REPUBLIQUE ALGERIENNE DEMOCRATIQUE & POPULAIRE
MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
                 UNIVERSITE DE BLIDA - 1 - SAAD DAHLEB
                        Faculté de Technologie
                      Département de Génie Civil
                  1ère Année Master Génie Civil
     ETHIQUE ET DEONTOLOGIE
          DE L’INGENIEUR
                        Dr. FETHI MOUAICI
                  Maitre de Conférence en génie civil
               Objectifs généraux
                    Il s’agit de former:
• l’ingénieur citoyen, responsable, assurant le lien
  entre les sciences, les technologies et la
  communauté humaine,
• l’ingénieur qui s’interroge continuellement sur le
  sens de ses actions et les place dans une perspective
  éthique,
• l’ingénieur dont les valeurs auront pour référent non
  pas une simple logique de profit et de rentabilité
  mais l’homme lui-même …
                  Objectifs généraux
  Il ne s’agit pas d’une leçon de morale. Il s’agit plutôt d’une
  réflexion et d’un débat collectifs ayant pour objectifs:
• Attirer l’attention du futur ingénieur sur la dimension
  éthique de son métier,
• Lui inculquer des compétences:
  de réflexivité, de distance critique
  de communication et d’argumentation
  d’esprit critique et de travail en équipe
• Lui inculquer des valeurs:
  d’ouverture, de respect, d’équité, d’esprit civique, etc.
                Objectifs Spécifiques :
    En fin de semestre l’étudiant sera capable de:
•   Identifier les situations comprenant des questions
    morales.
•   Analyser ces situations.
•   Appliquer une méthode de prise de décision éthique.
•   Présenter cette décision en l’argumentant
              PLAN DE COURS :
1- Concepts généraux:
     Le métier de l’ingénieur, contrôle des
     comportements humains
2- Déontologie de l’ingénieur:
     Devoirs et responsabilités
3- Dilemme éthique:
     Concept de valeur, conflit de valeurs
4- Décision éthique:
     Méthodologie de prise de décision
5- Applications:
     Mises en situation et jeux de rôles
     Chapitre 1: CONCEPTS GENERAUX
1.1. Le métier de l’ingénieur: Importance des
compétences transversales
1.2. Contrôle des comportements humains:
Importance de l’éthique
1.1. Le métier de l’ingénieur: Importance des
compétences transversales
 L’exercice du métier de l’ingénieur nécessite t-
 il des compétences non techniques?
  Ingénieur?
  Personne dont les connaissances rendent apte à
  occuper des fonctions scientifiques ou techniques
  actives en vue de prévoir, créer, organiser, diriger,
  contrôler les travaux qui en découlent, ainsi qu’à y
  tenir un rôle de cadre.
                     Compétences
• Cognitives
• Psychomotrices
• Socio-affectives
     Compétences transversales de l’ingénieur
                L’ingénieur n’est pas un simple calculateur:
•   Communication orale et écrite
•   Maîtrise des langues étrangères
•   Management
•   Leadership
•   Travail en équipe
•   Engagement citoyen
•   Ethique et déontologie, etc.
    L’ingénieur peut se distinguer par ses compétences transversales:
     – Recrutement
     – Evolution dans la carrière
     – Postes de responsabilité
1.2. Contrôle des comportements humains:
Importance de l’éthique
                  ETHIQUE
         COMPORTEMENTS HUMAINS
• On ne peut pas être totalement objectif
  (L’éthique n’est pas une science exacte)
• On ne peut pas être exhaustif
     Qu’est ce qui contrôle
les comportements humains?
         ETHIQUE
           DROIT
      NORMES SOCIALES
         INSTINCT
           Qu’est ce qui contrôle
      les comportements humains?
• L’instinct: la nature humaine…
• Les normes sociales: normes acceptées au
  sein d’une société. Elles restent insuffisantes
  pour guider l’ensemble des comportements.
• Le droit: Il s’appuie sur les sanctions pour
  faire respecter les règles (contrôle externe).
• L’éthique: Elle fait appel à une certaine
  autodiscipline, à la responsabilisation des
  individus (contrôle interne).
             Morale et Ethique
          Synonymes ou opposés?
• La morale est l’ensemble des règles d'action et
  des valeurs qui fonctionnent comme norme
  dans une société.
• L’éthique est la recherche du bien par un
  raisonnement conscient.          [wikipedia]
  C’est une réflexion argumentée en vue du bien
  agir.
