Sous-Section 2
: Le développement durable
2-1. Définition en général :
Le développement durable est l’idée que les sociétés humaines doivent vivre et
répondre à leurs besoins sans compromettre la capacité des générations futures à
répondre à leurs propres besoins.
Concrètement, le développement durable est une façon d’organiser la société de
manière à lui permettre d’exister sur le long terme. Cela implique de prendre en
compte à la fois les impératifs présents mais aussi ceux du futur, comme la
préservation de l’environnement et des ressources naturelles ou l’équité sociale et
économique.
La définition « officielle » du développement durable a été élaborée pour la première
fois dans le Rapport Brundtland en 1987. Ce rapport était la synthèse issue de la
première commission mondiale sur l’environnement et le développement de l’ONU.
2-2. Définition du développement durable selon Agnès Béatrice
BIKOKO et Paul OMBIONO :
Le développement durable peut être défini comme un développement qui répond
aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à
répondre aux leurs, selon Mme Gro Harlem Brundtland, premier ministre norvégien.
De cette simple définition nous vient une pensée : comment assurer un accès à l’eau
potable et à l’alimentation, à la santé et à l’éducation pour tous, comment assurer la
protection de la biodiversité et lutter contre le changement climatique, et préserver
les ressources naturelles pour les générations à venir si ces questions n’ont même pas
encore trouvé des réponses pour la génération actuelle ? Voilà dans quel contexte se
trouve l’Afrique en général et le Cameroun en particulier avec des zones enclavées,
des jeunes qui n’ont pas accès à l’éducation, des villes qui n’ont pas de sociétés de
recyclage et de traitement des déchets.
Parler de développement durable c’est juste dans les colloques, séminaires, livres et
cahiers mais au quotidien, les ordures sont jetées dans des cours d’eau, les même
cours d’eau où viennent se baigner des jeunes enfants et où des femmes font la
lessive voire même lavent les fruits et autres produits destinés à la consommation.
Comment dans cette ambiance ne pas développer des maladies mortelles ? Il est ainsi
fréquent d’observer dans ces zones où il n’y a pas de structures de traitement
d’ordures ménagères des maladies telles que la fièvre typhoïde, le paludisme, les
vers, le choléra, les levures…
Le développement durable semble donc être le mot que d’autres personnes utilisent
car si l’on parle dans les pays développés de recyclage, de tri, de bioénergie, dans
certaines villes africaines par contre, les fruits et les vêtements sont encore jetés à
même le sol, les emballages plastiques non biodégradables continuent d’être utilisés
et balancés à tort et à travers dans des flaques d’eau, d’autres attitudes et
comportements regrettables sont adoptés. On observe alors une pollution sournoise
mais que personne ne dénonce et que le gouvernement laisse perdurer en faisant
semblant d’entreprendre une remédiation sans continuer sur le long terme et sans
engager de réelles actions sur le terrain pour un changement des mœurs.
Les organisations non gouvernementales entreprennent depuis plusieurs années
déjà des actions de sensibilisation et d’éducation au développement durable ; les
gouvernements africains devraient en faire autant sinon plus, en éduquant les
populations pour les amener à préserver la vie et l’environnement, ce qui à coup sûr
contribuerait à la résolution des problèmes sociaux et sanitaires.
2-3. Définition du développement durable selon rapport Brundtland :
La Commission Mondiale sur l’Environnement et le Développement de l’ONU débute
en 1983. Le contexte international est de plus en plus agité à propos des questions de
justice sociale et d’environnement. 11 ans après le Sommet de la Terre de Stockholm,
les choses n’ont pas beaucoup évolué. Au contraire, ce sont des gouvernements néo-
libéraux qui sont élus aux Etats-Unis ou au Royaume-Uni, et qui prônent une
conception non régulée des marchés économiques et financiers. Le second choc
pétrolier a fait des ravages et on se rend compte que nous vivons dans un monde aux
ressources finies, et que notre développement doit donc être limité. A l’époque,
l’idée est de trouver un moyen de concilier le développement économique et le
développement des marchés avec la préoccupation écologique et sociale. L’ONU vote
donc une résolution constituant la Commission afin de travailler sur cette question.
