Dent d'Oche
Dent d'Oche | |||
La dent d'Oche vue de Bernex. | |||
Géographie | |||
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Altitude | 2 221 m[1] | ||
Massif | Massif du Chablais (Alpes) | ||
Coordonnées | 46° 21′ 11″ nord, 6° 43′ 52″ est[1] | ||
Administration | |||
Pays | France | ||
Région | Auvergne-Rhône-Alpes | ||
Département | Haute-Savoie | ||
Ascension | |||
Première | 1781 par Samuel Romilly[2] | ||
Voie la plus facile | par le refuge de la Dent d'Oche | ||
Géologie | |||
Âge | Jurassique tardif | ||
Roches | Roches sédimentaires | ||
Type | Crêt | ||
Géolocalisation sur la carte : France
Géolocalisation sur la carte : Haute-Savoie
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La dent d'Oche est une montagne de Haute-Savoie, dans le massif du Chablais, à proximité de la frontière franco-suisse, qui culmine à 2 221 mètres d'altitude. Située à la limite des territoires communaux de Bernex et de Novel, elle domine Évian, Thonon et le Léman. Le sommet offre une vue panoramique sur les Alpes franco-suisses et les Préalpes suisses. C'est le sommet de plus de 2 000 mètres le plus septentrional de France.
Toponymie
[modifier | modifier le code]La dent d'Oche était autrefois dénommée dent d'Houche[3]. Le terme Oche désigne une entaille ou une encoche[3] que ce soit en patois chablaisien (ouche), vieux français (osche), en prélatin (osco) ou en latin vulgaire (coccia) et fait référence au col de Planchamp qui constitue une entaille entre la dent d'Oche et le Château d'Oche. Pour les anciens de Bernex, le terme proviendrait de l'italien Denta d'Occhi (littéralement « dent des yeux »)[3].
Géographie
[modifier | modifier le code]Situation
[modifier | modifier le code]La dent d'Oche s'étend dans les communes de Bernex (est) et de Novel (ouest), le point culminant se situant à Bernex.
Topographie
[modifier | modifier le code]La dent d'Oche forme une arête rectiligne d'orientation est-ouest scindée en deux dans sa partie occidentale par le col de Rebollion (1 925 m). À son extrémité orientale, le col de Planchamp (2 197 m) surplombe le vallon délimitant la dent d'Oche du château d'Oche et sert de point passage pour atteindre le sommet. Les deux cols demeurent sur le territoire de Bernex. Elle présente une morphologie asymétrique avec un versant septentrional très vertical tandis que le versant méridional forme une pente structurale. L'arête s'incurve vers le sud à son extrémité orientale pour rejoindre la paroi nord du château d'Oche. Le versant septentrional fait face au roc de Rianda et au pic Boré qui délimitent avec le Grand Mottay le bassin de drainage du ruisseau des Plenets. C'est au pied du versant méridional que prend naissance l'Ugine, non loin du lac de la Case.
Il est communément admis dans le Chablais que l'altitude de la dent d'Oche est de 2 222 m. Il s'agit d'une ancienne mesure de l'altitude de la dent d'Oche que l'on retrouve notamment sur les cartes topographiques des années 1950 de l'IGN[4]. Mais, en 1979, une nouvelle mesure, effectuée par des géomètres de l'IGN au moyen d'un théodolite, fournit une altitude de 2 220,8 m, arrondi à 2 221 m, et qui est depuis reprise sur les cartes topographiques actuelles[5]. Cette dernière mesure est par ailleurs confirmée par une nouvelle mesure par GPS en 1997.
Géologie
[modifier | modifier le code]La dent d'Oche appartient à la nappe des Préalpes médianes plastiques[6]. Sa topographie particulière correspond à une écaille tectonique redressée et reposant en chevauchement sur les plis septentrionaux de cette même nappe[7]. La montagne est quasi exclusivement composée de la formation des calcaires massifs (Malm ou Jurassique supérieur) qui constitue l'arête sommitale et ses flancs. L'essentiel des roches affleurantes correspond à cette formation. Cette unité forme une épaisse dalle inclinée de 60° en direction du vallon d'Oche. Elle est dédoublée par une faille de chevauchement secondaire à son sommet et correspondant à un ressaut avant l'accès au sommet. La dent d'Oche se distingue des autres reliefs de la nappe des Préalpes médianes plastiques par sa faible épaisseur de Lias (formation des calcaires à Cancellophycus) et son épais Malm.
Le flanc nord constitue une falaise calcaire recoupant l'épaisse formation des calcaires massifs. Au pied du flanc nord, la succession, normale et d'épaisseur réduite, descend jusque dans le Trias et correspond en grande partie aux pentes herbeuses. Le chevauchement frontal de la dent d'Oche repose sur un synclinal pincé dont le flanc sud est rompu. Le sommet de ce dernier se termine par la formation des Couches rouges (Crétacé supérieur - Éocène moyen) et le flysch à Helminthoïdes de la nappe de la Dranse (nappe supérieure des Préalpes)[note 1]. Ils constituent le contact avec la semelle triasique de l'écaille de la dent d'Oche.
