Chapitre
6
La mise
en œuvre
1 - Introduction
2 - Réalisation : les différentes phases
3 - Réalisation d’une couche d’assises
en GNTP
4 - Réalisation d’un revêtement
en béton dense
5 - Réalisation d’une couche d’assises
en béton poreux
6 - Réalisation d’un revêtement
en béton drainant
7 - Réalisation d’un revêtement
modulaire en béton
111
Chapitre
6
• La mise en œuvre
1. Introduction
La chaussée réservoir se présente comme une structure multicouche, mise en
œuvre sur un ensemble appelé « plate-forme support de chaussée ». Celle-ci est
constituée du sol terrassé (dit sol support) surmonté généralement d’une couche
de forme. La structure type d’une chaussée réservoir, présentée sur la figure 24,
précise la terminologie adoptée.
Revêtement
Assise poreuse
Interface
e
exutoire
(éventuel)
Couche de forme éventuelle
Sol support
« étanchéité »
(éventuelle)
Figure 24 : structure type d’une chaussée réservoir.
La chaussée réservoir doit notamment assurer les deux fonctions principales
suivantes :
– la fonction mécanique ;
– la fonction hydraulique.
D’autres fonctions peuvent être exigées (ou assurées) telles la sécurité, l’écologie,
l’esthétique, etc.
Selon les solutions adoptées, d’une part pour acheminer les eaux dans la structure
et, d’autre part, pour les évacuer, plusieurs concepts de chaussées réservoir sont
possibles. Ils font l’objet d’un traitement approfondi au chapitre 3.
112
2. Réalisation :
les différentes phases
2.1 - Travaux préparatoires
Dans le cas d’un chantier en zone urbaine ou périurbaine, un certain nombre
d’opérations préalables à l’exécution des travaux est nécessaire pour limiter au
maximum les contraintes auxquelles sont soumis les usagers et les riverains. Il est
donc impératif de tenir compte de l’exploitation particulière de la rue (signalisation, stationnement, manifestations particulières, marchés, etc.). Sur le plan de la
planification, il est nécessaire de contacter les intervenants éventuels sur le
domaine public afin de coordonner parfaitement les différentes interventions.
La protection du chantier, d’une part, et des usagers, d’autres part, nécessite une
signalisation, un balisage particulier ainsi que des précautions contre les dégradations que peuvent créer les piétons, les cyclistes et les véhicules, notamment visà-vis des traces sur le béton frais pendant toute la phase du durcissement (environ
12 heures). Une campagne d’information auprès des riverains permettra de limiter au maximum ce risque de dégradations.
2.2 - Préparation de la plate-forme
La surface, sur laquelle le matériau d’assise doit être répandu, est préalablement
nettoyée et débarrassée de toutes traces de boues et de matières organiques.
Pendant la durée des travaux, il faut s’assurer en permanence que l’évacuation de
l’eau superficielle du fond de forme est réalisée afin que les travaux d’assises puissent s’exécuter dans de bonnes conditions.
La plate-forme support et les dispositifs d’assainissement et de drainage doivent
être maintenus en état de fonctionnement pendant la durée des travaux. Pour
l’installation des drains dans la plate-forme, il est conseillé de les placer dans des
saignées afin de les protéger pendant la durée d’exécution du chantier. Dans certains cas, il peut s’avérer nécessaire de construire des ouvrages provisoires pour
assurer l’écoulement des eaux. Ils seront supprimés à l’achèvement des travaux.
113
Chapitre
6
• La mise en œuvre
Dans le cas général, la plate-forme support permet la circulation des engins de
chantier. Les véhicules en charge peuvent alors l’emprunter. Il faut cependant
assurer l’entretien de cette plate-forme et sa remise en état en éliminant systématiquement toute trace d’orniérage ou de flashes pouvant constituer des pièges
à eau et avoir des incidences graves sur la tenue ultérieure de l’assise (sous-épaisseurs de la couche d’assises).
Si la plate-forme n’est pas en mesure de résister à la circulation des engins, il faut
réaliser une piste de chantier ou approvisionner les matériaux à l’avancement dans
la mesure où la qualité des matériaux mis en œuvre le permet. Toutes les dispositions doivent alors être prises pour qu’aucun véhicule ne circule sur la plateforme support.
2.3 - Réception de la plate-forme
Avant la mise en œuvre de l’assise, la plate-forme support doit être conforme, en
fonction des tolérances, aux spécifications de géométrie et de portance du projet.
La plate-forme support fait l’objet d’un léger décapage, de l’enlèvement des
herbes et des détritus et de la suppression des ornières pouvant être nuisibles à
l’écoulement des eaux superficielles.
Dans la plupart des cas, il est effectué un piquetage général conformément à
l’article 27 « Travaux » du CCAG. Il n’est pas exécuté de piquetage général si le
corps de chaussée est exécuté par référence à :
– des ouvrages longitudinaux (bordures, caniveaux, etc.) existants, ou construits
préalablement, en bordure de l’assise à réaliser ;
– un support existant ; dans ce cas, un piquetage de repérage sera réalisé pour
vérifier que l’assise est bien projetée en plan par rapport à ce support.
114
2.4 - Mise en œuvre de l’étanchéité du support
(et des bords)
À envisager uniquement dans le cas des concepts à évacuation localisée
(voir géomembrane et couche d’émulsion gravillonnée).
2.5 - Mise en œuvre des exutoires
À envisager uniquement dans le cas des concepts à évacuation localisée.
2.6 - Réalisation de l’assise
a) Assise en GNTP (GNT d/D) : consulter la fiche type GNTP ci-après.
b) Assise en béton poreux : consulter la fiche type « Béton poreux » ci-après.
2.7 - Réalisation d’ouvrages divers
Ceci concerne les drains, les bordures, les caniveaux, les tuyaux, les regards, les
boîtes de branchement, etc.
2.8 - Traitement de l’interface éventuelle entre l’assise
et le revêtement
Dans le cas d’un revêtement modulaire, il y a lieu d’interposer un géotexile entre
l’assise poreuse et lit de pose.
115
Chapitre
6
• La mise en œuvre
2.9 - Réalisation du revêtement
a) Revêtement imperméable
• Béton dense : consulter la fiche-type « Béton dense » ci-après.
• Revêtement modulaire : consulter la fiche-type « Revêtement modulaire » ciaprès.
b) Revêtement perméable
• Béton drainant : consulter la fiche-type « Béton drainant » ci-après.
• Revêtement modulaire (perméable, à joints larges, etc.) : consulter la fiche-type
« Revêtement modulaire » ci-après.
116
3. Réalisation d’une couche
d’assises en GNTP
C’est un matériau comportant un réseau de vides communicants entre eux et avec
l’extérieur. Ces vides sont d’une taille suffisante pour permettre à l’eau d’y être
stockée temporairement, d’y circuler et d’être évacuée vers un exutoire et ce de
façon durable. Pour obtenir ces vides de façon permanente, on utilise des granulats
concassés de Dmax élevé, dont on élimine la fraction sableuse. Les vides obtenus
sont ainsi le fait de la composition du matériau et non d’un compactage insuffisant.
