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Delphine Edy
  • AXES de recherche

    Théâtre contemporain de et en relations (littérature, sciences humaines sociales et réel)

    • Intermédialité, littérature et arts du vivant : actualisation et recréation.
    • Le théâtre européen contemporain au croisement des questions d’éthique, d’esthétique et de politique.
    • Écritures du soi en scène : autobiographie, autofiction, auto-sociographie, littérature des transfuges de classe.
    • Écritures dramatiques de l’Histoire et des violences : dictatures, migrations, communautés marginalisées.
    • Approche comparative de la traduction littéraire et des transferts culturels au plateau.
    • Mythocritique : réception des mythes antiques dans le théâtre contemporain, reconfiguration, réécriture.
    • Poétiques du genre : fiction et non-fiction – frontières entre les genres.
    • Critique policière comme méthode d'analyse de la scène contemporaine.
Encore un texte de Maja Zade qui interroge nos propres limites! Il est grinçant, drôle, fort et terriblement (trop) humain! Dani, enceinte de 22 semaines, a convié la famille de sa femme Birgit à leur gender reveal party et préparé un... more
Encore un texte de Maja Zade qui interroge nos propres limites! Il est grinçant, drôle, fort et terriblement (trop) humain!

Dani, enceinte de 22 semaines, a convié la famille de sa femme Birgit à leur gender reveal party et préparé un énorme gâteau pour l’occasion.  Une surprise qui enchante moyennement Birgit, juriste débordée qui elle-même ignore quel sera le sexe de leur futur enfant. Lorsque son père Harald, son frère Stefan accompagnée de sa petite-amie Sade arrivent, les dialogues deviennent venimeux, les familiarités blessantes, les vérités déprimantes. Que le gâteau soit bleu ou rose à l'intérieur n’intéresse plus personne.
Ouvrage largement remanié à partir de ma thèse de doctorat, soutenue en 2018 à Paris 4 et récompensée par une Mention Très Honorable avec les Félicitations du jury à l'unanimité. L'objectif étant de proposer ces analyses et réflexions à... more
Ouvrage largement remanié à partir de ma thèse de doctorat, soutenue en 2018 à Paris 4 et récompensée par une Mention Très Honorable avec les Félicitations du jury à l'unanimité. L'objectif étant de proposer ces analyses et réflexions à un plus large public.

En commande dans n'importe quelle librairie ou sur le site des https://www.lespressesdureel.com/ouvrage.php?id=9214&menu=1 et disponible dans toutes les bonnes librairies à partir du 19 septembre!

Comment les mises en scène de T. Ostermeier explorent les liens entre littérature et art théâtral pour questionner, à l'aide d'un réalisme complexe qu'il réinvente, ce que les œuvres ont à dire de la réalité politique et sociale de notre présent.
Que peut le théâtre aujourd'hui ? Que pouvons-nous encore en attendre ? à ces questions, le metteur en scène allemand Thomas Ostermeier, directeur de la Schaubühne à Berlin, répond sans détour : « le théâtre n'est pas l'endroit où l'on apporte des réponses, mais la scène où s'exposent les questions ».
Cet essai cherche à cerner l'identité artistique, esthétique et politique de Thomas Ostermeier et à interroger la manière dont il (re)crée la littérature en sondant l'espace entre littérature et scène qui permet de mieux saisir la reconfiguration du réel qu'il engage. En filigrane, se lit cette idée forte : c'est l'autre face du réel, celle qui ne fait qu'affleurer et se dissimule sous la forme de diverses hantises, qui est le véritable vecteur du sens.
Il s'agit donc d'observer l'extérieur de l'intérieur et l'intérieur de l'extérieur, et ainsi de donner voix et corps aux fantômes, en usant de l'œil de la comparatiste dont le nécessaire déplacement permet de saisir au plus près la démarche de Thomas Ostermeier qui recrée la vie des classiques dans le présent de la scène à l'aide d'un réalisme complexe qu'il réinvente, afin de dire quelque chose de la réalité politique et sociale de notre monde.
La préface de Valérie Dréville offre par ailleurs une clé supplémentaire pour mieux saisir la force et la place de cet artiste majeur pour la scène théâtrale contemporaine.

In his recent productions, T. Ostermeier investigates the links between literature and drama with complex, renewed realism to question what insights the works of the past can give us into today’s political and social reality. He always favours the in-betweens which enable him to break through the stifling inflexibility of literal interpretation and initiates a dialogue between the past and the present, the actual and the virtual, what is close at hand and what is distant.
His realism connects the visible surface of reality to its invisible depth – its double. He delves into this spectrality by focusing on the characters’ memory, their ghosts; on their language, hanging between translation and reworking, as their unsaid, repressed words speak loud; on space viewed as space between – thresholds, somewhere/nowhere, passages, pictures of all too present off-stage scenes or of elusive intimacy; on music too, echoing meaning in multiple layers. These ghost-like doubles are T. Ostermeier’s material to rebuild a meaningful present without ignoring its cracks and fault lines.
His productions should be analysed as an autonomous oeuvre which calls on literary works to make sense afresh, to voice the painful, timeless experience of the real and the political hope to rebuild the present. His constantly ‘deterritorialising’ theatre substantiates our ghosts – the flipside of our reality – so that we, spectators, may finally get a grasp on them. T. Ostermeier will not confine theatre and literature to merely interpreting the world, he wants them to dialogue in order to transform it.

ISBN : 978-2-37896-286-9
EAN : 9782378962869
La pièce sera jouée en janvier et février 2024 dans cette traduction au Théâtre de Liège et au Théâtre Varia de Bruxelles dans la mise en scène d'Héloïse Ravet, une jeune metteure en scène belge. Une tournée en Belgique et en France est... more
La pièce sera jouée en janvier et février 2024 dans cette traduction au Théâtre de Liège et au Théâtre Varia de Bruxelles dans la mise en scène d'Héloïse Ravet, une jeune metteure en scène belge. Une tournée en Belgique et en France est prévue. en 2024-2025.

Résumé

Une villa de vacances en Grèce. Christina, propriétaire d'une entreprise de produits chimiques et Michael, son copain plus jeune qu’elle et son employé, profitent de leurs vacances et attendent avec impatience la naissance de leur enfant. C'est alors que Robert, le frère de Christina, apparaît et confronte Michael, qui a engagé une enquête sur un accident au cours duquel des produits chimiques auraient pu contaminer le sol et la nappe phréatique. La dispute s'envenime, et lorsque Theresa, la meilleure amie de Christina, apporte d'autres mauvaises nouvelles, l'existence de l'entreprise et de la famille est menacée. Cette journée qui avait commencé dans le bonheur, se finit par un terrible scénario.
Œdipe utilise le mythe antique pour explorer comment une vie peut fondamentalement changer d'une seconde à l'autre. Que se passe-t-il lorsque ce que l'on a toujours considéré comme être la vérité se révèle soudain un mensonge ? Quand tout ce en quoi on croyait n'était que pure invention ? Quand une vie qui semblait sûre et pleine de privilèges s'écroule soudain en mille morceaux autour de nous ?
https://journals.openedition.org/pratiques/10383 Intitulée « Théâtre contemporain : Écritures et Représentations », cette nouvelle livraison de Pratiques fait suite aux cinq volumes précédents que la revue a consacrés au Théâtre et à... more
https://journals.openedition.org/pratiques/10383

Intitulée « Théâtre contemporain : Écritures et Représentations  », cette nouvelle livraison de Pratiques fait suite aux cinq volumes précédents que la revue a consacrés au Théâtre et à son enseignement (Numéros 15/16, 24, 41, 74 et 119/120). [...]

Conformément à la ligne éditoriale pluridisciplinaire de la revue, il entend mettre en débat des approches plurielles d’un même objet dans sa double dimension de pratique littéraire et d’art de la scène. Le projet a été planifié en deux parties.

La première, intitulée « Études des textes de théâtre : entre linguistique, stylistique, poétique, dramaturgie et ethnocritique » se veut essentiellement épistémologique au sens où elle a l’ambition, et on l’espère l’intérêt, de mettre en débat des disciplines qui contribuent à la connaissance des textes dramatiques.  [...]

Avec la deuxième partie (« Études de la représentation »), il s’agit de se pencher sur les rapports entre le texte et la scène, mais également sur les concepts de « représentation » et de « présentation » et donc de questionner les notions d'authenticité, de fidélité, de fabrication, de trahison et de vérité dans leur rapport au réel (D. Mérahi, 2017) sur les scènes contemporaines. [...]

Delphine Edy and André Petitjean
Introduction

Des écritures dramatiques contemporaines: entre linguistique, stylistique, poétique, dramaturgie et ethnocritique

Joseph Danan
Qu’est-ce qu’une approche dramaturgique d’un texte de théâtre ?
What is a dramaturgic approach to a theatre text?

Jean-Pierre Sarrazac
Qu'est-ce qu'une poétique des écritures dramatiques contemporaines ?

Michel Favriaud
La ponctuation dans les textes dramatiques contemporains

André Petitjean
De quelques aspects du théâtre jeunesse contemporain

Jean-Paul Dufiet
La dramaturgie sans action : Maeterlinck, Beckett, Lagarce

Alicia Devaux-Rodriguez
Pour une lecture ethnocritique de "J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne" de Jean-Luc Lagarce

Le réel en question sur la scène contemporaine européenne

Roxane Martin
Histoire et épistémologie de la notion de mise en scène
History and epistemology of the notion of “mise en scène”

Dossier

Diana Nechit
Les visages de Hedda Gabler dans la représentation contemporaine
La règle et le défi
The faces of Hedda Gabler in contemporary representation. The rule and the challenge

Jean-François Laplénie
Perplexes devant Perplexe
Le réalisme psychologique et sa subversion chez Marius von Mayenburg
Perplex in front of Perplex. Psychological realism and its subversion in Marius von Mayenburg

Danielle Merahi
Regard sur le théâtre britannique contemporain au prisme du réel

Delphine Edy
É. Louis et D. Eribon au théâtre : Performer le réel et documenter l’intime. L’autosociobiographie en scène
É. Louis and D. Eribon in the theater: Performing the real and documenting the intimate. Autosociobiography on stage

Montin Sandrine
Gunfactory et L’Herbe de l’oubli entre documents et témoignages
Gunfactory and L’Herbe de l’oubli (Oblivion Herb): two investigations by Compagnie Point Zéro

Entretiens avec des praticiens de la scène


De l’urgence à représenter le réel de notre monde
Entretien de Delphine Edy avec Thomas Ostermeier

Le réel saisi par l’écriture sur les scènes contemporaines
Entretien de Delphine Edy avec Stanislas Nordey

« La vie n’est réelle que lorsque je suis »
Entretien de Delphine Edy avec Eric Lacascade et Jérôme Bidaux

Autour des spectacles Gunfactory et L’Herbe de l’oubli, 9 août 2021 [Full text]
Entretien de Sandrine Montin avec Jean-Michel d’Hoop, metteur en scène de la Compagnie Point Zéro

Varia

Sophie Jollin-Bertocchi
« La référence scolaire : de la figuration littéraire aux modèles langagiers, l’exemple de Giono »

Alain Rabatel
Discours direct libre et parole intérieure
Free direct speech and inner speech

Mjid El garni
Genre et nombre des emprunts nominaux de l’arabe marocain au français : étude phonétique et morphologique
Gender and number of nominal borrowings of Moroccan Arabic from French: phonetic and morphological study

Jérôme Riou and Catherine Brissaud
La dictée au cours préparatoire, les conditions d’un enseignement efficace

Notes de lecture

Jacques-Philippe Saint-Gerand
Valentina Bisconti, Anamaria Curea, Rossana De Angelis, dirs, Héritages, Réceptions, Écoles en Sciences du langage : avant et après Saussure
Paris, Presses de la Sorbonne Nouvelle, 2019, 372 p.

Michel Favriaud
Emmanuelle Prak-Derrington, Magies de la répétition
Lyon, ENS Éditions, 2021
"Tout commence par un « choc esthétique » (p. 17) à la découverte des mises en scènes d’Ostermeier, et par la certitude que « le théâtre a quelque chose à nous apprendre de la littérature » (p. 18). L’ouvrage de Delphine Edy, construit à... more
"Tout commence par un « choc esthétique » (p. 17) à la découverte des mises en scènes d’Ostermeier, et par la certitude que « le théâtre a quelque chose à nous apprendre de la littérature » (p. 18). L’ouvrage de Delphine Edy, construit à partir d’analyse de spectacles du metteur en scène allemand, s’organise autour de ses adaptations de textes littéraires et invite à comprendre et à interroger sa singularité dans le paysage théâtral de son pays et, plus généralement, dans l’espace du théâtre européen contemporain.

2Par le biais d’une dramaturgie construite sur plusieurs niveaux, Ostermeier offre, selon Delphine Edy, un questionnement constant de la notion de réel. Cet ouvrage propose, en adoptant un point de vue comparatiste, une observation mouvante du travail du metteur en scène à l’aune de la notion de réel dont il questionne les limites et les frontières. L’utilisation du réel serait précisément permise, chez Ostermeier, par l’adaptation d’ouvrages littéraires au théâtre. Cependant, le metteur en scène opère le tour de force de s’appuyer sur une base de réel pour en explorer « l’autre face », pour en créer une nouvelle forme.

3De plus, si chaque aspect de la proposition scénique porte une interrogation de cette notion de réel, les différents aspects posent également, chacun à leur manière, la question du politique dans le théâtre contemporain. Delphine Edy met alors en avant les frontières de la narration et du réalisme, ses réinvestissements partiels et les limites qui maintiennent l’œuvre dans la possibilité d’un questionnement politique. La préface de Valérie Dreville oriente en outre la lecture vers une analyse du travail de l’acteur et vers une interrogation de la place de celui ou celle qui est en scène face à un autre".

Suite à découvrir ici : https://www.fabula.org/revue/document16748.php
En 2011, assistant à une mise en scène d’Othello par Ostermeier, à Sceaux, Delphine Edy est frappée par la foudre : « Une soirée inoubliable, un véritable choc esthétique. Le théâtre, ce soir-là, a la force de l’évidence. La vérité de... more
En 2011, assistant à une mise en scène d’Othello par Ostermeier, à Sceaux, Delphine Edy est frappée par la foudre : « Une soirée inoubliable, un véritable choc esthétique. Le théâtre, ce soir-là, a la force de l’évidence. La vérité de cette dramaturgie crée des ponts entre le monde élisabéthain et le nôtre, se conjugue à la force d’un théâtre en prise avec le présent dont il enregistre les tensions et les ruptures et se veut éminemment politique, en invitant le spectateur à être acteur dans l’histoire, à commencer par la sienne propre ».

Lire la suite en ligne : https://diacritik.com/2023/01/10/explorer-lautre-face-du-reel-pour-recreer-loeuvre-en-scene-thomas-ostermeier-par-delphine-edy/
Georges Banu a recensé mon livre sur le théâtre de Thomas Ostermeier dans un article intitulé "Les marges et le centre", publié dans le numéro 504 d'Artpress, novembre 2022, p. 15- 17. Merci à lui! à lire en ligne :... more
Georges Banu a recensé mon livre sur le théâtre de Thomas Ostermeier dans un article intitulé "Les marges et le centre", publié dans le numéro 504 d'Artpress, novembre 2022, p. 15- 17.

Merci à lui!

à lire en ligne : https://www.pressreader.com/france/artpress/20221025/281582359559626
L’œuvre d’Ibsen, à la différence de celles de Shakespeare, Molière ou Goethe, n’a été découverte et reconnue qu’en traduction [1] , et ce fait est loin d’être anecdotique. Des éléments biographiques expliquent naturellement cet état de... more
L’œuvre d’Ibsen, à la différence de celles de Shakespeare, Molière ou Goethe, n’a été découverte et reconnue qu’en traduction [1] , et ce fait est loin d’être anecdotique. Des éléments biographiques expliquent naturellement cet état de fait : dès 1864, Ibsen quitte la Norvège, et cet exil s’explique par les difficultés qu’il rencontre à se faire reconnaître sur la scène littéraire norvégienne. De ce fait, la majorité de son œuvre est écrite à l’étranger au cours de ces 27 années d’exil, et, dès la parution de Maison de poupée en 1878, il rencontre un vif succès européen puis international en écrivant « l’un des grands massifs créatifs de l’histoire [du théâtre] » [2] .
Le succès d’Ibsen est donc, dès le début, entièrement suspendu à l’opération de traduction, en tant que processus dynamique et re-créateur. Mais il l’est tout autant à la mise en scène, comprise comme actualisation au sens deleuzien, rappelant ainsi les « frontières poreuses entre traduction et création » [3] .
Plus que jamais en ces temps troubles, nous avons besoin de la littérature, besoin que les auteurs rayonnent, c’est la grande force de la traduction et de la mise en scène de pouvoir leur conférer la place qui leur revient, car elles garantissent « l’expérience du multiple, de ce qui ne cesse jamais d’advenir, de ce qui se donne toujours comme "plus d’un'"» [4] . C’est ce que je souhaiterais montrer en prenant appui sur la réception en Allemagne et en France des Revenants, cette pièce célèbre du « fondateur du modernisme théâtral » [5] , dont on sait qu’elle est à l’origine de « la percée internationale du théâtre scandinave » [6] .

Suite à découvrir en ligne sur le site de la SFLGC : https://sflgc.org/acte/delphine-edy-le-cas-ibsen-la-traduction-comme-moteur-de-la-creation-contemporaine/
Honorée et reconnaissante de voir publier mon article dans la "Mémoire vive de la littérature comparée, la revue Bibliothèque comparatiste de la SFLGC", qui accueille des articles de fond proposant un éclairage actuel sur des champs de... more
Honorée et reconnaissante de voir publier mon article dans la "Mémoire vive de la littérature comparée, la revue Bibliothèque comparatiste de la SFLGC", qui  accueille des articles de fond proposant un éclairage actuel sur des champs de recherche représentatifs de la Littérature générale et comparée. C'est à lire en ligne! https://sflgc.org/bibliotheque/edy-delphine-le-texte-en-scene-pour-une-analyse-augmentee-du-theatre/

Abstract :

Le lien entre l'art théâtral et la littérature est à la fois de l’ordre de l’évidence et d’une forme d’impensé. Entre textualité et théâtralité, cette dualité s'exacerbe très vite en une polémique qu'il faut dépasser pour comprendre les enjeux de cette relation. Le théâtre ajoute un auteur, le metteur en scène, et mêle la critique à la création en forçant les gens de théâtre à choisir pour créer une « œuvre seconde ». Après avoir dressé un état des lieux de ces rapports, en usant d’une approche à la fois historique et esthétique, il s’agit de proposer une réflexion méthodologique pour l'analyse de l'œuvre théâtrale, par essence en mouvement et éphémère : au-delà d’une approche structurelle, sémiologique, narratologique, sociologique, linguistique ou psychanalytique, il est aujourd'hui nécessaire d’articuler les approches des chercheurs en études littéraires et celles issues des études théâtrales pour les décloisonner et proposer une démarche qui inclue l'analyse dramaturgique d’un hypotexte, de son hypertexte et du travail de plateau. Il s'agit donc de penser de manière inter- et transdisciplinaire pour dessiner les passages et les relations qui, entre texte et scène, travaillent pour créer le propos du spectacle.

Drama and literature are connected in ways that to this day remain natural and yet ignored. Its dual nature combining textuality and theatricality is often the source of controversies which need to be laid to rest if one wants to understand what is at stake there. Theatre introduces the stage director as another author and mixes criticism with creation as it forces its practitioners to make choices and create a follow-up work. After examining where these relations stand today from a standpoint both historical and aesthetic, the objective will be to present a precise, relevant method for analysing the essentially mobile and fleeting theatrical productions. Beyond structural, semiotic, narratological, sociological, linguistic and psychoanalytical approaches, it is now necessary to combine the methods used by researchers in literature and those used by researchers in theatre studies. The approach that will be proposed includes the dramaturgical analysis of the hypotext, that of the hypertext and that of stage work. The reflection will have to be inter- and cross-disciplinary so that the passages and relations can be delineated as they work between text and stage to create the purpose of the performance.

