Pays : Côte d’Ivoire Année : 2014 Session : normale, Français
Série : BAC, série A-CDE Durée : 4 h Coefficient : 3-2
Le candidat traitera l’un des trois sujets suivants :
SUJET I : RÉSUMÉ DU TEXTE ARGUMENTATIF
Le livre dans l’impasse ?
Il est possible que la littérature telle que nous la connaissons, les livres tels que nous les
pratiquons ne soient plus là pour très longtemps. On nous l’annonce, on nous le fait entrevoir à mille
signes. Je ne suis ni prophète ni futurologue et ne hasarderai pas un pronostic ; mais c’est un fait que
de notre vivant, si je puis dire, les choses ont déjà beaucoup changé autour de nous, nous ne voyons
plus, nous n’entendons plus tout à fait de la même façon qu’il y a trente ans, nous ne lisons plus de la
même façon qu’autrefois.
L’information instantanée et le bombardement continu des images auxquels nous sommes
soumis ont modifié quelque peu notre perception du monde. Au XVème siècle, l’ordinateur vivant
qu’est le cerveau humain recevait des programmes relativement simples, couvrant un espace mental et
un espace géographique limités. Ces deux espaces se sont considérablement élargis, le premier
recouvre toute l’étendue des connaissances, le second l’étendue de l’univers. On nous montre ce qui
se passe à l’intérieur des molécules et on nous montre ce qui se passe à la surface de la lune lorsqu’on
y marche. Nous savons comment va la politique au village et nous savons (moins bien) comment va la
politique entre Moscou, Pékin et Washington. Par les moyens de vulgarisation que constituent les
média, nous avons même de petites lumières sur les sciences. Nous ne comprenons pas bien ce que
sont la relativité, les quantas(1), l’antimatière(2), mais radio et télévision font tenir, par des spécialistes,
des propos où ces mystères sont évoqués, sinon élucidés. Notre prise sur la connaissance ne s’opère
plus exclusivement par la lecture, mais de plus en plus par l’image.
Ainsi, comme l’affirme MAC LUHAN, sommes-nous en train d’émigrer : nous quittons la
civilisation de l’écriture, la galaxie Gutenberg*, pour entrer dans une autre civilisation ; cette fin du
XXème siècle est le temps où s’opère la migration, le passage. C’est pourquoi la littérature, en
particulier, ne sait plus très bien où elle en est, ni comment elle doit s’exercer, dans un monde où ses
anciens pouvoirs lui sont peu à peu ravis ; c’est pourquoi aussi la tentation est grande pour elle,
puisqu’elle se voit débordée par l’image, de se replier sur elle-même, avec quelque dépit(3), et de
s’interroger – et d’interroger l’instrument qui la fonde et la conditionne, le langage. Les auteurs
continuent d’écrire (et ils sont même, semble-t-il, de plus en plus nombreux) ; mais il n’est pas
commode d’être assis à sa table de travail, le derrière entre deux galaxies. Ce n’est pas là une position
décente pour un honnête homme.
Certains romanciers, par exemple, se demandent pourquoi le roman continuerait d’exister
lorsque le cinéma fournit d’une façon plus efficace la plupart des émotions, des plaisirs que l’on
demandait autrefois au roman. Pourquoi décrire une maison, un appartement, un personnage, quand
l’écran nous les montre ? Pourquoi raconter des événements ? Le film les raconte selon une économie
1
plus rigoureuse et plus saisissante, un rythme plus précis et plus enlevé. Pourquoi s’efforcer de
plonger dans les consciences lorsqu’un regard, un geste, une intonation, que l’on voit, que l’on entend,
nous en disent plus long en trois secondes qu’une plongée verbale de vingt pages ? De même la
poésie : ce n’est plus exclusivement dans les livres que le jeunes d’aujourd’hui la recherchent, c’est
aussi dans les films des grands metteurs en scène. Quand ils veulent des explications sur le mécanisme
politique, c’est encore au cinéma qu’ils les demandent.
