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Paradoxes et Évolution de la Laïcité

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Emile Poulat - Notre laïcité

Chap. 1: Aux origines de la laïcité

15: La laïcité s'est formée au siècle des Lumières. (…) Surgit dès lors le paradoxe de la
laïcité, parce que la catholicité était un régime d'exclusion: tous catholiques! Qui ne l'était pas
n'avait aucun droit, ou alors des droits limités. (…) La laïcité, au contraire, est une société qui
donne place à tous. (…) Jusqu'en 1789, il fallait être catholique pour être français, alors que le
régime de laïcité fait place à tous: en ce sens, il inclut. (…) Historiquement, les laïcs sont
vainqueurs. Ils ont pourtant dû inclure ceux qu'ils excluaient. Le régime de laïcité s'est mis en
place peu à peu entre 1789 et 1905. (…) Laisser la religion à elle-même était trop dangereux!
D'où un espace non religieux pour que chaque religion y trouve sa place.

De fait, la révolution de 1789 pose la pleine liberté de conscience: "nul ne doit être inquiété
pour ses opinions, même religieuses" selon l'article 10 de la Déclaration des droits de l'homme
et du citoyen. Aux sources intellectuelles de cette idée de laïcité comme liberté de conscience
se trouve la philosophie des Lumières et son combat pour supprimer toute discrimination,
même religieuse, en ouvrant à tous l'espace public sans condition préalable d'orthodoxie. Il
s'agit de passer d'un espace fermé en vertu de la vérité catholique, qui considère comme
fausse toute autre religion, à un espace ouvert au nom des libertés reconnues à tous.

Mais l'idée de la laïcité est, dès la révolution de 1789, ambivalente. Elle est l'aspiration de
quelques esprits forts à conquérir leur place au soleil, toute leur place, qui ne le peuvent qu'en
imposant un droit légal pour tous sans exception et donc même pour ceux de leurs adversaires
qui s'y opposent! La religion catholique était le fondement moral du lien social, tandis que la
laïcité définit un espace public ouvert à tous: il n'y a donc pas de symétrie entre catholicité et
laïcité. L'Eglise catholique a continué à exister à l'intérieur ou à l'extérieur de la laïcité, mais
elle a dû apprendre à faire place à d'autres qu'elle. (…)

De fait, quand je parle de paradoxe, je veux dire que la laïcité inclut les non-laïcs. Elle est
structurellement ambivalente dès le départ. (…) Elle est inclusive, en quelque sorte. Elle
inclut ceux qui la combattent. (…)

Les politiques, à la fin du XVIe siècle, ont fondé notre laïcité contemporaine. Ils se
présentaient comme émancipés vis-à-vis de la catholicité. C'étaient les premiers penseurs
laïcs. Je pense à Michel de l'Hospital, Montaigne, etc. Les "politiques" sont ceux que l'on a
désignés sous l'expression "le Tiers-Parti", lui qui refusa la catholicité et les guerres de
religion entre protestants et catholiques. C'étaient des hommes de paix qui pensaient que la
paix sociale ne pouvait être laissée entre les mains des ministres du culte. (…) Grâce à Louis
XIV et à Richelieu, dans son testament politique, un nouveau concept de souveraineté se fit
jour. Le grand problème, qui se débattait dès lors, n'était plus tellement celui de la
souveraineté, mais plutôt celui de la suprématie de l'Etat ou de Dieu. (…) Ainsi, tout un
régime de droit a pu s'établir cependant différent du régime de chrétienté. Les droits de
l'homme sont nés à cette époque-là ou plutôt les prémisses, à la fin du XVIe siècle. C'est une
chose peu connue! Tout ce courant humaniste refusa la chrétienté qui était, en fait, un régime
d'unanimisme. Les Lumières se situent dans la foulée! Nous avons là, avec Montaigne et
quelques autres, comme les "pères spirituels" des Lumières et de la laïcité!

