[go: up one dir, main page]

0% ont trouvé ce document utile (0 vote)
289 vues52 pages

Restauration Des Écosystèmes

Transféré par

djamilaboudaoud27
Copyright
© © All Rights Reserved
Nous prenons très au sérieux les droits relatifs au contenu. Si vous pensez qu’il s’agit de votre contenu, signalez une atteinte au droit d’auteur ici.
Formats disponibles
Téléchargez aux formats PDF, TXT ou lisez en ligne sur Scribd
0% ont trouvé ce document utile (0 vote)
289 vues52 pages

Restauration Des Écosystèmes

Transféré par

djamilaboudaoud27
Copyright
© © All Rights Reserved
Nous prenons très au sérieux les droits relatifs au contenu. Si vous pensez qu’il s’agit de votre contenu, signalez une atteinte au droit d’auteur ici.
Formats disponibles
Téléchargez aux formats PDF, TXT ou lisez en ligne sur Scribd
Vous êtes sur la page 1/ 52

Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 1

République Algérienne Démocratique et Populaire


Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique
Université Batna -1-
Institut des sciences vétérinaires et des sciences agronomiques
Département des sciences agronomiques

Cours polycopié

Restauration des écosystèmes

Réalisé par Dr. Khellaf RABHI, maitre de conférences A


Destiné aux étudiants de Master 2 Sciences Forestières

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 2

Sommaire
Partie 1 : Introduction – problématique : ‘’pourquoi restaurer’’…………………………..4

1.1..Dégradation des écosystèmes…………………………………………………………4


A. Fragilité des écosystèmes…………………………………………………4
B. Divers services fournis……………………………………………………..5
C. Conséquences de la dégradation…………………………………………5

1.2..Notions générales relatives aux concepts de dynamique et de climax……………5


A. Climax, paraclimax, subclimax…………………………………………….5
B. Dynamique progressive…………………………………………………….6
C. Dynamique régressive………………………………………………………6

1.3..Comment arriver au rétablissement de l’écosystème dégradé ?..........................7


‘’L’homme peut-il refaire ce qu’il a défait’’
A. La dégradation inversée……………………………………………………7
B. La succession naturelle…………………………………………………….7
C. La pratique de la restauration……………………………………………...7

Partie 2 : Concepts théoriques et généralités…………………………………………………8

2.1..Définition (s) de la restauration………………………………………………………...8

2.2..Restauration, réhabilitation et réaffectation…………………………………………..8

2.3..Notion du seuil d’irréversibilité………………………………………………………..10

2.4..Démarche méthodologique de la restauration……………………………………...11


A. Etat de départ et état final………………………………………………...11
B. Définition du système de référence……………………………………..11
C. Suivie et évaluation………………………………………………………..13
D. Stratégie d’évaluation et établissement des indicateurs………………14

2.5..Caractéristiques de l’écosystème restauré…………………………………………15

2.6..Planification de la restauration……………………………………………………..17
A. Points obligatoires…………………………………………………………17
B. Différentes approches…………………………………………………….17
C. Etapes de mise en place d’un projet de restauration………………….18

2.7..Attributs vitaux de l’écosystème……………………………………………………...19


A. Définitions…………………………………………………………………19
B. Explication succincte……………………………………………………..19

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 3

Partie 3 : Exemples de restauration en milieux naturel……………………………………23

3.1..Restauration de la forêt et avec la forêt……………………………………………23


A. Amélioration des sols……………………………………………………...23
B. Recréer un massif forestier pionnier……………………………………..23
C. Restauration de la diversité biologique………………………………….24

3.2..Défense et restauration des sols (DRS) en Algérie………………………………26


A. Historique…………………………………………………………………...26
B. Quelques techniques de DRS……………………………………………27
C. Evaluation de l’expérience de la DRS en Algérie………………………29

3.3..Restauration des terrains de montagne (RTM) en France……………………….29


A. Objectif : Retour à l’état boisé…………………………………………….30
B. Les problèmes forestiers de la RTM……………………………………..31
C. La forêt de montagne et sa fonction……………………………………..31

Appendices……………………………………………………………………………………….....34
I.. Explication détaillée des attributs vitaux de l’écosystème……………………………………34
II.. Exemples (Schémas) de modèle de régressions/progression et étapes de restauration..39
III.. Présentation d’une plante antiérosive efficace pour la restauration des sols…………….42
IV.. Glossaire…………………………………………………………………………………………47

Références bibliographiques…………………………………………………………………….51

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 4

Partie 1 : introduction – problématique : ‘’Pourquoi restaurer’’

Dans la perspective du développement durable et en vue de construire plus spécifiquement


un environnement viable, les sciences des milieux naturels développent depuis peu des
approches qui concilient la restauration ou le maintien des processus et des fonctions
écologiques, de la biodiversité et de la productivité des écosystèmes avec des utilisations
économiques et sociales. Ces sciences contribuent à l’émergence d’une ingénierie
écologique qui traite de la conception, de la construction et du pilotage d’écosystèmes
durables devant contribuer à l’intégration de la société humaine avec son environnement
naturel, pour le bénéfice des deux.

Ce double objectif de durabilité implique la prise en compte des éléments écologiques,


environnementaux, sociaux et économiques qui interagissent de façon complexe à
différentes échelles spatio-temporelles.

Alors que les écosystèmes et leur bon fonctionnement constituent un enjeu non seulement
environnemental, mais aussi économique et social, ils ont subi et subissent des dégradations
et détériorations du fait des activités humaines et des aménagements réalisés. Plusieurs
approches existent pour rétablir un environnement naturel : soit en tentant de revenir à
l’écosystème tel qu’il était avant ces dégradations, soit en créant un nouvel écosystème
durable.

Ces approches sont plus ou moins complètes, leur point commun est la restauration
écologique.

La restauration écologique est un concept relativement nouveau, qui s’est fortement


développé ces vingt dernières années tant sur le plan théorique qu’au niveau des
applications concrètes sur le terrain. L’homme, qui hier détruisait sans réfléchir aux
conséquences, souhaite aujourd'hui réparer ces erreurs à travers le concept de restauration
écologique.

La plupart du temps, l’écosystème qui a besoin d’être restauré a été dégradé, endommagé,
transformé ou entièrement détruit, résultat direct ou indirect de l’activité humaine. Dans
certains cas, ces impacts sur les écosystèmes ont été causés ou aggravés par des
phénomènes naturels, tels que les incendies, les inondations, les tempêtes, à tel point que
l’écosystème ne peut retrouver son stade antérieur à la perturbation ou sa trajectoire
d’évolution historique.

1.1.. Dégradation des écosystèmes

A.. Fragilité des écosystèmes

Les écosystèmes sont des ensembles fragiles où la faune et la flore (qui constituent la
biocénose) sont en équilibre avec leur biotope (lieu de vie). L’augmentation de la population
humaine, le développement de l’industrie, de l’urbanisation et des transports, ainsi que la
surexploitation et les cultures peu diversifiées conduisent à la détérioration des
écosystèmes. Cette dégradation s’observe à différents niveaux. Selon une étude du
Programme des Nations Unies pour l’environnement, 40% de l’économie mondiale dépend

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 5

du bon fonctionnement des écosystèmes. Leur préservation et leur restauration sont donc
une nécessité.

B.. Divers services fournis

Les services d'auto-entretien, non directement utilisés par l'homme mais qui conditionnent
le bon fonctionnement des écosystèmes (recyclage des nutriments, production primaire),
Les services d'approvisionnement (ou de prélèvement), qui conduisent à des biens
appropriables (aliments, matériaux et fibres, eau douce, bioénergies, produits biochimiques
et pharmaceutiques),
Les services de régulation, c'est-à-dire la capacité à moduler dans un sens favorable à
l'homme des phénomènes comme le climat, l'occurrence et l'ampleur des maladies,
différents aspects du cycle de l'eau (crues, étiages, qualité physico-chimique, érosion), la
qualité de l'air, la pollinisation.
Des services culturels, à savoir l'utilisation des écosystèmes à des fins récréatives,
esthétiques et spirituelles.

C.. Conséquences de la dégradation

La dégradation est définie comme une diminution persistante de la capacité des


écosystèmes à fournir des services ou à assurer leur rôle.
La dégradation fait référence à des changements subtils ou graduels qui réduisent l’intégrité
et la santé écologique. Le dommage fait référence à des changements importants et
manifestes dans un écosystème. Un écosystème est détruit lorsque la dégradation ou le
dommage supprime toute vie macroscopique et généralement abîme l’environnement
physique. Les conséquences peuvent se résumer dans les points suivants :

− La perte d’espèces et les gains relatifs ;


− La colonisation par des espèces envahissantes ;
− La simplification de la structure communautaire ;
− Les changements microclimatiques ;
− Les changements dans la distribution de la fréquence des formes de vie ;
− Les pertes des propriétés bénéfiques du sol ;
− L’altération du régime d’humidité.

1.2.. Notions générales relatives aux concepts de dynamique et de climax

Après l’abandon d’une culture, un incendie, une coupe rase, le paysage se transforme. Sauf
intervention humaine, il se produit, de stade en stade, une succession d’associations
végétales aboutissant à la reconstitution de l’écosystème caractéristique de la zone
climatique concernée. On a donc une évolution ordonnée et prévisible. On peut prévoir,
lorsqu’on a suffisamment étudié ces phénomènes, la composition floristique, voire
faunistique, des différents stades de colonisation ainsi que celle du stade final.

Le climax
Le climax est le stade final de végétation. Il est le plus souvent forestier et est considéré
comme stable tant au point de vue de la composition floristique que de la structure (ces
notions sont parfois discutables). La végétation climacique est en accord avec le milieu
physico-chimique (climat régional, substrat...).

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 6

Le subclimax
On peut à la suite de l’intervention humaine notamment, ne pas atteindre le climax en un lieu
donné et rester à un stade d’évolution intermédiaire. Ce stade d’évolution intermédiaire, s’il
est plus ou moins stable dans le temps, prend le nom de subclimax. Ce n’est pas réellement
un climax, mais il en joue provisoirement le rôle. L’évolution peut être bloquée parfois à ce
stade par dégradation du milieu.

Le paraclimax
L’activité humaine peut également modifier les évolutions naturelles de telle façon que la
succession végétale théorique d’un milieu soit remplacée par une autre. On obtient alors un
paraclimax et non un climax.

Série de végétation
Une série de végétation est l’ensemble des
communautés végétales qui vont se succéder jusqu’à
l’apparition du climax. Le climax est le dernier élément
d’une série de végétation. On nomme le plus souvent
une série de végétation par le nom du climax
correspondant (par exemple, série du Chêne vert).

Evolution progressive
Une évolution naturelle qui aboutit au climax est dite
progressive. C’est elle qui se produit sans intervention
de l’homme. La figure ci-contre montre un exemple
d’évolution de la végétation à 1500 mètres d’altitude
(Fischesser et Dupuis-Tate, 1996). D'autres exemples
sont présentés schématiquement dans l'annexe II.

Evolution régressive
Une évolution est dite régressive, quand un phénomène naturel ou anthropique intervient
pour reconduire une végétation vers des stades antérieurs. La dégradation anthropique d’un
sol peut être un facteur grave d’évolution régressive et le processus est même parfois
irréversible.
On peut citer comme exemple d’évolution régressive la dégradation de la forêt de Chêne vert
en garrigue en zone méditerranéenne. Une garrigue à Chêne kermès, sur calcaire compact
peut se stabiliser dans le temps et former un paraclimax.
Ces notions sont schématisées dans la figure ci-dessous.

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 7

1.3.. Comment arriver au rétablissement de l’écosystème dégradé ?


‘’L’homme peut-il refaire ce qu’il a défait’’

A.. La dégradation inversée

Un rétablissement d’écosystème est parfois décrit comme étant une dégradation inversée.
Avec l’intervention d’un praticien, un écosystème dégradé suit une succession naturelle qui
lui permet de revenir à son stade originel, recouvrant sa composition et sa structure
communautaire, ses fonctions et processus écologiques revenant à la normalité.

B.. La succession naturelle

Autre approche de la restauration, la succession naturelle (ou succession biologique,


succession écologique ou simplement succession) a été définie de nombreuses façons. La
théorie de la succession suppose aussi l’existence d’une forte régulation interne et d’une
rétroaction des processus de l’écosystème, dans lesquels un processus en renforce un autre
de manière synchrone. La régulation peut être imposée par des conditions climatiques
sévères (par exemple, un gel hivernal prolongé). La théorie de la succession s’applique
aussi aux environnements qui favorisent les espèces compétitrices (comme dans les
grandes forêts tempérées).

C.. La pratique de la restauration

Certains écosystèmes peuvent être restaurés conformément à la théorie de l’équilibre unique


de la succession et du modèle de restauration de « dégradation inversée ». Il s’agit de cas
où la détérioration est faible et ne requiert que peu ou pas de réparation des conditions
abiotiques du site, ou bien de cas où les environnements sont particulièrement rudes (haute
montagne de zones tempérées par exemple) où la diversité végétale est faible. Certains
systèmes peuvent être directement restaurés conformément à la théorie de la composition
floristique initiale : des marais ou des zones humides peuvent ainsi être restaurés en
quelques années dans de bonnes conditions.
Pour les autres écosystèmes, le processus est long (décennies ou siècles) entre le moment
où ils retrouvent, grâce à la restauration, leur capacité à s’auto-organiser, et le moment où ils
atteignent le stade de maturité écologique de leur système cible.

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 8

Partie 2 : Concepts théoriques et généralités

2.1.. Définition(s) de la restauration

Sensu stricto
La Society for EcologicaL Restoration (SER) définit la restauration comme "la transformation
intentionnelle d'un milieu pour y rétablir l'écosystème considéré comme indigène et
historique. Le but de cette intervention est de revenir à la structure, la diversité et la
dynamique de cet écosystème".

Sensu lato
vise simplement à stopper la dégradation et à remettre un écosystème dégradé, mais
présentant encore un niveau suffisant de résilience, sur la trajectoire dynamique sensée être
la sienne avant la perturbation.

Autres définitions (encadrés 1&2)

(1) La restauration écologique est une action qui initie ou accélère l’autoréparation d’un
écosystème en respectant sa santé, son intégrité et sa gestion durable.

(2) La restauration écologique est un procédé qui permet d’assister le rétablissement d’un
écosystème qui a été dégradé, endommagé ou détruit (Aronson et al., 1993 ; WWF,
2004). Il s’agit de rechercher à remettre dans un état initial défini, considéré comme
naturel un système ayant subi une perturbation.

Encadré 1 : Restauration écologique et écologie de la restauration


La restauration écologique est la pratique de restaurer les écosystèmes, faite par les
praticiens des projets spécifiques, tandis que l’écologie de la restauration est la science
sur laquelle se base la pratique. L’écologie de la restauration fournit idéalement des
concepts clairs, des modèles, des méthodologies et des règles pour les praticiens.

Encadré 2 : Restauration active et passive


La restauration peut donc englober deux notions : la restauration active entreprise par
l’homme pour obtenir des résultats plus rapidement et la restauration passive liée aux
capacités naturelles de l’écosystème à retourner à des conditions initiales.