Quatre ans plus tard, la Commission publie son rapport, intitulé Notre Avenir à Tous
(Our Common Future). C’est la première fois que le terme développement durable
est officiellement utilisé par une institution internationale. Voici la définition qui en
est donnée dans le rapport :
« Le développement durable est un mode de développement qui répond aux besoins
des générations présentes sans compromettre la capacité des générations futures de
répondre aux leurs. Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de «
besoins », et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à qui il
convient d’accorder la plus grande priorité, et l’idée des limitations que l’état de nos
techniques et de notre organisation sociale impose sur la capacité de
l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir. »
L’idée du développement durable selon la définition donnée par le Rapport
Brundtland, c’est qu’il est possible de trouver un modèle économique qui concilie
croissance des marchés et de la production, avec le respect des limites naturelles et
des droits de l’homme. Si au départ, le rapport Brundtland n’a pas eu un écho
médiatique très important, le terme a fini par se répandre au fur et à mesure des
divers Conférences internationales sur l’environnement ou sur le climat. La prise de
conscience citoyenne du problème écologique a contribué à en faire un sujet « à la
mode » et donc à développer le mot.
2-4. Histoire du développement durable :
L'émergence du concept de développement durable a été longue. L'idée d'un
développement pouvant à la fois réduire les inégalités sociales et réduire la pression
sur l'environnement a fait son chemin. Nous pouvons en retracer quelques jalons
majeurs :
1909 :
Émergence du concept de Géonomie en Europe centrale.
1968 :
Création du Club de Rome regroupant quelques personnalités occupant des postes
relativement importants dans leurs pays respectifs et souhaitant que la recherche
s'empare du problème de l'évolution du monde pris dans sa globalité pour tenter de
cerner les limites de la croissance économique.
1972 :
Publication du Rapport Meadows qui prône une "Halte à la croissance" suite à la
croissance effrénée des Trente Glorieuses.
1972 :
Le Club de Rome publie le rapport The limits to growth (en français Les limites de la
croissance), rédigé à sa demande par une équipe de chercheurs du Massachusetts
Institute of Technology. Ce premier rapport donne les résultats de simulations
informatiques sur l'évolution de la population humaine en fonction de l'exploitation
des ressources naturelles, avec des projections jusqu'en 2100. Il en ressort que la
poursuite de la croissance économique entraînera au cours du XXIe siècle une chute
brutale des populations à cause de la pollution, de l'appauvrissement des sols
cultivables et de la raréfaction des énergies fossiles. Le modèle n'est cependant pas
encore à ce stade sectorisé par régions comme il le sera ensuite. Selon certain,
nombre de ses prévisions se sont révélées fausses. Au contraire, les auteurs eux-
mêmes, dans leur mise à jour de 2004 intitulée Limits to Growth. The 30-Year Update
(non traduite en français) démontrent que la réalité est relativement conforme à
leurs prévisions de 1972.
De nombreux autres travaux critiques de certaines limites du système économique de
l'époque sont publiés : citons entre autres Nicholas Georgescu-Roegen et sa
comparaison entre systèmes économique et thermodynamique, ou encore
l'économiste britannique E.F. Schumacher qui prône des solutions plus locales et
moins technologiques et technocratiques dans son livre « Small is beautiful ».
1972 (5 au 16 juin) :
Une conférence des Nations Unies sur l'environnement humain à Stockholm expose
notamment l'éco-développement, les interactions entre écologie et économie, le
développement des pays du Sud et du Nord. Il sera rétrospectivement qualifié de
premier Sommet de la Terre. C'est un échec relatif, avec aucun compromis clair, mais
la problématique semble dès lors posée : l'environnement apparaît comme un
patrimoine mondial essentiel à transmettre aux générations futures.
1979 :
Le philosophe Hans Jonas exprime cette préoccupation dans son livre Le Principe
responsabilité.
1980 :
L'Union internationale pour la conservation de la nature publie un rapport intitulé La
stratégie mondiale pour la conservation où apparaît pour la première fois la notion
de « développement durable », traduite de l'anglais « sustainable development ».
