
Joseph Cohen
JOSEPH COHEN is Associate Professor of Philosophy at University College Dublin (Ireland).
He has held visiting professorships and research positions at Universität Heidelberg (Germany), Staatliche Hochschule für Gestaltung Karlsruhe (Germany), Universität Stuttgart (Germany), Université de Paris IV Sorbonne (France), Université de Paris I (Panthéon Sorbonne), Université de Poitiers (France), Université de Strasbourg (France), Université de Paris Descartes (France), Università di Roma Sapienza (Italy), Università degli Studi di Sassari (Italy).
His domains of philosophical research span from German Idealism, phenomenology and hermeneutics to European contemporary philosophy.
He is co-founding member of the Rencontres Philosophiques de Monaco (www.philomonaco.com) and Secretary of the Irish Phenomenological Circle.
Supervisors: Jacques Derrida and Robert Legros
Phone: +353 1 716 84 25
Address: School of Philosophy
University College Dublin
Belfield - Dublin 4
Ireland
He has held visiting professorships and research positions at Universität Heidelberg (Germany), Staatliche Hochschule für Gestaltung Karlsruhe (Germany), Universität Stuttgart (Germany), Université de Paris IV Sorbonne (France), Université de Paris I (Panthéon Sorbonne), Université de Poitiers (France), Université de Strasbourg (France), Université de Paris Descartes (France), Università di Roma Sapienza (Italy), Università degli Studi di Sassari (Italy).
His domains of philosophical research span from German Idealism, phenomenology and hermeneutics to European contemporary philosophy.
He is co-founding member of the Rencontres Philosophiques de Monaco (www.philomonaco.com) and Secretary of the Irish Phenomenological Circle.
Supervisors: Jacques Derrida and Robert Legros
Phone: +353 1 716 84 25
Address: School of Philosophy
University College Dublin
Belfield - Dublin 4
Ireland
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NEWS by Joseph Cohen
Paris, Galilée, 2021
La pensée de Heidegger est indissociable de l’histoire de la philosophie. Elle ne saurait se comprendre autrement que comme une « répétition » de la question du sens de l’être demeurée occultée depuis Aristote jusqu’à Nietzsche. Répéter l’histoire de la philosophie ne signifie nullement réitérer la manière dont cette histoire s’est déployée, mais lui donner une orientation déterminée : la rappeler à sa vérité initiale. C’est ainsi que son œuvre est marquée par les alliances et les ruptures entre le destin de la Grèce et l’appel de l’alémanité, entre l’« impensé » de la métaphysique et l’éclosion de la vérité de l’être. Or, c’est dans ce geste que nous voyons proliférer un antijudaïsme et un antisémitisme animés par deux modalités de dénégation distinctes mais intimement liées : la forclusion et l’« auto-annihilation » du judaïsme. En ce sens, l’antijudaïsme et l’antisémitisme s’inscrivent à même l’extension de la pensée de l’être.
Nous voyons en Heidegger un "adversaire privilégié" : nous engageons une lecture interne des suppositions et des conséquences de sa pensée de l’histoire tout en proposant d’autres pistes de réflexion face à la singularité de l’autre et de l’événement historique. Il ne s’agira plus de comprendre ceux-ci au sein d’une histoire de la vérité de l’être, mais d’orienter la philosophie vers un questionnement hyper-critique. Celui-ci se mesure chaque fois singulièrement à ce qui, au cœur du présent, nous reviendrait et nous adviendrait des événements passés et à-venir dans l’histoire. Notre recherche entend ainsi autoriser une pensée philosophique où chaque événement historique commanderait une singulière justice et une responsabilité sans réserve au nom de ceux qui sont déjà morts et devant ceux qui ne sont pas encore nés, pas encore présents ni vivants, victimes ou non de l’histoire qui vient.
