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Malherbologie M1 2024 - 2025

Le document présente un cours de Master 1 en Malherbologie, axé sur la gestion des plantes envahissantes et leur impact sur la production alimentaire face à la croissance démographique mondiale. Il définit la malherbologie comme une science essentielle pour l'agriculture, abordant la biologie, l'écologie et les méthodes de lutte contre les adventices. Les objectifs incluent la compréhension des concepts de malherbologie, l'identification des facteurs influençant l'enherbement et la description des méthodes de lutte.

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Malherbologie M1 2024 - 2025

Le document présente un cours de Master 1 en Malherbologie, axé sur la gestion des plantes envahissantes et leur impact sur la production alimentaire face à la croissance démographique mondiale. Il définit la malherbologie comme une science essentielle pour l'agriculture, abordant la biologie, l'écologie et les méthodes de lutte contre les adventices. Les objectifs incluent la compréhension des concepts de malherbologie, l'identification des facteurs influençant l'enherbement et la description des méthodes de lutte.

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République de Côte d’Ivoire Année

universitaire Union- Discipline- Travail 2024 - 2025

Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la


Recherche Scientifique

MASTER 1

Malherbologie
Plantes
envahissantes

DIOMANDE SOULEYMANE

MAÎTRE ASSISTANT
Introduction
A l’horizon 2050, la population mondiale atteindra les 9,1 milliards
d’habitants, soit une augmentation de 34 % par rapport à aujourd’hui. La
plupart de cet accroissement aura lieu dans les pays en voie de
développement. L’urbanisation continuera à progresser à un rythme
accéléré, et environ 70 pour cent de la population mondiale sera urbaine
(par rapport à 49% aujourd’hui). Afin de nourrir cette population plus
importante, plus urbaine la production alimentaire (sans compter les
produits alimentaires utilisés comme biocarburants) doit augmenter de 70%.

Face à ces constats et pour relever le défi de la sécurité alimentaire,


l’agriculture doit améliorer la productivité par hectare et cela passe par
la gestion efficace et durable des ennemis naturels des cultures.

Parmi ces ennemis naturels des cultures, les adventices sont considérés
comme une contrainte biotique importante pour la production alimentaire.
Elles représentent un frein important à l'augmentation de la productivité
des agriculteurs, en particulier dans les pays en développement.
Ainsi, la mise en place de la gestion des adventices nécessite une
connaissance approfondie de l’enherbements, notamment de la
composition floristique, de la diversité spécifique, de l’écologie et de la
biologie des espèces qui les composent. Cette démarche permet de
connaître de façon précise les organismes contre lesquels il faut lutter et
les facteurs écologiques et agronomiques qui vont influencer leur
développement. Il devient donc possible d’agir sur ces facteurs pour
maintenir les communautés de mauvaises herbes en dessous d’un seuil de
nuisibilité globale.

Objectifs
L'objectif général de ce cours est d’apporter, aux apprenants, les
connaissances de base en Malherbologie et surtout les outils de gestion
appliqués à la protection des cultures.

A la fin de ce cours, de façon spécifique, vous devrez être capables :

✓ d’expliquer les notions de malherbologie, de mauvaise herbe et


d’adventice

✓ d'identifier les principaux facteurs agissant sur l’enherbement


✓ de décrire la biologie et l’écologie des adventices

✓ d’expliquer les différentes méthodes lutte contre les adventices

Chapitre I : Présentation générale de la malherbologie


= science des "mauvaises herbes" / weed science (Daniel Chicouène, dec. 2013)

1- Définitions.
La malherbologie (ou science des mauvaises herbes) a pour objet la connaissance et
la gestion des mauvaises herbes. Elle cherche à comprendre comment s'intègrent
les divers cycles de développement des mauvaises herbes par rapport à ceux des
cultures, aux pratiques culturales et à toutes les pratiques de lutte (directe ou
indirecte) permettant la régulation ou gestion de mauvaises herbes. La
malherbologie appartient à la protection des cultures. Sans lutte contre les
mauvaises herbes, l'agriculture (tant en productions végétales qu'animales)
n'existerait quasiment pas.

2 - Place technique de la malherbologie par rapport à l'agriculture :


On peut supposer que dès qu'il y a agriculture, il y a des mauvaises herbes ; au
moins, elles gênent les cultures, d'autres sont toxiques dans les pâturages
"naturels" (non semés). Ainsi les mauvaises herbes sont antérieures à
l'amélioration des plantes : elles se manifestent dès qu'il y a culture de plantes,
voire même simplement dès que des milieux sont gérés. Depuis l'apparition de
l'agriculture jusqu'à l'agriculture intensive moderne, la lutte contre les mauvaises
herbes est un souci majeur. On pourrait alors estimer que la malherbologie a
commencé quand l'agriculteur a cherché divers moyens de combattre les
mauvaises herbes et de les connaître au minimum (par exemple, les mauvaises
herbes arrachées dans les cultures vivrières peuvent- elles être données à
consommer aux bestiaux ? sont-elles dangereuses ?).
Ainsi, les progrès de la malherbologie sont capitaux pour les progrès du reste de
l'agriculture. Il s'agit aussi d'évaluer les pratiques agricoles. Les pratiques des
agriculteurs sont-elles :
✓ justifiées ? (y a t il des pratiques inutiles = gaspillage)
✓ suffisantes vis-à-vis de chaque espèce ? (proposer de nouvelles solutions si
possible)
✓ optimisées ? (minimiser les coûts)

3 - Place scientifique de la malherbologie :

Botanique générale Phytotechnie

Malherbologie

Phytopharmacie Protection des cultures

On ne peut pas faire durablement l'un sans l'autre, tout progresse en rétro-action.
Par rapport aux autres disciplines de la protection des cultures, la
malherbologie présente 2 originalités :
✓ les mauvaises herbes sont indépendantes de la culture,
✓ il y a de nombreuses espèces par parcelle et par an (par culture). Il n'y a
pas de parcelle indemne de mauvaises herbes.
La malherbologie emprunte à diverses disciplines mais devient peu à peu une
discipline autonome (avec ses propres concepts, liés aux pratiques agricoles).

Conclusion
A l’analyse de tout ce qui précède le malherbologue doit être non seulement un
botaniste à part entière mais surtout un botaniste généraliste car ce botaniste,
tout en étant agronome au sens le plus large du terme dès lors que son champ
d’action est constitué par des agro écosystèmes, doit être également un
taxonomiste, un généticien etc.

La malherbologie est donc une science de synthèse et une science pluridisciplinaire.


Chapitre II : Adventice ou mauvaise herbe
1. Introduction et Définition
Une plante ne prend le statut de mauvaise herbe que par rapport à une activité
humaine. En dehors des champs cultivés, des vergers, des plantations, des pâtures,
etc., certaines plantes sont indésirables dans des cas particuliers : bordures des
canaux d’irrigation, plans d’eau et rivières envahies par les herbes aquatiques et
les algues, coupe-feu dans une forêt, terrains industriels (autour des bâtiments
industriels), certains cimetières, parkings, voies de chemin de
fer, gazon des terrains de golf, terrains de tennis, routes et bords des routes,
aéroports, zones de stockage, bassins de rétention.

Que désigne-t-on par adventice ou mauvaise herbe ?


Au plan sémantique, adventice vient du mot latin “adventicius” et signifie
supplémentaire ou encore qui vient accidentellement. Il désigne les plantes qui
croissent sur un terrain cultivé sans y avoir été semées. Okigbo (1978) définit les
mauvaises herbes comme étant des plantes qui poussent de façon indésirable là
où, elles n’ont pas été intentionnellement plantées.

On qualifie assez souvent d’adventices, de mauvaises herbes, de commensales


toutes les plantes qui par leur présence à un endroit donné, à un moment donné
n’ont pas été voulues et qui entrent en compétition avec la ou les plantes
cultivées.

2. Classification des mauvaises herbes


La connaissance des différents types d’adventices est essentielle parce qu’elle
détermine en très grande partie la méthode de lutte à appliquer. Il existe
plusieurs classifications dont les plus connues sont : l’habitat, le cycle de vie, la
forme de vie et la taxonomie.

2.1. Classification selon l’habitat


Cette classification est basée sur le milieu de vie des adventices. En effet, elles
peuvent être mieux adaptées aux conditions exondées ou aux conditions
aquatiques. Les adventices terrestres sont celles des cultures exondées (mil,
sorgho, arachide, riz pluvial, maraicher…) et les adventices aquatiques sont celles
des cultures inondées (riz de bas-fond, riz irrigué…) ou des canaux d’irrigation,
des cours d’eau et même des fleuves. Les adventices aquatiques ou hydrophytes
peuvent être flottantes (Pistia stratiotes L.), émergeantes (Nymphae lotus) ou
submergées (Elodea sp.).

2.2. Classification selon le cycle de vie


Selon leur cycle de vie, les adventices des régions tropicales peuvent se
classer en deux groupes : les annuelles et les pérennes.

Les annuelles accomplissent leur cycle en une seule saison. Elles produisent une
très grande quantité de semences et se caractérisent par des méthodes efficaces
de dissémination. La plupart des adventices communes des champs sont
annuelles ; elles peuvent être facilement détruites en début de cycle. Une fois
leur partie aérienne détruite, elles ne possèdent aucun autre pouvoir de
régénération (Echinochloa colona L., Digitaria horizontalis Wild.) .

Les espèces pérennes vivent plus d’un an et ont tendance à pousser indéfiniment.
Elles sont particulièrement adaptées aux jachères.

2.3. Classification selon la forme de vie


Cette classification est surtout basée sur l’apparence, le nombre de
cotylédons que possède la plante. On distingue les monocotylédones et les
dicotylédones.
2.4. Classification taxonomique
La classification taxonomique ou botanique regroupe les adventices en
familles, genres et espèces. La nomenclature botanique utilise un système binaire
composé de deux parties. Exemple : dans Echinochloa colona, Echinochloa est le
genre et colona, l’espèce. Ces deux parties sont suivies par l’abréviation du nom
de l’auteur qui l’a déterminé (MERLIER et MONTEGUT, 1982).

