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UNITE I Questions Approfondies en Production Vegetale

Questionnaire en production animale
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© © All Rights Reserved
Nous prenons très au sérieux les droits relatifs au contenu. Si vous pensez qu’il s’agit de votre contenu, signalez une atteinte au droit d’auteur ici.
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UNITE I Questions Approfondies en Production Vegetale

Questionnaire en production animale
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UNIVERSITE DE LISALA

CENTRE INTERUNIVERSITAIRE DE RECHERCHE


PLURIDISCIPLINAIRE (CIREP)
STATUT : UNIVERSITE PUBLIQUE
Web : www.cirep.ac.cd
Email : info@cirep.ac.cd

Note de cours de
Questions approfondies
en production végétale

OBJECTIF DU COURS
L'objectif de ce cours est d'approfondir les connaissances sur les différents
aspects de la production végétale. Afin de bien maitriser des sujets tels que
les techniques de culture, la gestion des cultures, la protection des plantes
contre les maladies et les ravageurs, l'utilisation durable des ressources
naturelles, la sélection et la multiplication des variétés végétales, etc.
L'objectif est aussi de former des professionnels compétents et informés
dans le domaine de la production végétale, capables de contribuer de
manière efficace à l'agriculture durable et à la sécurité alimentaire.
Cette formation de productions végétales permettra aux futurs cadres
d’acquérir des notions de bases et le savoir-faire ainsi que l’application des
techniques nouvelles et évolutives aboutissant à une meilleure maîtrise des
différents facteurs pour l’intensification et l’amélioration des productions
végétales.
Actuellement les productions végétales des fermes et des unités de
production restent plus au moins aléatoires, avec des rendements au-
dessous des capacités physiologiques et biologiques des espèces cultivées.
1

INTRODUCTION
La production végétale résulte de la conjugaison du climat, sol et
la fertilité. Le sol intervient par ses aptitudes physiques et ses
capacités nutritives et hydrique. De fait, les connaissances
concernant la fertilisation édaphique et foliaire est capitale pour
les étudiants de l’agronomie.
La population mondiale devrait dépasser les
9 milliards d’ici à 2050. La production agricole mondiale devra
donc augmenter de 70 pour cent sur la même période afin de
nourrir cette population. La nécessité de nourrir davantage de
personnes accroît la pression sur la production végétale et sur la
base de ressources dont elle dépend. Ce phénomène est exacerbé
par d’autres éléments: problèmes liés à un environnement de
plus en plus dégradé, incertitudes découlant des changements
climatiques et d’autres facteurs de stress com me l’urbanisation
croissante et la volatilité des cours des produits alimentaires.
La communauté internationale doit satisfaire cette demande
alimentaire en augmentation dans un monde où la résistance des
écosystèmes est compromise et où les ressources en terre
disponibles pour l’expansion agricole sont limitées, ce qui
complique encore davantage la situation.
Compte tenu de la pénurie de terre, la principale solution
envisageable est l’intensification de la production végétale plutôt
que l’expansion de la surface cultivée. Il est essentiel de bien
gérer les écosystèmes pour garantir l’existence d’une base de
ressources saine sur laquelle peut s’appuyer l’intensification
durable, afin de produire suffisamment de nourriture d’ici à
2050, et par la suite.
Les pratiques agricoles sont en pleine évolution: la forte
dépendance aux intrants non renouvelables et l’intensification
basée sur les produits chimiques, comme les pesticides, cèdent
progressivement la place à d’autres formes d’intensification
2

fondées sur les processus biologiques naturels et la biodiversité


en vue d’accroître la productivité des écosystèmes agricoles.
Les principes scientifiques et biologiques qui sous-tendent
l’amélioration de la santé des sols, la gestion de la pollinisation
ou le contrôle des populations de ravageurs - intégrés aux
pratiques agricoles - montrent que les rendements peuvent être
augmentés grâce à la gestion durable des écosystèmes. Les
agriculteurs jouent un rôle essentiel de garants de la biodiversité
et de gestionnaires des écosystèmes. Au niveau local, les
pratiques, approches ou technologies agricoles basées sur la
gestion des processus biologiques qui fournissent les biens et
services écosystémiques essentiels peuvent être appliquées à
l’augmentation des rendements agricoles et à l’optimisation de
l’utilisation des intrants, tout en entretenant ou en améliorant la
santé des écosystèmes. Il existe un éventail de possibilités en
matière de bonnes pratiques, approches et technologies de
gestion des exploitations qui sont fondées sur des processus
biologiques. En voici quelques exemples: agriculture de
conservation, gestion intégrée des éléments nutritifs des
végétaux, protection intégrée et gestion de la pollinisation.
Ces pratiques de gestion des exploitations sont de plus en plus
utilisées en vue d’une intensification durable de la production
végétale, qui est un élément clé pour nourrir le monde
aujourd’hui et demain
Afin que la production alimentaire puisse s’accroître à l’avenir, la
production végétale devra s’adapter au changement climatique et
en atténuer les effets. Les effets négatifs des changements
climatiques sur la productivité, qui se font déjà s entir dans le
secteur agricole, ne peuvent être contrecarrés que par une
meilleure compréhension des processus biologiques à l’œuvre
dans les pratiques de gestion des exploitations. À cet égard, la
gestion des écosystèmes doit intégrer aux pratiques agricoles des
mesures de résistance et d’atténuation des risques car ces
3

éléments sont de plus en plus pertinents dans le contexte du


changement climatique.
PREREQUIS

Des notions sur la chimie du sol et des notions sur l’agro-pédologie et


notamment sur la biologie des plantes.

