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Sous l’impulsion du secteur des technologies de l’information et de la communication, l’idée que toute ville se doit de devenir « intelligente » s’impose toujours plus. Si l’urbanisme regorge depuis bien longtemps de qualificatifs en tout... more
Sous l’impulsion du secteur des technologies de l’information et de la communication, l’idée que toute ville se doit de devenir « intelligente » s’impose toujours plus. Si l’urbanisme regorge depuis bien longtemps de qualificatifs en tout genre pour décrire et promouvoir ses ambitions, chaque mode venant plus ou moins régulièrement chasser la précédente, il semble que la smart city connaisse un succès plus franc et moins éphémère. Pour autant, sa signification reste vague, tout comme les effets qu’elle produit ou pourrait produire sur l’espace urbain. C’est à ce travail d’élucidation que j’aimerais m’atteler.Lors d’une conférence donnée en 2004 intitulée « L’espace comme mot-clé », David Harvey (2010) propose une théorisation de l’espace basée sur celle de Lefebvre (2000). À l’occasion de cette relecture, Harvey croise la distinction plus classique entre espace absolu, relatif et relationnel avec la triplicité lefebvrienne perçu/conçu/vécu pour former une matrice à neuf cellules. La grille d’analyse ainsi développée par Harvey apparaît potentiellement comme un puissant outil à même de déchiffrer l’espace.Néanmoins, à ma connaissance, les géographes se sont encore peu approprié cet outil. Je propose donc de le mettre à l’épreuve en l’appliquant dans un premier temps aux résultats publiés dans la littérature critique sur l’avènement de la « ville intelligente » (Caccamo, Walzberg, Reigeluth, & Merveille, 2019; Daniélou & Ménard, 2013, 2016; Greenfield, 2013; Marvin, Luque-Ayala, & McFarlane, 2016; Morozov & Bria, 2018; Picon, 2013; Rogan, 2019), et dans un second temps à ma recherche empirique sur Bruxelles. Recherche qui consiste en une analyse des discours et actions des différents acteurs impliqués dans la promotion d’une smart city à Bruxelles, ainsi que des entretiens semi-directifs avec ces mêmes acteurs.S’interroger sur la forme, le contenu ou l’ampleur de la smart city soulève la question : s’agit-il d’une simple retouche cosmétique ou bien d’une reconfiguration profonde de l’espace capitaliste ?
In their paper ‘The CasP Project: Past, Present and Future’, Shimshon Bichler and Jonathan Nitzan invite readers to engage critically with their theoretical framework, known as capital as power (CasP). This call for further research,... more
In their paper ‘The CasP Project: Past, Present and Future’, Shimshon Bichler and Jonathan Nitzan invite readers to engage critically with their theoretical framework, known as capital as power (CasP). This call for further research, reactions and critiques is the perfect occasion to raise a few questions that have grown in my mind in reading Nitzan and Bichler’s work.
Since its introduction in the early 1990s in Brussels, open-street CCTV has grown both in scope and in its purpose. The camera network of the Belgian capital city has undergone successive waves of extension, gradually gaining ground both... more
Since its introduction in the early 1990s in Brussels, open-street CCTV has grown both in scope and in its purpose. The camera network of the Belgian capital city has undergone successive waves of extension, gradually gaining ground both physically and ideologically. In this article, we propose to investigate the geographical extension and distribution of open-street cameras in Brus-sels, as well as the underlying policies and rationale. We have produced a detailed map of the spatial distribution of open-street cameras at the scale of the city region. In addition to a spatial analysis, a series of semi-structured interviews were conducted with public authorities and local police. The CCTV network in Brussels is entangled in a context of global city competition and the neoliberal governance of insecurity, which prompted us to consider the uptake of video surveillance in light of the local political economy.
Research Interests:
Depuis son introduction au début des années 1990 à Bruxelles, la vidéosurveillance dans l'espace public a pris de l'ampleur et ses objectifs se sont élargis. Le réseau de caméras de la capitale belge s'est étendu par vagues successives,... more
Depuis son introduction au début des années 1990 à Bruxelles, la vidéosurveillance dans l'espace public a pris de l'ampleur et ses objectifs se sont élargis. Le réseau de caméras de la capitale belge s'est étendu par vagues successives, gagnant du terrain sur le plan à la fois physique et idéologique. Le présent article vise à étudier le déploiement et la répartition géographiques des caméras dans les lieux publics à Bruxelles, ainsi que les politiques et les logiques sous-jacentes. Nous avons dressé une carte exhaustive montrant la répartition spatiale des caméras de voie publique installées dans toute la région. Une série d'entretiens semi-directifs avec des représen-tants des autorités publiques et de la police locale est venue compléter cette analyse spatiale. Il en est ressorti que le réseau bruxellois de caméras de surveillance s'inscrit dans un contexte de concur-rence mondiale entre les villes et de gouvernance néolibérale à l'égard de l'insécurité, ce qui nous a par ailleurs amenés à nous interroger sur le recours effectif à la vidéosurveillance à la lumière de son économie politique locale.