Certes, l’audience de quelques grands auteurs est vaste : Balzac, Tolstoï, Dickens ont des
lecteurs dans tous les pays et dans les classes sociales où l’on a appris à lire ; et Shakespeare peut être
joué n’importe où. Mais un livre aujourd’hui, même si la diffusion dépasse les frontières nationales,
ne s’adresse guère qu’à une certaine classe de lecteurs, non à plusieurs, non à toutes. La littérature
écrite ne pourra plus concurrencer, sur le terrain en tout cas, les formes de fictions ou de poésie qui
sont véhiculées par l’image.
Jean-Louis CURTIS, Question à la littérature, 1973.
*Titre de l’ouvrage du sociologue MAC LUHAN qui symbolise la diffusion de masse de l’écrit facilité
par l’imprimerie.
(1)
quanta : quantité déterminée, proportion dans une répartition.
(2)
antimatière : forme de la matière constituée d’antiparticules.
(3)
dépit : amertume due à une déception, à une blessure.
I- QUESTIONS (4 points)
1. Reformulez la thèse de l’auteur.
2. Expliquez en contexte les expressions :
- « le bombardement continu des images ».
- « une plongée verbale de vingt pages ».
II- RÉSUMÉ (8 points)
Ce texte compte 770 mots. Résumez-le au ¼ de son volume initial. Une marge de plus ou moins 10%
est tolérée.
III- PRODUCTION ÉCRITE (8 points)
Réfutez la pensée de l’auteur selon laquelle le roman ne devrait pas continuer d’exister parce que le
cinéma fournit d’une façon plus efficace la plupart des émotions.
2
SUJET II : COMMENTAIRE COMPOSÉ
Briques
Reconstruire les murs de la république
Et reteindre le Drapeau national
Avec une âme pacifique.
Recoudre le tissu social
Avec l’aiguille du temps
Et le laisser sécher au soleil levant.
Repeindre l’homme
Refaire son toit de chaume.
Jeter dans la poubelle de l’oubli
Les fruits pourris,
Qui tombent de nos branches humaines
Avant les saisons prochaines.
Refonder les cœurs,
En extraire la peur.
Essuyer les gouttes de larmes,
De salives, qui salissent le bitume,
Qui rendent les routes glissantes,
La paix impuissante.
Revernir les meubles
Pour le repos du peuple.
Balayer la cour du village,
Ramasser les brindilles de colère,
Couper les racines des herbes sauvages,
Qui envahissent l’amour,
Qui éteignent le jour,
MA SEULE PRIÈRE !
Roger POUSSI WHEAUY, Cher Mon Pays, Ne Pleure Pas, Edilis, 2007, pp. 73-74.
Vous ferez de ce texte un commentaire composé. Vous étudierez les procédés par lesquels le
poète invite ses concitoyens à la reconstruction de la nation en dépit des obstacles personnels qui
pourraient l’entraver.
3
SUJET III : DISSERTATION LITTÉRAIRE
« Un livre a toujours été pour moi un ami, un conseiller, un consolateur éloquent et calme dont je ne
voulais pas épuiser vite les ressources. »
En vous inspirant de votre expérience de lecteur, expliquez dans une argumentation organisée, cette
opinion de George SAND.
4
Pays : Côte d’Ivoire Année : 2015 Session : normale, Français
Série : BAC, série A-CDE Durée : 4 h Coefficient : 3-2
Le candidat traitera l’un des trois sujets suivants :
SUJET I : RÉSUMÉ DU TEXTE ARGUMENTATIF
Une pratique immorale
La corruption, définie comme « abus de pouvoir public à des fins personnelles », a toujours
existé. Mais au cours des dernières décennies, elle s’est étendue géographiquement et s’est amplifiée
en intensité. Depuis le milieu des années 70, elle a atteint la quasi-totalité des pays du monde.