2.2.. Restauration, réhabilitation et réaffectation

Lorsque la pression exercée sur un écosystème a été trop intense, ou trop longtemps
maintenue, celui-ci est alors susceptible de ne plus présenter de capacité dynamique
suffisante pour que la seule diminution de la pression humaine lui permette de "se restaurer",
c'est-à-dire de revenir à ce qui constituait son état antérieur. La dynamique est alors nulle ou
est interrompue et bloquée à un niveau ou sur une trajectoire différente de devenue celle de
l'écosystème de référence. Une intervention humaine forte est alors nécessaire. Lorsque la
pression exercée sur un écosystème a été trop intense, ou trop longtemps maintenue, celui-
ci est alors susceptible de ne plus présenter de capacité dynamique suffisante pour que la
seule diminution de la pression humaine lui permette de "se restaurer", c'est-à-dire de
revenir à ce qui constituait son état antérieur. La dynamique est alors devenue nulle ou est
interrompue et bloquée à un niveau ou sur une trajectoire différente de celle de l'écosystème
de référence. Une intervention humaine forte est alors nécessaire pour faire évoluer

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 9

l'écosystème, soit en replaçant l'écosystème sur une trajectoire favorable (réhabilitation), soit
en le transformant pour un nouvel usage (réaffectation).
Voir le schéma ci-dessous.

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 10

Un exemple montrant les différentes trajectoires de la restauration pour le cas de la forêt


boréale est présenté dans le schéma ci-dessous.

2.3.. Notion de seuil d’irréversibilité

Le concept de " seuil " dans les changements environnementaux est bien établi en écologie
(Le Floc'h & Aronson, 1995). Les auteurs rappellent que dans le cas de disparition de la
cause de leur dégradation, la plupart des écosystèmes ne peuvent revenir à un état
antérieur, lorsqu'ils ont franchi un certain seuil (disparition génétique, changements
climatiques, érosion du sol et disparition des habitats) (Vallauri, 2000).
II est donc essentiel dans le cas d'une étude portant sur les indicateurs écologiques de tenter
d'établir, pour les indicateurs choisis, les valeurs des seuils de passage d'un état de
dégradation à l'autre, ainsi que le seuil d'irréversibilité. En pratique, une fois les descripteurs
(indicateurs potentiels) élaborées, il faut tenter de déterminer quels sont les paliers
repérables marquant les étapes d'une séquence dans l'évolution de la situation et la gravité
des phénomènes.
Cette dernière étape essentielle permettra de valider définitivement les descripteurs en tant
qu'indicateurs. Il est possible de définir trois types d'indicateurs en fonction du seuil retenu :

1. Indicateur d'alerte, signalant l'avancée du phénomène et la nécessité de le freiner. Dans


ce cas, la restauration passive est privilégiée ;

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 11

2. Indicateur d'alarme, qui sous-tend que la restauration sera longue et/ou la réhabilitation
coûteuse à mettre en œuvre ;
3. Indicateur d'urgence, perturbations prolongées et répétitives. Dans ce cas, la
réaffectation est préconisée.

Exemple 1 : désertification et désertisation


o Alerte : apparition d’espèces indicatrice de la désertification (Stippa tenecissima)
o Alarme : diminution de la couverture végétale et apparition d’espèces indicatrice de
surpâturage (Piganum harmala).
o Urgence : disparition du sol ; désertisation et ensablement.

Exemple 2 : dépérissement de la cédraie du Belezma


o Alerte : chute de la croissance ; jaunissement des aiguilles
o Alarme : mortalité des sujets jeunes
o Urgence : mortalité à grande échelle ; dominance des espèces accompagnatrices

2.4..Démarches méthodologiques de la restauration

L’écologie de la restauration représente une interface importante entre l’écologie de la


conservation et le développement durable. Il s’agit d’entreprendre des interventions à long
terme, afin d’affiner, d'une part, une méthodologie adéquate de suivi et d’évaluation des
réponses des écosystèmes aux tentatives de restauration et, d'autre part, une meilleure
capacité de prédiction.
La restauration est donc une démarche en plusieurs étapes
(i) Analyse de l’état de départ avant perturbation,
(ii) Caractéristiques de l’état final (ou actuel) et
(iii) Définition du système de référence.
(iv) Le suivi-évaluation de la restauration (nécessite un certain nombre de descripteurs ou
d’indicateurs).

A.. Etat de départ et état final (actuel)

Suivre la dynamique de la végétation dans le sens d’estimer le degré du rétablissement


nécessite une combinaison de connaissances sur la structure préexistante de l’écosystème
endommagé, sa composition et son fonctionnement. L’analyse de l’état de départ doit donc
permettre d’améliorer la connaissance de l’écosystème de départ avant toute intervention
afin de conforter les constats préalables et de mieux cerner les objectifs de l’action
restauratrice. L’état actuel reflète les résultats de cette entreprise.

B.. Définition du système de référence

Dans le but de décrire une expérimentation et d'en permettre l'évaluation, il est souhaitable
de disposer dès le départ d'une norme de comparaison et d'évaluation, même si elle est en
partie arbitraire. Cette norme nous la dénommons "écosystème de référence". Dans la
restauration sensu stricto, il s'agit normalement de ce que le SER désigne par "écosystème
historique indigène", mais dans les opérations de restauration sensu Lato et de réhabilitation
(et bien entendu de réaffectation), il peut s'agir de quelque chose de différent en fonction de

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 12

l'état d'avancement de la dégradation ainsi que des besoins des propriétaires ou des
populations locales.

L’évaluation de l’atteinte de résultats escomptés requiert une mise en place d’un système de
référence. Cette étape consiste à définir l’état souhaitable choisi parmi plusieurs états
alternatifs, possibles et accessibles (Le Floc’h & Aronson, 1995). Le choix d’un système de
référence est fonction de l’état des ressources de l’écosystème et des usages qu’on aimerait
adopter. Il doit tenir compte des avantages que l’on espère rétablir, écologiques, touristiques
ou socio-économiques. Cette étape permet de choisir le type d’intervention (active ou
passive) compte tenue des objectifs que l’on s’est fixés.
Cet état de référence doit être identifié afin de (i) caractériser la cible (écosystème originel ou
choisi) par sa composition, sa structure et son fonctionnement, par rapport à l'existant, (ii)
déterminer les facteurs de la dégradation ou transformation, (iii) définir ce qui doit être fait
pour restaurer, réhabiliter ou rajeunir l'écosystème et (iv) choisir les critères ou indicateurs à
mesurer pour évaluer le succès des traitements ou expérimentations entreprises (encadré
3).
Cet état de référence est alors idéalement l'état dans lequel se trouvait l'habitat avant qu'il
soit modifié directement (destruction et prélèvements) ou indirectement (invasions
biologiques) par l'homme. Cet état idéal est souvent difficile voire impossible à atteindre si
l'écosystème a subi des dommages irréversibles comme l’extinction de certaines espèces et
la modification profonde du sol. De plus, l'état originel dans lequel se trouvait l'écosystème
est généralement très difficile à déterminer par manque de données historiques fiables et
quantitatives sur leur composition, leur structure et leur dynamique. Cependant, dans
certains cas, l'état idéal peut être défini grâce à la proximité d'écosystèmes similaires pas ou
très peu modifiés par l'homme
Encadré 3 : La référence n’est pas unique
A titre indicatif, on peut choisir comme Les écosystèmes sont complexes et pas deux
référence les écosystèmes reflétant la écosystèmes intacts ne se ressemblent, même
structure, la composition et le étudiés à une fine résolution. Pour cette raison,
fonctionnement du noyau des aires aucun écosystème restauré sur un site de projet
protégées prospectées, lequel est resté ne peut être identique à une seule référence.
relativement intact au cours du temps. Ces
écosystèmes pourraient donc constituer l’état final de ce qui devrait être le résultat de l’action
restauratrice (encadré 4).

Un écosystème de référence ou référence sert de modèle pour la planification d’un projet de


restauration et ensuite pour son évaluation. Dans sa forme la plus simple, la référence est un
site réel, sa description écrite ou les deux. Les sources d’information qui peuvent être
utilisées dans la description de la référence comprennent :

 Les descriptions écologiques, les listes d’espèces et les cartes du site du projet
antérieures aux dégradations ;

 Les photographies aériennes anciennes et récentes et celles au niveau du sol ;

 Les vestiges du site qui restent à restaurer, indiquant les conditions physiques et le
biote antérieurs ;

 Les descriptions écologiques et les listes d’espèces d’écosystèmes similaires intacts ;

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 13

 Les spécimens des herbiers et les musées ;

 Les comptes rendus historiques et les histoires orales de personnes familières avec
le site du projet antérieur aux dégradations ;

 Les données paléo-écologiques, comme les pollens de fossiles, les charbons,


l’histoire des cernes des arbres, les fumiers de rongeurs.

Encadré 4 : Stade alternatif stable ~ Ecosystème référence


Il est souvent accepté, si la dégradation n'a pas été trop intense, qu'un retour à un stade
semblable au stade "historique" reste possible si l'on supprime les causes anthropiques de
cette dégradation (feux intentionnels, coupe à blanc, surpâturage, etc.) et que l'on permet aux
processus naturels de faire leur œuvre. Cette possibilité reste peu fréquente en zones aride et
semi-aride, où il semble plus raisonnable de choisir de retourner à un stade intermédiaire, à
un stade alternatif stable ou encore métastable, qui puisse être atteint et maintenu sous un
niveau de perturbation anthropique relativement faible mais éventuellement persistant. Ceci
implique que de nouvelles attitudes et pratiques, concernant en tout premier lieu les
meilleures techniques d'aménagement, soient inculquées aux populations locales. Bien
entendu, certaines perturbations peuvent apparaître, même en l'absence de l'homme; c'est le
cas par exemple des feux spontanés, des ouragans, des éruptions volcaniques, des
épidémies, mais ces phénomènes semblent être rares en zones aride et semi-aride.

C.. Suivie et évaluation (établissement des descripteurs ou indicateurs)

La définition de l'état de référence permet d'orienter les travaux et les pratiques, mais
également de déterminer des indicateurs qui serviront à évaluer les résultats de la trajectoire
adoptée. Un écosystème restauré contient un ensemble caractéristique d’espèces de
l’écosystème de référence qui procure une structure communautaire appropriée. En effet, un
écosystème restauré devrait finalement imiter les attributs de la référence. Cette dernière
représente un point d’évolution avancé qui se situe quelque part le long de la trajectoire de
restauration attendue. Un écosystème restauré fournit l’ensemble de services écologiques,
socio-économiques, culturels et touristiques de l’écosystème de référence.
Pour mesurer l’existence de ces différents services, il convient d’envisager une méthodologie
qui intègre la mesure des changements et qui permet de distinguer les apports des
manipulations de celles des évolutions naturelles ou sous influence de facteurs anthropiques
externes au site. Il convient ainsi d’établir un certain nombre d’indicateurs. Ces derniers
doivent être pertinents et relativement simples pour être efficaces et facilement mesurables.

Les indicateurs définis pour un projet de restauration doivent être complémentaires et fournir
aux gestionnaires un bon tableau de bord pour leur permettre un suivi de gestion durable à
l’échelle spatio-temporelle (Chauvin & Valllauri, 2002). Plusieurs scientifiques préconisent
d'utiliser des indicateurs liés à la biodiversité, bien qu'ils soient conscients de la nécessité de
développer également des indicateurs socio-économiques.
La richesse spécifique est l'indice de diversité le plus souvent utilisé, car il est généralement
simple à récolter et facile à manipuler. Cependant, il ne s'agit pas d'un indice suffisant pour
analyser le fonctionnement d'un écosystème. Rappelons tout de même l'hypothèse qui
prévoit qu'une augmentation de la richesse spécifique conduit à une plus grande stabilité de
l'écosystème.

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 14

Hormis la richesse et la diversité spécifique, les indicateurs les plus couramment utilisés sont
l'abondance de toutes ou d'une partie des espèces présentes, leur degré de rareté, la
superficie de l'habitat, le degré de naturalité ou de représentativité des espèces ou des
communautés, la phytomasse, la β diversité, les spectres des formes de vie, la biomasse
microbienne, les groupes fonctionnels d’espèces, ainsi que diverses caractéristiques liées
aux usages (valeur touristique ou culturelle et halieutique) (Aronson et al., 1993 ; Chauvin &
Valllauri, 2002).
D'autres auteurs ont retenu comme indicateurs le spectre des traits biologiques, les
groupements végétaux, la dominance des différentes formes de vie (herbacées annuelles,
bisannuelles et pérennes, les arbustes et les arbres) et le degré de naturalité par rapport aux
écosystèmes de référence. Le Tableau ci dessous donne un exemple d’indicateurs
potentiels et mesurables retenus pour assurer le suivi du processus de la restauration
écologique des stations de quatre aires protégées du Burundi.

Caractéristiques Indicateur potentiel et mesurable

Diversité floristique
Physionomie et structure Groupements végétaux
Spectre des formes de vie et des types foliaires

Colonisation et dispersion Spectre des types de diaspores

Spectre des types phytogéographiques


Naturalité et maturité Proportion d'espèces endémiques

Représentativité Proportion d'espèces indigènes

Invasion biologique Proportion d'espèces exotiques

Persistance de perturbations Proportion d'espèces pyrophiles


Proportions de graminées pérennes
Proportion d'adventices

Le suivi permet de réaliser une évaluation de l’action restauratrice et d'adopter les mesures
correctives nécessaires pour atteindre l'objectif fixé. L'évaluation d'une action de restauration
peut conduire à deux grands types de constats : confirmation de la réussite de la
restauration ou blocage du processus.
La confirmation peut être partielle et cela signifie que l’écosystème actuel a atteint un stade
intermédiaire plus avancé. Dans ce cas, on dira que l’écosystème a été réhabilité.
Dans le cas de blocage du processus, il convient de définir certaines modalités d'intervention
pouvant remettre la succession sur la trajectoire de restauration. On peut également
conclure que l’écosystème qu’il a déjà dépassé le seul d’irréversibilité et recourir à une
simple réaffectation ou réallocation l’écosystème à d’autres usages (Aronson et al., 1993).

D.. Stratégie d’évaluation

Deux questions fondamentales doivent se poser vis-à-vis de l’évaluation de l’écosystème


restauré :
1. Est-ce que les objectifs ont été accomplis ?

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 15

2. Est-ce que les buts ont été atteints ?

Les réponses à ses deux questions ne sont valides que si les buts et objectifs ont été fixés
avant la réalisation des travaux du projet de restauration.
Encadré 5 : But et objectif
Trois stratégies existent pour mener une évaluation : Les buts sont des idéaux et les
1. La comparaison directe ; objectifs des mesures concrètes
2. L’analyse des attributs ; prises pour atteindre ces buts. Les
3. L’analyse de la trajectoire. buts sont atteints en poursuivant
des objectifs spécifiques.
Dans la comparaison directe, les paramètres sélectionnés sont déterminés ou mesurés dans
la référence et sur les sites de restauration. Si la description de la référence est minutieuse,
20 à 30 paramètres peuvent ainsi être comparés, incluant à la fois les aspects du biote et de
l’environnement abiotique. Cela peut rendre l’interprétation ambigüe quand les résultats de
certaines comparaisons sont proches et d’autres non. La question se pose – combien de
paramètres doivent avoir les mêmes valeurs et à quel point ces valeurs doivent-elles être
proches pour que les buts de la restauration soient atteints ? L’approche la plus satisfaisante
serait de sélectionner soigneusement une suite cohérente de traits qui décrivent
collectivement un écosystème complètement mais aussi succinctement.
Dans l’analyse des attributs, les attributs sont évalués selon les caractéristiques de
l’écosystème restauré (§ 2.5). Dans cette stratégie, les données quantitatives et semi-
quantitatives du suivi et d’autres inventaires sont utiles pour juger du degré selon lequel
chaque but a été atteint.
L’analyse de la trajectoire est une stratégie prometteuse, encore peu développée, pour
interpréter de nombreux jeux de données comparatives. Dans cette stratégie, les données
collectées périodiquement sur le site de restauration sont analysées pour déterminer les
tendances. Celles qui mènent vers la condition de référence confirment que la restauration
suit sa trajectoire attendue.
Les évaluations incluent celles de tous les buts et objectifs fixés se rapportant aux aspects
culturel, économique ou social. Pour cela, les techniques d’évaluation doivent inclure celles
des sciences sociales. L’évaluation des buts socio-économiques est importante pour les
décideurs et par la suite pour les responsables politiques qui décident d’autoriser et de
financer ou non les projets de restauration.