Chap. 2: La laïcité, du XIXe siècle à la loi de 1905


29: N'oublions pas que le mot "laïcité" est d'invention tardive! La loi de 1905 ignore le mot
"laïcité". Au début du XXe siècle, ce mot est encore considéré comme un néologisme. Le mot
apparaît dans les années 1870. Il faut attendre la loi du 15 mars 2005 pour que le mot "laïcité"
fasse son apparition dans le texte de la loi. En France, la liberté de l'enseignement a toujours
été une idée très républicaine contrairement à ce que beaucoup prétendent. La loi de 1905 sur
la séparation de l'Eglise et de l'Etat n'est pas une loi scolaire. (…)
La loi scolaire, c'est l'ensemble des lois Ferry: l'école publique, laïque, gratuite et obligatoire
est d'ailleurs une formulation malheureuse. Seule l'école communale est gratuite! (…) L'école
laïque n'a jamais été obligatoire, puisque l'enseignement privé a toujours été autorisé. Ce qui
est obligatoire, ce n'est pas l'école, c'est l'instruction. On peut parfaitement faire l'instruction à
domicile. Les parents peuvent se réserver l'instruction des enfants. Actuellement, il y a
quelques sept mille enfants qui sont instruits dans leur famille sous contrôle de l'inspection
publique. La formulation que je viens de citer relève donc, pour moi, du slogan politique. (…)

Au fond, la loi de 1905 nous fait passer de la pleine liberté de conscience issue de la
révolution de 1789 à la pleine liberté de religion avec la fin des "cultes reconnus". ( sous l'Ancien
Régime, seul me culte catholique était admis à s'exercer publiquement, sous réserve de quelques situations particulières. En
ce sens, le régime concordataire a établi le système dit des "quatre cultes"": catholique, luthérien, réformé ou calviniste et
israélite. Pour la première fois, dans l'histoire de France, la loi de 1905 pose le principe d'une pleine et entière liberté pour
tous en ce domaine.) Auparavant, la religion catholique était publique, une affaire d'Etat, et la
liberté de conscience une affaire privée. C'est désormais l'inverse: la religion est privée, et la
liberté de conscience est publique, assurée par l'Etat. La laïcité est la lutte pour ce
renversement de situation. Quand la religion catholique était publique, c'était la porte fermée à
tout ce qui n'était pas elle; quand la liberté de conscience devient publique, c'est la porte
ouverte à tout ce qui s'en réclame, et donc la garantie du libre exercice public de toute
religion. Une vraie révolution culturelle! (…)

A aucun moment la loi de 1905 n'utilise le mot "séparation", sinon dans son intitulé.
Concrètement, la prétendue séparation n'est que la suppression du budget et de
l'administration des cultes. (…) Le terme "séparation" me semble très problématique. Depuis
la Révolution, les communes sont propriétaires des églises. Un député avait même souhaité
que l'on profitât de la loi de 1905 pour rendre les églises à l'Eglise. Mais la majorité
parlementaire a refusé de faire ce cadeau à l'Eglise! (…) En réalité, de séparation stricto sensu
il n'y en a pas: les communes restent propriétaires des églises paroissiales et l'Etat reste
propriétaire des cathédrales. La loi a même créé le délit de messe non autorisée qui a envoyé
des prêtres en prison. Cette disposition fut active durant six mois environ. Toute messe devait
être déclarée au préalable comme toute réunion publique. La loi de 1907 a supprimé cette
autorisation pour les réunions publiques. C'étaient donc les libertés publiques qui furent ici
gagnantes.