3.1 - Textes de référence
Il existe quatre documents de référence relatifs à la réalisation d’un revêtement en
GNTP :
– fascicule 25 du CCTG, Exécution des corps de chaussées ;
– norme NF EN 13285 « Graves non traitées – Spécifications » ;
– norme NF P 98-115 « Assises de chaussées – Exécution des corps de chaussées »
– cours de Routes « Assises de chaussées » Presses de l’ENPC – 1985.
3.2 - Fabrication
Une GNTP est constituée de granulats concassés de granulométrie d/D avec :
• d > 8 mm
et
• 25 < D < 100 mm
et
D
>3
•
d
Elle est fabriquée en élimant la fraction sableuse d’un O/D concassé. Le passant à
2 mm (propreté) sera inférieur à 3 %. Une bonne résistance à l’attrition est demandée :
• LA < 30
et
• MDE < 25
La porosité de ce matériau est voisine de 40 %.
117
Chapitre
6
• La mise en œuvre
3.3 - Transport et manutention
Les opérations de chargement, de transport et de déchargement des granulats
d/D sont effectuées avec toutes les précautions nécessaires pour éviter leur pollution, leur ségrégation et leur évolution.
3.4 - Stockage
S’il y a lieu, le stockage des granulats d/D se fait sur des plates-formes aménagées
à cet effet, conformément à l’article 6 du fascicule 23 du CCTG. Pour les dispositions pratiques de stockage, le lecteur pourra se référer au Guide pour le stockage
des granulats – SETRA/LCPC.
3.5 - Mise en œuvre
La mise en œuvre de la GNT d/D est une opération très importante, dont dépendent en grande partie la réussite du projet et sa pérennité dans le temps. Il
convient donc d’y apporter un soin particulier et de prendre en compte toutes les
dispositions techniques influençant le déroulement de cette opération.
3.5.1 - Opérations préalables particulières
●
3.5.1.1 - Dispositions particulières
Lorsque la plate-forme support est en matériau sensible à l’eau, la couche
d’assises en GNTP d/D ne sera pas réalisée directement sur cette plate-forme.
Dans ce cas, il serait judicieux de réaliser une interface constituée d’une membrane
étanche et/ou d’un géotextile.
118
●
3.5.1.2 - Vérification préalable du support
Avant la mise en œuvre de l’assise en GNTP, on vérifie que la portance du support
satisfait l’une des trois conditions suivantes :
– le cœfficient de restitution dynaplaque est supérieur à 50 % ;
– le module à l’essai de plaque est supérieur à 50 Mpa ;
– la déflexion mesurée à l’essieu de 13 tonnes est inférieure à 200/100 de mm.
S’il est constaté des défectuosités ou discordances avec le projet, des réfections
du support sont réalisées ou le projet est adapté.
3.5.2 - Mise en œuvre de la GNT d/D
La mise en œuvre comprend :
– le répandage ;
– le réglage ;
– le compactage.
●
3.5.2.1 - Le répandage
Le matériau est déversé en tas sur le lieu même de son utilisation, ou mis en cordon. Il est ensuite régalé à l’aide d’une niveleuse. Quand la portance du support
est faible ou lorsque des ouvrages existants sont proches de la surface, les
mélanges sont répandus à l’avancement, en faisant circuler les engins de transport
sur une couche suffisante de matériaux. Pour faciliter leur réglage et leur compactage, la GNT d/D est mise en œuvre par couches de 30 à 40 cm d’épaisseur.
●
3.5.2.2 - Le réglage
Dans un premier temps, la GNT d/D est pré-compactée à raison d’un tiers à deux
tiers de l’énergie totale de compactage. Elle est ensuite réglée. Pour obtenir une
épaisseur régulière et un uni correct de la couche de roulement quand la couche
d’assises est constituée de GNT d/D avec D > 40 mm, il faut répandre, avant
l’exécution de la couche de roulement, un gravillon concassé 10/14 ou 10/20 à
raison de 15 à 30 l/m . Enfin, le dernier compactage donne à l’ensemble de la couche
les compacités visées au projet.
2
Si l’épaisseur du matériau répandue s’avère insuffisante, l’entreprise scarifie et foisonne le matériau en place et complète par les quantités nécessaires. L’ensemble
est ensuite réglé et compacté.
●
3.5.2.3 - Le compactage
Le compactage doit conférer au matériau l’état de densité nécessaire à l’obtention
des caractéristiques mécaniques prévues. Les prescriptions sont fondées sur la
définition et le contrôle des moyens de compactage et de leur mode d’utilisation.
119
Chapitre
6
• La mise en œuvre
4. Réalisation
d’un revêtement
en béton dense
Un béton dense est un mélange de gravillons, de sable, de ciment, d’eau et
d’adjuvants. Il est mis en place par vibration externe ou pervibration, sans compactage. Dans ce cas, il est utilisé en revêtement où il peut jouer en même temps
le rôle de couche de base et de surface. De par sa moulabilité et sa plasticité, il
permet d’obtenir un large éventail de possibilités au niveau des formes, des couleurs et de la texture dans des conditions économiques très compétitives.
4.1 - Textes de référence
Il existe cinq documents de référence relatifs à la réalisation d’un revêtement en
béton dense :
– fascicule 28 du CCTG, Exécution des chaussées en béton hydraulique ;
– norme NF P 98-170 « Chaussées en béton de ciment – Exécution et contrôle » ;
– Voiries et aménagements urbains en béton, tome 2 : mise en œuvre,
CIMBÉTON, 1998 ;
– Voiries et aménagements urbains en béton, tome 3 : CCTP-Type, BPU et DE,
CIMBÉTON, 1998 ;
– Chaussées urbaines en béton, CERTU, 1995.
120
4.2 - Fabrication et transport
À titre indicatif, un béton dense peut avoir la composition suivante :
• ciment
: 330 kg/m
• gravillons 6/20 : 1200 kg/m
• sables 0/6
: 750 kg/m
• eau
:
160 l/m
• plastifiant
:
1 kg/m
• entraîneur d’air : 0,3 kg/m
3
3
3
3
3
3
La fabrication du béton dense se fait soit en centrale continue, soit en centrale discontinue. Les capacités de fabrication et de transport doivent permettre
d’alimenter, sans discontinuer, le chantier.
4.3 - Mise en œuvre du béton
La mise en œuvre du béton est une opération très importante, dont dépendent en
grande partie la réussite d’un aménagement et sa pérennité dans le temps. Il
convient donc d’y apporter un soin particulier et de prendre en compte tous les
paramètres techniques et climatiques qui peuvent influer lors du déroulement de
cette opération.
4.3.1 - Prise en compte des conditions climatiques
L’entreprise devra être vigilante sur les conditions météorologiques afin de
prendre les dispositions nécessaires en cas de pluie, vent, forte chaleur ou gel et
de prendre les précautions telles que définies dans le tableau 22.