Joseph Cohen et Raphael Zagury-Orly
Conférence
Université de Coimbra
Portugal
7 décembre 2018
Books by Joseph Cohen
Heidegger, les Juifs et nous
Paris, Galilée, 2021
La pensée de Heidegger est indissociable de l’histoire de la philosophie. Elle ne saurait se comprendre autrement que comme une « répétition » de la question du sens de l’être demeurée occultée depuis Aristote jusqu’à Nietzsche. Répéter l’histoire de la philosophie ne signifie nullement réitérer la manière dont cette histoire s’est déployée, mais lui donner une orientation déterminée : la rappeler à sa vérité initiale. C’est ainsi que son œuvre est marquée par les alliances et les ruptures entre le destin de la Grèce et l’appel de l’alémanité, entre l’« impensé » de la métaphysique et l’éclosion de la vérité de l’être. Or, c’est dans ce geste que nous voyons proliférer un antijudaïsme et un antisémitisme animés par deux modalités de dénégation distinctes mais intimement liées : la forclusion et l’« auto-annihilation » du judaïsme. En ce sens, l’antijudaïsme et l’antisémitisme s’inscrivent à même l’extension de la pensée de l’être.
Nous voyons en Heidegger un "adversaire privilégié" : nous engageons une lecture interne des suppositions et des conséquences de sa pensée de l’histoire tout en proposant d’autres pistes de réflexion face à la singularité de l’autre et de l’événement historique. Il ne s’agira plus de comprendre ceux-ci au sein d’une histoire de la vérité de l’être, mais d’orienter la philosophie vers un questionnement hyper-critique. Celui-ci se mesure chaque fois singulièrement à ce qui, au cœur du présent, nous reviendrait et nous adviendrait des événements passés et à-venir dans l’histoire. Notre recherche entend ainsi autoriser une pensée philosophique où chaque événement historique commanderait une singulière justice et une responsabilité sans réserve au nom de ceux qui sont déjà morts et devant ceux qui ne sont pas encore nés, pas encore présents ni vivants, victimes ou non de l’histoire qui vient.
"Passe-partout" bedeutet wörtlich "überall durchkommen".
Inhalt des Künstlerbuches sind Zeichnungen, die vor einigen Jahren in Israel entstanden sind, und ein Aufsatz über das Verhältnis von Kunst, Gerechtigkeit und Wahrheit, der die Bleistiftzeichnungen in französischer und deutscher Sprache umkreist. Bei den Zeichnungen von Oswald Auer findet eine Umkehrung statt, die das Bild um die offene Stelle der Kartonumrahmung lokalisiert. Dargestellt sind fünf leerstehende Fremdenzimmer. Deren Fenster und der Ausschnitt des Passepartouts überschneiden sich, in diesem Segment ist die Leere des da-hinterliegenden Papiers zu sehen. Die Handzeichnungen sind in "pointillistischer" Methode ausgeführt und bestehen aus unzähligen Bleistiftpunkten. Der Punkt ist dabei so etwas wie die kleinstmögliche Form. An der Grenze zum Nichts stellt er eine Art Behauptung dar. Von der Handschrift des Künstlers ist dabei wenig zu spüren. In dem die Zeichnungen begleitenden Essay "Wahrheit setzt Kunst setzt Gerechtigkeit voraus" von Joseph Cohen und Raphael Zagury-Orly geht es nicht nur darum, die Heterogenität des Verhältnisses von Kunst und Gerechtigkeit zur Wahrheit aufzuzeigen; anhand dieser Trias wird auch entfaltet, in-wiefern die ihr immanente grundlegende und ungelöste Distanz die Wahrheit immer wieder zu einem Ausdruck zwingt, der jenseits ihrer selbst liegt. Oswald Auer, geb. 1970 in Bruneck/Brunico, ist Zeichner und lebt in Wien.
La Règle du Jeu, N° 58/59
Paris, Grasset, 2015
Sommaire
Martin Heidegger, l’un des plus grands philosophes du XXème siècle, était-il antisémite ? La question est soulevée une nouvelle fois par la publication des notes personnelles du philosophe réunies dans les fameux Cahiers noirs et parues à titre posthume en Allemagne l'année dernière. Comment lire et que faire de l’héritage de Heidegger après les révélations de ces Cahiers noirs? La question fait l’objet d’un débat passionné dans le monde philosophique. Mais ce numéro spécial n’entend pas traiter uniquement des rapports de Heidegger avec le fait juif, ni, davantage, de son antisémitisme. Il s’agit de considérer ou de reconsidérer la figure de l'un des philosophes les plus considérables du XXème siècle et de poser la question : en quoi et pourquoi le judaïsme demeure-t-il pour Heidegger de l’ordre d’une dette impensée ? La fascination de nombreux philosophes français tels Sartre, Levinas ou Derrida pour le penseur allemand a-t-elle fait son temps ? Et faudrait-il, comme le plaident certains, renoncer à lire Heidegger ? Ce numéro spécial reprend l'essentiel des contributions au colloque qui s'est tenu à Paris, à la BNF et au Centre Culturel irlandais, les 22, 23, 24 et 25 janvier 2015.
