La décolonisation de l’Algérie

Durée de l’exercice : 4 heures 30

Vous êtes historien et le magazine L’Histoire vous a commandé un article dans le cadre d’un numéro
spécial sur La décolonisation dans le monde entre 1947 et 1962. Vous êtes chargé d’écrire un article
sur la décolonisation en Algérie.
Format : 2 pages A4 recto-verso minimum. La 1e page est la couverture.
Pour vous aider dans votre travail, vous disposez de documents. Vous devez organisez votre article
en 4 parties + une conclusion. Utilisez des illustrations.

I. L’ALGERIE SOUS DOMINATION FRANCAISE

En 1830, une expédition militaire ordonnée par le roi de France, Charles X, prend Alger et commence à
conquérir le territoire environnant. Elle se heurte à une résistance ferme de la part des autochtones. En
1848, l’Algérie est annexée à la République française et divisée en trois départements. La conquête dure
jusqu’en 1871, date à laquelle l’armée française met fin à la résistance algérienne. L’Algérie est alors une
colonie de peuplement, c’est-à-dire que l’installation de colons européens est fortement encouragée par le
gouvernement français. La République française adopte pour l’Algérie le Code de l’indigénat en 1881. Le
Code de l’indigénat est un ensemble de textes qui maintient les populations colonisées dans un statut
inférieur. Ils sont privés de droits politiques et sont soumis à une justice particulière (ils peuvent être
assignés à résidence, déportés...).

Autochtones Européens (pieds-noirs)

Population 9 millions 1 million
Taux de natalité (pour 1000) 45 19
Taux de mortalité (pour 1000) 14 9
Taux de mortalité infantile (pour 1000) 181 46
Scolarisation dans le primaire (%) 20 100
Taille moyenne des exploitations 14 100
agricoles (en hectares)
Salaire journalier d’un ouvrier agricole 380 1000
(en francs, 1954)

II. L’ALGERIE, UNE DECOLONISATION VIOLENTE

A. Les premiers événements et le déclenchement de la guerre

La proclamation du FLN :
« L’heure est grave [...]. Une équipe de jeunes militants a jugé le moment venu de sortir le
mouvement national de l’impasse pour se lancer aux côtés des frères marocains et tunisiens dans
la véritable lutte révolutionnaire [...]. Notre action est dirigée uniquement contre le colonialisme, seul
ennemi obstiné et aveugle qui s’est toujours refusé à accorder la moindre liberté par les moyens de
la lutte pacifique. Ce sont là des raisons suffisantes qui font que notre mouvement de rénovation se
présente sous l’étiquette de FRONT DE LIBERATION NATIONALE.
BUT / L’INDEPENDANCE NATIONALE par : la restauration de l’Etat algérien souverain,
démocratique et social dans le cadre des principes islamiques ; le respect de toutes les libertés
fondamentales sans restriction de races et de confessions [...].
MOYENS DE LUTTE : conformément aux principes révolutionnaires [...], la continuation de la lutte
par tous les moyens jusqu’à la réalisation de notre but. »
Tract du FLN, 31 octobre 1954.
FLN = front de libération nationale, mouvement
réclamant l’indépendance de l’Algérie.

B. Une guerre très violente

Pour lutter contre le FLN, l’armée française

investit la vieille ville d’Alger en 1957.
Suspectées d’avoir participé à des attentats,
3 000 personnes sont arrêtées. Nombre d’entre
elles sont torturées.
Les attentats FLN à Alger (1956-1957) :
En septembre 1956, le FLN a décidé de porter la guerre au cœur de la capitale. Son but : terroriser la
population « européenne » et obliger la France à intensifier la répression. A Alger, c’est l’armée
désormais qui est chargée du « maintien de l’ordre ». La Casbah -70 000 habitants entassés dans 2
kilomètres carrés vivent sous la botte des paras du général Massu. Les militaires ont encerclé la vieille
ville arabe avec des barbelés. « La nuit, se souvient Yacef Saadi [responsable FLN à Alger], on entend
les hurlements des torturés. Car l’armée torture aussi à domicile. Le père devant le fils, la femme devant
les enfants... » [...]
C’est Yacef Saadi qui décide où et quand doivent éclater les bombes. Il les cache au fond du sac de
plage de jeunes militantes du FLN habillées à l’occidentale, qui les déposeront dans les lieux fréquentés
par les « Européens ». « Oui, dit-il aujourd’hui, je revendique les choses les plus horribles. Les morts, à
cette époque, je m’en foutais. Ce n’était plus une guerre. C’était autre chose. Un jour, déguisé en
femme, je suis allé voir le résultat de l’attentat du Casino. J’ai pleuré. J’ai juré de ne plus poser de
bombes. Mais moi qui n’ai jamais été capable de tuer un poulet, j’en ai posé d’autres. On pouvait
légitimement nous traiter de salauds. »
Le Nouvel Observateur, 21 octobre 2004.

