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Îles Pitcairn

territoire britannique d'outre-mer dans l'océan Pacifique

Les îles Pitcairn (en anglais : Pitcairn Islands ; en pitcairnais : Pitkern Ailen), seul territoire britannique d'outre-mer dans l'océan Pacifique, sont un ensemble de quatre îles (Pitcairn, Henderson, Ducie et Oeno) d'une superficie totale de 47 km2. En tant qu'entité administrative, leur nom officiel en anglais est Pitcairn, Henderson, Ducie and Oeno Islands. Adamstown est la capitale.

Îles Pitcairn
(en) Pitcairn Islands
(pih) Pitkern Ailen
Îles Pitcairn
Armoiries
Îles Pitcairn
Drapeau
Îles Pitcairn
Carte des îles Pitcairn.
Administration
Pays Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Statut Territoire britannique
d'outre-mer
Capitale Adamstown
Roi
Mandat
Charles III
(depuis 2022)
Premier ministre britannique
Mandat
Keir Starmer
(depuis 2024)
Gouverneur
Mandat
Iona Thomas (en)
(depuis 2022)
Maire
Mandat
Simon Young (en)
(depuis 2023)
Démographie
Population 50 hab.
Densité 1,1 hab./km2
Ville(s) principale(s) Adamstown
Langue(s) Anglais, pitcairnais[1]
PIB (2005)
 · PIB/hab.
217 000 $ (estimation)[2]
4 340 $
Géographie
Coordonnées 25° 04′ 04″ sud, 130° 06′ 16″ ouest
Altitude Min. 0 m
Max. 347 m (Pawala Valley Ridge, île Pitcairn)
Superficie 4 700 ha = 47 km2
Île(s) principale(s) Pitcairn, Ducie, Henderson, Oeno, Sandy Island
Divers
Monnaie Dollar néo-zélandais (NZD)
Fuseau horaire UTC -8
Domaine internet .uk et .pn
Indicatif téléphonique 870
Hymne God Save the King (hymne du Royaume-Uni)
Come Ye Blessed (hymne local[3])
We from Pitcairn Island (hymne local)
Code ISO 3166-1 PCN, PN
Localisation
Localisation de Îles Pitcairn
Localisation des îles Pitcairn en Polynésie.
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Îles Pitcairn
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Îles Pitcairn
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Îles Pitcairn
Liens
Site web www.government.pn

Bien que Henderson comprenne 86 % de la superficie des îles, seule Pitcairn est habitée de manière permanente, avec une population d'une cinquantaine d'habitants appartenant à neuf familles, ce qui en fait l'entité politique la moins peuplée du monde. La grande majorité des habitants descendent des neuf mutins du HMS Bounty et de leurs épouses. Les îles Pitcairn hébergeaient encore 250 habitants dans les années 1950, mais en 2020 ils ne sont plus que 43 permanents[4]. L'île habitée la plus proche est Mangareva, en Polynésie française, 688 km à l'ouest – l'atoll de Temoe, inhabité, est plus proche.

Géographie

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Carte des îles Pitcairn.

L'île Pitcairn est située dans le centre de l'océan Pacifique Sud, à 2 075 km à l'ouest de l'île de Pâques et à 2 182 kilomètres à l'est-sud-est de Tahiti. Elle bénéficie d'une zone économique exclusive qui s'étend sur près de 560 000 km2. L'île Pitcairn est la seule des quatre îles à être habitée, les autres îles étant Oeno, Henderson et Ducie. Un banc de sable, dénommé Sandy Island, situé à la pointe nord-ouest d'Oeno aurait disparu sous l'eau.

Pitcairn est une île volcanique dont le sommet culmine à 330 mètres ; Henderson, Oeno et Ducie sont des atolls coralliens (mais Henderson est surélevée et escarpée). Pitcairn a une superficie de 5 km2 et est seulement accessible en bateau – en général après une escale aux îles Gambier situées à 520 km à l'ouest – par Bounty Bay, où se trouve l'épave du HMS Bounty. Le chef-lieu de l'île, Adamstown, est peuplé en 2013 par 56 habitants.

Histoire

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Les archéologues pensent que des Polynésiens vécurent à Pitcairn et sa voisine Henderson jusqu'à la fin du XVe siècle[5].