Table des Matières:
JOSEPH COHEN et RAPHAEL ZAGURY-ORLY
Heidegger, « les Juifs » et nous
JEAN-CLAUDE MILNER
Heidegger contre la langue allemande
ALAIN FINKIELKRAUT
Comment ne pas être heideggérien ?
PETER TRAWNY
L’universel et l’annihilation. Heidegger, un antisémitisme ancré dans l’histoire de l’être
GÉRARD BENSUSSAN
Heidegger : l’introduction de la philosophie dans le nazisme
PASCAL DAVID
« La pensée comptable ». Heidegger et la pensée juive face à l’incalculable
GÉRARD GUEST
L’épreuve du « danger en l’Être » et le revers de l’impensé
YANN MOIX
Heidegger et la parole juive
FRANÇOIS FÉDIER
Martin Heidegger et le monde juif
NICOLAS DE WARREN
Heidegger, le judaïsme et la deuxième guerre de Trente Ans
DANIEL DAHLSTROM
Les conceptions juives de Heidegger sur l’être, le langage et le temps
ANTHONY J. STEINBOCK
Heidegger, la machination et la question juive : le problème du don
NIALL KEANE
Métaphysique, politique et nihilisme chez Heidegger et Jünger
MAHON O’BRIEN
Heidegger et le Dasein authentique d’un peuple
BABETTE BABICH
Heidegger et ses Juifs
CHRISTOPHE PERRIN
Heidegger et Rosenzweig : entre eux et entre nous
AVISHAG ZAFRANI
L’antisémitisme métaphysique de Heidegger dévoilé par Hans Jonas
CÉDRIC COHEN SKALLI
Anticipation inclusive ou exclusive : Benjamin et Heidegger, 1923-1927
AGATA BIELIK-ROBSON
L’amour fort comme la mort : les Juifs contre Heidegger (sur la question de la finitude)
BLANDINE KRIEGEL
Heidegger et la modernité
HADRIEN LAROCHE
hei/foe. Heidegger, Derrida et la question
STÉPHANE HABIB
Être-avec : psychanalyse et politique
DONATELLA DI CESARE
La domination du monde par les « sans-monde ». Heidegger et le messianisme juif
YVES-CHARLES ZARKA
Heidegger : l’effondrement d’une pensée
PETER SLOTERDIJK
La politique de Heidegger : reporter la fin de l’Histoire
RAPHAEL ZAGURY-ORLY
D’une forclusion dans la phénoménologie de la vie religieuse
JOSEPH COHEN
Le spectre juif de Heidegger
BERNARD-HENRI LÉVY
Comment peut-on être heideggérien ?
JOSEPH COHEN et RAPHAEL ZAGURY-ORLY
Avant-propos
CLAUDE LANZMANN
Salut éternel à Jacques Derrida
JACQUES DERRIDA
La déconstruction et l’autre. Un entretien de Richard Kearney
JACQUES DERRIDA
La mélancolie d’Abraham. Un entretien de Michal Ben-Naftali
HADRIEN LAROCHE
Court traité de la décision en deux pages
ANNABEL HERZOG
Monolinguisme et Optimisme : Derrida, Candide et la culture
FRANCOIS RAFFOUL
Chez lui chez l’autre
JACQUES RANCIERE
La démocratie est-elle à venir ?
MICHAEL NAAS
Au commencement, le souffle… La genèse de la déconstruction
STEPHANE HABIB
Aux commencements
RENE MAJOR
L’enfance (sans origine) de la déconstruction
FELIX HEIDENREICH
Comment dire « nous » ?
