Fiche Technique de production de la banane plantain
Le bananier (genre Musa) est une herbe géante de la famille des Musacées. Il existe
un grand nombre de variétés en Polynésie française laissant un large choix en
fonction des critères de sélection retenus (sensibilité aux maladies du bananier et à
ses ravageurs, destination que l’on compte donner aux fruits…). La banane plantain
sont des féculents que l’on fait cuire aussi bien verts que mûrs.
I- CYCLE DE CULTURE ET CHOIX VARIETAUX
La durée du cycle d’un bananier est d’environ un an entre la plantation (ou
l’émergence d’un rejet) et la récolte du régime. Trois variétés ont été introduites la
recherche au Burkina Faso. Il s’agit des variétés PITA 3, FHIA 21 et Big ebanga.
II- CHOIX DU MATERIEL VEGETAL
Le matériel végétal employé pour la mise en place d’une bananeraie, qu’elle soit en
culture conventionnelle ou en association avec d’autres productions, doit être de la
meilleure qualité possible. Cela implique de travailler avec du matériel végétal (plants,
rejets) indemnes de parasites comme par exemple les nématodes et les charançons.
En assurant la qualité du matériel végétal, on prévient la contamination des
parcelles, et on augmente leur potentiel de rendement. La meilleure garantie sanitaire
que l’on puisse avoir vient de l’utilisation de vitroplants.
- rejet
Ce choix est déterminant pour la réussite des opérations : prélever, sur le pied mère
du cultivar à multiplier, un rejet sain ayant des feuilles étroites lancéolées avec une
pseudo-tige de 5 à 40 cm de hauteur (rejet baïonnette). Le bulbe doit être exempt de
maladie (absence de galeries et de traces de nématodes)
Le choix des rejets est important pour pérenniser la culture, il faut choisir les rejets
à planter sur des plants vigoureux et sains. Plusieurs types de rejets peuvent être
utilisés, dans tous les cas il est impératif de s’assurer de la qualité sanitaire de ceux-
ci (absence de nématodes et de charançons)
Un rejet long de 70 cm à1,5 m ou "grand rejet" à feuilles encore étroites, de 1,5 à 2
m de long : dans ce cas, il faut supprimer les feuilles, ne laisser que la feuille centrale
enroulée et supprimer les œilletons saillants pour éviter le départ des rejets latéraux.
Un rejet court, compris entre 50 et 70 cm, à n’utiliser qu’en l’absence d’autres types
de matériel végétal.
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Un éclat de bulbe avec faux-tronc de 20 à 30 cm, avec ou sans rejet déjà formé (20
à 50 cm) : on ne garde que le rejet ou le bourgeon (œil) le plus beau et le mieux placé.
Un vitroplant : ce sont des plants de bananier obtenus par multiplication en
laboratoire (conditions contrôlées), à partir d'un plant mère sélectionné. Il s’agit d’un
matériel végétal performant, dont l'intérêt réside dans ses qualités sanitaire (indemne
de virus, bactéries, insectes et maladie) et agronomique (développement, rendement)
et dans la possibilité de disposer rapidement d’une grande quantité de plants.
Préparation du plant
Un rejet idéal mesure de 0,80 à 1 m de hauteur avec un bulbe bien formé de 15 à
20 cm de diamètre et des feuilles étroites.
Quel que soit le type de rejet et sa hauteur, il faut le parer. Le parage consiste au
nettoyage du bulbe à l’aide d’un couteau ou d’une machette bien tranchante. La
partie externe du bulbe est enlevée ainsi que toutes les racines sur une épaisseur de
3 à 5 mm. A la fin, le bulbe doit être entièrement blanc.
Rejet baïonnette avant parage Bulbe après parage
Après avoir bien nettoyé le plant, il faut faire un pralinage soigné : c'est-à-dire un
trempage de la base du plant dans un mélange d’eau et de terre (boue) afin de
permettre une meilleure reprise des plants. Il est fortement conseillé d’ajouter à ce
pralin un insecticide afin d’éliminer les larves ou adultes de charançons et les
nématodes qui risqueraient de s’y trouver.
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III-IMPLANTATION DE LA CULTURE
3.1 . Choix du terrain
Pour s’assurer d‘une bonne qualité du fruit, il est nécessaire d’apporter aux
bananiers un minimum de soins et de choisir un terrain adapté. Le site choisi doit
être facile d’accès, bien exposé à la lumière du soleil et à l’abri des grands vents. Les
terrains plats ou à faible pente présentant un bon drainage sont préférables aux
terrains trop en pente qui favorisent l’érosion et la perte de fertilité, et constituent un
risque à cause des vents. Un terrain vierge est préférable car il est riche en matière
organique. Les terrains assez profonds, meubles, fertiles et bien drainés sont idéaux.