On pouvait espérer que la libéralisation politique et économique qui marque les années 90
depuis la fin de la guerre froide, réduirait ce phénomène. Grâce à la transparence accrue issue du
pluralisme politique et la liberté de la presse, le processus de démocratisation devrait normalement
mobiliser des forces contre la corruption. Mais les jeunes démocraties restent fragiles et ont
apparemment du mal à s’attaquer aux intérêts établis. Pour sa part, la libéralisation économique, en
réduisant les interventions étatiques et, partant, les occasions de corruption, devrait, elle aussi
l’atténuer. Or, dans le court terme, nous observons plutôt le contraire : des structures d’État affaiblies,
l’absence d’une législation adéquate, l’insuffisante capacité de l’appareil judiciaire à s’attaquer à la
corruption, la recherche du gain facile, que d’aucuns confondent avec l’économie de marché,
concourent toutes à aggraver le phénomène, du moins dans une phase de transition. Cette évolution ne
peut laisser indifférents ceux qui s’occupent et se préoccupent du développement.
Certes, on peut aborder la corruption et ses effets sous divers angles. On peut le faire par le
biais éthique. Mais alors qu’est-ce qui nous autorise à prêcher la morale au Sud et à l’Est, alors que la
corruption sévit aussi au Nord et que, s’agissant de corruption dans les relations économiques
internationales, il y a, presque par définition, un corrupteur au Nord et un corrompu au Sud et à l’Est ?
La seule réponse, moralement contestable et économiquement correcte, serait que le Nord riche peut
se permettre de gaspiller une partie des ressources alors que, dans les Pays en Voie de
Développement, les rares ressources doivent être utilisées de façon optimale. D’autres mettent en
exergue les distorsions que la corruption provoque dans le jeu loyal des conditions de concurrence, en
défavorisant les entreprises performantes, mais honnêtes.
En effet, une longue expérience professionnelle m’amène à conclure que la corruption est un
des obstacles majeurs au développement, que ses effets sur le développement sont désastreux.
Pour ma part, je l’aborderai quant à ses effets sur le développement. Certains opposeraient à cette
affirmation l’argument « culturel » qui veut faire croire que, dans certaines cultures, la corruption
serait usuelle et normalement acceptée. Or, nulle part au monde, l’enrichissement par la corruption
n’est licite ou moralement admis. Je citerai à ce sujet Olusegun Obasanjo, l’ancien président du
Nigeria : « Dans la conception africaine de l’estime et de l’hospitalité, un don est un sympbole, un
signe. Sa valeur est dans l’esprit de donner, non dans sa valeur matérielle. Le don est fait ouvertement,
1
jamais dans le secret, pour que tous le voient. Lorsqu’un don est excessif, il suscite de l’embarras et
même est rendu au donneur. La corruption a perverti les aspects positifs de cette tradition ».
Ensuite, il y a les cyniques, et parmi eux des professeurs réputés, qui prétendent que la
corruption graisse la machine du développement et la fait fonctionner. Encore convient-il, à cet égard,
tout aspect éthique à nouveau mis à part, de distinguer entre le petit bakchich qui peut accélérer
certaines procédures administratives (« acceleration fees* ») et la grande corruption qui, elle, pervertit
le processus de développement. Sans sous-estimer pour autant l’effet destructeur, même de la petite
corruption, sur la société.
D’autres encore sont résignés. Pour eux, la corruption est intrinsèquement liée au sous-
développement : aussi longtemps que des revenus normaux ne permettent pas de vivre décemment,
toutes les portes seraient ouvertes. C’est donc par le développement qu’il faudrait s’attaquer à la
corruption. Cela rappelle le débat sur l’explosion démographique : c’est par le développement disaient
certains, qu’on résoudra le problème de la croissance de la population. Mais d’ici là, la planète sera
inexorablement surpeuplée. Ce même argument me paraît valoir pour la corruption : nous ne pouvons
pas attendre que le développement l’ait éliminée. (En tout état de cause, le développement n’est pas
non plus un remède miracle : s’il y a les exemples de Singapour et de Hong-Kong avec des taux de
corruption extrêmement bas, il y a aussi l’Italie où la corruption s’est généralisée en pleine période de
développement). Il faut donc agir, sur la grande corruption.
Dieter FRISCH, LE COURRIER n° 158, Juillet-Août 1996.
757 mots.
* acceleration fees : frais de rendement.