2.5.. Caractéristiques de l’écosystème restauré

Cette partie répond à la question : que signifie le « rétablissement » en restauration


écologique. Un écosystème s’est rétabli – et est restauré – lorsqu’il possède suffisamment
de ressources biotiques et abiotiques pour continuer son développement sans assistance ni
subvention. Il se maintiendra lui-même structurellement et fonctionnellement. Il sera résilient
face à des niveaux normaux de stress et de perturbations environnementales. Il interagira
avec les écosystèmes contigus en termes de flux biotiques et abiotiques et d’interactions
culturelles.
Les neufs attributs listés ci-dessous fournissent une base pour déterminer si la restauration a
été réalisée. Néanmoins, tous ces attributs n’ont pas besoin d’être exprimés.

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 16

1. L’écosystème restauré contient un ensemble caractéristique d’espèces de


l’écosystème de référence qui procure une structure communautaire appropriée.

2. L’écosystème restauré est constitué pour la plupart d’espèces indigènes. Dans les
écosystèmes culturels restaurés, des concessions peuvent être faites pour des
espèces exotiques domestiquées et pour des espèces rudérales et ségétales non
invasives ayant vraisemblablement coévolué avec elles. Les rudérales sont des
plantes qui colonisent les sites perturbés tandis que les ségétales poussent
typiquement en association avec des cultures.

3. Tous les groupes fonctionnels nécessaires à l’évolution et/ou à la stabilité de


l’écosystème restauré sont représentés ou, s’ils ne le sont pas, les groupes
manquant ont la capacité à le coloniser naturellement.

4. L’environnement physique de l’écosystème restauré est capable de maintenir des


populations reproductrices d’espèces nécessaires à sa stabilité ou à son évolution le
long de la trajectoire désirée.

5. L’écosystème restauré fonctionne en apparence normalement lors de sa phase


écologique de développement et les signes de dysfonctionnement sont absents.

6. L’écosystème restauré est intégré comme il convient dans une matrice écologique
plus large ou un paysage, avec qui il interagit par des flux et des échanges biotiques
et abiotiques.

7. Les menaces potentielles du paysage alentour sur la santé et l’intégrité de


l’écosystème restauré ont été éliminées ou réduites autant que possible.

8. L’écosystème restauré est suffisamment résilient pour faire face à des évènements
normaux de stress périodiques de l’environnement local, ce qui sert à maintenir
l’intégrité de l’écosystème.

9. L’écosystème restauré se maintient lui-même au même degré que son écosystème


de référence et a la capacité à persister indéfiniment sous les conditions
environnementales existantes. Cependant, les aspects de sa biodiversité, de sa
structure et de son fonctionnement peuvent changer au cours de l’évolution normale
de l’écosystème et peuvent fluctuer en réponse à des évènements normaux de stress
périodiques et à des perturbations occasionnelles de plus grande importance.
Comme dans n’importe quel écosystème intact, la composition spécifique ainsi que
les autres attributs d’un écosystème restauré peuvent évoluer si les conditions
environnementales changent.

D’autres attributs sont pertinents et devraient être ajoutés à cette liste s’ils sont identifiés
comme étant des buts du projet de restauration. Par exemple :
- Objectif socioéconomique : un des buts de la restauration pourrait être de fournir
durablement des biens et des services naturels spécifiques pour le bénéfice social. A

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 17

cet effet, l’écosystème restauré sert de capital naturel pour le compte de ces biens et
services.
- Objectif de protection : procurer un habitat pour des espèces rares ou d’abriter un
pool génétique varié d’espèces sélectionnées.

2.6.. Planification de la Restauration

A.. Points à prendre en compte (obligatoirement)

1. Les plans pour les projets de restauration comprennent, au minimum, les points
suivants :

2. Un raisonnement clair sur la nécessité de la restauration ;

3. Une description écologique du site désigné pour la restauration ;

4. Une énonciation des buts et des objectifs du projet de restauration (encadré 5);

5. Une désignation et une description de la référence ;

6. Une explication sur l’intégration de la restauration au paysage et à ses flux


d’organismes et de matériaux ;

7. Des plans explicites, des calendriers et des budgets pour la préparation du site, les
activités d’installation et de mise en route, incluant une stratégie pour faire de
promptes corrections à mi-parcours ;

8. Des standards de performance (encadré 6) bien développés et explicitement établis,


avec des protocoles de suivi grâce auxquels le projet peut être évalué ;

9. Des stratégies pour une protection et un maintien à long terme de l’écosystème


restauré.

Encadré 6 : standards de performance ~ buts / objectifs


Les objectifs sont évalués sur la base de Standards de performance, aussi connus comme
critères d’intention ou critères de succès. Ces standards ou critères sont conçus en large partie
à partir de la compréhension de l’écosystème de référence. Les standards de performance
offrent une base empirique pour déterminer si oui ou non les objectifs du projet ont été atteints.
Les objectifs, les standards de performance et les protocoles pour le suivi et pour l’évaluation
de données doivent être incorporés dans les plans de restauration avant le début du projet.
Il est vrai que les buts du projet sont, ou seront vite, atteints une fois que les objectifs sont
remplis. La validité de cette hypothèse n’est pas garantie lorsque les objectifs et les standards
de performance qui ont été désignés se révèlent inadaptés, et les vicissitudes
environnementales non anticipées peuvent faire dévier la trajectoire de la restauration.

B.. Approches participant à la définition d’un projet de restauration

L’écologie de la restauration cherche à concilier des approches spécialisées qui se sont, par
le passé, souvent opposées. En effet, au-delà des approches classiques, soit techniques,

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 18

soit écosystémiques, l’écologie de la restauration élargit aussi son champ aux sciences
sociales. Les approches socioéconomiques et culturelles participent à l’évaluation de la
demande sociale (besoin de protection, perception des dégradations), alors que les
approches techniques et écologiques définissent en quelque sorte l’offre possible en matière
de restauration d’écosystèmes. Le tableau ci-dessous illustre cette complémentarité des
approches à partir de l’exemple de la RTM dans les Alpes du Sud.

Approche technique Approche écologique Approche socio- Approche culturelle


économique
• lutter contre • remettre le système sur • optimiser l’impact de • recherche d’une harmonie
l’érosion une trajectoire d’évolution l’érosion sur l’économie entre l’homme et la
progressive • maintenir le potentiel de nature
• établir un écosystème production et améliorer à • équilibre agriculture/
Objectifs considéré comme moindre coût la fertilité sylviculture/environnement
indigène des compatible avec le
et historique sols développement
durable des
zones de montagnes
• arrêter l’exploitation • recréer l’écosystème • concertation et • perceptions des dégradations
des objectif de la restauration confrontation par les différents
terrains dégradés • utiliser la dynamique au des intérêts des acteurs et souhaits de
Données • petit génie civil profit de la restauration différents restauration
du projet • choix des espèces • lever les seuils de acteurs • recréer un paysage où
pour blocage l’artificialisation induite par
la revégétalisation ou d’irréversibilité les travaux de réhabilitation
est perçue au mieux

• réduire l’érosion • viabilité à long terme de • bilan économique • maintien d’une activité
• taux de couverture l’écosystème restauré intégré traditionnelle dans les
Critères de la • groupes de critères à du territoire restauré montagnes
de végétation apprécier à chaque dans le cadre régional • perception des éléments
réussite • maintenir la échelle • niveau d’envasement de la nature restaurée
protection d’espace et de temps : des (paysages, usages du
sans interruption structure, diversité, retenues sur la Durance pays)
fonctionnement • indicateurs socio-
économiques
• suivi des ouvrages, • bonne adaptation de • insertion des forêts de • garder la mémoire du
bilans l’écosystème restauré au protection dans le risque ou de la sensibilité
techniques et milieu (sensibilité des développement des milieux à l’érosion
Éléments forestiers parasites, local
pour une réguliers évolution des sols,
gestion • zonage des diversité des espèces et
durable contraintes des structures)
à l’aménagement • résistance et résilience
forestier de l’écosystème à la
• stabilité des perturbation
peuplements

C.. Etapes de mise en place d'un projet de restauration

Exemple: restauration des espaces érodés en Alpes du sud (France)

ACTE 1. Phase de prise de conscience (1797-1860)


 Les causes de la dégradation des terrains en montagne
 Comment arrêter la dégradation des terrains?
 Est-il utopique de vouloir restaurer la végétation
 Création ou re-création : quelles références ?
ACTE 2. Phase de réhabilitation des terrains (1860-1930)
 Objectif et optimisation des travaux
 Les travaux préalables et préparatoires au reboisement
 Le choix des végétaux pour la réhabilitation

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 19

 Les techniques de boisement et de végétalisation

ACTE 3. Phase d’accompagnement des écosystèmes réhabilités (1930-2030)


 Un accompagnement de la restauration négligé… des problèmes nouveaux
 Diversité et structure de l’écosystème objectif ?
 Intégrer l’hétérogénéité et la dynamique des stations

2.7.. Attributs vitaux de l'écosystème (AVE)

A.. Définition : les caractéristiques qui sont corrélées et peuvent servir d'indicateurs de la
structure et du fonctionnement d'un écosystème. Ci-dessous les attributs les plus cités.

1) richesse floristique en espèces pérennes,


2) richesse floristique en espèces annuelles,
3) spectre biologique,
4) diversités alpha et bêta des végétaux et des animaux,
5) recouvrement total de la végétation,
6) phytomasse aérienne sur pied,
7) productivité de la biomasse,
8) présence et activité des espèces clés de voûte (végétales et/ou animales),
9) stock de graines viables dans le sol,
10) état de la surface du sol,
11) coefficient d'infiltration des pluies,
12) coefficient d'efficacité des pluies,
13) réserve maximale en eau disponible,
14) durée de disponibilité en eau du sol,
15) matière organique du sol,
16) capacité d'échange cationique,
17) efficacité d'utilisation de l'azote,
18) indices des cycles des matériaux,
19) abondance relative de mésofaune détritivore,
20) infectivité potentielle par les rhizobiums,
21) infectivité potentielle par les mycorrhizes.

Ces attributs peuvent de plus être regroupés en thèmes axés sur plusieurs aspects :
- La diversité végétale ;
-La phytomasse ;
-Les relations plante-sol-eau ;
-Qualifiant la structure de l’écosystème ;
-Qualifiant le fonctionnement de l’écosystème.

B.. Explication succincte des AVE (l’explication détaillée en annexe I)

1 - La richesse floristique en espèces pérennes (AVE 1) et en espèces annuelles (AVE 2) est


relativement facile à obtenir par la répétition de relevés. Combinées, elles sont révélatrices
de différences de structure entre les diverses phases de succession d'un écosystème. Les

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 20

pérennes paraissent occuper une position dominante dans la plupart des écosystèmes
terrestres et aquatiques en conditions relativement stables.

2 - Le spectre biologique (AVE 3) est un indicateur supplémentaire et particulièrement


important de la structure de l'écosystème ainsi que, probablement, de son fonctionnement.
Comme pour la diversité béta, la variabilité du spectre biologique d'un écosystème décroît
habituellement quand croît son niveau de dégradation. Ce type d'attribut peut en particulier
être utilisé pour comparer différents états de formations végétales originellement de même
type.

3 - La diversité béta (AVE 4) est définie comme étant "l'importance du remplacement des
espèces ou des changements biotiques le long de gradients environnementaux". Des
travaux ont prouvé l'importance de la détermination de la diversité béta en plus de la
diversité alpha (nombre d'espèces dans une communauté) comme composante de la
diversité totale. Il existe une corrélation positive entre la diversité et les changements de
composition spécifique dans la communauté végétale perturbée par la sécheresse.

4 - Le recouvrement total de la végétation (AVE 5) est un bon intégrateur des AVE 1 et 2


mais il peut varier significativement dans l'année et d'une année à l'autre en fonction en
particulier du régime pluviométrique. Dans certaines situations, telles que les savanes
sahéliennes, le recouvrement végétal total est un des indicateurs les plus utiles. Cependant,
le recouvrement végétal seul, ou même combiné avec la richesse spécifique, ne signifie pas
grand-chose par rapport à la productivité de l'écosystème. Il existe deux attributs corollaires
importants qui sont, d'une part, la phytomasse aérienne totale (AVE 6) (en kg de matière
sèche par unité de surface) mesurée à la fin de la principale saison de croissance et, d'autre
part, la productivité qui sera décrite ci-après.

5 - La productivité de la biomasse (AVE 7) (kg de biomasse ha-1an-1) complémentaire du


recouvrement total est intéressante à prendre en compte dans les projets de réhabilitation.
Cet indicateur ne peut cependant pas fournir la totalité des informations requises par un
gestionnaire d'écosystèmes et ce malgré la généralisation de Margalef selon laquelle le
quotient de la biomasse sur pied par la productivité annuelle croît quand croît la maturité d'un
écosystème.

6 - Présence et activité des espèces clef de voûte (AVE 8). On se réfère ici à la définition
donnée dans le paragraphe relatif à la terminologie de base. Étant donné l'évidence de plus
en plus marquée de l'importance des légumineuses pérennes fixatrices d'azote dans les
écosystèmes non perturbés des zones aride et semi-aride, ainsi que dans les stades
alternatifs stables des régions sous climat méditerranéen et des savanes, nous présumons
que les légumineuses pérennes fixatrices d'azote sont à compter parmi les espèces clef de
voûte de nombreux écosystèmes.

7 - Le stock de graines viables du sol (AVE 9) est considéré comme étant un attribut de
grande utilité. L'absence des semences de certaines espèces «clef de voûte» dans le stock
de graines viables du sol peut servir de critère de base pour déterminer si la seule mise en
défens est susceptible de permettre une restauration. En cas d'absence de ces semences, il

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 21

est nécessaire de recourir à la réhabilitation par, en particulier, réintroduction de matériel


végétal.

8 - L'état de la surface du sol (AVE 10) permet en particulier de présager de l'importance de


l'infiltration, du ruissellement et des facteurs de l'érosion dans les zones aride et semi-aride.
Cet attribut devient de plus grande importance encore dans les situations où le recours à la
télédétection est possible. Sur le terrain, il est nécessaire de bien définir les aspects
particuliers les plus primordiaux à observer (pellicule de battance, encroûtement, etc.). Il faut
également noter les interrelations entre cet attribut et ceux déjà cités "stock de graines",
"coefficient d'infiltration de la pluie" et "coefficient d'efficacité de la pluie". Casenave et
Valentin (1989) ont proposé une première clef de détermination des types élémentaires de
surface de sol des zones aride et semi-aride.