Le pH optimal est de 5,5 à 7,5 et le bananier peut supporter une légère salinité des
eaux. Éviter les sols compacts, ceux qui manquent de structure ou qui sont peu
drainant
3.2 Préparation du terrain
Le bananier est une herbe géante dont l’enracinement reste superficiel (10-30 cm),
cependant, une préparation du sol soignée favorise la vitesse de prospection du sol
par les racines et assure la réussite de la plantation.
Une bonne préparation du sol pour le bananier comprend :
- Le broyage et l’enfouissement des détritus végétaux, de préférence plusieurs
semaines avant la plantation
- Le défonçage du sol sur la plus grande profondeur possible, par sous-solage
(à faire sur sol sec)
- La réalisation de canaux ou fossés de drainage pour obtenir un sol bien
ressuyé et éliminer les eaux stagnantes, si nécessaire
3.3 Choix du système de culture
Le bananier plantain peut se cultiver en association avec d’autres cultures
compatibles ou en culture pure. En culture pure, chaque parcelle doit être composée
d’un seul cultivar. Les parcelles doivent être aussi homogènes que possible en
sélectionnant le même type de matériel végétal (plant ou rejet) à l’intérieur d’une
même parcelle.
3.4 Densités de plantation
La densité des plants est en fonction des caractéristiques du climat, de la richesse
du sol, de la durée prévisionnelle de la plantation et des cultivars utilisés. Plus les
densités seront élevées, plus les cycles seront longs et plus les poids des régimes
seront faibles. En culture pure, des écartements de 3 m x 2 m ou 2 m x 2 m
permettent d’obtenir 1666 à 2500 plants/ha. En culture associée, des écartements
de 4 m x 4 m ou 4 m x 2 m permettent d’exploiter les espaces entre les plants de
bananiers pour les cultures vivrières. On observera un faible pourcentage de pieds
récoltés à partir de la troisième année, à cause de l’augmentation de la pression
parasitaire et de la réduction de la fertilité des sols. Un seul plant doit être laissé
après récolte sur le pied mère.
3.5 Piquetage
Il consiste à matérialiser sur le terrain les emplacements des trous avec des
jalons/piquets d’environ 2 m de haut suivant les écartements indiqués plus haut.
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3.6 Trouaison
Les trous de plantation de 40 cm x 40 cm x 40 cm offrent des meilleurs résultats.
Pendant cette opération, prendre soin de séparer la terre de surface (10 - 15 cm) riche
en humus de la terre de profondeur. Les trous seront également remplis de fumier
bien décomposé à raison de 2 kg par trou.
Trouaison de 3mx2m
3.7 Plantation
La plantation des bananiers plantains peut se faire toute l’année mais il est conseillé
de procéder en saison des pluies.
La densité et la disposition des plants de bananiers sont des choix clés pour le
rendement, la qualité, la durée du cycle et la durée de vie de la bananeraie. Vous
pouvez suivre différents schémas de plantation :
Pendant l’opération de mise en terre, s’assurer que le fond du trou ne soit pas engorgé
d’eau. Si nécessaire, mélanger la terre noire avec 10 à 15 kg de compost. La terre
noire sera préalablement introduite au fond du trou sur une hauteur de 15 à 20 cm.
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Par contre, les rejets doivent être introduits au fond du trou en orientant leurs
cicatrices dans la même direction pour faciliter l’entretien et le tuteurage.
La mise en terre des PIF est très délicate. Le plant est mis en terre de telle sorte que
le collet soit visible. Tasser légèrement la terre autour du plant et éviter d’enterrer
très profondément le plant.
Quelques règles à suivre lors de la plantation
L’espacement entre les lignes et les plants peut être augmenté, notamment dans le
cas d’une culture associée ou intercalaire ;
➢ Avec des souches à ➢ En terrain en pente ➢ En terrain plat le rejet est
rejet attenant, le rejet le rejet est placé placé à l’opposé du sens du
doit toujours être vers le haut de la vent dominant
disposé du même côté pente
pour préserver
l’alignement
Procédure de plantation, une fois la terre travaillée :
- Faire des trous de 40cm x 40cm x 40 cm de profondeur sur les lignes de plantation
- Placer et maintenir le rejet paré de façon verticale bien au centre du trou
- Pour les vitroplants et les vivoplants, retirer le plant du pot en évitant de couper
les racines puis le positionner au centre du trou
- Remplir le trou avec le reste de terre de surface
- Ne pas remonter la terre le long du plant mais au contraire laisser après tassage
une dépression autour du plant pour faciliter les buttages ultérieurs.