I- QUESTIONS (4 points)
1. Reformulez la thèse de l’auteur.
2. Relevez dans le texte deux (02) conséquences de la corruption.
3. Expliquez en contexte : « ses effets sur le développement sont désastreux. »
II- RÉSUMÉ (8 points)
Ce texte compte 757 mots. Résumez-le au ¼ de son volume avec une marge de tolérance de plus ou
moins 10%.
III- PRODUCTION ÉCRITE (8 points)
Étayez cette affirmation de l’auteur :
« La corruption est un des obstacles majeurs au développement. »
SUJET II : COMMENTAIRE COMPOSÉ
Le narrateur, introspectivement, revisitait les péripéties de sa vie. Infirmier dévoué dans une
petite agglomération de campagne, il venait d’être élu à une écrasante majorité à la Présidence de la
République.
Le pouvoir m’était apparu comme quelque chose de très sérieux et de très lourd malgré ma
carrure d’athlète bien taillé, mes cent deux kilogrammes de chair, d’os, de sang et d’eau est mes cent
2
quatre-vingt-dix-sept centimètres de longueur. Dimensions respectables qui me donnaient l’allure
d’un haltérophile, mais tellement insignifiantes pour la charge du pouvoir qui a surtout besoin d’un
cœur pour aimer et d’une tête pour porter l’amphore1 sacrée des espoirs du peuple. Comment porter,
seul, les espoirs de trente millions d’habitants nourris en principe aux sources de la sagesse ancestrale
et dont les yeux me diraient constamment :
« Cher enfant de notre chère patrie, nous t’avons confié tous nos espoirs : c’est l’amphore collée sur la
tête qui est si lourde. Souviens-toi, cher fils de notre chère patrie, que l’amphore est lourde, très
lourde, et qu’elle est vide et que tu as la charge de la combler pour en anéantir le poids contraignant. »
Déjà je sentais le poids du vase sacré sur ma tête, et celui de l’obsession qui serait désormais
mon lot quotidien : ne jamais briser le vase. Tas yaakar2 : la grande malédiction. Jamais. Plutôt mourir
que de faire figure de traître. […] J’avais toujours considéré la honte comme le désastre suprême. Une
sale bête poisseuse. Sa simple vision m’avait effrayé et avait déclenché en moi un réflexe
d’autodéfense – « Non, ce spectre immonde ne me couvrira jamais ». Un sursaut de détermination
avait secoué tous mes nerfs et m’avait, du coup, libéré des entraves du doute. Pas de dérobade. Le sort
en est jeté. Je marcherai droit devant mon peuple. Je ne briserai jamais l’amphore sacrée confiée par
trente millions d’hommes et de femmes. Ma charge est lourde, mais elle est sublime. Je ne trahirai
jamais mon peuple. […]
Je devais y réussir parce que j’aimais profondément mon pays et cet amour avait été
jusqu’alors ma seule lanterne et la force mystérieuse et dynamique qui m’avait poussé des salles de
garde de l’hôpital jusqu’aux portes du château présidentiel. Un long chemin de souffrances endurées,
d’humiliations bues et de haines refoulées pour arriver au seul but rêvé : installer le peuple dans la
dignité et le bien-être moral et spirituel.
Aminata SOW FALL, L’Ex-Père de la nation, Paris, l’Harmattan, 1987, pp. 12-13
1- amphore : vase à deux anses symétriques servant à conserver des aliments.
2- Tas yaakar : briser l’espoir.
Vous ferez de ce texte un commentaire composé. Vous étudierez comment le narrateur
conçoit le pouvoir et présente sa vision du dirigeant idéal.
SUJET III : DISSERTATION LITTÉRAIRE
Lors de la réception du prix Nobel de littérature en 1957, Albert CAMUS affirme dans son discours :
« Le rôle de l’écrivain (…) ne le sépare pas de devoirs difficiles. Il est au service de ceux qui subissent
l’histoire. »
Dans un développement argumenté et illustré d’exemples tirés d’œuvres littéraires étudiées ou lues,
expliquez et discutez cette opinion d’Albert CAMUS.