Au contraire, le flanc sud forme une pente structurale. Le pied du flanc sud correspond au synclinal d'Oche qui se poursuit au col de Planchamp. C'est un synclinal pincé dont le flanc sud est recoupé par le chevauchement du Château d'Oche. Le cœur du pli est constitué par la formation des Couches rouges qui forme les pentes herbeuses. L'écaille de la dent d'Oche est délimitée au sud par le flanc renversé de la formation des calcaires massifs constituant le Château d'Oche. Il est en contact tectonique avec le Trias par le chevauchement du Château d'Oche.
Vers l'ouest, la formation des calcaires massifs est recoupée par une faille décrochante formant le col de Rebollion. La continuité latérale de la dent d'Oche est interrompue par le décrochement de Bonnevaux.
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Vue depuis le sommet sur les chalets d'Oche.
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Le refuge de la Dent d'Oche situé à une centaine de mètres sous le sommet.
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Vue sur la dent d'Oche.
Histoire
[modifier | modifier le code]Une statue de la Vierge a été érigée en 1949 au sommet de la dent d'Oche. Elle fut par la suite détruite par la foudre et remplacée par une croix en fer forgé le . La croix fut construite par un artisan de Bernex. Elle a ensuite été portée depuis la Fétiuère par Pierre Mercier puis bénie par le père Dohu le . Son embase a été modifiée après que la foudre l'eut éclatée pour permettre au fer de la croix d'être en contact direct avec le sol[9].
Ascension
[modifier | modifier le code]La dent d'Oche est accessible depuis les chalets d'Oche, le col de Rebollion et le col de Planchamp. À une centaine de mètres sous le sommet se trouve un refuge du Club alpin français, le refuge de la Dent d'Oche. Celui-ci a été construit en 1913 à la suite d'une reconnaissance en 1910 par un groupe du Club alpin français[3]. Il est inauguré en 1914. Son emplacement actuel fut retenu car le refuge est visible depuis la majeure partie des bords du lac Léman, de Nyon à Évian-les-Bains[3]. L'accès au refuge et au sommet sont réalisables en été par un randonneur moyen.
La face nord peut être escaladée. Elle a été ouverte le par François Jacquier avec les frères Arthur, Camille et Joseph Ravanel (dit « le Rouge »). L'escalade de cette paroi, haute de 350 mètres, est la plus difficile de la région du Chablais (difficulté 5a à 6b). Certains passages exigent un sérieux entraînement[10]. Il existe quatre voies[11] : la face nord directe, la Ravanel, le Moustiqu'oche et la directe du Refuge. Il existe aussi quelques voies sur la face ouest[12] (difficulté 5a à 6b).
Le 13 avril 2018, un couloir a été skié pour la première fois par Bégain père et fils sur le versant nord-ouest de la première dent et nommé « couloir Michel » en souvenir d'un des gardiens du refuge.
Notes et références
[modifier | modifier le code]Notes
[modifier | modifier le code]- Cette série est décrite comme nappe de la Simme s.l. sur la feuille de Thonon-Châtel de la carte géologique. Depuis, cette unité a été subdivisée en plusieurs nappes par Caron[8] et correspondrait aujourd'hui à la nappe de la Dranse (Crétacé tardif) voire à la formation de Cuvigne Derrey, anciennement flysch des Médianes, (Éocène) de la nappe des Préalpes médianes selon son âge.
Références
[modifier | modifier le code]- « Carte IGN classique » sur Géoportail.
- Pierre Bosson, Guides des préalpes franco-suisses, Club alpin Suisse, , 379 p.
- Jean-Philippe Buord, Origines des noms des montagnes de la Haute-Savoie : Petites et grandes histoires des sommets, Seynod, Color Verba, , 410 p. (ISBN 978-2-9553563-0-2).
- « Scan1950 » sur Géoportail.
- Amélie Lecoyer, « Hé bien non, la dent d’Oche ne fait pas 2 222 mètres d’altitude ! » , sur Le Messager, .
- Héli Badoux et Charles-Henri Mercanton, « Essai sur l'évolution tectonique des Préalpes médianes du Chablais », Eclogae Geologicae Helvetiae, vol. 55, no 1, , p. 135-188 (DOI 10.5169/seals-162920 )
- Maurice Gidon, « Dent d'Oche, Château d'Oche » , sur Geol-Alps (consulté le ).
- Christian Caron, « La Nappe Supérieure des Préalpes: subdivisions et principaux caractères du sommet de l'édifice préalpin », Eclogae Geologicae Helvetiae, vol. 65, no 1, , p. 57-73 (DOI 10.5169/seals-164076 ).
- Marc Potez et Daniel Grévoz, Croix des cimes de Haute-Savoie, Le Vieil Annecy, , 160 p. (ISBN 978-2-912008-41-1), p. 44.
- René Néplaz et Georges Néplaz, Guide d'alpinisme en Chablais : De l'excursion facile à la varappe pure, Librairie P. Pellissier, , 80 p.
- « Dent d'Oche - Voies d'escalade dans la face nord de la Dent d'Oche », sur Chablais grimpe, (consulté le )
- « Dent d'Oche - Voies d'escalade dans le pilier ouest de la Dent d'Oche », sur Chablais grimpe, (consulté le )