●
4.3.1.1 - Bétonnage par temps froid
Le froid retarde la prise du béton et allonge les temps de durcissement. Si la température extérieure diurne descend jusqu’à + 5 °C et que le gel risque de se produire pendant la nuit suivante, il y a lieu d’arrêter le bétonnage. Il est possible, en
utilisant un béton chaud (15 à 25 °C), préparé en usine, d’envisager de bétonner,
mais seulement si le programme des travaux l’exige et ne permet pas d’attendre
une remontée des températures.
121
Chapitre
6
●
• La mise en œuvre
4.3.1. 2 - Bétonnage par temps de pluie
Si la bruine ne présente aucun inconvénient et même peut être favorable au comportement du béton, en cas de pluie ou d’averses importantes, on court le risque
de dégrader les dalles par l’effacement du striage, le délavage de la surface et
l’élimination du produit de cure et enfin l’effondrement des bords de dalle. Il faut
donc avoir toujours en réserve un rouleau de film de polyéthylène qui sera
déroulé pour protéger la partie de béton trop fraîche pour résister aux atteintes des
précipitations.
●
4.3.1.3 - Bétonnage par temps chaud
Il faut éviter, dans ce cas, de faire coïncider le maximum de chaleur d’hydratation
du béton avec la période la plus chaude de la journée. Afin d’éviter les risques de
retrait important et de fissuration, il est préférable de commencer à bétonner en
début d’après-midi, ce qui permettra de compenser, par la fraîcheur relative de la
nuit, les effets de la plus forte chaleur dégagée par la prise du béton.
Dans le cas où le bétonnage doit s’effectuer directement sur la plate-forme (en
l’absence de géomembrane), constituée d’un matériau susceptible d’absorber une
partie de l’eau du béton, il sera nécessaire de réaliser, immédiatement avant le
bétonnage, un arrosage du support en évitant soigneusement la création de
flaques d’eau.
Enfin, en période où les gradients de températures journaliers sont importants
(> 12 °C), les délais pour effectuer le sciage devront être réduits afin d’éviter tout
risque de fissuration des dalles.
Les précautions à prendre en fonction des paramètres de température et
d’hygrométrie sont données dans le tableau 21.
122
Tableau 21 : précautions à prendre en fonction des conditions climatiques
TEMPÉRATURE
EXTÉRIEURE
De 5 à 20 °C
De 20 à 25 °C
De 25 à 30 °C
Au-dessus
de 30 °C
HYGROMÉTRIE
De 60 à 100 %
De 50 à 60 %
De 40 à 50 %
< 40 %
Conditions normales de bétonnage
Conditions
normales
de bétonnage
Cure renforcée
Cure renforcée
et arrosage de
la fondation
Cure renforcée
Bétonnage
à partir de 12 heures
Cure renforcée
Bétonnage à
partir de 12 heures
Cure renforcée
et arrosage maintenu
de la plate-forme
Arrosage maintenu
de la plate-forme
Cure renforcée et
arrosage maintenu de
la plate-forme
Pas de bétonnage
sans mesures
spéciales
4.3.2 - Bétonnage
La vibration du béton est une opération obligatoire. Réalisée avec soin, elle
confère au béton une grande compacité, des caractéristiques mécaniques élevées
et par conséquent une grande durabilité.
Il existe deux modes de vibration :
– la vibration externe : le béton est vibré en surface (règle vibrante, vibrofinisseur) ;
– la vibration interne ou pervibration : le béton est vibré à l’aide d’aiguilles
vibrantes immergées dans le matériau (cas des aiguilles vibrantes et des
machines à coffrage glissant).
Durant cette opération, il est important de considérer les éléments suivants :
– dans le cas d’une mise en œuvre par vibration externe, le béton est d’abord
étalé puis vibré à l’aiguille notamment le long des coffrages avant le passage de
la règle ;
– dans le cas d’une mise en œuvre à la machine à coffrage glissant, la fréquence
de vibration doit être réglée en fonction de la consistance du béton ; celle-ci,
mesurée au cône d’Abrams, doit se situer dans une fourchette de 2 à 5 cm.
On veillera tout particulièrement à ce que l’approvisionnement en béton assure un
niveau constant du matériau dans la chambre de pervibration. Différents procédés
de mise en œuvre du béton existent. Le choix de l’un ou de l’autre de ces procédés se fait en tenant compte du type de chantier à réaliser, de la géométrie du projet, de l’emprise disponible de part et d’autre du revêtement, etc.
123
Chapitre
6
• La mise en œuvre
Les procédés de mise en œuvre sont les suivants :
– mise en œuvre à l’aiguille et à la règle vibrante ;
– mise en œuvre au rouleau Striker ;
– mise en œuvre au vibrofinisseur ;
– mise en œuvre à la machine à coffrage glissant.
●
4.3.2.1 - Mise en œuvre à l’aiguille et à la règle vibrantes
C’est la méthode la plus simple. L’approvisionnement en béton se fait par
camions-toupies. Le béton est d’abord étalé manuellement, puis vibré à l’aiguille,
notamment le long des coffrages avant le passage de la poutre vibrante. On réalise ainsi de 50 à 100 mètres linéaires de chaussée par jour.
Les joints sont le plus souvent moulés dans le béton frais, cette solution étant la
plus économique. Ils peuvent également être sciés dans le béton durci. Après le
moulage des joints, on procède au traitement de la surface du béton et à la cure.
Équipement nécessaire à l’entreprise :
– 200 m de coffrage ;
– 2 à 3 aiguilles vibrantes ;
– règle vibrante ;
– petits matériels de
striage ou balayage
et cure ;
– une petite machine
de sciage du béton.
Mise en œuvre à l’aiguille
et à la règle vibrantes.
124
●
4.3.2.2 - Mise en œuvre au striker
Le rouleau striker est un nouveau matériel destiné à la mise
en œuvre d’une voirie en béton. Il est constitué d’un tube
en acier entraîné en rotation par un moteur thermique et
hydraulique. Il prend appui sur des coffrages et est tiré
manuellement par deux ouvriers. Le poids du tube et la
rotation en sens inverse au déplacement permet de conférer au béton d’une part une compacité optimale garantissant des résistances mécaniques élevées et, d’autre part,
une homogénéité du béton sur toute l’épaisseur de la dalle
permettant l’obtention d’une mosaïque homogène dans le
cas du béton désactivé.
Mise en œuvre au striker.
●
4.3.2.3 - Mise en œuvre au vibro-finisseur
Le vibro-finisseur est muni de trois poutres. Il se déplace sur des rails qui servent
en même temps de coffrage. L’écartement réglable de cette machine peut
assurer la mise en place du béton sur une largeur allant de 1 à 5 mètres.
L’approvisionnement en béton, par camions-toupies, peut être frontal ou latéral.
Le déversement et la répartition du béton doivent être réalisés de manière à
obtenir une couche uniforme devant la machine. Le béton est réglé, vibré et lissé
successivement par les trois poutres du vibro-finisseur, qui permet de réaliser 200 à
250 mètres linéaires de chaussée par jour. L’exécution des joints, du traitement de
surface (striage ou balayage, cure) se fait de la même manière que pour la mise
en œuvre à la poutre et à l’aiguille vibrantes.