3
Pays : Côte d’Ivoire Année : 2016 Session : Français
Séries : A-BCDEH Durée : 4 h Coefficients : 3 - 2
PREMIER SUJET : RÉSUMÉ DU TEXTE ARGUMENTATIF
Cinquantenaires...d'indépendances ?
Quand un Africain introduit à l'histoire de l'humanité s'interroge sur les cinquante années
d'indépendance des pays africains de l'aire francophone, il ne peut que se réjouir que 1960 ait
constitué une étape importante dans la marche vers un humanisme universel toujours à construire. Cet
intellectuel africain ne peut oublier que 1960 a mis un terme définitif à l'omnipotence du mépris racial
et culturel qui fonde l'esclavage et la colonisation.
Le système esclavagiste prolongé dans un régime colonial devait cesser. Il était dégradant et
méprisant. L'indépendance proclamée y a mis un terme peut-être relatif. Mais, elle y a mis un terme
que l'histoire précisera. C'est à mon avis la seule vraie signification positive de nos indépendances.
D'autres aspects sont moins convaincants. Je ne dis pas que l'on n'ait enregistré aucun progrès. Hier,
pas d'universités, peu d'ingénieurs, peu d'infrastructures. Tout cela a bien changé.
Mais ce qui n'a pas changé et qui paraît grave, c'est la prise en charge par les Africains d'un
système économique qui les maintient dans la dépendance.
Ce qui n'a pas changé, c'est le style de commandement, de gestion des affaires publiques,
c'est le mimétisme permanent du mode de vie de l'ancien maître.
Cinquante ans d'indépendance n'ont donc pas fait varier d'un pouce le pacte colonial dans son
esprit, ses structures et ses vicieuses conséquences de matières premières fournies à bas prix par
l'Afrique qui reçoit en retour, à coût très élevé, des produits de toutes sortes, nécessaires ou non à son
développement.
Commémorer un demi-siècle des indépendances africaines doit être l'occasion d'un regard
lucide sur des visions étriquées, rapides, superficielles d'un avenir dicté par la peur qu'éprouve une
métropole de mettre en péril ses intérêts économiques et financiers et son influence considérable dans
la conduite des affaires du monde.
Alors, il faut en déduire la nécessité d'inventer le courage de proposer une autre coopération
avec tous les États du monde en commençant par donner vie et crédit à des espaces économiques et
culturels porteurs de réelles chances de développement solidaire.
Il faut inventer le courage de profiter de coopérations stratégiques pour produire plus
avantageusement des biens et échanger dans un marché prioritairement africain dont les besoins, pour
des millions de consommateurs, restent une vraie possibilité d'expansion économique.
Les réjouissances du cinquantenaire seront toujours bienvenues et nul ne s'en privera. Mais, au-
delà, il est voulu un horizon de relèvement audacieux, de dignité retrouvée, de vie quotidienne moins
aléatoire. Il est nécessaire à cette occasion de susciter une réflexion de première qua lité rassemblant
intellectuels avisés, opérateurs économiques, acteurs de développement et leaders politiques
reconnus et respectés. Cette réflexion devra montrer les progrès, les déficits majeurs des cinquante
années de souveraineté limitée qui viennent de s'achever. Elle devra surtout relancer l'espoir en une
coopération internationale autrement vécue et autrement gérée parce que privilégiant les grands
ensembles africains mis à mal par les indépendances « octroyées » à une mosaïque de minuscules
entités satellites. Elle devra offrir des pistes de sortie d'impasses constituées par une division
internationale du travail dans un marché mondial où l'Afrique compte pour très peu alors que son
marché intérieur reste la première chance de production de biens et d'échanges rémunérateurs pour
chacun des États du continent.
Nous n'étions pas seuls il y a cinquante ans à connaître une situation d'économie de traite ou une
agriculture primaire. Aujourd'hui, des pays d'Asie que l'on pouvait comparer aux nôtres ont acco mpli
un parcours qui nous fait rêver. Quel a été leur secret ?