ISSN: 2402-6530
Le retour à la Comédie-Française en 2022 de Thomas Ostermeier, directeur de la Schaubühne berlinoise, marque l’entrée au Répertoire du Roi Lear dans une nouvelle traduction d’Olivier Cadiot et souligne l’intérêt décidément marqué de... more
Le retour à la Comédie-Française en 2022 de Thomas Ostermeier, directeur de la Schaubühne berlinoise, marque l’entrée au Répertoire du Roi Lear dans une nouvelle traduction d’Olivier Cadiot et souligne l’intérêt décidément marqué de Thomas Ostermeier pour la question de la folie chez Shakespeare, qu’il choisit de démultiplier de manière kaléidoscopique sur le plateau.
Cette pièce magistrale du Barde, et plus largement le théâtre de Shakespeare, se prêtent particulièrement à l’approche inter- et plurimédiale, qu’il s’agisse du texte shakespearien lui‑même ou de son passage au plateau. L’épaisseur plurimédiale qui se crée dans l’actualisation scénique (en combinant nouvelle traduction, adaptation, ajout de la vidéo, et musique live) ne fait en effet que souligner l’intermédialité initiale à l’œuvre.
Il s’agit ici d’analyser à la fois les enjeux de cette nouvelle traduction et les choix dramaturgiques et scéniques de Thomas Ostermeier qui sont au service d’un projet esthétique fort que je propose de cartographier et d’interroger afin de lui donner la place qui lui revient dans une histoire interculturelle des mises en scène contemporaines du Roi Lear.

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"At the Comédie-Française, Enter King Lear — With a Flourish"

Thomas Ostermeier, the director of Berlin’s Schaubühne, comes back to the Comédie-Française in 2022 bringing King Lear into the Repertoire in a new translation by Olivier Cadiot, and his return is illustrating his marked interest in the question of madness in Shakespeare, which he has chosen to multiply in a kaleidoscopic way on the stage.
This masterful play and more broadly Shakespeare’s theatre lend themselves particularly well to an inter- and multi-media approach, both of the Shakespearean text itself and its transfer to the stage. The staging, which combines a new translation, adaptation, the addition of video and live music, creates multi-media layers underlining the initial intermediality at work.
The aim here is to analyze both the issues at stake in this new translation and Thomas Ostermeier’s dramaturgical and scenic choices, which serve a strong aesthetic project that I propose to map out and examine in order to give it its rightful place in an intercultural history of contemporary productions of King Lear.
En 2021, le public parisien aurait dû découvrir au Théâtre des Gémeaux de Sceaux la mise en scène de Thomas Ostermeier, le directeur de la Schaubühne, de Jugend ohne Gott, le célèbre roman d’Ödön von Horváth, adapté pour la scène, mais la... more
En 2021, le public parisien aurait dû découvrir au Théâtre des Gémeaux de Sceaux la mise en scène de Thomas Ostermeier, le directeur de la Schaubühne, de Jugend ohne Gott, le célèbre roman d’Ödön von Horváth, adapté pour la scène, mais la crise sanitaire en a décidé autrement.
Cette création dont la première a eu lieu au Festival de Salzbourg le 28 juillet 2019 fait partie d’un vaste projet théâtral, une tétralogie que forment Professeur Bernhardi (2016), Retour à Reims (2018), Nuit Italienne (2018) et Jeunesse sans Dieu, dans laquelle Ostermeier se confronte à la montée des idées d’extrême-droite dans le paysage politique contemporain en analysant les raisons qui sous-tendent cette évolution, ce qui l’amène à interroger les notions de responsabilité individuelle et de courage et à « fouiller la réalité », tout comme Horváth en son temps.
Il s’agit dans cette contribution de montrer de quelle manière l’écriture théâtrale d’Ostermeier répond à l’écriture dramatique d’Horváth, et comment le metteur en scène investit l’espace interstitiel entre le texte et la scène afin de souligner que le courage de dire la vérité appartient autant au présent qu’au passé – au livre qu’au plateau – et qu’il est plus urgent que jamais de refuser d’entrer dans « l’ère des poissons ».

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"Jugend ohne Gott von Thomas Ostermeier: ein mehrstimmiges Stück stellt die Realität unserer Welt in Frage".

2021 hätte das Pariser Publikum im Théâtre des Gémeaux in Sceaux die Inszenierung von Thomas Ostermeier, dem Leiter der Schaubühne, von Jugend ohne Gott, dem berühmten Roman von Ödön von Horváth, in einer Bühnenadaption erleben sollen, doch die Gesundheitskrise entschied es anders. Diese Inszenierung, die am 28. Juli 2019 bei den Salzburger Festspielen uraufgeführt wurde, ist Teil eines großen Theaterprojekts, einer Tetralogie, die aus Professor Bernhardi (2016), Rückkehr nach Reims (2018), Italienische Nacht (2018) und Jugend ohne Gott besteht, in der sich Ostermeier mit dem Aufstieg rechtsextremer Ideen in der zeitgenössischen politischen Landschaft auseinandersetzt, indem er die Gründe analysiert, die diese Entwicklung unterstützen, was ihn dazu veranlasst, die Begriffe von individueller Verantwortung und Mut zu hinterfragen und "die Realität auszugraben", so wie seinerzeit Horváth.
In diesem Beitrag geht es darum zu zeigen, wie Ostermeiers Theaterschreiben auf Horváths dramatisches Schreiben antwortet und wie der Regisseur den Zwischenraum zwischen Text und Bühne investiert, um zu betonen, dass der Mut, die Wahrheit zu sagen, ebenso zur Gegenwart wie zur Vergangenheit – zum Buch wie zur Bühne – gehört und dass es dringender denn je ist, sich dem "Zeitalter der Fische" zu verweigern.

Thomas Ostermeier - Ödön von Horváth – Ästhetik – Polyphonie – Aktualisierung – Politik

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"Jugend ohne Gott by Thomas Ostermeier: when polyphonic writing questions the reality of our world".

In 2021, Parisian audiences should have discovered Schaubühne director Thomas Ostermeier's production of 'Jugend ohne Gott', a stage adaptation of Ödön von Horváth's famous novel, at the Théâtre des Gémeaux in Sceaux, but the Covid crisis decided otherwise. It premiered at the Salzburg Festival on 28 July 2019 and is part of a vast theatrical project, a tetralogy comprising 'Professor Bernhardi' (2016), 'Return to Reims' (2018), 'Italian Night' (2018) and 'Youth without God'. These four productions confront the rise of far-right ideas in the contemporary political landscape by inquiring about the reasons underlying this development, which leads Ostermeier to question the notions of individual responsibility and courage and to 'excavate reality', just as Horváth did in his time.
The aim of this contribution is to show how Ostermeier's playwriting responds to Horváth's dramatic writing, and how the director invests the interstitial space between text and stage in order to emphasise that the courage to tell the truth belongs as much to the present as to the past - to the book as to the stage - and that it is more urgent than ever to refuse to enter the 'age of the fish'.

Thomas Ostermeier - Ödön von Horváth - aesthetics - polyphony - actualisation - politics
"The Interrogation" est un projet théâtral autobiographique qui « interroge » d’abord les doutes et les échecs, car il n’a jamais pu voir le jour dans sa forme initiale. Le détour par la fiction s’est imposé, et c’est Arne De Tremerie,... more
"The Interrogation"  est un projet théâtral autobiographique qui « interroge » d’abord les doutes et les échecs, car il n’a jamais pu voir le jour dans sa forme initiale. Le détour par la fiction s’est imposé, et c’est Arne De Tremerie, un double physique d’Édouard Louis – mais en flamand –, qui l’incarne au plateau, tout en étant doublé par la présence spectrale de l’original sur l’écran. Le dispositif métathéâtral et intermédial mis en œuvre permet alors de « rejouer » l’histoire d’Édouard Louis, la proposer au plateau « en acte » dirait Deleuze, au sens d’un « reenactment » cher à Milo Rau qui refuse le documentaire pur et crée « une disposition à l’imaginaire collectif par le détour du réel ». Le texte qui s’écrit en scène est hybride et fait dialoguer tous les textes d’Édouard Louis pour en dire la complexité et la construction singulières, dans un spectacle qui se construit en direct sous nos yeux.

"The Silence", le dernier projet dramaturgique de Falk Richter créé au TNS en septembre 2022, choisit d’interroger l’inaudibilité au sein de la famille. Il performe autour de l’expression « to silence someone », au travers de Stanislas Nordey qui porte sa voix sur scène. La forme hybride de la performance aux modes autobiographique, autofictionnel et fictionnel est toujours au service d’un je collectif qui trouve sa clarté et sa force dans la complicité que les deux artistes ont noué au fil des années, ainsi que la compréhension intime des enjeux qui impose une parole forte et urgente sur le plateau. Là aussi, le texte s’écrit au présent, devant nous ; on entend les tours, détours et retours d'un Falk Richter plus intime que jamais, qui choisit d'aller au bout de ce qu'il a à dire, malgré la honte, malgré la souffrance induite. L'alternance avec les projections vidéo qui présentifient les échanges qu'il a eus avec sa mère – en allemand – après la mort de son père, construit une véritable mise en scène intermédiale et sert le « reenactment » dirait Milo Rau, en permettant la représentation de « la » vérité sur scène.

Au travers d’une analyse comparatiste de ces deux projets, j'ai montré que dire le je de l’autre qui n’est pas étranger au sien, permet de « prendre conscience de qui nous sommes. [D’]en savoir davantage sur nous par ce qui n’est pas nous  ». C’est une belle manière – avec W. Marx – de résumer l’ambition de cet article.
Dans Empire (2016), Milo Rau confronte le mythe européen à sa réalité, celle de la migration et de l’exil forcés en mettant sur le plateau quatre comédiens grec, roumain, syrien et kurde aux destins tragiques. Empire est dans un... more
Dans Empire (2016), Milo Rau confronte le mythe européen à sa réalité, celle de la migration et de l’exil forcés en mettant sur le plateau quatre comédiens grec, roumain, syrien et kurde aux destins tragiques. Empire est dans un entre-deux : entre projections vidéo et performance des acteurs sur scène, entre récits personnels des acteurs et tragédie grecque. Au travers du reenactment, Milo Rau « crée une disposition à l’imaginaire collectif par le détour du réel » et nous offre un théâtre entre tragédie et documentaire.


In Empire (2016), Milo Rau confronts the European myth with its reality, that of forced migration and exile, by putting four Greek, Romanian, Syrian and Kurdish actors with tragic fates on stage. Empire is in between: between video projections and the actors' on-stage performance, between the actors' personal stories and Greek tragedy. Through reenactment, Milo Rau "creates a disposition to the collective imagination by way of reality" and offers us a theatre between tragedy and documentary.


SOMMAIRE

Depuis le début des années 2000 et surtout depuis la crise humanitaire de 2015, les questions migratoires mobilisent l'attention des médias dans lesquels reviennent régulièrement les traversées meurtrières de la Méditerranée et de la Manche, ou les arrivées chaotiques dans des pays européens assez peu préparés à un tel accueil. Ces expériences donnent lieu à une littérature ou des formes artistiques «exiliques». On assiste ainsi, depuis les années 2000, à une production importante, à l’échelle européenne, de films et de pièces de théâtre, qui se sont confrontés à l’écriture cinématographique et théâtrale du fait de société qu’est l’immigration. Arts engagés par excellence, le cinéma et le théâtre accompagnent ainsi ces parcours de migrants, donnant un visage plus humain à des millions de voyageurs anonymes. Comment le cinéma et le théâtre contemporains européens appréhendent-ils la question migratoire et celle de l’exil par rapport à la littérature, par rapport à d’autres cinématographies et écoles théâtrales dans lesquelles sont ancrés historiquement ces motifs? Comment articuler le geste documentaire, qui permet d’investir «l’ici et maintenant» du réel, avec la part fictionnelle et esthétique du cinéma et du théâtre au risque du romanesque? Théâtre et cinéma donnent un visage humain à l’exil mais pas seulement; ils doivent nourrir aussi l’analyse politique. Comment les artistes interpellent-ils les citoyens sur ces situations tragiques dont les dépêches factuelles et innombrables tendent à dissoudre la gravité? Comment les mises en scène proposées peuvent-elles responsabiliser les spectateurs, au-delà du temps de la représentation? Comment, enfin, s’articulent le regard poétique d’un côté et le propos politique de l’autre?

Numéro dirigé par Yann Calvet et Marie Cleren. Avec les contributions de Delphine Edy, Anne Schneider, Julia Wahl, Delphe Kifouani, Guglielmo Scafirimuto, Léa de Truchis, Virginie Brinker, Camille Cellier, Sophie Lacombe et Laura Lahaye Vantroyen.
paru dans "L'arrière-scène du théâtre. Simulation et dissimulation", Cahier 32 (2022), p. 299-313, de "Théâtres du Monde". Dans les mises en scène de Thomas Ostermeier, « l’arrière-scène du théâtre » semble avoir gagné le devant de la... more
paru dans "L'arrière-scène du théâtre. Simulation et dissimulation", Cahier 32 (2022), p. 299-313, de "Théâtres du Monde".

Dans les mises en scène de Thomas Ostermeier, « l’arrière-scène du théâtre » semble avoir gagné le devant de la scène. Les choix dramaturgiques, scéniques et esthétiques se situent toujours dans un entre-deux où non-dits, silences et fantômes du passé resurgissent et se manifestent aux personnages.
Lorsqu’Ostermeier monte Ibsen, tout ce qui doit être dissimulé – l’hérédité, les enjeux de pouvoir économique et les rapports homme-femme – et qui est tenu longtemps de manière sobre, épurée et réaliste, finit par se répandre sur le plateau comme une tache sombre, un point aveugle qui s’avère être le champ de la participation et de la reconnaissance du spectateur.
Avec Shakespeare, Ostermeier travaille à front renversé : il joue sur le remodelage des textes, le travestissement à vue, la matérialité du plateau (boue, jet d’eau, peinture…), les projections vidéo ou la musique live, afin de dire les désirs non-assumés et les projections de l’inconscient, au point que toute forme de réalité extérieure rassurante disparaît.
Dans ses mises en scène récentes de Horváth ou de Schnitzler, il propose une combinaison de ces opérations dramaturgiques et esthétiques qui met à jour la dialectique présence / absence de manière très appuyée et nous plonge, nous spectateurs, dans une situation où il n’est plus vraiment possible de fuir, nous rappelant ainsi que la hantise, comprise comme « non-lieu », comme espace entre, est à la fois présente et absente, mais toujours « dans l’air que nous respirons » (G. Didi-Huberman)
En prenant appui sur les mises en scène des quinze dernières années et notamment les plus récentes, cet article se propose d’étudier les procédés – et leurs enjeux – qui permettent à Ostermeier de faire de « l’arrière-scène du théâtre » le lieu où tout se joue.
Publication à la suite du Colloque "Inspirations - 2ème colloque international -La littérature et la carte-programme" (Universités de Białystok et de Vilnius) Dans le numéro daté du 12 août dernier, Libération consacre un article à... more
Publication à la suite du Colloque "Inspirations - 2ème colloque international -La littérature et la carte-programme" (Universités de Białystok et de Vilnius)

Dans le numéro daté du 12 août dernier, Libération consacre un article à Annie Ernaux, intitulé « Retour sur le tard à Yvetot », qui résonne tel un écho au Retour à Reims de Didier Eribon et au « retour à Hallencourt » d’Édouard Louis qu’il met en œuvre dans ses romans En finir avec Eddy Bellegueule et Qui a tué mon père.
Revenir implique d’abord de partir et, le départ, pour Ernaud, Eribon et Louis, a été radical et violent, eux-mêmes devenant des parias dans leur propre monde. Les villes d’Yvetot, de Reims et d’Hallencourt, comprises comme de véritables territoires autosociographiques sont devenues au fil du temps les vecteurs de l’analyse à la fois sociologique, autobiographique et politique de la réalité de ces transfuges de classe.
Le fait de se détourner radicalement des lieux de leur jeunesse est devenu pour Ernaux, Eribon et Louis le moyen de mieux revenir à eux, ses villes prenant une dimension quasi mythique, celle de l’anagnôrisis.
Il s’est donc agi d’analyser dans cette communication la carte autosociographique de ces auteurs et d’interroger les mécanismes de domination et d’oppression qui ont trait à ces lieux afin de montrer que la littérature déborde ici du cadre et des frontières pour dépasser les fractures et créer entre les individus un véritable espace de partage : la reconnaissance des leurs, même tardive, leur permet aujourd’hui d’être, enfin, en paix.

Publication à venir en 2021
Article monographique sur l'oeuvre d'Edouard Louis (depuis En finir avec Eddy Bellegueule jusqu'à Changer : méthode) publié dans Romanistische Zeitschrift für Literaturgeschichte. Cahiers d’Histoire des Littératures Romanes, 45.... more
Article monographique sur l'oeuvre d'Edouard Louis (depuis En finir avec Eddy Bellegueule jusqu'à Changer : méthode)

publié dans Romanistische Zeitschrift für Literaturgeschichte. Cahiers d’Histoire des Littératures Romanes, 45. Jahrgang, Heft 3/4, 2021, p. 445-480.
Delphine Edy, « Wajdi Mouawad « sur les plages de Sophocle ». Autour de la recréation de Philoctète : Inflammation du verbe vivre » dans "Réception créatrice contemporaine des mythes et grands récits de l’Antiquité, dir. par Ariane Ferry... more
Delphine Edy, « Wajdi Mouawad « sur les plages de Sophocle ». Autour de la recréation de Philoctète : Inflammation du verbe vivre » dans "Réception créatrice contemporaine des mythes et grands récits de l’Antiquité, dir. par Ariane Ferry et Véronique Léonard-Roques
© Publications numériques du CÉRÉdI, « Carnets comparatistes du CÉRÉdI », n° 1, 2021

http://publis-shs.univ-rouen.fr/ceredi/index.php?id=1244
https://journals.openedition.org/pratiques/11257 Depuis quelques années, les récits auto-sociographiques s’imposent sur les scènes contemporaines européennes. L’écriture de soi implique visiblement une dimension scénique et... more
https://journals.openedition.org/pratiques/11257

Depuis quelques années, les récits auto-sociographiques s’imposent sur les scènes contemporaines européennes. L’écriture de soi implique visiblement une dimension scénique et performative propre à attirer l’attention des gens de théâtre, peut-être particulièrement sensibles à la pluralité des écritures en je(u) dans le travail de ces auteurs. Retravaillés par les metteurs en scène, ces textes permettent de dépasser les dichotomies réalité/fiction, texte/performance et texte narratif/texte dramatique. Il s’agira donc pour moi de réfléchir à cette « pratique dramatico-théâtro-performative » (P. Pavis) qui ne cesse d’ouvrir la littérature à des pans du réel, en s’appuyant notamment sur les textes de Didier Eribon et d’Édouard Louis, ainsi que sur les créations de grands metteurs en scène européens tels queLaurent Hatat, le directeur artistique de la compagnie anima motrix, Stanislas Nordey, le directeur du Théâtre National de Strasbourg, Thomas Ostermeier, le directeur artistique de la Schaubühne berlinoise et Ivo van Hove, directeur artistique du International Theatre Amsterdam et de proposer un cadre pour penser ces textes hybrides, devenant des performances transmédiales où la littérature rencontre les arts, à la croisée d’enjeux esthétiques et politiques.
A. Ernaux and É. Louis – writers of the real, between silence and noise In A. Ernaux’s steps, É. Louis writes to account for truth, to bear witness for the real. They experience sounds, noises and silences as particularly meaningful... more
A. Ernaux and É. Louis – writers of the real, between silence and noise
In A. Ernaux’s steps, É. Louis writes to account for truth, to bear witness for the real. They experience sounds, noises and silences as particularly meaningful signs of the social classes that they live in. Their original, popular environment is made of constant noise, whether coming from inside the body or the surrounding working-place. Later as they rise socially, they realise that more privileged classes live in a filtered, muffled world. But being loud may also be a move toward freedom, an expression of the lived experience. The theatre stage is a particularly apt media for the telling of É. Louis’s stories as it enables the varied experiences to be heard and felt through their vibrations, and all noises on stage make sense.