                                                11
              Morale et Ethique
           Synonymes ou opposés?
• Morale: Inspire un système fermé de normes, une
  approche conservatrice, inspire obéissance et
  soumission.
• Ethique: Inspire le questionnement, la réflexion,
  l’ouverture d’esprit.
  La morale commande et l’éthique recommande
                                [Compte-Sponville]
          MORALE + REFLEXION = ETHIQUE
                                                      12
         Complémentarité entre
            droit et éthique
• Une action peut être légale mais contraire à
  l’éthique.
• La législation est souvent en retard par rapport à
  l’éthique (en particulier pour des domaines
  évoluant rapidement).
• Certaines actions ne peuvent pas être contrôlées
  par la loi (textes limités et moyens pour les faire
  appliquer limités).
      Complémentarité contrôle externe-contrôle interne
                                                          13
Chapitre 2: DEONTOLOGIE DE L’INGENIEUR
                                     14
                Déontologie
• Terme utilisé pour traduire l'idée de devoirs,
  d'obligations, de prescriptions concrètes par
  opposition à l'analyse et la réflexion.
• Fait référence à l’ensemble des obligations
  que des personnes qui exercent un métier
  donné doivent respecter (codes de
  déontologie).
                        serment d’Hippocrate
                                                   15
          Extraits du serment d’Hippocrate
                    (400 av. J.-C.)
• Je dirigerai le régime des malades à leur avantage, suivant
  mes forces et mon jugement, et je m'abstiendrai de tout mal
  et de toute injustice. Je ne remettrai à personne du poison, si
  on m'en demande, ni ne prendrai l'initiative d'une pareille
  suggestion ...
• Quoi que je voie ou entende dans la société pendant, ou
  même hors de l'exercice de ma profession, je tairai ce qui n'a
  jamais besoin d'être divulgué, regardant la discrétion comme
  un devoir en pareil cas…
                                                                    16
                   Déontologie
• La nature du métier de l’ingénieur induit le
  fait que le client ne peut juger de la qualité du
  service assuré par l’ingénieur, ce qui implique:
  – Une position de pouvoir
  – Un risque d’abus
                                                  17
   Un code de déontologie a pour buts:
• Devoirs et obligations envers le public, les
  clients et la profession.
• Un système de surveillance et de justice par
  les pairs:
  – Attribution d’un permis d’exercice
  – Véhicule les valeurs éthiques de la profession
  – Possibilité de sanction
                                                     18
 Tout commence au niveau de la réglementation:
• Respecter la réglementation (doit-on
  respecter une réglementation qu’on juge
  imparfaite?)
• Respecter les codes de déontologie (contrôle
  de la communauté de la profession)
      Aller au-delà des règlements et codes
                (contrôle interne)
                                                 19
      Devoirs et obligations envers le public
  Cette partie (4 diapos) est directement extraite du code de
            déontologie des ingénieurs du Québec
• L'ingénieur doit respecter ses obligations envers
  l'homme et tenir compte des conséquences de
  l'exécution de ses travaux sur l'environnement et sur
  la vie, la santé et la propriété de toute personne.
• L'ingénieur doit appuyer toute mesure susceptible
  d'améliorer la qualité et la disponibilité de ses
  services professionnels (actualisation des
  connaissances).
• L'ingénieur doit, lorsqu'il considère que des travaux
  sont dangereux pour la sécurité publique, en
  informer l'Ordre des ingénieurs ou les responsables
  de tels travaux.
                                                                20
   Devoirs et obligations envers le public
• L'ingénieur ne doit exprimer son avis sur des
  questions ayant trait à l'ingénierie, que si cet avis
  est basé sur des connaissances suffisantes et sur
  d'honnêtes convictions (distinguer connaissances
  et opinions)
• L'ingénieur doit favoriser les mesures d'éducation
  et d'information dans le domaine où il exerce.
• Déclarer et gérer les situations de conflit
  d’intérêts.
                                                      21
   Devoirs et obligations envers le client
• Avant d'accepter un mandat, l'ingénieur doit tenir
  compte des limites de ses connaissances et de ses
  compétences ainsi que des moyens dont il peut disposer
  pour l'exécuter.
• S'il y va de l'intérêt de son client, l'ingénieur retient les
  services d'experts après avoir obtenu l'autorisation de
  son client ou avise ce dernier de les retenir lui-même.
• L'ingénieur doit s'abstenir d'exercer dans des conditions
  ou des états susceptibles de compromettre la qualité de
  ses services.