Équipement nécessaire
à l’entreprise :
– 500 m de coffrages rails ;
– un vibro-finisseur ;
– petits matériels de striage
ou balayage et cure ;
– une petite machine
de sciage du béton.
Mise en œuvre
au vibro-finisseur.
125
Chapitre
6
●
• La mise en œuvre
4.3.2.4 - Mise en œuvre à la machine à coffrage glissant
La mise en œuvre à la machine à coffrage glissant présente de nombreux avantages :
– économie de main d’œuvre ;
– dans la mesure où le volume de travaux est suffisant pour assurer le plein emploi
de la machine, des économies d’échelle substantielles permettent d’obtenir des
coûts très compétitifs ;
– meilleure qualité dans la réalisation des ouvrages ;
– rapidité d’exécution des chantiers, qui réduit considérablement la gêne créée
pour les usagers des voies sur lesquelles les travaux sont exécutés.
Le principe général de fonctionnement de ces machines est le suivant. Le béton
est introduit dans un moule à la forme voulue. Il est puissamment vibré par des
aiguilles vibrantes placées à l’intérieur du moule, ce qui assure son serrage et la
tenue de l’ouvrage dès sa sortie du coffrage. Le moule est tracté et guidé par un
ensemble châssis automoteur, lui-même guidé en nivellement et en direction par fil.
Les matériels proposés sur le marché en France diffèrent par la conception de l’ensemble tracteur et par la conception de la fixation du moule à l’élément tracteur.
On peut distinguer :
– les machines portées par deux, trois ou quatre chenilles, le moule étant placé
entre chenilles ou à l’extérieur de celles-ci ;
– les machines portées par deux ou quatre chenilles ne travaillant qu’en déporté,
caractérisées par un poids élevé nécessaire pour assurer leur stabilité ;
– les machines portées par trois chenilles à géométrie variable.
Certaines machines sont équipées d’une fraise
qui règle parfaitement le sol afin de permettre
au moule de glisser sur une surface plane (ce
qui élimine les pertes de béton et maintient la
pression dans le moule à un niveau élevé). Dans
cette catégorie de machines, certaines exécutent le fraisage et le moulage de l’ouvrage en
une seule opération, d’autres nécessitent deux
passages.
Mise en œuvre à la machine
à coffrage glissant.
126
4.3.3 - le talochage
Le talochage est fortement recommandé car il
permet de corriger les éventuelles irrégularités à la surface du béton.
Le talochage.
4.3.4 - La confection des joints
La réalisation correcte des joints est une condition essentielle à la pérennité de la
voirie. Les joints de retrait/flexion, moulés ou sciés, doivent présenter des espacements tels que définis dans le tableau 22.
Tableau 22 : espacement des joints de retrait/flexion en fonction de l’épaisseur de la dalle
Épaisseur de la dalle (cm)
Espacement des joints (m)
12
3,00
13
3,25
14
3,50
15
3,75
16
4,00
17
4,25
18
4,50
19
4,75
20
5,00
L’exécution des joints transversaux de retrait/flexion s’effectue de deux manières.
●
4.3.4.1 - Exécution des joints moulés
Les joints moulés doivent être exécutés aussitôt
après la mise en œuvre du béton. Ils doivent avoir
une profondeur minimale égale au quart de
l’épaisseur de la dalle béton. Ils sont réalisés par
enfoncement dans le béton frais d’une languette ou
profilé en plastique, en contre-plaqué ou en bois
aggloméré, d’épaisseur comprise entre 3 et 5 mm,
qui demeurera dans le béton après son durcissement. Après achèvement du joint, la surface du
béton doit être rectifiée par talochage.
Mise en place
d’un joint moulé.
127
Chapitre
6
●
• La mise en œuvre
4.3.4.2 - Exécution des joints sciés
Le sciage des joints doit être exécuté lorsque le béton
de la dalle a suffisamment durci pour éviter que la
scie ne laisse des traces à la surface du béton, donc
obligatoirement après l’opération de cure du béton
frais. Il est capital de bien choisir le moment du
sciage. Ce délai varie entre 6 et 48 heures, après le
Réalisation d’un joint scié.
bétonnage, en fonction des caractéristiques du béton
et des conditions climatiques. Ces joints sont réalisés à l’aide d’une machine à
disques diamantés réglée sur une profondeur de l’ordre du quart ou du tiers de
l’épaisseur de la dalle. La largeur de sciage est d’environ 3 à 4 mm.
Nota
Pour la réalisation des joints de construction ou d’arrêt de bétonnage, il
convient de retailler la dalle à 90° afin d’obtenir un bord franc, et de la solidariser avec la coulée de béton suivante, à l’aide de goujons de 30 mm de
diamètre, placés dans le sens longitudinal, à mi-hauteur de la dalle et espacés de 0,75 mètres.
4.3.5 - Traitement de surface
Après la mise en œuvre du béton, la surface du revêtement présente un aspect uni,
plein et plan. On cherche alors à lui conférer de bonnes qualités antidérapantes. Ces
dernières résultent d’une combinaison adéquate de micro et de macrorugosité.
Béton imprimé : application des matrices.
Brossage du béton.
128
Le passage d’une toile de jute humidifiée permet d’enlever la laitance de surface et de mettre en relief les grains de sable. On
obtient ainsi une texture de type « papier de verre » qui présente
une bonne microrugosité.
Pour améliorer le drainage, plusieurs techniques de traitement
de surface ont été mises au point, répondant aux exigences de
sécurité, d’adhérence, d’esthétique et d’intégration à
l’environnement. On peut citer à ce propos, le brossage, le
striage, le rainurage, le cloutage, le dénudage, le bourchardage et
le béton imprimé.
Béton désactivé :
lavage au jet d’eau.
Nota
Le béton peut être coloré dans la masse plus facilement que bien d’autres
matériaux.
4.3.6 - La cure du béton
Pour éviter la dessiccation de la surface de la dalle de béton sous
l’effet des agents atmosphériques (vent, soleil, variation de
l’hygrométrie...), on procède immédiatement après la mise en
œuvre du revêtement, à la protection du béton. Celle-ci peut
être réalisée soit par la mise en place d’un film en polyéthylène,
soit par la pulvérisation d’un produit de cure. Le tableau 23 précise, pour chaque technique de traitement de surface, les dispositions à prendre pour assurer une bonne protection du béton.
Pulvérisation du produits de cure.
