur favori de science-fiction et d’anthologie de Spunky and Sassy, celui de Meilleur roman historique de The Romance Reviews, et les prix de Meilleur roman de science-fiction, Meilleur roman paranormal, Meilleur roman historique, Meilleur roman érotique, Meilleur roman avec jeux de régression, Couple favori et Auteur favori de Spanking Romance Reviews. Elle a fait partie de la liste des meilleures ventes de USA Today cinq fois avec plusieurs anthologies.

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    Aperçu du livre

    Impitoyable - Renee Rose

    1

    RAND


    Je n’avais qu’une hâte : me débarrasser de mes vêtements. La pleine lune me rendait complètement dingue ce mois-ci. J’avais compté les jours qui me séparaient de la sortie de la meute.

    Alors que nous nous dépêchions d’ôter nos vêtements dans le vestibule du chalet, je déchirai mon jean.

    — Tout doux, champion, me dit Boyd avec un petit sourire.

    Facile à dire, pour lui. Il ne ressentait plus le désir incontrôlable de s’accoupler depuis qu’il avait trouvé sa compagne l’été dernier.

    Non que mon besoin impérieux de courir ait quoi que ce soit à voir avec le fait de trouver une compagne. Contrairement à d’habitude, je n’avais même pas envie de m’envoyer en l’air avec l’une des femmes célibataires de la meute. Ce dont j’avais besoin, c’était de courir, de toutes mes forces. De me dépasser, car je recherchais désespérément quelque chose que je ne comprenais même pas.

    Je me dépêtrai de la deuxième jambe de mon pantalon avec un grognement agacé.

    — La lune te met les nerfs à vif ? me demanda le champion de rodéo, beaucoup trop détendu.

    — J’imagine, marmonnai-je en me passant une main sur la nuque.

    Karen, la louve qui essayait de coucher avec moi depuis deux ou trois lunes, tenta de croiser mon regard, mais je détournai les yeux. Je n’avais aucune envie de coucher avec elle, ce soir. Ni n’importe quel autre soir, d’ailleurs. Mon loup gronda à l’idée de la toucher, et ce n’était pas parce qu’elle avait déjà essayé d’avoir des relations avec tous les hommes célibataires de la meute. Il était normal que les loups et louves non accouplés s’envoient en l’air les uns avec les autres pendant la pleine lune, sans rien en attendre. Mais Karen était collante. Et là, je n’avais qu’une hâte : me débarrasser d’elle.

    C’était ça le plus bizarre. Normalement, l’agressivité causée par la pleine lune, le besoin de courir et de chasser, était proportionnelle à l’envie de baiser. Et bien que l’excitation soit au rendez-vous, mon érection battait au vent alors que je m’élançais dehors, aucune des perspectives possibles ne me paraissait alléchante.

    Non, cette impression primale d’avoir les nerfs à vif me poussait à courir avant même de m’être transformé, la terre dure sous mes pieds nus.

    — On fait la course jusqu’à l’autre côté, dit mon frère Clint.

    Il me donna une tape sur les fesses et fonça devant moi. Quel con.

    Sa compagne, Becky, était humaine, alors elle ne se transformait pas ; mais les pitreries de mon frère pendant les courses l’amusaient toujours. Et il savait la satisfaire en rentrant. Je m’attendais à ce qu’elle soit enceinte de leur deuxième louveteau très bientôt, vu leur rythme effréné.

    Avec un grognement, je tombai à quatre pattes, et les aiguilles de pin glissèrent sous mes coussinets alors que je me transformais et me mettais à courir à toute vitesse. La nuit était fraîche, sans le moindre nuage. Parfait. Je pris mon frère en chasse et lui mordis les flancs comme si nous étions toujours adolescents, mais quand nous atteignîmes enfin la crête, je m’arrêtai net. Quelque chose m’aimantait dans la direction opposée, loin de mon frère et des autres.

    J’avais envie de descendre la montagne. En direction du ranch des Sheffield, non loin de là.

    Là où vivaient des humains.

    Là où il était interdit de courir.

    Boyd passa à côté de moi, bondissant avec grâce. Il adorait courir seul avant de rentrer satisfaire sa compagne humaine, Audrey. Il me poursuivit un moment et referma ses crocs sur mes pattes pour me pousser à avancer, mais je grognai, montrai les dents, et il s’en alla sans moi.

    Qu’y avait-il en bas ?

    Cela n’avait pas d’importance, je n’avais pas le droit d’aller voir. Pas sous ma forme de loup, et j’avais passé toute la semaine à attendre ma transformation avec impatience.

    Je me remis à suivre la meute, mais chaque pas amplifiait mon agitation. J’avais besoin de prendre le chemin inverse.

    Et puis merde.