3. Biologie des mauvaises herbes


L’étude de la biologie des adventices concerne un certain nombre de
caractéristique de ces espèces relatives aux jeunes plants et à l’individu adulte
: leur croissance, leur morphologie, leur compétivité, leur floraison, leur
fructification et leur graine. A ce niveau il importe de connaitre la morphologie
des graines, leur dissémination, leur aptitude à la dormance, leur longévité dans
le sol etc.

3.1. Quelques caractères biologiques des adventices annuels

Ces espèces ont une très forte capacité de produire des graines de sorte qu’à un
certain moment de leur développement optimal toute la plante se transforme en
une véritable inflorescence ou en une fructification. Cette grande production de
graines n’est pas très influencée par les conditions du milieu même si la quantité
de semences produites baisse relativement en condition défavorable. De plus
cette production de graine se produit après un cycle végétatif de courte durée et
cela à cause de la croissance rapide de ces plantes. Les graines produites sont
aussitôt aptes à germer si les conditions adéquates sont réunies. C’est d’ailleurs
ce qui se passe sous climat tropicale humide. Mais cela n’exclut pas leur grande
longévité à la surface du sol ou lorsqu’elles y font enfuis à des profondeurs
viables. Les graines peuvent être dispersées soit naturellement (le vent, l’eau, la
déhiscence et les animaux), soit artificiellement dont l’homme est généralement
l’agent principal. Tout ceci favorise la colonisation et le développement rapide
des plantules.

3.2. Quelques caractères biologiques des adventices vivaces

Les mauvaises herbes vivaces vivent plus de deux ans. Ces espèces sont les plus
répandues et elles sont en général les plus difficiles à éliminer. Elles se
multiplient indéfiniment par fragmentation de leur appareil végétatif. Il faut
savoir que les vivaces se multiplient aussi par les graines.

i. Tiges souterraines (rhizome)


Certaines espèces d’adventices telles que Cyperus esculentus possèdent deux
types de rhizomes :
✓ les rhizomes horizontaux qui sont également proches de la surface du sol
produisent directement de nouveaux pieds fils et permettent la colonisation
horizontale de l’habitat.

✓ les rhizomes de profondeur se terminent chacun par un tubercule qui


demeure dormant pendant la saison sèche. Pendant la saison des pluies
chaque tubercule peut se développer en un nouveau pied fils accroissant ainsi
la colonisation du milieu. Des études ont pu montrer que un tubercule initiale
peut produit 36 pieds fils et 339 tubercules fils en 16 semaines de végétation.

rhizome horizontal

rhizome de profondeur

Figue : Deux types de rhizomes chez Cyperus esculentus:

ii. Tiges aériennes rampantes (stolons)


Ces plantes émettent des tiges aériennes spéciales qui s’enracinent aux entre-
nœuds un peu plus loin produisant une nouvelle plante, puis une autre et ainsi de
suite. Toutes les tiges touchant le
sol sont capables de s’enraciner et de produire une nouvelle plante comme c’est le
cas pour
Commelina benghalensis.

Figure : Un plant de Commelina benghalensis.

iii.la régénération de souche


L’exemple typique est celui de Chromolaena odorata. Cette adventice pérenne
bien connue, envahit tous les écosystèmes disponibles avec ou sans culture. Lors de
l’entretient des parcelles cultivées par fauchage manuel, les rameaux de tiges qui
s’implantent directement dans le sol peuvent prendre facilement et régénérer
la plante. Après le défrichement accompagné ou non de brûlis la plante peut
facilement se reconstituer à partir de souche. Même les racines restées entier
peuvent survivre pour régénérer les individus pourvus que l’humidité du sol soit
acceptable. Cette plante est également grande productrice de semences à taux
de germination très élevé.

iv. Aptitude à la propagation sur de longues et petites distances

Ce phénomène concerne les fruits et les graines. Plusieurs espèces adventices


possèdent des semences dotées d’organes de transport sur de grande distance.
Exemple : Boerhavia diffusa et de B. coccinea. Leurs fruits sont des capsules
indéhiscentes recouvertes de poils glanduleux. Ces fruits se collent facilement
au pelage et plumage des animaux ainsi qu’aux vêtements des hommes. Leur
transport par exozoochorisme est ainsi facilité. Les graines peuvent ainsi
parcourir de glandes distances surtout avec les oiseaux (qui peuvent être
migrateurs). Les espèces comme Cyathula Prostrata (Amaranthaceae) de même que
Pupalia lappacea (Amaranthaceae), plusieurs Desmodium spp. (Fabaceae) ;
Cenchrus biflorus (Poaceae), Bidens pilosa (Asteraceae), Triumfetta rhomboidea
(Tiliaceae) Chrysopognon aciculatus (Poaceae),… ont leurs fruits ou leurs graines
dotés de poils crochets facilitant leur transport sur de grandes distances.
Certains akènes d’Asteraceae ou d’Apocynaceae sont dotés de Pappus ou aigrette
favorisant le transport anémophile (Chromolaena odorata, Erigeron floribundus,
tridax procumbens).
Il peut y avoir aussi le cas d’autochorisme exemple : Euphorbia heterophylla
(Euphorbiaceae) qui peut projeter ses semences sur une distance de plus de 1m à
partir du pied mère.

4. Ecologie des mauvaises herbes


Si l’effet combiné de la chaleur et de l’humidité dû aux pluies favorise le
développement des adventices, il n’en demeure pas moins que ces plantes
tolèrent des variations environnementales parfois inhabituelles. Ainsi certaines
espèces sont présentes aussi bien pendant les saisons relativement sèches qu’en
saison très humide. Du point de vue de l’habitat elles se comportent presque de
la même façon en milieu bien drainé, passablement drainé ou mal drainé, en haut
de pente, en milieu de pente ou dans les bas-fonds. Il n’y a donc pas de milieu
privilégié pour le développement des adventices. La seule différence se situe au
niveau des écarts des densités relatives. En effet il est évident qu’une espèce de
forêt humide sera plus dense en saison de pluie qu’en saison sèche. De même sur
une toposéquence, les espèces hydrophiles seront abondantes dans les bas-fonds
et non loin ce ceux-ci qu’en haut de pente.

5. Facteurs influençant l’enherbement


5.1. Influence des espèces cultivées

L’un des facteurs importants au maintien et à l’expansion des mauvaises herbes


est incontestablement la lumière. Celle-ci est également au centre de la
compétition que se livre les adventices et les espèces cultivées au même titre que
l’eau et les substances dissoutes. Aussi les adventices montrent-elles une
particulière agressivité vis-à-vis des cultures tant qu’elles sont toutes
parfaitement exposées. Et comme les adventices sont dotés d’une plus grande
aptitude à la croissance elles recouvrent très tôt les espèces cultivées qui se
déprécient rapidement. Leur rendement s’en ressent ; et cette situation est
fréquente dans les cultures à cycle court telles que riz, mais, arachide, tomate …).
Chez les espèces pérennes ou les cultures annuelles à forte ombrage, les
adventices sont abondantes aux premiers âges de la culture. Mais dès que ces
plantes achèvent leur croissance végétative et que les feuilles deviennent
jointives, il se crée une ombre qui est défavorable au développement des
mauvaises herbes héliophiles. C’est le cas de l’hévéas, le cacaoyer, le bananier, le
palmier à huile...

5.2. Influence des pratiques culturales

Ces pratiques ont un effet significatif sur l’enherbement. Ainsi le retournement


du sol, enfouit à des profondeurs variables les graines qui se trouvent en surface.
Certaines sont alors placées dans conditions d’oxygénation ou d’éclairement
momentanément ou définitivement incompatibles avec leur germination. Dans le
même temps des semences plus anciennes sont remontées en surface et celles
qui ont conservé leur vitalité trouvent des conditions plus favorables à leur
germination. Les espèces annuelles déjà levées lors du labour sont éliminées
par enfouissement. Mais pour être efficace le labour doit être profond pour que
l’enfouissement des herbes et leurs graines le soit aussi. Dans le cas des espèces
vivaces à multiplication végétative importante comme Imperata cylindrica,
cynodon dactylon et cyperus rotundus, etc. un labour à charrue en condition sèche
a un effet nettoyant à cause de l’enfouissement des parties aériennes et du
dessèchement en surface des parties souterraines. En revanche un travail réalisé
en période humide avec un outil coupant, comme les disques, a un effet de
dissémination par sectionnement des organes de multiplication végétative
comme les rhizomes, les stolons et les tubercules.

5.3. Le non labour

Il consiste à ne pas travailler le sol avant le semis. Cette pratique maintient


dans les parcelles un enherbement diversifié. De plus les espèces vivaces sont
favorisées. Mais on constate malgré cela que la croissance des mauvaises herbes
est plus lente et se trouve, même, inferieure à 50% à celle d’un sol travaillé.

5.4 Le nombre d’années de culture de la parcelle

La flore des adventices évolue fortement en fonction de l’âge de la parcelle. Au


cours des premières années de culture les espèces issues du milieu naturel sont
remplacées par des espèces mieux adaptées au milieu cultivé. Mais ce
remplacement se fait de manière progressive. On peut alors assister à la
disparition progressive des espèces qui ne peuvent plus supporter le travail du
sol. Après 10 ans de culture consécutive, la flore se spécialise en fonction de
pratiques culturelles. Dans ces conditions ce sont les espèces vivaces dont la
multiplication végétative est favorisée par les pratiques culturales qui
deviennent rapidement dominantes. C’est le cas Cyperus rotundus, Cyperus
esculentus, Imperata cylindrica etc. De nombreuses espèces annuelles bien
adaptées aux conditions culturales font elles aussi leur apparition après les 4 ou
5 premières années de culture. Elles deviennent par la suite de plus en plus
abondantes au détriment des espèces moins compétitives.

L’évolution de la flore des adventices est d’autant plus forte que la pression de
sélection est plus importante. Ainsi, l’utilisation répétée des mêmes familles
d’herbicides se traduira alors par un appauvrissement général de la diversité
floristique au profil de quelques espèces non sensibles.

6. Notion de nuisibilité des mauvaises herbes

6.1. Nuisibilité directe

Les mauvaises herbes mènent une concurrence pour tous les éléments de la
croissance d'une plante ( espace, lumière, eau, air) à la plante cultivée. Cela
entraîne une baisse de rendement, de la qualité du produit, baisse de la
croissance donc baisse de la rentabilité.