Tableau 23 : dispositions à prendre pour assurer une bonne protection du béton
pour chaque technique de traitement de surface
PROTECTION
Produit de cure
TECHNIQUE
DE TRAITEMENT
Brossage
Striage
Cure immédiatement après le traitement
Cloutage
Désactivation
Cure avant et après désactivation, sauf si le désactivant fait office d’un produit de cure
Bouchardage
Cure avant bouchardage
Béton imprimé
Cure après le traitement (empreinte) mais avant la protection (cire)
129
Chapitre
6
• La mise en œuvre
4.3.7 - Travail sous circulation
Dans le cas où les travaux sont effectués avec maintien du trafic, la mise en œuvre
du revêtement en béton est réalisée par demi-chaussées. Il est recommandé alors
de solidariser les deux bandes adjacentes du revêtement soit en façonnant une clé
constituée de formes conjuguées, soit en utilisant des fers de liaison transversaux
pour maintenir l’alignement vertical des bandes adjacentes et limiter l’ouverture
du joint longitudinal (figure 25).
d
Clé
d
Fers de liaison
Figure 25 : schémas de joints longitudinaux de construction.
4.3.8 - La remise en circulation
Elle est possible dès que le béton a atteint, in situ, 20 MPa en compression. Ceci
correspond à un délai d’environ :
– 2 à 3 jours pour les bétons traditionnels ;
– 18 à 24 heures pour les bétons à performances rapides ;
– 4 à 6 heures pour les bétons spéciaux à base de ciment alumineux fondu ou du
ciment prompt naturel.
130
5. Réalisation d’une couche
d’assises en béton poreux
Le béton poreux est un matériau pour couche d’assises comportant un réseau de
vides communicants entre eux et avec l’extérieur. Ces vides, d’une taille suffisante, permettent à l’eau d’y être stockée temporairement, d’y circuler et d’être
évacuée vers un exutoire et ce de façon durable. Pour obtenir ces vides de façon
permanente, on utilise des granulométries fortement discontinues et on limite la
proportion du mortier. Ces vides sont le fait de la composition du béton et non
d’un serrage insuffisant. Du fait de leur utilisation en couche d’assises, les bétons
poreux jouissent de spécifications moins contraignantes que les bétons drainants
et il offrent, en particulier, la possibilité :
– d’utiliser de gros granulats ;
– de réduire le dosage en ciment (par exemple 150 kg/m ).
3
L’essentiel étant d’obtenir une porosité ouverte importante ainsi que des résistances mécaniques comparables à celles des graves traitées aux liants hydrauliques.
5.1 - Textes de référence
Il existe quatre documents de référence relatifs à la réalisation d’une couche
d’assises en béton poreux :
– guide technique, Chaussées en béton, SETRA/LCPC,1997 ;
– guide technique, Chaussées urbaines en béton, CERTU - LCPC - IVF,1996 ;
– guide technique, Chaussées poreuses urbaines, CERTU,1999 ;
– norme NF P 98-170 « Chaussées en béton de ciment – Exécution et contrôle ».
5.2 - Fabrication et transport
Le béton poreux est composé :
• d’une faible quantité de sable 0/5 mm : 100 à 200 kg/m ;
• de gravillons concassés : 20/40 mm ;
3
131
Chapitre
6
• La mise en œuvre
• de ciment CEM I ou CEM II de classes 32,5, 42,5 ou 52,5 avec un dosage de
l’ordre de 150 à 250 kg/m ;
• de l’eau ;
• de l’adjuvant entraîneur d’air ;
• de l’adjuvant type super plastifiant ou colloïde pour améliorer l’adhérence du
mortier sur les granulats pendant le transport et la mise en œuvre.
3
Avec une telle formulation, la porosité du béton poreux peut être d’environ 20 à
30 %. La fabrication de ce matériau ne pose aucun problème particulier. Elle peut
se faire soit en centrale discontinue de malaxage – de chantier ou d’usine de béton
prêt à l’emploi – soit en centrale continue type graves traitées aux liants hydrauliques.
Le transport du matériau peut se faire soit en camions-bennes (système de transport adapté plus particulièrement aux bétons fermes et très fermes), soit en bétonnières portées (système de transport adapté plus particulièrement aux bétons
plastiques et très plastiques).
5.3 - Mise en œuvre du béton poreux
La mise en œuvre du béton poreux ne peut pas être faite à l’aide du matériel habituel de construction des revêtements en béton dense, c’est-à-dire en utilisant le
serrage par vibration interne.
En effet, celle-ci conduit – du
fait de la porosité élevée – à
une ségrégation importante
du mortier, provoquant la fermeture totale du matériau en
bas de couche et sa disparition totale en haut de couche.
Mise en œuvre
du béton poreux.
132
Il est donc conseillé d’utiliser un matériel serrant le matériau soit par compactage
soit par vibration superficielle. La maniabilité du matériau doit alors être adaptée à l’énergie de serrage utilisée. Seules l’expérience et les épreuves de convenance permettent de définir précisément la teneur en eau optimale pour chacun
des modes de mise en place.
5.3.1 - Influence des conditions climatiques
L’entreprise doit se tenir informée des conditions météorologiques afin de
prendre les dispositions nécessaires en cas de gel, de forte chaleur, de vent ou de
pluie (voir la fiche-type « Béton dense »).
5.3.2 - Bétonnage
La mise en œuvre du béton
poreux peut se faire de deux
façons :
– répandage et compactage
dans des conditions et avec
un matériel semblable à
ceux utilisés pour les
graves traitées aux liants
hydrauliques (niveleuses et
compacteurs) ;
– mise en œuvre au finisseur
par couche de 15 à 17 cm
maximum.
Mise en œuvre du béton poreux à la niveleuse et au compacteur.
Nota
L’utilisation d’un finisseur à table HPC (Haut Pouvoir de Compactage) procure
les meilleurs résultats en matière d’uni. Toutefois, pour une couche d’assises,
un finisseur normal est tout à fait convenable.
5.3.3 - Exécution des joints
Le béton poreux fera l’objet d’un calepinage s’il est surmonté d’un béton dense.
Dans ce cas il faut réaliser les joints du revêtement béton à l’aplomb des joints réalisés dans le béton poreux. Ces derniers sont réalisés par moulage ou sciage.
133
Chapitre
6
• La mise en œuvre
6. Réalisation
d’un revêtement
en béton drainant
Le béton drainant est un matériau pour couche de roulement comportant un
réseau de vides communicants entre eux et avec l’extérieur. Ces vides, d’une taille
suffisante, permettent à l’eau d’y être stockée temporairement, d’y circuler et
d’être évacuée vers un exutoire, et ce de façon durable. Pour obtenir ces vides de
façon permanente, on utilise des granulométries fortement discontinues et on
limite la proportion du mortier. Ces vides sont le fait de la composition du béton
et non d’un serrage insuffisant.
Aspect de surface
d’un béton drainant.
6.1 - Textes de référence
Il existe deux documents de référence relatif à la réalisation d’un revêtement en
béton drainant :
– guide technique Chaussées en béton, SETRA/LCPC,1997 ;
– norme NF P 98-170 « Chaussées en béton de ciment – Exécution et contrôle ».
134
6.2 - Fabrication et transport
Le béton drainant est composé :
• d’une faible quantité de sable 0/2 mm : 60 à 120 kg/m ;
• de gravillons concassés : 6/10 ou 10/14 ou 10/20 ;
• de ciment CEM I ou CEM II de classes 32,5, 42,5 ou 52,5 avec un dosage de
l’ordre de 300 à 400 kg/m ;
• de l’eau : 70 à 100 l/m ;
• de l’adjuvant entraîneur d’air ;
• de l’adjuvant type super plastifiant ou colloïde pour améliorer l’adhérence du
mortier sur les granulats pendant le transport et la mise en œuvre.