Si nous acceptons un examen honnête de ce phénomène, nous conclurons qu'il n'y a pas
développement sans vision claire d'un progrès voulu, sans appropriation des techniques, sans
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formation accélérée des ressources humaines, sans discipline, sans travail assidu, acharné, organisé.
Le mal colonial n'est plus à démontrer et il fallait s'en affranchir.
L'improvisation, le désordre et le refus d'inventer sa propre voie constituent aujourd'hui les
éléments qui doivent nous saisir, nous amener à nous révolter contre nous-mêmes et nous conduire à
décider de maîtriser autrement les cinquante années à venir.
N’ayons pas peur des mots. L’indépendance signifie le rejet d’un statut, le bouleversement d’un
ordre établi. Elle est une révolution.
L’Afrique devra s’y résoudre !
Albert TEVOEDJRE, in Afrique-Asie, mai 2010, p. 60-61.
Nombre de mots : 694.
I- QUESTIONS (4 points)
1. Quelle est la thèse défendue par l'auteur ?
2. Expliquez en contexte : « . . . 1960 a mis un terme définitif à l'omnipotence
du mépris racial et culturel qui fonde l'esclavage et la colonisation. »
II- RÉSUMÉ (8 points)
Ce texte compte 694 mots. Résumez-le au 1/4 de son volume. Une marge de plus ou
moins 10% est tolérée.
III- PRODUCTION ÉCRITE (8 points)
« Ce qui n'a pas changé, c'est le mimétisme permanent du mode de vie de
l'ancien maître. »
Dans un développement argumenté illustré d'exemples, étayez ces propos d'Albert TEVOEDJRE.
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DEUXIÈME SUJET : COMMENTAIRE COMPOSÉ
1 Mon existence n’aura pas de parfum
si je n’aide mes sœurs et frères
à rendre notre peuple heureux,
Ma vie n'aura pas de sens
5 si, avec eux, je ne le transforme.
Belle est l’abeille qui n’oublie pas
d’apporter à la ruche sa part de nectar.
Ai-je encore le temps
de laisser des sillons derrière moi ?
10 Celui qui n’a pas tissé sa bande
pour le pagne de la vie,
et qui n’a pas filé du coton
Pour la toile universelle,
n’a pas vraiment vécu.
15 Aucune nuit ne peut s’éterniser ;
la lumière viendra sûrement ;
le jour éclora toujours.
Du fumier, émergent des rosiers ;
le nénuphar sort de la boue.
20 Les herbes vertes de la savane
naissent des feuilles pourries
qui fertilisent la terre.
Zégoua Gbessi NOKAN, Cri, édition CEDA, p. 110.
Vous ferez de ce texte un commentaire composé.
Vous montrerez comment le poète à travers son humanisme exprime sa foi en des lendemains
meilleurs pour son peuple.
TROISIÈME SUJET : DISSERTATION LITTÉRAIRE
« La littérature négro-africaine est une littérature de remise en cause et de remise en place. »
Dans un développement argumenté et illustré d’exemples précis tirés d’œuvres littéraires lues ou
étudiées, expliquez et discutez ces propos d’Emmanuel DONGALA.
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Pays : Côte d’Ivoire Année : 2017 Épreuve : Français
Examen : Bac, Séries A-B-C-D-E-H Durée : 4 h Coefficient : 3 / 2
Le candidat traitera l’un des trois sujets suivants.
SUJET 1 : RÉSUMÉ DE TEXTE ARGUMENTATIF
La non-violence
Soulignons tout d’abord que la résistance non-violente n’est pas destinée aux peureux ; c’est
une véritable résistance ! Quiconque y aurait recours par lâcheté ou par manque d’armes
véritables, ne serait pas un vrai non-violent. C’est pourquoi, Gandhi a si souvent répété que, si
l’on n’avait le choix qu’entre la lâcheté et la violence, mieux valait choisir la violence. La
voie de la résistance non-violente est d’ailleurs le choix des forts, car elle ne consiste pas à
rester dans un immobilisme passif. L’expression « résistance passive » peut faire croire à tort
à une attitude de « laisser-faire » qui revient à subir le mal en silence. Rien n’est plus contraire
à la réalité. En effet, si le non-violent est passif, en ce sens qu’il n’agresse pas physiquement
l’adversaire, il reste sans cesse actif de cœur et d’esprit et cherche à le convaincre de son
erreur. C’est effectivement une tactique où l’on demeure passif sur le plan physique, mais
vigoureusement actif sur le plan spirituel. Ce n’est pas une non-résistance passive au mal,
mais bien une résistance active et non-violente.