    Je tournai les talons et me dirigeai de nouveau vers la crête. Je levai le museau et humai l’air. Il y avait quelque chose dans la brise. Rien d’évident, rien que je puisse décrire à un autre loup, mais j’aurais pu jurer qu’une odeur m’appelait.

    Je penchai la tête et écoutai les grondements et les hurlements des plus jeunes loups de la meute qui apprenaient à chasser. Rob, l’alpha, me botterait les fesses si j’enfreignais les règles de la meute. Nous ne courions jamais sur les terres des humains. Jamais. Cela nous mettait en danger.

    Personne ne devait savoir qu’il y avait des loups dans le coin. Par le passé, nous avions eu des problèmes, et personne ne voulait que cela se reproduise.

    Mais je m’élançai tout de même à flanc de montagne, glissant sur les pierres de la pente abrupte. Je courais le plus vite possible, suivant mon instinct, sans même regarder où j’allais.

    Jusqu’à ce que je quitte les limites des terres des Wolf, où la famille de mon alpha vivait et travaillait. Je me trouvais désormais en territoire humain, sur la propriété du vieux Sheffield, où j’avais travaillé ado. Cela devait faire plus de dix ans, mais je connaissais la propriété par cœur, et je m’y sentais chez moi.

    À chaque bond en avant, mon état de folie s’accentuait. L’odeur devint plus forte. Enivrante. Entêtante. Quelle était donc cette chose qui me rendait dingue ?

    J’atteignis l’affleurement qui surplombait la chute d’eau qui formait une source d’eau chaude au milieu de la rivière, et je m’arrêtai net.

    Bon sang.

    Là, dans l’eau, se trouvait une femme.

    La mienne. En cet instant, je sus qu’elle m’appartenait. Son odeur n’était pas très forte, mais elle était bien présente dans la légère brise.

    Sa peau nue était pâle sous le clair de lune alors qu’elle fendait l’eau nageant en cercle dans coin secret. Tous les loups des environs connaissaient cet endroit. Certains d’entre nous avaient la chance de pouvoir s’y baigner en été, car nous avions été amis avec le vieux Sheffield.

    Je me figeai, fasciné, et admirai la douce courbe de son dos nu, les globes formés par ses fesses qui se contractaient à chaque battement de jambes. Elle avait de longs cheveux foncés ‒ j’avais du mal à déterminer leur couleur au clair de lune, mais ils me semblaient roux ‒ et épais, qui flottaient autour de ses épaules à la surface de l’eau.

    Elle plongea et disparut sous la cascade. Je faillis me jeter dans l’eau, rien que pour ne pas la perdre de vue.

    Comme son odeur, je la reconnus immédiatement.

    Nathalie.

    Son nom s’insinua dans mon cerveau troublé par les hormones.

    Ma compagne était Nathalie, la nouvelle propriétaire du ranch Sheffield. Une humaine. La petite nièce du vieux Sheffield, qui avait possédé la propriété pendant soixante ans avant de la lui léguer à sa mort, quelques années plus tôt. Je me souvenais d’elle enfant, quand elle passait l’été ici. D’ailleurs, la dernière fois que je l’avais vue, elle devait avoir quoi... dix ans ? Mais ce n’était plus une petite fille. Oh que non. Elle était femme jusqu’au bout des ongles.

    Je plongeai les pattes dans l’eau et gémis, mon loup rendu fou par sa disparition.

    Un instant plus tard, elle refit surface.

    Je l’entendis prendre une grande inspiration et je me demandai si elle ferait ce genre de bruit quand je la pénétrerais pour la première fois. Je faillis pousser un hurlement, qui aurait révélé ma présence. J’avais trouvé ma cible. Ma proie. Je serais impitoyable dans ma quête pour la faire mienne.

    J’avais eu beau retenir mon cri, elle leva brusquement la tête, et mon regard se retrouva plongé dans ses yeux sombres. La chute d’eau ne faisait que cinq mètres de haut, et elle n’eut aucun mal à me voir.

    Une expression surprise apparut sur son visage. Sa bouche forma un O parfait, et elle se releva subitement. L’eau ruisselait sur ses seins parfaits. Bon sang. Ils étaient hauts et pleins, avec des tétons pointus. J’avais envie de laper chaque gouttelette sur sa peau.

    Je me redressai pour l’admirer. J’étais incapable de me détourner d’elle.

    — Salut, le loup, dit-elle avec douceur.

    Sa voix mélodieuse m’arracha à mon état second. Elle n’avait pas crié. Elle n’avait même pas bougé. Elle n’avait pas peur. Elle me parlait. Presque comme si elle savait que j’étais un métamorphe. Que j’étais capable de la comprendre.