PLAN DU COURS

I. RÉGULATION ET CONTRÔLE DES RAVAGEURS


II. POLLINISATION
III. PROCESSUS BIOLOGIQUES RELATIFS AUX SOLS
IV. ENVIRONNEMENTS POLITIQUE ET INSTITUTIONNEL
FAVORABLES

I. RÉGULATION ET CONTRÔLE DES RAVAGEURS


POLLINISATION

Les producteurs de riz nourrissent plus de personnes


que les producteurs des autres cultures. Le riz est la
culture vivrière prédominante dans les pays où vit la
majorité de la population mondiale. La production de
riz a été stimulée par l’irrigation, les semences issues
de nouvelles variétés et les engrais dans les années 1970 (“révolution verte”)
mais elle a été menacée dans les années 1980 par des attaques massives
d’insectes nuisibles, en particulier de la cicadelle brune du riz.
Des variétés de riz résistantes ont été mises au point par des chercheurs et
distribuées par les systèmes semenciers nationaux. Cependant, au fur et à
mesure de l’évolution des populations de ravageurs, elles ont perdu de leur
4

efficacité et les infestations d’insectes se sont poursuivies, occasionnant de


graves dommages et tuant parfois des plants de riz.
Dans les années 1990, des réformes audacieuses
destinées à supprimer les subventions aux insecticides
ont été combinées au financement d’une formation
généralisée des agriculteurs, dans le cadre de champs-
écoles, afin de réduire l’utilisation des insecticides et
de mettre fin aux attaques d’organismes nuisibles.
Aux Philippines, entre 1996 et 2007, la production de
riz a augmenté de 60 pour cent et le rendement par
hectare a connu une hausse de 12 pour cent. Au
cours de cette période, le nombre d’applications
d’insecticides et de matières actives a baissé de plus
de 70 pour cent.
Ailleurs, ces tendances ont perduré pendant plusieurs décennies. En
Indonésie, par exemple, le coût des insecticides employés dans la culture du
riz a chuté de 75 pour cent, tandis que la production de cette céréale a
augmenté de plus de 25 pour cent entre 1986 – date de lancement de la
politique de protection intégrée (PI) – et 2001. En Inde, entre 1994 et 2002,
la production totale de céréales vivrières a augmenté de plus de 20 pour cent
tandis que l’utilisation de pesticides, qui se chiffre en tonnes, a diminué de
35 pour cent.
Figure 1
5

Figure 2

Compte tenu de la nécessité d’intensifier à nouveau la production


de riz afin de satisfaire la demande future et de la
commercialisation généralisée d’insecticides moins coûteux,
n’étant plus protégés par des brevets, les agriculteurs et les
responsables politiques doivent prendre une fois de plus des
décisions importantes concernant les méthodes d’intensification
de la production de riz.
I.1. PROCESSUS BIOLOGIQUES
Les écosystèmes agricoles du riz irrigué évoluent sous l’influence de la
gestion humaine depuis plus de 5 000 ans, ce qui correspond à plus de 50
6

000 générations de phytophages (herbivores) comme la cicadelle brune du


riz. Lorsque l’écosystème n’est pas perturbé, ces insectes font partie d’un
réseau trophique complexe qui transforme la lumière du soleil et la matière
organique du sol en énergie, permettant ainsi à des centaines d’espèces et à
des millions d’insectes et d’araignées de vivre dans chaque rizière: dans le
sol, sous l’eau et à sa surface, sur et autour des plantes, notamment du riz.
Figure 3

Certains prédateurs attaquent les


œufs de la cicadelle brune en suivant
la trace laissée par les femelles
lorsqu’elles pondent dans la tige du
riz; ils aspirent le contenu de tous les
œufs placés le long de la tige.
D’autres ne vivent qu’à la surface des étendues
d’eau douce comme les étangs, les cours d’eau et les
rizières. Ils s’en prennent aux jeunes cicadelles
brunes nouvellement écloses qui tombent
7

quotidiennement à l’eau.

Les araignées prédatrices peuvent


tuer et manger plus de 20 cicadelles
brunes par jour, afin de permettre à
leurs propres œufs de parvenir à
maturité et de donner naissance à
davantage de jeunes prédateurs.
Au sein de l’écosystème, ces prédateurs et bien d’autres jouent un rôle de
régulateurs naturels et biologiques des organismes nuisibles qui ravagent les
cultures annuelles comme le riz. Leur fonction prend ou perd de l’ampleur à
mesure qu’ils se multiplient ou s’installent dans d’autres champs, à la
recherche de populations plus importantes de ravageurs.
Elle se renouvelle grâce à l’arrivée de nouveaux individus et à la
reproduction dans les rizières, deux phénomènes qui dépendent de leur
source de nourriture: les ravageurs.
En améliorant cette fonction, en assainissant la rizière, davantage de
services écosystémiques seront dispensés: il s’agit, dans ce cas, du contrôle
des ravageurs.
I.2. PROTÉGER ET AMÉLIORER LES ÉCOSYSTÈMES TOUT EN
INTENSIFIANT LA PRODUCTION
Lorsque des insecticides sont appliqués dans les rizières, tous les types
d’insectes et d’araignées sont tués, aussi bien les phytophages que les
prédateurs. Cela permet aux œufs des ravageurs d’éclore et de survivre
beaucoup plus longtemps que dans des champs non traités. La figure 5
montre que le nombre d’organismes nuisibles augmentait de plus de 600
pour cent dans une rizière d’Indonésie quand des insecticides étaient
utilisés.