3
3
3
Avec une telle formulation, la porosité du béton drainant peut être d’environ 15 à
20 %. La fabrication de ce matériau ne pose aucun problème particulier. Elle peut
se faire soit en centrale discontinue de malaxage – de chantier ou d’usine de béton
prêt à l’emploi – soit en centrale continue type graves traitées aux liants hydrauliques. Le transport du matériau se fait en général en camions-bennes.
6.3 - Mise en œuvre du béton
La mise en œuvre du béton drainant ne peut être faite à l’aide du matériel habituel de construction des revêtements en béton dense, c’est à dire en utilisant le
serrage par vibration interne. En effet, celle-ci conduit – du fait de la porosité élevée – à une ségrégation importante du mortier, provoquant la fermeture totale du
matériau en bas de couche et sa disparition totale en haut de couche. Il est donc
conseillé d’utiliser un matériel serrant le matériau soit par compactage soit par
vibration superficielle. La maniabilité du béton doit alors être adaptée à l’énergie
de serrage utilisée. Seules l’expérience et les épreuves de convenance permettent
de définir précisément la teneur en eau optimale pour chacun des modes de mise
en place.
6.3.1 - Influence des conditions atmosphériques
L’entreprise devra se tenir informée des conditions météorologiques afin de
prendre les dispositions nécessaires en cas de pluie, vent, forte chaleur ou gel
(voir la fiche type « béton dense »).
135
Chapitre
6
• La mise en œuvre
6.3.2 - Matériels de mise en œuvre
La mise en œuvre du béton drainant peut se
faire de trois façons :
– répandage et compactage dans des
conditions et avec un matériel semblables
Mise en œuvre du béton drainant au finisseur.
à ceux utilisés pour les graves traités aux
liants hydrauliques : niveleuse et compacteurs ;
– mise en œuvre au finisseur ;
– mise en œuvre au finisseur à table HPC (Haut Pouvoir de Compactage) si
l’épaisseur de la couche de béton drainant est supérieure à 7 cm.
Nota
Pour obtenir un uni satisfaisant le finisseur à enrobé est actuellement le
matériel le mieux adapté pour mettre en œuvre le béton drainant. La mise
en œuvre se fait par couches de 15 à 17 cm maximum sans compactage
ultérieur.
6.3.3 - Exécution des joints
Pour le revêtement en béton drainant, compte tenu de la difficulté de mouler un
joint dans un matériau à forte porosité, il est plus judicieux de scier les joints. Cette
opération doit se faire dans un délai allant de 6 h à 48 h après le bétonnage.
Ce délai est fixé en tenant compte de la formulation du béton et des conditions
atmosphériques régnant au moment de la mise en œuvre. L’espacement des
joints est le même que celui d’un revêtement en béton dense (voir le tableau 23).
6.3.4 - Cure du béton drainant
Comme tous les matériaux traités aux liants hydrauliques, le béton drainant doit
recevoir, aux jeunes âges, une protection efficace. Compte tenu de la porosité
ouverte du matériau, l’utilisation du traditionnel produit de cure n’est pas adaptée. Pour un revêtement en béton drainant, la protection est assurée en recouvrant
la surface du revêtement par un film en polyéthylène qui sera maintenu en place
pendant 2 à 3 jours.
136
7. Réalisation
d’un revêtement
modulaire en béton
Un revêtement modulaire en béton est constitué de produits manufacturés en
béton (pavés et dalles). Ces produits peuvent être imperméables ou perméables.
Dans le premier cas, le drainage est assuré par les joints et, dans le second cas, le
drainage est assuré conjointement par la porosité du produit et par les joints.
7.1 - Textes de référence
Il existe trois documents de référence relatifs à la réalisation d’un revêtement modulaire en béton :
– fascicule 29 du CCTG, Travaux, construction, entretien
des voies, places et espaces publics, pavés et dallés en
béton ou en roche naturelle ;
– norme NF P 98-335 « Mise en œuvre des pavés et
dalles en béton, des pavés en terre cuite et des pavés
et dalles en pierre naturelle » ;
– guide, Aménagements urbains et produits de voirie en
béton – conception et réalisation, FIB – CIMBÉTON –
CERIB – LCPC – IVF – CERTU.
Chaussées réservoir
avec revêtement en pavés.
7.2 - Approvisionnement et stockage
La technique de fabrication des pavés et dalles et leur contrôle permettent
d’obtenir un revêtement esthétique d’une durabilité excellente sous réserve que
les manipulations avant la pose n’altèrent en rien les caractéristiques du produit et
que leur pose soit satisfaisante. Ces considérations imposent un minimum de soins
lors du déchargement des produits, de leur stockage et de leur distribution sur le
chantier.
137
Chapitre
6
• La mise en œuvre
Le déchargement s’effectuera de préférence mécaniquement à l’aide d’un engin
de levage adapté aux conditionnements des produits : transpalette, fourche, pince
autoserrante. Les quantités de matériaux à approvisionner seront légèrement
supérieures aux quantités mesurées pour tenir compte, entre autres, des coupes
prévues dans le calepinage et de la constitution d’un stock de maintenance.
Le déchargement des pavés ou leur distribution sur le chantier sera effectuée sur
le pavage déjà réalisé. En général, les dalles sont livrées cerclées ; elles sont alors
déchargées sur le chantier par pinces autoserrantes à l’aide d’un engin de levage.
Une fois déchargées, les dalles doivent être rangées sur chant et isolées du sol (par
exemple grâce à des baguettes de bois).
7.3 - Mise en œuvre des pavés en beton
Le comportement du revêtement sous l’effet des charges verticales et des efforts
horizontaux est directement lié aux caractéristiques du revêtement et de sa mise
en œuvre. Compte tenu des efforts horizontaux (freinage, accélération, virages,
carrefours, etc.), l’influence de la technique de pose est fondamentale. Il convient
d’apporter un soin particulier à la réalisation des étapes suivantes :
– blocage des rives ;
– réalisation du lit de pose ;
– pose des pavés ;
– appareillage des pavés ;
– réalisation des joints ;
– travail sous circulation ;
– mise en service.
138
7.3.1 - Le blocage des rives
200 mm
Le soin apporté à la réalisation de cette phase est essentiel. L’importance du système de blocage à mettre en œuvre est fonction du niveau des efforts horizontaux prévisibles et donc de la nature du trafic. Le plus souvent, ce blocage peut
être réalisé au moyen de bordures et/ou de caniveaux en béton préfabriqué ou au
moyen d’une longrine en béton coulé en place (figures 26 et 27).
100 mm
25 mm
Pavés
Lit de sable
Assise
Fondation
300 mm
Couche de fondation
Longrine en béton
voire béton armé coulé in situ
Pavés
Lit de pose
Couche de base
Couche de fondation
Figure 26 et 27 : exemples de blocages de rives.