Research Interests:
Sinds de introductie van CCTV (closed circuit television) in de vroege jaren negentig in de Brusselse publieke ruimte groeide dit cameratoezicht-systeem qua reikwijdte en doeleinden. Het cameranetwerk van de Belgische hoofdstad kent... more
Sinds de introductie van CCTV (closed circuit television) in de vroege jaren negentig in de Brusselse publieke ruimte groeide dit cameratoezicht-systeem qua reikwijdte en doeleinden. Het cameranetwerk van de Belgische hoofdstad kent opeenvolgende uitbreidingsgolven en wint geleide-lijk terrein, zowel fysiek als ideologisch. In dit artikel onderzoeken we de geografische uitbreiding en de verdeling van camera's in de Brusselse publieke ruimte, evenals het beleid en de beweegredenen die daaraan ten grondslag liggen. We hebben een exhaustieve kaart gemaakt van de ruimtelijke verdeling van de beveiligingscamera's op schaal van de stadsregio's. Deze ruimtelijke analyse werd aangevuld met een reeks van semigestructu-reerde interviews met publieke autoriteiten en lokale politie. We beschrijven het Brusselse CCTV-net-werk enerzijds in een context van wereldwijd ver-weven stedelijke concurrentie en neoliberaal beleid ten opzichte van onveiligheid, maar anderzijds be-kijken we de daadwerkelijke ontwikkeling van vide-osurveillance in het licht van zijn lokale politieke economie.
Research Interests:
Dans les rues de Bruxelles, le réseau de caméras de surveillance s’est considérablement élargi ces dernières années. Lutte contre l’insécurité et le terrorisme ou contre les dépôts clandestins, régulation du trafic routier, zone de basses... more
Dans les rues de Bruxelles, le réseau de caméras de surveillance s’est considérablement élargi ces dernières années. Lutte contre l’insécurité et le terrorisme ou contre les dépôts clandestins, régulation du trafic routier, zone de basses émissions, cet outil de surveillance apparaît souvent comme la solution-miracle aux problèmes qui se posent aux autorités. Dans cet article, nous allons tenter de comprendre à quoi servent ces images capturées par les caméras de surveillance, comment elles sont utilisées et remplissent leurs promesses.
Ils ont colonisé notre environnement. Les algorithmes numériques sont partout ou presque, dans les applications de nos smartphones, nos ordinateurs, nos objets connectés. Ils nous recommandent des séries, des films, des morceaux de... more
Ils ont colonisé notre environnement. Les algorithmes numériques sont partout ou presque, dans les applications de nos smartphones, nos ordinateurs, nos objets connectés. Ils nous recommandent des séries, des films, des morceaux de musique, des articles de presse sur les réseaux sociaux. Les algorithmes sont aussi devenus des outils de différentes politiques publiques qui nous impactent au quotidien.
Quelles sont les potentielles dérives du tout-à-l’algorithme ? Analyse croisée de deux chercheurs : Corentin Debailleul, doctorant en géographie à l’Université Libre de Bruxelles et Jérémy Grosman,
doctorant en philosophie à l’Université de Namur.
La généralisation de l’usage de la téléphonie mobile, du bornage par les antennes wi-fi et de la pratique de stockage dit « cloud » a fait émerger de nouvelles manières d’appréhender les déplacements dans l’espace public. De plus en plus... more
La généralisation de l’usage de la téléphonie mobile, du bornage par les antennes wi-fi et de la pratique de stockage dit « cloud » a fait émerger de nouvelles manières d’appréhender les déplacements dans l’espace public. De plus en plus répandues dans le contexte de la pandémie et d’une volonté affirmée de « gérer les foules », ces technologies participent aussi d’une surveillance généralisée des individus, souvent à des fins marchandes. En collectant massivement nos données privées dans certains espaces publics, ces dispositifs de surveillance − cartographiés par le collectif Technopolice − mettent à mal la protection de celles-ci. En outre, ils surdéterminent nos comportements, car si le pistage numérique aide à prédire les déplacements des foules, il permet aussi de les diriger sans qu’elles en aient conscience. En modifiant ainsi nos manières d’appréhender et d’habiter collectivement l'espace public, ces dispositifs ne présentent-ils pas un risque pour une approche véritablement émancipatrice de celui-ci ? Et si oui, comment en sortir ?
La Région bruxelloise vient de se doter d’un guide à l’usage des urbanistes pour sécuriser les espaces publics, l’occasion pour nous de revenir sur l’art de policer la ville par la ville elle-même. Exploration d’une légende urbaine.