Certaines mauvaises herbes sécrètent des substances toxiques par les racines.
Cela empêche la croissance de la plante cultivée.
Exemple : Chénopode blanc empêche la croissance du maïs.

6.2. Nuisibilité Indirecte

✓ Plante – hôte = plante réservoir de ravageurs et de maladies.

Exemple : Les mauvaises herbes : Chromolaena odorata, Ageratum conyzoides,


Boerhavia diffusa, Croton hirtus et Euphorbia heterophylla sont des réservoirs
des virus : Cumcumber mosaic virus (CMV), le Peper veinal mosaic virus (PVMV)
et le Potato virus Y (PVYN) qui sont responsables de dégâts importants en
culture de Solanaceae (piment, tomate, aubergine)( Traoré et al., 2014).

✓ Esthétique (gazon, massif de fleurs)

✓ La présence d'adventices ne facilite pas les travaux de récolte


(l’envahissement peut être tel que la récolte mécanique est impossible !), de
buttage, etc. ce qui augmente les pertes et les frais de production. Cette
présence des adventices peut, en outre, contribuer à réduire la valeur
marchande des cultures céréalières en mélangeant leurs semences et leurs
débris aux graines de ces dernières. La présence de Rottboellia
cochinchinensis (Lour.) Clayton, dans une récolte de maïs ou de riz, en réduit le
prix et peut empêcher son utilisation en qualité de semence (Akobundu, 1987).

✓ Dans les prairies et autres cultures fourragères, certaines plantes peuvent


provoquer des troubles ou être toxiques pour les hommes et/ou les animaux (ex :
la nielle, la colchique, la renoncule âcre, la grande et la petite oseille,
millepertuis, etc.).

✓ Certaines plantes ligneuses ou semi ligneuses peuvent boucher des drains.

✓ Dans les cultures basses, les mauvaises herbes créent un micro climat
humide qui favorise champignons et bactéries mais aussi les ravageurs
comme les limaces.

Chapitre 3 : Maîtrise de l’enherbement


1. Méthodes directes

1.1. Sarclage manuel

Le sarclage manuel par arrachage à la main ou à l’aide d’un outil (houe,


machette, etc.) demeure le principal moyen de lutte contre les adventices dans
le tiers-monde (Akobundu, 1987 ; Marnotte, 1997) et cette opération
techniquement simple à réaliser, se heurte à de nombreuses contraintes :

 la rareté et le coût élevé de la main d’œuvre empêchent souvent la


réalisation du sarclage dans de bonnes conditions et dans les délais requis;
 le désherbage manuel est parfois délicat contre certaines adventices qui
se confondent avec la culture, comme Oryza barthii A. Chev. et les riz cultivés. Il
est, en outre, difficile contre les mauvaises herbes à épine (Acacia pennata L.
Wild.), à feuilles coupantes (Leersia hexandra SW.) ou urticantes (Urera keayi
Letouzey).

Mais lorsque les interventions sont précoces, le travail est moins pénible et
l’efficacité est meilleure, car on évite le bouturage de certaines espèces et on
empêche les taxons à cycle court de produire des graines et d’accroître leur
stock semencier.

1.2. Sarclage mécanique

Pour les exploitations motorisées, le gyrobroyage est une technique courante


d’entretien des parcelles, afin de limiter l’enherbement. Le sarclage mécanique
permet un gain en temps et rend le travail moins pénible. Toutefois, cette
méthode rencontre des obstacles (Marnotte, 2000) :

✓ l’acquisition du matériel dont le coût est souvent très élevé ;


✓ la précocité des interventions (il est indispensable de procéder très tôt
au sarclage afin de faciliter le travail en évitant le bourrage du corps
sarcleur par les plantes trop développées);
✓ la limitation dans le temps (à partir d’un certain stade de
développement, la culture ne permet plus le passage des outils de
sarclage mécanique sans risque de dégâts).

1.3. Lutte chimique

Les herbicides sont fréquemment utilisés pour la maîtrise de


l’enherbement dans les cultures. Cette pratique offre l’avantage de réduire la
charge de travail consacrée à cette activité car une application de désherbant
demande moins d’une journée par hectare avec un appareil à dos, encore moins
avec un pulvérisateur monté sur un tracteur (Marnotte, 2000). En plus, utilisés à
temps, les herbicides suppriment la concurrence des mauvaises herbes pendant
le jeune âge de la culture

1.3.1. Influence de la texture du sol

L’efficacité et le devenir des herbicides dans le sol, dépendent


étroitement des phénomènes physico-chimiques auxquels ils sont soumis. En effet,
ils sont adsorbés par les feuillets d’argiles ou les colloïdes de la matière
organique. Avec les argiles, l’adsorption est généralement temporaire et les
substances sont progressivement restituées dans la solution du sol selon
l’équilibre du milieu (Séverin et Tisssut, 1991), augmentant ainsi leur rémanence.
Inversement, la rémanence des substances est faible dans les sols riches en
matières organiques car les micro-organismes qu’ils contiennent les dégradent
rapidement. En sol sableux par manque de liaisons chimiques avec les particules
du sol, les substances sont disponibles en intégralité. Cependant, dans ce cas,
les risques de phytotoxicité sont accrus et les substances sont vite entraînées
par les eaux de ruissellement.
1.3.2. Influence des conditions climatiques

Même si elle accélère parfois leur action, la température ne semble pas


jouer de rôle sur l’efficacité finale d’un herbicide. Par contre, étant très soluble
dans l’eau, sa pénétration foliaire et par conséquent son activité, est
considérablement augmentée lorsque l’humidité relative de l’air est élevée. La
pénétration de la molécule peut être 3 à 5 fois plus importante à 95 % d’humidité
relative qu’à 65 %. D’autre part, à la suite d’une période de sécheresse, son
activité est très réduite et les mauvaises herbes tolèrent l’herbicide. L’activité
du glyphosate est plus faible si les plantes traitées ont subi un déficit hydrique
avant son application. Cela a été confirmé par de nombreuses autres
observations, effectuées sur différentes espèces. En effet, certains auteurs
expliquent ce phénomène par une diminution de la pénétration du glyphosate
dans les plantes stressées suite à une augmentation des cires cuticulaires.
D’autres facteurs doivent aussi jouer, en particulier l’intensité de la
photosynthèse et de la croissance. Le déplacement du glyphosate dans les
végétaux, à travers les ostioles, est favorisé par les conditions qui accroissent la
photosynthèse et la migration des assimilats. Or ces deux processus sont réduits
en conditions de stress hydrique.

Lorsque l’humidité relative de l’air est élevée, le glyphosate pénètre


rapidement dans les plantes ; on retouve là l’effet de ce facteur sur le transfert
cuticulaire des herbicides solubles dans l’eau. L’hydratation de la cuticule, qui
créerait une “voie acqueuse”, en serait responsable. La solubilité élevée du
glyphosate dans l’eau (sel d’isopropylamine) en fait un herbicide très sensible au
lessivage par la pluie.

1.3.3. Origine du phénomène de résistance aux herbicides


La résistance à un herbicide traduit la capacité qu'a un peuplement de mauvaises
herbes de survivre à un traitement herbicide qui, sous des conditions d'utilisation
normales, réussirait à le maîtriser efficacement. La résistance aux herbicides
est un exemple d'évolution à un rythme accéléré et illustre le principe de la « loi
du plus fort ». Un herbicide peut détruire toutes les mauvaises herbes d'un
peuplement d'une espèce en particulier, à l'exception de quelques spécimens
ayant le potentiel génétique de survivre à l'herbicide. Les mauvaises herbes
résistantes montent en graines et dominent tôt ou tard le peuplement. Celui-ci
n'est par la suite plus maîtrisé efficacement par l'herbicide responsable de la
sélection. Les pratiques phytosanitaires et culturales qui conduisent à
l’apparition de populations de plantes adventices résistantes aux herbicides
dans les parcelles traitées ne sont pas très différentes de celles qui induisent
la résistance chez les ravageurs ou chez les agents pathogènes. C’est le cas en
Côte d’Ivoire où plusieurs adventices sont devenues résistantes aux Glyphosate
qui est la matière active de presque tous herbicides vendus dans le pays. Cette
résistance peut être due aussi au non respect de la dose prescrite. Les espèces
résistantes peuvent devenir très proliférantes puisqu’elles possèdent une grande
capacité évolutive qui leur permet de se maintenir. Ce potentiel évolutif peut
être lié soit à la sélection d’un mécanisme déjà existant (augmentation du
métabolisme ou de la détoxication de l’herbicide) soit à l’apparition de mutations
(apparition d’un métabolisme inexistant ou modification du site d’action de la
matière active). Ainsi,
lorsqu’un herbicide pénètre dans une plante, celle-ci enclenche au moins une
réaction enzymatique qui peut plus ou moins entraver l’activité de cette molécule
étrangère0

1.4. Lutte biologique

Le contrôle biologique des adventices est la maîtrise de l’enherbement par


l’action d’organismes vivants, par la manipulation génétique des mauvaises herbes,
par les phénomènes d’allélopathies et par la densité de la culture (Akobundu,
1987). Parmi les animaux, les insectes sont les plus utilisés. Mais les vertébrés
sont aussi employés, c’est le cas du bétail dans le contrôle des Poaceae dans les
plantations de palmier à huile en Colombie (Van den Hove, 1966).

2. Méthodes indirectes

2.1. Préparation des champs

Le labour qui enfouit les mauvaises herbes et leurs semences a un rôle


désherbant si la couche travaillée est suffisamment profonde, ce qui est
rarement le cas en culture manuelle ou même en culture attelée. Les espèces
annuelles déjà développées au moment du labour sont éliminées par
l’enfouissement des parties aériennes. Pour les adventices pérennes à
multiplication végétative importante, telles que Cynodon dactylon (L.) Pers.,
Cyperus rotundus L., Imperata cylindrica (L.) Raeusche, etc., un labour à la charrue
en condition pédoclimatique sèche a un effet nettoyant par enfouissement des
parties aériennes et dessèchement en surface des parties souterraines. Par
contre, selon Le Bourgeois (1993), un travail réalisé en période pluvieuse à l’aide
d’un outil coupant (disque), favorise la multiplication de ces espèces par
sectionnement et diffusion des organes reproducteurs (les rhizomes, les stolons,
et les tubercules).