9 - Le coefficient d'infiltration des pluies (AVE 11), qui est défini comme étant la quantité
d'eau infiltrée dans les horizons du sol, constitue ainsi un indicateur de l'état de surface du
sol et de leur capacité d'emmagasinement. Toute l'eau infiltrée dans le sol n'est bien entendu
pas obligatoirement utilisée par les plantes. Malgré cela, et au même titre que la réserve
maximale en eau disponible pour les plantes, le coefficient d'infiltration de la pluie est un
indicateur utile de l'état des sols tant en zones aride et semi-aride qu'ailleurs. Il est très
directement lié à la présence ou à l'absence de croûte de surface qui se forme dans les
écosystèmes dégradés et tendent à priver les sols de toute possibilité d'infiltration.

10 - Le coefficient d'efficacité de la pluie (AVE 12) est défini comme étant le quotient de la
relation qui existe entre la quantité d'eau précipitée en un endroit et la biomasse aérienne
produite en ce même lieu. Dans les zones sèches et ailleurs ce coefficient constitue un
excellent indicateur des sols mais également de la productivité des écosystèmes. Le
coefficient d'efficacité de la pluie exprimé en kg de biomasse aérienne sur pied produits par
mm d'eau évapotranspirée est plus précis et significatif que le coefficient d'efficacité de la
pluie. Cependant, le coefficient d'efficacité de la pluie est plus facile à mesurer dans la
majorité des situations et également plus utile pour des comparaisons régionales.

11- La quantité maximale d'eau disponible dans le sol (AVE 13), même si elle n'est pas
toujours facile à mesurer, présente une importance considérable dans les zones aride et
semi-aride où les précipitations sont irrégulières. Par exemple dans le cas où les profils de
sol sont peu épais, les réserves en eau sont aisées à mesurer et ont été corrélées avec la
productivité.

12 - La durée de période de disponibilité en eau du sol (AVE 14) est assez facile à mesurer
par divers tensiomètres disposés à différentes profondeurs dans le sol. Quand les données
concernant cet attribut sont disponibles, en plus de celles du coefficient d'efficacité de la
pluie, il devient possible d'effectuer des prédictions sur la saisonnalité, la durée et
l'importance de la production végétale et ainsi d'aider au choix des espèces à introduire dans
les premiers stades des essais de restauration et de réhabilitation.

13 - La teneur en matière organique du sol (AVE 15), rapidement accessible, est un attribut
hautement révélateur complémentaire des attributs vitaux (5) et (6) de l'écosystème. Il y a
une corrélation positive entre, par exemple, la teneur en matière organique et la phytomasse

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 22

aérienne sur pied dans des sols subtropicaux. Les faibles teneurs en matière organique
influencent directement les caractéristiques du sol critiques pour l'établissement des
plantules, pour l'infiltration de l'eau et la pénétration des racines dans les zones arides et
semi-arides. En conséquence, il y a un grand intérêt à étudier la litière, les détritivores et
d'autres contributeurs potentiels à la matière organique de ces écosystèmes.

14 - La capacité d'échange cationique (AVE 16) est généralement considérée comme étant
un attribut très hautement sensible à la dégradation et directement corrélé à la fertilité du sol.

15 - Le coefficient d'efficacité de l'azote (AVE 17) est un attribut vital puisque, même dans
les milieux aride et semi-aride, l'azote et le phosphore disponibles (et les autres nutriments)
peuvent limiter, au moins autant que le fait le manque d'eau, la croissance des animaux et
des végétaux. Il peut y avoir une relation inverse entre le total de biomasse sur pied dans un
écosystème à un moment donné et la quantité totale d'azote contenue dans cette biomasse.

16 - L'efficacité des cycles (AVE 18) mesure le ratio du total de l'énergie (ou, plus
couramment, d'un élément tel que l'azote ou le carbone), qui est recyclé dans un
écosystème par rapport à la quantité totale d'énergie (ou de l'élément) mobilisée par un ou
plusieurs éléments de l'écosystème. Cet attribut peut également s'appliquer à l'échelle du
paysage. A l'échelle de l'écosystème, la richesse spécifique et beaucoup d'autres attributs
sont corrélés avec l'efficacité des cycles, c'est-à-dire avec le niveau des nutriments actifs, ou
disponibles, dans le système à un moment donné.

17 - L'abondance relative de la mésofaune détritivore du sol (collemboles, termites, etc.)


(AVE 19). Cet attribut est particulièrement intéressant à mesurer (par exemple, nombre
moyen d'organismes pour 100 grammes de sol) en tant qu'indice de la diversité biotique du
sol. Il s'agit également là d'un indice corrélé à l'efficacité des cycles des différents nutriments.

18 - Les indices d'infectivité potentielle par les rhizobiums et les mycorrhizes (respectivement
AVE 20 et 21). L'efficacité des microsymbiontes est également un attribut important ; elle est
cependant très délicate à mesurer directement au niveau de l'écosystème. Nous proposons
que soient retenus les indices d'infectivité potentielle par les Rhizobiums et les Mycorrhizes
exprimés à travers le pourcentage de racines, d'une plante témoin, infectées par gramme de
sol, en conditions expérimentales contrôlées.

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 23

Partie 3 : étude de quelques cas de restauration en milieux naturels

3.1.. Restauration de la forêt et avec la forêt

De nombreux exemples de restauration existent en matière forestière ; nous citons ci-après


quelques-uns des éléments fréquemment étudiés, le sol, le microclimat forestier et la
diversité biologique, soit que ces compartiments interviennent de façon prioritaire, soit qu’ils
puissent servir d’indicateur de l’avancement de la restauration.

A.. Amélioration des sols

La restauration des sols est une entreprise délicate qui nécessite du temps, des siècles. La
non-destruction du sol forestier lors d’une opération d’aménagement devrait donc être une
priorité (encadré 7).

Toutefois, bien des projets de restauration forestière sont confrontés à des sols déjà
dégradés, par érosion notamment. La stabilisation du sol par le génie rural et biologique
engage des processus pédologiques conduisant à la fragmentation du substrat et
l’accumulation de matières minérales et organiques dans les horizons superficiels. Des
travaux forestiers de préparation du sol (sous-solage, remodelage, drainage,…) peuvent
participer à améliorer les caractéristiques du sol.
Encadré 7 : Le sol forestier ; un
élément précieux
La contrainte édaphique s’exprimera également de Le déplacement du sol forestier, et donc
façon différente selon le type et l’intensité de de sa banque de semences, lors de la
l’activité biologique se mettant progressivement en construction du terminal anglais du
place. Ainsi, l’étude biologique et fonctionnelle des tunnel sous la Manche (Helliwell et al.,
sols réhabilités permet d’évaluer l’état 1996) est à ce titre exemplaire car il
d’avancement du processus de restauration. anticipe la restauration.
Ponctuellement, elle peut amener à des actions complémentaires de biostimulation des sols.

Sur le plan chimique, une fertilisation peut être utilisée au début de la restauration (à la
plantation par exemple). Cependant, l’écosystème restauré doit être à terme écologiquement
fonctionnel. Aussi, aura-t-on plus fréquemment recours aux espèces améliorantes et aux
plants forestiers mycorhizés.

B.. Recréer un massif forestier pionnier

Pour la réussite des plantations dans les espaces dégradés, il convient d’expérimenter les
techniques de reboisement pour les adapter à chaque cas. De plus, à moyen terme, il est
nécessaire de restaurer un microclimat forestier (ombrage) susceptible d’accueillir le cortège
floristique de l’écosystème objectif de la restauration. Par conséquent, lors de la phase de
réhabilitation, on est amené à choisir les essences rustiques à comportement pionnier les
mieux adaptées pour assurer la transition.

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 24

C.. Restauration de la diversité biologique

La restauration de la diversité de l’écosystème, végétale et animale, est à la fois un objectif,


parfois unique (habitat d’espèces rares), et un atout pour la réussite du programme
(adaptation aux conditions écologiques et facilitation de la phase d’accompagnement).
Dans le domaine végétal, celle-ci peut parfois se redéployer naturellement de façon rapide.
Pour définir une opération de restauration, une évaluation des trois domaines clés
conditionnant la distribution des espèces s’impose :

— L’autécologie des espèces, soit disponibles pour la réhabilitation, soit susceptibles


d’apparaître dans l’écosystème réhabilité au fil des modifications du milieu ;

— Les conséquences des perturbations sur la banque de semences du sol et sa


reconstitution dans le ;

— Les flux de graines entrant dans l’espace à restaurer par dissémination à partir des
semenciers.

Enfin, le restaurateur peut intervenir dès la phase de réhabilitation pour réintroduire ou


accélérer la dynamique de certaines espèces, de façon diffuse ou sous la forme de placeaux
à biodiversité maximale. Une intervention est également souvent souhaitable au cours de
l’accompagnement de l’écosystème réhabilité (enrichissement en espèces).

A l’inverse : maintenir la végétation pour protéger le sol (éviter l’enclenchement d’un


cycle vicieux; encadré 8)

La végétation exerce une protection mécanique du sol. Les gouttes de pluie rencontrent
d’abord le feuillage et les rameaux des cimes qui brisent leur force vive. Une fraction parfois
importante est l’objet d’une évaporation instantanée. Une autre fraction ruisselle le long des
branches et du tronc, d’autant plus que ceux-ci sont plus lisses.
Il faut insister sur la nécessité, partout, d’assurer d’abord la pérennité des forêts existantes,
spécialement des forets de protection, le maintient
Encadré 8 : évaluation de l’érosion
de bien des talus et lignes d’arbres. La forêt ne peut (Équation de WISCHMEIER)
jouer pleinement ses rôles, et spécialement celui de
la protection du sol, que si elle est maintenue dans Xa = P (K. S.L. R.F.E.C.)
son état parfait. Son assiette doit être intangible, sa
gestion doit être prudente. On doit pratiquer une Xa : perte de terre annuelle (t/acre)
sylviculture convenable pour la maintenir dans sa P : facteur de pluie
situation biologique optimum, on doit organiser son K : facteur du sol
aménagement en conséquence. Dans les objectifs S : facteur de la pente
L : facteur de la longueur de la pente
de celui-ci, la protection du sol doit primer la
R : facteur de la rotation des cultures
production. On évite autant que possible la
F : facteur de la fertilité
plantation d’une seule espèce, surtout si elle est E : facteur du degré de l’érosion
exotique, un mélange d’espèces est souhaitable. Le C : facteur du système de
parcellaire doit s’appuyer sur un réseau de chemins conservation utilisé
revêtus et de pistes horizontales ou subhorizontales,
permettant le débardage rapide des bois sans déclencher d’érosion. Les parcelles doivent

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 25

être de surface réduite pour subir coupes de régénération, coupes secondaires, éclaircies
toujours prudentes et si nécessaire, les coupes rases en ne découvrant que de faibles
surfaces réparties dans la forêt. La surveillance, l’entretien des exutoires, des ouvrages de
franchissement et d’assainissement doivent être prévus et contrôlés.

Pour le regazonnement, on se heurte aux mêmes objections et aussi au fait que, au moins
dans les régions semi arides et arides, où la lutte contre l’érosion est spécialement
nécessaire, les pelouses continues sont rares, les plantes, spécialement les graminées
vivaces se développent surtout en touffes, elles sont souvent « tallantes », il en faudrait de
« traçantes », et que la nécessité de réglementer les parcours ainsi créés, rend pratiquement
difficile actuellement, l’adoption d’une telle solution sur de grandes surfaces.
Régénérer les forêts dépérissantes, reboiser les terres nues, en pente enherber, gazonner
certains versants, sont les solutions théoriques, idéales pour défendre les pentes contre
l’érosion. Dans la planification d’un programme de conservation des sols, la couverture
végétale doit être placée au premier rang parmi les moyens dont nous disposons pour lutter
contre l’érosion et empêcher la dégradation des sols. Les effets favorables sur la
conservation des sols varient selon la nature de la couverture végétale : végétation :
forestière, pastorale ou cultivée.

Influence de la forêt sur le ruissellement

La forêt constitue un moyen très efficace de conservation du sol, surtout si elle est équilibrée
du point de vue biologique et bien aménagée. C’est le moyen le plus efficace dont nous
disposons pour la lutte contre l’érosion, en particulier sur les terrains en pente abrupte. C’est
grâce à sa permanence, à sa structure en étage et à la nature de la couverture morte de son
sol que la forêt possède ce privilège. En effet la canopée joue le rôle d’amortisseur de la
force des précipitations torrentielles et au dessous l’eau glisse doucement pour atteindre le
sol avec un effet érosif presque nul.
Le pâturage doit être strictement interdit jusqu’à l’âge où les arbres deviennent capables de
se défendre contre la dent de bétail, c'est-à-dire pas avant l’âge de 10 à 15 ans selon les
espèces et le site. Même si le pâturage est permis après cette date, il doit être strictement
réglementé. Une fois le peuplement atteint l’âge d’exploitation, la coupe ne doit pas
compromettre le rôle protecteur de la forêt d’où la nécessité d’éviter la coupe unique ou
totale.
La protection des terrains en pente ou la remise en valeur des terres érodées doivent tenir
compte de plusieurs facteurs, les uns d’ordre physique, les autres d’ordres techniques et
d’autres enfin d’ordre économique. C’est en fonction de ces éléments qu’on peut décider de
procéder au reboisement ou à la mise en pâturage.

Facteurs physiques

En ce qui concerne ces facteurs, on sait que la végétation forestière est limitée par l’altitude
et la sécheresse, que certains formations forestières ouvertes constituées d’arbustes et
arbrisseaux sont adaptées à des conditions xérothermiques qui excluent la forêt. Ainsi, dans
des conditions de sécheresse excessive, il se vain de rechercher à implanter la forêt. Pour
ces conditions, on aura intérêt à planter des arbustes et des arbrisseaux de façon à
constituer une formation buissonnante.

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 26

Il est certain que la forêt, une fois établie, est plus facile à défendre, moins facile à la
dégradation que le pâturage : on est mieux assuré à sa permanence.

Facteurs techniques et économiques

En terrains très escarpés l’ensemencement dans le but de créer une zone de pâturage serait
pratiquement impossible faute d’accessibilité de l’outillage mécanique mais du point de vue
économique l’ensemencement revient moins cher que le reboisement.

Le rôle des prairies permanentes

Ce moyen est efficace pour lutter contre l’érosion, cette efficacité provient de la permanence
de la couverture végétale constituée principalement de graminées et de légumineuses
vivaces et ainsi la bonne structure du sol. Cependant le surpâturage réduit considérablement
le rôle protecteur, le surpâturage induit une diminution de la densité de la couverture
végétale et le tassement provoqué par le piétinement par le bétail ce qui rend le sol peu
filtrant et augmente la quantité d’eau ruisselée.

Exemple : cas de l’utilisation du pin noire comme espèce post-pionnière dans la restauration
des terrains de montagnes dans les Alpes (France). Application de la trajectoire schématique
de la restauration (schéma ci-dessous, p.27).

3.2.. Défense et Restauration des Sols (DRS) en Algérie

La lutte contre l’érosion sous toutes ses formes et spécialement contre l’érosion hydrique
constitue l'objectif essentiel des travaux de défense et restauration des sols (DRS). Dans les
cas extrêmes (terrains de grande pente), les travaux de génie civil doivent être réalisés pour
fournir un premier cadre de protection. L’évolution des technologies agricoles et la
mécanisation permettent l’accès aux pentes les plus abruptes.