IV- ENTRETIEN DE LA BANANERAIE
4.1. Désherbage
La conduite de la plantation nécessite un suivi du développement des adventices.
Maîtriser l’enherbement permettra de favoriser l’alimentation en eau et en fertilisants.
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Différentes méthodes peuvent être utilisées et combinées afin de maitriser l’état
d’enherbement de la parcelle :
- Désherbage manuel ou mécanique :
Durant tout le cycle de culture, il est conseillé d’entretenir l’état d’enherbement de la
parcelle par le désherbage manuel, notamment par la réalisation du sarclage, binage
ou griffage, lorsque les adventices commencent à se développer sur les planches en
culture. L’entretien des allées peut aussi être réalisé par désherbage manuel ou
mécanique, mais il est plutôt conseillé d’entretenir un couvert herbacé court dans les
allées.
- Utilisation d’un paillis végétal naturel composé de résidus de végétaux (feuilles de
bananiers ou autres, branchages…) à disposer autour du pied de bananier, en
couronne sur 20 à 30 cm. Les effets positifs de cette technique sont multiples :
o Réduire le développement des mauvaises herbes,
o Maintenir l'humidité du sol en saison sèche (diminution des arrosages),
o Diminuer la compaction du sol,
o Limiter le lessivage des engrais,
o Améliorer l'homogénéité des parcelles.
- Désherbage chimique avant l’implantation de la culture et/ou dans les allées.
4.2. Fertilisation
Les bananiers ont des besoins très importants en azote et potassium et très faibles
en phosphore. Il convient alors d’utiliser des engrais plutôt faibles en phosphore et
riches en azote et potassium et de bien maitriser les dosages et les périodes
d’application pour une production optimale. Après analyse du sol et selon sa nature
on définira au mieux les doses à apporter et les fréquences d’application.
En l’absence de ces éléments, il est conseillé de combler les besoins moyens du
bananier comme indiqué ci-dessous :
Tableau : Besoins moyens pour un rendement de 30 tonnes/ha
Azote (N) Phosphore (P) Potassium (K)
Besoins moyens 240 kg/ha 62 kg/ha 650 kg/ha
Les formulations des engrais NPK les mieux adaptées aux besoins du bananier sont
16-10-26 et 15-5-20.
Les doses d’engrais minéraux recommandées sont :
- 620 kg/ha de NPK (16-10-26) + 300 kg/ha d’urée (46%) + 980 kg/ha de
Sulfate de potasse (50% de K2O)
Le schéma de fertilisation mois par mois est le suivant :
Mois
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
d’apport
NPK (16-10-
200 70 70 70 70 70 70
26)
6
Urée (46%) 80 20 20 20 20 20 20 50 50
Sulfate de
potasse 50% 140 140 140 140 140 140 140
de K2O)
- 1 240 kg/ha de NPK (15-5-20) + 120 kg/ha d’urée (46%) + 800 kg/ha de
Sulfate de potasse (50% de K2O).
Mois
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12
d’apport
NPK (15-5-
260 140 140 140 140 140 140 140
20)
Urée (46%) 20 50 50
Sulfate de
potasse 50% 60 70 70 150 150 150 150
de K2O)
4.3. Régénération de la bananeraie par œilletonnage
La régénération de la bananeraie par œilletonnage a pour objectif de sélectionner le
rejet qui remplacera le bananier qui a porté le régime afin d’assurer la bonne
productivité et la longévité de la plantation.
L’œilletonnage (ou ablation des rejets) consiste à séparer les rejets du plant-mère à
l'aide d'outils tranchants ou à les neutraliser en détruisant le bourgeon central, ou
encore en les coupant au ras du sol. C’est une opération déterminante pour l’avenir
de la bananeraie, car si on laisse la plantation évoluer naturellement, de nombreux
rejets vont pousser à partir de chaque souche, se concurrençant les uns les autres :
les régimes seront plus petits et les rendements faibles. C’est la raison pour laquelle,
il est fortement recommandé de conduire la plantation à un seul porteur, c'est-à-dire
un seul bananier portant un régime par souche, ce qui permet d’assurer une
production de qualité, constante et régulière.