Figure 4
8

Ce phénomène peut être observé même


dans des champs de petite taille: la
partie qui n’a pas subi de pulvérisation
est à l’arrière-plan et les parties traitées,
au premier plan, sont presque mortes.

Évidemment, dans certaines situations, les


populations de prédateurs ne sont pas en mesure
de réagir à temps, comme après des inondations
massives ou une sécheresse prolongée, mais la
décision d’appliquer des insecticides doit être
prise dans chaque rizière en fonction du nombre
de prédateurs ainsi que de l’état des cultures et
du nombre de ravageurs.

Afin de prendre ces décisions de façon éclairée, d’optimiser et d’adapter la


gestion au cas par cas, les agriculteurs doivent renforcer leurs propres
9

systèmes de connaissance en utilisant des concepts écologiques actuels,


comme la prédation.
La FAO travaille dans ce domaine en partenariat avec de nombreuses
organisations nationales spécialisées dans les systèmes agricoles, la
recherche ou la vulgarisation, universitaires ou non gouvernementales, ainsi
que des organisations agricoles locales afin de permettre à des millions de
producteurs de riz de se familiariser avec ces concepts écologiques dans des
centaines de milliers de champs-écoles.

Des exemples de champs - écoles en Indonésie, au Mali et en Iran

II. POLLINISATION
II.1. AMÉLIORER LES RENDEMENTS ET LA QUALITÉ DE LA
PRODUCTION VÉGÉTALE
Les insectes et d’autres animaux de petite taille
remplissent un rôle essentiel: celui de la pollinisation.
Pourtant, leur importante contribution au secteur
agricole est souvent négligée. Dans les écosystèmes
agricoles, les pollinisateurs sauvages et domestiques
sont indispensables à la production fruitière, horticole
et fourragère, ainsi qu’à la production de semences de nombreuses plantes
racines et textiles. Les pollinisateurs comme les abeilles, les oiseaux et les
chauves-souris interviennent dans 35 pour cent de la production végétale
mondiale, accroissant celle de 87 des principales cultures vivrières, ainsi que
de nombreuses plantes medicinales à l’échelle du globe.
10

L’absence de pollinisation peut faire baisser de manière


significative les quantités produites, mais des éléments
démontrent qu’elle peut également avoir un effet négatif
sur la qualité des fruits et des semences. Le tableau de
la page suivante regroupe des cultures dont la
production peut connaître une baisse – allant jusqu’à
90 pour cent – si la pollinisation n’a pas lieu.

Figure 5

Source: Klein, A.-M. et al. 2007. Importance of pollinators in changing landscapes for world
crops. Proc. R. Soc. Lond. B Biol. Sci. 274, 303-313

Le fait de mieux connaître le rôle de la pollinisation dans la production


alimentaire s’accompagne d’une plus grande compréhension de la
contribution majeure des pollinisateurs sauvages. Il s’agit principalement
11

des abeilles, mais aussi des thrips, des guêpes, des mouches, des
coccinelles, des lépidoptères et d’autres insectes, ainsi que des oiseaux et
des chauves-souris.
La conservation de cette biodiversité des pollinisateurs dans les paysages
agricoles peut permettre d’assurer la pollinisation indispensable, tout en
remplissant une fonction cruciale qui consiste à limiter les risques liés aux
ravageurs et aux maladies au sein des populations de pollinisateurs gérées.
II.2. PRATIQUES DE GESTION DE LA POLLINISATION
Dans de multiples écosystèmes agricoles et systèmes écologiques, des
pratiques de gestion qui ne nuisent pas aux pollinisateurs ont été mises au
point: elles servent à améliorer les rendements, la qualité, la diversité et la
résistance des cultures et des systèmes de culture. Voici quelques exemples
de leurs applications:
 Préserver l’habitat sauvage.
 Gérer les systèmes de culture, les lisières des champs où les fleurs
prospèrent, les zones tampons et les haies permanentes afin de fournir
un habitat et du fourrage.
 Cultiver des essences d’ombre.
 Ménager des sites de nidation pour les abeilles, notamment en n’abat-
tant pas les arbres morts et en ne touchant pas aux branches
tombées.
 Réduire l’application de pesticides et les risques associés.
 Établir des configurations de paysage qui favorisent la pollinisation
(étude de cas au Costa Rica).
Une étude (figure 6) portant sur la valeur des services de pollinisation en
termes de diversité, de rendement, de qualité et de valeur économique dans
des plantations de café du Costa Rica a montré que plus la forêt n’était
proche de l’exploitation, plus la diversité des pollinisateurs qui visitaient les
caféiers et leur nombre étaient importants. Par exemple, les caféiers qui se
trouvent à proximité d’une zone forestière sont visités par une plus grande
variété de communautés d’abeilles, ce qui se traduit par une amélioration
des rendements ainsi que de la qualité du café.
12

Figure 6

Source: Ricketts et al. Economic value of tropical forest to coffee


production. PNAS 24 août 2004, vol. 101 n° 34 12579-12582

Ce schéma résume les principales conclusions de l’étude sur le Costa Rica.