La terreur à Alger :
Ecrivain algérien favorable à l’indépendance mais non engagé au FLN, Mouloud Feraoun décrit les
violences commises par l’OAS à Alger.
 Juillet 1961
« L’OAS a commencé par nous assommer, chaque soir, en tapant sur des casseroles [...] Puis l’OAS
s’est mise à semer du plastic [un puissant explosif] un peu partout. »
 Décembre 1961
« L’OAS tue. Et l’OAS tue [aussi] les siens qu’elle considère comme des traîtres : tous ceux qui sont
prêts à accepter de vivre dans ce pays arabe, administré par des Arabes. [...] Depuis octobre [...] ils
assassinent en plein jour, en pleine ville, tirent par derrière. »
 Janvier 1962
« Les attentats se multiplient, chaque matin on apprend la mort d’un ami, d’une connaissance, [...]
d’un innocent.[...] C’est ainsi que des assassins sont allés abattre dans sa classe un collègue
musulman, directeur d’école, père de famille. »
 Février 1962
« Maintenant, l’OAS ne prévient plus personne, elle abat à voiture, à moto, à la grenade, à la rafale, à
l’arme blanche. »
Mouloud Feraoun, Journal (1955-1962), « Points documents », 2011.

Vocabulaire :

OAS = Organisation armée secrète, un groupe terroriste qui emploie la violence pour maintenir
l’Algérie française.

Harkis = les musulmans algériens servant dans l’armée française pendant la guerre.

Pieds-noirs = les Français d’origine européenne vivant en Algérie.

 C. Les négociations pour l’indépendance

Le 13 mai 1958 et les jours suivants :

Ce jour-là, à Alger, les partisans de l’Algérie française manifestent contre le FLN. La manifestation
dégénère en émeute et les émeutiers s’emparent du siège du Gouvernement général. Le Comité de
salut public de l’Algérie française est alors formé. Le général Raoul Salan, commandant en chef de
l’armée d’Algérie, en prend la tête. A Paris, des heurts entre partisans et adversaires de l’Algérie
française ont lieu. L’Assemblée nationale veut retirer les pouvoirs à Salan mais il refuse de les rendre.
A l’aide du général Massu, le général Salan lance donc un appel au général De Gaulle. Le 3 juin, De
Gaulle obtient pour 6 mois les pleins pouvoirs afin de régler la crise algérienne. Du 4 au 7 juin, il se
rend en Algérie.

« Je vous ai compris ! [...] Je prends acte au nom de la France et je déclare, qu’à partir d’aujourd’hui, la
France considère que, dans toute l’Algérie, il n’y a qu’une seule catégorie d’habitants : il n’y a que des
Français à part entière, avec les mêmes droits et les mêmes devoirs. »
Discours du général De Gaulle, le 4 juin 1958 à Alger.

« Grâce au progrès de la pacification et au progrès démocratique, je m’engage à demander aux

Algériens ce qu’ils veulent être en définitive :
- ou bien : la sécession, où certains croient trouver l’indépendance
- ou bien : la francisation complète
- ou bien : le gouvernement des Algériens par les Algériens, appuyé sur l’aide de la France et en union
étroite avec elle.
Discours de De Gaulle sur l’autodétermination de l’Algérie, 16 septembre 1959.
III. L’ALGERIE OBTIENT SON INDEPENDANCE
A. L’indépendance de l’Algérie

Les accords d’Evian :