Lors du choix des rejets, 4 mois après la plantation, puis tous les 4 mois, il faut
penser à maintenir l’alignement de la bananeraie et donc choisir des rejets étant dans
l’axe du sillon. De plus, il faut sélectionner des rejets homogènes dans leur
développement, vigoureux, bien formés et bien dégagés, afin de conserver un rythme
de croissance régulier. Lorsque le rejet optimal est choisi, il faut supprimer tous les
autres rejets au fur et à mesure qu’ils apparaissent. Pour l’œilletonnage il faut agir
avec précision et soin : attention à ne pas abîmer le système racinaire ni fragiliser
l’assise générale du bananier.
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4.4. Tuteurage
Sous le poids du régime et avec la force du vent, les bananiers risquent de plier et
de se casser. S’il n’y a pas de brise-vent implanté autour de la parcelle pour les
protéger, il convient de les tuteurer. Si le bananier penche déjà d’un côté, il peut
être soutenu avec un tuteur (bout de bois, bambou ou tuteur spécifique en
plastique, métal…) bien ancré dans le sol et qui le maintient du côté où il penche.
Si les bananiers sont bien droits, ils peuvent être maintenus avec 2 tuteurs croisés,
afin d’éviter la casse par le vent.
Tuteurage croisé
4.5. Soins aux régimes
Le bananier développe en moyenne une feuille par semaine. L’apparition de
l’inflorescence ou "jetée", qui donnera le régime de banane, se fait normalement au
cours du 5ème mois, soit entre la 21ème et la 22ème feuille. Les régimes
demandent à être suivis tout le long de leur croissance et de leur développement. Si
on veut qu’ils soient beaux, il faut intervenir souvent durant le cycle de culture.
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Ablation de la fleur mâle
Elle a pour but de favoriser l’allongement des
fruits avec un gain de poids du régime allant de 2
à 5 %.
Elle se fait environ 15 à 20 jours après la sortie de
l’inflorescence. On coupe la popote en général
lorsque la dernière main est en position
horizontale
Ablation des fausses mains et premières vraies
mains
Une main est un groupe de bananes ayant un
même point d’attache sur le pédoncule qui forme
l’axe du régime. Une fois la fleur mâle découpée,
on choisit sur la dernière main (fausse main) le
plus gros fruit que l’on conservera comme tire-
sève. Ce tire-sève évite le pourrissement de l’axe
central du régime. Pour bien réaliser l’ablation de
la fausse main on ne coupe pas trop ras : le
coussinet est conservé et on ne doit pas blesser le
tire-sève. Si l’on veut obtenir des fruits plus longs
(catégorie extra à l’exportation) et moins nombreux
Engainage
on pourra enlever une ou deux vraies mains
Cela consiste à protéger le régime contre les
supplémentaires Engainage et dégagement des régimes
attaques de nuisibles (thrips, oiseaux…) en
l’enveloppant dans un tissu ou plastique. De
plus, l’utilisation d’un film plastique bleu
(polyéthylène de 30 à 80 microns d’épaisseur)
favorise un meilleur allongement des fruits et
réduit l’intervalle entre la fleur et la coupe.
Dégagement des régimes
Tout au long de la maturation du régime, on
supprime toutes les feuilles qui sous l’effet du
vent risquent de frotter le régime. Un passage
par semaine est nécessaire. Dans la mesure du
possible on ne coupera que la partie de la feuille
qui risque de gratter le régime pour conserver
le maximum de surface foliaire. L’objectif étant
de toujours garder 8 à 9 feuilles saines.
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V- MALADIES ET RAVAGEURS DU BANANIER PLANTAIN
5.1. Maladies
Les principales maladies du bananier :
❖ Les cercosporioses
cercosporiose noire causée par cercosporiose jaune causée par
Mychosphaerella figiensis Morellet Mychosphaerella musicola Leach
Les taches symptomatiques des deux cercosporioses commencent vers l’extrémité de
la feuille. Ces symptômes réduisent l’activité photosynthétique de la plante,
impactant directement le développement de la plante et la production de fruits.
Dans des conditions optimales, les premiers symptômes (points puis tirets noirs sur
les feuilles) apparaissent après 10 à 14 jours et le temps entre la contamination et
l’apparition des premiers symptômes correspond à la période d’incubation de la
maladie). Les symptômes évoluent graduellement vers des taches nécrotiques et de
larges plaques nécrotiques résultent de la coalescence de multiples infections.