L’exploitation étudiée est figurée en blanc; la zone en pointillés regroupe des
caféiers, des pâturages et de la canne à sucre; et les zones sombres (A, B et
C) représentent les forêts. Les sites portent la mention N (proche), i
(intermédiaire) et F (éloigné).
Comme le suggère l’étude, entretenir les zones de nidation des pollinisateurs
– comme les petites aires forestières – à proximité de l’exploitation est une
pratique de gestion favorable à la pollinisation. Cela présente également un
autre avantage, outre les rendements plus élevés et la meilleure qualité du
13

café (et, en bout de chaîne, l’accroissement des revenus des producteurs): en


entretenant la forêt, les agriculteurs contribuent à maintenir d’autres
services écosystémiques prodigués par la forêt elle-même, comme la
fourniture de bois de chauffe ou de ressources génétiques et la régulation
climatique.
Les pratiques de gestion de la pollinisation peuvent également être utilisées
pour répondre aux changements climatiques. Les communautés agricoles
peuvent s’adapter au mieux aux impacts de ce phénomène sur les
pollinisateurs, notamment en prenant en compte la disponibilité saisonnière
des ressources nécessaires à ces espèces et en veillant à la connectivité des
habitats naturels dans les zones cultivées (facilitant ainsi la dispersion des
pollinisateurs en cas de modification des parcours due au changement
climatique).

Les pratiques de gestion de la pollinisation peuvent aussi être appliquées à


l’atténuation des effets du changement climatique. Beaucoup de bonnes
pratiques agricoles qui entretiennent la capacité des écosystèmes à fournir
des services englobent des mesures destinées à accroître la couverture
végétale et la biodiversité liée aux cultures. Ainsi, le développement des
pollinisateurs peut être favorisé grâce à l’accroissement des plantes à fleur
non agricoles dans les champs, notamment sous la forme de cultures de
couverture, de cultures en bandes ou de haies.
14

II.3. QUE PEUVENT FAIRE LES DÉCIDEURS?


 Promouvoir des politiques qui encouragent les actions favorables aux
pollinisateurs comme la planification de l’utilisation des terres et,
quand cela est possible, l’usage responsable des pesticides.
 Renforcer les capacités en matière de gestion durable des
pollinisateurs.
 Mettre en avant la contribution de la pollinisation à l’agriculture et aux
moyens de subsistance durables.

III. PROCESSUS BIOLOGIQUES RELATIFS AUX


SOLS
III.1. PROCESSUS DE NUTRITION DES PLANTES (FERTILISATION
BIOLOGIQUE)

L’agriculture ne peut prospérer que si les sols sont


sains. La partie vivante de ceux-ci, appelée biote du
sol, englobe toutes les formes de vie présentes dans le
15

système édaphique: la faune et la flore, les systèmes radiculaires souterrains


de la végétation, et leurs fonctions écosystémiques.
La biote du sol est inextricablement liée à la nutrition des plantes au travers
de processus biologiques comme la fixation de l’azote, la mobilisation, le
stockage, la libération et le cycle des nutriments ainsi que le maintien du pH
des sols, la capacité d’échange cationique, la structure et la porosité. Ces
facteurs sont liés à leur tour à la transformation de la matière organique des
plantes par le biais des réseaux trophiques des microorganismes vivant dans
le sol.
Dans ce contexte, l’amélioration de ces processus biologiques peut permettre
d’accroître la disponibilité et l’efficacité des nutriments.
Si leur disponibilité augmente, les besoins en engrais minéraux peuvent être
réduits, ce qui limite à la fois le coût des intrants et l’empreinte
environnementale de la production végétale.
III.1.1. Le phosphore (P): l’un des principaux nutriments des végétaux
Le phosphore utilisé comme engrais est une ressource limitée,
essentiellement obtenue grâce à l’extraction minière (phosphate naturel).
C’est l’un des trois principaux éléments de la nutrition des végétaux: il est
essentiel au fonctionnement et au développement de ces êtres vivants. Dans
le sol, il peut être facilement immobilisé, ce qui empêche les racines des
végétaux de l’atteindre dans la plupart des régions tropicales. Par
conséquent, c’est un facteur limitatif en matière de production végétale. Il est
important de trouver des moyens de mobiliser le phosphore contenu dans les
sols et de le rendre disponible pour les végétaux. À cet effet, il faut favoriser
le développement des mycorhizes et l’accroissement de l’activité biologique
associée dans le système sol-racine.
 La mycorhize est une association symbiotique entre des champi-
gnons et des racines de végétaux. Le champignon peut pénétrer dans
les cellules des racines (endomycorhize) ou non (ectomycorhize). Il
favorise la croissance des racines et étend le système radiculaire,
fournissant du phosphore aux végétaux.
 La mycorhize produit des acides organiques, stabilise le pH et mobilise
le phosphore, notamment dans les sols à pH élevé.
16