1987 :
Une définition du développement durable est proposée par la Commission mondiale
sur l'environnement et le développement (Rapport Brundtland). Le protocole de
Montréal relatif aux substances qui appauvrissent la couche d'ozone est signé le 16
septembre, signe qu'un engagement collectif est possible.
1990 :
Le premier rapport du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du
climat (Giec) commence à alerter la communauté internationale sur les risques du
réchauffement climatique dûs à la concentration dans l'atmosphère de gaz à effet de
serre.
1991 (22 mai) :
Le Premier ministre français Édith Cresson, qui vient de créer un ministère de
l'Environnement (attribué à Brice Lalonde) évoque le terme de développement
durable dans son discours de politique générale.
1992 (3 au 14 juin) :
Deuxième sommet de la Terre, à Rio de Janeiro. Consécration du terme
"développement durable", le concept commence à être largement médiatisé devant
le grand public. Adoption de la convention de Rio et naissance de l'Agenda 21. La
définition Brundtland, axée prioritairement sur la préservation de l'environnement et
la consommation prudente des ressources naturelles non renouvelables, sera
modifiée par la définition des « trois piliers » qui doivent être conciliés dans une
perspective de développement durable : le progrès économique, la justice sociale, et
la préservation de l'environnement.
1994 :
Publication de la charte d'Aalborg sur les villes durables, au niveau européen.
1997 (1er au 12 décembre) :
3ème Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, à Kyōto, au
cours duquel sera établi le protocole de même nom
2002 (26 août au 4 septembre) :
Sommet de Johannesburg : En septembre, plus de cent chefs d'État, plusieurs
dizaines de milliers de représentants gouvernementaux et d'ONG ratifient un traité
prenant position sur la conservation des ressources naturelles et de la biodiversité.
Quelques grandes entreprises françaises sont présentes.
2005 :
Entrée en vigueur du protocole de Kyōto sur la réduction des émissions de gaz à effet
de serre dans l'Union européenne. Adoption, en France, d'une charte de
l'environnement, insistant sur le principe de précaution.
2009 :
Conférence de Copenhague de 2009 sur le climat.
2-5. Les trois piliers du développement durable :
Contrairement au développement économique, le développement durable est un
développement qui prend en compte trois dimensions : économique,
environnementale et sociale. Les trois piliers du développement durable qui sont
traditionnellement utilisés pour le définir sont donc : l’économie, le social et
l’environnement. La particularité du développement durable est de se situer au
carrefour de ces 3 piliers.
La finalité du développement durable est de trouver un équilibre cohérent et viable à
long terme entre ces trois enjeux. À ces trois piliers s'ajoute un enjeu transversal,
indispensable à la définition et à la mise en œuvre de politiques et d'actions relatives
au développement durable : la gouvernance. La gouvernance consiste en la
participation de tous les acteurs (citoyens, entreprises, associations, élus...) au
processus de décision ; elle est de ce fait une forme de démocratie participative. Le
développement durable n'est pas un état statique d'harmonie, mais un processus de
transformation dans lequel l'exploitation des ressources naturelles, le choix des
investissements, l'orientation des changements techniques et institutionnels sont
rendus cohérents avec l'avenir comme avec les besoins du présent.
On peut considérer que les objectifs du développement durable se partagent entre
trois grandes catégories :
Ceux qui sont à traiter à l'échelle de la planète : rapports entre nations,
individus, générations ;
Ceux qui relèvent des autorités publiques dans chaque grande zone
économique (Union européenne, Amérique du Nord, Amérique latine, Asie…),
à travers les réseaux territoriaux par exemple ;
Ceux qui relèvent de la responsabilité des entreprises.
Appliqué à l'économie, le développement durable intègre trois dimensions :
Économique (efficacité, rentabilité) : trouvé un juste équilibre entre profit et gestion
durable de l'environnement.
Sociale (responsabilité sociale) : satisfaire les besoins essentiels des populations en
réduisant les inégalités sociales dans le respect des différentes cultures.
Environnementale (responsabilité environnementale) : maintenir l'équilibre
écologique sur le long terme en limitant notre impact sur l'environnement.