GERARD BENSUSSAN
La bête est sans pourquoi
ORIETTA OMBROSI
Non seulement un chien. Les bestiaires de Levinas et Derrida
JOHN D. CAPUTO
Dieu, peut-être. Esquisse d’un Dieu à venir et d’une nouvelle
espèce de théologiens
MARTIN HAGGLUND
L’athéisme radical de Derrida
AVITAL RONELL
L’impossible Monsieur Bébé, cette déconstruction incessante…
ANDREW HAAS
Not a notion what I meant : l’autre métaphysique
TIMOTHEY MOONEY
Des motivations naturalistes et humanistes de la déconstruction
JEAN GRONDIN
Le dialogue toujours différé de Derrida et Gadamer
JACQUES DERRIDA et HANS-GEORG GADAMER Correspondance
JOSEPH COHEN et RAPHAEL ZAGURY-ORLY
Déconstruire jusqu'à la résistance"
T.M.
Heidegger aux Temps Modernes
Joseph Cohen, Raphael Zagury-Orly
Heidegger et la question du lieu
Karl Löwith
Les implications politiques de la philosophie de l'existence chez Heidegger
Alphonse de Waelhens
La philosophie de Heidegger et le nazisme
Karl Löwith
Réponse à M. de Waelhens
Alphonse de Waelhens
Réponse à cette réponse
Martin Heidegger
Remarques sur art-sculpture-espace
Didier Franck
Le séjour du corps
Dominique Pradelle
Comment penser le propre de l'espace ?
Marlène Zarader
Le lieu de l'art
Jean-François Mattéi
Le lieu de l'étant et le milieu de l'être
Françoise Dastur
Heidegger : espace, lieu, habitation
Éliane Escoubas
Parcours de la topologie dans l'œuvre de Heidegger
Rudolf Bernet
L'extimité du corps et la question du naturalisme en phénoménologie
Gérard Bensussan
Le lieu et la contrée. Questions de proximité
Peter Sloterdijk
Insomniaque à Éphèse
Jean Grondin
Heidegger et le défi du nominalisme
Florence Caeymaex
L'existentialisme comme éthique de Heidegger à Sartre
Nicolas Tertulian
L'ontologie chez Heidegger et chez Lukács. Phénoménologie et dialectique
Jeffrey Andrew Barash
Heidegger et la question de la race
Joseph Cohen, Raphael Zagury-Orly
L'avenir du lieu"
En retraçant le développement et l’extension du concept spéculatif dans la Phénoménologie de l’esprit, nous pouvons, par ces questions, approcher l’élément intime de la pensée hégélienne ; élément depuis lequel, selon Hegel, peut se penser la totalité du penser.
Penser depuis l’élément intime de la pensée hégélienne, c’est penser l’infini passage de la pensée à elle-même, en elle-même et pour elle-même. Et c’est au cœur de ce passage que ne cesse d’œuvrer, comme la modalité propre du spéculatif, le sacrifice. Tout se passe donc comme si dans et par le sacrifice s’ouvrait l’accès au Savoir absolu et se dévoilait l’absoluité – le devenir et l’avenir – du penser spéculatif.
Cet ouvrage entend exposer la co-appartenance du penser spéculatif et du sacrifice afin d’y voir se profiler et se dessiner un pli imprévisible dans le geste philosophique de Hegel. Au lieu donc de simplement penser contre Hegel ou de penser avec Hegel, il s’agit ici de tourner autour de la même question que celle posée par l’absoluité spéculative de Hegel. “Tourner autour” de la même question, mais autrement et pas encore.
Poser, en somme, cette question : que se cache-t-il derrière, avant ou après la mouvance sacrificielle du penser spéculatif ?
Paris, Galilée, 2021
La pensée de Heidegger est indissociable de l’histoire de la philosophie. Elle ne saurait se comprendre autrement que comme une « répétition » de la question du sens de l’être demeurée occultée depuis Aristote jusqu’à Nietzsche. Répéter l’histoire de la philosophie ne signifie nullement réitérer la manière dont cette histoire s’est déployée, mais lui donner une orientation déterminée : la rappeler à sa vérité initiale. C’est ainsi que son œuvre est marquée par les alliances et les ruptures entre le destin de la Grèce et l’appel de l’alémanité, entre l’« impensé » de la métaphysique et l’éclosion de la vérité de l’être. Or, c’est dans ce geste que nous voyons proliférer un antijudaïsme et un antisémitisme animés par deux modalités de dénégation distinctes mais intimement liées : la forclusion et l’« auto-annihilation » du judaïsme. En ce sens, l’antijudaïsme et l’antisémitisme s’inscrivent à même l’extension de la pensée de l’être.