à lire en ligne sur le site de la revue ERTA au format .pdf https://czasopisma.bg.ug.edu.pl/index.php/CE/article/view/5824
[à lire sur le site de la Société Française Shakespeare : https://journals.openedition.org/shakespeare/7629] Dans sa conférence de 2014 à Londres, le metteur en scène allemand Thomas Ostermeier fait de la question initiale d’Hamlet : «... more
[à lire sur le site de la Société Française Shakespeare : https://journals.openedition.org/shakespeare/7629]

Dans sa conférence de 2014 à Londres, le metteur en scène allemand Thomas Ostermeier fait de la question initiale d’Hamlet : « Who’s there ? » le leitmotiv de sa dramaturgie, « une sorte de fil rouge de son approche de l’œuvre de Shakespeare, et même de son appréhension des raisons qui, de manière générale, le poussent à faire du théâtre  ». Ostermeier rappelle que, pour répondre à cette question, Shakespeare crée une situation doublement théâtrale où les personnages se mettent eux-mêmes en scène, car ils sont forcés d’avancer masqués pour découvrir qui sont les autres, et finalement, « qui est là », dans leur propre corps. Le projet shakespearien métathéâtral devient chez Ostermeier un véritable axe de recherche, un moyen de (re)penser le théâtre qui irradie l’ensemble de son œuvre. Il s’est donc agi pour nous d’analyser comment le metteur en scène, dans un geste esthétique radical, déterritorialise l’objet Shakespeare pour (re)penser le théâtre et son rapport à la société en en révélant la force politique conjuguée au présent sur la scène contemporaine.
online : http://uartpress.ro/journals/index.php/symbolon/article/view/282 Avec un avant-propos de Patrice Pavis, p. 9-12 et d'autres articles tout à fait passionnants! Résumé de l'article: La représentation très controversée de la... more
online : http://uartpress.ro/journals/index.php/symbolon/article/view/282

Avec un avant-propos de Patrice Pavis, p. 9-12 et d'autres articles tout à fait passionnants!

Résumé de l'article:
La représentation très controversée de la version scénique de Thomas Ostermeier d' "Histoire de la violence" d'Edouard Louis témoigne d'une confusion concernant le rôle de l'auteur, le statut du texte, celui de sa représentation et du rôle joué par le théâtre dans la société actuelle. Elle soulève une triple question : quel est le rapport entre la littérature et la réalité, qu'est-ce qui définit un auteur (qu'il soit écrivain ou metteur en scène) et que signifie la volonté de la littérature contemporaine de s'écrire elle-même ? E. Louis est particulièrement clair sur le fait d'utiliser la fiction pour écrire sur la vérité, mais alors la vérité est trop souvent interprétée comme un fait, et donc comme antithétique à la fiction. Il choisit de son côté d'explorer une forme de littérature de confrontation. Dans la mise en scène de T. Ostermeier, il devient l'acteur de son propre texte, ce qui ne fait qu'accroître les puissantes ambiguïtés de ce dernier. Ensemble, Edouard Louis et Thomas Ostermeier créent une recomposition dynamique du politique et de l'intime.

Abstract:
The hotly debated performance of Thomas Ostermeier’s stage version of Edouard Louis’s History of Violence points to a confusion concerning the role of the author, the status of the text, of its performance and of the role played by theatre in today’s society. It raises a threefold question: what is the relationship between literature and reality, what defines an author (whether writer or stage director) and what does it mean that contemporary literature should be so intent on self-writing? E. Louis is particularly clear about using fiction to write about truth, but then truth all too often is construed as fact, and therefore as antithetic to fiction. He claims to explore a form of confrontational literature. In T. Ostermeier’s staging he becomes the actor of his own text which only compounds the text’s powerful ambiguities. Together, Louis and Ostermeier create a dynamic recomposition of the political and the intimate.
Article issu d'une communication dans le cadre du colloque international : « Transfuge, transfert, traduction. La réception de Didier Eribon dans les pays germanophones », 19-21 novembre 2020 – Université de Nantes Retour à Reims, le... more
Article issu d'une communication dans le cadre du colloque international : « Transfuge, transfert, traduction. La réception de Didier Eribon dans les pays germanophones », 19-21 novembre 2020 – Université de Nantes

Retour à Reims, le spectacle hybride de Thomas Ostermeier, entre film documentaire et performance théâtrale et musicale, qui prend appui sur le texte tout aussi composite de Didier Eribon, connaît un succès retentissant : créé en anglais à Manchester en juillet 2017 avec Nina Hoss et deux acteurs anglophones, puis joué à Berlin à partir du 24 septembre 2017 avec la troupe de la Schaubühne, il est actuellement en tournée en France depuis le 11 janvier 2019 dans une version française portée par Irène Jacob, preuve s’il en fallait encore que l’approche de la réalité, notamment politique, mérite souvent un déplacement, un détour par l’étranger, Jean-Pierre Sarrazac nous rappelant d’ailleurs que « le détour permet le retour  » : « Le pas de côté, le détour par ce qui est étranger ne peuvent [en effet] que favoriser un regard de re-connaissance du réel  ». Il s’agirait donc de se détourner du texte original d’Eribon pour mieux revenir à lui et à Reims, cette ville devenant ainsi un lieu quasi mythique, celui de l’anagnorisis.

Ainsi donc, le texte du « transfuge de classe » qu’est Eribon, devient un transfuge de genre et de média, l’intermédialité faisant ici directement écho à l’intersectionnalité. Le théâtre politique d’Ostermeier qui interroge et réinvente le réel est un théâtre du débordement et de l’urgence, celle d’une réfraction incessante du texte qui a peut-être manqué aux Français lors de la publication de Retour à Reims en 2009.

En actualisant ce texte au sens deleuzien , Ostermeier ouvre un entre-deux dialogique avec les spectateurs, interrogeant les mécanismes de domination et d’oppression à maints niveaux : les spectateurs, les trois personnages en scène, le documentaire et le texte d’Eribon sont les différents acteurs de cette narration du pouvoir qui déborde du cadre et des frontières pour créer entre les individus des relations fortes permettant d’envisager un véritable espace de partage. D’Eribon aux spectateurs, Ostermeier esquisse un arc tendu, qui permet de réinterroger nos rapports aux mots, aux images et à notre histoire.
Wajdi Mouawad (1968 - ), l’actuel directeur du Théâtre National de La Colline à Paris, poursuit une œuvre théâtrale reconnue aujourd’hui dans le monde entier. En interrogeant son rapport à l’œuvre de Sophocle dont il revendique fortement... more
Wajdi Mouawad (1968 - ), l’actuel directeur du Théâtre National de La Colline à Paris, poursuit une œuvre théâtrale reconnue aujourd’hui dans le monde entier. En interrogeant son rapport à l’œuvre de Sophocle dont il revendique fortement la filiation, il s’agit ici, dans Incendies et Inflammation du verbe vivre, d’analyser les jeux d’échos et les effets de spectralité qui construisent une véritable écriture-réécriture.
Article publié dans la revue XXI/XX – Reconnaissances littéraires, direction de la revue : Florian Alix, Fabien Gris et Laure Michel), Paris, Classiques Garnier, N°1, 2020, p. 63-84. Le travail de Wajdi Mouawad est un représentant fort... more
Article publié dans la revue XXI/XX – Reconnaissances littéraires, direction de la revue : Florian Alix, Fabien Gris et Laure Michel), Paris, Classiques Garnier, N°1, 2020, p. 63-84.

Le travail de Wajdi Mouawad est un représentant fort de l'anagnôrisis dans le théâtre contemporain, mettant le passage brutal de l'ignorance et de l'aveuglement à la connaissance au centre de son écriture poétique, tout en l’actualisant.
L’anagnôrisis, au sens double défini par Patrice Pavis, c’est-à-dire d’une part, la reconnaissance d’un personnage par un autre faisant suite à une erreur tragique et d’autre part, « la faculté spectatrice de reconnaissance (idéologique, psychologique ou littéraire)  », est au cœur de chaque pièce de l’écrivain-metteur en scène. N’est-ce pas là d’ailleurs le « lien entre toutes les pièces qu’[il a] écrites jusqu’à ce jour », que ressent Majdi Mouawad  ?
La dramaturgie de la reconnaissance mise en œuvre par Wajdi Mouawad se saisit immanquablement du mystère de l’identité, largement présent dans ces drames familiaux et tragédies antiques. Dans chaque pièce de l’auteur-metteur en scène, « les traces du passé s’ajoutent aux blessures les plus récentes  », et les fractures existentielles qui caractérisent les personnages et leurs histoires semblent toujours prêtes à se rouvrir. Comme le rappelle l’auteur : « Il est impossible pour les personnages que je crée de parler, mais il ne leur est plus possible de se taire. Ils sont écartelés entre ces deux impossibilités  ». Et de cet écartèlement tragique naît la nécessité de dépasser cette impossibilité, la force de faire face, ce qu’incarne la fonction de l’écriture chez Wajdi Mouawad.
En s'appuyant sur sa pièce devenue monument, Incendies, cet article montrera en quels termes, Wajdi Mouawad élabore une véritable poétique de l’anagnôrisis.
Communication donnée dans le cadre du 8e Congrès de la Société européenne de Littérature comparée, Lille, 28-31 août 2019, à paraître en 2021. Le succès d’Ibsen, l’auteur le plus joué au monde après Shakespeare, est entièrement... more
Communication donnée dans le cadre du 8e Congrès de la Société européenne de Littérature comparée, Lille, 28-31 août 2019, à paraître en 2021.

Le succès d’Ibsen, l’auteur le plus joué au monde après Shakespeare, est entièrement suspendu à l’opération de traduction, en tant que processus dynamique et re-créateur, compris comme « une opération qui se place dans le registre de l’impossibilité, du déficit, [...] dans l’entre-deux-langues ». Mais il l’est tout autant à la mise en scène, entendue comme actualisation au sens deleuzien.

Plus que jamais en ces temps troubles, nous avons besoin de la littérature, besoin que les auteurs rayonnent, et nous pensons que c’est la grande force de la traduction et de la mise en scène de pouvoir leur garantir la place qui leur revient, ce que nous souhaiterions montrer dans cette communication en nous appuyant tout particulièrement sur Ibsen et sa pièce Les Revenants telle qu’elle a été reçue en Allemagne et en France.
Dans le cadre du Colloque interdisciplinaire - Reines à la scène et à l’écran, de la fin du XIXe au XXIe siècle : (ré)écriture, mise en scène, remédialisation, organisé par l’Université de Rouen et le CÉRÉdI, 15 et 16 octobre 2019 Dans... more
Dans le cadre du Colloque interdisciplinaire - Reines à la scène et à l’écran, de la fin du XIXe au XXIe siècle : (ré)écriture, mise en scène, remédialisation, organisé par l’Université de Rouen et le CÉRÉdI, 15 et 16 octobre 2019

Dans les coulisses du pouvoir, plus d’un siècle avant l’époque élisabéthaine, rôdent des reines aussi troubles que spectaculaires. Ces reines, immortalisées par Shakespeare, convoitent le trône d’Angleterre. Mais qui sont-elles vraiment ? Thomas Ostermeier, metteur en scène décisif pour la scène européenne, a fait de la question initiale de Bernardo dans Hamlet « Who’s there ? » le leitmotiv de sa dramaturgie, « une sorte de fil rouge de [s]on approche de l’œuvre de Shakespeare, et même de [s]on appréhension des raisons qui, de manière générale, [le] poussent à faire du théâtre  ». Il n’y a donc rien d’étonnant à ce que les reines qu’il met en scène nous renvoient, elles-aussi, à cette question qu’il a précisée lors d’un entretien en septembre 2018 lors de la première de La Nuit des rois à la Comédie Française :

Ainsi, La Nuit des rois, semble-t-elle déjà préfigurer la question du premier vers d’Hamlet sans doute écrit à peine un an plus tard : « Qui est là ? » [...] « Qui est là ? », c’est-à-dire qui est cette personne devant nous ? Qui est l’autre ? Qui nous parle ? Qui sommes-nous ? Qu’est-ce qu’un être humain ? Que se cache-t-il derrière le masque de notre apparence physique – de notre nom ? Qu’est-ce qui fait la différence entre notre for intérieur et ce que nous voulons bien en laisser paraître ? Qui se cache derrière le masque social, le rôle que nous devons jouer, ce que nous représentons ?

Aux échecs, la dame ou la reine est la pièce la plus puissante du jeu, celle qui a le plus de valeur. Elle dispose de la capacité à se déplacer dans plus d’une seule direction, et ce sur une longue étendue. Sur l’échiquier de Thomas Ostermeier, les figures de pouvoir que sont les reines, historiques comme Marguerite d’Anjou ou Anne Neville dans Richard III, ou fictionnelles comme Gertrude dans Hamlet, avancent masquées.

Dans la scène de séduction de Lady Anne, que Thomas Ostermeier perçoit comme « la scène la plus belle de la littérature  », la princesse de Galles, qui crache son venin à la face de celui qu’elle hait, accepte finalement dans un retournement spectaculaire d’épouser le meurtrier de son époux et ainsi, de devenir reine. Comment s’opère cette bascule ? Pourquoi accepte-t-elle l’impensable ? A travers une opération de force de Richard qui parvient à démasquer les forces contraires du personnage.

Lorsque Marguerite, la veuve d’Henri VI, apparaît sur la coursive haute de la scène pour maudire Richard et prophétiser sa prise de pouvoir sanglante, elle revêt les traits du comédien Robert Beyer. Ainsi, celle qui a fait assassiner le frère et le père de Richard pour reprendre le pouvoir, apparaît sous le masque du travestissement, jouant ainsi sur les frontières entre la réalité et le théâtre et interrogeant la véritable nature de cette reine, et par effet de miroir, celle de Richard dont la violence et la monstruosité trouvent ici une forme de filiation.

Le motif du masque, du travestissement, existe par ailleurs déjà dans Hamlet au travers du personnage de la reine Gertrude. La reine du Danemark, veuve du roi défunt, se remarie avec son frère, ce qui - depuis toujours - interroge sur sa nature profonde : est-elle complice, ignorante, incestueuse, aveuglée par son amour pour Claudius ? Chez Thomas Ostermeier, Gertrude est certes une « mère puissante, sexy et manipulatrice  ». Mais surtout, elle joue le jeu illusoire des apparences, ce que le metteur en scène souligne en faisant interpréter le rôle d’Ophélie par la même actrice, mettant ainsi en exergue le glissement d’identité entre les deux personnages, comme si elles pouvaient être les deux faces d’une même réalité : Hamlet ne rejette-t-il pas d’ailleurs Ophélie pour qu’elle ne puisse jamais ressembler à sa mère, comme le suggère Jacques Lacan ? L’épaisseur d’inceste supplémentaire créée par la distribution souligne donc ici le danger à devenir reine, à assouvir sa soif du pouvoir.

Dans ce royaume pourri du Danemark, tout comme dans celui de Richard et dans celui de La Nuit des rois, conçue au même moment qu’Hamlet, le travestissement apparaît donc comme la clé de voute d’un monde où « tout le monde est en transition ; cette nuit-là, tout le monde est trans  », dit Olivier Cadiot, rappelant ainsi que « La Nuit des rois est aussi celle des reines  ».
Dans le cadre du colloque organisé par Alain Montandon sur "L'Anachronisme créateur", les 8 et 9 juin 2017 à Clermont-Ferrand. Publication : Delphine, EDY, « Jeu de miroirs et jonglerie avec l’Histoire au service d’un théâtre qui... more
Dans le cadre du colloque organisé par Alain Montandon sur "L'Anachronisme créateur", les 8 et 9 juin 2017 à Clermont-Ferrand.

Publication : Delphine, EDY, « Jeu de miroirs et jonglerie avec l’Histoire au service d’un théâtre qui interroge. Thomas Ostermeier et ses auteurs », dans Alain, MONTANDON, Anachronismes créateurs, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise Pascal, 2018, p. 133-147. [à lire intégralement en ligne ici : https://books.openedition.org/pubp/3928?lang=fr]

Le théâtre n’est-il pas le plus créateur des anachronismes ? Son potentiel poïétique est infini puisque, par définition, il est l’art en et du temps réel, et permet le passage de la catégorie du virtuel , où le texte dramatique est ouvert aux devenirs, à celle de l’actuel, lorsque le metteur en scène s’empare de ces devenirs pour les matérialiser « en acte ». La représentation théâtrale construit alors « un présent singulier » , dans lequel actualisation et anachronisme(s) se révèlent comme les deux faces de la même réalité. Car si le théâtre est « présent », alors il ne peut être compris « comme musée, comme (simple) représentation, comme appareillage technique parfait »  au sein duquel la linéarité du temps ne serait jamais remise en question, et dès lors que les metteurs en scène s’emparent de textes classiques, où les lignes de présent de l’auteur, de temps réinvesti et de présent du metteur en scène se croisent et se répondent, la question de l’actualisation, « la possibilité de l’éternel retour » , sont au cœur des enjeux esthétiques, ce que Thomas Ostermeier met en jeu d’une façon qui lui est propre.

Dans La Mouette , Tchékhov apparaît tel le « contemporain d’une époque postérieure »  et non de sa propre époque : la question des migrants, parfaitement anachronique, rappelle pourtant cette phrase de Tchékhov : « Mon œuvre entière est imprégnée du voyage de Sakhaline » et insiste de facto sur la dimension politique de l’œuvre de Tchékhov, souvent mise « en coulisses » au théâtre.

Dans Un Ennemi du Peuple d’Ibsen, juste après la grande tirade du héros Stockmann, largement trafiquée puisqu’il lui ajoute un extrait de L’Insurrection qui vient ainsi qu’un jugement de ce discours par divers protagonistes de la pièce, Thomas Ostermeier insère un débat libre avec la salle, dans une ambiance « meeting populaire » où les questions du public font résonner dans l’épaisseur de l’actualité théâtrale l’écho de l’actualité du monde. Et de cette « cumulation du présent et du passé », de cette friction des anachronismes naît pour les spectateurs « l’intensité du présent lui-même » qui permet au théâtre « d’interroger, de déranger les habitudes, de brouiller les certitudes les plus intimes, de mettre en péril » , et de créer le monde de demain.
Un article où il sera question de A. Tchekhov, H. Ibsen, A. Schnitzler mis en scène par T. Ostermeier et qui fait suite au colloque "Débordements. Littérature, arts et politique", Bordeaux, 13-14-15 juin 2018 publié dans "Modernités",... more
Un article où il sera question de A. Tchekhov, H. Ibsen, A. Schnitzler mis en scène par T. Ostermeier et qui fait suite au colloque "Débordements. Littérature, arts et politique", Bordeaux, 13-14-15 juin 2018

publié dans "Modernités", Presses universitaires de Bordeaux, N° 46, 2021, p. 73-86.