❖ Fusariose
Le premier signe de la fusariose est le jaunissement irrégulier du bord des feuilles les
plus âgées. Le jaunissement progresse ensuite vers les feuilles les plus jeunes (ce
symptôme peut être confondu avec une carence en potassium). Les feuilles basales
se plaquent ensuite contre le pseudo tronc formant une jupe de feuilles mortes.
Les symptômes internes sont caractérisés par une nécrose des tissus vasculaires qui
évolue et présente des colorations jaunes, rouges ou brunes (Viljoen et al., 2018).
Dans certains cas, la base du pseudo tronc peut éclater. Les symptômes observés
peuvent ressembler à d’autres maladies comme la maladie de Moko, la présence FOC
TR4 doit être confirmée par des analyses en laboratoire.
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dépérissement des feuilles dû décoloration et nécrose Eclatement du
à la fusariose vasculaire de la tige pseudo-tronc
❖ Anthracnose
L'anthracnose est une maladie causée par Colletotrichum musae et c'est l'une des
maladies les plus dangereuses des bananes mûres. Elle est considérée comme un
facteur majeur entravant la qualité de la banane destinée à l'exportation. Son
apparition dépend du transport, de l'emballage et de la physiologie du fruit. Les
symptômes de l'anthracnose sont des tâches noires et enfoncées avec des sporanges
ou des noyaux dans la lésion sur les fruits très mûrs. Ces taches s’agrandissent,
jusqu'au niveau de la pulpe ce qui donne un liquide moisi.
Anthracnose pré récolte de banane
❖ Maladie du bout de cigare
C’est une maladie fongique causée par Verticilium thiobromae, qui attaque le bout
externe du fruit et cause sa pourriture interne. La maladie se développe lorsque des
conditions de température et d’humidité élevée. Le fruit prend un aspect de cigare
brûlé à son extrémité basse, d’où le nom de « bout de cigare ». Cette maladie réduit
considérablement la valeur commerciale du fruit et doit être combattue avec
vigueur.
Bananes présentant la maladie « à bout de cigare »
❖ Dessèchement du bananier
Le dessèchement du bananier est l’une des principales contraintes limitant la
production de la banane. Elle est présente dans pratiquement toutes les zones de
production de banane au niveau mondial. En Afrique de l’Ouest, il a été déjà signalé
et décrit en Côte d’Ivoire et au Togo.
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Dessèchement du bananier
❖ Méthodes de lutte
La lutte contre les maladies du bananier fait intervenir différentes techniques de
lutte telles que les pratiques culturales, la lutte chimique, la lutte biologique et
l’utilisation des variétés résistantes.
- Lutte culturale
L’une des pratiques les plus importantes est l’effeuillage qui consiste à exciser en
totalité ou partiellement des feuilles ou fragment de feuilles présentant des nécroses
afin de réduire le nombre de lésions portant des périthèces. Une gestion adéquate
de la matière organique est essentielle pour la production durable du bananier,
permettant de minimiser la sévérité de la cercosporiose noire.
- Lutte variétale
L’utilisation de variétés résistantes à la maladie des raies noires constitue le seul
moyen de lutte efficace pour les petits producteurs de bananes.
- Lutte chimique
Les fongicides de contact sont préventifs et multi-sites dont l’activité est liée à
l’inhibition de la germination des spores. Par contre, les fongicides systémiques
appartenant aux groupes des benzimidazoles, triazoles, morpholines et
strobilurines sont appliqués dans de l’huile minérale ou sous forme d’émulsion. Le
non-respect de la dose recommandée entraîne l’accumulation ou la
bioconcentration de résidus dans la chaîne alimentaire au-delà des limites de
sécurité.
❖ Maladies virales
Il y a cinq principales maladies virales du bananier : la maladie des sommets touffus,
la maladie de la mosaïque en tiret, la maladie de la mosaïque du concombre, la maladie
de la mosaïque des bractées des bananiers et maladie de la mosaïque atténuée des
bananiers.
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Maladie des sommets touffus Maladie de la mosaïque en tiret
Les moyens de lutte sont l’utilisation de matériel végétal sain, la lutte chimique contre
les vecteurs, les bonnes pratiques culturales pour empêcher ou réduire la
dissémination des virus, l’arrachage et destruction des plantes attaqués, l’utilisation
de variété améliorées, tolérantes. En somme, le moyen de lutte intégrée sous une
gestion participative, en adoptant les techniques mécaniques d’arrachage et de
destruction des plantes attaquées, agit efficacement sur des réservoirs des virus et le
foyer d’infection.