Le feu de brousse est aussi utilisé pour débarrasser la terre de la


végétation adventice. Il détruit la plupart des mauvaises herbes annuelles, mais
les espèces vivaces à rhizomes et à tubercules, régénèrent rapidement après le
passage du feu (Johnson, 1997).

2.2. Implantation de la culture

L’utilisation de semences indemnes de graines d’adventices, peut éviter


l’installation de ces dernières en début de culture. C’est pourquoi la production
semencière du riz suit des règles strictes quant au seuil d’infestation tolérable
en graines de mauvaises herbes. En outre, si la gamme variétale est suffisamment
large, il est avantageux de semer une variété vigoureuse à port érigé, au feuillage
recouvrant et à croissance rapide. L’augmentation de la densité de semis est
souvent préconisée pour réduire l’enherbement, sous réserve d’une fertilité du sol
suffisante ou d’un apport de minéraux en complément (Marnotte, 2000).

2.3. La gestion de l’eau

En riziculture irriguée, la gestion de l’eau et la qualité du planage participent à


la maîtrise de l’enherbement. Une pré-irrigation suivie d’un assèchement provoque
la germination des mauvaises herbes et leur élimination ; ce cycle peut être
répété si l’eau est disponible. La
submersion des casiers donne de bons résultats sur Echinochloa colona et
Ischaemum rugosum, si le planage est parfait et si la lame d’eau atteint 10 à 15 cm.
Par ailleurs, l’entretien des canaux améliore la propreté des eaux d’irrigation et
réduit les sources d’infestation,

2.4 Rotation des cultures

La rotation culturale joue, à long terme, un rôle considérable dans le contrôle de


l’enherbement par la suppression des adventices liées à un cycle cultural ou à
une culture donnée. Ainsi la rotation de céréales avec les Solanceae est
recommandée pour la réduction de l’infestation du genre Striga dans les petites
exploitations (Doggett, 1984). Par exemple, en riziculture irriguée, la prolifération
des riz adventices est stoppée par une rotation avec une culture pluviale.
Malgré l’importance de la rotation des cultures dans la maîtrise de
l’enherbement, elle n’est efficace que si elle est associée à d’autres méthodes de
lutte (Akobundu, 1987).

2.5. Plantes de couverture

L'intérêt de l’utilisation des plantes de couverture n’est pas récent. En effet,


depuis plus de 50 ans les scientifiques les étudient selon les trois axes suivants :
les plantes de couverture comme :
✓ moyen de protection des sols (Antichan, 1952),
✓ un moyen pour gérer les bio agresseurs
✓ et principalement comme moyen de lutte contre les mauvaises herbes (Wells,
1973).
Depuis quelques années, des études sont menées un peu partout dans le monde sur
cette pratique (Chine, USA, France, Vietnam, Afrique) et sur diverses cultures (riz,
ananas, banane, café et vergers) avec toujours les mêmes préoccupations.
Dans le bassin caribéen, des travaux sont menés à Cuba et au Brésil sur les
vergers d’agrumes associé à une plante de couverture : Neonotonia, Arachis (Neves
et al., 1998; et Gutierrez et l. 2002). Les résultats montrent une baisse très
significative des populations d’adventices. En effet, Gutierrez (2002) a observé
une baisse de 60% des Fabacées et 90% des Poacées, accompagné d’une hausse
des rendements. Les plantes de couverture (Paspalum notatum Fluegge, Sorghum
bicolor (L.) Moench., Calopogonium mucunoides Desv., Pueraria phaseoloides (Roscb.)
Benth., etc.), jouent un rôle dans le contrôle de l’enherbement en élaeiculture. En
effet, un couvert fermé et permanant réduit la prolifération des mauvaises
herbes par l’ombrage qu’il impose, par la compétition pour les ressources du milieu
et aussi par des effets allélopathiques (Marnotte, 2000).

2.6. Le paillage

Le paillage est un procédé simple qui consiste à recouvrir le sol avec des
matériaux d'origine végétale ou minérale, afin de limiter l'évaporation et la
pousse des mauvaises herbes. Les techniques varient, mais l'intérêt est certain. Le
paillis freinera la prolifération des mauvaises herbes. Pratiqué à temps, il limite
fortement la venue des annuelles, et gêne partiellement la croissance des
herbes vivaces.
Les différents types de paillage :
Les différents paillages peuvent être classés en trois grandes catégories :
organique, minéral, ou tissé. Chacun diffère par son utilisation, et avantages et
inconvénients, son coût, sa mise en place ou encore sa pérennité.

Paillage organique :
Les matériaux utilisés pour un paillage organique sont divers et variés. Leur
principal avantage est que, étant organiques, ils sont biodégradables. En se
décomposant, plus ou moins rapidement, ils vont se transformer en humus qui
enrichira la terre et améliorera le complexe argilo-humique. En revanche cette
tendance à disparaitre inclut un besoin d’apport régulier. En outre un paillis
organique peut aussi pourrir rapidement et se transformer en un paillasson
imperméable. Cependant, les avantages d’un tel paillage demeurent nettement
supérieurs à ses inconvénients.

 Paillage minéral :
Tout en conservant la majorité des qualités du paillage organique, le paillage
minéral n’améliore pas la fertilité du sol et retient peut être un peu moins
l’humidité. Cependant comme il ne transforme pas, il n’est pas besoin d’apport
régulier et sera extrêmement durable. Pouvant jouer sur une grande palette de
coloris ce type de paillis sera très décoratif.

 Paillage en toile :
Différents matériaux sont aujourd’hui disponibles, plastiques ou organiques.
Permettant de couvrir de grandes superficies, ce type de paillage est surtout
utilisé pour les terrains en pente ou il permet de limiter le ravinement. Il est à
poser au moment de la plantation pour plus de facilité.
La toile végétale : biodégradable, elle se désagrège au bout de quelques années.
Le film plastique : très inesthétique, il peut cependant être recouvert d’une fine
couche de paillage organique ou minéral. Excellent contre les mauvaises herbes, il
ne laisse pas ou peu l’eau s’infiltrer.

3. La lutte intégrée

3.1 Définition
La production intégrée est un système de production qui prend en considération
la préservation de l’environnement et la santé du consommateur moyennant le
raisonnement des pratiques agricoles, elle intègre l’ensemble des méthodes de
lutte (chimique, biologique, culturale et biotechniques) en limitant l’utilisation des
produits chimiques lorsqu’il n’existe aucun autre moyen de lutte efficace. Elle
coûte souvent plus cher soit en services (suivi technique, analyses, encadrement…),
soit par des investissements spécifiques en matériels et aménagement, de plus
l’application de cette lutte est un peu difficile et complexe. Mais la réduction en
quantité et l’amélioration en qualité du nombre de traitements chimiques
appliqués et une diminution des risques d’accumulation des résidus d’herbicides
tout en préservant la faune utile et l’environnement sont des avantages.
3.2. Les différentes étapes de la lutte intégrée

Cette méthode de lutte est basée sur 3 étapes fondamentales :

✓ La prévention: elle permet d’éviter l’installation des adventices dans une


parcelle cultivée par l’adoption de bonnes pratiques culturales.

✓ La surveillance de l’état sanitaire des cultures : en lutte intégrée, la mise


en place d’un système de surveillance de l’état d’enherbement est inévitable,
la surveillance nécessite la formation car il faut pouvoir identifier les
espèces d’adventices, connaitre leur biologie leur écologie, leur aptitude à
coloniser un milieu. Cette surveillance permet de déterminer les seuils de
nuisibilité économique qui aideront à déterminer si la densité de peuplement
et les répercussions des mauvaises herbes sur le rendement justifient le
recours à des mesures de lutte, c’est-à-dire si la valeur de la perte de
rendement évitée compense le coût du traitement envisagé

✓ Le traitement : qui peut être une association de méthode ou l’utilisation


d’une seule méthode mais elle doit être adaptée à l’enherbement.
Plantes
envahissantes
Introduction
De tout temps, il y a eu à la surface de la planète de vastes
mouvements d’espèces vivantes. La position et l’étendue des aires de
répartition des espèces changent naturellement à un rythme
progressif, sur une échelle de temps géologique, et en lien avec des
phénomènes globaux à l’échelle de la planète (par exemple les
glaciations, qui poussent les espèces à migrer hors de leurs zones de
répartition habituelles, lorsque celles-ci se voient envahies par les
glaces). Ces mouvements, suffisamment lents en temps normal,
laissent le temps aux espèces se déplaçant de s’habituer à leur
écosystème d’accueil, et vice-versa. Ils s’accompagnent souvent d’une
évolution génétique.

Il arrive toutefois que l’on voie l’apparition soudaine et imprévue


d’une espèce dans un écosystème, cette espèce provenant d’une aire
géographique parfois lointaine. C’est ce que l’on appelle invasion
biologique. Ce phénomène est fortement lié aux activités anthropiques.
En effet, tout au long de son histoire, l’homme a été responsable de
l’introduction volontaire ou accidentelle d’espèces dans des milieux
naturels. Il a transporté des milliers d’espèces loin de leur aire
d’origine, pour des besoins de l’agriculture, de l’élevage, de
l’ornementation et pour stabiliser les berges des cours d’eau. Ces
phénomènes se sont intensifiés avec la mondialisation. Ces ʺnouvellesʺ
espèces n’induisent pas toutes de graves conséquences dans les
milieux où elles sont introduites. Certaines s’implantent de façon
équilibrée dans leur nouvel environnement. D’autres, par contre,
envahissent complètement le milieu, au détriment des espèces
originelles. .Ces invasions biologiques sont considérées comme l’une
des principales causes de perte de biodiversité dans le monde. C’est
d’autant plus le cas dans un environnement à fort endémisme

Ces introductions qu’elles soient volontaires ou non, constituent un


risque environnemental qui est, pour l’instant, mal estimé mais
modifient le plus souvent les interactions interspécifiques. Ce
phénomène est global. Il touche tous les types d’écosystèmes et toutes
les espèces (végétale, animale, fongique, microbienne, etc…) sont
potentiellement invasives.
Ce cours se limitera à évoquer la problématique des plantes
envahissantes, aussi appelées plantes invasives.