Le théâtre, compris à la fois en tant qu’œuvre littéraire et œuvre artistique autonome est au cœur des enjeux politiques de la littérature, dans sa capacité à construire « un présent singulier  » au sens de François Regnault qui défend l’idée d’une « dialectisation du présent », qui soit capable de faire « entendre ce que la pièce peut contenir de ce temps présent, et qui lui était au début inconnu  ». De sorte que, comme l’affirme très justement Alain Badiou, « le théâtre a une fonction propre de révélation du présent, entre autres choses parce qu’il doit décider de construire ce présent  ». Mais que signifie « révéler le présent », si ce n’est faire déborder le texte littéraire dans l’ici et maintenant en interrogeant sa capacité à critiquer le monde d’aujourd’hui ? On reconnaît ici « l’obscur pressentiment » de Peter Brook qui ne monte des pièces que lorsqu’il a « la conviction que cette pièce doit être montée aujourd’hui  ».
Avec Jacques Rancière qui soutient que « la littérature fait de la politique en tant que littérature  », nous pensons que le théâtre fait de la politique en tant que théâtre, et, si la littérature est à entendre comme un « nœud spécifique entre un régime de signification des mots et un régime de visibilité des choses  », alors le théâtre en est le lieu privilégié. Au cœur de la cité, au cœur des enjeux politiques, il permet de convoquer l’actualité du monde dans l’épaisseur de l’actualité théâtrale. Et de cette cumulation des mots et des sens, de cette friction entre différentes forces de signification, naît pour les spectateurs l’intensité du présent lui-même, « une autre communauté du sens et du sensible, […] un autre monde commun et un autre peuple  ».
Que peut donc la littérature quand elle se dramatise ? Comment l’enfer de L’Île de Sahkaline déborde-t-il dans la réflexion sur l’art et les malheurs de l’amour au cœur de La Mouette ? Comment l’essai politique L'Insurrection qui vient, publié par le Comité Invisible en 2007 rencontre-t-il le drame d’Ibsen Un ennemi du peuple, publié en 1882 ? Comment la clinique du Professor Bernhardi devient-elle « une bulle sociale, un microcosme révélateur  » des tensions politiques liées à la monté de l’extrême-droite en Europe aujourd’hui ? C’est bien à répondre à toutes ces questions que nous invitent les mises en scène de Thomas Ostermeier, le co-directeur de la Schaubühne berlinoise. Les différents « acteurs » du théâtre - dans notre cas précis, le metteur en scène, les spectateurs et les institutions théâtrales et universitaires – construisent aujourd’hui, comme ils l'ont toujours fait, des questions éminemment politiques ; et si la littérature est à entendre « comme expression de la société  », il est urgent d'entendre quels échos actualisés la littérature nous renvoie et quels enjeux il nous incombe d'affronter.
Communication donnée au cours du colloque international « Le spectacle du crime féminin sur la scène et dans le cinéma européens », organisé par l’Université de Rouen-Normandie et le CÉRÉdI avec le soutien de CLARE (Université Bordeaux... more
Communication donnée au cours du colloque international « Le spectacle du crime féminin sur la scène et dans le cinéma européens », organisé par l’Université de Rouen-Normandie et le CÉRÉdI avec le soutien de CLARE (Université Bordeaux Montaigne) de l’ICD (Interactions culturelles et discursives, Université François Rabelais Tours) et de l’IRET (Institut de Recherche en Études Théâtrales de la Sorbonne Nouvelle), 14-16 novembre 2018

à paraître aux Presses Universitaires de Rouen et du Havre, dans la collection « Genre à lire… et à penser », dirigée par Anna Bellavitis et Sophie Devineau, et dans une série intitulée « La Force des femmes »

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Valérie Dréville n’appartient à aucune troupe. Véritable électron libre, elle choisit, après cinq années, de rompre son contrat avec la Comédie-Française où elle avait rejoint Antoine Vitez et de s’envoler pour Moscou pour vivre de longues années d’apprentissage aux côtés d’Anatoli Vassiliev, héritier direct de l’école russe de Stanislavski. La comédienne est en réalité « attachée à une sorte de famille éclatée  », à Moscou avec Anatoli Vassiliev, à Paris ou Lausanne avec Thomas Ostermeier, mais aussi avec des metteurs en scène tels que Jean-François Sivadier ou Krystian Lupa. Son territoire intime, c’est son corps, et à chaque fois, elle offre sur scène « une expérience d’actrice radicale ».

Au cours des cinq dernières années, Valérie Dréville a joué trois rôles de mère criminelle particulièrement remarqués par la critique.
Dans Les Revenants mis en scène par Thomas Ostermeier en 2013, elle interprète une Mme Alving bouleversante, oscillant entre la nécessité « de tenir la façade  », c’est-à-dire aussi de garder le secret, et l’urgence de parler. Le corps de l’actrice, véritable cénotaphe, ne se dénouera qu’à la fin de la pièce dans un retournement dialectique magistral ajouté par le metteur en scène, puisque Mme Alving, en se résignant à administrer à son fils la dose mortelle, fait face à son destin de mère et l’assume, pour la première fois. La mère infanticide fait donc son entrée sur la scène dans une sorte de transfiguration à travers laquelle, l’espoir ne semble être permis que pour celles et ceux qui acceptent la réalité du monde et choisissent d’y faire face.

En 2016, Valérie Dréville, « grandiose en Arkadina  » dans La Mouette de Thomas Ostermeier, donne à voir une mère manipulatrice, égocentrique et castratrice qui ne renonce à aucune facette de la séduction - seule arme qu’elle ait trouvée pour exister dans un monde dominé par les hommes – et ce, même pour sauver son fils qui glisse lentement vers le suicide. Il faut dire qu’elle craint tellement d’être dépassée, d’être rattrapée par des comédien(ne)s plus jeunes, plus vrai(e)s, par un théâtre plus moderne, qu’elle est prête à tout pour préserver son statut social, même à piétiner son pauvre fils et à devenir en quelque sorte criminelle malgré elle, plongeant ainsi le spectateur entre empathie et répulsion.

Enfin, en 2017, l’actrice choisit de rejouer au Théâtre National de Strasbourg pour une série de vingt représentations, la Médée de Heiner Müller, « onze ans après la dernière représentation de Médée-Matériau à Moscou », véritable défi donc que l’actrice se lance à elle-même. Dans cette mise en scène, celle qui a tué son frère, trahi et abandonné les siens, puis empoisonné sa rivale par vengeance, finit par assassiner ses enfants de ses propres mains. Médée brûle de l’intérieur, la scène brûle, mais dans l’esprit du metteur en scène, ces gestes ne sont pas des « meurtres », ces horreurs ont bien davantage à voir avec un processus sacrificiel qui permet de dépasser le mythe et de renaître ailleurs.

Une actrice, trois rôles de mère. Trois actualisations violentes de la femme criminelle qui suit en vérité un long processus de transformation et passe de l’état de victime à celle de coupable : victime de l’ordre social bourgeois, victime de la domination masculine, victime de la trahison de l’être aimé, elles n’ont d’autre choix que celui de commettre le pire, de tuer (même symboliquement) la chair de leur chair. Ce sont ces femmes meurtrières, incarnées par la Valérie Dréville, ces femmes, à la fois « objets de spectacle [et qui] font spectacle », que nous nous proposons d’étudier dans la cadre de cette communication, dans une perspective à la fois dramaturgique, scénique et esthétique.
Research Interests:
Dans une optique à la fois intermédiatique et interculturelle, Le Théâtre à (re) découvrir réunit une trentaine d'études consacrées aux dramaturgies peu connues. Les textes rassemblés dans les deux volumes du Théâtre à (re)découvir,... more
Dans une optique à la fois intermédiatique et interculturelle, Le Théâtre à (re) découvrir réunit une trentaine d'études consacrées aux dramaturgies peu connues. Les textes rassemblés dans les deux volumes du Théâtre à (re)découvir, écrits dans le cadre d'un vaste projet de recherche portant sur les dramaturgies et les théories théâtrales peu connues, présentent tout un éventail d'oeuvres et d'auteurs français, italiens, belges, allemands, polonais, norvégiens, québécois et latino-américains qui méritent d'être (re)visités. Pièces, dramaturges, penseurs et phénomènes artistiques sont traités ici dans une double optique : celle des interférences entre les médias (théâtre, cinéma, danse, image, mime, philosophie...) et celle d'une exploration culturelle, souvent interculturelle, orientée vers les pistes et les terrains peu fréquentés par le grand public. L' éditeur Witold Wołowski est professeur à la KUL (Pologne). Domaines de recherche : théorie du texte dramatique et du spectacle théâtral, théâtre francophone, italophone, poésie polonaise.
La présente étude a pour but d’examiner la place singulière des spectres chez Thomas Ostermeier, alors qu’il explore un territoire qui va des célèbres fantômes de Shakespeare au drame moderne spectral ibsénien, un entre-deux-mondes, où... more
La présente étude a pour but d’examiner la place singulière des spectres chez Thomas Ostermeier, alors qu’il explore un territoire qui va des célèbres fantômes de Shakespeare au drame moderne spectral ibsénien, un entre-deux-mondes, où l’on passe « d’une spectralité individuelle à une spectralité collective ». Pour montrer que ce qui arrive ne semble survenir « que dans la trace de ce qui est déjà arrivé », Thomas Ostermeier met en œuvre des choix esthétiques forts, lucides sur notre temps qu’il perçoit comme out of joint : l’espace-temps des spectres est celui d’une autre-scène, de projections qui surgissent comme d’autres facettes d’une même réalité. Si elles contribuent à une spiritualisation de l’espace scénique, elles permettent également de réinventer le réel, en passant de l’espace trash et souillé shakespearien à la tache noire du réalisme ibsénien. Spectres familiaux ou spectres politiques, les fantômes de Thomas Ostermeier relèvent toujours de la spectralité des images et permettent l’élaboration d’une véritable esthétique de la tache.

Mots clés : spectralité – out of joint – projections – tache - images




The following paper aims to look into the role played by ghosts in Thomas Ostermeier’s work, which stretches from Shakespearian ghosts to Ibsen’s spectral modern drama. His is a world between two worlds shifting from “an individual spectralness to a collective spectralness”. Thomas Ostermeier wants to show that what happens only seems to occur “in the wake of what has already happened” which is why he settles for robust aesthetic options, evidencing a clear-sighed approach to our time, a time out of joint. The ghosts’ space-time belongs to some stage-beyond-the-stage where different sides of the same reality keep being projected. Not only do they contribute to spiritualising the stage space but they also help to reinvent reality as ghosts are a link between the strained, soiled world of Thomas Ostermeier’s Shakespearian plays to the stained, ominous world of his Ibsenian realism. Thomas Ostermeier’s ghosts, whether domestic or political, always pertain to the spectralness of images and enable him to give the stain a central place in his aesthetics.

Keywords: spectralness – out of joint – projection – stain – images
Publication en ligne sur le site de la Sflgc : http://sflgc.org/actes/actes-du-congres-de-toulouse/ Les vives protestations de spectateurs vociférant des « C’est pas Tchekhov ! » en juin 2016, depuis le balcon du théâtre de l’Odéon... more
Publication en ligne sur le site de la Sflgc : http://sflgc.org/actes/actes-du-congres-de-toulouse/

Les vives protestations de spectateurs vociférant des « C’est pas Tchekhov ! » en juin 2016, depuis le balcon du théâtre de l’Odéon lors d’une représentation de La Mouette mise en scène par Thomas Ostermeier, rappellent la force des conventions littéraires. En effet, « entrer en littérature, comme lecteur ou comme spectateur, mais aussi comme auteur, c’est intégrer un système d’attentes » , et lorsque la reconnaissance n’a pas lieu, la déception peut être forte.
Or, « la mise en scène moderne refuse d’offrir au public la pleine réalisation de ce qu’il a rêvé à la lecture » , et se comprend davantage dans son rapport au texte comme sa « mise en perspective critique, son commentaire, voire la déconstruction de ses structures idéologiques » . Le spectateur d’aujourd’hui se retrouve ainsi sur un territoire, qui se veut, à la fois point de passage et espace de rencontre, c’est à dire « entre-deux théâtral » pour parler avec Alain Badiou, un témoin des transferts, des migrations et du renouvellement du genre.

Le spectateur d’Un ennemi du peuple d’Henrik Ibsen mis en scène par Thomas Ostermeier perçoit dès le début de la représentation qu’il entre sur un territoire hybride aux frontières perméables où le genre, défini comme « modèle d’attente et de reconnaissance »  est transgressé : le texte d’Ibsen est parfois fragmenté, la présence d’un sous-texte à la fois critique et spectral est fortement perceptible, et surtout, un débat avec la salle est improvisé au moment du discours prononcé par le Dr Stockmann, ce qui transforme le public de la salle en public dans la pièce d’Ibsen. C’est ici le concept même de théâtralité qui se voit profondément modifié.  Car, si la théâtralité est à la fois : « le théâtre moins le texte, une épaisseur de signes et de sensations qui s’édifie sur la scène à partir de l’argument écrit » , c’est avant tout l’expression d’un « lieu d’où le public regarde une action qui lui est présentée dans un autre endroit ». De fait, en faisant des spectateurs des acteurs du débat, Thomas Ostermeier choisit de déplacer le lieu du théâtre au cœur du public et remet ainsi en question toute forme d’illusion, ou inversement, choisit de créer « l’illusion parfaite » telle que formulée par Roland Barthes au sujet du « soldat de Baltimore ».

Mais cette transgression n’est pas seulement un jeu de mise en scène, et l’analyse de la dernière pièce de Joël Pommerat, Ça ira (1), Fin de Louis, permet de mieux comprendre les enjeux de cette migration et de les souligner. Dans une sorte de temps anhistorique, l’auteur-metteur en scène nous plonge dans le combat politique, en prenant appui sur la Révolution française pour mieux interroger les fondements de la démocratie. Dans cet esprit, Joël Pommerat met en œuvre un « dispositif immersif » dans lequel le public devient lui-même une partie de l’assemblée. Les acteurs sont assis dans la salle à côté des spectateurs, ils commentent ce qui se passe sur scène, comme le feraient parfois certains spectateurs, mais le texte de théâtre est lui bien écrit, il n’y a pas l’ombre d’une improvisation. Le discours et les débats politiques, lieux privilégiés de la rhétorique, résonnent sur scène et dans la salle, les frontières de la théâtralité se brouillent, les espaces de « je(u) » se délocalisent vers notre espace, vers notre temps de spectateurs.
Qu’il s’agisse de Joël Pommerat ou de Thomas Ostermeier jouant Henrik Ibsen, en mettant les dialogues, discours et débats, au cœur de leurs choix esthétiques, ils sont les défenseurs d’un théâtre où, texte et représentation « s’affrontent et s’interrogent, en tant que combat mutuel dont le spectateur est, en fin de compte, le juge et l’enjeu » .
Communication publiée en ligne: http://jijc2016.event.univ-lorraine.fr/DOCUMENT/Article_EDY_Delphine.pdf [Le site ayant visiblement été supprimé, le .pdf est donc téléchargeable directement ici] Résumé : Dans ses mises en scène,... more
Communication publiée en ligne: http://jijc2016.event.univ-lorraine.fr/DOCUMENT/Article_EDY_Delphine.pdf

[Le site ayant visiblement été supprimé, le .pdf est donc téléchargeable directement ici]

Résumé  :
Dans ses mises en scène, Thomas Ostermeier, qui se perçoit comme le petit frère des déconstructivistes, reconstruit des histoires selon la méthode du kintsugi , c’est à dire à partir de morceaux brisés, en ayant toujours le souci de laisser visibles les points de raccord, les fractures, les cicatrices laissées sur notre société. Metteur en scène qui défend les possibilités d’un théâtre réaliste engagé, pourfendeur du théâtre performatif ou post-dramatique, il respecte le texte, mais ne cherche pas à faire entendre la littérature, à la mettre en valeur, son objectif est de comprendre les hommes, de faire avancer les idées. Son théâtre réaliste implique immédiatement un théâtre politique. Mais devrait s’exercer surtout à représenter la réalité du « vivre ensemble » humain. Et cette vision du théâtre que Thomas Ostermeier appelle aussi parfois théâtre sociologique, « part du constat que le comportement des gens les uns envers les autres se transforme en relation aux mouvements sociaux qui les entourent » .

A l’instar du comparatiste, il revendique « une liberté de démarche, un refus de s’enfermer dans des frontières » . Toujours en action, le théâtre d’Ostermeier est un théâtre de l’attitude transdisciplinaire, celui « d’une attitude militante de recherche d’un tout d’une complexité fascinante » . Son théâtre réaliste ibsénien, matérialiste « à la Brecht », se double d’une vision shakespearienne tragique, trash et quasi hystérique qui fascine les scènes françaises et internationales, tout en soulevant des critiques en Allemagne.
Questionner le travail d’Ostermeier dans le cadre d’une thèse en littérature comparée, c’est l’inscrire dans le domaine d’études transdisciplinaires, mais aussi dans l’analyse des « rapports intermédiatiques »  qu’il met en œuvre avec « la coprésence de plusieurs médias », et où le texte littéraire, les traductions, adaptations et réécritures, la mise en scène, les études de réception et les sciences humaines, s’interrogent réciproquement et se répondent en traversant les disciplines, pour mieux comprendre les enjeux de la création contemporaine et penser un rapprochement entre création artistique et recherche littéraire.


Bibliographie
CLAVERIE, Bernard : « Pluri-, Inter-, Transdisciplinarité : ou le réel décomposé en réseaux de savoir », Projectics / Proyéctica, Projectique 2010/1 (n°4)
FISCHER Carolin : « Réception productive entre imitatio, intertextualité et intermédialité », in : Konzepte der Rezeption, Band 1, Stauffenburg Colloquim, Band 73, 2015
OSTERMEIER, Thomas : « Remarques sur la réalité du ‘vivre ensemble’ des Hommes : plaidoyer pour un théâtre réaliste », in : Le théâtre et la peur, Actes Sud, 2016
SOULLIER Didier, Littérature comparée, PUF, 1997
Research Interests:
Dans le cadre du Colloque international organisé à l'université de Münster dans le cadre des « Rencontres franco-allemandes du contemporain » (5ème session) : "Le défi de l’écocritique. L’environnement dans les littératures francophones... more
Dans le cadre du Colloque international organisé à l'université de Münster dans le cadre des « Rencontres franco-allemandes du contemporain » (5ème session) : "Le défi de l’écocritique. L’environnement dans les littératures francophones contemporaines". Organisation : Christian von Tschilschke, Wolfram Nitsch, Anna Isabell Wörsdörfer, Veronika Stritzke

Abstract :

Face à l’urgence climatique, le paradigme écologique s’est inscrit dans notre temps. À côté des chercheurs en sciences humaines et sociales qui s’emploient à inventer des outils conceptuels pour donner sens et valeur à nos actes, nos idées et nos comportements, les auteur.ices, ont aussi un rôle à jouer. Par les récits qu’ils proposent, les images qu’ils font vivre sur la scène contemporaine, les émotions qu’ils font naître dans le public, ils contribuent non seulement à produire un discours en phase avec l’urgence écologique, mais surtout, ils agissent sur nos sensibilités et nos représentations. Cela explique que ces questions trouvent aujourd’hui toute leur place au cœur des écritures dramatiques contemporaines, notamment francophones. En voici quelques exemples.
Wajdi Mouawad réécrit Philoctète (Sophocle) dans Inflammation du verbe vivre (2016) en transgressant les frontières entre l’humain et l’animal ; Eva Doumbia, dans Autophagies (2021), lie la mémoire de la colonisation avec les mécanismes actuels d’exploitation de la nature (transformation des territoires ruraux, consommation des ressources), en rappelant que se nourrir aujourd’hui c’est, d’un point de vue symbolique, manger d’autres êtres. Dans Kingdom (2021), Anne-Cécile Vandalem livre le récit de deux familles qui se sont extraites du monde moderne pour vivre en paix dans une nature aussi hostile que merveilleuse, mais qui se voient rattrapées par le réel, et creuse ainsi la question de l’environnement au prisme d’enjeux éthiques et politiques. Joël Pommerat choisit d’interroger les relations entre l’être humain et la technologie dans Contes et légendes (2019), une fiction documentaire d’anticipation sur la construction de soi à l’adolescence et le mythe de la créature artificielle.
La présente communication se propose de dresser un panorama de l’écriture dramatique contemporaine dans ses préoccupations pour l’environnement, en questionnant les contenus, les formes et les modes de narration.
Dans le cadre du colloque international "Circulations des récits de transfuges de classe : perspectives internationales, éditoriales et médiatiques" co-rganisé par Laelia Véron (Université Orléans) et Karine Abiven (Sorbonne Université)... more
Dans le cadre du colloque international "Circulations des récits de transfuges de classe : perspectives internationales, éditoriales et médiatiques" co-rganisé par Laelia Véron (Université Orléans) et Karine Abiven  (Sorbonne Université) du 12 Juin 2024 au 13 Juin 2024, je présenterai une communication sur les "Récits de transfuges de classe sur la scène internationale. Le défi de l'actualisation théâtrale".