    Eh merde. J’avais laissé une humaine voir mon loup. Une humaine qui vivait juste à côté de chez mon alpha. Elle avait beau être mienne ‒ je le sentais, je le ressentais ‒, j’étais dans le pétrin. Pour deux raisons. Premièrement, Rob allait me botter le cul. Deuxièmement, il fallait que je laisse Nathalie là. Je ne pouvais pas reprendre forme humaine et aller la voir. Je rêvais de la jeter sur mon épaule et de l’emmener, de l’allonger sur l’herbe douce de l’été et de la baiser sauvagement jusqu’à ce qu’elle crie mon nom. Jusqu’à ce que ma semence jaillisse profondément en elle et que ma marque se trouve sur son cou. Ensuite, elle saurait ce que j’étais. Qui j’étais. Mon secret serait révélé.

    Je tournai les talons et partis en courant, remontai la montagne, loin de l’odeur qui m’avait fait perdre la tête. À présent, je ne trouverais plus le repos. Pas avec ce besoin en moi. Pas avant qu’elle devienne mienne.

    Je trouverais un moyen de me sortir de ce pétrin. En attendant, je devais fuir. M’éloigner de ma compagne.

    2

    NATHALIE


    C’était réel. Ce loup était réel. Bon sang, tout ce que j’avais vu quand j’étais petite fille s’était vraiment produit.

    J’avais douté de moi. Je n’avais que dix ans, à l’époque, et je rendais visite à mon grand-oncle, la seule personne à avoir réellement pris soin de moi, quand j’avais vu quelque chose digne d’un film. Quelque chose d’impossible.

    J’étais à l’étage, dans ma chambre, à regarder par la fenêtre, quand j’avais entendu un cri. L’ouvrier agricole, Rand, était coincé sous le tracteur de mon grand-oncle. Les roues avaient glissé dans la boue, et l’engin s’était renversé. J’avais hurlé, ouvert la fenêtre et appelé mon oncle à l’aide. Avant qu’il puisse arriver, j’avais vu un loup s’extirper de sous le tracteur. Un loup, pas un humain. J’avais aperçu ses yeux bleus, son épaisse fourrure grise. Jamais je ne l’oublierais.

    Quand mon grand-oncle Adam était arrivé, le loup avait sursauté et était parti en courant sur trois pattes, la dernière étant blessée, puis sur quatre pattes, comme s’il ne s’était rien passé. Comme s’il n’avait jamais été écrasé par le tracteur.

    Je m’étais précipitée en bas et étais sortie de la maison pour aller à la rencontre de mon oncle, près du tracteur renversé.

    — Rand était coincé dessous, avais-je affirmé en montrant l’engin d’un doigt tremblant. Je l’ai vu se faire écraser.

    Mais il n’y avait plus personne.

    — Oncle Adam, ajoutai-je d’une voix chevrotante. J’ai vu...

    Je pris une grande inspiration et déglutis.

    — J’ai vu... un loup sortir de sous le tracteur.

    Rand s’était transformé en loup. Comme par magie. Ou... quelque chose du genre.

    Mon oncle s’était figé. Puis il m’avait posé une main sur l’épaule et m’avait regardé droit dans les yeux.

    — Il se passe des choses bien étranges dans cette vallée, Nathalie, avait-il dit au lieu de me traiter de menteuse ou d’affabulatrice. Viens, entre. Je vais te raconter une histoire.

    Il m’avait fait asseoir avec un verre de citronnade et il m’avait raconté l’histoire la plus dingue que j’aie jamais entendue.

    Une histoire que je n’avais jamais oubliée, mais qui était difficile à croire.

    Pendant toutes ces années, je m’étais demandé s’il avait tout inventé. Si mon esprit m’avait joué des tours. Si j’avais mal compris ce que m’avait dit mon oncle. Ce que j’avais vu. Comme s’il s’était inspiré de ce que je lui avais raconté pour inventer un conte de fées. Une jolie petite histoire pour une gamine laissée par ses parents dans un ranch du Montana pendant l’été parce qu’ils n’avaient pas les moyens de la faire garder. Comme un adulte qui parlerait de la petite souris ou du père Noël, afin de mettre un peu de magie dans ce monde.

    À présent, presque quinze ans plus tard, je connaissais la vérité. En fait, je l’avais toujours connue, mais là, j’en avais la preuve. Mon grand-oncle Adam ne m’avait pas menti ni raconté d’histoires.

    Les loups-garous existaient bel et bien.

    Un loup gris, en particulier. Celui que j’avais déjà vu avant. Celui qui s’était extirpé du tracteur retourné. Je savais très bien qui s’était trouvé au sommet de la chute d’eau.

    Il m’avait vue nue.

    Même au clair de lune, je l’avais reconnu à sa fourrure argentée. Et même si je n’avais pas pu distinguer ses yeux, je savais qu’ils étaient bleus.