Objectif
Cet enseignement a pour objectif d’amener les apprenants à
comprendre le phénomène d’invasion biologique et cerner ses causes et
conséquences.
Contenu
Comment peut-on définir une espèce invasive ? Comment se déroule une
invasion biologique ? Comment modifie-t-elle un écosystème ?
C’est à cet ensemble de questions que nous tenterons de répondre
dans ce cours. Ainsi Il définira tout d’abord ce qu’est une espèce
invasive et le processus d’invasion biologique. Puis il développera des
exemples plantes non-natifs ayant modifiés leurs environnements.
Enfin il présentera les actions envisageables et envisagées

I Définitions

Espèce autochtone
Une espèce est dite autochtone d’une entité géographique donnée et
pour une période donnée quand elle est représentée sur cette entité
par des populations pérennes au début de cette période considérée.

Espèce allochtone
Une espèce allochtone d’une entité biogéographique donnée et pour
une période de temps donnée est une espèce qui, absente de cette
entité au début de la période considérée, l’a par la suite "colonisé" et
y a constitué des populations pérennes. Autrement dit, l’espèce vit
dans une entité extérieure à son propre aire de répartition naturelle.

Espèce exotique
Espèce (individu ou population) introduite volontairement ou
accidentellement en dehors de son aire de répartition naturelle.
Cela comprend toutes les parties, gamètes, graines, œufs ou propagule
d’espèces qui pourraient survivre et se reproduire.

Espèce introduite
Espèce (hybride, OGM etc.) non indigène libéré intentionnellement ou
accidentellement dans un territoire ou une partie du territoire où
elle était jusqu’alors absente.
Une espèce allochtone introduite, reste au titre d’introduite, tant
qu’elle ne parvient pas à se maintenir dans son nouvel écosystème, du
fait d’une reproduction insuffisante.

Espèce naturalisée
Espèce introduite rencontrant des conditions écologiques favorables
à son implantation durable dans le temps et sur le territoire d’accueil.
Son établissement
est indépendant de l’homme. Elle se reproduit régulièrement dans sa
nouvelle aire géographique et se maintient à long terme.

Espèce proliférante
Espèce qui se reproduit, dans un premier temps, sur un territoire
qu’elle occupe et qui devient, dans un second temps, hyper-dominante
sur ce même territoire.
Ce phénomène est souvent lié aux activités humaines (arrêt de
contrôle de populations, mise à disposition de nouvelles sources
alimentaires, monoculture, élimination des prédateurs). Le terme
d’espèce proliférant peut s’appliquer à une espèce autochtone ou
allochtone.

Invasion biologique
Les invasions biologiques constituent un problème d’actualité étudié
par un pan entier de l’Écologie qui est né après la publication en 1958
de l’ouvrage de Charles Elton, éminent écologiste, “The Ecology of
Invasions by Animals and Plants”. Il existe donc plusieurs définitions
qui se recouvrent plus ou moins, nous donnons quelques unes :

➢ Une invasion biologique est un événement soudain; dans un


territoire donné et correspondant à une irruption d’individus
(animaux ou végétaux) d’origine étrangère qui prolifèrent et
causent des nuisances ou des dommages.

➢ Une invasion biologique au sens large survient quand un


organisme parvient maintenir dans un écosystème situé en dehors
de son aire de répartition. Au sens strict, l’invasion biologique se
traduit par l’explosion démographique de cette nouvelle espèce
dans son nouvel écosystème et par une tendance à se disperser à
partir de ce nouveau point d’introduction

➢ Une invasion biologique est un phénomène de prolifération


d’espèces introduites qui envahissent un territoire et y causent
des nuisances".

Espèce envahissante
Une espèce est dite invasive ou envahissante lorsque, s’étant
établie et se reproduisant naturellement dans un domaine
géographique dont elle n’est pas originaire, elle devient un agent de
perturbation et nuit à la diversité biologique. Ces espèces « invasives »
peuvent perturber les milieux naturels et être source de désagrément
pour les activités humaines (qualité de l’eau, irrigation, agriculture,
pêche…) ou la santé publique (allergies, toxicité, transmissions de
maladies…). Plante envahissante
Plante exotique dont l’introduction, volontaire ou fortuite, dont la
prolifération provoque, ou est susceptible de provoquer, des
changements significatifs de composition, de structure et/ou de
fonctionnement de l’écosystème dans lequel elle a été introduite »

II. Processus d’invasion biologique

II.1. Différentes étapes d’une invasion biologique

Le processus d’invasion biologique suit une séquence «introduction -


acclimatation- naturalisation - invasion».
Le passage d’une étape à l’autre nécessite chaque fois le
franchissement d’une barrière. L’introduction d’une nouvelle espèce
implique l’apport d’individus ou de graines en dehors de son aire
d’origine; l’homme joue un rôle fondamental, délibéré ou accidentel,
dans cette dispersion à très longue distance (franchissement de la
barrière géographique).
L’espèce doit ensuite être capable de s’acclimater, c’est-à-dire
résister aux
conditions climatiques qui prévalent dans la région d’introduction.
Puis vient la phase de naturalisation au cours de laquelle l’espèce
doit s’affranchir de la barrière reproductive pour produire une
population viable à long terme.
Enfin, vient la phase d’expansion au cours de laquelle l’espèce
exotique envahissante se disperse dans le paysage et colonise de
nouveaux habitats.

Notons que le franchissement des barrières environnementales et


reproductives peut s’étaler sur plusieurs dizaines d’années et
s’apparente souvent à une phase de latence préalable à l’invasion
proprement dite.
Figure 1 : Étapes d’une invasion biologique.

II.2. Caractéristiques d’une espèce invasive


Une espèce introduite sur dix réussit à s’établir dans son nouvel
écosystème et une espèce établie sur dix devient invasive (certains
groupes d’organismes font exception à cette règle). Un très petit
nombre d’invasions biologiques aboutissent donc.
Les espèces présentant un potentiel d’invasion important tendent à
développer un ensemble de traits d’histoire de vie bien
caractéristiques. Elles sont souvent nanties d’un pouvoir de
dispersion important, d’une croissance rapide, d’une fécondité élevée,
d’une bonne résistance aux maladies et d’une forte plasticité
écologique. La prédiction du potentiel d’invasion doit toutefois être
nuancée et considérée avec précaution: il n’existe en effet pas
d’envahisseur universel et l’invasion dépend également de la
susceptibilité de l’écosystème à être envahi. On a par exemple
montré que les écosystèmes perturbés et/ou eutrophes sont
particulièrement sensibles aux invasions. Pour qu’il y ait invasion, il
faut donc qu’il y ait rencontre entre une espèce présentant des
«propriétés invasives» et un milieu suffisamment propice.

II.3. Réussite des invasions biologiques et écosystèmes


d’accueils

L’hypothèse de résistance biotique des écosystèmes a été proposée


par Charles Elton en 1958 et dit que les communautés présentant une
grande richesse spécifique sont plus résistantes aux invasions que
celles disposant d’une richesse
spécifique faible. Dans un écosystème à richesse spécifique élevée,
tous les types de ressources sont déjà utilisés par les espèces
natives. Par ailleurs, la probabilité qu’un prédateur ou qu’un
compétiteur efficace de l’organisme invasif soit présent est plus
grande dans ce type d’environnement. Ainsi la probabilité de succès
d’un organisme invasif est plus élevée dans une communauté pauvre en
espèces.
Sous cette hypothèse, plus les populations non natives, s’accumulent
petit à petit dans l’écosystème et plus le taux d’invasion diminue.
Ainsi, plus le nombre d’invasions ayant déjà eu lieu dans un même
écosystème est grand et plus le nombre d’invasions pouvant encore
réussir est faible.

David Simberloff et Betsy Von Holle développe en 1999 une autre


hypothèse quant au rôle de l’écosystème d’accueil dans la réussite ou
non d’une invasion biologique. C’est l’hypothèse de fusion invasive. Elle
dit que le taux de réussite invasive augmente au cours du temps. Les
populations invasives déjà présentes ont pu déstabiliser
l’écosystème considéré et peuvent avoir des effets positifs sur les
organismes invasifs suivants.

II.4. Potentiel invasif d’une plante

On parle en anglais d’invasiveness, que l’on peut traduire par un


mauvais néologisme, invasivité, pour qualifier le potentiel invasif
d’une espèce, c’est-à- dire sa capacité ou sa tendance à envahir un
habitat et à avoir des effets négatifs sur les espèces déjà présentes.
On regroupe sous ce terme les diverses caractéristiques écologiques
qui rendent une plante envahissante. Une revue de nombreux travaux
scientifiques semble indiquer que les traits les plus significatifs
quant au potentiel invasif d’une espèce sont son aire de répartition
naturelle et sa vitesse de dispersion. Plus ces deux facteurs seront
grands, plus le potentiel invasif de la plante sera élevé.

✓ L’importance du premier facteur s’explique par le fait qu’une


plante à aire de répartition naturelle large aura une écologie «
généraliste », et non pas spécialisée dans un type d’écosystème
particulier. Elle pourra donc ainsi s’implanter dans un domaine
plus étendu, de par sa souplesse adaptative.

✓ La capacité de dispersion d’une espèce dépend de plusieurs


traits écologiques, par exemple un temps de génération court, une
longue période de fructification, un grand nombre de graines de
petites tailles, une viabilité des graines prolongée ou un moyen de
transport efficace, comme le vent ou les animaux.
Ces deux critères ne parviennent pas à eux seuls à discriminer les
espèces invasives pour la simple et bonne raison que les
étapes d’expansion et
l’intégration au milieu envahi, dépendent presque intégralement des
interactions entre l’espèce envahissante et le milieu. Différents
types de plantes envahiront avec succès différents milieux. On peut
donc décrire différentes caractéristiques, qui résulteront en une forte
invasivité dans certains milieux, sans toutefois pouvoir énoncer une
théorie générale. Ainsi, il semblerait que la plasticité phénotypique
favorise l’invasivité. Face à des facteurs environnementaux comme la
perturbation du milieu, l’effet des herbivores et le pâturage, les
variations de la disponibilité en nutriments, eau et lumière, les
plantes envahissantes sont plus souples. D’autre part certains
auteurs ont avancé l’idée que le fait d’être différentes des espèces
autochtones suffisait aux espèces introduites pour être
envahissantes. Ceci leur procurerait des avantages compétitifs de
natures diverses par rapport aux espèces autochtones.