Résumé de ma communication :

L'analyse de la programmation des théâtres de ces dernières années montre un réel engouement pour le récit de soi mis en scène, et notamment pour les récits de transfuges de classe, en particulier ceux d'Edouard Louis, Didier Eribon et Annie Ernaux qui, l'an passé, a même fait son entrée au répertoire de la Comédie-Française. Cette réalité a largement débordé des scènes françaises avec les performances particulièrement remarquées de Thomas Ostermeier, Ivo van Hove ou Sarah Kohm, pour ne citer que quelques exemples. Ces spectacles, le plus souvent hybrides, entre film documentaire et performance théâtrale et musicale, prennent appui sur ces récits mais les actualisent, au cours d’un processus transmédial et transculturel. Les mises en scène ouvrent alors un entre-deux dialogique avec les spectateurs, interrogeant les mécanismes de domination et d’oppression à plusieurs niveaux, et permettent ainsi de réinterroger nos rapports aux mots, aux images et à notre histoire. Il s'agira pour moi de montrer comment les dispositifs scéniques prolongent ou mettent à distance les récits initiaux, afin de les faire déborder dans notre présent et de tisser de nouvelles relations. L’objet théâtral autobiographique et autoréflexif apparaît alors, plus que jamais, comme un paradigme cognitif pour se (re)connaître soi-même.

Pour avoir une idée du programme que vous pouvez suivre en présentiel ou à distance, c'est sur fabula : https://www.fabula.org/actualites/119625/circulations-des-recits-de-transfuges-de-classe-perspectives-internationales.html.
Dimanche 28 avril à l’issue de la représentation (spectacle à 15h) Rencontre au Théâtre Sylvia Monfort (Paris, 15ème) avec l’autrice de "Poings", Pauline Peyrade, et l’équipe artistique de la pièce, modérée par Delphine Edy, spécialiste... more
Dimanche 28 avril à l’issue de la représentation (spectacle à 15h)

Rencontre au Théâtre Sylvia Monfort (Paris, 15ème) avec l’autrice de "Poings", Pauline Peyrade, et l’équipe artistique de la pièce, modérée par Delphine Edy, spécialiste de théâtre et d’écriture contemporaine, traductrice et enseignante dans le supérieur, docteure en littérature comparée.

Le théâtre consacre un focus au travail de la compagnie Das Plateau entre le 26/04 et le 18/05 avec deux spectacles : "Poings" de Pauline Peyrade (publié aux solitaires intempestifs  et créé en 2021 au Théâtre National de Bretagne) et "Le Petit Chaperon rouge" (créé en 2022 pour la 76e édition du Festival d'Avignon) à partir de Grimm et de fragments de "Futur, ancien, fugitif" d'Olivier Cadiot (éditions P.O.L)

Cette compagnie a fait de son écriture scénique "qui mêle théâtre, littérature, musique et arts visuels pour tenter de développer un langage scénique qui creuse les champs de la perception et du sensible", une véritable marque de fabrique. "À la recherche d’un « nouveau tragique », la beauté qu’ils mettent en œuvre sur le plateau porte à la fois la marque de la violence du monde et la possibilité d’un espoir". [Plus à découvrir sur leur site : https://www.dasplateau.fr]

La direction du Monfort et la compagnie me font l'immense plaisir de me proposer de modérer la rencontre qui aura lieu ce dimanche 28 avril après le spectacle qui est à 15h.

Voilà donc une excellente occasion, à la fois de voir un spectacle fort et poignant, particulièrement plébiscité par la critique, et de nous y retrouver pour échanger.

à dimanche!
Dans le cadre du colloque international "Lydie Salvayre, écrire avec", organisé par Estelle Mouton-Rovira et Jean-Paul Engélibert (Université Bordeaux Montaigne), je proposerai une communication qui cherchera à analyser ce qui se joue... more
Dans le cadre du colloque international "Lydie Salvayre, écrire avec", organisé par Estelle Mouton-Rovira et Jean-Paul Engélibert (Université Bordeaux Montaigne), je proposerai une communication qui cherchera à analyser ce qui se joue dans les opérations de passage du récit au plateau dans quelques textes de Lydie Salvayre et ce que cela dit de son écriture "avec".

Ce colloque a lieu en partenariat avec l'ARDUA (Association Régionale des Diplômés de l'Université d'Aquitaine)  les Jeudi 14 mars 2024 (9h-16h45) et Vendredi 15 mars 2024 (9h30-16h30) Université Bordeaux Montaigne.

Une rencontre avec l'autrice est prévue le 14 mars à 18h à la Librairie Mollat et sera animée par Stéphane Bikialo.
Les 12 et 13 janvier aura lieu à Paris (campus Condorcet de l'EHESS) un colloque international très important pour celles et ceux qui s'intéressent au contemporain et à la littérature. Puisqu'aucun.e écrivain.e, aucun.e critique ou... more
Les 12 et 13 janvier aura lieu à Paris (campus Condorcet de l'EHESS) un colloque international très important pour celles et ceux qui s'intéressent au contemporain et à la littérature.

Puisqu'aucun.e écrivain.e, aucun.e critique ou éditeur.rice n'a proposé et/ou imposé un nom à cette littérature, comment nommer celle que - bientôt - on ne pourra plus nommer "contemporaine" puisqu'elle ne le sera plus...?

Et si elle était de l'ordre de la relation, des relations, "relationnelle" donc? C'est la proposition des 4 organisateur.rices de ce colloque (#tiphainesamoyault @cral_ehess - @anakiffer #pucrio - @alexandre.gefen @cnrs - #dominiqueviart #IUF @uparisnanterre) à laquelle nous allons réfléchir pendant 2 jours.

En ce qui me concerne, j'interviendrai samedi matin pour parler de théâtre contemporain compris comme littérature dramatique contemporaine et art de la scène. Ma communication se propose de mettre en évidence les diverses formes prises par cette dimension relationnelle du théâtre contemporain et de donner une image de la « grande scène relationnelle  », sur laquelle la relation entre les mots et le dire engage la voix, le corps et l’agir.

Publication prévue (plus d'infos à venir)
Je donnerai cette communication le 13 octobre prochain dans le cadre du Colloque international « À quoi sert la tragédie grecque aujourd’hui ? Usages et imaginaires d’un objet culturel au XXIe siècle », qui aura lieu les 12-13-14 octobre... more
Je donnerai cette communication le 13 octobre prochain dans le cadre du Colloque international « À quoi sert la tragédie grecque aujourd’hui ? Usages et imaginaires d’un objet culturel au XXIe siècle », qui aura lieu les 12-13-14 octobre 2023 à Paris (BNF Richelieu et INHA). Il est organisé par T. Karsenti (Paris Nanterre), C. Lechevalier Université de Caen), L. Thévenet (Université de Nantes).

Abstract :

Il existe une récurrence de structure au théâtre qui interroge, tant elle semble à la fois évidente et reste pourtant largement impensée : « Je ne suis pas ce que je suis  ». Pourtant, cette question ontologique existe déjà chez les Grecs et s’incarne tout particulièrement chez Sophocle dans Œdipe-Roi, un texte devenu une véritable matrice pour tout le théâtre occidental, la question de l’identité de celui qui dit je sur le plateau traçant un arc depuis la tragédie grecque jusqu’à la scène contemporaine.
Depuis 2019, on assiste à un véritable engouement autour du texte de Sophocle : Robert Icke a monté en néerlandais un Œdipus très politique avec la International Theater Amsterdam Company (première à l’été 2019) pour le Festival international d’Edinburg ; Wajdi Mouawad a réalisé en sa première mise en scène pour l’Opéra de Paris (septembre 2021) avec Œdipe de Georges Enesco. Enfin, Éric Lacascade a présenté cette année, avec sa compagnie, un Œdipe au Printemps des Comédiens à Montpellier.
Mais bien plus encore, il existe de véritables projets d’écriture-réécriture de la tragédie grecque qui s’inscrivent dans les traces spectrales de l’Antiquité et questionnent aujourd’hui, comme Sophocle en son temps, la véritable nature de notre identité. De sorte que la traduction d’Hölderlin, comprise par Michel Deutsch et Philippe Lacoue-Labarthe comme une « expérience unique » en construisant « une tragédie moderne » ,  trouve une véritable filiation, notamment dans les projets de Wajdi Mouawad, directeur du Théâtre de La Colline, de Maja Zade, dramaturge en chef de la Schaubühne, et de Milo Rau, nouveau directeur du festival de Vienne (Wiener Festwochen) qui apportent une réponse décisive à la question posée par le colloque.
Le seul titre du dernier spectacle de Mouawad, "Racine carrée du verbe être" (première octobre 2022), porte haut les couleurs de la question ontologique, même si l’ensemble de son œuvre théâtrale en rend compte. Depuis "Littora"l (1999), en passant par "Incendies" (2003) et jusqu’au cycle Sophocle en opus thématiques Des Femmes, Des Héros, Des Mourants (2011-2016), son projet d’écriture a directement à voir avec le désir de « croiser le fer avec lui [Sophocle] sur scène, lorsque celle-ci devient le monde et le monde celle-là  ». Sans cesse, il interroge et détourne Sophocle de sorte que l’objet théâtral qu’il propose est en perpétuel renouvellement.
Quant à Maja Zade, elle a répondu avec son "ödipus" à une demande de Thomas Ostermeier qui avait été sollicité depuis plusieurs années par la directrice du Festival d’Épidaure, Katerina Evangelatou, pour monter une tragédie antique. Mais, il n’y parvenait pas, car, pour lui, la question du destin et le mythe ne font plus sens aujourd’hui. Ils ont pourtant conservé l’imaginaire de la tragédie antique, la trame, les conflits, la catastrophe et la terreur, mais ils les réactivent au sein d’un dispositif intermédial qui permet d’actualiser, au sens deleuzien, la construction culturelle qu’est devenue la tragédie.
Quant à Milo Rau, il choisit de déployer son processus à présent bien rôdé de "reenactment" sur le terrain des tragiques grecs. Avec  Antigone in the Amazon" , il a proposé cet été à Avignon de réactiver la tragédie de Sophocle chez les activistes autochtones d'Amazonie et nous plonge ainsi au coeur d'une tragédie double qui nous permet de toucher du doigt le "je" d'Antigone il y a 2500 ans.
Ce que nous proposent Mouawad, Zade et Rau au travers de cet ancrage dans l’imaginaire collectif, c’est bien de nous raconter à nouveau des histoires, la nôtre surtout. William Marx ne dit d’ailleurs pas autre chose lorsqu’il écrit dans "Le Tombeau d’Œdipe", qu’il s’agit de « prendre conscience de qui nous sommes. En savoir davantage sur nous par ce qui n’est pas nous  ». C’est une belle manière de résumer l’ambition de cette proposition de communication.
dans le cadre du colloque "Métamorphoses du réel. Rencontres Allemandes de la Littérature Contemporaine" (RALC) 5 au 8 juillet 2023, organisé par Jochen Mecke & Melanie Schneider à l'université de Ratisbonne Résumé: Édouard Louis,... more
dans le cadre du colloque "Métamorphoses du réel.  Rencontres Allemandes de la Littérature Contemporaine" (RALC) 5 au 8 juillet 2023, organisé par Jochen Mecke & Melanie Schneider à l'université de Ratisbonne

Résumé:

Édouard Louis, dans les traces d’Annie Ernaux, défend la nécessité de « trouver une forme littéraire telle que ce que l’on a à dire va avoir un effet sur la réalité », et ainsi une « littérature de la confrontation » qui ne permette pas de détourner le regard de ce qu’elle a à dire, et qui s’inscrit dans un contexte, défini par Dominique Viart, de « retour à la question du réel, ou encore au réel en tant qu’il fait question pour la littérature ». Le recours à la fiction semble d’emblée posé comme une impossibilité et, à la suite d’Annie Ernaux et de Didier Eribon avec Retour à Reims, Édouard Louis s’engage dans la voie de l’autosociobiographie.

Cette écriture de soi de celles et ceux que l’on nomme transfuges de classe se trouve ancrée dans un territoire dont les frontières n’existent sur aucune carte, mais auxquelles les auteur.rice.s se trouvent pourtant confronté.e.s avec violence : qu’elles soient sociales, politiques ou littéraires, ces frontières doivent être, dans un premier temps, franchies avant de pouvoir être questionnées. Une déterritorialisation apparaît nécessaire avant d’engager un processus de reterritorialisation qui s’incarne dans le processus d’écriture : en débordant du cadre et des frontières pour dépasser les fractures, la littérature permet de créer un territoire de l’entre-deux, de faire passer la frontière de sa nature de seuil à celle de territoire, un espace de partage pour repenser les questions d’identité et donc de rapport au réel.

C’est ce que semblent avoir clairement perçu les gens de théâtre qui proposent ces dernières années nombre de versions scéniques de ces textes de transfuges de classe, dépassant ainsi la dichotomie réalité/fiction en les ancrant dans une hybridité générique où la littérature rencontre le théâtre, la danse et même le documentaire, à la croisée d’enjeux esthétiques, politiques et artistiques au cœur du réel. De sorte que sans rien céder sur le désir de réalité, la scène théâtrale permet alors au public d’avoir accès à une vérité plus générale, celle qui, dans notre monde de tous les dangers, nous engage et nous oblige tou.te.s.
Communications dans le cadre du Colloque international « Renouvellement de l’écriture de soi. Littérature de jeunesse et matériaux autobiographiques et auto-réflexifs au théâtre et en performance », 20-21 avril 2023, Institut de recherche... more
Communications dans le cadre du Colloque international « Renouvellement de l’écriture de soi. Littérature de jeunesse et matériaux autobiographiques et auto-réflexifs au théâtre et en performance », 20-21 avril 2023, Institut de recherche en Langues et Littératures Européennes, Université de Mulhouse (ILLE, UR 4363), org. Régine Battiston, Corinne François-Denève, Arnaud Genon

Résumé

"The Interrogation"  est un projet théâtral autobiographique qui « interroge » d’abord les doutes et les échecs, car il n’a jamais pu voir le jour dans sa forme initiale. Le détour par la fiction s’est imposé, et c’est Arne De Tremerie, un double physique d’Édouard Louis – mais en flamand –, qui l’incarne au plateau, tout en étant doublé par la présence spectrale de l’original sur l’écran. Le dispositif métathéâtral et intermédial mis en œuvre permet alors de « rejouer » l’histoire d’Édouard Louis, la proposer au plateau « en acte » dirait Deleuze, au sens d’un « reenactment » cher à Milo Rau qui refuse le documentaire pur et crée « une disposition à l’imaginaire collectif par le détour du réel ». Le texte qui s’écrit en scène est hybride et fait dialoguer tous les textes d’Édouard Louis pour en dire la complexité et la construction singulières, dans un spectacle qui se construit en direct sous nos yeux.

"The Silence", le dernier projet dramaturgique de Falk Richter créé au TNS en septembre 2022, choisit d’interroger l’inaudibilité au sein de la famille. Il performe autour de l’expression « to silence someone », au travers de Stanislas Nordey qui porte sa voix sur scène. La forme hybride de la performance aux modes autobiographique, autofictionnel et fictionnel est toujours au service d’un je collectif qui trouve sa clarté et sa force dans la complicité que les deux artistes ont noué au fil des années, ainsi que la compréhension intime des enjeux qui impose une parole forte et urgente sur le plateau. Là aussi, le texte s’écrit au présent, devant nous ; on entend les tours, détours et retours d'un Falk Richter plus intime que jamais, qui choisit d'aller au bout de ce qu'il a à dire, malgré la honte, malgré la souffrance induite. L'alternance avec les projections vidéo qui présentifient les échanges qu'il a eus avec sa mère – en allemand – après la mort de son père, construit une véritable mise en scène intermédiale et sert le « reenactment » dirait Milo Rau, en permettant la représentation de « la » vérité sur scène.

Au travers d’une analyse comparatiste de ces deux projets, je montrerai que dire le je de l’autre qui n’est pas étranger au sien, permet de « prendre conscience de qui nous sommes. [D’]en savoir davantage sur nous par ce qui n’est pas nous  ». C’est une belle manière – avec W. Marx – de résumer l’ambition de cette proposition de communication.
Colloque des 3-5 mars 2023 à Athènes : Critique policière et Mythologie Voici le programme! J'interviendrai deux fois au cours de ces 3 jours qui - aux côtés de Pierre Bayard et de tou.te.s ces excellent.e.s chercheur.e.s et écrivains... more
Colloque des 3-5 mars 2023 à Athènes : Critique policière et Mythologie

Voici le programme! J'interviendrai deux fois au cours de ces 3 jours qui - aux côtés de Pierre Bayard et de tou.te.s ces excellent.e.s chercheur.e.s et écrivains - s'annoncent "mythiques"! Comme il se doit pour faire honneur au plus mythique des héros, Oedipe!

1. Ma communication le vendredi 3 mars à l'université d'Athènes

Œdipe d’hier à aujourd’hui : enquête au plateau

Il y a ces dernières années une résurgence d’Œdipe sur la scène contemporaine européenne dont se sont emparés les plus grands festivals européens : qu’il s’agisse de l’Oedipus de Robert Icke au Festival d’Édimbourg (2019), de l’ödipus de Maja Zade/Thomas Ostermeier au Festival d’Épidaure (2021) ou de l’Œdipe roi d’Éric Lacascade au Printemps des comédiens de Montpellier (2022). Loin de proposer une simple « représentation » de la pièce de Sophocle, ils se lancent dans une enquête afin de résoudre l’énigme au cœur du texte : tels des détectives, ils passent le texte au peigne fin et se voient contraints de le réécrire ou de le faire réécrire, tant les zones d'ombres sont importantes et entravent le passage au plateau. De sorte que, pour résoudre l’énigme mythique, ils établissent leur propre partition dramaturgique et remettent en cause la culpabilité d’Œdipe, ce qui fait pleinement écho à la thèse de Pierre Bayard : Œdipe n[e pourrait être] coupable.
Cette communication se propose donc de faire état de ces investigations et de leurs résolutions dramaturgiques et esthétiques, et de montrer comment ceux qui ont décidé de mener l'enquête jusqu'au bout en arrivent aux mêmes conclusions.

2. Intervention le 5 mars à Schiste Hodos, au croisement des routes de Delphes et de Davlia, où, selon Sophocle, Œdipe aurait tué Laïos.

Il s’agira de prolonger l’interprétation des textes par une étude scientifique du terrain et une reconstitution, sans doute la première dans l’Histoire, des circonstances de l’altercation entre Œdipe et un voyageur, afin de savoir si celui-ci est bien Laïos.

Pierre Bayard (Université Paris 8) et Delphine Edy (Université de Strasbourg), qui se sont rendus plusieurs fois sur les lieux, exposeront les différentes hypothèses, communiqueront leurs conclusions et échangeront avec les autres participant.es.
Hasard et Nécessité au théâtre XIXᵉ-XXIᵉ siècles Colloque international organisé à l'Université de Rouen-Normandie par le CÉRÉdI (Rouen-Normandie), l'IRIHS (Rouen-Normandie) et l'IRET (Sorbonne Nouvelle) Comité d'organisation : Marianne... more
Hasard et Nécessité au théâtre XIXᵉ-XXIᵉ siècles

Colloque international organisé à l'Université de Rouen-Normandie par le CÉRÉdI (Rouen-Normandie), l'IRIHS (Rouen-Normandie) et l'IRET (Sorbonne Nouvelle) Comité d'organisation : Marianne Bouchardon (Sorbonne-Université), Ariane Ferry (Rouen-Normandie), Jean de Guardia (Sorbonne Nouvelle).

Dans cette communication, il s'agira de proposer une analyse d'une double actualité qui a caractérisé l'année 2021: la parution de l'ouvrage de Pierre Bayard "Oedipe n'est pas coupable" et celle de la première de la pièce de Maja Zade, "ödipus", mise en scène par Thomas Ostermeier au Festival d’Epidaure (première septembre 2021).

Nous n'en avons visiblement pas fini avec la question de la nécessité chez/d'Oedipe! A très bientôt donc!
Journée d’étude « « Le Roi Lear, une œuvre pluri- et inter-médiale? », le 24.11.2022 à ILCEA 4- Université Grenoble Alpes. Le retour du directeur de la Schaubühne berlinoise marque l’entrée au Répertoire du Roi Lear dans une nouvelle... more
Journée d’étude « « Le Roi Lear, une œuvre pluri- et inter-médiale? »,
le 24.11.2022 à ILCEA 4- Université Grenoble Alpes.