Chap. 3: La laïcité à la fin du XXe siècle: les débats sur l'islam et l'école

46: Nous sommes dans une société laïque qui a pensé résoudre le problème catholique et on
doit à présent affronter le problème musulman. C'est ce qui n'avait pas été prévu en 1905.
L'irruption de l'islam oblige à bien savoir de quoi on parle en matière de laïcité. Or, souvent,
on ne sait pas très bien de quoi on parle à travers ce vocable. Il y a deux problèmes
spécifiques: le scolaire et le cultuel. Ceux qui pensent résoudre le premier ignorent, en
général, le second. C'est pourtant un tout. La loi de 1905 fait place à tous les cultes. Disant
cela, elle pose des principes, mais rien n'est concrètement résolu. (…)
Prenons du champ! La laïcité, je vous le rappelle, consiste dans le fait qu'il n'y a plus de
religion officielle et qu'il y a place pour tous les cultes. Il faut cesser de confondre les
différentes formes de laïcité: la laïcité scolaire ne se résout pas comme la laïcité cultuelle. le
cœur de cible, pourrait-on dire, c'est que l'on est passé d'un régime de monopole avec la
catholicité à un régime qui fait place à tous, à savoir la laïcité. (…)
La laïcité est une culture qui permet l'intégration de tout le monde mais qui ne peut la garantir.
La preuve! La laïcité n'empêchera jamais personne de se battre. C'est un lieu qui permet mais
qui ne garantit pas. C'est un dispositif fondamental qui fait place à tous. A partir de là
commence l'histoire réelle. La laïcité est structurellement ambiguë dans la mesure où elle
inclut ceux qui l'excluent: dès lors, comment vivre ensemble? (…) Les musulmans vont-ils
accepter de faire partie d'une société où il y a place pour tout le monde? (…)
La peur de l'islam, c'est que les musulmans s'incrustent, comme on dit. Les revendications
sont soigneusement gommées quand on place le débat à un niveau idéologique. On fait appel
à l'idéologie au moment où on demande des piscines séparées! Ce n'est pas non plus un
problème de laïcité, à mon sens. Ce sont des problèmes de règlementation sociale. Le
problème de se promener nu dans la rue ne relève pas de la laïcité que je sache! Se couvrir un
peu plus n'est pas un problème de laïcité. Nous sommes dans un pays où toute personne doit
être reconnue dans la rue: c'est une norme sociale. Comment la justifier? Ne pouvant pas
invoquer l'islam, on invoque la laïcité. Mais ce n'est rien de plus qu'une norme sociale. (…)

Je vous lis l'article, alinéa 2 [de la charte de la laïcité] : "aucun élève ne peut invoquer une
conviction religieuse ou politique pour contester à un enseignant le droit d'enseigner." Qu'en
pensez-vous?
On peut supprimer tous les objectifs! Aucun élève ne peut contester le droit d'enseigner! C'est
cela le vrai problème. (…)

Je sais que cela étonne quand je dis cela, mais je répète qu'il s'agit uniquement du culte public:
stricto sensu, la laïcité règle le culte public. On peut ainsi prendre l'exemple des sectes,
exemple fort compliqué dont on n'a rien pu dire de clair en France depuis vingt ans. Qu'est-ce
qu'une secte? Personne n'en parle plus! C'est tout de même très étrange! Où sont-elles donc
passées? Cela a été un gros débat sans effet… Où sont les enquêtes? Qui lit le rapport annuel
de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires
créée en 2002)? Les rapports se fondent sur des articles de presse et non sur des enquêtes. Le
débat sur l'islam a tout occulté. Pour une part, la société française se fait peur avec le
religieux.

Vous pensez que la laïcité à l'école est un enjeu spécifique?