Nous voyons en Heidegger un "adversaire privilégié" : nous engageons une lecture interne des suppositions et des conséquences de sa pensée de l’histoire tout en proposant d’autres pistes de réflexion face à la singularité de l’autre et de l’événement historique. Il ne s’agira plus de comprendre ceux-ci au sein d’une histoire de la vérité de l’être, mais d’orienter la philosophie vers un questionnement hyper-critique. Celui-ci se mesure chaque fois singulièrement à ce qui, au cœur du présent, nous reviendrait et nous adviendrait des événements passés et à-venir dans l’histoire. Notre recherche entend ainsi autoriser une pensée philosophique où chaque événement historique commanderait une singulière justice et une responsabilité sans réserve au nom de ceux qui sont déjà morts et devant ceux qui ne sont pas encore nés, pas encore présents ni vivants, victimes ou non de l’histoire qui vient.
Joseph Cohen et Raphael Zagury-Orly
Conférence
Université de Coimbra
Portugal
7 décembre 2018
Heidegger, les Juifs et nous
Paris, Galilée, 2021
La pensée de Heidegger est indissociable de l’histoire de la philosophie. Elle ne saurait se comprendre autrement que comme une « répétition » de la question du sens de l’être demeurée occultée depuis Aristote jusqu’à Nietzsche. Répéter l’histoire de la philosophie ne signifie nullement réitérer la manière dont cette histoire s’est déployée, mais lui donner une orientation déterminée : la rappeler à sa vérité initiale. C’est ainsi que son œuvre est marquée par les alliances et les ruptures entre le destin de la Grèce et l’appel de l’alémanité, entre l’« impensé » de la métaphysique et l’éclosion de la vérité de l’être. Or, c’est dans ce geste que nous voyons proliférer un antijudaïsme et un antisémitisme animés par deux modalités de dénégation distinctes mais intimement liées : la forclusion et l’« auto-annihilation » du judaïsme. En ce sens, l’antijudaïsme et l’antisémitisme s’inscrivent à même l’extension de la pensée de l’être.
Nous voyons en Heidegger un "adversaire privilégié" : nous engageons une lecture interne des suppositions et des conséquences de sa pensée de l’histoire tout en proposant d’autres pistes de réflexion face à la singularité de l’autre et de l’événement historique. Il ne s’agira plus de comprendre ceux-ci au sein d’une histoire de la vérité de l’être, mais d’orienter la philosophie vers un questionnement hyper-critique. Celui-ci se mesure chaque fois singulièrement à ce qui, au cœur du présent, nous reviendrait et nous adviendrait des événements passés et à-venir dans l’histoire. Notre recherche entend ainsi autoriser une pensée philosophique où chaque événement historique commanderait une singulière justice et une responsabilité sans réserve au nom de ceux qui sont déjà morts et devant ceux qui ne sont pas encore nés, pas encore présents ni vivants, victimes ou non de l’histoire qui vient.
"Passe-partout" bedeutet wörtlich "überall durchkommen".
Inhalt des Künstlerbuches sind Zeichnungen, die vor einigen Jahren in Israel entstanden sind, und ein Aufsatz über das Verhältnis von Kunst, Gerechtigkeit und Wahrheit, der die Bleistiftzeichnungen in französischer und deutscher Sprache umkreist. Bei den Zeichnungen von Oswald Auer findet eine Umkehrung statt, die das Bild um die offene Stelle der Kartonumrahmung lokalisiert. Dargestellt sind fünf leerstehende Fremdenzimmer. Deren Fenster und der Ausschnitt des Passepartouts überschneiden sich, in diesem Segment ist die Leere des da-hinterliegenden Papiers zu sehen. Die Handzeichnungen sind in "pointillistischer" Methode ausgeführt und bestehen aus unzähligen Bleistiftpunkten. Der Punkt ist dabei so etwas wie die kleinstmögliche Form. An der Grenze zum Nichts stellt er eine Art Behauptung dar. Von der Handschrift des Künstlers ist dabei wenig zu spüren. In dem die Zeichnungen begleitenden Essay "Wahrheit setzt Kunst setzt Gerechtigkeit voraus" von Joseph Cohen und Raphael Zagury-Orly geht es nicht nur darum, die Heterogenität des Verhältnisses von Kunst und Gerechtigkeit zur Wahrheit aufzuzeigen; anhand dieser Trias wird auch entfaltet, in-wiefern die ihr immanente grundlegende und ungelöste Distanz die Wahrheit immer wieder zu einem Ausdruck zwingt, der jenseits ihrer selbst liegt. Oswald Auer, geb. 1970 in Bruneck/Brunico, ist Zeichner und lebt in Wien.