139
Chapitre
6
• La mise en œuvre
7.3.2 - La réalisation du lit de pose
Le lit de pose doit avoir une épaisseur nominale de 3 cm plus ou moins 1 cm. Elle
doit être constante pour éviter les risques de tassements différentiels (figure 28),
en particulier dans les zones de vibration, de circulation intense et en cas
d’infiltrations qui entraînent les fines – ce qui implique que la pente de la couche
d’assise soit la même que celle du revêtement final. Une réception altimétrique de
la couche d’assise est à réaliser contradictoirement avant tout autre intervention.
En outre, la couche d’assise poreuse doit être recouverte d’un géotextile pour éviter la migration du sable.
point dur
OUI
NON
NON
Figure 28 : dispositions constructives pour le lit de pose.
Le lit de pose, nivelé à la règle, est réalisé à l’avancement ; il n’est pas compacté.
Il est impératif de ne pas détruire sa planéité, par exemple en marchant dessus, le
paveur se tenant sur les pavés posés. Un lit de pose réglé avec soin facilite la pose
des pavés et évite notamment les défauts de planéité du revêtement final.
Le choix du matériau constituant le lit de sable doit être guidé de préférence vers
des sables de bonne qualité (dureté), siliceux ou silico-calcaires, propres, de ganulométrie continue (0/5) et exempts d’éléments argileux ou organiques (PS > 60°).
En cas de réalisation sur des zones fortement sollicitées (rampe importante,
courbe, présence d’eau, technique de nettoyage agressive, etc.), la pose doit
être effectuée sur sable stabilisé. Ce matériau est obtenu par incorporation d’un
ciment dans le sable de pose sans apport d’eau. Le dosage en ciment (par
exemple CEM II/A 32,5 N) est compris entre 100 et 150 kg/m .
3
Nota
La pose des pavés sur mortier est à proscrire.
140
7.3.3 - La pose des pavés
La pose proprement dite s’effectue, le poseur ou la
machine étant face à l’avancement, c’est-à-dire placé sur
le travail déjà réalisé. Les pavés sont posés bord à bord,
à joints aussi serrés que possible (le cas échéant les écarteurs en contact). D’une façon générale et particulièrement pour les ouvrages de dimensions importantes, il
est nécessaire de vérifier la rectitude et le parallélisme
des rangs de pavés au moins tous les 4 à 5 m.
Pose des pavés à la machine.
7.3.4 - L’appareillage des pavés
La disposition des pavés les uns par rapport aux autres doit être réalisée de telle
sorte qu’elle n’entraîne pas la formation d’une ligne de joints droite continue dans
le sens principal de la circulation. Les appareillages les plus performants correspondent aux pavés posés à joints décalés (la ligne de joints est perpendiculaire au
sens du trafic) et aux pavés posés en chevrons ou aux pavés posés de telle sorte
que la ligne de joints continue soit la plus courte possible, en particulier dans le ou
les sens principaux de la circulation (figure 29).
Figure 29 : exemples d’appareillage de pavés.
7.3.5 - La réalisation des joints
Lorsque la pose des pavés est contrôlée et terminée, les joints sont remplis très
soigneusement de sable par balayage. Ce sable, différent de celui utilisé pour la
réalisation du lit de pose, doit être de bonne qualité et de granulométrie compatible avec la largeur minimale des joints (par exemple un sable 0/1), tout en étant
étalée afin de lui assurer une bonne compacité en place. Les sables à granulométrie resserrée (par exemple : sable de dune) ne sont pas utilisés. Les joints peuvent être réalisés au sable stabilisé dans les mêmes conditions. En revanche, le
scellement des joints au mortier est à proscrire.
141
Chapitre
6
• La mise en œuvre
Un compactage est réalisé après le remplissage des joints et le balayage des excédents de sable en surface. Un matériel de compactage dynamique tel que dame
ou cylindre avec semelle ou jante caoutchoutée est recommandé. Dans le cas de
rives bloquées, il est préférable de compacter en premier lieu le centre de la surface en progressant vers les rives.
Après chaque passage du compacteur, les joints doivent être à nouveau garnis de
sable et la planéité constamment vérifiée. Si besoin, des opérations du regarnissage complémentaire des joints doivent être envisagées après ouverture à la circulation.
7.3.6 - Travail sous circulation
Dans le cas exceptionnel où les travaux sont effectués sous circulation, le pavage
est réalisé par demi-voie, une zone de 50 cm minimum exécutée en première
phase étant reprise dans la deuxième partie des travaux ou en réalisant un blocage
de rive efficace lors de la première phase.
7.3.7 - Mise en service
Elle s’effectue dès que le garnissage des joints a été achevé. Des garnissages complémentaires, après mise en service, peuvent se révéler nécessaires.
7.4 - Mise en œuvre des dalles en béton
La mise en œuvre des dalles peut présenter plusieurs cas :
– technique de pose sur lit de sable ou sable stabilisé ;
– technique de pose sur mortier ;
– technique de pose sur plots...
Dans le cas d’une circulation de véhicules de plus de 3,5 t, la pose sur mortier est
à proscrire.
142
7.4.1
Technique de pose sur lit de sable
-
Dans ce cas, les facteurs d’un bon comportement du revêtement sont décrits pour
chacune des étapes suivantes :
– blocage des rives ;
– réalisation du lit de pose ;
– pose des dalles ;
– réalisation des joints ;
– travaux sous circulation ;
– mise en service.
●
7.4.1.1 - Le blocage des rives
Pour s’assurer la bonne tenue du dallage, il est impératif, en particulier dans le cas
d’efforts horizontaux, de lui assurer une butée en rive réalisée par exemple par des
bordures scellées, ou encastrées dans la fondation, soit par des longrines en béton.
●
7.4.1. 2 - La réalisation du lit de pose
L’épaisseur du lit de pose est aussi faible que possible après compactage (2 à
4 cm) tout en évitant les contacts directs de la dalle avec l’assise (points durs). À
cet égard, la figure 30 illustre ce qu’il convient de réaliser et ce qu’il faut éviter.
point dur
Figure 30 : disposition constructive pour le lit de pose.
Le lit de pose nivelé à la règle (métal léger, bois ou madrier droit) est réalisé à
l’avancement. Il n’est pas compacté. Il est impératif de ne pas détruire sa planéité,
par exemple en marchant dessus. Un lit de pose réglé avec soin facilite la pose des
dalles et évite notamment les défauts de planéité du revêtement final. La tolérance
sur la régularité de surface (planéité) ne doit pas excéder 1 cm à la règle de 3 m.
Le choix du matériau constituant le lit de pose doit être guidé de préférence vers
des sables de bonne qualité (dureté), siliceux ou silico-calcaires, propres, de granulométrie continue (0/5) et exempts d’éléments argileux ou organiques.
143
Chapitre
6
• La mise en œuvre
Pose par ventouses.
