CT48 PDF
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Pascal Thiébeau
Unité d’Agronomie de Laon-Reims-Mons, 2 esplanade R. Garros, 51 686 REIMS Cedex 2
(thiebeau@reims.inra.fr)
Résumé
Introduction
Depuis que l’unité est dotée de capteurs de température, elle a cherché constamment à
vérifier la crédibilité des mesures réalisées par ces matériels. Le principe retenu jusqu’alors
était un étalonnage en conditions réelles d’utilisation au champ, par la mise en place des
capteurs en mini-abri météo, à côté de la station météorologique de Fagnières (51), dont les
capteurs sont régulièrement contrôlés par l’unité d’Etude des Facteurs climatiques INRA de
Montfavet (84). Mais l’engagement de l’INRA dans un projet Qualité (Vialle, 2000) a conduit
l’unité d’Agronomie de Reims à s’équiper d’un calibrateur de température à bain sec, pour
affiner la calibration de son parc de capteurs de température de type thermistance.
L’objectif de ce travail est de définir une méthode permettant de tester ces capteurs de
température à l’aide du calibrateur, en testant les hypothèses qui peuvent avoir une influence
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sur les mesures réalisées. La procédure retenue doit permettre d’obtenir des coefficients de
correction des températures mesurées les plus fiables possibles, et par conséquent, garantir la
qualité des mesures réalisées lors d’expérimentations.
Matériels et méthodes
La chaîne des appareils utilisés est composée : i) d’un calibrateur de température à bain
sec, permettant de programmer des températures test, ii) d’un ensemble « température de
référence » composé d’une sonde de température de précision et de son boîtier de lecture,
permettant de connaître avec précision la température réelle auxquels les capteurs de
température testés sont soumis vis-à-vis de la température programmée sur le calibrateur,
iii) des capteurs de température à étalonner, et iv) d’une centrale d’acquisition de données,
permettant d’enregistrer les températures mesurées par les capteurs à étalonner.
Les caractéristiques des matériels utilisés lors de cette étude sont les suivantes :
1
Techne Ltd, Duxford, Cambridge, CB2 4PZ England
2
Dostmann electronic Gmbh, 97877 Wertheim-Reicholzheim, Germany
3
Grant Instruments Ltd, Barrington, Cambridge, CB2 5QZ England
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sont réalisées en relevant la valeur de chaque capteur de température 20 mn au minimum
après chaque changement de plage de température : ceci correspond à deux fois le temps
nécessaire préconisé par le constructeur pour la montée en température homogène du cylindre
dans lequel les capteurs sont placés. Un contrôle de cette montée en température réalisé a
posteriori montre que la température est stabilisée au bout de 7mn et 20s (± 48s) pour des
élévations de température par pas de 5°C ou de 10°C ; ce qui signifie que le délai de 10 mn,
annoncé par le constructeur, est suffisant. Le travail est réalisé en salle climatisée à 21°C pour
respecter la consigne du constructeur de travailler en ambiance stable.
Le travail est réalisé avec un même lot de 4 capteurs. Chaque capteur est identifié d’un
code à 5 chiffres (exemple : 20012) : les deux premiers chiffres indiquent la longueur du câble
associé au capteur (ici : 20 m), et les 3 suivants, identifient le capteur (ici, il s’agit du n° 12).
La longueur des câbles varie de 20 à 35 m. On fait l’hypothèse qu’ils n’ont pas d’incidence
sur la mesure de température des capteurs, et/ou que la perte de précision de la mesure de
température qu’ils sont susceptibles d’induire fait partie de la mesure réalisée, donc du
coefficient de correction qui sera appliqué au capteur. Les capteurs sont testés dans une
gamme de température qu’ils sont amenés à mesurer au champ, c’est-à-dire entre –20°C et
+40°C. Le test étant réalisé par paliers de 5°C, 13 mesures élémentaires sont réalisées par
capteur pour leur étalonnage. Compte tenu du nombre de mesures et du délais entre chaque
mesure retenu lors de cette étude (> 20 mn), on ne peut réaliser plus d’une courbe étalon par
jour et par capteur. Le calibrateur n’étant pas programmable, l’opérateur doit intervenir pour
réaliser chaque changement de température de travail.
Afin de s’affranchir d’interactions dans l’interprétation des données recueillies, plusieurs
hypothèses vont être testées, dont l’objectif finalisé définira la procédure à respecter pour
l’étalonnage de ces capteurs.
Les hypothèses testées sont les suivantes :
1/ effet « jour de mesure » ;
2/ effet « voie de connexion » sur la centrale de mesure ;
3/ effet « centrale de mesure » ;
4/ effet « sens d’étalonnage » : de -20°C à +40°C ou de +40°C à –20°C ;
5/ effet « déplacement du capteur dans la chambre du cylindre ».
Chaque hypothèse est testée toutes choses étant égales par ailleurs, c’est-à-dire que seul
l’effet testé est modifié par rapport au jour de mesure précédent et/ou suivant.
Traitement statistique
Après une analyse graphique des données, les droites d’ajustement et les erreurs sur
pentes et ordonnées sont calculées. Les résultats (non présentés) offrent tous des coefficients
de corrélation supérieurs à 0,9998 pour 11 degrés de liberté, ce qui est considéré comme très
hautement significatif. Ensuite, le calcul des pentes moyennes, ordonnées moyennes, est
réalisé à partir de 3 données au moins, desquelles sont calculés les écarts-types et coefficients
de variations : nous interprèterons avec prudence ces critères, puisque le coefficient de
variation n’est qu’une expression, en pourcentage, de l’écart-type par rapport à la moyenne.