Absolument. On le traite comme tel, différemment du culte. Le problème du culte est un


problème entre croyants. La question scolaire, c'est le rapport entre croyants et incroyants
dans l'espace de l'école. Les principes sont certes les mêmes mais je préfère toujours ramener
au réel! (…)

Je ne nie pas que nous soyons là face à un conflit entre la norme sociale exigée par l'école et
le choix religieux de ces jeunes filles. La norme sociale demandée par l'école ne me paraît pas
relever de la laïcité. Il fut un temps, je le redis, où les femmes devaient être couvertes. Toute
variation de la norme sociale suppose un espace laïc mais n'est pas une conséquence de la
laïcité. Ces jeunes filles tiennent souvent un monologue. C'est un problème de négociation
qu'on réussit ou pas! Que faire devant deux intolérances? Car il s'agit bien de cela. Ces
intolérances sous des formes diluées ou aiguës n'en finissent pas de renaître. La tolérance
consiste à accepter qu'un autre ne pense pas comme moi. Ce qui caractérise l'intolérance, c'est
qu'elle soit toujours entre deux personnes ou deux conceptions. Or, la tolérance est toujours
extérieure à ce choc binaire: je ne suis pas partie de l'intolérance que je rencontre. Ce n'est pas
pour moi manière de fuir. C'est d'abord un fait de société. (…)

Je note qu'on a jamais parlé d'école laïque: on a dit d'abord "école communale" puis "école
publique" mais jamais "école laïque". (…)

Une discussion purement théorique ou doctrinale sur la laïcité ne fera rien avancer du tout,
notamment quant aux problèmes concrets. On manque singulièrement de pragmatisme qui
serait le meilleur conseiller: on parvient parfois à des compromis concrets sur la question des
cantines scolaires! (…)

Je retiendrai quatre définitions de la laïcité:


la première est politique et structurelle: la laïcité, c'est le régime politique qui succède à la
catholicité. La catholicité était exclusive: qui n'était pas catholique, c'est-à-dire juif et
protestant, au royaume de France ou ne bénéficiait d'aucun droit, ou ne jouissait que de droits
limités. La laïcité est inclusive: elle laisse de la place au soleil à tous.
La deuxième définition est juridique. Elle découle de la première: la laïcité, c'est la liberté
publique de conscience pour tous et pour toutes, pour chacun et pour chacune.
La troisième est historique et provient de l'issue des guerres de religion en France: la laïcité,
c'est la pacification des esprits par le droit.
Enfin la dernière est philosophique: la laïcité, c'est l'émancipation des esprits par la raison,
définition qui succède à la suivante et est aujourd'hui mise en avant dans l'opinion publique.
Elle s'identifie aux Lumières à la française, aux philosophes, par opposition aux théologiens,
et peut parfois, dans le débat public, s'opposer aux précédentes définitions.

En ce sens, cette conception de la laïcité, très française, peut conduire à désigner la religion
comme l'ennemi, l'Eglise catholique autrefois, l'islam aujourd'hui. Elle s'oppose alors à la
première définition, celle du régime politique qui prône la délibération entre tous. Elle
s'oppose, en outre, à la deuxième définition, puisqu'elle cherche à limiter la pratique du culte
dans l'espace publique. Enfin, au nom de la raison, qui est conçue en France come l'opposé de
la croyance et de la foi, elle peut conduire à exciter les esprits par le droit en légiférant de
manière à contraindre l'expression publique de la foi.

Note explicative: "Les pères spirituels de l'idée de la laïcité" (par Olivier Bobineau)