A.. Historique

C’est aux Etats Unis, vers les années 1925-1930 que l’intention d’organiser la lutte contre
l’érosion du sol entraîné par les effets combinés du vent, de l’eau, de la mise en culture ou
de la surcharge pastorale, s’est manifestée. Franklin ROOSVELT déclarait que le sol n’est
pas un gisement que l’on abandonne lorsqu’il est épuisé. Si on veut assurer l’avenir du pays
il faut conserver ce capital pour les générations futures. Dans les années quarante, le
créateur du service de la conservation du sol au Etats-Unis, M.LOWDERMILK visitait
l’Algérie et encourageait le début des services de DRS. En 1947, la mise en place pour la
première fois d’une technique de DRS. En 1959-1960, plus de 375000 ha traités en DRS en
Algérie.

Donc, la méthode de DRS s’est développée en Algérie, puis autour du bassin méditerranéen
vers les années 1940-60, pour faire face à de graves problèmes de sédimentation dans les
retenues artificielles et de dégradation des routes et des terres. Il s'agissait avant tout de
mettre en défens les terres dégradées par le surpâturage et le défrichement, et de restaurer
leur potentiel d'infiltration par l'arbre, considéré comme le moyen le plus sûr d'améliorer le
sol. D'énormes moyens mécaniques et une main-d’œuvre locale abondante ont été mis en
œuvre pour capter le ruissellement en nappe dans les terres cultivées (diverses banquettes,

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 27

levées de Monjauze, etc.) pour la reforestation des terres dégradées et pour structurer des
zones d'agriculture intensive.

Les processus
écologiques, les phases
et stades mis en jeu au
cours de la restauration
d’un écosystème
forestier.

Schéma de la
restauration sur substrat
marneux. Degré
d’avancement et
perspective

B.. Quelques techniques de DRS

Les terrasses

Lorsque les pratiques culturales et forestières s’avèrent insuffisantes pour assurer une
protection efficace, l’établissement des terrasses destinées à rompre la pente devient une
nécessité.

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 28

Les versants sont divisés en plates-formes horizontales plus ou moins écartées les unes des
autres. Le travail se fait en déblaie à l’amont de l’axe de la future terrasse. Le remblai est
déposé à l’aval de cette terrasse et soutenu soit par un mur de pierres sèches, soit par une
pente gazonnée (schéma ci-dessous).

Par ce procédé, l’objectif est de diminuer la pente et par conséquent l’érosion. Cette
technique peut être améliorée en donnant à la terrasse une contre-pente (1-2%) vers l’amont
et un canal de drainage qui se dirige vers un exutoire en aval. Sur les pentes variées, les
terrasses ne soient pas de même dimension, elles sont souvent décalées les unes par
rapport aux autres. Les défauts de cette technique sont les suivants :

- Leur construction nécessite des mouvements importants de terre, le coût serait


élevé ;
- Une grande proportion de la surface de la terrasse est stérile par suite du mode de
construction, puisque les sous sol est apparent sur une partie de la largeur amont,
de plus sur la partie aval, la terre est enfouie.

Les murettes

Les murettes sont utilisées essentiellement dans les travaux d’amélioration des parcours en
montagne. Construites en pierres sèches suivant les courbes de niveau, elles constituent à
la fois un obstacle qui diminue la vitesse d’écoulement des eaux sur la pente et un filtre qui
retient les matériaux entraînés dans la zone comprise entre deux ouvrage. Elles se
colmatent peu à peu en amont. Lors de sa construction, la murette ne doit pas dépasser la
hauteur de 60m et doit être inclinée vers l’amont afin de conserver sa solidité. Elles peuvent
aussi servir comme appui aux bourrelets.

Réseau de banquettes

Sur une pente où l’eau ruisselle, l’objectif est de couper le versant pour stopper le
ruissellement et favoriser l’infiltration par des obstacles comme une banquette. C’est un
fossé perpendiculaire à la ligne de la plus grande pente. Les banquettes doivent avoir la plus
grande surface possible pour un maximum d’infiltration, il faut prévoir aussi une légère pente
vers un exutoire pour évacuer les eaux excédentaires (schéma ci-dessous). La zone
sensible de la banquette est le bourrelet. Il s’amenuise par le passage fréquent des hommes
et des animaux et pendant les jours d’orage, l’eau risque de déborder et de raviner la surface
inter-banquette.

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 29

C.. Evaluation de l’expérience de la DRS en Algérie

Environ un million d'hectares ont été aménagés en banquettes dans l'ensemble du Maghreb.
Depuis quelques années, face aux nombreux échecs de cette technique et son coût élevé,
un net ralentissement des travaux d'aménagement s'est fait ressentir en Algérie.

L'objectif est de savoir s'il faut poursuivre ces travaux d'aménagement de type banquette et
de déterminer sous quelles conditions la réussite sera pratiquement assurée. Les analyses
de différents travaux de la DRS ont été évaluées en 1986, et pour llustrer les résultats
obtenus, quelques cas d'aménagement sont présentés :

 Un aménagement forestier de 123 ha, situé près d'El Azizia (Médéa) (Création d’un
réseau de banquettes à profil normal). Les travaux sont étalés de 1967 à 1968 et la
surveillance et l’entretien sont pris en charge par l'administration forestière. Du point de
vue plantation, l'aménagement apparaît comme une réussite, mais les phénomènes
d'érosion en nappe n'ont jamais disparus.

 Un aménagement mis en valeur par les particuliers situé près de Berrouaghia.


L'objectif de l'aménagement étant double : nettoyage du terrain envahi par jujubier et
introduction de nouvelles cultures. La demande, la conception et la réalisation ont été
effectuées en 1964 par le service des Forêts et de la DRS. Le bourrelet est légèrement
tassé et peu enherbé. L'inter-bourrelet est couvert d'éléments grossiers, notamment de
pierres et de cailloux, il est non cultivé mais pâturé.

3.3.. Restauration des terrains de montagne (RTM) en France

La RTM est un programme sécuritaire de correction torrentielle. Elle a comme visées la


reconquête de territoires dégradés et de soigner la cause plutôt que l’effet. Il s’agit avant tout
de maintenir, sans interruptions momentanées et perpétuellement une végétation pour

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 30

bénéficier de ses salutaires effets et les développer avec l’aide du temps. La RTM est un
projet de restauration alliant génies civil et biologique. Le petit génie civil (seuils, banquettes,
gabions, clayonnages, fascinages, captages et drainages) est toujours étroitement associé
au génie biologique (engazonnement, embroussaillement, reboisement),

Le premier objectif du programme de RTM engagé en France à la fin du 19e siècle est la
lutte contre l’érosion et les crues torrentielles. Il s’agit bien moins de créer des pâturages ou
des forêts que de fixer rapidement le sol.

Préalablement à toute opération de reboisement ou de gazonnement, le programme de


restauration s’appuie sur le génie civil pour combattre l’érosion et l’affouillement qui remet en
cause le retour de la végétation. Il faut donc diminuer la pente, consolider le nouveau du lit
ainsi formé et réduire considérablement la masse des eaux. Ce dernier résultat étant surtout
l’un des buts atteints par le reboisement, les deux autres restants à obtenir incombent aux
travaux de correction. A cet effet, il doit être prévu un ensemble de barrages successifs, de
zones d’atterrissement et de barrages vivants, clayonnages et fascines.

A.. Objectif : Retour à l’état boisé

Il est évident que, dans les conditions où se présentent le plus souvent les terrains destinés
au reboisement, on ne peut songer à obtenir indifféremment partout et d’emblée la création
d’un peuplement appelé à former la futaie désirée, et que sur bien des points il faudra se
contenter d’abord de produire une végétation quelconques et attendre de longues années
pour que les conditions du sol se soient suffisamment modifiées.
En détournant de l’exploitation les parcelles dégradées, puis en bloquant la plus forte
contrainte s’opposant à l’installation des végétaux (l’érosion), les travaux de la RTM ont
réussi la réhabilitation des terrains et ont redonné vie à de vastes territoires considérés
improductifs.

Pour ce qui concerne le reboisement, «le but est la création d’une végétation ligneuse
qui réponde aux conditions suivantes:

1. Posséder des racines assez puissantes pour enserrer le sol dans leurs innombrables
réseaux, le rendre au besoin plus perméable et le protéger contre l’entraînement ;

2. Présenter un couvert assez complet pour abriter sa surface contre les influences
météorologiques ;

3. Fournir un humus de plus en plus abondant, appelé d’une part à fertiliser le sol et à
augmenter ainsi la puissance de la végétation, et d’autre part à favoriser le ralentissement et
la régulation du débit des eaux pluviales ;

4. Maintenir, sans interruptions momentanées et perpétuellement, ces salutaires effets et les


développer avec l’aide du temps.

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 31

B.. Les problèmes forestiers de la RTM

L'intervention déséquilibrait brusquement l'économie pastorale traditionnelle mais elle a pu


regagner dans une certaine mesure la confiance des populations grâce aux emplois créés
par les chantiers de reboisement et de génie civil.
Encadré 9 : sylviculture de
protection adaptée aux
Comment procéder aux éclaircies indispensables bien
forêts de montagne.
qu'économiquement dépourvues de rentabilité ? (Encadré 9)
Rien n'est jamais plus
Pour le sylviculteur, la forêt R.T.M. avec son objectif dangereux que de laisser
prioritaire de protection pas toujours conciliable avec la vieillir massivement un
production, pose bien des problèmes : choix des essences peuplement.
(encadré 10), des traitements, des âges d'exploitabilité,
autant de décisions qui sont guidées par l'objectif recherché, et s'il s'agit d'un objectif de
protection, par le type de phénomène naturel, érosion superficielle diffuse ou linéaire,
glissements de terrains, chutes de pierres, avalanches, auxquels on veut s’opposer.
Ce qui est malheureusement évident dans beaucoup de reboisements R .T.M., c'est qu'on a
laissé passé l'âge des premières éclaircies, trop
Encadré10 : diversification des
coûteuses, et qu'on s'achemine trop souvent vers le
essences pour une meilleure
vieillissement massif qui compromettra à la fois l'avenir résistance
de la forêt et surtout son rôle anti-érosif : inquiétantes Dans un souci de couverture
lèvres de glissement de terrains s'ouvrant dans les forestière du sol, les essences ont
peuplements résineux trop denses, reprises d'érosion été très souvent utilisées en
dans les trouées de chablis témoignent un peu partout mélange afin de diminuer des
de l'urgente nécessité d'une reprise en main risques d'échec qui auraient laissé
volontariste, même à coup d'argent, de la sylviculture le sol à nu.
des forêts de protection.

Le seul exemple est celui des 17 000 ha de Pin noir domanial des Alpes-de-Haute-Provence.
Cette essence exotique si souvent décriée n'a pas été assez éclaircie. Mais elle est
régénérable naturellement dans beaucoup de cas, elle peut servir d'essence transitoire vers
la hêtraie-sapinière ; elle a réussi, même dans les cas les plus désespérés, à constituer un
début de sol forestier permettant une couverture arbustive de feuillus qui aurait été
inimaginable dans l'aridité minérale d'il y a cent ans. On ne pouvait guère lui en demander
plus, car il faut connaître les invraisemblables conditions qui régnaient dans les roubines sur
marnes noires de Haute-Provence pour apprécier la tâche accomplie par le Pin noir.

C.. La forêt de montagne

Les forêts de montagne sont d'abord perçues comme un élément majeur du cadre naturel ;
enrichissant toujours les paysages, tempérant souvent leur rudesse, elles peuvent être, à ce
titre, infiniment précieuses.
Mais ce râle esthétique est sans doute, en termes de valeurs sociales ou économiques, la
moins importante de leurs fonctions ; et celles-ci sont si nombreuses et parfois si mal
reconnues qu'il paraît utile de les rappeler.

Ces règles sylvicoles spécifiques, souvent encore bien vagues et très empiriques, ne feront
pas oublier que les préceptes les plus généraux de la gestion forestière, l'adaptation des

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 32

essences aux conditions écologiques, le mélange des essences et l'équilibre des classes
d'âge prennent en montagne une importance accrue puisqu'ils placent les forêts dans les
meilleures conditions de stabilité et de pérennité. L'équilibre des classes d'âge étant d'abord
lié au niveau de régénération, on n'oubliera pas davantage les impératifs suivants,
fondamentaux et de portée très générale :

- La surface des régénérations doit être très fréquemment contrôlée et la mise en


place des régénérations nécessaires doit être assurée, au besoin artificiellement,
sans attendre longtemps et vainement des régénérations naturelles d'avènement
aléatoire ; on se fixe maintenant souvent un délai limite de 3 à 5 ans (voire une demi-
rotation) après les coupes de régénération, avant de pallier par des plantations (ou
semis) l'absence ou l'insuffisance des régénérations naturelles. Toutefois, on ne
maîtrise pas encore toujours les techniques de régénération artificielle en station
difficile, en forêt d'altitude.

- L'éclaircie des peuplements, dès le jeune âge, apparait presque toujours nécessaire,
même si aucun objectif de production ne peut être envisagé : elle commande la
vigueur et la stabilité du peuplement en augmentant le développement et la
puissance de l'ancrage racinaire ainsi que le rapport entre la section de la tige et la
hauteur de l'arbre.

Fonctions de protection de la forêt de montagne

 Régulation du régime des eaux et réduction des crues torrentielles.


Le mécanisme est triple :

— Interception d'une partie (qui pourrait aller de 15 à 40 %) des précipitations par les feuilles
et les branches ; cette interception serait plus importante dans le cas de résineux à feuilles
persistantes ;
— Emmagasinement de la neige dans les clairières, dans les petites trouées, et dans les
peuplements mélangés d'essences à feuilles caduques et d'essences à feuilles persistantes
; cette neige ainsi piégée voit ensuite sa fusion ralentie, étalée dans le temps (le décalage
pouvant atteindre plusieurs semaines) ;
— Réduction du ruissellement superficiel sur le sol et emmagasinement de l'eau, grâce à la
capacité de rétention des litières et du sol forestier : la seule couverture morte pourrait
absorber jusqu'à 10 fois son poids d'eau.

Sur le plan sylvicole, cette fonction se traduit par les recommandations suivantes de portée
très générale :
— Eviter les réductions brutales des surfaces boisées (notamment par un rajeunissement
excessivement rapide des peuplements forestiers) ;
— Rechercher la présence, parmi les résineux à feuilles persistantes, d'essences à feuilles
caduques, telles que Hêtre, Érable ou Mélèze, afin d'accroître la capacité de rétention de la
neige.

 Fixation du manteau neigeux et la protection contre les avalanches

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 33

 Protection directe des versants contre les phénomènes d'érosion

Indépendamment de leur action très modératrice sur les crues torrentielles, les forêts
protègent les sols contre les phénomènes d'érosion superficielle, à la fois en réduisant le
ruissellement superficiel (comme on l'a vu plus haut), et en fixant mécaniquement le sol dans
une véritable armature végétale constituée par les litières et l'ensemble des racines. Cette
dégradation n'affecte souvent que la production des terres agricoles ou forestières sur le
versant concerné ; mais elle peut être l'amorce de phénomènes torrentiels sur des terrains
particulièrement fragiles.
Pour que cette fonction soit remplie au mieux, le forestier doit s'efforcer de maintenir le
couvert végétal du sol, notamment au moment des régénérations : or l'installation de la
régénération présente toujours un certain caractère aléatoire ; les semis naturels comme les
jeunes plants sont relativement fragiles, sensibles aux accidents climatiques et aux attaques
parasitaires.
Le maintien du couvert est donc assuré avec le minimum de risques si la forêt est traitée en
futaie jardinée (ou par petits bouquets) ; mais il peut être encore assuré dans le cadre d'un
traitement en futaie régulière, lorsque l'on a recours à une technique de coupes de
régénération progressives.