Pitcairn elle-même fut découverte par les Européens le lors du voyage d'exploration du navigateur britannique jersiais Philip Carteret, qui n'y aborde toutefois pas en raison d'une forte houle. Elle doit son nom à Robert Pitcairn, un marin de l'expédition qui vit le premier cette terre.

Elle sera ensuite peuplée par les révoltés du HMS Bounty à partir de janvier 1790. C'est en 1808, lorsqu'un baleinier américain y fait escale, que le destin des révoltés finit par être découvert. En 1832, l'aventurier Joshua Hill vient s'installer sur l'île, dont il réforme partiellement l'organisation sociale dans un but puritain. Les îles Pitcairn seront annexées par la Grande-Bretagne en 1838. À cette occasion, les femmes se verront reconnaître le droit de vote. Dans les années 1850, la population estimant être en surnombre (193 habitants) demande l'aide du Royaume-Uni, qui leur propose l'Île Norfolk, île déserte au nord de la Nouvelle-Zélande : une partie de la population s'y établira, constituant l'essentiel de la population actuelle.

En 1881, le HMS Thetis visite Pitcairn avec une cargaison de ravitaillement (notamment en produits de construction) et trouve la population florissante et heureuse, avec 96 habitants[6].

En 1909, les îles Ducie et Oeno sont annexées par la Grande-Bretagne, qui fonde l'unité administrative Pitcairn Group of Islands. Le pic de population est atteint en 1937 avec 233 habitants, amorçant ensuite une décrue du fait de l'émigration vers la Nouvelle-Zélande et l'Australie[7].

L'île passe en 1952 sous l'administration des îles Fidji puis, en 1970, sous l'autorité d'un gouverneur, fonction exercée par le haut-commissaire en Nouvelle-Zélande. L'île a conservé la répartition des terres établie par Fletcher Christian en 1790 et une partie des lois instituées par John Adams.

Dans les années 2000, au cours de l'affaire des Îles Pitcairn, le Royaume-Uni et la Nouvelle-Zélande initient des poursuites à l'encontre de Pitcairnais en raison d'accusation de viols sur des enfants. À l'issue des procès, six hommes, dont le maire de l'île, sont reconnus coupables de ces accusations par la justice britannique[8], et six autres sont condamnés par la justice néo-zélandaise. Au cours des enquêtes, il est révélé que la promiscuité et l'isolement ont conduit au fil des années à une culture généralisée de pratiques sexuelles sur les enfants[9].

Démographie

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En 2020, la population permanente de l'île s'élève à 43 habitants[4], ce qui fait de Pitcairn le territoire politiquement autonome le moins peuplé au monde. Depuis 2010 il n’y a d'ailleurs plus eu aucune naissance sur l'île[10]. La moitié de la population a désormais dépassé les 60 ans.

L'école risquait de fermer en 2022, au moment où les trois dernières élèves adolescentes devaient quitter Adamstown pour rejoindre la Nouvelle-Zélande avec leurs mères et leur enseignante[10].

Pour remédier à ce déclin démographique, la seule solution pour Charlene Warren-Peu, la maire de l'île, est de favoriser l'immigration : « Nous devons nous ouvrir aux autres, accepter leur installation à Pitcairn, si nous voulons continuer à exister »[11].

Politique

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Les îles étant un territoire d'outre-mer britannique, le chef d'État des îles Pitcairn est le roi Charles III du Royaume-Uni. Il est représenté par un gouverneur local, fonction exercée par le haut-commissaire britannique en Nouvelle-Zélande.

Le maire de Pitcairn, qui est également chef du « Conseil de l'île », est élu tous les trois ans. Le Conseil local, qui s'occupe des affaires internes, comporte dix membres, dont un de droit, quatre élus et cinq désignés. Depuis 2020, le maire est Charlene Warren-Peu. Auparavant, du à fin 2019, le maire fut Mike Warren, remplaçant Jay Warren ; ce dernier avait remplacé Steve Christian après sa condamnation pour viol.

La mairie est située dans le village-capitale d'Adamstown.

Économie

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L'utilisation du nom de domaine des îles, .pn, a remplacé la vente de timbres-poste comme source de revenus principale. Le miel de Pitcairn est considéré comme le plus rare et pur du monde[réf. nécessaire][12] car il n'y a pas de sources de pollution dans l'île[réf. nécessaire]. L'activité économique est néanmoins très précaire, reposant principalement sur la pêche et l'agriculture : les sols fertiles de la vallée permettent de cultiver une grande variété de fruits et de légumes (agrumes, canne à sucre, pastèques, bananes, haricots, ignames).