Le retour du directeur de la Schaubühne berlinoise marque l’entrée au Répertoire du Roi Lear dans une nouvelle traduction d’Olivier Cadiot et souligne l’intérêt décidément marqué de Thomas Ostermeier pour la question de la folie chez Shakespeare, qu’il songe à démultiplier de manière kaléidoscopique sur le plateau dont la scénographie matérialisera un immense paysage de lande. Dans ce nouveau spectacle, le metteur en scène conserve l’idée de musique live (comme dans La Nuit des rois) avec la présence de trompettistes, mais fait le choix de faire entrer la vidéo sur le plateau et ainsi d’ajouter une épaisseur de plurimédialité à cette œuvre déjà intermédiale dans la manière dont elle fait dialoguer les paroles, la musique, les images et les corps.
Dans cette adaptation qu’il co-signe avec Élisa Leroy, il y a fort à parier que les choix dramaturgiques viseront à resserrer et à densifier l’histoire de ce roi pour exposer au public les questions intemporelles qui agitent le monde de Lear et débordent dans notre monde de sorte que l’histoire de ce roi aura beaucoup à nous révéler de notre réalité sociale et politique.
Dans la mesure où je vais suivre la création de ce spectacle jusqu’à la première le 23 septembre 2022, cette communication pourra être le lieu d’une réflexion autour de l’analyse d’une comparatiste, spécialiste de théâtre contemporain, sur la machine artistique qui fait le choix de déployer ce grand texte et l’inscrit dans une histoire interculturelle des mises en scène contemporaines du Roi Lear et plus largement de Shakespeare.
Communication donnée dans le cadre de la Journée d’études: “Ödön von Horváth, écriture dramatique, réécritures et traductions”, 4-5 avril 2022, Lille Organisateurs : Marianne Picart, Karl Zieger (UdL, Alithila), Marc Lacheny (Université... more
Communication donnée dans le cadre de la Journée d’études: “Ödön von Horváth, écriture dramatique, réécritures et traductions”, 4-5 avril 2022, Lille

Organisateurs : Marianne Picart, Karl Zieger (UdL, Alithila), Marc Lacheny (Université de Lorraine, CEGIL).

En mars 2014, le public parisien découvrait au Théâtre de la Bastille l’adaptation théâtrale de Jeunesse sans Dieu de François Orsoni, perçue par la critique comme « aussi grinçante que réjouissante ». Sept ans plus tard exactement, ce même public aurait dû retrouver Ödön von Horváth et son célèbre roman adapté et mis en scène par Thomas Ostermeier au Théâtre des Gémeaux de Sceaux, mais la crise sanitaire en a décidé autrement. Cette version de Jugend ohne Gott reste inscrite au répertoire de la Schaubühne et on peut donc espérer que le spectacle finira par tourner en France, même si ce ne sera pas pour la saison prochaine…
Cette création dont la première a eu lieu au Festival de Salzbourg le 28 juillet 2019 fait partie d’un vaste projet théâtral, une tétralogie que forment Professeur Bernhardi (2016), Retour à Reims (2018), Nuit Italienne (2018) et Jeunesse sans Dieu, dans laquelle Ostermeier se confronte à la montée des idées d’extrême-droite dans le paysage politique contemporain en analysant les raisons qui soutiennent cette évolution, ce qui l’amène à interroger les notions de responsabilité individuelle et de courage et à « fouiller la réalité  », tout comme Horváth en son temps.
Il s’agira dans cette contribution de montrer de quelle manière l’écriture théâtrale d’Ostermeier répond à l’écriture dramatique d’Horváth, et comment le metteur en scène investit l’espace interstitiel entre le texte et la scène afin de souligner que le courage de dire la vérité appartient autant au présent qu’au passé, et qu’il est plus que jamais urgent de refuser d’entrer dans « l’ère des poissons ».
Research Interests:
Édouard Louis, dans les traces d’Annie Ernaux, défend la nécessité de « trouver une forme littéraire telle que ce que l’on a à dire va avoir un effet sur la réalité », et ainsi une « littérature de la confrontation » qui ne permette pas... more
Édouard Louis, dans les traces d’Annie Ernaux, défend la nécessité de « trouver une forme littéraire telle que ce que l’on a à dire va avoir un effet sur la réalité », et ainsi une « littérature de la confrontation  » qui ne permette pas de détourner le regard de ce qu’elle a à dire, et qui s’inscrit dans un contexte, défini par Dominique Viart, de « retour à la question du réel, ou encore au réel en tant qu’il fait question pour la littérature  ». Le recours à la fiction semble d’emblée posé comme une impossibilité et, à la suite de Didier Eribon et de son Retour à Reims, Édouard Louis s’engage dans la voie de l’autosociobiographie.
Pourtant, le passage à la scène, notamment dans les spectacles de Thomas Ostermeier, crée un nouveau territoire, qui nous rappelle que « dès qu’ils sont constitués par la langue, la parole et l’écriture […] tous les espaces ou les mondes sont imaginaires  ».  Les versions scéniques de ces textes de transfuges de classe dépassent ainsi la dichotomie réalité/fiction en les ancrant dans une hybridité générique et deviennent des performances transmédiales où la littérature rencontre le théâtre, la danse et même le cinéma documentaire, le tout se situant à la croisée d’enjeux esthétiques, politiques et artistiques au cœur du réel.
Sans rien céder sur le désir de réalité, la scène théâtrale permet alors au public d’avoir accès à une vérité plus générale, celle qui, dans notre monde de tous les dangers, nous engage et nous oblige tou.te.s.
Enregistrement vidéo de la communication sur le site de l'université de Montréal: http://oic.uqam.ca/fr/communications/nos-fantomes-et-nos-vies-litterature-et-theatre-aux-prises-avec-lamnesie-sociale En souscrivant à la proposition de... more
Enregistrement vidéo de la communication sur le site de l'université de Montréal: http://oic.uqam.ca/fr/communications/nos-fantomes-et-nos-vies-litterature-et-theatre-aux-prises-avec-lamnesie-sociale

En souscrivant à la proposition de Stanislas Nordey  d’écrire pour le théâtre, Édouard Louis choisit de revenir à la figure paternelle, déjà au cœur de son premier roman En finir avec Eddy Bellegueule (2014). Raconter sa nécessaire fuite du milieu de son enfance s’apparentait alors à une tentative de « faire mémoire » pour mieux comprendre les raisons de son départ. Quatre ans plus tard, l’auteur emprunte une voie à la fois complémentaire et paradoxale, puisque, dans Qui a tué mon père, il prend le chemin du retour et cherche à retrouver son père en dépassant la simple relation filiale pour faire entendre la voix de ce « père […] privé de la possibilité de raconter sa propre vie  ». Édouard Louis devient à la fois le porte-voix de cette figure paternelle invisible et celui de la communauté des ouvriers du Nord de la France, réduits au silence et à l’oubli. En écrivant « l’histoire [du] corps  » de son père, il réussit à reconfigurer la mémoire collective en partant des oubliés, de ceux sur lesquels on n’écrit pas et engage un nécessaire combat politique et littéraire, celui de la « littérature de confrontation ». Choisir de faire sortir de l’oubli ceux qui ont été abandonnés par les responsables politiques, c’est aussi s’inscrire dans la démarche engagée par Didier Eribon avec Retour à Reims (2009) : dépasser la simple chronique personnelle pour interroger les mécanismes de domination et d’oblitération conduisant à l’oubli.
En acceptant en outre de mettre l’histoire de son père en images, puisque l’auteur, dans la toute récente et très remarquée mise en scène de Thomas Ostermeier , joue son propre rôle, il prolonge la filiation avec Didier Eribon puisque le metteur en scène a présenté quatre versions différentes de Retour à Reims, en allemand, en anglais, en français et en italien, sans qu’il s’agisse de traduction : à chaque fois, la question de l’oubli est abordée de manière singulière, et le théâtre en tant qu’art du présent « en acte » s’avère un allié extraordinaire pour le reconfigurer. Le spectacle interroge en effet les oubliés du présent, et, dès lors, dépasse le livre. En Angleterre, c’est Katy, alias Nina Hoss, l’actrice qui enregistre la bande son du documentaire, qui rappelle l’histoire de son père Willi Hoss, syndicaliste engagé, ancien membre du parti communiste et activiste écologiste ; en France, c’est Tony, joué par Blade Mc Alimbaye, qui actualise l’histoire de son grand-père et ainsi celle des tirailleurs sénégalais de la Seconde guerre mondiale que l’on a littéralement effacés de l’Histoire.
En faisant entendre les voix des oubliés, en projetant en fond de scène leurs images qui s’entrechoquent, le théâtre, à la fois littéraire et spectaculaire, réussit ainsi à faire de la scène un espace de hantise au sens de Didi-Huberman, c’est-à-dire « un lieu paradoxal : [un] lieu pour éprouver en même temps le contact et la distance  », rappelant ainsi que les fantômes des oubliés sont dans « l’air que nous respirons  ».
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Édouard Louis, dans les traces d’Annie Ernaux, défend la nécessité de « trouver une forme littéraire telle que ce que l’on a à dire va avoir un effet sur la réalité », et ainsi une « littérature de la confrontation » qui ne permette pas... more
Édouard Louis, dans les traces d’Annie Ernaux, défend la nécessité de « trouver une forme littéraire telle que ce que l’on a à dire va avoir un effet sur la réalité », et ainsi une « littérature de la confrontation  » qui ne permette pas de détourner le regard de ce qu’elle a à dire, et qui s’inscrit dans un contexte, défini par Dominique Viart, de « retour à la question du réel, ou encore au réel en tant qu’il fait question pour la littérature  ». Le recours à la fiction semble d’emblée posé comme une impossibilité et, à la suite de Didier Eribon et de son Retour à Reims, Édouard Louis s’engage dans la voie de l’autosociobiographie.
Cette écriture de soi se trouve ancrée dans un territoire dont les frontières n’existent sur aucune carte, mais auxquelles les auteurs transfuges de classe se trouvent pourtant confrontés avec violence : qu’elles soient sociales, politiques, juridiques ou sociologiques, ces frontières doivent être dans un premier temps franchies avant de pouvoir être questionnées. Avec Jean-Pierre Sarrazac, pour qui « le détour permet le retour  », nous pensons que « le pas de côté, le détour par ce qui est étranger ne peuvent que favoriser un regard de re-connaissance du réel  ». Le fait de se détourner radicalement des lieux de leur jeunesse, est donc devenu pour Ernaux, Eribon et Louis le moyen de mieux revenir à eux, montrant ainsi que toute déterritorialisation engage nécessairement un mouvement de reterritorialisation qui s’incarne dans leur cas dans le processus d’écriture : en débordant du cadre et des frontières pour dépasser les fractures, la littérature permet de créer un territoire de l’entre-deux, de faire passer la frontière de sa nature de seuil à celle de territoire, un espace de partage pour repenser les questions d’identité.
Retour à Reims, le spectacle hybride de Thomas Ostermeier, entre film documentaire et performance théâtrale et musicale, prend appui sur l’essai de Didier Eribon et connaît un succès retentissant : créé en anglais à Manchester en juillet... more
Retour à Reims, le spectacle hybride de Thomas Ostermeier, entre film documentaire et performance théâtrale et musicale, prend appui sur l’essai de Didier Eribon et connaît un succès retentissant : créé en anglais à Manchester en juillet 2017, il a été repris à Berlin à la Schaubühne, puis transposé en français et en italien, et une nouvelle version allemande sera présentée au public berlinois en 2021, de sorte que l’on assiste à une démultiplication du Retour.
La dimension autobiographique du vécu a joué un rôle décisif dans le choix d’Ostermeier de créer ce spectacle, mais l’opération de transfert sur le plateau engage un processus d’éloignement, une distanciation du texte et donc de la parole d’Eribon: Ostermeier part de la parole de l’homme, de son vécu, pour déplier une réalité de plus en plus globale, qui déborde à travers les discussions des personnages pour atteindre les spectateurs qui sont en mesure d’engager un dialogue avec leur propre histoire. Tout se passe en effet comme si l’approche de la réalité, notamment politique, méritait un déplacement, un détour par l’étranger, Jean-Pierre Sarrazac nous rappelant d’ailleurs que « le détour permet le retour  » : « Le pas de côté, le détour par ce qui est étranger ne peuvent que favoriser un regard de re-connaissance du réel  ».
En actualisant ce texte au sens deleuzien  au cours d’un processus transmédial et transculturel, Ostermeier ouvre un entre-deux dialogique avec les spectateurs, interrogeant les mécanismes de domination et d’oppression à maints niveaux : les spectateurs, les trois personnages en scène, le documentaire et le texte d’Eribon sont les différents acteurs de cette narration du pouvoir qui déborde du cadre et des frontières pour créer entre les individus des relations fortes permettant d’envisager un véritable espace de partage. D’Eribon aux spectateurs, Ostermeier esquisse un arc tendu, qui permet de réinterroger nos rapports aux mots, aux images et à notre histoire.
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lnvitation de Line COTTEGNIES et Élisabeth ANGEL-PEREZ dans le cadre du séminaire du projet « Clio en scène : Faire l’histoire — l’histoire immédiate sur la scène britannique » (Projet Emergence, Sorbonne Université, 2019-2021) - Workshop... more
lnvitation de Line COTTEGNIES et Élisabeth ANGEL-PEREZ dans le cadre du séminaire du projet « Clio en scène : Faire l’histoire — l’histoire immédiate sur la scène britannique » (Projet Emergence, Sorbonne Université, 2019-2021) - Workshop 2 : 29 mars 2021, « Queering Shakespeare : Relire Shakespeare au prisme des enjeux contemporains ».

De possibles "relectures" de Shakespeare "au prisme des enjeux contemporains". Comment Thomas Ostermeier, à partir de Shakespeare, opère-t-il des choix dramaturgiques et esthétiques? Comment le fantôme de Shakespeare lui permet-il de questionner notre monde d'aujourd'hui?
Qu'il parte ou qu'il revienne à Shakespeare, tous les chemins du metteur en scène convergent vers lui.
Communication dans le cadre des "Doctoriales annuelles" de la Société Française de Littérature Générale et Comparée, Université de Strasbourg, 20 janvier 201. L’Institut de littérature comparée de l’université de Strasbourg et son... more
Communication dans le cadre des "Doctoriales annuelles" de la Société Française de Littérature Générale et Comparée, Université de Strasbourg, 20 janvier 201.

L’Institut de littérature comparée de l’université de Strasbourg et son groupe de recherche L’Europe des lettres organisent pour les doctorants en littérature comparée de toutes les universités françaises une journée doctorale nationale le vendredi 20 janvier 2017. La dernière manifestation de ce type avait eu lieu en 2011 à l’université Charles-de-Gaulle Lille III.

Les doctorants à partir de la 2e année de thèse sont invités à présenter la problématique générale de leur travail au cours d’exposés de 10 minutes organisés en ateliers thématiques et réunissant, avec d’autres doctorants, des docteurs récents et des enseignants-chercheurs en littérature comparée venus de diverses universités. Chaque atelier ouvrira ensuite à une discussion élargie entre les participants.

La journée a pour objectif de proposer un état des recherches actuelles menées dans notre discipline, de faire se rencontrer les doctorants de diverses universités, et d’offrir à leur travail une première occasion de diffusion. Il s’agira d’un moment de rencontre et d’échanges.
Colloque ""COMMENT PENSER L'ACTUALITÉ?", Institut Historique Allemand, 5-6 octobre 2016 « On ne peut songer à soumettre l’actualité à l’analyse scientifique si l’on n’a pas rompu avec l’illusion de tout comprendre d’emblée. Et la... more
Colloque ""COMMENT PENSER L'ACTUALITÉ?", Institut Historique Allemand, 5-6 octobre 2016

« On ne peut songer à soumettre l’actualité à l’analyse scientifique si l’on n’a pas rompu avec l’illusion de tout comprendre d’emblée. Et la rupture réside en effet dans le fait de constituer comme faisant question ce qui paraît hors de question, évident ».  Quelle magnifique invitation de Pierre Bourdieu à remettre des guillemets au terme « actualité » dont le sens déborde jusque sur les scènes de théâtre.
Le théâtre, art par définition en et du temps réel, permet le passage de la catégorie du virtuel (où le texte dramatique existe « en puissance », ouvert aux devenirs) à celle de l’actuel (lorsque le metteur en scène s’empare de ces devenirs pour les matérialiser « en acte »). Si comme le dit Gilles Deleuze, le virtuel et l’actuel sont à considérer comme « les deux phases solidaires du réel », alors « l’actuel n’est pas la suppression du virtuel, mais sa phase adverse et réversible » . La représentation théâtrale construit donc « un présent singulier » , que le texte dramatique fait exister en puissance, comme « événement incorporel, passé, idéel » .
Le théâtre propose un traitement particulier de cette question du temps présent, un processus d’actualisation au sens deleuzien, « la construction du présent ne pouvant pas faire l’économie du passé » . Mais, parler du présent ne signifie pas pour autant verser dans l’actualité, rôle qui incombe aux médias, ou de faire une « lecture actualisée » des textes de théâtre pour paraphraser François Regnault qui défend l’idée d’une « dialectisation du présent », qui fasse « entendre ce que la pièce peut contenir de ce temps présent, et qui lui était au début inconnu» . On reconnaît ici « l’obscur pressentiment » de Peter Brook qui ne monte des pièces que lorsqu’il a « la conviction que cette pièce doit être montée aujourd’hui » . De sorte que, comme l’affirme très justement Alain Badiou, « le théâtre a une fonction propre de révélation du présent, entre autres choses parce qu’il doit décider de construire ce présent» .
Pour Ostermeier, il s’agit « de présenter [les pièces du passé] au présent, de donner dans la représentation elle-même le sentiment de l’actualité, du présent de la chose »  : dans La Mouette, Medvédenko et Macha évoquent la crise migratoire en Europe, Arkadina lit Michel Houellebecq au bord du lac, et le décor se crée présentement à grands coups de rouleau en fond de plateau… Chez Falk Richter, l’écriture au plateau, l’actualisation de la figure de Fassbinder, les images vidéo du Super Tuesday du 1er mars 2016, ajoutent à cet effet de frottement du présent et du passé. Il s’agit de faire résonner dans l’épaisseur de l’actualité théâtrale (au sens de non-virtuel) l’écho de l’actualité du monde (au sens de ce qui est en acte aujourd’hui dans le monde). Et de cette « cumulation du présent et du passé », de cette friction des actualités naît pour les spectateurs « l’intensité du présent lui-même », de sorte que le temps de la représentation théâtrale permet un nouveau rapport à l’actualité : même dans sa virtualité, une fois la représentation terminée, le théâtre est le lieu où tout se joue !
Communication donnée au cours de la journée d’étude sur « L'Histoire, forme moderne du tragique ? Aspects des dramaturgies allemandes et françaises de 1785 à 1813 », Université de Paris-Sorbonne, CRHT et CRLC, 6 novembre 2004... more
Communication donnée au cours de la journée d’étude sur « L'Histoire, forme moderne du tragique ? Aspects des dramaturgies allemandes et françaises de 1785 à 1813 », Université de Paris-Sorbonne, CRHT et CRLC, 6 novembre 2004

Publication à paraître en 2020 chez Champion, dans la collection « Histoire culturelle de l’Europe » dirigée par Françoise Mélonio, sous le titre Histoire, Destin, Providence. Formes du tragique dans les théâtres allemand et français de 1785 à 1813
Research Interests:
Le Théâtre Silvia Monfort (Paris 15ème) invite Vanessa Larré et son équipe à recréer "King Kong Théorie" de Virginie Despentes pour une douzaine de représentations : ça commence ce soir le 4 juin et ça dure jusqu'au 15! Dans ce cadre,... more
Le Théâtre Silvia Monfort (Paris 15ème) invite Vanessa Larré et son équipe à recréer "King Kong Théorie" de Virginie Despentes pour une douzaine de représentations : ça commence ce soir le 4 juin et ça dure jusqu'au 15!