A l’issue d’un conflit qui a fait 500 000 morts aussi bien du côté algérien que du côté français, un accord
est négocié entre le gouvernement français et le FLN.
« Les pourparlers qui ont eu lieu à Evian, du 7 au 18 mars 1962 entre le gouvernement de la République
et le FLN, ont abouti à la conclusion suivante : Un cessez-le-feu est conclu. Il sera mis fin aux
opérations militaires et à la lutte armée sur l’ensemble du territoire algérien le 19 mars 1962, à 12
heures. Les garanties relatives à la mise en œuvre de l’autodétermination1 et l’organisation des Pouvoirs
publics en Algérie pendant la période transitoire ont été définies d’un commun accord.
La formation [...] d’un Etat indépendant et souverain paraissant conforme aux réalités algériennes et,
dans ces conditions, la coopération de la France et de l’Algérie répondant aux intérêts des deux pays, le
Gouvernement français estime avec le FLN, que la solution de l’indépendance de l’Algérie en
coopération avec la France est celle qui correspond à cette situation. Le gouvernement et le FLN ont
donc défini d’un commun accord cette solution [...]. »
Extraits des accords d’Evian du 18 mars 1962.
1.
Vote organisé le 1e juillet 1962 par lequel le peuple algérien doit choisir librement son Etat et sa forme de
gouvernement. Le « oui » pour l’indépendance recueillera 99,72% des suffrages exprimés.

L’indépendance de l’Algérie est reconnue le 5 juillet 1962.

 Le départ des harkis et des pieds-noirs :
La fin du conflit déclenche une vague importante de départs
d’Algérie. Des massacres d’Européens et de harkis
accélèrent les départs dans la précipitation : 800 000 pieds-
noirs quittent l’Algérie. Seuls 43 000 harkis réussissent à fuir
l’Algérie. A leur arrivée en France, ils sont installés dans des
camps.

Harki = soldat algérien qui combat aux côtés l’armée

française pendant la guerre d’Algérie.

Pied-noir = Européen qui vivait en Algérie sous autorité

coloniale

B. L’Algérie, un nouvel Etat indépendant

« Après avoir atteint l’objectif de « A la fin de mes études en France en 1965, je

l’indépendance nationale que le Front de rentre en Algérie où j’occupe un emploi au
libération nationale s’était assigné le 1e ministère des Finances. Je découvre très vite
novembre 1954, le peuple algérien continue que les innombrables problèmes sociaux
sa révolution démocratique et populaire, par : consécutifs à la guerre - déracinement des
- la mise en œuvre de la réforme agraire et la populations, dégradation des circuits
création d’une économie nationale ; économiques, faible qualité de l’enseignement -
- une politique sociale pour élever le niveau sont absents des préoccupations des nouveaux
de vie des travailleurs, accélérer dirigeants. On veillera uniquement en
l’émancipation de la femme, liquider contrepartie à leur assurer des salaires et les
l’analphabétisme, améliorer l’habitat et la ressources minimales pour garantir la paix
situation sanitaire. sociale. L’idéologie officielle s’impose par la
Le Front de libération nationale, veillera à contrainte et toute action doit concourir à
cette stabilité et sera le meilleur garant de alimenter les rouages de l’autoritarisme. »
cette politique. » Ghazi Hidouci, Algérie, La libération inachevée,
Préambule de la Constitution de la 1995.
République algérienne du 10 septembre 1963.
Tiers-Monde = ensemble des pays souvent issus de la décolonisation qui ont en commun un faible
niveau de développement et cherchent à s’affirmer sur la scène internationale.

Mouvement des non-alignés = mouvement créé en 1961 qui prône l’indépendance des nouveaux
Etats face aux 2 blocs de la guerre froide et soutient les mouvements nationalistes.

CONCLUSION : LES DECOLONISATIONS DANS LE MONDE :

SCHEMA A INTEGRER AU TRAVAIL
Recopier et compléter avec les éléments suivants : décolonisation négociée ; régime démocratique ; ONU
(condamne le colonialisme) ; croissance démographique ; guerre de décolonisation ; régime autoritaire ;
subsistance alimentaire ; affirmation politique sur la scène internationale ; nouvel ordre économique ;
mouvements nationalistes (réclament l’indépendance)
Après l’indépendance
Acteurs Décolonisation : Choix politique :
- …………………… 1ère phase : ………………………………… - ……………………………………
- …………………… 2ème phase : ………………………………… - …………………………………….

Difficultés :
Mode d’accès à l’indépendance
- ……………………………………..
- ………………………………………………
- …………………………………….
- …………………………………………….

Revendications :

- ……………………………………...

- ……………………………………..