La Règle du Jeu, N° 58/59
Paris, Grasset, 2015
Sommaire
Martin Heidegger, l’un des plus grands philosophes du XXème siècle, était-il antisémite ? La question est soulevée une nouvelle fois par la publication des notes personnelles du philosophe réunies dans les fameux Cahiers noirs et parues à titre posthume en Allemagne l'année dernière. Comment lire et que faire de l’héritage de Heidegger après les révélations de ces Cahiers noirs? La question fait l’objet d’un débat passionné dans le monde philosophique. Mais ce numéro spécial n’entend pas traiter uniquement des rapports de Heidegger avec le fait juif, ni, davantage, de son antisémitisme. Il s’agit de considérer ou de reconsidérer la figure de l'un des philosophes les plus considérables du XXème siècle et de poser la question : en quoi et pourquoi le judaïsme demeure-t-il pour Heidegger de l’ordre d’une dette impensée ? La fascination de nombreux philosophes français tels Sartre, Levinas ou Derrida pour le penseur allemand a-t-elle fait son temps ? Et faudrait-il, comme le plaident certains, renoncer à lire Heidegger ? Ce numéro spécial reprend l'essentiel des contributions au colloque qui s'est tenu à Paris, à la BNF et au Centre Culturel irlandais, les 22, 23, 24 et 25 janvier 2015.
Table des Matières:
JOSEPH COHEN et RAPHAEL ZAGURY-ORLY
Heidegger, « les Juifs » et nous
JEAN-CLAUDE MILNER
Heidegger contre la langue allemande
ALAIN FINKIELKRAUT
Comment ne pas être heideggérien ?
PETER TRAWNY
L’universel et l’annihilation. Heidegger, un antisémitisme ancré dans l’histoire de l’être
GÉRARD BENSUSSAN
Heidegger : l’introduction de la philosophie dans le nazisme
PASCAL DAVID
« La pensée comptable ». Heidegger et la pensée juive face à l’incalculable
GÉRARD GUEST
L’épreuve du « danger en l’Être » et le revers de l’impensé
YANN MOIX
Heidegger et la parole juive
FRANÇOIS FÉDIER
Martin Heidegger et le monde juif
NICOLAS DE WARREN
Heidegger, le judaïsme et la deuxième guerre de Trente Ans
DANIEL DAHLSTROM
Les conceptions juives de Heidegger sur l’être, le langage et le temps
ANTHONY J. STEINBOCK
Heidegger, la machination et la question juive : le problème du don
NIALL KEANE
Métaphysique, politique et nihilisme chez Heidegger et Jünger
MAHON O’BRIEN
Heidegger et le Dasein authentique d’un peuple
BABETTE BABICH
Heidegger et ses Juifs
CHRISTOPHE PERRIN
Heidegger et Rosenzweig : entre eux et entre nous
AVISHAG ZAFRANI
L’antisémitisme métaphysique de Heidegger dévoilé par Hans Jonas
CÉDRIC COHEN SKALLI
Anticipation inclusive ou exclusive : Benjamin et Heidegger, 1923-1927
AGATA BIELIK-ROBSON
L’amour fort comme la mort : les Juifs contre Heidegger (sur la question de la finitude)
BLANDINE KRIEGEL
Heidegger et la modernité
HADRIEN LAROCHE
hei/foe. Heidegger, Derrida et la question
STÉPHANE HABIB
Être-avec : psychanalyse et politique
DONATELLA DI CESARE
La domination du monde par les « sans-monde ». Heidegger et le messianisme juif
YVES-CHARLES ZARKA
Heidegger : l’effondrement d’une pensée
PETER SLOTERDIJK
La politique de Heidegger : reporter la fin de l’Histoire
RAPHAEL ZAGURY-ORLY
D’une forclusion dans la phénoménologie de la vie religieuse
JOSEPH COHEN
Le spectre juif de Heidegger
BERNARD-HENRI LÉVY
Comment peut-on être heideggérien ?