Dans ce cadre, la metteure en scène et la direction du théâtre ont eu envie de proposer  de réfléchir ensemble autour d'une table-ronde où il s'agira de "flinguer la culture du viol". Elle aura lieu le 15 juin vers 19h30 à l'issue du spectacle (qui est à 18h) sous forme de bord-plateau.

Je me réjouis d'avoir été sollicitée pour animer ce temps d'échanges et suis honorée de la confiance renouvelée du Théâtre Silvia Monfort : avoir la possibilité de creuser ces enjeux politiques au coeur du théâtre-cité en les partageant avec le public, c'est éminemment précieux!

Hâte donc de vous retrouver nombreux.ses pour écouter l'équipe artistique, mais aussi les journalistes et autrices Chloé Thibaud et Christine Van Gee qui viennent de publier "respectivement Désirer la violence" et « Allumeuse », échanger sur ce sujet ô combien crucial aujourd'hui, malgré les avancées, malgré les prises de conscience...

Au plaisir de futurs échanges!
Cette conférence se déroule dans la cadre de la formation de l'Ecole doctorale des humanités (ED 520) de l'unistra mais est ouverte à toutes et à tous! 14h - 15h30 dans l'amphi AT8 de l'Atrium De quoi vais-je parler? De théâtre... more
Cette conférence se déroule dans la cadre de la formation de l'Ecole doctorale des humanités (ED 520) de l'unistra mais est ouverte à toutes et à tous!

14h - 15h30 dans l'amphi AT8 de l'Atrium

De quoi vais-je parler? De théâtre bien sûr, mais plus précisément, voici le pitch!

Si la performance et l’écriture de plateau ont acquis une place importante sur les scènes contemporaines, le théâtre qui engage la recréation d’une forme textuelle préexistante n’a perdu ni sa place ni sa vitalité, comme en témoignent les programmations pour la saison 2023-2024.
Les enjeux de la recréation d'une œuvre en scène sont multiples. Celle-ci peut être comprise comme le passage d’un texte au plateau (texte dramatique ou non-dramatique, de fiction ou non…), un passage qui engage des notions comme celles d’adaptation, de traduction, de dramaturgie ou de réécriture. Mais il peut aussi s’agir de la re-mise en scène d’une œuvre scénique (Marcial Di Fonzo Bo et Frédérique Loliée avec Matthias Langhoff ou les x versions d’un même spectacle comme le pratique Thomas Ostermeier).
Tout cela entraîne des enjeux esthétiques et politiques majeurs et c’est ce que cette présentation tentera de cartographier et de mettre en jeu au travers d’analyses d’exemples emblématiques de ce théâtre qui tracera un arc de Shakespeare (Thomas Ostermeier, Thomas Jolly, Jean-François Sivadier, Gwenaël Morin…) jusqu’à l’extrême contemporain (Olivier Cadiot/Ludovic Lagarde, Laurent Mauvignier, Milo Rau…) en passant par Simon McBurney, Silvia Costa, Sylvain Creuzevault, Christophe Honoré…

Alors, si ça vous tente, je vous y retrouve avec plaisir!
Je suis très heureuse de vous faire parvenir cette invitation à nous rejoindre le 13 avril à 16h au Théâtre National de Strasbourg qui nous accueille très chaleureusement pour le lancement du numéro de revue Skén&graphie autour de "Ecrire... more
Je suis très heureuse de vous faire parvenir cette invitation à nous rejoindre le 13 avril à 16h au Théâtre National de Strasbourg qui nous accueille très chaleureusement pour le lancement du numéro de revue Skén&graphie autour de "Ecrire la vie au théâtre. De l'autobiographie à l'Ukraine en guerre".

Ce sera l'occasion de revenir sur les créations théâtrales (écritures contemporaines, traductions, mises en scène) qui ont été analysées dans ce dossier - vous avez pu en voir certaines au TNS comme "The Silence" de Falk Richter ou les spectacles de Rebecca Chaillon au Maillon -, mais aussi d'échanger avec vous sur ce que signifie "se lancer dans l'aventure d'un numéro de revue" lorsqu'on est obligé.es à un instant T de "figer" les choses alors qu'on le sait bien, la situation en Ukraine évolue sans cesse...

La table ronde où vos questions et commentaires seront les bienvenus sera suivie d'une mise en voix par des étudiant.es de l'université (de théâtre et de lettres) d'extraits de textes dramatiques qui permettront d'entendre des voix trop souvent encore inaudibles...!

Ce sera donc l'occasion de découvrir des extraits de toutes nouvelles traductions de pièces ukrainiennes très récentes (Neda Nejdana, Natalka Vorojbyt, Sacha Denisova)et de réentendre la langue de Falk Richter et de Rebecca Chaillon, ce dont on se réjouit évidemment beaucoup! A l'issue de ces lectures, nous nous retrouverons autour d'un verre pour poursuivre les échanges!

On vous attend pour ce beau moment de partage autour de valeurs et de la passion du théâtre qui nous animent !
Dans le cadre du 10ème anniversaire de la compagnie "Morphologie des Eléments" , je suis invitée aux côtés de Céline Flécheux, professeure à l’Université Paris-8 Vincennes-Saint-Denis, et les artistes Anne Alvaro, Yann Boudaud, François... more
Dans le cadre du 10ème anniversaire de la compagnie "Morphologie des Eléments" , je suis invitée aux côtés de Céline Flécheux, professeure
à l’Université Paris-8 Vincennes-Saint-Denis, et les artistes Anne
Alvaro, Yann Boudaud, François Corneloup, Catie
Evezard et Lilas Réglat, à intervenir au cours de ce week-end qui s'annonce très riche autour du travail d'Yves Chaudouët.

3 jours de projections, lectures, conversations, spectacles... Le programme est en .pdf!

Hâte de vous y retrouver!
Ce séminaire est organisé par Florence Bancaud, Susanne Böhmisch et Nathalie Schnitzer de l'université d'Aix-Marseille avec leurs collègues du laboratoire "échanges" . Lors de ma séance le 15 décembre (14-17h), il sera question de... more
Ce séminaire est organisé par Florence Bancaud, Susanne Böhmisch et Nathalie Schnitzer de l'université d'Aix-Marseille avec leurs collègues du laboratoire "échanges" .

Lors de ma séance le 15 décembre (14-17h), il sera question de théâtre germanophone et notamment des créations de Thomas Ostermeier (directeur artistique de la Schaubühne) et de Milo Rau (directeur des Wiener Festwochen), mais aussi plus largement de théâtre contemporain avec des spectacles de Caroline Guiela Nguyen (artiste associée de la Schaubühne et nouvelle directrice du TNS), Rebecca Chaillon (qui croise idéalement les questions de nourriture et de genre), du collectif belge TG Stan...
Au théâtre, les personnages peuvent ruser en utilisant tout un tas de dispositifs en creux dans l’écriture dramatique et/ou dans l’écriture scénique : créer de l’illusion, tromper l’autre ou mentir, dissimuler le réel et la vérité... more
Au théâtre, les personnages peuvent ruser en utilisant tout un tas de dispositifs en creux dans l’écriture dramatique et/ou dans l’écriture scénique : créer de l’illusion, tromper l’autre ou mentir, dissimuler le réel et la vérité derrière des écrans, se travestir ; c’est notamment le jeu des personnages shakespeariens, qu’il s’agisse d’Hamlet, de Viola dans La Nuit des Rois ou de Iago dans Othello, mais ça l’était déjà chez Sophocle avec Ulysse dans Philoctète qui met tout en œuvre pour gagner la guerre de Troie.
Mais parfois, ce sont les œuvres elles-mêmes qui s’opposent aux modèles esthétiques établis et cherchent à mettre les spectateurs en action/réflexion, par exemple lorsque sous couvert d’un réalisme de surface, les spectateurs sont confrontés à une vérité plus profonde qui se déploie au cœur d’un effet de montage (au sens d’Eisenstein) ou de recréation qui peut passer par des choix dramaturgiques forts (coupes, remodelage, insertion de nouveaux textes…). Que voit-on alors sur le plateau ? Une pièce « de » ? « d’après » ? Comme si la scène venait fausser le texte, engageant ainsi un dialogue entre fidélité et trahison pour poser la question : jusqu’où le metteur en scène peut-il ruser pour faire advenir son spectacle et ses choix ?
De sorte qu’on peut même légitimement se demander jusqu’où le théâtre – en particulier dans la création contemporaine – n’est pas a priori toujours de l’ordre de la ruse, et ce même dans ce qu’on nomme aujourd’hui « les théâtres du réel ». Car, qu’il s’agisse de Rimini Protokoll, de Milo Rau ou d’Angélica Liddell, que voit-on finalement sur le plateau ? N’est-ce pas toujours l’illusion du réel ?
Shakespeare, notre contemporain Reprenant, par son intitulé, le titre de l’ouvrage célèbre de Jan Kott, "Shakespeare, notre contemporain" (1961), ce séminaire engage la réflexion sur la modernité et l’actualité du grand Élisabéthain à... more
Shakespeare, notre contemporain

Reprenant, par son intitulé, le titre de l’ouvrage célèbre de Jan Kott, "Shakespeare, notre contemporain" (1961),
ce séminaire engage la réflexion sur la modernité et l’actualité du grand Élisabéthain à travers les adaptations et les mises en scène de ses pièces en Europe de la Seconde Guerre mondiale à nos jours. L’accent sera mis sur les grands moments historiques après 1945, de la Shoah à la partition politique entre les deux blocs jusqu’à la chute du Mur en 1989 avant l’Europe contemporaine. Déployée dans les différentes aires géographiques, linguistiques et culturelles d’un continent en mutation, l’analyse intègrera également des exemples de réécriture lyrique, chorégraphique et cinématographique, avec, en toile de fond, les modes de représentation imaginaire et réelle de l’Europe dans le théâtre shakespearien et sa capacité simultanée à figurer la complexité du monde moderne.

Séance du 20 février 2023 10h-13h à l'INHA

Il s'agira d'aborder les mises en scène de Thomas Ostermeier (Schaubühne) en analysant tour à tour les traductions/adaptations/réécritures, les options scénographiques, la direction d'acteurs, les choix musicaux ...
Je suis intervenue à la demande de la Comédie Française dans deux cycles de formation pour les collègues de spécialité et option théâtre de l'académie de Créteil avec deux objectifs: - les aider à préparer leurs interventions autour de... more
Je suis intervenue à la demande de la Comédie Française dans deux cycles de formation pour les collègues de spécialité et option théâtre de l'académie de Créteil avec deux objectifs:
- les aider à préparer leurs interventions autour de "Richard III" qui est au programme du baccalauréat 2023-2024 en répondant à leurs questions.
- leur donner des outils pour faciliter leurs investigations, et notamment présenter mon ouvrage sur Thomas Ostermeier publié aux presses du réel.

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Pourquoi la Comédie française s'empare-t-elle de ces enjeux?

En 2018, Thomas Ostermeier met en scène à la Comédie-Française La Nuit des rois ou Tout ce que vous voulez de William Shakespeare et revient en 2022 pour Le Roi Lear. Ces deux mises en scène s'inscrivent dans le long compagnonnage du metteur en scène avec l'oeuvre de Shakespeare. Cette session de formation sera l'occasion d'interroger les multiples possibilités offertes par ce texte écrit en 1591-1592 ainsi que les enjeux de la traduction des pièces de Shakespeare.

On se réjouit de ces partenariats entre institution théâtrale, enseignement secondaire, réseaux de formateur.rice.s, inspection pédagogique régionale, artistes et spécialistes de théâtre. C'es ainsi que nous devrions toujours pouvoir travailler!
Pour tenter de comprendre ce que "peut faire" la littérature, comme dirait Roland Barthes, et donner des pistes et des clés pour réfléchir et amplifier le dialogue entre littérature et écologie.
Pour des raisons sanitaires, la conférence a finalement eu lieu à distance, elle a été enregistrée et sera disponible tout bientôt sur https://lacademie.tv. Je redonnerai le lien dès que! Depuis quelques années, les récits... more
Pour des raisons sanitaires, la conférence a finalement eu lieu à distance, elle a été enregistrée et sera disponible tout bientôt sur https://lacademie.tv. Je redonnerai le lien dès que!


Depuis quelques années, les récits autosociobiographiques s’imposent sur les scènes contemporaines européennes. L’écriture de soi implique visiblement une dimension scénique et performative propre à attirer l’attention des gens de théâtre, peut-être particulièrement sensibles à la pluralité des écritures en je(u) dans le travail de ces auteurs. Retravaillés par les metteurs en scène, ces textes permettent de dépasser les dichotomies réalité/fiction, texte/performance et texte narratif/texte dramatique. L’exposé cherchera à comprendre le sens de cette évolution où, réagissant l’un à l’autre, texte et scène forment un tout qui ancre le propos dans le réel et met en évidence sa dimension politique. Il s’agira donc de réfléchir à cette « pratique dramatico-théâtro-performative » qui ne cesse d’ouvrir la littérature à des pans du réel.
Cette présentation s’appuiera notamment sur les textes d’Annie Ernaux, de Didier Eribon et d’Édouard Louis, ainsi que sur les créations de grands metteurs en scène européens tels que Stanislas Nordey, le directeur du Théâtre National de Strasbourg, Thomas Ostermeier, le directeur artistique de la Schaubühne berlinoise et Ivo van Hove, directeur du International Theater Amsterdam, mais aussi sur celle de Cécile Backès, ex-directrice de la Comédie de Béthune, et proposera un cadre pour penser ces textes hybrides, devenant des performances transmédiales où la littérature rencontre les arts, à la croisée d’enjeux esthétiques et politiques.

Bibliographie thématique à titre informatif pour le public:

Annie Ernaux, Mémoire de fille, Paris, Gallimard, 2016

Peter M. Boenisch and Thomas Ostermeier, The Theater of Thomas Ostermeier, Abingdon, Oxon, New York, Routledge, 2016.

Didier Eribon, Retour à Reims, Paris, Flammarion, coll. « Champs Essais », 2018.

Gerhard Jörder, Ostermeier backstage, trad. de l’allemand par Laurent Muhleisen et Frank Weigand, Paris, L’Arche, 2015.

Édouard Louis, Histoire de la violence, Paris, Éditions du Seuil, 2016.

Édouard Louis, Qui a tué mon père, Paris, Éditions du Seuil, 2018.

Frédéric Maurin (dir.), Ivo van Hove, la fureur de créer, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2016.

Thomas Ostermeier, Le Théâtre et la Peur, Arles, Actes Sud, 2016.

Frédéric Vossier, Stanislas Nordey, locataire de la parole, Besançon, Les Solitaires intempestifs, 2013.

David Willinger, Ivo van Hove onstage, Londres, Routledge, 2018.
Research Interests:
L’Institut de recherche théâtrale et multimédia de l’Université des Arts de Târgu-Mures (Roumanie) organise un atelier de recherche de trois jours, du 13 au 15 novembre 2019, dirigé par Patrice Pavis, ayant pour principal objet le théâtre... more
L’Institut de recherche théâtrale et multimédia de l’Université des Arts de Târgu-Mures (Roumanie) organise un atelier de recherche de trois jours, du 13 au 15 novembre 2019, dirigé par Patrice Pavis, ayant pour principal objet le théâtre et les nouvelles formes performatives.
Le déroulement de l’atelier sera le suivant :
1.  Premier jour : table ronde sur le thème de la traduction du texte de théâtre (traduction de pièces ou de travaux théoriques en lien avec le théâtre) ;
2.  Deuxième jour : atelier d’analyse du texte dramatique performatif, sur une pièce à définir encore ;
3.  Troisième jour : table ronde sur quelques textes théoriques récents de Patrice Pavis : « (Le) théâtre et ses doublures », « Performance (extension du domaine de la...) », « Mise en scène depuis 2000 ».
La langue de travail de l’atelier sera le français.
Quand Simona Crippa m'a demandé si j'avais envie de réfléchir aux enjeux de la critique littéraire aujourd'hui, autour de la question "La théorie littéraire : pour quoi faire ?", j'ai eu envie de jouer le jeu, car cette question me paraît... more
Quand Simona Crippa m'a demandé si j'avais envie de réfléchir aux enjeux de la critique littéraire aujourd'hui, autour de la question "La théorie littéraire : pour quoi faire ?", j'ai eu envie de jouer le jeu, car cette question me paraît centrale, pour ne pas dire déterminante. Ceci dit, je n'avais pas vraiment le temps de développer mes réponses, alors j'ai essayé d'être concise et efficace. Mais je n'avais pas imaginé une seconde qu'elle aurait envie de publier mes réponses dans Collatéral. Pour autant, quand elle me l'a demandé, je n'ai pas refusé, car c'est peut-être aussi (plus?) important - notamment sur ce sujet - d'accepter de ne pas pouvoir tout dire et d'y revenir. Disons donc que c'est une étape réflexive.

Dans ce dossier, il y a tout plein d'autres points de vue absolument passionnants: Mathilde Roussigné qu'on connaît pour ses travaux sur "littérature et terrain", Alexis Weinberg mi-chercheur, mi-écrivain, Justine Huppe qui vient de publier un texte important "La littérature embarquée", mais aussi Juliette Riedler, écrivaine et metteuse en scène, responsable de la librairie o. au Théâtre du Rond-Point, sans parler de figures importantes comme Jean-Michel Devésa qui, aussi bien dans l’enseignement que dans la pratique d’écriture, ont cherché à la mettre en œuvre et à l’interroger, ou Christiane Chaulet Achour professeure émérite des universités d’Alger et de Cergy, spécialiste des littératures francophones. Sans oublier (comment le pourrait-on? ) Neige Sinno qui, dans "Triste Tigre", a dévoilé un usage du théorique qui ne pouvait manquer d’être convoqué dans le dossier de Collatéral !

Pour lire, c'est par ici ➡ https://www.collateral.media/post/la-théorie-littéraire-pour-quoi-faire, et comme toujours avec Collatéral, c'est passionnant!
Dans le cadre du dossier « Qui a peur de #MeToo ? », la revue Collateral (dirigée par Johan Faerber et Simona Crippa) a choisi d'aborder la question des violences au théâtre. Pour Collateral, Delphine Edy est ainsi allée à la rencontre de... more
Dans le cadre du dossier « Qui a peur de #MeToo ? », la revue Collateral (dirigée par Johan Faerber et Simona Crippa) a choisi d'aborder la question des violences au théâtre. Pour Collateral, Delphine Edy est ainsi allée à la rencontre de Marie Coquille-Chambel à l’origine même du mouvement #MeTooThéâtre.

à lire ici en entier : https://www.collateral.media/post/marie-coquille-chambel-metoothéâtre-a-un-coût-pour-les-personnes-qui-visibilisent
L’entretien a été réalisé le 5 juin 2023 en allemand (puis traduit) afin d’éclairer l’évolution et l’actualité du geste d’écriture de Falk Richter, l’un des auteurs et metteurs en scène contemporains les plus importants de sa... more
L’entretien a été réalisé le 5 juin 2023 en allemand (puis traduit) afin d’éclairer l’évolution et l’actualité du geste d’écriture de Falk Richter, l’un des auteurs et metteurs en scène contemporains les plus importants de sa génération.

Depuis trente ans, il a travaillé pour de nombreux théâtres nationaux et internationaux (Deutsches Schauspielhaus Hamburg, Maxim Gorki Theater, Schaubühne Berlin, Toneelgroep Amsterdam, Théâtre National de Bruxelles, Théâtre National de Strasbourg…) et a été programmé dans les plus grands festivals (Avignon, Salzbourg…).

Ses pièces, toujours au cœur d’une brûlante actualité, sont traduites dans plus de trente langues et jouées dans le monde entier. Il est par ailleurs connu pour son compagnonnage très fructueux avec Stanislas Nordey avec lequel il a créé au TNS en septembre 2022 "The Silence", qui a été recréé en allemand à la Schaubühne Berlin en novembre 2023.
Un article de Lila Meghraoua sur la base d'une interview que je lui ai accordée pour parler des théâtres du réel dans le cadre de 3 spectacles accueillis à La Villette cette saison : "Antigone in the Amazon" de Milo Rau (présenté du 6 au... more
Un article de Lila Meghraoua sur la base d'une interview que je lui ai accordée pour parler des théâtres du réel dans le cadre de 3 spectacles accueillis à La Villette cette saison : "Antigone in the Amazon" de Milo Rau (présenté du 6 au 9 décembre 2023), "Welfare" de Julie Deliquet (du 3 au 5 mai 2024 ) et "Le social brû(il)le" du collectif Travaux Publics (du 23 au 27 avril 2024 au Pavillon Villette).