• L'ingénieur doit reconnaître en tout temps le droit du
  client de consulter un autre ingénieur et, dans ce cas, il
  doit apporter sa collaboration à ce dernier.                  22
  Devoirs et obligations envers le client
• Intégrité (commissions pour obtenir un
  marché)
• disponibilité et diligence
• indépendance et désintéressement
• secret professionnel
• accessibilité des dossiers
• fixation et paiement des honoraires
                                            23
Chapitre 3: DILEMME ETHIQUE
                              24
3.1. Le concept de valeur
                            25
            Le concept de valeur
• Principes qui orientent nos gestes, nos
  jugements, nos motivations.
• Les valeurs peuvent être personnelles ou
  collectives (normes sociales).
                                             26
              Valeurs souvent évoquées
              en contexte professionnel
•   Le professionnalisme
•   La sécurité du public
•   Les relations de travail harmonieuses
•   Le respect de l'autonomie professionnelle
•   La sécurité d'emploi
•   Ma réussite
•   Mon prestige
•   Mon avenir professionnel
                                                27
      Valeurs se rapportant à la vie en société
•   Le respect des lois
•   Le respect de l'autorité
•   La protection de l'environnement
•   Le respect des droits individuels
                                                  28
         Valeurs technoscientifiques
• L’efficacité
• L’objectivité
• Le rendement
                                       29
              Valeurs économiques
•   L’économie d'argent
•   Le bénéfice financier
•   La rentabilité
•   Le profit
•   La survie de l'entreprise
•   Mon bénéfice
                                    30
               Valeurs personnelles
•   L'amitié
•   Ma santé
•   Mon besoin de confort et de sécurité
•   Mon succès (financier, professionnel)
•   Mon indépendance
•   Mon plaisir
                                            31
              Valeurs vertueuses
•   L’honnêteté
•   La prudence
•   La loyauté
•   La famille
•   La justice
                                   32
3.2. Le dilemme (conflit de valeurs)
                                       33
       Le dilemme (Conflit de valeurs)
• Situation où l’on doit choisir entre deux possibilités
  contradictoires comprenant toutes deux des
  inconvénients.
• Un dilemme moral consiste en un conflit impliquant
  des raisons morales qui donnent lieu à des
  obligations apparemment incompatibles.
                                                           34
          Exemples de dilemme
– Intérêt personnel / intérêt général
– Intérêt de la minorité / Intérêt de la majorité
– Survie de l’entreprise / intérêt de la société
– Court terme / long terme
– Principe / Conséquences
– Justice / Pitié
– Loyauté / Vérité
– Secret professionnel / Alerte
                                                    35
La décision éthique est particulièrement
difficile à prendre dans les cas de dilemme…
     Chapitre 4: DECISION ETHIQUE
                                               36
4.1. Introduction
4.2. Grille de Sherbrooke (Legault, 1999)
4.3. Critique de la décision
                                            37
4.1. Introduction
                    4
   Comment distinguer le bien du mal?
Comment distinguer ce qu’on doit faire de ce
qu’on ne doit pas faire?…
          BIEN             MAL
        Action B1        Action M1
        Action B2        Action M2
            …                …
                                               5
                 Décision éthique:
 Choisir entre ce qui est bien et ce qui ne l’est pas
 Choix facile
Choix possible
 Choix très
 difficile
         Dilemme éthique: Conflit entre deux valeurs
                                                   6
             Influence des émotions
• Les émotions: une arme à double tranchant. Elles
  nous aident à déterminer ce qui est important pour
  nous mais elles peuvent aussi brouiller notre
  raisonnement.
• Exemples: colère, joie, peur, crainte, tristesse, ennui,
  culpabilité, honte, humiliation, haine, frustration,
  satisfaction…
                                                         7
Deux grandes approches de la décision éthique
• Approche déontologique
• Approche conséquentialiste (Utilitariste)
                                              8
       Signe d’avertissement d’un problème
                ou dilemme éthique
•   « Bon, seulement pour cette fois, peut-être…»
•   « Personne ne le saura jamais »
•   « La fin justifie les moyens »
•   « Tout le monde le fait »
•   « Cela ne fera de mal à personne »
                                                9
    Le mini-test éthique de Texas Instrument
• Est-ce que le geste que vous posez est légal?
• Est-il en accord avec vos valeurs?
• Si vous posez ce geste, aurez vous des remords?
• De quoi ça aurait l’air dans les journaux?