III.1.2. Pompes à nutriments: les racines profondes contribuent à


l’équilibre nutritif
Les sols riches en matière organique disposent d’un réservoir de nutriments
bien équilibrés qui contribuent à la croissance et au développement des
végétaux. Ainsi, ils ne sont pas exposés à tous les problèmes résultant d’une
nutrition végétale déséquilibrée, comme la baisse de l’efficacité des engrais et
de la qualité des cultures.
Pour une croissance et un développement optimaux des végétaux, il est
important que le réservoir de matière organique permette d’atteindre un
équilibre nutritif.
Les végétaux à racines profondes pompent des nutriments qui peuvent
ensuite être réutilisés par le biais de leurs résidus en décomposition.
La matière organique contenue dans le sol permet également de stocker des
nutriments qui, sinon, seraient lessivés.
Les plantes à racines profondes, qui servent de cultures de couverture entre
les cultures commerciales, en séquence ou en association, peuvent puiser
des nutriments dans des strates plus profondes du sol et les ramener à la
surface. Ces nutriments sont alors disponibles pour les cultures suivantes
lorsque les résidus végétaux se décomposent.
III.1.3. L’azote (N): l’un des principaux éléments constitutifs des
protéines
Certaines bactéries transforment l’azote atmosphérique en composés
organiques azotés dont se nourrissent les végétaux et les microorganismes
du sol.

Il existe des bactéries symbiotiques fixatrices d’azote,


comme les rhizobiums que l’on trouve dans les nodosités
radicales des légumineuses (légumes secs, graines
oléagineuses, arbres et arbustes, légumineuses de
pâturage).
Il existe aussi des bactéries libres fixatrices d’azote comme
Azotobacter et Beijerinkia qui vivent dans la rhizosphère,
la partie du sol qui entoure les racines des végétaux.
17

Nodosités racinaires fixatrices d’azote de légumineuses (comme les petits


pois, les haricots et le trèfle).
Ces bactéries transforment l’azote présent dans l’atmosphère (diazote, N2 )
en composés organiques azotés dont se nourrissent les végétaux et les
microorganismes du sol.
Dans le monde, environ 44 à 66 millions de tonnes de diazote sont fixées
annuellement dans les terres agricoles par des légumineuses et d’autres
organismes vivant dans le sol, ce qui fournit près de la moitié du diazote
utilisé pour l’agriculture1. La fixation de diazote par les légumineuses
contribue grandement à rendre l’agriculture plus viable sur le plan
économique et moins nuisible pour l’environnement.

Source: Giller, K.E. 2001. Nitrogen Fixation in Tropical Cropping Systems. CABI Publishing,
Wallingford, Royaume-Uni

Maïs cultivé en association avec une culture légumineuse intercalaire afin


d’accroître la quantité d’azote fournie au sol.
18

III.2. FIXATION BIOLOGIQUE DE L’AZOTE: LE RÔLE DES SYSTÈMES


BASÉS SUR LES LÉGUMINEUSES
III.2.1. Importance des légumes secs et des graines oléagineuses
Quelques 56 millions de tonnes de légumes secs, 257 millions de tonnes de
graines oléagineuses et 2 351 millions de tonnes de céréales ont été récoltées
dans le monde en 2007. Les rendements en grains des légumes secs sont
plus faibles que ceux des céréales mais leur teneur en protéines est au
moins deux fois supérieure.
III.2.2. Fixation biologique de l’azote
Certains types de microbes peuvent fixer l’azote en tant
qu’organismes libres: les bactéries hétérotrophes et
autotrophes ainsi que les cyanobactéries.
En revanche, d’autres microorganismes ne peuvent le faire
que par le biais d’une symbiose avec des végétaux,
principalement des légumineuses. Dans les zones
cultivées, environ 80 pour cent de la fixation biologique de
l’azote (FBA) s’effectue par le biais de ce type d’association
symbiotique entre des légumineuses et des bactéries des
nodosités: les rhizobiums.

Les agriculteurs disposent d’une certaine marge de manœuvre pour


influencer la FBA de plusieurs manières: sélection du génotype des
légumineuses, proportion de légumineuses et de graminées dans les
mélanges fourragers, inoculation de bactéries comme les rhizobiums,
nutrition végétale (en particulier azote et phosphore), désherbage, lutte
contre les maladies et les ravageurs, période de plantation, séquence et
intensité culturales, fréquence de défoliation des peuplements de graminées
destinés aux fourrages. Cependant, d’autres facteurs affectant la FBA ne
peuvent être contrôlés, notamment les températures défavorables et les
sécheresses.
19

Certaines espèces de légumineuses fixent mieux l’azote que d’autres. Parmi


les légumineuses fourragères vivaces des climats tempérés, le trèfle rouge et
la luzerne peuvent généralement fixer entre 200 et 400 kilogrammes d’azote
par hectare (fixation totale: sur et dans le sol).
III.2.3. Transfert d’azote vers d’autres cultures ou plantes fourragères
L’azote fixé par les légumineuses est recueilli dans la plante et partiellement
transféré aux cultures suivantes, ce qui accroît leurs rendements. Ainsi,
dans les mélanges de légumineuses fourragères et de graminées, l’azote fixé
est transféré des légumineuses aux graminées (par exemple, entre 13 et 34
pour cent). L’azote présent dans les prés se retrouve dans l’ensilage ou le
foin, et il est ensuite ingéré par les animaux. Environ 70 à 95 pour cent de
cet azote est excrété par ces derniers, dont les déjections peuvent être
recyclées grâce à un épandage sur les terres arables (figure 7).
Figure 7