L'archipel tire également des revenus des dividendes et intérêts des investissements effectués et de la diaspora : 10 000 personnes sont répertoriées comme descendants des mutins, principalement sur l'île Norfolk. Les produits de l'artisanat local sont vendus aux bateaux et aux touristes de passage. L'archipel ne possède qu'un débarcadère pour petits baleiniers et le bateau de ravitaillement de Nouvelle-Zélande ne vient que trois fois par an.

La Marine nationale française effectue des missions régulières de ravitaillement en combustible (pour les baleinières, les générateurs électriques et les quads des habitants, principaux moyens de locomotion sur l'île) avec le remorqueur-ravitailleur Revi basé à Papeete à Tahiti. Un médecin prend part à la mission et consulte sur place pour ceux qui en font la demande.

Culture

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La majorité des résidents des îles Pitcairn sont des descendants de Polynésiens et de mutins du Bounty. Le pitkern est un créole dérivé de l'anglais du XIXe siècle, contenant des éléments du tahitien. Le pitkern est la langue la plus parlée dans l'archipel et est étudiée en même temps que l'anglais par les élèves de l'unique école des Pitcairn. Le norfuk, créole parlé dans l'île Norfolk, est proche du pitkern, l'île Norfolk ayant été repeuplée par des Pitcairniens au milieu du XIXe siècle.

Mariage entre personnes de même sexe

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Depuis une ordonnance du gouverneur des îles en date du , publiée le , le mariage homosexuel est légal sur ces îles[13].

Passe-temps locaux

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La pêche et la nage sont deux passe-temps populaires sur l'île. Des évènements comme les anniversaires ou les arrivées de bateaux et de yachts voient l'ensemble des habitants se réunir autour d'un repas commun pris sur la place d'Adamstown. À ces occasions, les tables se couvrent de poisson, viande, pilhi, riz, plun bouillies (bananes), légumes en tous genres, tartes, pain, baguettes, ananas, pastèques ainsi que d'un florilège de desserts.

En , la population totale des Îles Pitcairn s'élevait à 56 individus. Cependant, la population permanente des îles était de 49 personnes, réparties dans 23 foyers[14],[15] ; ils ne sont plus que 43 en 2020[4]. Il est plutôt rare que l'ensemble de ces 43 résidents permanents soit présent au même moment sur l'île : il est courant que les insulaires quittent quelques jours Pitcairn pour aller rendre visite à des membres de leur famille, pour des raisons médicales, etc. En , par exemple, 7 habitants ne se trouvaient pas sur l'île[15].

Une enquête estime qu'en 2045, si aucune mesure n'est prise, l'île ne comptera plus que 3 individus en âge de travailler, le reste de la population atteignant alors un grand âge. L'enquête a également révélé que la perspective de revenir vivre à Pitcairn ne suscite que peu d'intérêt chez les résidents qui ont quitté l'île pour aller s'installer ailleurs. Sur les centaines d'anciens habitants contactés, seuls 33 ont participé à l'enquête, et 3 ont exprimé un désir de retourner sur l'île.

En 2014, le nombre de personnes qui travaillaient était de 31, dont 17 hommes et 14 femmes, âgés entre 18 et 64 ans. De ces 31 travailleurs, 7 avaient moins de 40 ans et 18 étaient âgés de plus de 50 ans[15]. La plupart des hommes remplissent des tâches physiques, comme travailler sur les chaloupes, s'occuper de la manutention des cargaisons et entretenir le matériel. L'âge de la pension pour les membres des équipages des chaloupes est de 58 ans. Les hommes âgés de 18 à 58 ans étaient à l'époque au nombre de 12 sur Pitcairn. Il faut être au moins 3 pour composer l'équipage d'une chaloupe. Parmi les 4 barreurs de chaloupe que comptait l'île, 2 approchaient la soixantaine[15].