 Protection contre les éboulements et les chutes de pierres.

Schéma récapitulatif de la démarche de protection des sols

Stratégies à mettre en œuvre pour une meilleure


protection des patrimoines sol et végétation

Le milieu ou on est amené à agir :


Bien connaître
les hommes, leur environnement, le
ou les buts recherchés.

 La géologie mais surtout de la lithologie


 La connaissance des sols formés
 Degré de résistance des sols, leur perméabilité, leur composition, leur
 Appliquer certaines techniques de possibilité de supporter tel type de végétation ou tel type d’ouvrage.
culture  Le climat local
 Réaliser certains ouvrages matériels  La connaissance de l’écologie du tapis végétal naturel
 Certaines plantations/reboisement  Choisir les végétaux adaptés

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 34

Appendices
Appendice I: Explication détaillée des AVE

1 - La richesse floristique en espèces pérennes (AVE 1) et en espèces annuelles (AVE 2) est


relativement facile à obtenir par la répétition de relevés. Combinées, elles sont révélatrices
de différences de structure entre les diverses phases de succession d'un écosystème. Les
pérennes paraissent occuper une position dominante dans la plupart des écosystèmes
terrestres et aquatiques en conditions relativement stables. Par contraste, quelques stades
de la succession de la majorité des écosystèmes des zones aride et semi aride sont
caractérisés par leur grand nombre d'espèces annuelles. De même, on associe parfois faible
fertilité du sol et grande diversité des espèces annuelles, pour certains pâturages de la zone
tempérée et pour les savanes, par exemple. De fait, quelques espèces pérennes peuvent
devenir abondantes et envahissantes dans des situations de perturbation prolongée.
Parmi les pérennes, il est utile de distinguer les herbacées des ligneuses puisque les
interactions entre espèces de ces deux strates constituent un paramètre important dans les
écosystèmes (tels que les savanes, les pâturages semi-arides, les steppes à ligneux bas des
zones arides), surtout s'ils sont soumis à une utilisation et à une dégradation anthropique
fortes et prolongées. Quand la chose est possible, il est également utile de prendre en
considération la composition taxonomique de l'écosystème de référence.

2 - Le spectre biologique (AVE 3), est un indicateur supplémentaire et particulièrement


important de la structure de l'écosystème ainsi que, probablement, de son fonctionnement.
Comme pour la diversité béta, la variabilité du spectre biologique d'un écosystème décroît
habituellement quand croît son niveau de dégradation. Ce type d'attribut peut en particulier
être utilisé pour comparer différents états de formations végétales originellement de même
type.

3 - La diversité béta (AVE 4) est définie comme étant "l'importance du remplacement des
espèces ou des changements biotiques le long de gradients environnementaux". ont prouvé
l'importance de la détermination de la diversité béta en plus de la diversité alpha (nombre
d'espèces dans une communauté) comme composante de la diversité totale. une corrélation
positive existe entre la diversité et les changements de composition spécifique dans la
communauté végétale perturbée par la sécheresse.

4 - Le recouvrement total de la végétation (AVE 5) est un bon intégrateur des AVE 1 et 2


mais il peut varier significativement dans l'année et d'une année à l'autre en fonction en
particulier du régime pluviométrique. Dans certaines situations, telles que les savanes
sahéliennes, le recouvrement végétal total est un des indicateurs les plus utiles. Cependant,
le recouvrement végétal seul, ou même combiné avec la richesse spécifique, ne signifie pas
grand-chose par rapport à la productivité de l'écosystème. Il existe deux attributs corollaires
importants qui sont, d'une part, la phytomasse aérienne totale (AVE 6) (en kg de matière
sèche par unité de surface) mesurée à la fin de la principale saison de croissance et, d'autre
part, la productivité qui sera décrite ci-après.

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 35

5 - La productivité de la biomasse (AVE 7) (kg de biomasse ha- 1an- 1) complémentaire du


recouvrement total est intéressante à prendre en compte dans les projets de réhabilitation.
Cet indicateur ne peut cependant pas fournir la totalité des informations requises par un
gestionnaire d'écosystèmes et ce malgré la généralisation de Margalef selon laquelle le
quotient de la biomasse sur pied par la productivité annuelle croît quand croît la maturité d'un
écosystème. Quelques écosystèmes sont en réalité plus productifs (en termes de kg MS par
unité de surface et de temps) durant les premiers stades de dégradation que dans les stades
antérieurs à la perturbation. Ceci est dû à une rapide colonisation par des espèces
nitrophiles envahissantes incluant en particulier des Composées annuelles et des
Graminées, mais également éventuellement par quelques Légumineuses ligneuses. Dans
les stades avancés de la dégradation, la productivité décroît invariablement très fortement.
C'est pourquoi d'autres attributs vitaux sont nécessaires pour décrire le fonctionnement de
l'écosystème.

6 - Présence et activité des espèces clef de voûte (AVE 8). On se réfère ici à la définition
donnée dans le paragraphe relatif à la terminologie de base. Étant donné l'évidence de plus
en plus marquée de l'importance des légumineuses pérennes fixatrices d'azote dans les
écosystèmes non perturbés des zones aride et semi-aride, ainsi que dans les stades
alternatifs stables des régions sous climat méditerranéen et des savanes, nous présumons
que les légumineuses pérennes fixatrices d'azote sont à compter parmi les espèces clef de
voûte de nombreux écosystèmes, y compris ceux des sites d'étude dans le Chili central, le
sud de la Tunisie et le nord du Cameroun. Une fois identifiées, ou même seulement
présumées au niveau des hypothèses de travail, les espèces clef de voûte devraient
logiquement faire partie des premières espèces candidates pour une réintroduction
expérimentale dans les écosystèmes perturbés. Cependant, comme la réintroduction
d'espèces est coûteuse et risquée et qu'elle nécessite en plus une surveillance sur un long
terme, il est bon d'évaluer les méthodes à employer et les risques qu'elles présentent. Leur
impact sur les herbacées et les sols peut varier considérablement selon la provenance du
matériel végétal introduit. Si les arbres et arbustes fixateurs d'azote sont des espèces clef de
voûte, il est évident que les rhizobiums et autres micro-organismes qui leur sont associés le
sont également. Quoique ces micro-organismes soient cependant moins bien connus que
les végétaux supérieurs, il semble que les considérations faites à propos des espèces
végétales clef de voûte doivent également s'appliquer aux microsymbiontes clef de voûte.

7 - Le stock de graines viables du sol (AVE 9) est considéré comme étant un attribut de
grande utilité. L'absence des semences de certaines espèces «clef de voûte» dans le stock
de graines viables du sol peut servir de critère de base pour déterminer si la seule mise en
défens est susceptible de permettre une restauration. En cas d'absence de ces semences, il
est nécessaire de recourir à la réhabilitation par, en particulier, réintroduction de matériel
végétal.

8 - L'état de la surface du sol (AVE 10) permet en particulier de présager de l'importance de


l'infiltration, du ruissellement et des facteurs de l'érosion dans les zones aride et semi-aride.
Cet attribut devient de plus grande importance encore dans les situations où le recours à la
télédétection est possible. Sur le terrain, il est nécessaire de bien définir les aspects
particuliers les plus primordiaux à observer (pellicule de battance, encroûtement, etc.). Il faut
également noter les interrelations entre cet attribut et ceux déjà cités "stock de graines",

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 36

"coefficient d'infiltration de la pluie" et "coefficient d'efficacité de la pluie". Casenave et


Valentin (1989) ont proposé une première clef de détermination des types élémentaires de
surface de sol des zones aride et semi-aride.

9 - Le coefficient d'infiltration des pluies (AVE 11), qui est défini comme étant la quantité
d'eau infiltrée dans les horizons du sol, constitue ainsi un indicateur de l'état de surface du
sol et de leur capacité d'emmagasinement. Toute l'eau infiltrée dans le sol n'est bien entendu
pas obligatoirement utilisée par les plantes. Malgré cela, et au même titre que la réserve
maximale en eau disponible pour les plantes, le coefficient d'infiltration de la pluie est un
indicateur utile de l'état des sols tant en zones aride et semi-aride qu'ailleurs. Il est très
directement lié à la présence ou à l'absence de croûte de surface qui se forme dans les
écosystèmes dégradés et tendent à priver les sols de toute possibilité d'infiltration.

10 - Le coefficient d'efficacité de la pluie (AVE 12) est défini comme étant le quotient de la
relation qui existe entre la quantité d'eau précipitée en un endroit et la biomasse aérienne
produite en ce même lieu. Dans les zones sèches et ailleurs ce coefficient constitue un
excellent indicateur des sols mais également de la productivité des écosystèmes. Le
coefficient d'efficacité de la pluie exprimé en kg de biomasse aérienne sur pied produits par
mm d'eau évapotranspirée est plus précis et significatif que le coefficient d'efficacité de la
pluie. Cependant, le coefficient d'efficacité de la pluie est plus facile à mesurer dans la
majorité des situations et également plus utile pour des comparaisons régionales.

11- La quantité maximale d'eau disponible dans le sol (AVE 13), même si elle n'est pas
toujours facile à mesurer, présente une importance considérable dans les zones aride et
semi-aride où les précipitations sont irrégulières. Par exemple, les profils de sol étant peu
épais, les réserves en eau sont aisées à mesurer et ont été corrélées avec la productivité.
Les différences d'influence de la réserve en eau sur la productivité de biomasse aérienne de
plusieurs espèces ligneuses basses et graminées pérennes natives des steppes du sud
tunisien sont très importantes et ont été utilisées pour une étude des écosystèmes dans
cette région. Des données similaires relatives aux espèces des pâturages nord-américains
ont été utilisées dans une expérimentation sur la restauration et l'aménagement de prairies.

12 - La durée de période de disponibilité en eau du sol (AVE 14) est assez facile à mesurer
par divers tensiomètres disposés à différentes profondeurs dans le sol. Quand les données
concernant cet attribut sont disponibles, en plus de celles du coefficient d'efficacité de la
pluie, il devient possible d'effectuer des prédictions sur la saisonnalité, la durée et
l'importance de la production végétale et ainsi d'aider au choix des espèces à introduire dans
les premiers stades des essais de restauration et de réhabilitation.

13 - La teneur en matière organique du sol (AVE 15), rapidement accessible, est un attribut
hautement révélateur complémentaire des attributs vitaux (5) et (6) de l'écosystème. Il y a
une corrélation positive entre, par exemple, la teneur en matière organique et la phytomasse
aérienne sur pied dans des sols subtropicaux. Les faibles teneurs en matière organique
influencent directement les caractéristiques du sol critiques pour l'établissement des
plantules, pour l'infiltration de l'eau et la pénétration des racines dans les zones arides et
semi-arides. En conséquence, il y a un grand intérêt à étudier la litière, les détritivores et
d'autres contributeurs potentiels à la matière organique de ces écosystèmes.

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 37

14 - La capacité d'échange cationique (AVE 16) est généralement considérée comme étant
un attribut très hautement sensible à la dégradation et directement corrélé à la fertilité du sol.

15 - Le coefficient d'efficacité de l'azote (AVE 17) est un attribut vital puisque, même dans
les milieux aride et semi-aride, l'azote et le phosphore disponibles (et les autres nutriments)
peuvent limiter, au moins autant que le fait le manque d'eau, la croissance des animaux et
des végétaux. Il peut y avoir une relation inverse entre le total de biomasse sur pied dans un
écosystème à un moment donné et la quantité totale d'azote contenue dans cette biomasse.
Ainsi qu'il a été défini pour des individus ou des populations végétales le coefficient
d'efficacité de l'azote (CEA) combine: 1) le taux instantané de fixation de carbone par unité
d'azote et 2) la durée moyenne de présence de l'azote dans la plante. Ainsi, CEA = A/Ln, où
A est la productivité de l'azote et l/Ln la durée moyenne de présence de l'azote. Le premier
terme de l'équation est essentiel puisqu'une relation linéaire étroite existe entre le taux de
croissance relative et la concentration en azote dans les plantes. Le second terme est
également important puisque l'azote peut résider plus ou moins longtemps dans un végétal
avant d'en sortir suite à la chute des organes. Dans les sites pauvres en nutriments, une
longue durée moyenne de présence peut être favorable à la plante, alors que, dans les sites
riches en azote, un taux élevé de circulation de l'azote et une circulation rapide sont
favorisés. Cependant, il existe des différences nettes, à la fois dans le taux de conversion de
l'azote et la durée moyenne de présence, entre les espèces qui coexistent. Quoiqu’on
suggère que le coefficient d'efficacité des nutriments est, dans une forêt, inverse de la
concentration en nutriments dans la litière, il reste à préciser la façon d'appliquer le concept
d'efficacité d'utilisation des nutriments à un écosystème complexe. Il est clair que l'un des
facteurs à considérer est la relation qui existe entre ce coefficient et les types biologiques
des végétaux. Par exemple, on a démontré que certaines graminées pérennes utilisaient
plus efficacement l'azote que des graminées annuelles des mêmes genres. L'accumulation
de cations dans la zone rhizosphérique du sol peut servir dans le calcul à la fois de la
quantité d'eau utilisée durant la durée de vie d'un écosystème et de la quantité cumulée de
N2 symbiotique fixée. Ceci laisse à penser que des variables empiriques peuvent être
identifiées, qui permettraient d'estimer l'efficacité biotique du sol, étant données les quantités
fixées et la diversité de la végétation sur une période de climat à conditions constantes.

16 - L'efficacité des cycles (AVE 18) mesure le ratio du total de l'énergie (ou, plus
couramment, d'un élément tel que l'azote ou le carbone), qui est recyclé dans un
écosystème par rapport à la quantité totale d'énergie (ou de l'élément) mobilisée par un ou
plusieurs éléments de l'écosystème. Cet attribut peut également s'appliquer à l'échelle du
paysage. A l'échelle de l'écosystème, la richesse spécifique et beaucoup d'autres attributs
sont corrélés avec l'efficacité des cycles, c'est-à-dire avec le niveau des nutriments actifs, ou
disponibles, dans le système à un moment donné. Il a été également démontré que la fertilité
du sol influence le coefficient d'efficacité de la pluie dans les savanes. La comparaison des
indices de cyclage des nutriments, spécialement N et P, à différents stades de la trajectoire
d'un écosystème, permet de se rendre compte de leur intérêt dans l'évaluation des niveaux
relatifs de perturbation, ainsi que lors des essais de restauration et de réhabilitation. Puisqu'il
est supposé que plus les écosystèmes sont matures plus leur capacité à piéger et à retenir
les nutriments pour des cyclages internes est grande la réussite de l'ajustement des cycles
minéraux et la réduction des taux d'échange entre les organismes et l'environnement

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 38

peuvent permettre d'évaluer le niveau relatif de réussite de la restauration ou de la


réhabilitation.

17 - L'abondance relative de la mésofaune détritivore du sol (collemboles, termites, etc.)


(AVE 19). Cet attribut est particulièrement intéressant à mesurer (par exemple, nombre
moyen d'organismes pour 100 grammes de sol) en tant qu'indice de la diversité biotique du
sol. Il s'agit également là d'un indice corrélé à l'efficacité des cycles des différents nutriments.