Les enfants, symboles de pureté, vengent également la souillure diabolique qui menace la
société tout entière. A Provins, en octobre 1572, le protestant Jean Bellardel, dit Crespin, qui
vient d'être accusé, jugé et pendu pour viols, est laissé à la merci des "enfants de moins de
douze ans". Après avoir mis des cordes aux membres du cadavre, ils débattent à l'image de
leurs aînés, entre eux, afin de savoir par quelles cordes il va être traîné. Une fois les
"plaidoiries" effectuées, le verdict des enfants tombe: il sera traîné par les pieds puis jeté dans
un feu, anticipant en cela le feu de l'enfer. Cette violence ne connaît aucune limite dans les
faits. (…) A Meaux, en 1563 un enfant arraché des bras de sa mère est "froissé contre la
muraille en prononçant ces mots: par la mort de Dieu, il nous faut perdre la race de ces
huguenots". Enceintes, des femmes sont fendues vives et leur bébé sortant la tête, est décapité
ou dévoré par des jeunes gens: c'est le cas à Gaillac ou Montauban en 1572. (…)
A Vire, du 4 au 8 septembre 1562, hommes et femmes piétinent les cadavres huguenots
jusqu'à en extraire les tripes et boyaux au cri de "si quelqu'un vouloit acheter les tripes d'un
huguenot"; (…)
Au mois de décembre 1562, le bourreau de Carcassonne se distingue non seulement en
écorchant cinq des huguenots exécutés, et en sciant tout vivant un autre, mais aussi en
mangeant le foie de l'une de ses victimes. (…)
Lors de la prise de Pithiviers par Antoine de Gramont en novembre 1562, alors que les soldats
catholiques sont épargnés, les prêtres sont massacrés. Mortagne, mars 1563, ou Vire, la même
année: aucun homme ni aucune femme n'est tué, hormis les prêtres et moines qui, selon leurs
bourreaux, mettent le vieux monde en situation de résistance par rapport à la véritable parole
divine.
Le châtiment le plus fréquemment appliqué est la pendaison - parce qu'infâmante et réservée
aux criminels - suivie d'expositions du cadavre à la population. Mâcon, septembre 1562: le
prieur des Jacobins est étranglé avec un licol, puis la corde au cou, fait le tour de la ville selon
des stations mutilatrices pour le punir des forfaits dont il s'est rendu coupable devant Dieu et
les hommes. "Il a l'oreille droite sectionnée à la porte Saint-Antoine, la gauche à la porte de la
Barre; à la porte de Bourgneuf, le bout des doigts est coupé. Ensuite il a le nez mutilé dans la
cour de la prévôté, des flammes lui lèchent les jambes sur la place de l'ancien marché. Enfin,
il est châtré sur le pont de la Saône et ses parties honteuses sont lancées dans la rivière."
Dans cette contexture violentissime, le parti des "Politiques" ou tiers parti, considère que les
guerres entre les catholiques et protestants français obligent à conclure que la paix civile est
une affaire trop sérieuse pour être abandonnée aux religions et à leurs ministres. Ces
"Politiques" partent d'un constat: la surenchère de violence "signifie destruction de l'Etat, et la
destruction de l'Etat aura pour effet l'oubli de Dieu, parce que la violence entraîne la
malédiction de Dieu et que c'est par et dans l'ordre civil que les hommes sont en condition
d'honorer Dieu." Du chancelier Michel de l'Hospital (1505-1573), à Michel de Montaigne
(1533-1592), Etienne Pasquier (1529-1615), Jacques-Auguste de Thou (1553-1617), Jean de
Léry (vers 1536 - vers 1613) ou encore François de la Noue (1531-1591), c'est tout un courant
politique composé de bien d'autres auteurs, écrivains, responsables militaires et politiques qui
émergent à la fin du XVIe siècle. Ces "Politiques" considèrent in fine que "la cessation de la
guerre" est "la condition d'un retour de la loi civile et donc de l'humanité". L'enjeu est
d'amener les Français et leurs responsables à porter "un autre regard sur eux-mêmes et à
comprendre que la violence n'est pas humaine, qu'elle est perte tragique d'identité" pour les
aider… "à redevenir humain". Ici doit intervenir la Raison, qui, à l'opposé des passions
religieuses, saura redonner raison aux Français. Le règne de la raison doit succéder au règne
de la violence. (…)

Au niveau de l'Etat, cela signifie, comme le souligne Pierre de Belloy en 1585, que "la
République n'est pas dans l'Eglise, mais au contraire l'Eglise est dans la République".

(Extraits - Denis Crouzet, Les guerriers de Dieu. La violence au temps des troubles de
religion. Vers 1525 - vers 1610, 1990)

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