●
7.4.1.3 - La pose des dalles
La pose proprement dite s’effectue, le poseur étant face à l’avancement, c’est à
dire placé sur le travail déjà réalisé, en veillant à ne pas détruire la planéité du lit
de pose, par exemple en circulant dessus. Les dalles sont affermies vigoureusement à l’aide d’un outil approprié. D’une façon générale, et particulièrement pour
les ouvrages de dimensions importantes, il est nécessaire de vérifier la rectitude
et le parallélisme des rangs de dalles au moins tous les 4 à 5 m.
●
7.4.1.4 - La réalisation des joints
Lorsque la pose des dalles est contrôlée et terminée, les joints sont remplis soigneusement de sable ou de sable stabilisé par balayage. Ce sable sera de bonne
qualité et de granulométrie compatible avec la largeur minimale des joints (par
exemple 0/1). La granulométrie du sable sera étalée afin de lui assurer une bonne
compacité en place. Les sables à granulométrie trop resserrée (par exemple le
sable de dune) ne seront pas utilisés.
144
Le garnissage est effectué à refus. La surface de l’ouvrage est ensuite balayée afin
de la débarrasser des granulats en excédent sur les dalles. Si besoin, des opérations de regarnissage complémentaire des joints doivent être envisagées après
ouverture à la circulation.
Dans le cas d’une pose sur lit de sable, le remplissage des joints par mortier est
une erreur car dans ce cas les joints ne peuvent plus absorber les déformations
subies par les dalles désolidarisées de la couche de pose.
Remarque
Dans le cas particulier des dalles de grandes dimensions (supérieur à 1m x 1 m),
généralement d’une épaisseur plus importante, le lit de pose, d’environ 8 cm
d’épaisseur, compacté et réglé fin peut être constitué soit de gravillons concassés,
soit de sable dont les caractéristiques et les fuseaux sont précisés par le fabricant.
La pose des dalles, s’effectue à l’aide d’un engin de capacité suffisante, équipé
soit d’un palonnier muni de clés de manutention, soit de ventouses. Entre les
dalles, le joint d’environ 5 mm est rempli de sable fin, à l’avancement et en fin de
chantier (figure 31).
Il est à noter que la grande dimension des dalles, ainsi que le lit de pose en gravillons concassés assurent une très bonne répartition des surcharges sur l’assise.
Dalle
Sable
Couche de base
Figure 31 : dispositions constructives du lit de pose
pour les dalles de grandes dimensions.
●
7.4.1.5 - Travail sous circulation
Dans le cas exceptionnel où les travaux sont effectués sous circulation, le dallage
est réalisé par demi-voie, une zone de 50 cm minimum exécutée en première
phase étant reprise dans la deuxième partie des travaux ou en réalisant un blocage
de rive efficace lors de la première phase.
145
Chapitre
6
●
• La mise en œuvre
7.4.1.6 - Mise en service
Elle s’effectue dès que le garnissage des joints a été achevé. Des garnissages complémentaires, après mise en service, peuvent se révéler nécessaires.
7.4.2 - Technique de pose sur lit de sable stabilisé
Cette technique est une variante de la pose sur sable. Son application se justifie en
cas de problèmes particuliers (forte pente, présence d’eau, technique de nettoyage agressive, etc.) lorsqu’il y a un risque de migration des fines sous l’action
de l’eau. Ce matériau est obtenu par incorporation d’un ciment dans le sable de
pose sans apport d’eau (par exemple CEM II/A ou B 32,5 N). Le dosage en ciment
est au plus égal à 150 kg/m .
3
7.4.3 - Technique de pose sur mortier
Dans ce cas, les facteurs d’un bon comportement du revêtement sont décrits pour
chacune des étapes suivantes :
– réalisation du lit de pose ;
– pose des dalles ;
– réalisation des joints.
●
7.4.3.1 - La réalisation du lit de pose
L’épaisseur du lit de pose en mortier est au minimum de 3 cm. Le dosage en ciment
(par exemple : CEM II/A ou B 32,5 N) est au minimum de 250 kg par m de sable
sec. Il est également possible d’utiliser un mortier bâtard.
Le mortier est préparé ou approvisionné au fur et à mesure de l’avancement.
L’emploi de mortier desséché ou ayant commencé à faire prise est interdit.
3
●
7.4.3.2 - La pose des dalles
Les dalles sont humidifiées avant la pose qui s’effectue sur mortier frais avec des
joints de 6 à 8 mm.
146
Elles sont soumises, aussitôt après mise en place, à une pression vigoureuse destinée à rendre aussi uniforme que possible l’appui de la sous-face sur le mortier.
●
7.4.3.3 - La réalisation des joints
Les joints, dont l’épaisseur est de 6 à 8 mm, sont réalisés en coulis de ciment à
raison de 800 à 1 100 kg de ciment par m de sable sec. Des joints larges peuvent
être également réalisés au mortier de ciment à raison de :
– 350 à 400 kg de ciment par m de sable sec pour les joints balayés ou finis à
l’éponge ;
– 400 à 600 kg de ciment par m de sable sec pour les joints lissés à la truelle ou
tirés au fer.
3
3
3
Après réalisation des joints, il convient de faire le nettoyage du revêtement afin
d’éviter tout voile ou dépôt de coulis ou de mortier. Le mortier des joints est réalisé à partir d’un sable de granulométrie compatible avec la largeur des joints. Le
coulis de ciment est réalisé avec un sable fin (0,08/1mm, par exemple).
Dans le cas d’une pose sur mortier, il convient de réaliser des joints de dilatation.
Ces joints, qui doivent intéresser toute l’épaisseur du revêtement et du lit de pose,
sont distants d’environ 10 m. Leur largeur est voisine de 1 cm. Ils sont garnis d’un
matériau compressible (par exemple : bitume, polymère, néoprène...).
Le délais de remise en circulation, y compris la circulation de chantier, doit être
fixé par le CCTP et est en général de sept jours.
7.4.4 - Technique de pose sur plots
Le maître d’œuvre doit s’assurer que les résistances des plots et des dalles sont
adaptées à la destination visée.
La pose doit être réalisée avec soin en veillant en particulier à ce que les dalles
reposent bien sur leurs 4 angles afin d’éviter les phénomènes de boitement.
Pour les applications en protection d’étanchéité, il convient de se reporter soit aux
spécifications de la norme NF P 84-204 « DTU 43.1. Travaux de mise en œuvre.
Travaux d’étanchéité des toitures-terrasses avec éléments porteurs en maçonnerie »,
soit au Guide technique spécialisé des systèmes d’étanchéité des toitures-terrasses
avec protection par dalles sur plots approuvé par le Groupe Spécialisé n°5 (document disponible au CSTB).
147
Chapitre
6
• La mise en œuvre
Dalle béton sur plots :
composante esentielle
dans la création
des espaces urbains.
7.4.5 - Cas de points singuliers
À proximité des éléments fixes existants, tels les regards, des solutions telles que
le mortier coloré ou lavé, les éléments de petites dimensions, permettent
d’éviter les coupes parfois délicates à réaliser et préservent l’esthétique générale
du revêtement.
148