18 - Les indices d'infectivité potentielle par les rhizobiums et les mycorrhizes (respectivement
AVE 20 et 21). L'efficacité des microsymbiontes est également un attribut important ; elle est
cependant très délicate à mesurer directement au niveau de l'écosystème. Nous proposons
que soient retenus les indices d'infectivité potentielle par les Rhizobiums et les Mycorrhizes
exprimés à travers le pourcentage de racines, d'une plante témoin, infectées par gramme de
sol, en conditions expérimentales contrôlées. Les informations globales sur l'abondance et la
diversité biotique du sol étant critiquables, il est important d'effectuer des inventaires séparés
des bactéries hétérotrophes fixatrices d'azote et des autres micro-organismes tels que les
Rhizobiums, les Mycorrhizes endo-, vésiculaires ou arbusculées. En plus de leur impact sur
les plantes "hôtes", les micro-organismes du sol ont un énorme impact sur la végétation de
l'ensemble des écosystèmes terrestres y compris dans les zones aride et semi-aride. Les
bactéries du sol et plus spécialement les Rhizobiums jouent, par exemple, un rôle critique
dans la compétition dans les communautés graminées-légumineuses. Les Mycorhizes
peuvent modifier la compétition entre les végétaux aux différents stades d'une succession.
De la même façon, et quoique nous ne fassions que l'évoquer, il est fort probable que les
parasites et/ou les agents pathogènes d'espèces animales sont, dans certaines situations,
aussi importants à considérer que les microsymbiontes. Ainsi que nous l'avons déjà suggéré,
c'est en définitive la capacité de respecter un certain niveau d'intégrité des paysages qui
déterminera les chances de succès des opérations de restauration, de réhabilitation et
même de réaffectation. Sans entrer très avant dans l'écologie des paysages, il nous faut
cependant aborder les deux notions fondamentales que sont la fragmentation et la
réintégration des paysages.

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 39

Appendice II: Exemples (Schémas) de modèle régressions/progression et


étapes de restauration.

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 40

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 41

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 42

Appendice III: Présentation d’une plante antiérosive efficace pour la


restauration des sols

Verbeck Francis - Le kikuyu: une graminée antiérosive vivace, très efficace et trop
méconnue en défens et restauration des sols en zones méditerranéenne. Annales de
l'INA, vol 12(1), 1988, T2, p.660, El Harrache, Alger.

Le kikuyu (Pennisetum clandestinum) est une graminée vivace très vigoureuse et très
gazonnante. Il se présente sous forme d'un axe qui est tantôt souterrain tantôt aérien
(stolon). Son pouvoir d'extension est donc très grand.

La plante se développe très bien dans les étages bioclimatiques humide et subhumide et
dans les vallées du semi-aride; il résiste très bien à la sécheresse d'été.

Sa multiplication est aisée par voie végétative et sa croissance vigoureuse assure une
couverture rapide des sols. Il vient sur tous les sols mais croît correctement sur les sols
argileux et marneux, même dans le semi-aride en sols de vallées.

La couverture de gazon constitue la meilleure protection contre les facteurs de l'érosion


hydrique et le kikuyu confirme ce fait, maintes fois démontré. Il protège la surface des sols
contre la battance et il améliore la pénétration de l'eau. Il freine le mouvement des eaux
ruisselantes de telle manière que les "griffes" n'apparaissent jamais.

Il fixe le fond des exutoires naturels et artificiels et le fond des ravins. Il restaure rapidement
la fertilité des sols. C'est une bonne plante fourragère, il permet d'établir des assolements
fourragers antiérosifs en bandes ou de créer des pâturages antiérosifs dans le fond des
ravins et des exutoires. II ne brule pas et résiste au piétinement des ovins et des bovins.
La protection est acquise aux moindres frais, elle s'étend d'elle-même et devient
permanente.

Description de la plante

C'est une graminée vivace, de 30 à 60 cm de hauteur, herbacée, traçante, couvrant


rapidement et densément te sol, donnant rapidement un gazon (voir planche en bas).

Chez le kikuyu, la tige souterraine est le rhizome. Il présente des entre-nœuds de 2 à 3 cm


de longueur.

Il est très vigoureux et difficile à rompre, il mesure 4 à 6 mm de diamètre à l'état frais et sa


section est circulaire. Il est étiolé, de couleur jaune pâle ou incolore. Il rampe parallèlement à
la surface du sol à la profondeur de 5 à 7 cm, sur une longueur de 20 à 40 cm.

Les nœuds des rhizomes, protégés chacun par une feuille rudimentaire ou écaille, portent 4
à 8 racines adventives vigoureuses qui ne dépassent pas 10 cm de longueur; elles naissent
très facilement. Elles pénètrent les moindres crevasses des sols. Elles forment après
quelques années un feutrage épais comprenant aussi les rhizomes morts.
L'étude des organes du kikuyu et de leur développement nous explique pourquoi le kikuyu
est irremplaçable comme moyen de lutte en D.R.S.

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 43

 Multiplication aisée par boutures, reprises assurées;


 Extension longitudinale et latérale rapide, de 1 à 1,50 m en longueur X 20 cm en
largeur en une année;
 Fixation des parties superficielles par d'innombrables radicelles ;
 Masse feuillée importante, proche du sol, amortissant la violence du choc des gouttes
de pluie;
 Constitution après quelques années d'un matelas de débris très épais;
 Elaboration d'une matière humique importante et active.

Ecologie du kikuyu (étudiée uniquement du point de vue "plante antiérosive")

La pluviométrie

Le kikuyu se développe bien et maintient sa croissance dans toutes les zones où la


pluviométrie dépasse 700 mm. II n'est pas affecté par le manque de précipitations pendant
l'été; seules les extrémités des feuilles peuvent jaunir sur des sols argileux et des croupes
exposées au plein soleil. II arrêtera sa croissance pendant l'été dans ces conditions. On
pourra donc le planter partout tant sur le fonds des ravins que sur les talus exposés au soleil
et les talus à l'ombre. Il fixera efficacement les barrages en terre et le fond de la retenue
puisqu'il résiste à I 'asphyxie pendant un mois.

Entre les isohyètes 700 et 500 mm, la croissance dépend beaucoup des propriétés
physiques du sol. Si la réserve en eau est suffisante, la masse feuillée se maintient verte et
vigoureuse. Au cas contraire, les feuilles jaunissent et flétrissent mais le rhizome et le stolon
restent bien vivants. Les feuilles nouvelles apparaissent aux premières pluies d'automne. Il
sera donc préférable de le planter uniquement dans les fonds des ravins. Il se développera
vers les talus dans les endroits favorables. Sous 500 mm de pluies, il ne faut le planter que
dans les fonds de ravins, il s'étendra éventuellement lui-même.

La température

Le feuillage ne souffre pas du tout des températures inférieures à + 2°C. Des gelées
blanches de courtes durées sont aussi bien tolérées. Si des gelées plus prononcées se
produisent et se maintiennent pour longtemps, les jeunes feuilles et les tiges isolées peu
lignifiées jaunissent, dessèchent et meurent, mais le stolon rampant, le stolon soulevé et le
rhizome ne sont pas du tout atteints. Les gelées très fortes peuvent détruire toute les parties
aériennes surtout dans les endroits piétinés, et il apparait que l'effet desséchant se combine
avec l’abaissement de la température en ces endroits mais le rhizome n'est jamais atteint
puisqu'il est protégé par une épaisseur de 5 à 7 cm de sol.

Les exigences édaphiques

Le kikuyu supporte tous les sols, mais produit le plus de masse fourragère sur les sols
limoneux et profonds. II se développe très bien en tous endroits où existe une nappe d'eau
souterraine peu profonde et c'est ainsi qu'il croît dans toutes les zones bioclimatiques de
l'Algérie présentant en cela un "caractère azonal". Il pousse ses racines adventives dans les

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 44

moindres crevasses des sols argileux ; sols qui se fissurent profondément en période sèche.
Il est tolérant vis-à-vis du calcaire. Il résiste à la submersion, même prolongée (1 mois sous
l'eau). Il se développe en sols lourds et humides, il convient donc parfaitement pour fixer les
rives et les fonds des exutoires et des ravins. Sur les sols argileux et marneux très secs en
été, crevassés profondément, le kikuyu se maintient en vie par son rhizome et son stolon.
Aux premières pluies, il refait ses feuilles et se propage.

Donc, il convient à la fixation des bords, des digues et des fonds des lacs collinaires et des
petites retenues d'eau.

La plantation du kikuyu

La multiplication ne peut s'effectuer que par voie végétative, par boutures racinées. En effet
le kikuyu ne fleurit pas sous climat méditerranéen ou trop rarement.

Prélèvement des boutures racinées

Les boutures racinées doivent obligatoirement, sous peine d'échec, être prélevées sur deux
organes:

1- Sur le rhizome vigoureux, lignifié et pourvu de racines, un fragment de 3 à 4 entre-nœuds


est coupé au sécateur.

2- Sur les stolons vigoureux, à entre-nœuds courts, lignifiés, de 4,5 à 6 mm de diamètre et


présentant des racines adventives nombreuses, blanches et bien vivantes, le stolon est
arraché dont lequel est découpé 4 à 6 entre-nœuds au sécateur.

Donc, il faut rejeter les tiges feuillées et les vieux rhizomes. Prélever les boutures toujours
aux bordures des parcelles de multiplication et aux limites des tranchées de rajeunissement
des nappes. C'est seulement en ces endroits que les boutures de kikuyu seront les plus
vigoureuses.

Piquetage

La lutte contre l'érosion exige la matérialisation d'une direction perpendiculaire à celle des
agents de cette érosion. Dans les zones subissant les effets de l'érosion en nappe, il faudra
piqueter l'horizontale de départ et d'autres horizontales inférieures, situées à une dizaine de
pas; elles serviront de guides aux lignes de plantation. Dans les zones subissant les effets
de l'érosion en ravines. Dans ces ravins encaissés, on va piqueter les courbes de niveau
tous les 10 pas sur les flancs et dans le fond du ravin (voir la planche en bas). Le piquetage
dans les lignes et sur toute la surface est réalisé par la méthode utilisée en Chine et
dénommée "en écailles de poisson", basée sur des triangles équilatéraux, à l'aide d'une
corde à 3 nœuds nouée en triangle et dont les côtés mesurent 25, 50 ou 100 cm (soit 75,
150 ou 300 cm de longueur totale). Si la couverture doit être assurée rapidement on choisit
25 cm. L'écartement de 50 cm est réalisé en général et celui de 100 lorsqu'on ne dispose
que de peu de moyens pour introduire l'espèce en quelque sorte. Les distances sont donc

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 45

mesurées selon la pente du terrain, mais la densité peut être calculée en comptant les
boutures sur des placettes choisies et en planimétrant les surfaces.

Période de plantation et arrosage

Si on désire démarrer la plantation avant les premières pluies ou si elles tardent, on peut
arroser le trou de plantation une seule fois, tout juste après la plantation, cela suffira
amplement. De cette manière on peut planter en plein été si besoin. En général on plante
quelques jours après les légères pluies en zones à température nocturne douce, ailleurs on
plante le plus tôt possible et avec arrosage. La réussite de la reprise dépend beaucoup de la
température du sol, plus il est chaud et plus les boutures développent des racines
adventives. Si on ne peut pas planter en octobre-novembre il vaut mieux reporter en fin-
février et mars.

Utilisation du kikuyu en D.R.S.

La défense et restauration des sols est un ensemble de théories et de mesures pratiques


ayant deux buts: d'une part la protection des sols soumis aux différentes formes de l'érosion
et d'autre part la restauration de leur fertilité.
C’est une plante très efficace contre les deux premières manifestations de l'érosion hydrique
des sols: l'érosion en nappe et en griffes. Elle protège très rapidement, et elle confère une
protection intégrale, certaine et permanente.
La masse verte est collée au sol et le protège contre le choc des gouttes de pluie. Les
stolons, les feuilles et les tiges freinent le mouvement de l'eau. Les radicelles et la porosité
induite par l'humus favorisent l'infiltration des eaux de surface.
Des plantations de Kikuyu ont été réalisées à Alger et ils ont obtenu après une année une
protection totale de sols argileux inclinés et compactés par des jeux d'enfants (Verbeck,
1988). Tout le volume des pluies d'automne est absorbé, même lors de violentes averses, et
en conséquence le transport solide est ramené à zéro. La comparaison avec les mêmes
sols, non protégés est frappante; en ces zones les ravines mesurent 70 cm de profondeur,
85 cm de largeur après une saison de pluies, le volume de terre arrachée est très important.

Dans la lutte contre les érosions en nappe et en griffes, il faut protéger toute la surface,
densément, uniformément et fixer cette protection tout contre le sol. Dans la fixation des
ravines et des ravins, les flancs doivent être protégés contre l'érosion de battance et contre
l'érosion en griffe. Le fond du ravin doit être protégé contre l'arrachement causé par un
volume d'eau important et un mouvement rapide. De même on doit protéger le fond, les
talus, les exutoires des barrages en terre et des retenues collinaires; ainsi que les talus des
routes, les fonds de chemins d'eau, etc...
Le kikuyu est très efficace dans toutes ces situations. Il tolère l'ombrage donc on pourra
aisément l'associer aux feuillus croissants dans les vallées. Comme il développe son
système racinaire en surface et que ces essences ont au contraire, un enracinement oblique
et profond, l'association de ces plantes préviendra aussi bien l'érosion de surface que les
glissements de terrain. Dans les périmètres où l'on prévoit des réseaux de banquettes, il faut
l'utiliser en plantations denses réalisées en courbes de niveau sur les talus des banquettes.

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 46

Le kikuyu restaure rapidement la fertilité des sols. Ceci est dû à l'action de plusieurs
facteurs :

1. à La création d'éléments structuraux stables par l'action des radicelles et des poils
absorbants particulièrement abondants et actifs;
2. à la création d'une macro et microporosité par l'effet d'une matière organique active;
3. à l'humification active en surface et dans les 10 premiers centimètres du sol par
décomposition des débris et des racines mortes et par la néo synthèse de composés
humiques actifs.

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 47

Appendice IV: Glossaire

Afforestation: Établissement d’une forêt par plantation et/ou ensemencement délibéré sur
des terres qui n’étaient pas jusque-là classifiées comme forêt.

Biodiversité : La biodiversité fait référence au biote en termes de diversité taxonomique et


génétique, aux variétés de formes de vie présentes et à la structure communautaire ainsi
formée, ainsi qu’aux rôles écologiques joués. Le biote est organisé hiérarchiquement du
génome aux individus, espèces, populations et communautés. Deux aspects liés de la
biodiversité sont la composition spécifique, c’est-à-dire la collection taxonomique des
espèces présentes, et la richesse spécifique, c’est-à-dire le nombre d’espèces différentes
présentes. L’importance du rétablissement de la composition spécifique ne peut pas être
exagérée en restauration. Tous les groupes fonctionnels d’espèces doivent être représentés
afin que l’écosystème restauré s’auto-maintienne. L’abondance spécifique, c’est-à-dire la
présence de multiples espèces jouant un rôle dans la dynamique de l’écosystème, offre
l’assurance que la santé de l’écosystème se maintient en réponse au stress, aux
perturbations et autres changements environnementaux.

But : État particulier d’un élément spécifique de l’écosystème de référence ou du résultat.