JOSEPH COHEN et RAPHAEL ZAGURY-ORLY
Avant-propos
CLAUDE LANZMANN
Salut éternel à Jacques Derrida
JACQUES DERRIDA
La déconstruction et l’autre. Un entretien de Richard Kearney
JACQUES DERRIDA
La mélancolie d’Abraham. Un entretien de Michal Ben-Naftali
HADRIEN LAROCHE
Court traité de la décision en deux pages
ANNABEL HERZOG
Monolinguisme et Optimisme : Derrida, Candide et la culture
FRANCOIS RAFFOUL
Chez lui chez l’autre
JACQUES RANCIERE
La démocratie est-elle à venir ?
MICHAEL NAAS
Au commencement, le souffle… La genèse de la déconstruction
STEPHANE HABIB
Aux commencements
RENE MAJOR
L’enfance (sans origine) de la déconstruction
FELIX HEIDENREICH
Comment dire « nous » ?
GERARD BENSUSSAN
La bête est sans pourquoi
ORIETTA OMBROSI
Non seulement un chien. Les bestiaires de Levinas et Derrida
JOHN D. CAPUTO
Dieu, peut-être. Esquisse d’un Dieu à venir et d’une nouvelle
espèce de théologiens
MARTIN HAGGLUND
L’athéisme radical de Derrida
AVITAL RONELL
L’impossible Monsieur Bébé, cette déconstruction incessante…
ANDREW HAAS
Not a notion what I meant : l’autre métaphysique
TIMOTHEY MOONEY
Des motivations naturalistes et humanistes de la déconstruction
JEAN GRONDIN
Le dialogue toujours différé de Derrida et Gadamer
JACQUES DERRIDA et HANS-GEORG GADAMER Correspondance
JOSEPH COHEN et RAPHAEL ZAGURY-ORLY
Déconstruire jusqu'à la résistance"
T.M.
Heidegger aux Temps Modernes
Joseph Cohen, Raphael Zagury-Orly
Heidegger et la question du lieu
Karl Löwith
Les implications politiques de la philosophie de l'existence chez Heidegger
Alphonse de Waelhens
La philosophie de Heidegger et le nazisme
Karl Löwith
Réponse à M. de Waelhens
Alphonse de Waelhens
Réponse à cette réponse
Martin Heidegger
Remarques sur art-sculpture-espace
Didier Franck
Le séjour du corps
Dominique Pradelle
Comment penser le propre de l'espace ?
Marlène Zarader
Le lieu de l'art
Jean-François Mattéi
Le lieu de l'étant et le milieu de l'être
Françoise Dastur
Heidegger : espace, lieu, habitation
Éliane Escoubas
Parcours de la topologie dans l'œuvre de Heidegger
Rudolf Bernet
L'extimité du corps et la question du naturalisme en phénoménologie
Gérard Bensussan
Le lieu et la contrée. Questions de proximité
Peter Sloterdijk
Insomniaque à Éphèse
Jean Grondin
Heidegger et le défi du nominalisme
Florence Caeymaex
L'existentialisme comme éthique de Heidegger à Sartre
Nicolas Tertulian
L'ontologie chez Heidegger et chez Lukács. Phénoménologie et dialectique
Jeffrey Andrew Barash
Heidegger et la question de la race
Joseph Cohen, Raphael Zagury-Orly
L'avenir du lieu"
En retraçant le développement et l’extension du concept spéculatif dans la Phénoménologie de l’esprit, nous pouvons, par ces questions, approcher l’élément intime de la pensée hégélienne ; élément depuis lequel, selon Hegel, peut se penser la totalité du penser.