    Rand.

    Je quittai la source chaude, tentant de calmer mes membres tremblants.

    Je n’avais pas peur. J’avais su que le loup ne me ferait pas de mal. Ni l’homme que redeviendrait ce loup. Je ne savais pas pourquoi je tremblais. Pourquoi j’éprouvais un intérêt inédit pour l’ouvrier agricole après toutes ces années. C’était peut-être le fait de réaliser que le surnaturel existait vraiment qui me perturbait. Je venais d’assister à un événement paranormal, qui affectait quelqu’un que je connaissais depuis que j’étais petite.

    Juste ici, dans Cooper valley. Sur ma propriété. Mon oncle Adam m’avait dit la vérité. Il m’avait fait confiance.

    Je ramassai mon court peignoir en tissu éponge qui faisait office de serviette et je le passai autour de mes épaules ruisselantes.

    Mes tétons étaient presque agressés par le doux tissu, et mon sexe était douloureux. J’étais excitée. Prise d’un étrange désir. C’était peut-être dû à mon émerveillement de voir un loup-garou d’aussi près.

    Ou alors, c’était le fait d’avoir vu Rand ? Cet été-là, il avait seize ans. Il était grand pour son âge. Très beau, même aux yeux d’une fillette de dix ans qui ne comprenait pas encore bien l’attirance physique.

    Sous sa forme de loup, il était magnifique. Gigantesque. Avec des épaules larges et une fourrure brillante. Ce soir, toute son attention avait été tournée vers moi. Moi seule.

    J’enfilai mes sandales et suivis le chemin qui menait jusque chez moi, un petit sourire aux lèvres.

    Les loups-garous existaient. Rand était toujours dans le coin. Il était même carrément sur mes terres.

    Soudain, ma décision d’emménager dans Cooper valley me paraissait bien moins insensée. Si je me sentais aimantée par cet endroit, c’était pour une bonne raison. Une raison autre que mon Master de musique presque inutile, mon manque d’argent et le fait que je n’avais nulle part où aller. Je m’étais demandé pourquoi mon grand-oncle m’avait légué le ranch alors que je ne l’avais pas vu depuis quinze ans. Mais peut-être qu’à présent, je comprenais. Peut-être qu’à présent, j’étais la seule à connaître le secret, la seule humaine à le protéger, en bonne voisine.

    3

    NATHALIE


    — Avoir l’eau chaude, ce serait pas mal, mais avant tout, il faut combler la fuite sur le toit.

    Assise à la table de la cuisine, je dressais la liste de toutes les choses à faire dans la maison. Et je parlais toute seule. La porte de derrière était ouverte, en cette chaude journée. J’avais oublié comme l’été pouvait être agréable, dans le Montana. Comme il pouvait être paisible. Je commençais à m’habituer à l’absence de bruits urbains. Pas de voitures qui passaient. Pas d’immeuble plein de locataires qui se criaient dessus ou qui mettaient la télé à fond. Pas de sirènes d’ambulances ou d’aboiements.

    Rien d’autre que le vent et un oiseau de temps en temps, et cela me poussait à monologuer à voix haute. Je barrai la ligne PEINDRE LA MAISON et l’inscrivis tout en bas de ma liste de choses à faire. Ça, ça pouvait attendre, même si j’étais désolée pour les pauvres gens obligés de regarder ma maison en passant devant. Le revêtement était délavé et s’écaillait, et chaque fois que je me garais dans le chemin de terre, je me sentais plus lasse.

    J’étais reconnaissante d’avoir hérité de la maison de mon oncle. Sans elle, je serais sans doute à la rue, car vivre à Los Angeles était inaccessible quand on n’avait pas un bon travail. Mais cette propriété représentait un gros projet. Il y avait fort à faire. Plus que ce que me permettaient les soixante-treize dollars sur mon compte en banque. J’espérais que les pourboires que j’avais gagnés la veille au Cody’s Saloon suffiraient à payer l’électricien qui devait passer.

    — Cet automne, je pourrais en faire une maison hantée. Il me suffirait de la laisser telle quelle, grommelai-je.

    Cette idée n’était pas mauvaise. J’étais prête à tout pour me faire de l’argent, mais si les soucis d’électricité n’étaient pas réglés, je serais propriétaire d’une simple ruine.

    Je levai les bras et me penchai en arrière pour m’étirer. Je les laissai retomber, puis me passai la main dans les cheveux, avant de me servir de l’élastique que j’avais au poignet pour me faire une queue de cheval. Je me levai et remplis la vieille cafetière d’eau. J’ajoutai du café dans le filtre et allumai l’appareil.

    — Putain ! m’exclamai-je.

    Je fis un bond en arrière et fourrai le doigt dans ma

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