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erreur de 0,4°C pour une température de l’air de 20°C réel, et nous conservons la valeur de
précision du capteur de ± 0.2°C, annoncée par le constructeur, comme valeur d’écart-type
maximale associée à l’estimation de l’ordonnée à l’origine.
Résultats et Discussion
40 0.4
= T°étalon - T°consigne (°C)
30 0.2
20 0.0
10 -0.2
0 -0.4 Moyenne
Minimum
-10 1ère bissectrice -0.6 Maximum
Moyenne (+ Ec.Type)
-20 -0.8
-20 -10 0 10 20 30 40 -20 -10 0 10 20 30 40
Température de consigne (°C) Température de consigne (°C)
Figure 1 : Relation entre la température du Figure 2 : Différentiel de température calculé entre
capteur étalon et la température de consigne le capteur étalon et la température de consigne
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Test des hypothèses
Pour tester chacun de ces effets, les capteurs ne sont pas déplacés durant deux jours
consécutifs au moins.
2 2
1 1
0 0
24018
-1 24018 -1
35026
35026 20012
-2 20012 -2 35028
35028 1ère biss.
-3 -3
-20 -10 0 10 20 30 40 -3 -2 -1 0 1 2
Température de référence (°C) Différentiel de T° jour de mesure 1 (°C)
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variations qui oscillent entre 1 et plus de 15%. Il faut cependant accepter ces résultats puisque
l’écart-type le plus élevé est de 0,063, ce qui reste dans la limite de précision d’affichage de la
centrale de mesure Grant (0,05°C), et inférieur à l’écart maximal toléré (0,2°C). Il faut donc
conclure ici à l’absence d’effet « jour de mesure ».
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aux tests des effets précédents. La centrale de mesure n’a donc pas d’incidence sur les
mesures de température réalisées.
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du parc de matériels de mesure, soit on poursuit des séries de mesures jusqu’à l’estimation
d’une ordonnée à l’origine meilleure : cette solution sera retenue dans le cas présent parce que
l’on dispose, dans le même intervalle de mesure, d’une bonne estimation de leur pente
(coefficient de variation inférieur à l’écart maximum toléré de 2%).
Le fait de déplacer le capteur de température n’a donc pas d’incidence significative sur la
pente de l’ajustement calculé pour corriger la température mesurée par le capteur. En
revanche, il semble avoir une incidence, approchant le seuil maximal toléré, pour le calcul de
l’ordonnée à l’origine. Compte tenu de la nature du métal avec lequel les chambres des
capteurs sont faites, un effet « changement de chambre » ne peut être retenu : la température
est homogène entre elles. Ce problème d’estimation de l’ordonnée à l’origine est donc
particulièrement important puisque après l’opération d’étalonnage, chaque capteur est
systématiquement amené à être déplacé pour être utilisé dans une expérimentation, que ce soit
au champ ou au laboratoire. Il est donc nécessaire d’avoir une idée précise de la stabilité de
l’ordonnée à l’origine de chaque capteur avant de l’utiliser.
Après avoir réitéré ce test à l’aide d’un autre jeu de 4 capteurs durant 7 jours (ou 7 séries
si l’on respecte un délai de 10 mn entre chaque palier de température), en déplaçant
systématiquement les capteurs entre chaque jour de mesure (résultats non montrés), il s’avère
qu’une estimation assez fiable de l’ordonnée à l’origine est obtenue à partir du 4ème jour de
mesure. Le coefficient de variation reste dans une plage de 20 à 40% autour de cette
moyenne, mais la valeur de l’écart-type n’a jamais atteint 0,1°C.
Dans la pratique expérimentale, les utilisateurs de ces capteurs savent, par expérience,
qu’il est préférable de doubler chaque capteur pour la mesure d’un paramètre donné, de
manière à considérer la situation où un capteur viendrait à être défectueux. Cette précaution
trouve également son sens en terme de qualité de mesure puisqu’à défaut de pouvoir être très
précis sur l’évaluation de l’ordonnée à l’origine de chaque capteur de température, on peut
calculer la moyenne des 2 mesures répétitions, après les corrections résultant de leur
étalonnage, ce qui limite le risque d’une mauvaise évaluation de l’ordonnée à l’origine d’un
capteur.
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Différentiel de temp. (=réf.-capt.testé)
0.6
0.4
0.2
0.0
-0.2
-0.4
Jour 1
-0.6 Jour 2
-0.8 Jour 3
-1.0
-20 -10 0 10 20 30 40
Température de référence (°C)
Conclusion
Chaque capteur de température doit faire l’objet d’un étalonnage et d’une correction
individualisée. Le calibrateur Técal permet de réaliser ce travail, mais doit impérativement
être accompagné d’un capteur de température de précision. La courbe d’étalonnage de
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température mesurée par chaque capteur impose le calcul d’une droite d’ajustement. Après
avoir testé plusieurs hypothèses comme l’effet du jour de la mesure, la voie de connexion du
capteur sur la centrale de mesure, la centrale de mesure elle-même, le sens d’étalonnage, cette
étude montre que seul le fait de déplacer le capteur a une incidence sur l’ordonnée à l’origine
de la droite d’ajustement calculée ; la pente étant stable entre plusieurs séries de mesures.
Avant de mettre en service un capteur de température sur une expérimentation, il s’avère
nécessaire de réaliser au moins 4 séries d’étalonnage indépendantes pour chaque capteur de
température, afin d’avoir une estimation assez fiable de l’ordonnée à l’origine.
Par ailleurs, doubler la mesure de température, pour un paramètre donné, se révèle être
une précaution à respecter au cours d’une expérimentation pour pallier le défaut éventuel
d’une mauvaise estimation de l’ordonnée d’un capteur de température, ou la défaillance de
l’un d’entre-eux en cours de mesures.
Références
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