En second lieu, la non-violence ne cherche pas à vaincre ni à humilier l’adversaire, mais à
conquérir sa compréhension et son amitié. Le résistant non-violent est souvent forcé à
s’exprimer par le refus de coopérer ou les boycotts, mais il sait que ce ne sont pas là des
objectifs en soi. Ce sont simplement des moyens pour susciter chez l’adversaire un sentiment
de honte. Il veut engendrer une communauté de frères, alors que la violence n’engendre que
haine et amertume.
Troisièmement, c’est une méthode qui s’attaque aux forces du mal et non aux personnes qui
se trouvent être les instruments du mal. Car c’est le mal lui-même que le non-violent cherche
à vaincre, et non les hommes qui en sont atteints. Quand il combat l’injustice raciale, le non-
violent est assez lucide pour voir que le problème ne vient pas des races elles-mêmes. Comme
j’aime à le répéter aux habitants de Montgomery : « le drame de notre ville ne vient pas des
tensions entre Noirs et Blancs. Il a ses racines dans ce qui oppose la justice à l’injustice, les
forces de lumière aux forces des ténèbres. Et si notre combat se termine par une victoire, ce ne
sera pas seulement la victoire de cinquante mille Noirs, mais celle de la justice et des forces
de lumière. Nous avons entrepris de vaincre l’injustice et non les Blancs qui la perpétuent
peut-être. »
Quatrième point ; la résistance non-violente implique la volonté de savoir accepter la
souffrance sans esprit de représailles, de savoir recevoir les coups sans les rendre.
Gandhi disait aux siens « Peut-être faudra-t-il que soient versés des fleuves de sang, avant que
nous ayions conquis notre liberté, mais que ce soit notre sang. Le non violent doit être prêt à
subir la violence, si nécessaire, mais ne doit jamais la faire subir aux autres. Il ne cherchera
pas à éviter la prison et, s’il le faut, il y entrera « comme un fiancé dans la chambre nuptiale ».
Ici, certains demanderont : « Pourquoi encourager les hommes à souffrir ? Pourquoi faire du
vieux précepte de « tendre l’autre joue » une politique générale ? ». Pour répondre à ces
questions, il faut comprendre que la souffrance imméritée a valeur de rédemption. Le non-
violent sait que la souffrance est un puissant facteur de transformation et d’amélioration : « les
choses indispensables à un peuple ne sont pas assurées par la seule raison, mais il faut qu’il
les achète au prix de sa souffrance », disait Gandhi.
Cinquièmement, la non-violence refuse non seulement la violence extérieure, physique,
mais aussi la violence intérieure. Le « résistant-non-violent » est un homme qui s’interdit non
seulement de frapper son adversaire, mais même de le haïr. Au centre de la doctrine de la non-
violence, il y a le principe d’amour. Le non-violent affirme que, dans la lutte pour la dignité
humaine, l’opprimé n’est pas obligatoirement amené à succomber à la tentation de la colère
ou de la haine.
Répondre à la haine par la haine ce serait augmenter la somme de mal qui existe déjà sur
terre. Quelque part dans l’histoire du monde, il faut que quelqu’un ait assez de bon sens et de
courage moral pour briser le cercle infernal de la haine. La seule façon d’y parvenir est de
fonder notre existence sur l’amour.
Martin Luther-KING, Combats pour la liberté, Payot, 1975.
I- QUESTIONS (04 points)
1. Quelle est la thèse de l’auteur ?
2. Expliquez en contexte « résistance passive ».
3. Déterminez la visée argumentative de l’auteur.
II- RÉSUMÉ (08 points)
Ce texte compte 733 mots. Résumez-le au 1/4 de son volume avec une marge de tolérance de
plus ou moins 10 %.