5.2. Ravageurs du bananier
❖ Ravageurs des racines
Dégâts
Le charançon noir Les larves creusent des • Utiliser du matériel
(Cosmopolites sordidus) galeries dans le bulbe, la (rejets) sain
tige, pseudo-tronc • Nettoyer les rejets au
occasionnant ainsi une couteau et enlever toutes
mauvaise alimentation du les galeries
bananier (système • Tremper les rejets dans
racinaire endommagé) le une solution de neem
ralentissement de la avant transplantation
croissance du bananier, • Piéger à l’aide du pseudo-
les rejets sont chétifs ou tronc (50/ha et
flétrissent, la chute du vérification chaque 5
bananier jours)
•Piéger à l’aide d’un
phéromone (Cosmolure)
Champignon Plants chutés, coupés et Veiller à la propreté de la
entomopathogène: séchés bananeraie
Beauveria bassiana et Piège à phéromones (8-16
metarhizium pièges/ha, 1fois/semaine)
Les pucerons (Pentalonia • Les pucerons déprécient Utiliser des plants issus
nigronervosa) la qualité du fruit par la d’une culture de tissus ou
fumagine qui se dépose du matériel de
• Dévastateurs et multiplication sain
transmission de virus • Détruire les bananiers
• Mauvais développement sauvages situés dans la
de l’inflorescence et des zone ;
fruits • Ne pas conserver les
rejets de la touffe ;
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• Utiliser des insecticides
systémiques ou des
produits à base de neem ;
Favoriser les ennemis
naturels (parasitoïdes et
prédateurs)
• Lutter contre les fourmis
qui protègent les
pucerons des prédateurs
dans les champs
Le criquet puant • Ravageur des feuilles Rendre l’intérieur des
(Zonocerus variegatus) plantations propres
rendre propre les
bordures des plantations
Utiliser un produit
chimique homologué
(Decis) sur les 1er et 2ème
stades
THRIPS Alimentation des adultes Utiliser des plants issus
et larves par la ponction d’une culture de tissus ou
du contenu de l’épiderme du matériel de
des fruits multiplication sain
• Thrips de la rouille • Surveillance (inspection
argentée : marques du champ et surveillance
argentées sur la peau de du niveau d’infestation)
la face supérieure des •Utiliser des pièges
fruits ; collants jaunes et bleus
Thrips de la rouille rouge : pour surveiller la
marque de couleur rouge présence de thrips
dans les zones de contact adultes.
entre les doigts ; •Enlever et se débarrasser
Forte infestation : des fleurs et du feuillage
déchirure et infecté.
pourrissement •Favoriser les
.Thrips de la fleur rend les biopesticides
bractées florales tachetées (Metarhizium ou extrait
et déformées. Les adultes aqueux végétal): floraison-
uniquement dans les récolte
régimes jeunes • Utiliser des gaines de
protection du régime de
bananier
VI- RECOLTE ET CONSERVATION
6.1. Récolte
La récolte des régimes se fait en moyenne un an après la plantation. Il est conseillé
de récolter les régimes lorsque les bananes sont entièrement développées, c'est-à-dire
lorsque le fruit est plein et que son extrémité s’est rempli. Si on laisse le fruit trop
mûrir sur pied, il se fend et s’altère, alors qu’un fruit vert, cueilli même trop tôt,
continue de mûrir.
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Si nécessaire (intempéries, attaques de nuisibles, chute du bananier…) les fruits
peuvent aussi être récoltés avant leur remplissage complet, à partir du stade "trois-
quarts" plein, c'est-à-dire avant que le fruit ne soit entièrement circulaire, il faudra
alors compter une huitaine de jours de maturation en plus à température ambiante.
6.2. Conservation
Les fruits peuvent être stockés en régime ou détaillés en mains pour la conservation.
La température optimale pour la maturation des fruits se situe entre 15 et 20°C, il
faudra alors 4 à 10 jours pour qu’un fruit vert soit mûr. Les bananes récoltées vertes
peuvent être conservés 2 à 4 semaines selon la variété, à des températures de 13-
14°C.
En dessous de 12 °C les bananes subissent des altérations dues au froid
(brunissement, ramollissement…).
Au delà de 24°C des anomalies peuvent apparaitre comme un ramollissement de la
pulpe sans augmentation de la teneur en sucre (bouillie verte), ou une maturation
normale de la pulpe à l’intérieur du fruit sans jaunissement de la peau extérieure.
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