Penser depuis l’élément intime de la pensée hégélienne, c’est penser l’infini passage de la pensée à elle-même, en elle-même et pour elle-même. Et c’est au cœur de ce passage que ne cesse d’œuvrer, comme la modalité propre du spéculatif, le sacrifice. Tout se passe donc comme si dans et par le sacrifice s’ouvrait l’accès au Savoir absolu et se dévoilait l’absoluité – le devenir et l’avenir – du penser spéculatif.
Cet ouvrage entend exposer la co-appartenance du penser spéculatif et du sacrifice afin d’y voir se profiler et se dessiner un pli imprévisible dans le geste philosophique de Hegel. Au lieu donc de simplement penser contre Hegel ou de penser avec Hegel, il s’agit ici de tourner autour de la même question que celle posée par l’absoluité spéculative de Hegel. “Tourner autour” de la même question, mais autrement et pas encore.
Poser, en somme, cette question : que se cache-t-il derrière, avant ou après la mouvance sacrificielle du penser spéculatif ?
Le présent ouvrage se propose de retracer l’interprétation hégélienne du judaïsme dans les écrits de la période de Francfort (1797-1800). À partir de ces écrits, il entend ainsi revenir sur la question énigmatique et problématique de la figure du Juif dans la pensée de Hegel.
Mais revenir, c’est aussi plier la question dans un autre sens. Loin, donc, de simplement expliciter le “destin” du judaïsme dans la pensée de Hegel, il s’agira ici de dévoiler en quoi le Juif réapparaît au cœur de l’absoluité vivante du système spéculatif tel un spectre impensé où se joue et se rejoue perpétuellement l’aporétisation de l’Esprit.
Loin de vouloir lui attribuer une plus grande richesse, nous avons recours à la judéité afin d’exprimer une équivocité, une diversité indéfinissable et indéterminable qui serait peut-être l’intériorité même du judaïsme. Autrement dit la judéité telle que nous la convoquons ici ne saurait être comprise comme la reformulation plus « authentique » de l’identité juive. Elle est ici appréhendée dans la diversité de ses interprétations et de ses commentaires, de ses langues, de ses nationalités, de ses politiques, de ses philosophies, de ses littératures, de ses courants religieux. Ce vocable de judéité, dont nous avons tenu à préserver la pluralité, aurait ouvert la possibilité même de ce colloque. Double possibilité que celle de questionner à la fois ce que l’on entend sous le terme de judaïsme et le rapport, s’il y en est, entre l’écriture de Jacques Derrida – toujours inscrite dans la tension même de l’indéfinissable – et les judéités.
C’est ainsi que s’est offert à nous un espace de questionnement des plus vastes et des plus libres, accueillant des interrogations portant tant sur le politique que sur le philosophique, le religieux mais aussi l’esthétique, la psychanalyse et la littérature. S’appliquant à ne pas circonscrire cette rencontre en une identité simple et assurée, ni à dessiner des contours définitifs à la discussion, mais à la préserver dans son aporie et dans son indécision, de nombreux universitaires, philosophes et écrivains se sont mis à l’écoute d’un questionnement infini et d’un rapport pour le moins oblique entre la déconstruction et ce que nous avons désigné par l’« être-juif ». Car, faut-il le rappeler, l’une des conditions de cette rencontre consistait précisément, et en toute fidélité avec la démarche du philosophe, à ne pas tenter de remonter à un rapport originaire, nommé, établi, plein et identifiable entre l’écriture de Jacques Derrida et la judéité. Une fois cette précaution respectée, ce rapport s’est révélé particulièrement fécond comme en témoignent la richesse et l’hétérogénéité des textes que nous rassemblons ici, dont les auteurs sont : Jacques Derrida, Gérard Bensussan, Hélène Cixous, Michal Ben Naftali, Betty Rojtman, Moshé Idel, Gianni Vattimo, Garbis Kortian, Jünger Habermas, Blandine Kriegel, Catherine Malabou, Gil Anidjar, Stéphane Habib, Joseph Cohen et Raphael Zagury-Orly, Hent de Vries, Jean-Luc Nancy.
Bibliothèque Nationale de France
Centre Culturel Irlandais - Paris
22 - 25 janvier 2015
www.heidegger-et-les-juifs.com