Le théâtre n’a jamais autant puisé sa matière dans le réel. C’est du moins ce que racontent en creux trois spectacles présentés à La Villette cette saison. Le théâtre documentaire est mort ? Vive le théâtre du réel, qui au-delà de montrer et de représenter, aspire… à agir.

[...]
EDY, Delphine et NORDEY, Stanislas, « Le réel saisi par l’écriture sur les scènes contemporaines. Entretien du 5 octobre 2021 à Strasbourg », dans EDY, Delphine et PETITJEAN, André (dir.), Théâtre contemporain : Écritures et... more
EDY, Delphine et NORDEY, Stanislas, « Le réel saisi par l’écriture sur les scènes contemporaines. Entretien du 5 octobre 2021 à Strasbourg », dans EDY, Delphine et PETITJEAN, André (dir.), Théâtre contemporain : Écritures et Représentations, Pratiques, N° 191-192, décembre 2021.

https://journals.openedition.org/pratiques/10742
EDY, Delphine, LACASCADE, Eric et BIDAUX, Jérôme, « "La vie n’est réelle que lorsque je suis". Entretien du 18 mars 2021 à Strasbourg », dans EDY, Delphine et PETITJEAN, André (dir.), Théâtre contemporain : Écritures et Représentations,... more
EDY, Delphine, LACASCADE, Eric et BIDAUX, Jérôme, « "La vie n’est réelle que lorsque je suis". Entretien du 18 mars 2021 à Strasbourg », dans EDY, Delphine et PETITJEAN, André (dir.), Théâtre contemporain : Écritures et Représentations, Pratiques, N° 191-192, décembre 2021.

https://journals.openedition.org/pratiques/10804
EDY, Delphine et OSTERMEIER, Thomas, « Entretien : de l’urgence à représenter le réel de notre monde », dans EDY, Delphine et PETITJEAN, André (dir.), Théâtre contemporain : Écritures et Représentations, Pratiques, N° 191-192, décembre... more
EDY, Delphine et OSTERMEIER, Thomas, « Entretien : de l’urgence à représenter le réel de notre monde », dans EDY, Delphine et PETITJEAN, André (dir.), Théâtre contemporain : Écritures et Représentations, Pratiques, N° 191-192, décembre 2021.

https://journals.openedition.org/pratiques/10737
Où il est question de traduction, d'adaptation, de son rapport à la langue, de Tchekhov, d'Ibsen et de son travail avec Thomas Ostermeier ...
Cours dispensés à l'Université de Strasbourg depuis 2018 et en Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles depuis 2009:

- études théâtrales
- littérature générale et comparée
- études germaniques
Research Interests:
à propos de Pierre Bayard, "Œdipe n’est pas coupable", Paris : Les Éditions de Minuit, coll. « Paradoxe », 2021, 190 p., EAN 9782707347107. « Si Œdipe n’est pas coupable, alors qui ? & pourquoi ? & quid à présent ? », Acta fabula, vol.... more
à propos de Pierre Bayard, "Œdipe n’est pas coupable", Paris : Les Éditions de Minuit, coll. « Paradoxe », 2021, 190 p., EAN 9782707347107.

« Si Œdipe n’est pas coupable, alors qui ? & pourquoi ? & quid à présent ? », Acta fabula, vol. 23, n° 7, Notes de lecture, Septembre 2022, URL : http://www.fabula.org/revue/document14695.php

PLAN

- Enquête : sur les traces de la culpabilité d’Œdipe via Sophocle & ses personnages
- Contre-Enquête : interroger les incohérences pour innocenter Œdipe
- Mythologie : mythes & psychanalyse peuvent-ils faire bon ménage ?
- Vérité : mais sera-t-elle soutenable ?
- & maintenant ?
Mon article sur ce magnifique ouvrage, "Suture", publié aux éditions de Corlevour vient de paraître dans Collatéral. Vous en trouverez les premières lignes dans le pdf. Ce livre, c'est l'histoire d'une géniale rencontre entre des... more
Mon article sur ce magnifique ouvrage, "Suture", publié aux éditions de Corlevour vient de paraître dans Collatéral. Vous en trouverez les premières lignes dans le pdf.

Ce livre, c'est l'histoire d'une géniale rencontre entre des passionnés : un écrivain, Clément Kalsa, un artiste peintre, Julien Spianti et un metteur en scène grand amateur d'art, Thomas Ostermeier.

Alors, quand ils ont eu envie de me mettre dans la boucle pour que je découvre ce travail, c'était franchement irrésistible. Et vous ne résisterez pas non plus, tant ce diptyque est décoiffant et nous plonge au coeur de nos fantômes les plus intimes.

Je ne vous en dis pas plus ... Je vous suggère

1. de découvrir l'article sur Collatéral [https://www.collateral.media/post/clément-kalsa-et-julien-spanti-une-matrice-pour-rejointer-le-temps-suture] qui devrait vous donner envie

2. de vite découvrir leur livre.

Un grand merci à Collatéral de rendre visible des oeuvres collectives aussi singulières et riches.
Ces dernières années, aux côtés – entre autres – de grand.es auteur.ices de la littérature dramatique, de réécritures contemporaines de mythes ou d’adaptations de récits pour la scène, se développent de nouvelles formes théâtrales, le... more
Ces dernières années, aux côtés – entre autres – de grand.es auteur.ices de la littérature dramatique, de réécritures contemporaines de mythes ou d’adaptations de récits pour la scène, se développent de nouvelles formes théâtrales, le plus souvent directement écrites au plateau, qui racontent un parcours de vie. Ce phénomène s’inscrit dans une dynamique qui emprunte aux récits de filiation[1], tout comme au projet Raconter la vie, né du constat de « mal-représentation » que Pierre Rosanvallon évoque dans Le Parlement des invisibles (2014).

De nombreux spectacles en témoignent : The Interrogation de Milo Rau et Édouard Louis (présenté en 2022 au Théâtre National de la Colline) questionne la possibilité de raconter, et plus encore, de se libérer de son histoire en passant par l’art ; le projet Radio Live la relève d’Aurélie Charon et Amélie Bonin[2], nouveau cycle d’un projet documentaire collectif et international vise à faire résonner ensemble les histoires de jeunes gens engagés du monde entier ; la performance de Princess Isatu Hassan Bangura, Great Apes of the West Coast, dont le Théâtre National de Strasbourg a accueilli la première en France  en février 2024, propose une plongée au cœur d’une identité hydride entre sa culture africaine d’origine et celle de l’Europe de l’Ouest, pour tenter de renouer avec son histoire.

Avec "Héritage" (un spectacle créé au Théâtre de Liège à l’automne 2023, puis joué à Bruxelles au Théâtre des Tanneurs et au Luxembourg), que le public français pourra découvrir dans le cadre du Festival Théâtre en mai de Dijon les 21, 22 et 23 mai prochains, une pièce sensible, juste et profonde, Cédric Eeckhout interroge notre lien à la filiation, tout en soulignant la nécessité de transmettre, l’urgence de recréer du commun et le désir de panser le passé pour penser l’avenir, ensemble.

La suite à lire sur Collatéral, la revue : https://www.collateral.media/post/cédric-eeckhout-une-histoire-d-héritages-entre-intime-et-politique-héritage
Dans ce nouveau dossier de Collatéral, dont Simona Crippa signe l'éditorial, il s'agit d'interroger l’ère post #MeToo au cinéma, au théâtre et dans les milieux littéraires en se posant la question : « Qui a peur de #MeToo ? ».... more
Dans ce nouveau dossier de Collatéral, dont Simona Crippa signe l'éditorial, il s'agit d'interroger l’ère post #MeToo au cinéma, au théâtre et dans les milieux littéraires en se posant la question : « Qui a peur de #MeToo ? ».
https://www.collateral.media/post/qui-a-peur-de-metoo

Vous lirez des textes et des entretiens de Sandra Moussempès, Delphine Edy, Emma Marsantes, Juliette Riedler, Marielle Hubert, Marie Coquille-Chambel notamment.

Alors, quels que soient les nouveaux obstacles, il faudra les dépasser, inventer des nouveaux mythes, créer, parler, demander une justice juste encore et toujours.

Pur ma part, je signe un article qui commence ainsi :

"Et si la tragédie n’était finalement pas celle que nous croyons ? Après Pierre Bayard qui prouve au cours d’une (contre)-enquête implacable qu’Œdipe n’est pas coupable (Minuit, 2022), Maja Zade déplace le cœur de la tragédie. Actualisée et mise en lumière, Jocaste prend enfin la parole..."

Suite à lire ici : https://www.collateral.media/post/viol-faire-récit-de-la-tragédie-une-possible-réparation-œdipus-de-maja-zade-héloïse-ravet-théât
A l'heure du confinement, réflexions sur la littérature, le théâtre. Quelles voi-es-x prendre? Une voie pourrait bien être la voix de Wajdi Mouawad dans son Journal de confinement... Affaire à suivre!... more
A l'heure du confinement, réflexions sur la littérature, le théâtre. Quelles voi-es-x prendre?

Une voie pourrait bien être la voix de Wajdi Mouawad dans son Journal de confinement... Affaire à suivre!

https://sflgc.org/actualite/comparatistes-en-quarantaine-7-litterature-confinee-une-voi-x-e-possible/
à découvrir sur Diacritik en réponse à un article publié dans La Revue des deux mondes le 27 janvier dernier, qui choisit de mettre en parallèle Annie Ernaux et Michel Houellebecq à lire ici :... more
à découvrir sur Diacritik en réponse à un article publié dans La Revue des deux mondes le 27 janvier dernier, qui choisit de mettre en parallèle Annie Ernaux et Michel Houellebecq

à lire ici : https://diacritik.com/2023/02/09/la-critique-ne-peut-ignorer-sa-responsabilite-elements-de-reponse-a-robin-lagarrigue/

Le début de ma critique :

"Légitime, c’est un très beau mot légitime. » Tels sont les mots d’Edmund, le « bâtard », qui cherche à prendre la place de son frère Edgar, « la place du haut : celle du légitime ». (Shakespeare, Le Roi Lear, traduction d’Olivier Cadiot, P.O.L, 2022). C’est vrai que c’est un beau mot légitime, comment ne pas être séduit par la beauté et la force de ce qui est fondé, juste et équitable. Et c’est peut-être cela qui frappe immédiatement à la lecture de cet article de Robin Lagarrigue publié le 27 janvier 2023 dans la Revue des deux mondes, « Ernaux – Houellebecq : les mêmes passions tristes ? », l’absence de légitimité.

Le parallèle entre Annie Ernaux et Michel Houellebecq que suggère le titre, est en lui déjà tout un programme : il y aurait donc un « match Ernaux / Houellebecq » dont on comprend que l’attribution du Nobel de littérature en octobre 2022 serait le déclencheur. Lever de sourcil, car dans mes souvenirs – et vérification faite, ils sont justes – ce sont les défenseurs du romancier qui ont cherché à confronter dans les médias les deux auteurs à l’automne dernier. Déçus que leur favori n’ait pas remporté ce prix mythique, ils ont par la suite fait des gorges chaudes de la réponse d’Annie Ernaux à la question du journaliste du Parisien (article du 9 décembre 2022) « Le favori du Nobel, c’était plutôt Michel Houellebecq. Vous vous êtes réjouie que ce ne soit pas lui… ? » Mais les faits sont indubitables : ce n’est pas elle qui a introduit Houellebecq dans l’interview, elle a simplement répondu à une question qui lui était posée.

Ce « match » apparaît donc comme une posture créée de toutes pièces, et à en croire Robin Lagarrigue, aucun ne semble en sortir vainqueur, lui qui voit entre les deux auteurs bien plus de similitudes que de différences, un « même matériau », une forme d’essence donc, le cœur même de toute chose. Il n’en faut pas plus pour me faire cette fois froncer les sourcils, car la phrase de Roland Barthes se met immédiatement à clignoter : « Le sens ne naît point par répétition mais par différence » (Critique et vérité, p. 66).

Donc, ni compétition, ni concours entre les deux écrivains. Car pour cela, il faudrait un territoire commun, et de commun, ils n’ont rien. Partir du postulat qu’il y aurait un dénominateur commun entre Ernaux et Houellebecq, faire comme si l’un.e était « comme » l’autre est un non-sens. Marie-José Mondzain l’a formulé très clairement : « le « commun » est opposé au « comme un ». Le commun est entre. Et donc […] à l’opposé d’un totalitarisme unifiant, totalitaire » (L’Assemblée théâtrale, L’Amandier, Paris, 2002, p. 75).

Une question se pose donc très vite : faut-il prendre cet article au sérieux ? Ce serait facile et radical de décider que non. Mais, dans la mesure où il est publié dans l’une des plus anciennes revues de littérature encore en activité, cette interrogation paraît pleinement légitime, d’autant que, rappelons-nous, c’est dans cette revue que Baudelaire publie en 1855 plus de dix-huit poèmes réunis, pour la première fois, sous le titre Les Fleurs du Mal.

La lecture de l’article tout entier ne changera rien à l’impression de départ. Pas plus de légitimité dans les paragraphes qui suivent le premier. Car, l’auteur ne dit RIEN de l’œuvre d’Annie Ernaux, ni de son écriture." [...]
Thomas Ostermeier a souhaité que mon analyse de l'"Improvisation autour de Richard 3" soit publiée officiellement via le Théâtre des Gémeaux où a eu lieu, fin janvier, le laboratoire autour de "Richard III" avec Lars Eidinger! C'est chose... more
Thomas Ostermeier a souhaité que mon analyse de l'"Improvisation autour de Richard 3" soit publiée officiellement via le Théâtre des Gémeaux où a eu lieu, fin janvier, le laboratoire autour de "Richard III" avec Lars Eidinger! C'est chose faite, vous pouvez la lire de manière confortable en cliquant sur ce lien! https://www.facebook.com/lesgemeaux/photos/pcb.2520588321405591/2520586401405783/

J'y parle de laboratoire, de réel, et de la notion d'échec...!
Les mises en scene recentes de T. Ostermeier explorent les liens entre litterature et art theâtral pour questionner, a l’aide d’un realisme complexe qu’il reinvente, ce que les œuvres ont a dire de la realite politique et sociale de notre... more
Les mises en scene recentes de T. Ostermeier explorent les liens entre litterature et art theâtral pour questionner, a l’aide d’un realisme complexe qu’il reinvente, ce que les œuvres ont a dire de la realite politique et sociale de notre present. Il privilegie toujours pour cela des espaces entre qui permettent de briser la rigidite d’un respect litteral etouffant et de faire dialoguer le passe et le present, l’actuel et le virtuel, le proche et le lointain. A la surface visible, son realisme articule la profondeur invisible qui dedouble le reel en explorant sa spectralite a travers les personnages eux-memes, leur memoire, leurs fantomes ; leur langue qui, entre traduction et retravail, crie le non-dit, le refoule, l’absence ; l’espace des lieux-seuils, des (non)-lieux et des passages, des images du hors-scene, trop present, ou de l’intime, insaisissable ; et meme la musique dont les echos demultiplient les reseaux de sens. C’est dans la hantise de ces doubles que T. Ostermeier cherche a reconstruire un sens qui ne fasse pas abstraction des felures ni des fractures. Son travail doit etre analyse comme une œuvre autonome qui convoque l’œuvre litteraire support pour la faire parler a nouveau, lui faire dire a nos oreilles d’aujourd’hui la douleur intemporelle du reel et l’espoir politique de reconstruire ce present. La « deterritorialisation » constante du theâtre de T. Ostermeier, assumee, donne corps aux spectres qui sont l’autre nom de notre realite pour que nous, spectateurs, puissions, finalement, nous en saisir. Refusant un theâtre et une litterature qui ne font qu’interpreter le monde, il s’agit pour T. Ostermeier de faire dialoguer l’un et l’autre pour le transformer.
The hotly debated performance of Thomas Ostermeier’s stage version of Edouard Louis’s History of Violence points to a confusion concerning the role of the author, the status of the text, of its performance and of the role played by... more
The hotly debated performance of Thomas Ostermeier’s stage version of Edouard Louis’s History of Violence points to a confusion concerning the role of the author, the status of the text, of its performance and of the role played by theatre in today’s society. It raises a threefold question: what is the relationship between literature and reality, what defines an author (whether writer or stage director) and what does it mean that contemporary literature should be so intent on self-writing? E. Louis is particularly clear about using fiction to write about truth, but then truth all too often is construed as fact, and therefore as antithetic to fiction. He claims to explore a form of confrontational literature. In T. Ostermeier’s staging he becomes the actor of his own text which only compounds the text’s powerful ambiguities. Together, Louis and Ostermeier create a dynamic recomposition of the political and the intimate.
Cet article est un compte-rendu du livre : Pierre Bayard, Œdipe n’est pas coupable, Paris : Les Éditions de Minuit, coll. « Paradoxe », 2021, 190 p., EAN 9782707347107.
Les mises en scène récentes de T. Ostermeier explorent les liens entre littérature et art théâtral pour questionner, à l’aide d’un réalisme complexe qu’il réinvente, ce que les œuvres ont à dire de la réalité politique et sociale de notre... more
Les mises en scène récentes de T. Ostermeier explorent les liens entre littérature et art théâtral pour questionner, à l’aide d’un réalisme complexe qu’il réinvente, ce que les œuvres ont à dire de la réalité politique et sociale de notre présent. Il privilégie toujours pour cela des espaces entre qui permettent de briser la rigidité d’un respect littéral étouffant et de faire dialoguer le passé et le présent, l’actuel et le virtuel, le proche et le lointain. A la surface visible, son réalisme articule la profondeur invisible qui dédouble le réel en explorant sa spectralité à travers les personnages eux-mêmes, leur mémoire, leurs fantômes ; leur langue qui, entre traduction et retravail, crie le non-dit, le refoulé, l’absence ; l’espace des lieux-seuils, des (non)-lieux et des passages, des images du hors-scène, trop présent, ou de l’intime, insaisissable ; et même la musique dont les échos démultiplient les réseaux de sens. C’est dans la hantise de ces doubles que T. Ostermeier che...
The hotly debated performance of Thomas Ostermeier’s stage version of Edouard Louis’s History of Violence points to a confusion concerning the role of the author, the status of the text, of its performance and of the role played by... more
The hotly debated performance of Thomas Ostermeier’s stage version of Edouard Louis’s History of Violence points to a confusion concerning the role of the author, the status of the text, of its performance and of the role played by theatre in today’s society. It raises a threefold question: what is the relationship between literature and reality, what defines an author (whether writer or stage director) and what does it mean that contemporary literature should be so intent on self-writing? E. Louis is particularly clear about using fiction to write about truth, but then truth all too often is construed as fact, and therefore as antithetic to fiction. He claims to explore a form of confrontational literature. In T. Ostermeier’s staging he becomes the actor of his own text which only compounds the text’s powerful ambiguities. Together, Louis and Ostermeier create a dynamic recomposition of the political and the intimate.
Wajdi Mouawad, en représentant fort de l'anagnôrisis dans le théâtre contemporain, offre avec Incendies une tragédie familiale aux réminiscences antiques sous la forme d'un « polygone ». C'est au tracé de cette figure... more
Wajdi Mouawad, en représentant fort de l'anagnôrisis dans le théâtre contemporain, offre avec Incendies une tragédie familiale aux réminiscences antiques sous la forme d'un « polygone ». C'est au tracé de cette figure géométrique que cette étude s'intéresse en proposant un Parcours de la reconnaissance en deux étapes : la route vers une « reconnaissance comme identification » n'est qu'une étape intermédiaire avant d'atteindre l'objectif, le retour à la connaissance de soi.