La pression de propagule joue un rôle important à la fois dans les


mécanismes d’expansion géographique d’une espèce invasive (première
étape de l’invasion), et dans ceux déterminant la réussite ou l’échec
d’une implantation dans un nouvel écosystème. Ce facteur n’est ni
exclusivement une caractéristique de l’espèce végétale, ni d’ailleurs
une du milieu environnemental. On pourrait plutôt dire que c’est une
caractéristique d’un événement invasif. La pression de propagule
semble donc avoir un pouvoir explicatif important dans les
mécanismes de l’invasion, et ne doit pas être négligée.

Le succès invasif d’une espèce peut être décrit par les


caractéristiques écologiques de l’espèce, qui ne diffèrent pas selon
l’écosystème envahi. Il peut aussi être décrit par les conditions
écologiques et environnementales du milieu hôte, qui resteront
relativement constantes entre des événements invasifs proches dans
le temps.

III.Exemples de plantes envahissantes

III.1. Plantes terrestres envahissantes

III.1.1. Tithonia diversifolia (Hemsl.) A. Gray. (Asteraceae)


Nom commun: “tournesol du Mexique” ou Marguerite.

III.1.1.1. Origine et Distribution

Originaire du Mexique cette plante buissonnante a été introduite


partout dans le monde autour de l’équateur et s’y est naturalisée. Elle
y est utilisée pour améliorer les sols pauvres auxquels elle apporte de
l’azote et du phosphore. Elle a été introduite en Afrique notamment
en Afrique de l’Ouest comme plante ornementale (AKOBUNDU et
AGYAKWA, 1987). Elle se retrouve aujourd’hui
dans plusieurs régions d’Afrique notamment le Cameroun, le Kenya, la
Malawi, le Nigéria, l’Afrique du Sud, la Tanzanie, l’Ouganda et la
Zambie. Cette plante aurait été introduite en côte d’ivoire entre 1950
et 1956, en tant qu’engrais vert dans les plantations caféières de la
région de Daloa.

III.1.1.2. Morphologie et Biologie.

Cette espèce de la famille des Astéracées forme rapidement de


grands buissons herbacés pouvant dépasser 3 m de haut. Les feuilles,
longues de 13 à 15 cm, sont alternes, avec un limbe comportant de 3 à 5
lobes. Les inflorescences sont portées par un pédoncule de 7 à 20 cm.
La fleur évoque la marguerite (même forme, même parfum), mais en
jaune orange vif et en beaucoup plus gros : elle atteint plus ou moins
10 cm de diamètre. La partie centrale est composée de tubes serrés
(chacun donnera une graine après fécondation). Autour d’elle le
nombre de pétales est variable (souvent 13). Ces grosses fleurs
apparaissant en mai et juin. Elles attirent les abeilles et les
papillons. En bouquet elles durent quelques jours. T. diversiflolia se
plaît en plein soleil, supporte bien la chaleur et la sécheresse et
peut pousser partout. Elle se reproduit par boutures ou par graines et
son taux de fructification est très élevé

Buisson de Tithonia diversifolia

III.1.13. Contraintes liées à l’invasion de Tithonia diversifolia


T. diversifolia colonise les pelouses abandonnées, les terrains vagues
et les bords des voies de communications. C’est une espèce
colonisatrice très agressive des sites d’introduction lorsque les
conditions favorisant sa croissance sont réunies (AKOBUNDU et
AGYAKWA, 1987). C’est aussi une plante allélopathique qui secrète des
substances toxiques capables d’inhiber la croissance des espèces
végétales voisines. La gestion des parcelles cultivées ou celles à
mettre en valeur, envahies par cette plante est un véritable problème
et peut classer en deux grandes catégories :
✓ Les difficultés sont d’abord d’ordre économique : le coût de
production sur les parcelles à T. diversifolia est plus élevé à cause
de l’utilisation d’une main d’œuvre plus importante ou de fortes
doses de produits phytosanitaires pour la combattre.
✓ Ensuite, les paysans dépensent beaucoup d’énergie pour la lutte
contre cette plante : pour assurer de bonnes récoltes, le nombre de
sarclage est plus élevé et la dépense d’énergie plus intense au
moment des mises en place. Il faut en effet, à une personne près de
10 journées de travail pour mettre en valeur ¼ d’hectare
; en cas d’utilisation d’herbicides, les doses nécessaires sont de 5
l/ha au minimum alors que la dose moyenne habituelle est de 4 l/ha.

III.1.2. Leuceana leucocephala (lam.) de Vit (Fabaceae)


Nom commun: Faux mimosa ou faux acacia.

III.1.2.1. Origine et Distribution

Cette espèce a ses origines en Amérique centrale et au Mexique, où sa


valeur fourragère a été reconnu il ya plus de 400 ans par les
conquistadores espagnols qui ont apporté le fourrage et les semences
de leucaena leucocephala aux Philippines pour nourrir leur bétail (et
Brewbaker al. 1985). De là, il a été répandu dans la plupart des pays
du monde tropical où leucaena leucocephala fut utilisé comme plante
de couverture pour les cultures.

III.1.2.2.Morphologie et Biologie.

Arbuste ou arbre de 2 à 10 m de haut, les feuilles de L leucocephala


sont alternes, composées bipennées de 15 à 25 cm de long. Il existe
de 3 à 7 paires de pennes opposées de 4 à 8 cm de long, composées
de 10 à 20 paires de folioles linéaires- oblongues. Les fleurs blanches
sont groupées en glomérules axillaires de 2 à 3 cm de diamètre
portés par des pédoncules de 2 à 5 cm de long. Les
fruits sont des gousses linéaires plates, de couleur brune, longues de 8
à 20 cm et larges de 2 cm, groupées par 5 à 20. Chaque gousse
renferme entre 8 et
18 graines elliptiques à ovales, de 8 mm de long et 4 mm de large de
couleur marron orange. La reproduction de cette plante est assurée
par la germination de graines. Elle se développe aisément sur les
lieux abandonnés et les sols cultivés en condition sèche.

En plein développement le leucaena leucocephala peut atteindre 10m

III.1.2.3. Contraintes liées à l’invasion leucaena leucocephala

Les plantes exotiques envahissantes comme Leucaena leucocephala


deviennent rapidement dominantes dans les paysages et entrent en
compétition avec les espèces indigènes. Ce qui peut être
particulièrement problématique car cela conduit à un
appauvrissement des communautés végétales indigènes.

III.2.Végétaux aquatiques envahissants

III. 2.1. Eichhornia crassipes (Martius) Solms-Laubach

(Pontederiaceae) Nom commun : La jacinthe d’eau

III. 2.1.1.Origine et Distribution.

La jacinthe d’eau, native du bassin de l’Amazone, au Brésil (Penfound


and Earle, 1948; DeLoach, 1976), est devenue commune dans le monde
entier, grâce à son aspect attrayant. Elle est commercialisée comme
plante ornementale pour jardins. Sa diffusion a commencé par son
introduction intentionnelle en Amérique du Nord à partir du Brésil, à
la fin du XIXe siècle, comme plante ornementale. A présent, on la
trouve dans toutes les régions tropicales et subtropicales du monde
(Amérique du Nord, du Sud, en Afrique, Asie, Australie et en Nouvelle-
Zélande).
Touffe flottante d’Eichhornia crassipes

III.2.1.2. Morphologie et Biologie.


Cette plante herbacée vivace est une hydrophyte flottante d’eau
douce. Elle appartient à la Famille Pontederiaceae et toutes les
espèces du Genre Eichhornia sont aquatiques. La jacinthe d’eau a une
variabilité considérable dans la forme et la couleur de ses feuilles et
de ses fleurs, aussi selon l’âge de la plante. Les fleurs sont bleuâtres ;
pourpres, grandes et auto-fertiles. Les graines sont produites en
grand nombre dans des capsules, chaque capsule pouvant contenir
jusqu’à 300 graines (Manson and Manson, 1958). Les graines peuvent
rester viables de 5 à 20 ans (Matthews, Manson et Coffey, 1977). La
plante peut aussi se reproduire végétativement avec la production de
stolons horizontaux.

III.2.1.3. Contraintes liées à l’invasion d’Eichhornia crassipes

La croissance rapide de la jacinthe d’eau a permis à cette plante de


développer des populations importantes dans sa zone d’introduction,
où elle a développé des nattes denses sur la surface de l’eau et est
devenue un sérieux problème.

Grâce à la possibilité de se déplacer facilement avec les courants


d’eau, le vent où autres moyens accidentels, comme les filets des
pêcheurs ou les barques, la plante a envahi rivières, canaux, étangs,
lacs, barrages et autres pièces d’eau douce. Les principaux problèmes
posés par le développement des épaisses nattes de la jacinthe d’eau
sont :
✓ une énorme perte d’eau à travers l’évapotranspiration, qui altère
l’équilibre hydrique d’entières régions;
✓ l’obstacle à la circulation de l’eau, qui augmente la
sédimentation, cause inondations et érosion du sol;
✓ l’obstruction de la navigation;
✓ la gêne aux activités de pêche et la réduction dramatique de la
pêche et des sources de nourriture et de revenus pour les
populations locales;
✓ un changement substantiel des propriétés physiques et
chimiques de l’eau et de l’environnement dans les milieux envahis,
ayant des effets négatifs sur les plantes et les animaux;
✓ la réduction de l’activité de centrales hydroélectriques,
compromettant ainsi la quantité d’électricité disponible au pays;
✓ une grave menace à la production agricole, suite à l’obstruction
des canaux d’irrigation et du système de drainage.
Ainsi, plusieurs aspects de l’économie des pays concernés sont
sérieusement affectés.