III.2.4. Légumineuses fourragères dans les systèmes d’élevage des zones


tempérées
20

Dans les systèmes d’élevage des zones tempérées, le trèfle blanc est
particulièrement efficace dans les pâturages. Il peut fixer entre 100 et 300
kilogrammes d’azote par hectare. Par ailleurs, il est plus facile à digérer et
présente des teneurs en protéine brute, en lignine, en cendre, en calcium et
en magnésium plus élevées que les graminées.
Les mélanges de trèfle blanc et de graminées sont produits plus
abondamment en été et peuvent accroître l’apport alimentaire des animaux
en complétant celui des tapis végétaux composés uniquement de graminées.
La luzerne et le trèfle rouge sont très bien adaptés aux méthodes de coupe
utilisées pour le foin ou l’ensilage. Toutes ces légumineuses peuvent
contribuer à une réduction des coûts pour les agriculteurs, accroître la
biodiversité et modeler des systèmes durables de production végétale et
d’élevage (figure 8)
Figure 8

III.2.5. L’arachide dans les systèmes de culture tropicaux


L’azote est souvent l’élément le plus limitant en matière de production
céréalière. Les engrais chimiques sont rarement accessibles aux petits
21

producteurs. Par conséquent, dans de nombreux systèmes de production


végétale de subsistance, l’azote est en réalité “extrait” de la matière
organique des sols, ce qui l’appauvrit. Les légumineuses peuvent résoudre
en partie ce problème, soit en tant qu’engrais vert dans des systèmes de
culture intercalaire, dans le cadre d’un plan de rotation des cultures ou dans
des systèmes agroforestiers.
Une fois les graines d’arachide récoltées, les fanes peuvent nourrir le bétail
ou être enfouies. Dans ce dernier cas, le rendement de la culture suivante
(maïs ou riz, par exemple) peut être bien supérieur, voire doubler, même si le
rendement de l’arachide est faible.

III.2.6. Les rhizobiums dans la production de soja


Le soja (Glycine max L.) a été introduit au Brésil à la fin des années 1880.
Dans les années 1950, la production était supérieure à 100 000 tonnes; elle
dépassait 1 million de tonnes en 1970 et cette culture occupe aujourd’hui 22
millions d’hectares avec un rendement moyen de 2 737 kilogrammes par
hectare et par an, ce qui représente une production annuelle de 60 millions
de tonnes. Les sols brésiliens étaient à l’origine dépourvus des rhizobiums
nécessaires pour noduler efficacement le soja (fixer le diazote). Cependant, le
gouvernement a reconnu l’importance des rhizobiums et leur contribution
22

potentielle. Il a donc apporté son concours par le biais de politiques et


d’efforts de recherche. Une inoculation massive à partir de quelques souches
de rhizobiums utilisées dans des inoculants commerciaux au cours des
dernières décennies a permis à cette bactérie de s’installer dans la plupart
des sols cultivés en soja. Le Brésil est aujourd’hui le deuxième producteur
mondial de soja et n’applique aucun engrais à base d’azote aux cultures.
III.2.7. Impact des systèmes de production végétale basés sur les
légumineuses
Les rendements accrus régulièrement observés après la culture de
légumineuses et l’augmentation des disponibilités en azote des sols sont liés:
 A la capacité de certaines espèces de légumineuses à mobiliser le
phosphore peu soluble dans le sol;
 A l’effet mécanique positif des racines pivotantes des légumineuses sur
la structure et le drainage des sols;
 A la quantité d’eau plus faible utilisée pour certaines légumineuses
comparativement à d’autres cultures;
 Ou encore à l’effet bénéfique de la rhizosphère des légumineuses
(excrétion H+) sur les microorganismes présents dans le sol, qui
peuvent entrer en concurrence avec les agents pathogènes affectant les
cultures ou les supprimer.
III.2.8. Impact des légumineuses sur les ressources naturelles
Le coût environnemental direct associé aux systèmes basés sur les
légumineuses est légèrement inférieur à celui des systèmes s’appuyant sur
les engrais à base d’azote. Le risque de lessivage des nitrates dépend
beaucoup des pratiques culturales et n’est pas obligatoirement plus faible
dans les systèmes basés sur les légumineuses. Les émissions de protoxyde
d’azote (N2 O) semblent être comparables dans les deux cas. Cependant, la
synthèse d’engrais chimiques nécessite de grandes quantités d’énergie fossile
(au moins 27 GJ/t NH3). En revanche, la FBA s’appuie sur l’énergie solaire
et ne rejette pas de dioxyde de carbone (CO 2) dans l’atmosphère.
Il a été prouvé que l’introduction de légumineuses (légumineuses de
couverture, pâturages composés de graminées et de légumineuses, jachère
fondée sur les légumineuses ou même légumineuses annuelles) dans la
23