Depuis son introduction dans l’espace public au début des années 1990 à Bruxelles, la vidéosurveillance a pris de l’ampleur et ses objectifs se sont élargis. Importante source de revenu pour un secteur de la sécurité en pleine expansion,... more
Depuis son introduction dans l’espace public au début des années 1990 à Bruxelles, la vidéosurveillance a pris de l’ampleur et ses objectifs se sont élargis. Importante source de revenu pour un secteur de la sécurité en pleine expansion, mesure facilement réalisable pour des responsables politiques tenus de donner des réponses à l’insécurité, moyen pour les autorités de se montrer proactives et en phase avec les technologies les plus modernes, la vidéosurveillance est un dispositif qu’il serait impossible de résumer à une seule de ses nombreuses facettes.
Research Interests:
This working paper contains an intervention by Corentin Debailleul and an extended reply by Shimshon Bichler and Jonathan Nitzan. The exchange was first posted on the Capital as Power Forum in January 2016. Debailleul’s original questions... more
This working paper contains an intervention by Corentin Debailleul and an extended reply by Shimshon Bichler and Jonathan Nitzan. The exchange was first posted on the Capital as Power Forum in January 2016. Debailleul’s original questions are articulated at greater length here, while Bichler and Nitzan’s reply is reproduced as is.
This master thesis aims at answering the following questions: what is the spatial distribution of public open-street CCTV cameras in Brussels and Copenhagen? How does this distribution relate to the socio-economic structure of these... more
This master thesis aims at answering the following questions: what is the spatial distribution of public open-street CCTV cameras in Brussels and Copenhagen? How does this distribution relate to the socio-economic structure of these cities? What conclusions can we draw from this relation in terms of political urban priorities? We used mapping and semi-structured interviews to help us conduct our comparative analysis. We found that if the two capital cities were subject to common trends i.e. the neoliberal governance of insecurity in the context of global city competition, the actual uptake of video surveillance takes different forms and intensities in our two case studies and must be analysed in light of their local political economy.
"Les théories conventionnelles du capitalisme sont embourbées dans une crise profonde : après des siècles de débat, elles sont toujours incapables de nous dire ce qu'est le capital. Les libéraux et les marxistes conçoivent le capital... more
"Les théories conventionnelles du capitalisme sont embourbées dans une crise profonde : après des siècles de débat, elles sont toujours incapables de nous dire ce qu'est le capital. Les libéraux et les marxistes conçoivent le capital comme une entité économique qu’ils mesurent à l’aide de deux grandeurs universelles : l’utilité ou le travail abstrait, respectivement. Mais ces unités sont totalement fictives : elles ne peuvent être ni observées ni mesurées. Elles n'existent pas. Et puisque le libéralisme et le marxisme ont besoin de ces unités qui pourtant n’existent pas, leurs théories flottent dans le vide. Elles ne peuvent pas expliquer le processus qui importe le plus – l’accumulation du capital.
Cet échec n'est pas accidentel. Chaque mode de pouvoir évolue de concert avec ses théories et ses idéologies dominantes. Dans le capitalisme, ces théories et idéologies appartenaient initialement à l'étude de l'économie politique – la première science mécanique de la société. Mais le mode de pouvoir capitaliste n’a cessé de changer, et à mesure que le pouvoir au fondement du capital est devenu de plus en plus visible, la science de l'économie politique s’est désintégrée. À la fin du XIXe siècle, le capital dominant s’étant imposé, l'économie politique s’est scindée en deux sphères distinctes : l'économie et la politique. Et au XXe siècle, alors que la logique de pouvoir du capital avait déjà pénétré tous les recoins de la société, les différentes sciences sociales se sont arraché ce qui restait de l'économie politique. Aujourd'hui, le capital règne en maître – mais les théoriciens manquent d’un cadre cohérent pour en rendre compte.
La théorie du capital comme pouvoir offre une alternative unifiée à cette dispersion. Elle soutient que le capital n'est pas une simple entité économique, mais une quantification symbolique du pouvoir. Le capital a peu à voir avec l'utilité ou le travail abstrait, et il s'étend bien au-delà des machines et des lignes de production. De façon plus générale, il représente le pouvoir organisé des groupes de capital dominant pour remodeler – ou créordonner – leur société.
Cette conception conduit à une autre cosmologie du capitalisme. Elle offre un nouveau cadre théorique pour le capital, fondé sur les notions jumelles de capital dominant et d’accumulation différentielle, une nouvelle conception de l'État du capital et une nouvelle histoire du mode de pouvoir capitaliste. Elle introduit également de nouvelles méthodes de recherche empiriques – y compris de nouvelles catégories ; de nouvelles façons de concevoir, de lier et de présenter les données ; de nouvelles estimations et de nouvelles mesures ; et, enfin, les prémisses d'une nouvelle comptabilité désagrégée (disaggragate accounting) qui révèle la dynamique conflictuelle de la société."