Elle représente un problème environnemental, mais également


indirectement un problème de santé publique, puisqu’elle peut créer
un micro-habitat favorable à plusieurs vecteurs de maladies de
l’homme ainsi qu’à abriter des serpents venimeux.

Dense natte d’ Eichhornia crassipes

III.2.2. Pistia stratiotes L.


Nom commun : Salade d’eau

III.2.2.1. Origine et Distribution.

La région d’origine de la salade d’eau, est encore incertaine, mais


semble vraisemblablement être l’Amérique du Sud (Cordo, DeLoach et
Ferrer, 1981). La plante s’est largement diffusée et à l’heure actuelle
est présente dans tous les continents, à l’exception de l’Europe et de
l’Antarctique. Initialement la dispersion a eu probablement lieu avec
l’eau de ballast sur des bateaux en provenance de l’Amérique du Sud.
A présent, il est possible de l’acheter comme plante ornementale.
Elle est une des plantes aquatiques les plus répandues. En Afrique
elle est ubiquitaire.

III.2.2.2.Morphologie et Biologie.
Cette hydrophyte vivace d’eau douce est une plante herbacée
flottante de la Famille des Araceae. Elle est constituée par une
rosette de feuilles vert pâle ressemblant à une petite plante de
salade. La salade d’eau a des feuilles droites
veloutées-velues, une tige très courte et de longues racines plumeuses
suspendues dans l’eau. Les fleurs sont bisexuées. La plante se
reproduit et se disperse rapidement au moyen de stolons et de
graines. Les graines sont facilement transportées à grandes
distances par l’eau, puisqu’elles flottent pendant les deux premiers
jours et atteignent ensuite la maturité. La couche poilue sur les
feuilles retient l’air et est hydrofuge, ce qui évite que la plante soit
submergée par de fortes pluies.

Plante de Pistia stratiotes


III.2.2.3. Contraintes liées à l’invasion de Pistia stratiotes
La salade d’eau pose des problèmes majeurs dans les tropiques, où son
impact est similaire à celui de la jacinthe d’eau, à la fois sur
l’environnement et l’économie des pays concernés. Cependant en
Afrique elle n’est devenue une contrainte que récemment et son statut
plante envahissante semble être dû à la pollution du milieu aquatique
et à la présence de déchets organiques et résidus d’engrais. La
plante développe des nappes denses et ses effets négatifs sont
similaires à ceux de la jacinthe d’eau et incluent :
✓ une perte énorme d’eau à cause de l’évapotranspiration,
entraînant un impact négatif sur l’équilibre hydrique dans des
régions entières;
✓ l’obstruction de fleuves et canaux, avec les problèmes connexes;
✓ l’interférence avec l’activité de centrales hydroélectriques;
✓ une gêne au niveau de la pêche
✓ une gêne au niveau de la navigation;
✓ un effet négatif sur la gestion de l’eau et son utilisation en
agriculture;
✓ la substitution d’espèces natives à cause de la modification des
conditions environnementales principalement suite à la réduction
de l’oxygène disponible dans l’eau et dans les sédiments,
augmentation de la sédimentation. provoquée par les racines et
ombrage excessif des feuilles;
✓ un impact indirect sur la santé humaine, puisqu’elle constitue un
habitat favorable pour les organismes nuisibles et les vecteurs de
maladies. La salade d’eau occupe des habitats similaires à ceux de
la jacinthe d’eau et en général a une compétitivité inférieure à
cette espèce. Par contre, le contrôle de la jacinthe d’eau peut être
suivi par un nombre croissant de plantes de salade d’eau là où il
existe des populations mixtes.
Natte de Pistia stratiotes

III.2.3. Salvinia molesta D.S.Mitchell (Salviniaceae)


Nom commun : La fougère d’eau

III.2.3.1. Origine et Distribution.


La fougère d’eau est native de l’Amérique du Sud, dans des régions
près de la côte du Brésil sud-oriental. La plante a été introduite à
Sri Lanka dans les années 30 et s’est rapidement diffusée, depuis, se
trouvant à présent dans les régions tropicales et subtropicales du
monde entier (Holm et al., 1991). Cette espèce est disponible
commercialement pour les aquariums et les jardins. C’est
probablement de cette manière qu’elle a été initialement introduite
et cela peut encore contribuer à sa diffusion. En Afrique, elle
représente un problème principalement dans la zone intertropicale.

III.2.3.2. Morphologie et Biologie.


La fougère d’eau est une plante flottant librement qui appartient à la
Famille Salviniaceae et vit dans des milieux d’eau douce. L’eau
stagnante, ou à cours lent, représente est l’habitat le plus favorable à
sa croissance. Elle est constituée par un rhizome horizontal qui flotte
juste au-dessous de la surface de l’eau et produit trois feuilles d’une
longueur d’environ 25 mm et la troisième feuille, submergée, est
brunâtre, filamenteuse, plumeuse et semblable à une racine et d’une
longueur d’environ 25 cm. La plante n’a pas de racines. La feuille
submergée, qui fait fonction de racine en absorbant eau et éléments
nutritifs, porte le sporocarpe, de forme ovale, est la structure dédiée
à la production des spores. Des poils disposés régulièrement, en lignes
parallèles sur les feuilles aériennes, forment une couche hydrofuge
qui permet à la plante de flotter (Holm et al., 1991). Un individu peut
atteindre une longueur de 30 cm. Leur croissance est extrêmement
rapide, la population de la plante pouvant doubler en une semaine
environ (Mitchell and
Tur, 1975). Les plantes se compriment l’une l’autre en chaînes serrées,
qui forment des nattes épaisses sur la surface de l.eau et peuvent
surmonter des périodes de stress, comme les basses températures ou
les périodes de sécheresse, repoussant à partir de bourgeons
dormants. La fougère d.eau se multiplie facilement par voie
végétative, par fragmentation du rhizome, des petites parties
permettant le développement de nouvelles infestations. Les plantes
africaines sont stériles et plus vigoureuses que les plantes d’autres
parties du monde (Holm et al., 1991).

Plante de Salvinia molesta

III.2.2.3. Contraintes liées à l’invasion de Salvinia molesta


Grâce à sa croissance rapide en développant des nattes denses, la
plante a envahi lacs et rivières dans sa zone d’introduction,
devenant un fléau. La fougère d’eau est aussi connue comme Kariba
Weed, nom commun dérivé de celui du Lac Kariba sur le fleuve
Zambèze en Afrique méridionale, une zone qui a été envahie par cette
plante. Elle a un fort impact sur l’environnement et l’économie des
régions touchées. Elle cause des problèmes semblables à ceux posés
par la jacinthe d’eau et la salade d’eau en obstruant canaux, rivières
et lacs; avec la substitution de plantes et animaux natifs; et en
interférant avec l’irrigation de différentes cultures, la navigation, la
pêche et l’activité de centrales hydroélectriques. De plus, elle se
développe en rizière, où elle provoque des sérieux problèmes. La
fougère d’eau a envahi les eaux internes de plusieurs pays africains
au début des années 1980. Le problème en tant que plante
envahissante a été particulièrement grave en Afrique occidentale,
spécialement dans les bassins des fleuves Niger, Volta et Sénégal.
Infestation de Salvinia molesta (fougère d’eau) dans le fleuve Sénégal,
IV. Conséquences de l’invasion des plantes

Selon la règle des 3x10 de Williamson (1996), sur les 1000 espèces
végétales importées par l’homme, volontairement ou non, une seule
arrivera à envahir l'aire géographique hôte. Cependant, les impacts
varient énormément d'une espèce invasive à une autre : seule une
petite partie engendrera de graves perturbations aux écosystèmes
d'accueil et/ou à l'économie ou à la santé humaine. Cette règle
numérique est d'autant plus relative qu'il a été constaté que certaines
invasions s'« autorégulaient », s'atténuaient voire se résorbaient d'elle-
mêmes ou pouvaient rester en latence pendant des périodes pouvant
atteindre une centaine d'années. Ces processus se déroulent
néanmoins sur des périodes relativement longues et de ce fait ne
peuvent être appréhendés à l'échelle des temps « humains ». La
gravité d'une invasion biologique se mesure bien souvent selon une
vision anthropocentrée. Loin de répondre à des préoccupations
écologiques, une espèce invasive est généralement reconnue comme
telle à partir du moment où sa prolifération entre en conflit avec des
activités humaines ou des notions purement esthétiques.

IV.1. Impacts sur l’économie


L’évaluation des impacts socio-économiques est difficilement
quantifiable. Ces impacts incluent les effets préjudiciables des
plantes exotiques sur la production agricole et l’utilisation accrue de
pesticides, l’augmentation du coût du contrôle des espèces nuisibles,
la diminution des ressources hydrologiques, le coût de la restauration
des milieux naturels, les effets des pathogènes introduits sur les
espèces sauvages et la santé. Une espèce invasive peut avoir des
impacts économiques portant atteinte directement à l'homme et à ses
activités par une modification de l’usage de certains habitats
envahis et une baisse d’opportunité de valorisation directe (ex :
agriculture, industrie pharmaceutique) ou indirecte (ex : tourisme) des
ressources. On y compte également les impacts sur la production de
denrées alimentaires (pertes agricoles par dégradation ou
destruction...), sur les infrastructures (comblement de canaux,
fragilisation d'ouvrages hydro-électriques...), etc. Les impacts
économiques seront d'autant plus élevés qu'il faudra engager des
fonds pour empêcher les pertes.

IV.2. Impacts sur la biodiversité


Ces invasions biologiques sont désormais considérées à l’échelle
mondiale comme la deuxième cause d’extinction d’espèces et
d’appauvrissement de la diversité biologique, juste après la
destruction des habitats naturels.
L'impact sur la biodiversité ne doit donc pas être sous-estimé car la
prolifération d'une espèce exotique peut générer des désordres
écologiques importants pouvant
conduire à la disparition d'une ou plusieurs espèces ou à la
suppression d'un service ou d'une fonction écologique.
Cependant les impacts sur la biodiversité et le fonctionnement des
écosystèmes varient en fonction des modifications apportées à
l'écosystème « envahi », toute introduction d'espèce constituant un
risque d'ébranler la cohésion de l'écosystème et d'en altérer la
dynamique. Au cours de l'évolution, chaque organisme influence son
environnement en laissant une empreinte écologique, physique et/ou
chimique. En association avec les autres espèces en présence, la
communauté ainsi formée tend progressivement vers une certaine
stabilité. Lorsqu'une nouvelle espèce est introduite, elle s'installe si sa
stratégie de développement est compatible avec l'environnement tel
qu'il a été façonné par la communauté biologique indigène. Si elle
n'échoue pas et que l'installation s'avère possible, la population
invasive peut présenter deux types de comportements :
✓ Soit elle engendrera des modifications importantes sur le
fonctionnement et la dynamique de l'écosystème. L'invasion est
alors qualifiée de « maligne
».