• Si vous savez que ce n’est pas correct, ne le faites
  pas!
• Si vous ne savez pas, demandez. Demandez jusqu’à
  ce que vous obteniez une réponse.
                                                         10
4.2. Grille de Sherbrooke
                            11
            La grille de Sherbrooke
                (Legault, 1999)
• Un outil élaboré d’aide à la décision, axé sur
  les valeurs sous-jacentes à un dilemme ou un
  problème éthique.
                                                   12
                 Un exemple
J’ai assisté à plusieurs entretiens d’embauche de
femmes. On m’a demandé mon avis quant à leur
embauche.
Lorsque cet avis était favorable, il est arrivé que la
personne qui prenait la décision refuse
d’embaucher une femme parce qu’elle a un
enfant, ce qui pourrait limiter sa disponibilité. Il
est parfois reproché aux femmes de devoir
rentrer trop tôt pour s'occuper de leurs enfants.
Le choix «famille - travail» paraît difficile.
                                                     13
Phase I : Prise de conscience de la situation
– Résumer la prise de décision spontanée
   • Spontanément je retiens quelle proposition et pour
     quelles raisons ?
– Inventorier les éléments majeurs de la situation
– Analyser la situation des parties en cause
   • Mettre en parallèle les parties en cause et leurs intérêts
– Énumérer les lois, les normes et la réglementation
  impliquées dans la situation
                                                             14
Phase II : Clarifier les valeurs conflictuelles
               dans la situation
– Faire une réflexion critique sur le rôle des
  émotions dans la prise de conscience de la
  situation
   • Quelles sont les émotions en présence ?
      – Est-ce que ma décision est orientée par ce que les
        autres penseront de moi ?
      – Y-aurait-il une rationalisation de mes émotions ?
– Nommer les valeurs qui sont effectivement
  agissantes dans la prise de décision
                                                             15
 Phase II : Clarifier les valeurs conflictuelles
            dans la situation (Suite)
– Identifier le principal conflit de valeurs qui forme
  le dilemme dans la situation
   • Identifier le principal conflit de valeurs de la situation
                                                                  16
   Phase III : Prendre la décision morale
       par la résolution rationnelle
   du conflit de valeurs dans la situation
– Identifier quelle valeur a préséance sur l’autre
  dans la situation
– Formuler les principaux arguments qui explicitent
  pourquoi cette valeur est jugée prioritaire à l’autre
  dans la situation:
   • au regard de chacune des valeurs « approche
     déontologique »
   • Au regard des conséquences qu’elle induit « approche
     utilitariste »
                                                            17
   Phase III : Prendre la décision morale
       par la résolution rationnelle
   du conflit de valeurs dans la situation
– Préciser les modalités de l’action compte tenu de
  l’ordre de priorité dans les valeurs (faire le pont
  entre la décision et l’action)
   • Modalités et mesures envisagées pour atténuer ou
     corriger les inconvénients
– Faire une réflexion critique de la prise de décision
   • Les raisons de mes choix permettent-ils de faire
     ressortir des critères de transparence, de réciprocité et
     d’exemplarité
                                                             18
4.3. Critique de la décision
           Critère de transparence
• Si mon choix était communiqué publiquement,
  est ce que je serais à l’aise pour l’expliquer et le
  défendre?
                                                         20
             Critère de réciprocité
• Le critère de réciprocité consiste à faire en sorte que
  l’on puisse s’applique à soi-même ce que l’on
  souhaite appliquer à d’autres.
• Puis-je me dire, que j’accepterais la solution que je
  propose à quelqu’un, si j’étais dans sa situation ?
  ◦ Le dialogue, en éthique, ne vise pas à manipuler les
     autres par des arguments qui feraient accepter une
     solution, mais vise à amener les gens à
     comprendre les raisons d’agir d’une personne et à
     les accepter, si possible, ou à les discuter pour
     découvrir ce qu’elles ont d’inacceptable.
                                                       21
              Critère d’exemplarité
• Le critère d’exemplarité fait référence au fait que l’on
  puisse transposer dans la société la solution retenue.
• Peut-on envisager la vie en société si tout le monde
  faisait cela et pensait comme cela ?
• La solution apportée, avec son argument central,
  devraient idéalement servir d’exemple pour le
  règlement des conflits moraux de situations
  analogues de la vie en société.
                                                             22
L’éthique commence
toujours par un
questionnement
interne. Ayons un
esprit qui nous
questionne
en permanence!…
                     23