Changement climatique : Changement dans l'état du climat qui peut être identifié (en
utilisant des tests statistiques, par exemple) par des changements dans la moyenne et/ou la
variabilité de ses propriétés, et qui persiste pendant une période prolongée, telles que des
décennies ou plus.

Culture-abri: Espèce indigène ou exotique cultivée principalement pour protéger et


améliorer l’état du sol et des niches écologiques afin de favoriser l’établissement de la
communauté végétale voulue.

Dégradation : La dégradation se rapporte à des changements brusques ou graduels qui


réduisent l’intégrité et la santé écologique.

Dégradation des forêts: Diminution de la capacité d’une forêt à fournir des produits et
services.

Dégradation des sols: Réduction ou perte, dans les zones arides, semi-arides et
subhumides sèches, de la productivité et de la complexité biologique ou économique des
terres cultivées, des terres cultivées irriguées ou de l'aire de répartition, des pâturages, des
forêts et des forêts résultant de l'utilisation du sol ou d'une combinaison de processus, y
compris des processus résultant d'activités humaines et de modes d'habitation, tels que:
l'érosion des sols causée par le vent et/ou l'eau. Détérioration des propriétés physiques,
chimiques et biologiques ou économiques des sols, et perte à long terme de la végétation
naturelle.

Désertification: Dégradation des sols dans les zones arides, semi-arides et subhumides
sèches résultant de divers facteurs, y compris les variations climatiques et les activités
humaines.

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 48

Destruction : Un écosystème est détruit lorsque la dégradation ou le dommage supprime


toute vie macroscopique et généralement abîme l’environnement physique.

Diversité biologique : Variabilité des organismes vivants de toute origine y compris, entre
autres, les écosystèmes terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les
complexes écologiques dont ils font partie; cela comprend la diversité au sein des espèces
et entre espèces ainsi que celle des écosystèmes.

Dommage: Le dommage fait référence à des changements importants et manifestes dans


un écosystème.

Ecosystème : Un écosystème consiste en un biote (plantes, animaux, micro-organismes) au


sein d’une aire donnée, l’environnement qui le maintient, et leurs interactions. Les
populations d’espèces formant le biote sont identifiées collectivement comme communauté
biotique. Cette communauté est fréquemment séparée sur la base d’un statut taxonomique
(ex. la communauté des insectes) ou de formes de vie (ex. la communauté des arbres).

Environnement physique: L’environnement physique ou abiotique qui maintient le biote


d’un écosystème comprend le sol ou le substrat, le milieu atmosphérique ou aqueux,
l’hydrologie, le temps et le climat, le relief et l’aspect topographique.

Espèce clé-de-voûte : Espèce influençant positivement l’ensemble de l’écosystème auquel


elle appartient, par la nature des interactions qu’elle entretien avec les autres espèces de cet
écosystème. Il s'agit des espèces dont la présence, à une densité suffisante, est nécessaire
au maintien de la structure et du fonctionnement de l'écosystème.

Espèce envahissante: Espèce non indigène pour un écosystème déterminé dont


l’introduction et la propagation occasionne, ou est susceptible d’occasionner, des dommages
socioculturels, économiques ou environnementaux, ou qui peut nuire à la santé humaine.

Espèce exotique: Espèce végétale ou animale ou micro-organisme introduit par l’activité


humaine à l’extérieur de sa répartition géographique naturelle actuelle ou passée.

Espèce indigène: Organisme qui se trouve naturellement dans un lieu donné plutôt que d’y
avoir été introduit, directement ou indirectement, par l’activité humaine.

Espèce ingénieure de l’écosystème : Espèce qui contrôle directement ou indirectement la


disponibilité des ressources et qui les rend accessibles à d’autres espèces par des
changements d’état abiotique et biotique.

Forêt: Terres occupant une superficie de plus de 0,5 hectares avec des arbres atteignant
une hauteur supérieure à 5 mètres et un couvert arboré de plus de 10 pour cent, ou avec
des arbres capables d’atteindre ces seuils in situ. Sont exclues les terres à vocation agricole
ou urbaine prédominante. En Méditerranée, la forêt recouvre environ 25 millions d'hectares.

Génie ou ingénierie écologique: A la différence du génie civil, l’ingénierie écologique


implique la manipulation de matériaux naturels, d’organismes vivants et de l’environnement

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 49

physico-chimique pour réaliser des objectifs humains spécifiques et pour résoudre des
problèmes techniques.

Groupes fonctionnels: Les regroupements des organismes peuvent aussi être définis par
leurs rôles fonctionnels dans l’écosystème (ex. producteurs primaires, herbivores,
carnivores, décomposeurs, fixateurs d’azote, pollinisateurs), et dans ce cas ils sont reconnus
comme groupes fonctionnels.

Habitat: L’habitat fait référence au lieu d’habitation d’un organisme ou d’une communauté
qui fournit les conditions requises pour leurs processus vitaux.

Homéostasie : Capacité d’un système dynamique complexe à maintenir constants les


paramètres physicochimiques ou/et biologiques (dites constantes d’équilibre) qui le
décrivent.

Intégrité écologique: L’état (d’un parc) jugé caractéristique de la région naturelle dont il fait
partie et qui sera vraisemblablement maintenu, notamment les éléments abiotiques, la
composition et l’abondance des espèces indigènes et des communautés biologiques ainsi
que le rythme des changements et le maintien des processus écologiques.

Objectif: Expression d’un but qui relève du domaine de l’expérience sensible,


indépendamment d’une pensée individuelle, et qui est perceptible par tous les observateurs.
Un but peut se voir associer un ou plusieurs objectifs.

Paysage: Mosaïque d’au moins deux écosystèmes qui s’échangent des organismes, de
l’énergie, de l’eau et des substances nutritives.

Processus écologiques: Les processus écologiques ou fonctions des écosystèmes sont


les attributs dynamiques des écosystèmes, incluant les interactions entre les organismes et
entre les organismes et leur environnement. Les processus écologiques sont la base de
l’auto-maintien d’un écosystème. Certains écologues de la restauration limitent l’emploi du
terme « fonctions des écosystème » aux attributs dynamiques qui affectent directement le
métabolisme, principalement la séquestration et la transformation d’énergie, de nutriments et
d’humidité. Par exemple, la fixation de carbone par la photosynthèse, les interactions
trophiques, la décomposition et le cycle des nutriments minéraux.

Reboisement: Rétablissement de la forêt par la plantation et/ou l'ensemencement volontaire


sur des terres classées comme étant de la forêt.

Résistance et résilience: La résistance est l'inertie d'un écosystème au changement, et la


résilience est son aptitude à revenir à sa trajectoire antérieure de succession progressive
après disparition des perturbations externes qui l'en avaient dévié. La résilience est peut-être
le meilleur indicateur de la santé ou de l'intégrité d'un écosystème. La stabilité est un
concept général regroupant à la fois résistance et résilience.

Stades alternatifs stables: Il est souvent accepté, si la dégradation n'a pas été trop intense,
qu'un retour à un stade semblable au stade "historique" reste possible si l'on supprime les

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 50

causes anthropiques de cette dégradation (feux intentionnels, coupe à blanc, surpâturage,


etc.) et que l'on permet aux processus naturels de faire leur œuvre. Cette possibilité reste
peu fréquente en zones aride et semi-aride, où il semble plus raisonnable de choisir de
retourner à un stade intermédiaire, à un stade alternatif stable ou encore métastable, qui
puisse être atteint et maintenu sous un niveau de perturbation anthropique relativement
faible mais éventuellement persistant.

Structure d’une communauté: Caractéristiques ou aspects d’une communauté en termes


de densité, de stratification horizontale et de distribution de fréquences des espèces ou
populations, ainsi que de la taille et de la forme de vie des organismes qui composent ces
communautés.

Structure de la communauté: On sous-entend Par structure de la communauté la


physionomie ou l’architecture de la communauté considérant la densité, la stratification
horizontale, la fréquence de distribution des populations et les tailles et formes de vie des
organismes que comprennent ces communautés.

Trajectoire: La trajectoire d'un écosystème n'est pas un synonyme de "succession",


quoiqu'il y ait un certain chevauchement entre les deux termes. Il s'agit, de fait, d'un terme
général recouvrant, pour un écosystème donné, à la fois la succession et tous les itinéraires
possibles de développement, ou, mieux encore, d'évolution de cet écosystème sous quelque
pression que ce soit. La trajectoire de retour vers l'écosystème de référence (par exemple
l'état alternatif stable choisi) peut, éventuellement dans le contexte de la restauration, être
très exactement l'inverse de celle parcourue lors de la dégradation.

Transformation: La transformation est la conversion d’un écosystème vers un type différent


d’écosystème ou d’utilisation des terres.

Valeur patrimoniale: Importance ou signification esthétique, historique, scientifique,


culturelle, sociale ou spirituelle pour les générations passées, actuelles ou futures.

Valeur sélective: Afin qu’un écosystème soit bien adapté aux conditions locales du site et
fasse preuve de résilience en réponse à un environnement stressant et changeant, les
populations d’espèces le composant doivent posséder une valeur sélective. Un écosystème
comprenant des populations génétiquement aptes est celui qui non seulement est adapté au
régime environnemental actuel, mais aussi possède un pool génétique et une diversité
d’allèles qui pourraient être sélectionnés en réponse au changement environnemental.

Vulnérabilité: Degré auquel un système est incapable de faire face aux effets négatifs du
changement climatique, notamment l'extrême variabilité climatique, en fonction du caractère,
de l'ampleur et de la vitesse de la variation climatique à laquelle un système est exposé, de
sa sensibilité et de sa capacité d'adaptation.

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 51

Références bibliographiques

Arabi M., Kedaid O., Bourougaa L., Asla T., Roose É., 2004 - Bilan de l‘enquête sur la
défense et restauration des sols (DRS) en Algérie. Science et changements planétaires /
Sécheresse. Numéro 15, volume 1, 87-95, JANVIER-FÉVRIER-MARS 2004, Synthèse.

Aronson J., Floret C., Lefloc’h E., Ovalle C., Pontanier R., 1995 —Restauration et
réhabilitation des écosystèmes dégradés en zones arides et semi-arides. Le vocabulaire et
les concepts. In :L ’Homme peut-il refaire ce qu’il a défait ?/ R.Pontanier,A .M’Hiri,N
.Akrimi,J. Aronson,E .LeFloc’h Eds.—1995. —pp. 11-29.

Aronson J., Floret C., Ovalle C., Pontanier R., 1993 - Restoration and rehabilitation of
degraded ecosystems in arid and semi-arid lands.I.A view from the south. Restoration
Ecology ,n° 1,pp. 8-17.

Aubert G., 1986 - Réflexions sur l’utilisation de certains types de banquettes de « Défense et
Restauration des Sols » en Algérie. Cah. ORSTOM, vol. XXII, N° 2 : 147-151

Bangirinama F., Hakizimana P., Bogaert J., 2012 - De la conservation à la restauration


écologique: Démarche méthodologique. Bull. sci. Inst. natl. environ. conserv. nat. 10: 20-24.

Combes F., 1998 - Restauration des terrains en montagne du rêve a la réalité. Revue
forestière française , vol. XLI - 2-, pp:91-106.

Combes F., BARTET J.-H., 1982 - Plaidoyer pour le Pin noir en Haute-Provence. — Revue
forestière française , vol. XXXIV, n° 5 spécial“ Restauration des Terrains en Montagne”,pp.
40-49.

Crécy L., 1982 - La Restauration des terrains en montagne, actualité d’une entreprise
centenaire. Revue forestière française , vol. XXXIV, n° 5 spécial“ Restauration des Terrains
en Montagne”, pp. 7-17.

Dubé F., 2007 – Étude sur la dynamique de succession et de régénération du cèdre de


l‘Atlas (Cedrus atlantica (Endl.) Carrière) et du chêne vert (Quercus rotundifolia Lam.) dans
le Parc National d‘Ifrane au Maroc. Rapport de stage, Fac. Sci. univ Sherbrooke, Canada,
94p.

Dubourdieu J., 1992 - Les forêts de montagne et leurs fonctions multiples. Revue forestière
française , vol. XXXIV, n° 5 spécial“ Restauration des Terrains en Montagne”,1982,pp. 32-
39.

Fournier J-E., 2012 - Impacts écologiques de deux méthodes de restauration en forêt


boréale. Etude de la structure d’un jeune peuplement sur le site Natura 2000 d’Elimyssalo.
Rapport de stage de Master 2 Ecologie-Environnement Spécialité Gestion des Habitats et
des Bassins Versants. 58p.

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1


Cours polycopié : Restauration des écosystèmes 52

Greco J, 1966. - L’érosion, la défense et la restauration des sols, et le reboisement en


Algérie. Min. Agri. Ref. Agr. Alger, 303 p.

Lanier L., 1986 – Précis de sylviculture. Ed. ENGREF, Nancy, 468p.

Laugier R., 2012 - De la restauration écologique au génie écologique (synthèse


documentaire). CRDALN, 19p.

Lefebvre H., 1900 – Les forêts de l’Algérie. Univ of California Library, 434 pages.

Lepoutre B., 1963 - Premier essai de synthèse sur le mécanisme de régénération du cèdre
de l‘Atlas dans Le moyen atlas marocain. Ann. Rech. For. Maroc. T 7, Rabat, pp : 57-163.

Letreuch-Belarouci N. (1991) - Les reboisements en Algérie et leurs perspectives d'avenir. 2


vol., Office des publications universitaire (Alger), 641 p.

Quézel P., Médail F., 2003 – Ecologie et biogéographie des forêts du bassin méditerranéen.
Ed. Elsevier SAS. 571p.

Rey, F., Vallauri D., et Millot M., 2000 - La gestion actuelle de l’érosion par la végétation
forestière dans les Alpes du sud. Forêt méditerranéenne, t. XXI, n° 2, 207-214.

Society for Ecological Restoration International, 2004 - l’abécédaire sur l’écologie de la


restauration de la SER internationale. www.ser.org.

Vallauri D., 1997 - Diversité végétale : un atout pour la restauration des espaces forestiers
dégradés. Le cas de la RTM sur substrats marneux dans les Préalpes du Sud. Forêt
méditerranéenne, tome XVIII, n° 1,1997b, pp. 26-29.

Vallauri D., Chauvin Ch., Mermin E., 1997 - La Restauration écologique des espaces
forestiers dégradés dans les Alpes du Sud. Chronique de 130 ans de restauration et
problématique actuelle des forêts recréées en Pin noir. Revue forestière française , vol.
XLIX, n° 5,pp. 433-449.

Vallauri D.,1998 - Relecture par un écologue des principaux écrits sur la restauration
d’espaces érodés dans les Alpes du sud (1797-1994). Revue forestière française, L-4- 367-
378.

Vallauri D., Chauvin Ch., 1997 - Les Concepts de l’écologie de la restauration appliqués à la
forêt. Revue forestière française , vol. XLIX, n° 3,pp. 195-203.

Verbeck F. - Le kikuyu: une graminée antiérosive vivace, très efficace et trop méconnue en
défens et restauration des sols en zones méditerranéenne. Annales de l'INA, vol 12(1), 1988,
T2, p.660, El Harrache, Alger.

WWF - Restaurer les forêts dégradées. https://www.wwf.fr/champs-daction/foret/gestion-


durable/restauration-forestiere.

Dr. Khellaf RABHI Département d’agronomie, ISVSA, université Batna-1

Vous aimerez peut-être aussi