✓ Soit l'activité de l'espèce génère des services écologiques et


des fonctions biologiques similaires à d'autres espèces, elle ne
modifiera pas de façon importante le fonctionnement de
l'écosystème d'accueil. L'invasion est alors qualifiée de « bénigne ».

Dans les deux cas, l'espèce peut aboutir à une uniformisation du


milieu par sa prolifération et engendrer une perte en biodiversité
indigène pouvant être importante. Les espèces invasives peuvent
perturber les communautés biologiques, notamment lorsqu'elles
appartiennent à des groupes fonctionnels peu ou pas représentés
dans l'écosystème indigène. Les invasions modifient alors les
schémas habituels de colonisation, pouvant engendrer une
transformation rapide et parfois radicale, à de multiples échelles.
Cela passe par exemple par une modification des caractéristiques
biochimiques des sols et notamment des teneurs en azote pour les
légumineuses voire acidification/basification des sols. Ceci peut se
traduire par la modification des cortèges floristiques entrainant
parfois des modifications perceptibles à l'échelle des paysages.
L'invasion biologique peut conduire à la raréfaction d'une espèce
indigène par trois processus :

✓ l'extinction d'une espèce, essentiellement dû à une nouvelle


forme de prédation directe ou par manque de ressources
✓ la raréfaction, due à l'affaiblissement d'une population à cause
de nouveaux agents pathogènes ou la pullulation d'une espèce à
très fort pouvoir invasif
✓ une compétition déséquilibrée au profit de l'envahisseur du fait
que les mécanismes de régulation de ce dernier, liés à son milieu
d'origine (maladies, prédateurs, compétiteurs naturels), soient
absents.
Dans le cas des milieux insulaires, cette compétition est exacerbée
car l'espèce envahissante dispose d'un arsenal de mécanismes hyper-
développés par rapport aux espèces indigènes (résistance aux
maladies locales, nouvelle technique de prédation ou de protection
contre les prédateurs, ...).

V. Actions contre les plantes envahissante

V.1. Actions envisagées

V.1.1. Conventions et réglementations

L’article 8(h) de la Convention sur la Diversité Biologique (CDB)


demande aux pays d'empêcher l’introduction, de contrôler et
d'éradiquer les espèces étrangères qui menacent les écosystèmes, les
habitats ou les espèces”. Les décisions V/8 et VI/23 de la Conférence
des Parties à la CDB traitent de la façon dont l’Article 8(h) pourrait
être abordée aux niveaux national et international, y compris le
développement et la mise en pratique des stratégies et des plans
d’action relatifs aux espèces envahissantes. La décision VI/23 a
réaffirmé l’importance des stratégies et des plans d’action nationaux
et régionaux pour s'attaquer au problème des espèces envahissantes et
de la collaboration entre les pays voisins et les partenaires
commerciaux, à la fois au niveau régional et international. On a
souligné l'importance de la sensibilisation à la menace que constituent
les espèces envahissantes et des moyens d'investiguer cette menace.

La FAO a entrepris des actions à différents niveaux et financé des


initiatives pour combattre les mauvaises herbes aquatiques en Afrique,
suite à la requête d’assistance de la part des pays concernés. Elle a :
✓ donné des conseils et organisé des consultations d’experts
pour identifier les meilleures méthodes et les stratégies les plus
modernes;
✓ fourni les informations aux gouvernements et sensibilisé en ce qui
concerne la nécessité et l’importance d’utiliser des moyens
appropriés pour contrôler les végétaux aquatiques envahissants
✓ conduit des études pour déterminer les niveaux d‘infestation et
la nature du problème local spécifique;
✓ fourni une assistance technique pour la formation du personnel
sur l’identification et le contrôle des végétaux aquatiques
envahissants
✓ introduit les agents de lutte biologique et établi des unités
pour l’élevage massif des auxiliaires pour les végétaux aquatiques
envahissants et pour d’autres plantes;
✓ conduit des opérations de contrôle sur le terrain, en
association avec les institutions nationales, les chercheurs et les
spécialistes.
La FAO a souligné l’importance d’adopter une approche régionale pour
aborder le contrôle des végétaux aquatiques envahissants, puisqu’un
effort coopératif est indispensable pour ce type de problème de
contrôle transnational.

Côte d'Ivoire
Depuis le début des années 1980 les bassins d’eau douce de la Côte
d’Ivoire ont été envahis par plusieurs espèces aquatiques ( la jacinthe
d’eau, la salade d’eau, la fougère
D’eau, Nymphea (quatre espèces), le lotus (Nelumbo nucifera), Polygonum
(cinq espèces), Leersia et d’autres espèces. Les trois premières parmi
les espèces mentionnées ci-dessus étaient les principales.

Un projet financé par le Programme des Nations Unies pour le


Développement (PNUD) a été effectué durant la période 1994-1999,
dont une composante était adressée spécifiquement au :
✓ contrôle de la jacinthe d’eau, de la salade d’eau et à la fougère
d’eau en utilisant leurs ennemis naturels;
✓ surveiller la dynamique de population des plantes cible et des
agents de lutte biologique; renforcer les capacités nationales en
termes de lutte intégrée et coordination avec des projets conduits
dans d’autres pays;
✓ disséminer les résultats des travaux menés dans d’autres pays
ayant des problèmes similaires.
Durant ce projet des spécialistes ont été formés, quatre agents de
lutte biologique ont été importés avec succès, élevés et relâchés (les
charançons Neochetina bruchi et N. eichhorniae contre la jacinthe
d’eau; le charançon Neohydronomus affinis contre la salade d’eau; et
le charançon Cyrtobagous salviniae contre la fougère d’eau). Ils sont
tous établis. Des tentatives d’élever le lépidoptère Niphograpta
(Sameodes) albiguttalis contre la jacinthe d’eau ont échoués. Un
certain contrôle de la jacinthe d’eau a été obtenu.

V.1.2. Méthodes de lutte


✓ Arrachage manuel
✓ Arrachage avec outil
✓ Arrachage mécanique
" Découpe d’arbre et arbuste
✓ Suppression de la litière
✓ Chimique
✓ Concurrence par les plantes indigènes
✓ pâture
✓ submergions
✓ lutte intégrée

V.2. Actions envisageables

✓ Réduire à un minimum les effets négatifs des espèces exotiques


envahissantes, en particulier si elles posent des problèmes de
nuisent à des espèces autochtones menacées.
✓ Éviter que les jardins ou les espaces gérés par la commune ne
contribuent à la dissémination de ces espèces problématiques.
✓ Éliminer les foyers de développement lorsque l’espèce vient
d’être détectée ou que les surfaces infestées sont encore faibles.
✓ Contenir les plantes exotiques envahissantes déjà présentes
sur les espaces gérés par la commune et pour lesquelles une
élimination n’est plus envisageable (ratio coût/efficacité
défavorable).
✓ Associer et impliquer la population dans la lutte contre ces
espèces
✓ Préciser les responsabilités d’intervention, prévoir le dispositif
nécessaire à la mise en œuvre notamment pour l’élimination des
plantes et soutenir financièrement les acteurs

La mise en place d’un plan de lutte au niveau communal devrait


passer par les étapes suivantes:
✓ information de la population sur la reconnaissance des plantes
exotiques invasives, les problèmes qu’elles génèrent, les
précautions à prendre pour éviter leur dispersion et les mesures
possibles de lutte;
✓ invitation de la population les espèces invasives présentes
dans les jardins ou dans les espaces publics gérés par la commune
(report et cartographie sommaire des surfaces envahies en
précisant le ou les espèces présentes);
✓ mise en place d’une démarche participative pour évaluer les
modalités de collaboration de la population (action individuelle,
action type coup de « balai
») avec la municipalité et les services communaux concernés
Le risque majeur est de participer à la dispersion de la plante tout
en cherchant à l’éradiquer. Beaucoup de ces espèces ont une
reproduction sexuelle avec production de semences, mais elles
pratiquent également la multiplication végétative (reproduction ou
bourgeonnement à partir d’un bout de racine ou de tige). De ce fait, il
s’agit d’être très vigilant quant à la méthode choisie, la période et la
gestion des déchets végétaux.
La formation et l’encadrement des personnes qui pratiquent la lutte
sur le site augmentent les chances de succès.
Informer et sensibiliser les propriétaires de jardin permet d’éviter
que ces plantes soient à l’avenir achetées ou cultivées pour leur seule
valeur esthétique et de diminuer les foyers de dispersion

Conclusion
Schématiquement, l’envahissement d’une région par une plante se
déroule en trois grandes étapes l’introduction, l’établissement dans
l’écosystème d’accueil et la prolifération de l’espèce à partir de ce
nouvel écosystème. A chaque étape, les populations d’organisme non-
indigènes passent par un ensemble de filtres environnementaux,
physiques ou écologiques. Ainsi ce n’est qu’une petite parte des
invasions qui aboutissent.
Dans ce dernier cas, les impacts sont nombreux et mesurables à biens
des niveaux. Au niveau écologique, les conséquences d’une invasion par
les plantes peuvent s’observer à l’échelle des individus, génétique,
populationnelle, communautaire et écosystémique. Ces invasions
peuvent également avoir des retombés sanitaires et économiques. Tous
ces impacts sont très difficiles à quantifier. Toutefois
l’envahissement d’une région par une plante exotique constitue la
deuxième cause d’extinctions d’espèces. C’est ainsi que le problème
des espèces invasives a pris une dimension sociétale et politique.
Les traités économiques multiplient les évocations aux invasions mais
les actions de préventions et d’éradication restent très peu
efficaces.

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