III- PRODUCTION ÉCRITE (08 points)
Étayez cette affirmation de Martin Luther-KING : « la violence n’engendre que haine et
amertume ».
SUJET 2 : COMMENTAIRE COMPOSÉ
Le narrateur avait pris l’habitude de sortir les soirs après le dîner, par passion pour la nuit.
Ce soir-là, il s’était attardé dans sa promenade nocturne et il se retrouva dans une ville
déserte plongée dans une nuit impénétrable.
Je hurlai : « Au secours ! au secours ! au secours ! »
Mon appel désespéré resta sans réponse. Quelle heure était-il donc ? Je tirai ma
montre, mais je n’avais point d’allumettes. J’écoutai le tic-tac léger de la petite mécanique
avec une joie inconnue et bizarre. Elle semblait vivre. J’étais moins seul.
Quel mystère ! Je me remis en marche comme un aveugle, en tâtant les murs de ma canne, et
je levais à tout moment les yeux vers le ciel, espérant que le jour allait enfin paraître ; mais
l’espace était noir, tout noir, plus profondément noir que la ville.
Quelle heure pouvait-il être ? Je marchais, me semblait-il, depuis un temps infini, car mes
jambes fléchissaient sous moi, ma poitrine haletait, et je souffrais de la faim horriblement.
Je me décidai à sonner à la première porte cochère. Je tirai le bouton de cuivre, et le
timbre tinta dans la maison sonore ; il tinta étrangement comme si ce bruit vibrant eût été seul
dans cette maison.
J’attendis, on ne répondit pas, on n’ouvrit point la porte. Je sonnai de nouveau ;
j’attendis encore, - rien !
J’eus peur ! Je courus à la demeure suivante, et vingt fois de suite je fis résonner la
sonnerie dans le couloir obscur où devait dormir le concierge. Mais il ne s’éveilla pas, - et
j’allai plus loin, tirant de toutes mes forces les anneaux ou les boutons, heurtant de mes pieds,
de ma canne et de mes mains les portes obstinément closes.
Et tout à coup, je m’aperçus que j’arrivais aux Halles1. Les Halles étaient désertes,
sans un bruit, sans un mouvement, sans une voiture, sans un homme, sans une botte de
légumes ou de fleurs. – Elles étaient vides, immobiles, abandonnées, mortes !
Une épouvante me saisit, - horrible. Que se passait-il ? Oh ! mon Dieu ! que se passait-
il ?
Je repartis. Mais l’heure ? l’heure ? qui me dirait l’heure ? Aucune horloge ne sonnait
dans les clochers ou dans les monuments. Je pensai : « Je vais ouvrir le verre de ma montre et
tâter l’aiguille avec mes doigts. » Je tirai ma montre…elle ne battait plus…elle était arrêtée.
Plus rien, plus rien, plus un frisson dans la ville, pas une lueur, pas un frôlement de son dans
l’air. Rien ! plus rien ! plus même le roulement lointain du fiacre, - plus rien !
Guy de MAUPASSANT, Clair de lune, « Nuit Cauchemar »,
Éditions Ollendorf,1888.
NB : Clair de lune est un recueil de nouvelles dont la dernière est intitulée
« Nuit Cauchemar ».
1- Halles : ensemble des bâtiments et des installations servant de marché.
Vous ferez de ce texte un commentaire composé. Vous montrerez d’une part, comment le
narrateur présente l’atmosphère qui prévaut et d’autre part l’état d’âme du personnage.
SUJET 3 : DISSERTATION LITTÉRAIRE
Au début de l’ouvrage critique Les Grands traits de la poésie négro-africaine,
Jean-Pierre MAKOUTA-MBOUKOU affirme : « Toute littérature est inséparable de
l’histoire ».
Expliquez et discutez cette opinion dans un développement argumenté et illustré
d’exemples tirés d’œuvres littéraires lues ou étudiées.
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