rotation des cultures limitait l’infestation de plantes adventices, les maladies


et les attaques de ravageurs.
Les systèmes de culture basés sur les légumineuses contribuent à préserver
la biodiversité, en particulier des pollinisateurs et d’autres arthropodes, de la
faune et la flore du sol en général, ainsi que de nombreuses espèces
d’oiseaux et de mammifères qui peuvent vivre dans les paysages agricoles.
III.2.9. Importance des légumineuses pour l’agriculture durable
Dans le contexte de hausse des cours des combustibles fossiles et des prix
des engrais mineraux azotés, il serait fortement souhaitable d’aban- donner
progressivement ces engrais au profit de légumineuses capables de fixer
l’azote. Actuellement, la FBA par les légumineuses cultivées est estimée à
environ 20-22 millions de tonnes par an dans le monde1.
Il est possible d’exploiter davantage ce phénomène, à condition de favoriser
les processus biologiques appropriés dans les systèmes de production basés
sur les légumineuses.
Les légumineuses à graines (légumes secs et oléagineux) et divers types de
légumineuses fourragères occupent entre 12 et 15 pour cent des terres
arables du globe et couvrent un tiers des besoins en protéines de l’humanité.
Dans des conditions de subsistance, cette proportion peut atteindre deux
tiers.
III.3. PROCESSUS RELATIFS À LA STRUCTURE DU SOL (LABOUR
BIOLOGIQUE)
Un sol qui ne subit aucune perturbation et dispose
d’un réservoir suffisant de matière organique fournit
un bon habitat à la faune souterraine. La réduction
du labour mécanique se traduit par un
accroissement de la population de vers de terre, de
diplopodes, d’acariens et d’autres animaux vivant
dans le sol. Cette macrofaune effectue le labour et
influe sur la porosité ainsi que la structure du sol. Elle intègre la matière
organique présente en surface; ses excréments fournissent des mélanges de

1
Herridge, D.F., Peoples, M.B. et Boddey, R.M. 2008. Global inputs of biological nitrogen fixation by agricultural
systems. Plant Soil, 311: 1-18
24

sol stables et les macropores verticaux créés par les vers drainent l’eau en
excès. Grâce à cela, la terre est moins sensible aux inondations et à l’érosion
car l’infiltration de l’eau en profondeur est améliorée. La matière organique
incorporée par cette faune améliore la structure du sol et la capacité de
stockage de l’eau, ce qui permet aux végétaux de survivre plus longtemps
lors des périodes de sécheresse. Il s’agit de deux stratégies importantes pour
Les quantités accrues de matière organique contenues dans le sol
permettent également d’ATTÉNUER LES EFFETS DU CHANGEMENT
CLIMATIQUE grâce au stockage du carbone issu du dioxyde de carbone
atmosphérique dans la matière
organique du sol. La formation de
matière organique stable lors du
processus d’humification s’effectue par
le biais des microorganismes du sol. Un
autre élément contribue au labour
biologique: l’introduction de végétaux, y
compris d’arbres et d’arbustes, dotés de
racines pivotantes profondes. Certaines
de ces cultures “pionnières” comme le
lupin, le haricot-sabre ou le radis
peuvent lutter contre le compactage du
sous-sol si, par exemple, elles sont
plantées dans le cadre d’une rotation ou
en association intercalaire et servent de
cultures de couverture fournissant de l’engrais vert.

EXPLOITER LES PROCESSUS BIOLOGIQUES RELATIFS AUX SOLS


GRÂCE À DES PRATIQUES AGRICOLES DE CONSERVATION
Bien que les agronomes aient pleinement conscience de l’importance de la
fixation de l’azote, de la mobilisation du phosphore par les mycorhizes et des
25

pompes à nutriments, ces processus jouent un rôle mineur dans la


production végétale.
En effet, la plupart des sols cultivés ne constituent plus un environnement
de vie adapté aux microorganismes qui sont si essentiels à ces processus.
Même lorsque ces microorganismes sont utilisés (les rhizobiums et même les
mycorhizes peuvent servir d’inoculants pour certaines cultures), ils ne
prospèrent pas dans les systèmes agricoles qui reposent sur le labour
mécanique car cette technique perturbe le système édaphique et rompt la
continuité de l’habitat souterrain, ce qui est intolérable pour la plupart des
organismes qui vivent normalement dans des sols intacts.
L’une des manières de remédier à cela est de réorienter la gestion des sols
vers les processus biologiques capables d’améliorer la santé et les fonctions
du sol, y compris la nutrition et la productivité des végétaux.
Cela nécessite:
 Des processus aérobies dans les sols poreux présentant des
macropores qui facilitent l’aération et les échanges gazeux entre le sol
et l’atmosphère, et permettent le drainage en profondeur de l’excédent
d’eau afin de recharger les nappes souterraines;
 De la matière organique qui fournit des nutriments et un substrat
énergétique aux microorganismes souterrains;
 Un environnement stable sans brusques changements de température,
de taux d’humidité, de concentration en sel ou de pH.
Ces conditions peuvent être remplies de manière durable en ayant recours à
un certain nombre de pratiques agricoles, regroupées sous l’appellation
d’agriculture de conservation, qui se fondent sur l’amélioration des
processus biologiques naturels à l’œuvre sur et dans le sol. Ces pratiques
limitent également autant que possible les interventions comme le labour
mécanique. Des intrants externes, notamment des produits agrochimiques
et des nutriments d’origine minérale ou organique, sont appliqués d’une
certaine manière et dans une certaine quantité afin de ne pas influencer les
processus biologiques ni les fonctions écosystémiques qui y sont associées.
26