Les autorités de l'île ont tenté en vain d'attirer les étrangers. Depuis 2013, quelque 700 demandes de résidence sont introduites par an, mais jusqu'à aujourd'hui, aucune d'elles n'a abouti[15],[16]. Les étrangers n'ont pas le droit de prendre les emplois des autochtones. Les nouveaux résidents doivent disposer d'un capital d'au moins 30 000 dollars néo-zélandais par personne. Ils sont également tenus de faire bâtir leur maison personnelle pour un montant moyen de 140 000 NZ$[17],[18]. Il est possible de faire venir des ouvriers extérieurs à l'île pour une somme comprise entre 23 000 et 28 000 NZ$[17]. Vivre sur l'île coûte en moyenne 9464 NZ$[19] par an. Une fois les démarches effectuées, les étrangers nouvellement installés n'ont toujours pas la garantie de pouvoir rester sur l'île : après 2 ans de résidence, le Conseil doit réévaluer leur statut[18]. Les nouveaux habitants doivent réaliser diverses tâches publiques non rémunérées, comme entretenir les nombreuses routes et chemins et en construire de nouveaux, prendre part aux sorties en chaloupe, nettoyer les toilettes publiques, etc[20]. Certaines restrictions concernant les résidents étrangers de moins de 16 ans existent également[21].

En 2014, le Rapport économique des Îles Pitcairn (Pitcairn Island's Economic Report) indique que "[personne] ne s'installera dans les Îles Pitcairn pour des raisons économiques, car l'île présente peu d'emplois gouvernementaux, un manque d'emplois dans le secteur privé, et doit faire face à une concurrence touristique considérable". Lorsque des touristes visitent l'île, les habitants se relayent pour les loger dans leur propre maison[15].

Le Royaume-Uni a un certain pouvoir sur l'avenir des Îles Pitcairn, car elles en constituent un territoire d'outre-mer[22],[23].

Notes et références

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  1. Créole d'anglais et de tahitien.
  2. « Pitcairn Islands Strategic Development Plan, 2012–2016 » [archive du ] [PDF], sur The Government of the Pitcairn Islands,  : « Gross Domestic Product (GDP) . . . NZ$217,000 (2005/06 indicative estimate) and NZ$4,340 per capita (based on 50 residents) », p. 4
  3. Commun avec l'île Norfolk, territoire australien.
  4. a b et c Simon Young, « Letters to the Editor », The Pitcairn Miscellany, vol. 63, no 1,‎ .
  5. Objet fabriqué par les Polynésiens des Pitcairn.
  6. « Visit To Pitcairn Island » (OCR text), The Cornishman,‎ , p. 6 (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  7. « The People of Pitcairn Island » [archive du ], sur www.immigration.gov.pn (consulté le )
  8. (en) David Fickling, « Six found guilty in Pitcairn sex offences trial: Defendants claim British law does not apply » [« Six personnes jugées coupables au cours du procès des viols des îles Pitcairn : les accusés prétendaient que la loi britannique ne s'appliquait pas »], The Guardian,‎ (lire en ligne, consulté le )
  9. (en) William Prochnau et Laura Parker, « Trouble in Paradise », Vanity Fair,‎ (lire en ligne, consulté le )
  10. a et b « Pitcairn, l’île désertée des héritiers du « Bounty » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. « Pitcairn, l’île désertée des héritiers du « Bounty » », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  12. « Miel de l'Ile de Pitcairn (250g) - Terradelices », sur www.terradelices.fr (consulté le )
  13. Pitcairn Island: Same Sex Marriage and Civil Partnership Ordinance 2015
  14. « Pitcairn Residents », sur library.puc.edu (consulté le )
  15. a b c d e et f Rob Solomon and Kirsty Burnett (January 2014) Pitcairn Island Economic Review. government.pn
  16. "Pitcairn Island, an idyll haunted by its past". Toronto Star. 16 December 2013.
  17. a et b Kerry Young, Heather Menzies. "Pitcairn Island Immigration Questions and Answers". young.pn.
  18. a et b Ch. XII. "Immigration Control Ordinance" in Laws of Pitcairn, Henderson, Ducie and Oeno Islands. Revised Edition 2014
  19. Bill Haigh. "Pitcairn Island Immigration". immigration.pn.
  20. Pitcairn Islands Repopulation Plan 2014–2019. The Pitcairn Islands Council
  21. "Pitcairn Island travel advice". gov.uk. UK government. Retrieved 6 September 2015.
  22. "Pitcairn Islands Face Extinction". The Wall Street Journal. Retrieved 3 December 2014.
  23. "South Pacific Island of 'Mutiny on the Bounty' Fame Running Out of People". The Wall Street Journal. Retrieved 3 December 2014.

Voir aussi

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Articles connexes

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Liens externes

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