Dans le cadre de l’agriculture de conservation, une agricultrice kenyane


fournissant des explications relatives à une association de maïs et d’un
sous-semis de Desmodium (légumineuse), qui fournit de l’azote et permet
également de lutter contre les foreurs de tige et striga
Le recours continu et simultané à des pratiques de l’agriculture de
conservation peut contribuer au développement de la faune et de la flore
ainsi qu’à la biodiversité des sols, améliorer les processus biologiques liés à
la capacité productive des sols et à la nutrition végétale et, surtout, il fournit
un environnement favorable qui permet aux microorganismes souterrains de
prospérer et crée un système édaphique vivant. Bien qu’une inoculation
initiale puisse être nécessaire dans certains cas, ce système améliore la
productivité des cultures et les services écosystémiques.
Des éléments montrent que les besoins en engrais minéraux (en particulier à
base de phosphore et d’azote) des sols qui ont été soumis aux pratiques de
l’agriculture de conservation pendant une longue période diminuent. Par
ailleurs, le problème de la faible disponibilité ou de l’immobilisation du
phosphore dans les sols est atténué, même si les analyses ne révèlent pas la
présence de quantités importantes de phosphore soluble (figures 9 et 10).
27

Figure 9

Source: http://www.topcropmanager.com/content/view/4427/38

Figure 10

Source: Derpsch R. 2005. The extent of Conservation Agriculture adoption worldwide:


28

implications and impact. Proceedings of the 3rd World Congress on Conservation


Agriculture, Nairobi, Kenya, 3–7 October. ACT, Harare

En outre, les pratiques de l’agriculture


de conservation accroissent la
diversité et les populations de la
macrofaune, qui déterminent la
structure des sols.
Afin que ces pratiques soient efficaces,
il est indispensable que les
agriculteurs comprennent les
principes écologiques sous-jacents en
matière de santé et de productivité des
sols, mais aussi qu’ils puissent
s’appuyer sur une politique
favorisante et bénéficier d’un soutien
institutionnel, notamment qu’ils aient
accès à des formations participatives
de vulgarisation, des intrants
abordables et des outils adaptés.

IV. ENVIRONNEMENTS POLITIQUE ET INSTITUTIONNEL


FAVORABLES
Des politiques favorables et un soutien institutionnel
doivent être mis en place afin d’exploiter efficacement
et à une échelle suffisante les rôles et fonctions des
processus biologiques dans l’intensification durable
de la production, en vue de satisfaire la demande
alimentaire future.
29

IV.1. PLANIFICATION ET POLITIQUE AGRICOLES


Les objectifs, stratégies, politiques, plans et programmes nationaux de
développement agricole ainsi que les lois, règles et réglementations
pertinentes en matière d’intensification durable de la production végétale
doivent protéger et renforcer les fonctions écologiques qui favorisent
l’agriculture afin d’optimiser les biens et services écosystémiques.
Les décideurs peuvent, par exemple, promouvoir une gestion responsable et
adaptative des ravageurs grâce à la vulgarisation et à des campagnes de
sensibilisation. Ils peuvent également influencer la consommation en
supprimant les subventions pour les produits présentant des risques plus
élevés. Ils jouent un rôle clé dans l’enregistrement des pesticides vendus et
distribués sur le territoire dont ils ont la responsabilité, et peuvent ainsi
avoir un impact direct sur l’offre de produits agrochimiques. Par ailleurs, ils
peuvent vérifier la qualité des produits utilisés et veiller à ce qu’ils soient
correctement étiquetés, commercialisés et appliqués afin de réduire autant
que possible les risques.
La planification de l’utilisation des terres et les régimes fonciers sont un
autre exemple. En termes simples, les agriculteurs qui n’envisagent pas
nécessairement de continuer à cultiver dans un lieu donné sur le long terme
sont peu enclins à adopter des pratiques de production durables.
Les responsables politiques peuvent résoudre ce problème par le biais des
régimes fonciers.
La reconnaissance et l’utilisation accrues des processus biologiques en
matière d’intensification durable de la production témoignent d’un change-
ment fondamental dans la réflexion sur les systèmes de production. Cela
implique un certain nombre d’éléments qui, encore récemment, n’étaient pas
reconnus ou suffisamment mis en avant dans ces systèmes lorsqu’il
s’agissait de la santé et des fonctions des écosystèmes, ou de l’amélioration
de la capacité productive de la base de ressources.
La meilleure intégration des processus biologiques à l’intensification durable
de la production végétale nécessite donc une compréhension plus profonde
de leur rôle de fondement écologique de la production et des moyens de
subsistance.
Cette compréhension permet aux agriculteurs de manipuler et de gérer les
différentes parties des systèmes de production, dont l’objectif est d’optimiser
l’utilisation des ressources et de protéger ou d’améliorer, sur le long terme,
les processus écosystémiques dans le temps et l’espace. Voilà certains des
30

éléments qui sous-tendent les pratiques de production dictées par des


considérations biologiques qui sont basées sur du “savoir intensif”.

IV.2. MOBILISATION DES PARTIES INTÉRESSÉES


Les expériences de nombreux pays ont montré que le fait de développer la
gestion des processus biologiques dans les systèmes de production
impliquait que toutes les parties intéressées évoluent dans leur engagement
et leur comportement. Pour les agriculteurs, la mise en place d’un
mécanisme (comme les champs-écoles) permettant d’expérimenter,
d’apprendre et de s’adapter est un préalable indispensable.
Pour les décideurs et les responsables institutionnels, la transformation des
systèmes non durables en systèmes améliorés et efficaces nécessite qu’ils
prennent pleinement conscience des bénéfices économiques, sociaux et
environnementaux significatifs que peuvent en tirés les producteurs et la
société dans son ensemble.

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